JESUS-CHRIST T'AIME!

  • ACCUEIL
  • BIBLE
    • Vieux testament
    • Nouveau Testament
    • Chercher
  • ETUDES BIBLIQUES
    • Etude par Thèmes
    • Nouveau Testament
    • Quiz Bible
    • BibliothèqueBibliothèque
      • LIVRET DU BAPTÊME
      • FORMATION AU CATECHISME
      • DECALOGUE ET PETIT RECUEIL DE PRIERES
  • ASSOCIATION
    • Nos Missions
    • INSTITUT BIBLIQUE MENORAH YESHUA
    • Faire un don
    • Merci à nos bienfaiteurs
    • Cartes vœux chrétiens
    • Autres sites web
    • ECOLE DES ADORATEURS
  • WEBTV
    • JESUS-CHRIST VAINQUEUR
    • MENORAH YESHUA
    • MELISSA ESTHER
    • Peniel The Encounter With God
    • AVENIR EN CHRIST
    • MaddieKAM

Read More

Read More

Read More

Read More

Read More

JESUS EST SEIGNEUR

Read More

Read More

Read More

Read More

LE LIVRE DE JOB

Détails
Catégorie parente: Bible
Catégorie : Vieux testament
  • JOB

ARGUMENT        

Job a été un homme illustre par sa piété et par sa patience et il vivait environ le temps auquel les enfants d’Israël étaient en Égypte.

 On voit trois choses dans ce livre :

I. Les afflictions de Job. II. Les entretiens qu’il eut avec ses amis sur cette question, si Dieu afflige les gens de bien en ce monde et si l’adversité est une marque de sa colère ? III. La fin des afflictions de Job et son rétablissement dans la prospérité. Ce livre est écrit dans un style figuré, mais il renferme plusieurs belles instructions et nous devons surtout y remarquer les sentiments que l’on avait du temps de Job sur les principales vérités et sur les plus importants devoirs de la religion.

Au reste, le témoignage que Dieu rend à Job par le prophète Ézéchiel, en le mettant au rang des plus saints hommes tels qu’étaient Noé et Daniel et ce que l’Apôtre St. Jacques dit de lui, confirme la vérité de cette histoire et nous oblige à considérer avec d’autant plus d’attention ce qui est contenu dans ce livre.

Chapitres  CHAPITRE I CHAPITRE II.  CHAPITRE III.  CHAPITRE IV.   CHAPITRE V.  CHAPITRE VI.  CHAPITRE VII.  CHAPITRE VIII.   CHAPITRE IX..  CHAPITRE X.   CHAPITRE XI.   CHAPITRE XII. CHAPITRE XIII.  CHAPITRE XIV.   CHAPITRE XV.   CHAPITRE XVI. CHAPITRE XVII.  CHAPITRE XVIII.  CHAPITRE XIX.   CHAPITRE XX.  CHAPITRE XXI.  CHAPITRE XXII.  CHAPITRE XXIII.  CHAPITRE XXIV.   CHAPITRE XXV.   CHAPITRE XXVI.   CHAPITRE XXVII.  CHAPITRE XXVIII.  CHAPITRE XXIX. CHAPITRE XXX.   CHAPITRE XXXI. CHAPITRE XXXII.  CHAPITRE XXXIII.  CHAPITRE XXXIV.  CHAPITRE XXXV.   CHAPITRE XXXVI.   CHAPITRE XXXVII. CHAPITRE XXXVIII.   CHAPITRE XXXIX.  CHAPITRE XL.   CHAPITRE XLI.   CHAPITRE XLII.  LIVRES DU VIEUX TESTAMENT.

CHAPITRE I

Le premier chapitre nous apprend trois choses :

I. Quelle était la piété et la prospérité de Job. II. Comment Dieu, pour l’éprouver et pour confondre les calomnies de satan, permit qu’il perdît tous ses biens et ses enfants.

III. La résignation avec laquelle il reçut toutes ces afflictions.

1 Il y avait un homme au pays de Huts, dont le nom était Job ; et cet homme-là était intègre et droit ; il craignait Dieu, et se détournait du mal.

2 Et il lui naquit sept fils et trois filles.

3 Et il possédait sept mille brebis, trois mille chameaux, cinq cents couples de bœufs et cinq cents ânesses, et un grand nombre de serviteurs ; et cet homme était le plus grand de tous les Orientaux.

4 Et ses fils allaient les uns chez les autres, et se traitaient chacun à son tour ; et ils envoyaient convier aussi leurs trois sœurs pour manger et boire avec eux.

5 Puis, quand le tour des jours de leurs festins était achevé, Job envoyait vers eux, et il les purifiait, et se levant de bon matin, il offrait des holocaustes pour chacun d’eux. Car Job, disait : Peut-être que mes enfants auront péché, et qu’ils auront blasphémé contre Dieu dans leurs cœurs. Et Job en usait toujours ainsi.

6 Or, il arriva un jour que les enfants de Dieu vinrent se présenter devant l’Eternel, et Satan aussi entra parmi eux.

7 Alors l’Eternel dit à Satan : D’où viens-tu ? Et Satan répondit à l’Eternel, disant : Je viens de courir çà et là par la terre, et de m’y promener.

8 Et l’Eternel lui dit : N’as-tu point considéré mon serviteur Job, qui n’a point d’égal sur la terre, cet homme intègre et droit, qui craint Dieu et qui se détourne du mal ?

9 Et Satan répondit à l’Eternel, disant : Est-ce en vain que Job craint Dieu ?

10 Ne l’as-tu pas environné de biens de toutes parts, et sa maison, et tout ce qui lui appartient ? Tu as béni l’œuvre de ses mains, et son bétail a fort multiplié sur la terre.

11 Mais étends maintenant ta main, et touche tout ce qui lui appartient, et tu verras s’il ne te maudit pas en face.

12 Et l’Eternel dit à Satan : Voilà, tout ce qui lui appartient est en ton pouvoir ; mais ne mets point la main sur lui. Et Satan sortit de devant la face de l’Eternel.

13 Il arriva donc un jour, comme les fils et les filles de Job mangeaient et buvaient dans la maison de leur frère aîné,

14 qu’un messager vint à Job, et lui dit : Les bœufs labouraient, et les ânesses paissaient auprès ;

15 et ceux de Scéba se sont jetés dessus et les ont pris, et ils ont passé les serviteurs au fil de l’épée ; et je suis échappé moi seul pour te le rapporter.

16 Cet homme parlait encore, lorsqu’un autre vint et dit : Le feu de Dieu est tombé des cieux, et il a brûlé les brebis et les serviteurs, et les a consumés ; et je suis échappé moi seul pour te le rapporter.

17 Cet homme parlait encore, lorsqu’un autre vint et dit : Les Caldéens, rangés en trois bandes, se sont jetés sur les chameaux et les ont pris, et ils ont passé les serviteurs au fil de l’épée ; et je suis échappé moi seul pour te le rapporter.

18 Cet homme parlait encore, lorsqu’un autre vint et dit : Tes fils et tes filles mangeaient et buvaient dans la maison de leur frère aîné ;

19 et voici, un grand vent s’est levé au-delà du désert, qui a donné contre les quatre coins de la maison, si fortement qu’elle est tombée sur ces jeunes gens, et ils sont morts ; et je suis échappé moi seul pour te le rapporter.

20 Alors Job se leva, il déchira son manteau, et il tondit sa tête, et se jetant par terre il se prosterna devant Dieu ;

21 et il dit : Je suis sorti nu du ventre de ma mère, et j’y retournerai nu. L’Éternel l’avait donné, l’Éternel l’a ôté : que le nom de l’Éternel soit béni !

22 Dans toutes ces choses, Job ne pécha point, et il n’attribua rien de mal convenable à Dieu.

REFLEXIONS

I. La première réflexion qu’il faut faire sur ce chapitre regarde la grande piété de Job. Nous en avons une preuve convaincante dans le témoignage que Dieu lui rend en disant que c’était un homme intègre et droit, qu’il craignait le Seigneur, qu’il se détournait du mal et qu’il n’avait pas son égal sur la terre à cet égard. Sa piété paraît aussi dans le soin qu’il avait de faire des prières et des sacrifices pour ses enfants.

On peut voir par là qu’il y a eu dans les siècles les plus éloignés des personnes douées d’une grande piété et que le devoir des pères est de prier pour leurs enfants et de faire régner la crainte de Dieu dans leurs familles.

II. La seconde réflexion concerne les grandes richesses et la prospérité de Job et le changement qui arriva dans son état. Il était l’homme le plus riche des pays où il habitait, mais il perdit tout à la fois ses biens, ses enfants et tout ce qu’il avait de plus cher et il se vit réduit dans l’état le plus déplorable. C’est là un exemple bien remarquable qui nous apprend que les gens de bien jouissent quelquefois de la prospérité et des avantages de cette vie, mais que Dieu les en prive aussi et leur envoie de grandes adversités et qu’ainsi les afflictions ne sont pas toujours une preuve de la colère de Dieu.

III. Ce que Dieu dit à satan marque ces deux choses :

L’une, que le diable et les hommes ne peuvent nuire aux enfants de Dieu qu’autant que Dieu le leur permet et l’autre, que quand Dieu expose ses enfants à la souffrance et aux tentations, il le fait afin d’éprouver et de manifester leur foi et leur piété.

Enfin, l’on doit faire une attention particulière à la manière dont Job reçut toutes ces adversités. Il fit paraître une résignation et une constance admirable au milieu de ses malheurs et il bénit même Dieu dans ce triste état.

C’est ainsi que nous devons glorifier Dieu par notre patience, recevoir sans murmurer toutes les afflictions qu’il nous dispense, quelques rudes qu’elles soient, le bénir dans l’adversité aussi bien que dans la prospérité et dire en toutes choses : Le Seigneur l’avait donné, le Seigneur l’a ôté, que le nom du Seigneur soit béni !

CHAPITRE II

Dieu permet à satan, qui continuait à accuser Job :

I. De le frapper d’une maladie fâcheuse et très douloureuse. II. Job reçoit cette nouvelle épreuve avec constance et il reprend sa femme de ce qu’elle le sollicitait au murmure. III. Les amis de Job viennent le visiter.

1 Il arriva encore un jour, que les enfants de Dieu étant venus pour se présenter devant l’Éternel, et Satan aussi étant entré parmi eux, pour se présenter devant l’Éternel,

2 l’Éternel dit à Satan : D’où viens-tu ? Et Satan répondit à l’Éternel : Je viens de courir çà et là par la terre, et de m’y promener.

3 Et l’Éternel dit à Satan : N’as-tu point considéré mon serviteur Job, qui n’a point d’égal sur la terre, cet homme intègre et droit, qui craint Dieu et qui se détourne du mal ? Tu vois comme il garde encore son intégrité, et, cependant, tu m’as incité contre lui pour l’engloutir sans sujet.

4 Et Satan répondit à l’Éternel : Chacun donnera peau pour peau, et tout ce qu’il a, pour sa vie.

5 Mais étends maintenant ta main, et touche ses os et sa chair, et tu verras s’il ne te maudit pas en face.

6 Et l’Éternel dit à Satan : Voici, il est en ta puissance ; prends seulement garde de toucher à sa vie.

7 Ainsi, Satan sortit de devant l’Éternel, et frappa Job d’un ulcère malin, depuis la plante du pied jusqu’au sommet de la tête.

8 Et il prit un morceau de pot de terre pour se gratter, et il était assis dans la cendre.

9 Et sa femme lui dit : Tu conserveras encore ton intégrité! Bénis Dieu et meurs.

10 Et il lui répondit : Tu parles comme une femme impie. Quoi ? nous recevrons les biens de la main de Dieu et nous n’en recevrons point les maux ? Dans toutes ces choses, Job ne pécha point par ses lèvres.

11 Or, trois des intimes amis de Job, Eliphaz Thémanite, Bildad Sçuhite, et Tsophar Nahamathite, ayant appris tous les maux qui lui étaient arrivés, partirent chacun du lieu où ils étaient, et convinrent ensemble d’un jour pour venir s’affliger avec lui et pour le consoler.

12 Ces amis levant de loin leurs yeux, ne le reconnurent point, et élevant leur voix, ils pleurèrent et déchirèrent chacun leur manteau, et répandirent de la poudre sur leurs têtes, en la jetant en l’air vers les cieux.

13 Et ils s’assirent à terre avec lui, pendant sept jours et sept nuits, et nul d’eux ne lui dit aucune parole ; car ils voyaient que sa douleur était forte, grande.

REFLEXIONS

Voici ce qu’il y a à considérer sur les trois parties de ce chapitre :

I. Que Dieu, pour confondre satan et pour manifester pleinement la sincère piété de Job, permit à satan de frapper ce Saint homme d’une maladie étrangeet très douloureuse après qu’il eût perdu son bien et ses enfants.

Dieu envoie souvent à ceux qu’il aime le plus les maux les plus rudes et des afflictions de toutes les sortes, mais il le fait pour les éprouver et pour leur donner occasion de lui marquer tant mieux la sincérité de leur attachement.

II. Dans la seconde partie du chapitre, il y a à remarquer :

D’un côté le procédé de la femme de Job qui, au lieu de le consoler et de l’encourager, le sollicitait à murmurer contre Dieu et à le maudire et de l’autre la merveilleuse constance de Job qui conserva toujours son intégrité et qui dit à sa femme

Quoi ? Nous recevrions les biens de la main de Dieu et nous n’en recevrions pas les maux ?

Il faut penser là-dessus que les personnes qui sont unies par le mariage ou autrement commettent un très grand péché quand elles ne s’édifient pas les unes les autres et qu’elles ne s’exhortent pas mutuellement à la piété et que lorsqu’il plaît à Dieu de nous affliger, nous devons acquiescer humblement à sa volonté et recevoir de sa main tout ce qu’il nous dispense, les maux ne procédant pas moins de lui et ne nous étant pas moins utiles que les biens.

III. L’exemple des trois amis de Job qui vinrent le visiter dans son adversité nous apprend à nous intéresser pour les personnes affligées et comme le dit St. Paul : à pleurer avec ceux qui pleurent et à les consoler par toutes sortes de moyens.

CHAPITRE III

Job pressé de ses maux maudit le jour de sa naissance. Il souhaite la mort et il se plaint de ce que Dieu l’avait laissé vivre pour endurer tant d’afflictions.

1 Après cela Job ouvrit sa bouche et maudit son jour ;

2 et prenant la parole, il dit :

3 Que le jour auquel je naquis périsse, et la nuit en laquelle il fut dit : Un homme est né.

4 Que ce jour-là ne soit que ténèbres ; que Dieu ne le recherche point d’en haut, et qu’il ne soit point éclairé de la lumière !

5 Que les ténèbres et l’ombre de la mort rendent ce jour souillé ; que les nuées obscures demeurent sur lui ; qu’on l’ait en horreur comme un jour d’amertume !

6 Que l’obscurité couvre cette nuit-là, qu’on ne la mette pas parmi les jours de l’année, et qu’elle ne soit point comptée dans les mois.

7 Que cette nuit-là soit solitaire, et qu’on ne s’y réjouisse point.

8 Que ceux qui maudissent les jours, et ceux qui sont toujours prêts à renouveler leur deuil, la maudissent.

9 Que les étoiles de son crépuscule soient obscurcies ; qu’elle attende la lumière, mais qu’il n’y en ait point, et qu’elle ne voie point les rayons de l’aurore,

10 Parce qu’elle n’a pas fermé le ventre qui m’a porté, et qu’elle n’a point caché à mes yeux le tourment qui m’accable.

11 Que ne suis-je mort dès la matrice ! Que ne suis-je expiré aussitôt que je suis sorti du ventre de ma mère !

12 Pourquoi m’a-t-on reçu sur les genoux ? Et pourquoi m’a-t-on présenté des mamelles, afin que je les suçasse !

13 Car maintenant je serais couché dans le tombeau et je me reposerais ; je dormirais : dès lors j’aurais été en repos,

14 avec les rois et les gouverneurs de la terre, qui se bâtissent des solitudes ;

15 ou avec les princes qui avaient de l’or, et qui avaient rempli leurs maisons d’argent.

16 Ou, pourquoi n’ai-je pas été comme un avorton caché, comme les petits enfants qui n’ont jamais vu la lumière ?

17 C’est là que les méchants ne tourmentent plus personne, et que ceux qui ont perdu leur force, se reposent.

18 C’est là que ceux qui avaient été liés ensemble, jouissent du repos et n’entendent plus la voix de l’exacteur.

19 Le petit et le grand sont là, et l’esclave n’est plus là, sujet à son maître.

20 Pourquoi la lumière est-elle donnée au misérable, et la vie à ceux qui ont le cœur outré ;

21 qui attendent la mort, et elle ne vient point, et qui la recherchent plus que les trésors ;

22 qui seraient ravis de joie, et qui auraient de grands transports s’ils avaient trouvé le sépulcre ?

23 Pourquoi la lumière est-elle donnée à l’homme auquel le chemin est caché, et que Dieu a couvert de tous côtés de ténèbres ?

24 Car je soupire avant que de manger, et mes cris coulent comme des eaux.

25 Parce ce que je craignais le plus, m’est arrivé, et ce que j’appréhendais est tombé sur moi.

26 Je n’ai point eu de paix, je n’ai point eu de repos ni de calme ; et le trouble est venu sur moi.

REFLEXIONS

Il faut regarder les plaintes que Job fait dans ce chapitre comme un effet de la violence de ses maux et c’est ici une de ces infirmités qui peuvent se rencontrer dans les personnes même qui ont une sincère piété, ce qui nous avertit que la faiblesse de la chair est grande et qu’ainsi nous devons prendre garde qu’elle ne nous porte à l’impatience et au murmure.

Job disait qu’il vaudrait mieux pour lui n’être jamais né ou être mort avant son adversité, mais il disait cela dans les mouvements de sa douleur. Car il n’ignorait pas que si Dieu laisse vivre certaines personnes dans d’extrêmes souffrances, on ne doit pas croire que ces gens-là fussent plus heureux d’être morts. Il savait et il reconnait dans ce livre que Dieu est infiniment bon et parfaitement sage, qu’il ne fait rien que pour de bonnes raisons prises de notre propre bien et que l’état où il nous met est toujours celui qui nous convient le mieux.

Nous devons donc nous soumettre avec résignation et avec joie à tout ce qu’il lui plaît de nous dispenser, surtout puisqu’au lieu de nous traiter avec trop de sévérité, il ne nous punit pas selon que nos péchés le méritent. Et si notre faiblesse nous pousse aux murmures et que nous ne découvrions pas d’abord les raisons de la conduite de Dieu envers nous, il faut réprimer ces mouvements d’impatience et porter notre croix tout autant de temps qu’il plaira à Dieu en attendant qu’il mette fin à nos maux.

CHAPITRE IV

Eliphaz, le premier des amis de Job, le reprend de ce qu’il s’abandonnait aux murmures, lui qui avait exhorté autrefois les affligés à la patience. Il lui présente que Dieu afflige les méchants et non les gens de bien. Il rapporte une vision qu’il avait eue par laquelle Dieu lui avait fait connaître quelle était sa justice et quel est le néant et la corruption de l’homme. Par ce discours Eliphaz voulait faire comprendre à Job que c’était à cause de ses péchés que Dieu l’affligeait, que la piété qu’il avait fait paraître pendant sa prospérité n’était pas sincère et qu’il ne connaissait pas bien son néant et son indignité.

1 Alors Eliphaz Thémanite prit la parole et dit :

2 Si nous entreprenons de te parler, te fâcheras-tu ? Mais qui pourrait retenir ses paroles ?

3 Voilà, tu as en toi-même instruit plusieurs, et tu as soutenu les mains qui étaient affaiblies.

4 Tes paroles ont redressé ceux qui chancelaient, et tu as affermi les genoux qui pliaient.

5 Et maintenant que ceci t’est arrivé, tu perds courage ; le mal t’a atteint, et tu es tout éperdu.

6 Ta piété n’a-t-elle pas été ton espérance, et l’intégrité de tes voies, n’a-t-elle pas été ton attente ?

7 Rappelle en ta mémoire, je te prie, qui est l’innocent qui ait jamais péri ; et où est-ce que les hommes droits ont été exterminés ?

8 J’ai toujours vu que ceux qui labourent l’iniquité et qui sèment l’outrage, les moissonnent.

9 Ils périssent par le souffle de Dieu, et ils sont consumés par le vent de sa colère.

10 Le rugissement du lion, et le cri du grand lion cesse ; les dents des lionceaux sont arrachées.

11 Le lion périt faute de proie, et les petits du vieux lion ont été écartés.

12 Pour moi, une parole m’a été adressée en secret, et mon oreille en a entendu quelque peu ;

13 pendant les pensées diverses des visions de la nuit, quand un profond sommeil assoupit les hommes,

14 une frayeur et un tremblement me saisit, qui pénétra tous mes os.

15 Un esprit passa devant moi, qui me fit hérisser les cheveux,

16 et il se tint là, mais je ne connus point son visage ; une figure d’homme était devant mes yeux, et j’entendis une voix basse qui disait :

17 L’homme sera-t-il plus juste que Dieu ? L’homme sera-t-il plus pur que celui qui l’a créé ?

18 Voici, il ne s’assure point sur ses serviteurs, et il met de la lumière dans ses anges ;

19 combien plus ceux qui demeurent dans des maisons d’argile, dont le fondement est dans la poudre, seront-ils consumés à la rencontre d’un vermisseau ?

20 Ils sont détruits du matin au soir, sans qu’on y prenne garde ; et ils périssent pour toujours.

21 L’excellence qui était en eux n’est-elle pas passée ? Ils meurent sans avoir été sages.

REFLEXIONS

La principale réflexion qu’il faut faire sur ce discours d’Eliphaz, c’est que quoi qu’en général il soit vrai que les innocents ne périssent jamais et que Dieu afflige les hommes à cause de leurs péchés, Eliphaz avait pourtant tort de conclure de là que la vertu de Job n’avait pas été sincère. La raison en est que Dieu envoie aussi des maux aux gens de bien. Ainsi ce serait un jugement bien téméraire et tout à fait précipité de croire que ceux que Dieu afflige sont des impies ou des hypocrites par cela seulement qu’ils sont affligés. La piété et la justice veulent au contraire qu’on juge d’eux charitablement, surtout quand leur vie a été innocente comme celle de Job l’avait été.

La vision qu’Eliphaz rapporte ici est très remarquable et pleine d’instructions. Dieu se révélait souvent aux hommes de ce temps-là par des apparitions, par des songes et en faisant entendre sa voix. Ce fut ainsi qu’il se révéla à Eliphaz pour lui apprendre que Dieu est parfaitement juste dans toutes ses œuvres et que l’homme doit reconnaître qu’il n’est rien devant lui qu’une créature infirme et corrompue.

CHAPITRE V

Eliphaz parle des jugements de Dieu sur les méchants et sur leur postérité. Il dit de très belles choses pour montrer quelle est la puissance, la justice et la bonté du Seigneur et en particulier comment il a accoutumé de confondre les méchants et de délivrer les justes. Il parle de l’utilité des châtiments de Dieu, il exhorte Job à profiter de ceux que Dieu lui envoyait et à reconnaître ses péchés et il lui fait espérer que par ce moyen il serait délivré de ses maux et rétabli dans son premier état.

1 Crie maintenant ; y aura-t-il quelqu’un qui te réponde ? Et à qui d’entre les saints t’adresseras-tu ?

2 Certainement la colère tue l’insensé, et le dépit fait mourir celui qui est destitué de sens.

3 J’ai vu l’insensé qui jetait des racines ; mais j’ai aussitôt maudit sa demeure.

4 Ses enfants, bien loin de trouver leur sûreté, sont écrasés à la porte, sans qu’il y ait personne qui les délivre.

5 L’affamé dévore la moisson de cet homme, l’enlevant même d’entre les épines ; et le voleur engloutit ses biens.

6 Car le tourment ne sort point de la poudre, et le travail ne germe point de la terre ;

7 bien que l’homme naisse pour le travail, comme les étincelles s’élèvent pour voler.

8 Certainement, j’aurai recours au Dieu fort ;

9 qui fait des choses si grandes qu’on ne les peut sonder, et qui fait tant de choses merveilleuses qu’on ne les peut compter ;

10 qui répand la pluie sur la face de la terre, et qui envoie les eaux sur les campagnes ;

11 qui élève ceux qui étaient abaissés, et qui fait que ceux qui étaient dans l’affliction, sont élevés et délivrés.

12 Il dissipe les projets des hommes rusés, en sorte qu’ils ne viennent point à bout de leurs desseins.

13 Il surprend les sages dans leur ruse, et le conseil des pervers est renversé.

14 Au milieu du jour ils rencontrent les ténèbres, et ils marchent à tâtons en plein midi, comme dans la nuit.

15 Mais il délivre le pauvre de leur épée, de leur bouche et de la main de l’homme puissant.

16 Ainsi le pauvre remporte ce qu’il a espéré ; mais le méchant a la bouche fermée.

17 Voici, oh ! qu’heureux est l’homme que Dieu châtie ! Ne rejette donc point le châtiment du Tout-Puissant.

18 Car c’est lui qui fait la plaie, et qui la bande ; il blesse, et ses mains guérissent.

19 Il te délivrera dans six afflictions, et à la septième le mal ne te touchera point.

20 Dans un temps de famine il te garantira de la mort, et de l’épée en temps de guerre.

21 Tu seras à couvert du fléau de la langue, et tu n’auras point peur de la désolation quand elle arrivera.

22 Tu riras durant la désolation et la famine ; et tu n’auras point peur des bêtes de la terre.

23 Tu auras même la paix avec les pierres des champs, et tu seras en paix avec les bêtes sauvages.

24 Et tu verras la prospérité dans ta tente, et tu prendras soin de ta demeure, et tu ne pécheras point.

25 Tu verras ta postérité s’augmenter, et tes descendants croître comme l’herbe de la terre.

26 Tu entreras vieux au sépulcre, comme un monceau de gerbes qu’on serre en sa saison.

27 Voilà, nous avons examiné la chose, et elle est comme nous te le disons. Ecoute-le, et considère-le pour ton bien.

REFLEXIONS

Les instructions que nous avons ici sont les suivantes :

I. Que bien que les méchants soient dans la prospérité, le jugement de Dieu les poursuit et que leur bonheur n’est pas de durée. Ce qu’Eliphaz dit ici sur ce sujet est très vrai, mais l’application qu’il en fait à Job n’est pas juste.

II. Que Dieu, dont la puissance et la sagesse sont sans bornes, dispense tous les événements et en particulier tout ce qui arrive aux hommes avec une parfaite justice et une grande bonté en sorte que tôt ou tard les méchants sont confondus et les justes délivrés. C’est ce que l’expérience confirme tous les jours et ce qui doit aussi nous détourner du mal et nous engager à mettre toute notre confiance en Dieu seul.

III. La troisième instruction est que c’est un grand bonheur pour les hommes d’être châtiés et qu’ainsi il faut se soumettre avec joie à l’affliction. Eliphaz marque cela par ces belles paroles : Ô qu’heureux est l’homme que Dieu châtie ! Ne rejette donc point le châtiment du tout-puissant, car c’est lui qui fait la plaie et qui la bande, il blesse et ses mains guérissent.

Il suit de là que le parti que nous devons prendre dans nos maux, c’est de nous humilier devant Dieu, de profiter de ses châtiments et d’avoir recours à lui. Ceux qui le font peuvent s’assurer, comme cela est dit à la fin de ce chapitre, que Dieu les délivrera de leurs souffrances et des dangers auxquels ils sont exposés et qu’il les comblera de ses faveurs après les avoir éprouvés par l’affliction.

CHAPITRE VI

Job répond dans ce chapitre au discours d’Eliphaz et il fait deux choses :

I. Il justifie ses plaintes par la violence des maux qu’il endurait et il continue à souhaiter la mort. II. Il se plaint de ses amis qui, au lieu de le consoler, l’accablaient par leurs reproches.

1 Mais Job répondit et dit :

2 Plût à Dieu que ce qui m’afflige fût bien pesé, et que ma calamité fût mise dans une balance !

3 Car elle se trouverait plus pesante que le sable de la mer ; c’est pourquoi les paroles me manquent.

4 Car les flèches du Tout-Puissant sont en moi ; mon esprit en suce le venin ; les frayeurs de Dieu se rangent en bataille contre moi.

5 L’âne sauvage crie-t-il auprès de l’herbe, et le bœuf mugit-il auprès de son fourrage ?

6 Mange-t-on sans sel ce qui est fade ? Trouve-t-on du goût dans le blanc d’un œuf ?

7 Ce que mon âme refusait de toucher est devenu pour moi comme un pain de langueur.

8 Plût à Dieu que ce que je demande m’arrivât, et que Dieu me donnât ce que j’attends ;

9 et que Dieu voulût me réduire en poudre, et laisser aller sa main pour m’achever !

10 Mais j’ai pourtant cette consolation, (bien que la douleur me consume et qu’elle ne m’épargne point) que je n’ai point caché les paroles du Dieu saint.

11 Quelle est ma force, que je puisse espérer, et quelle est ma fin, que je prolonge ma vie ?

12 Ma force est-elle une force de pierre, et ma chair est-elle d’acier ?

13 N’est-il pas vrai que je ne trouve plus de secours en moi, et que toute ressource m’est ôtée ?

14 Celui qui n’en peut plus devrait avoir des faveurs de son intime ami ; mais il a abandonné la crainte du Tout-Puissant.

15 Mes amis m’ont manqué comme un torrent, et comme le cours impétueux des torrents qui passent ;

16 qui tarissent par la gelée et sur lesquels la neige s’amasse ;

17 et qui, lorsque la chaleur vient, manquent ; et quand ils sentent la chaleur ils disparaissent et s’écoulent de leur lieu ;

18 qui serpentant çà et là par les chemins, se réduisent à rien et se perdent.

19 Les troupes des voyageurs de Téma y pensaient ; ceux qui vont à Scéba s’y attendaient ;

20 mais ils sont honteux d’avoir espéré ; ils étaient allés jusque-là, et ils en ont rougi.

21 Maintenant vous ne me servez de rien. Vous avez vu ma calamité, et vous en avez eu horreur.

22 Est-ce que je vous ai dit : Apportez-moi et faites-moi des présents de votre bien ;

23 et délivrez-moi de la main de l’ennemi, et rachetez-moi de la main des puissants ?

24 Enseignez-moi, et je me tairai, et faites-moi entendre en quoi j’ai tort.

25 Oh ! que des paroles de vérité ont de force ! mais à quoi sert votre censure ?

26 N’avez-vous donc des paroles que pour me reprendre ? Et les discours d’un homme qui n’a plus d’espérance, ne sont-ils que du vent ?

27 Vous vous jetteriez même sur un orphelin, puisque vous vous efforcez d’accabler votre intime ami.

28 Maintenant donc, jetez, je vous prie, les yeux sur moi, et voyez si je mens en votre présence.

29 Revenez à vous-mêmes, je vous prie, et qu’il n’y ait point d’injustice ; revenez, car le droit est de mon côté.

30 Y a-t-il de l’iniquité dans mes discours ? Et mon palais ne sait-il pas discerner mes malheurs ?

REFLEXIONS

Job continue à représenter la rigueur de ses maux et il veut justifier par-là les plaintes auxquelles il s’était laissé aller.

I. Nous devons penser sur cela que non seulement il peut arriver aux personnes que Dieu aime et qui le craignent de se voir dans un état tout à fait déplorable et d’être accablé de souffrances et de douleurs, mais que dans cet état l’infirmité humaine peut les jeter dans l’impatience. Quoi que ce soient-là de ces faiblesses que Dieu pardonne à ses enfants, il faut pourtant tâcher de les surmonter et ne jamais se plaindre trop amèrement quand nous sommes affligés.

II. Pour ce qui est des plaintes que Job fait d’Eliphaz et de ses amis, elles étaient justes, puisqu’au lieu de le consoler, ils venaient lui faire des reproches et jugeaient de lui d’une manière si peu charitable.

Cela nous avertit de faire toujours des jugements favorables des personnes affligées, principalement quand ce sont des gens qui ont eu de la piété, ne pas augmenter leur douleur par des sentiments contraires à la charité, mais de nous conduire plutôt à leur égard avec bonté et compassion et de tâcher d’adoucir l’amertume de leurs maux et de les consoler par toutes sortes de moyens.

CHAPITRE VII

Job décrit les misères de la vie humaine et en particulier la violence des maux qu’il endurait. Il prie Dieu d’avoir pitié de lui et d’épargner sa faiblesse. Il lui expose son trouble et ses frayeurs et il implore sa miséricorde et le pardon de ses péchés.

1 N’y a-t-il pas comme une guerre ordonnée aux mortels sur la terre, et leurs jours ne sont-ils pas comme les jours d’un mercenaire ?

2 Comme un serviteur ne soupire qu’après l’ombre, et comme un ouvrier attend son salaire,

3 ainsi on m’a donné, pour mon partage, des mois qui ne m’apportent rien ; et on m’a ordonné des nuits de travail.

4 Si je suis couché, je dis : Quand me lèverai-je, et quand est-ce que la nuit aura achevé sa mesure ? et je m’inquiète cruellement jusqu’au point du jour.

5 Ma chair est couverte de vers et de mottes de poudre ; ma peau se crevasse et se dissout.

6 Mes jours ont passé plus légèrement que la navette d’un tisserand, et ils se consument sans espérance.

7 Souviens-toi, Éternel ! que ma vie est un vent, et que mon œil ne reverra plus le bien.

8 L’œil de ceux qui me regardent ne me verra plus ; tes yeux seront sur moi, et je ne serai plus.

9 Comme la nuée se dissipe et s’en va, ainsi celui qui descend au sépulcre ne remontera plus.

10 Il ne reviendra plus dans sa maison, et le lieu où il était ne le connaîtra plus.

11 C’est pourquoi je ne retiendrai point ma bouche ; je parlerai dans l’affliction de mon esprit, et je m’entretiendrai dans l’amertume de mon cœur.

12 Suis-je une mer, ou quelque grand poisson, que tu m’aies ainsi resserré ?

13 Quand je dis : Mon lit me soulagera, ma couche emportera quelque chose de ma plainte ;

14 alors tu m’étonnes par des songes, et tu me troubles par des visions.

15 C’est pourquoi je choisirais d’être emporté par une mort violente, et de mourir, plutôt que de subsister comme je suis.

16 Je suis ennuyé de la vie, et je ne vivrai pas toujours. Retire-toi de moi ; car mes jours ne sont que vanité.

17 Qu’est-ce que de l’homme mortel, que tu en fasses un si grand cas, et que tu penses à lui,

18 que tu le châties chaque matin et que tu l’éprouves à tout moment ?

19 Jusqu’à quand différeras-tu de te retirer de moi ; et ne me permettras-tu point d’avaler ma salive ?

20 J’ai péché ; que te ferai-je, conservateur des hommes ? Pourquoi m’as-tu mis pour être en butte, et pour m’être à charge à moi-même ?

21 Et pourquoi n’ôtes-tu pas mon péché, et ne fais-tu pas passer mon iniquité ? car je vais m’endormir maintenant, dans la poussière ; et si tu me cherches le matin, je ne serai plus.

REFLEXIONS

Nous avons à remarquer dans ce chapitre quelle est la vanité et la brièveté de la vie humaine et à combien de misères l’homme est sujet en ce monde.

Job nous met cette vérité devant les yeux en disant : Qu’il y a comme une guerre qui est ordonnée aux mortels sur la terre. Et c’est là ce qu’il nous fait voir par son exemple et par la rigueur de ses souffrances.

Puisque telle est notre condition et que Job, cet homme si saint et si agréable à Dieu, a été traité de la sorte, nous ne devons pas nous attacher aux choses d’ici-bas, ni être surpris si Dieu nous fait passer par diverses afflictions. Considérons plutôt que Dieu fait tout avec bonté et avec sagesse, qu’il nous envoie les maux pour nous faire sentir la vanité de cette vie et pour nous détacher de ce monde, qu’ainsi nous devons nous soumettre humblement à sa volonté, reconnaître notre néant et nos péchés, le prier d’avoir égard à notre faiblesse et de nous pardonner et lui dire dans cette vue avec Job : Qu’est-ce que l’homme mortel que tu en fasses un si grand cas et que tu penses à lui ? J’ai péché, que te ferais-je, conservateur des hommes ? Veuille ôter mon péché et faire passer mon iniquité !

CHAPITRE VIII

Bildad, le second ami de Job, condamne ses plaintes. Il dit que, Dieu étant juste, le malheur de Job et de ses enfants était la peine de leurs péchés. Il prouve par l’expérience de tous les temps que Dieu a accoutumé de punir les méchants et les hypocrites et de bénir au contraire les gens de bien. Par-là Bildad veut obliger Job à reconnaître qu’il s’était attiré par ses péchés les maux qu’il souffrait.

1 Alors Bildad Sçuhite prit la parole et dit :

2 Jusqu’à quand parleras-tu ainsi, et les paroles de ta bouche seront-elles comme un vent impétueux ?

3 Le Dieu fort renverserait-il l’équité ? et le Tout-Puissant renverserait-il la justice ?

4 Si tes enfants ont péché contre lui, il les a aussi livrés à leur péché.

5 Mais si tu recherches le Dieu fort dès le matin, et que tu demandes grâce au Tout-Puissant ;

6 si tu es pur et droit, certainement il se réveillera pour toi, et il fera régner la paix dans l’habitation de ta justice.

7 Et si ton commencement a été petit, ta dernière condition sera beaucoup plus grande.

8 Car, je te prie, interroge les races précédentes, et applique-toi à t'informer avec soin de leurs pères.

9 Car pour nous, nous ne sommes que d’hier, et nous ne savons rien, parce que nos jours sont sur la terre comme une ombre.

10 Mais ceux-là ne t’enseigneront-ils pas, ne te parleront-ils pas, et ne tireront-ils pas ces discours de leur cœur ?

11 Le jonc montera-t-il sans le limon ? L’herbe des marais croîtra-t-elle sans eau ?

12 Ne flétrira-t-elle pas, même avant toutes les herbes, bien qu’elle soit encore dans sa verdure, et qu’on ne la cueille point ?

13 Il en sera ainsi des voies de tous ceux qui oublient le Dieu fort ; et l’attente de l’hypocrite périra.

14 Son espérance sera frustrée, et sa confiance sera comme une maison d’araignée.

15 Il s’appuiera sur sa maison, mais elle n’aura point de fermeté ; il pensera l’affermir, mais elle ne subsistera point.

16 Mais le juste est plein de vigueur, comme une plante exposée au soleil, et ses jets poussent par-dessus son jardin.

17 Ses racines s’entrelacent près des sources, et elles embrassent les pierres des bâtiments.

18 Fera-t-on qu’il ne soit plus en sa place, et que le lieu où il était ne le reconnaisse plus, et qu’il dise : Je ne t’ai point connu ?

19 Voilà la joie qu’il reçoit de sa conduite, et même il en germera d’autres de la poussière après lui.

20 Voilà, le Dieu fort ne rejette point l’homme qui vit dans l’intégrité, et il ne soutient point la main des méchants.

21 Ainsi, il remplira ta bouche de joie, et tes lèvres de chants d’allégresse.

22 Ceux qui te haïssent seront couverts de honte, et la maison des méchants ne subsistera plus.

REFLEXIONS

Ce qu’il faut apprendre de ce chapitre c’est :

I. Que Dieu est juste et sage dans ce qu’il dispense aux hommes, qu’il ne leur fait aucun tort lorsqu’il les afflige et qu’ils n’ont aucun sujet de se plaindre de lui,

II. Que Dieu s’apaise envers ceux qui le recherchent, qui lui demandent grâce et qui s’adonnent à l’intégrité et à la droiture,

III. Qu’on a vu de tout temps des impies et des hypocrites éprouver sa colère et être frustrés de leur attente.

Ce sont là des vérités certaines et des instructions que nous devons bien retenir et qui sont très propres pour nous faire vivre dans la crainte de Dieu et pour nous soutenir dans l’adversité.

Cependant, il ne faut pas croire que les justes ne soient jamais affligés et quoi que ce que Bildad établit dans ce chapitre soit véritable, il faisait pourtant un jugement faux et précipité en disant que Job n’était pas agréable à Dieu parce qu’il était dans l’adversité.

Dieu expose souvent les gens de bien à de très grands maux pour les éprouver et pour les faire servir d’exemple aux autres, mais quoi qu’il puisse leur arriver, ce que Bildad dit est toujours vrai : Que le Dieu fort ne rejette jamais celui qui vit dans l’intégrité.

CHAPITRE IX

Job répond au discours de Bildad son ami. Il convient de ce que Bildad lui avait dit de la justice de Dieu, il reconnait que Dieu est infiniment sage, qu’il a une souveraine autorité sur les hommes et que sa puissance, sa grandeur et sa justice paraissent dans toutes ses œuvres, il confesse qu’il ne saurait se justifier devant lui et il a recours à sa miséricorde. Cependant, il soutient que Dieu afflige les justes aussi bien que les méchants et qu’il permet quelquefois que les impies jouissent de la prospérité et il déclare que, quoi qu’il fût accablé des fléaux de Dieu, il n’avait garde de croire que Dieu le traitât avec trop de sévérité.

1 Mais Job répondit et dit :

2 Certainement, je sais que cela est ainsi, et comment l’homme mortel se justifierait-il devant le Dieu fort ?

3 S’il veut plaider avec lui, il ne lui répondra pas sur un seul article, de mille qu’on lui proposera.

4 Dieu est sage de cœur, et tout-puissant en force. Qui est-ce qui s’est opposé à lui, et s’en est bien trouvé ?

5 Il transporte les montagnes ; et ceux qu’il renverse dans sa colère n’y font aucune attention.

6 Il fait trembler la terre et la remue de sa place, et ses colonnes sont ébranlées.

7 C’est lui qui parle au soleil, et le soleil ne se lève point ; et c’est lui qui tient les étoiles sous son sceau.

8 C’est lui seul qui étend les cieux, qui marche sur les hauteurs de la mer ;

9 qui a fait l’Ourse, l’Orion, et les Pléiades, et les signes qui sont au fond du midi ;

10 qui fait des choses si grandes qu’on ne les peut sonder, et qui fait tant de choses merveilleuses qu’on ne les peut compter.

11 Voici, il passera auprès de moi, et je ne le verrai point ; et il repassera, et je ne l’apercevrai point.

12 S’il ravit, qui le lui fera rendre ? qui est-ce qui lui dira : Que fais-tu ?

13 Dieu ne révoque point sa colère ; et le secours des hommes superbes est abattu sous lui.

14 Combien moins lui répondrais-je, moi, et choisirais-je des paroles pour lui parler ?

15 Moi, je ne lui répondrai point, quand même je serais juste ; mais je demanderai grâce à mon juge.

16 Si lorsque je l’invoque il me répondait, je ne croirais point encore qu’il eût écouté ma voix.

17 Car il m’a écrasé d’un tourbillon, et il a ajouté plaie sur plaie, sans que j’en sache la raison.

18 Il ne me permet point de reprendre haleine ; mais il me rassasie d’amertume.

19 S’il est question de la force, voilà, il est le plus fort ; et s’il faut aller en justice, qui entreprendra ma cause ?

20 Si je me justifie, ma propre bouche me condamnera ; si j’allègue que je suis plein d’intégrité, il me convaincra d’être coupable.

21 Quand je serais plein d’intégrité, je ne me soucierais pas de vivre ; je suis ennuyé de la vie.

22 Tout ce que j’ai dit revient à ceci : C’est que Dieu afflige l’homme qui vit dans l’intégrité, aussi bien que l’impie.

23 Au moins, si le fléau faisait mourir incontinent ; mais il semble se rire de l’épreuve des innocents.

24 La terre est livrée entre les mains du méchant ; qui bouche les yeux de ses juges. Si ce n’est lui, qui est-ce donc ?

25 Et mes jours ont passé plus vite qu’un courrier ; ils se sont enfuis, et ils n’ont pas joui du bien.

26 Ils ont passé avec la même vitesse que des barques de poste ; comme un aigle qui vole après la proie.

27 Si je dis : J’oublierai ma plainte, je cesserai d’être chagrin, je prendrai courage ;

28 je suis effrayé de toutes mes douleurs ; car je sais que tu ne me jugeras point innocent.

29 Je serai trouvé méchant ; pourquoi travaillerais-je en vain ?

30 Quand je me laverais dans de l’eau de neige, et que je nettoierais mes mains en pureté ;

31 alors tu me plongerais dans un fossé, et mes vêtements feraient qu’on m’aurait en horreur.

32 Car il n’est pas un homme comme moi, pour que je puisse lui répondre, et que nous allions ensemble en jugement.

33 Il n’y a personne qui puisse prendre connaissance de la cause qui est entre nous, et qui puisse interposer son autorité entre nous deux.

34 Qu’il ôte donc sa verge de dessus moi, et que sa frayeur ne me trouble plus.

35 Je parlerai alors sans le craindre ; mais dans l’état où je me trouve, je ne suis point à moi-même.

REFLEXIONS

Job nous enseigne dans ce chapitre que l’homme ne saurait se justifier devant Dieu, que si le Seigneur voulait entrer en jugement avec lui, de mille articles, il ne pourrait répondre à un seul, que la puissance de Dieu est infinie et que les hommes étant pécheurs, il ne leur est pas permis de se plaindre de quelque manière qu’il les traite, mais qu’ils doivent tous passer condamnation en sa présence et lui demander grâce. Tout ce discours de Job montre que bien qu’il soutînt qu’il n’était pas un méchant, il ne prétendait pas pour tout cela être juste devant Dieu. Nous devons tous entrer dans les mêmes sentiments, faire de sérieuses et de continuelles réflexions sur toutes ces vérités que Job établit dans ce chapitre et nous exciter par là à craindre Dieu, à nous soumettre à sa volonté et à nous confier en lui.

En particulier, ce que Job dit de l’état où les bons et les méchants sont en ce monde nous apprend   à juger comme il faut des biens et des maux que Dieu dispense aux hommes et à s’acquiescer aux ordres de la providence, soit qu’elle envoie de l’adversité aux gens de bien, soit qu’elle laisse jouir les méchants de la prospérité.

CHAPITRE X

Job continue à se plaindre des grands maux qu’il souffrait et il supplie le Seigneur de ne pas avoir égard à ses péchés. Il le prie que, comme il l’avait formé et lui avait donné la vie, il voulut lui accorder quelque relâche dans ses extrêmes souffrances avant que de le retirer du monde.

1 Ma vie est devenue ennuyeuse à mon âme ; je m’abandonnerai à mes plaintes ; je parlerai dans l’amertume de mon âme.

2 Je dirai à Dieu : Ne me condamne point ; montre-moi pourquoi tu plaides contre moi.

3 Peux-tu te plaire à m’accabler, à rejeter l’ouvrage de tes mains, et à favoriser les desseins des méchants ?

4 As-tu des yeux de chair ? Vois-tu les choses comme l’homme mortel les voit ?

5 Tes jours sont-ils comme les jours de l’homme mortel ? Tes années sont-elles comme les années de l’homme,

6 Que tu fasses la recherche de mon iniquité, et que tu t’informes de mon péché ?

7 Tu sais que je ne suis pas un impie, et qu’il n’y a personne qui puisse me délivrer de ta main.

8 Tes mains m’ont formé, elles ont arrangé toutes les parties de mon corps, et tu me détruirais !

9 Souviens-toi, je te prie, que tu m’as formé comme l’argile, et que tu me feras retourner en poudre.

10 Ne m’as-tu pas coulé comme du lait ? Et ne m’as-tu pas fait cailler comme un fromage ?

11 Tu m’as revêtu de peau et de chair, et tu m’as composé d’os et de nerfs.

12 Tu m’as donné la vie, et tu as usé de miséricorde envers moi, et par tes soins continuels tu as gardé mon esprit.

13 Et tu tenais dans ton cœur toutes ces choses qui me sont arrivées ; je sais qu’elles viennent de toi.

14 Si j’ai péché, tu m’as remarqué, et tu ne m’as point absous de mon iniquité.

15 Si j’ai agi perfidement, malheur à moi ! Si j’ai été juste, je n’en lève pas la tête plus haut ; je suis rassasié d’ignominie : regarde donc mon affliction.

16 Elle va croissant ; tu chasses après moi comme un grand lion, et tu y reviens, et tu te rends admirable contre moi.

17 Tu produis de nouveaux témoins contre moi ; tu multiplies de plus en plus les effets de ton indignation contre moi ; une nouvelle armée vient contre moi.

18 Et pourquoi m’as-tu tiré du sein de ma mère ? Que n’y suis-je expiré, en sorte qu’aucun œil ne m’eût vu !

19 J’aurais été comme n’ayant jamais existé ; et j’aurais été porté du sein de ma mère au sépulcre !

20 Mes jours ne sont-ils pas en petit nombre ? Qu’il me donne donc du relâche, qu’il s’éloigne de moi, et que je respire un peu ;

21 avant que j’aille, pour n’en plus revenir, dans le pays de ténèbres et d’ombre de la mort ;

22 dans le pays d’une obscurité semblable aux ténèbres de l’ombre de la mort, où il n’y a aucun ordre, et où il n’y a que l’horreur des plus épaisses ténèbres.

REFLEXIONS

On voit dans ce chapitre des marques de la piété de Job et de sa faiblesse.

Sa piété paraît dans l’humilité avec laquelle il invoque le Seigneur et dans l’aveu qu’il fait que Dieu était tout puissant et tout juste et que c’était de lui qu’il tenait la vie et toutes choses.

À cet égard nous devons imiter Job en reconnaissant que Dieu est notre créateur, que, comme c’est lui qui nous a donné la vie, il peut aussi disposer de nous de la manière qu’il lui plaît et que les hommes étant outre cela coupables et pécheurs, il ne leur fait aucun tort lorsqu’il les expose à la souffrance.

Mais nous voyons aussi des marques de la faiblesse de Job dans ses plaintes et surtout en ce qu’il dit qu’il vaudrait mieux pour lui n’être jamais né. Il y avait de l’excès dans ce discours de Job, quoi que les hommes puissent souffrir, Dieu a toujours de sages et de justes raisons de leur accorder la vie, mais c’était la violence des maux de Job qui lui faisait dire des choses qu’il n’aurait pas dites dans un autre état.

Ceci nous apprend à posséder toujours nos âmes en patience, en sorte que la souffrance ne nous fasse jamais murmurer. Tout ce qui nous est permis quand nous sommes affligés c’est de prier Dieu qu’il épargne notre faiblesse et qu’il nous donne quelque relâche dans nos maux.

CHAPITRE XI

Tsophar, le troisième des amis de Job, le blâme d’avoir parlé comme si Dieu l’avait affligé à tort. Il lui propose la grandeur de Dieu, sa sagesse, sa puissance et sa justice et il lui promet que, s’il a recours à Dieu par la repentance et par la prière, Dieu fera cesser ses maux et le rétablira dans la prospérité.

1 Alors, Tsophar Nahamathite prit la parole et dit :

2 Ne répondra-t-on point à tant de discours, et ne faudra-t-il qu’être un grand parleur, pour être justifié ?

3 Tes discours vains feront-ils taire les gens ? Te moqueras-tu des autres, sans que personne te confonde ?

4 Car tu as dit : Mes discours sont purs, et je suis net devant tes yeux.

5 Certainement, il serait à souhaiter que Dieu parlât, et qu’il ouvrit sa bouche avec toi.

6 Il te montrerait les secrets de sa sagesse, savoir, qu’il pourrait t’affliger au double. Reconnais donc que Dieu exige de toi beaucoup moins que ton iniquité ne mérite.

7 Trouverais-tu le fond en Dieu en le sondant ? Trouverais-tu parfaitement le Tout-Puissant ?

8 Ce sont les hauteurs des cieux ; qu’y ferais-tu ? C’est une chose plus profonde que les enfers ; qu’y connaîtrais-tu ?

9 Son étendue est plus longue que la terre, et plus large que la mer.

10 Soit qu’il renverse, soit qu’il resserre, soit qu’il rassemble, qui l’en empêchera ?

11 Car il connaît la vanité des hommes ; et quand il voit l’iniquité, n’y prendra-t-il pas garde ?

12 Mais l’homme vide de sens le comprendra-t-il ? l’homme qui est né comme un ânon sauvage ?

13 Si tu disposes ton cœur, et que tu étendes tes mains vers Dieu ;

14 si tu éloignes l’iniquité qui est dans ta main, et si tu ne permets point que la méchanceté habite dans tes tentes ;

15 alors, certainement, tu pourras élever ton visage, qui sera sans tache ; tu seras affermi, et tu ne craindras rien ;

16 et tu oublieras tes travaux, et tu n’en auras non plus de souvenir que des eaux qui sont écoulées.

17 Et le temps s’élèvera pour toi plus clair que le midi, et l’obscurité sera comme le matin.

18 Tu seras plein de confiance, parce qu’il y aura lieu d’espérer ; tu creuseras et tu reposeras sûrement.

19 Tu te coucheras, et il n’y aura personne qui t’épouvante, et plusieurs rechercheront ta bienveillance.

20 Mais les yeux des méchants seront consumés ; il n’y aura point de ressource pour eux, et leur attente sera de rendre l’âme.

REFLEXIONS

Il y a trois choses à remarquer dans ce chapitre :

I. La première est que Tsophar condamne les discours et les plaintes de Job et qu’il lui représente dans cette vue que Dieu est souverainement juste en tout ce qu’il fait. Bien que Tsophar condamnât Job avec trop de rigueur, ce qu’il dit ici est vrai dans le fond et nous enseigne à reconnaître en touteschoses la puissance et la justice de Dieu et à adorer sa providence dont les voies sont si admirables et si pleines d’équité.

Ces considérations nous convaincront qu’au lieu de murmurer lorsqu’il nous fait passer par la souffrance, nous devons reconnaître avec humilité la justice de ses jugements et même le support dont il use envers nous.

II. Les promesses que Tsophar fait à Job en l’assurant que s’il se convertissait à Dieu, il se verrait rétabli dans sa première prospérité, sont fondées sur cette vérité très certaine que Dieu se fait trouver à ceux qui le cherchent avec humilité et que lorsque les pécheurs confessent leurs péchés et les abandonnent, il s’apaise envers eux.

III. Enfin, nous apprenons du discours de Tsophar qu’un homme de bien est toujours ferme et plein de confiance, qu’il ne craint rien, qu’il repose sûrement, qu’il se couche sans que personne l’épouvante et qu’aucun événement ne peut l’ébranler.

Par où nous voyons qu’il n’y a qu’une sincère piété et la confiance en Dieu qui puissent rendre l’homme heureux en ce monde et lui faire passer la vie avec tranquillité et sans crainte.

CHAPITRE XII

Job répond à ce que Tsophar lui avait dit de la grandeur de Dieu et de sa sagesse infinie. Il tombe d’accord que Dieu donne des preuves si évidentes de sa puissance et de sa sagesse dans le gouvernement du monde qu’il n’y a personne qui ne puisse le remarquer. C’est ce qu’il fait voir par des exemples pris de la nature et de ce qui arrive aux hommes en particulier auxquels il envoie tantôt la prospérité et tantôt l’adversité, élevant les uns et abaissant les autres selon qu’il le trouve à propos.

1 Mais Job répondit et dit :

2 Vraiment, êtes-vous tout un peuple, et la sagesse mourra-t-elle avec vous ?

3 J’ai du sens aussi bien que vous ; je ne vous suis point inférieur ; et qui ne sait ces choses que vous savez ?

4 Je suis cet homme qui est exposé à la risée de son intime ami, mais qui invoque Dieu et à qui Dieu répond : On se moque de celui qui est juste et plein d’intégrité.

5 Celui dont les pieds sont tout prêts à glisser, est, selon la pensée de celui qui est à son aise, comme un flambeau qu’on méprise.

6 Les tentes des voleurs prospèrent, et ceux qui irritent le Dieu fort sont en sûreté, et Dieu leur met tout entre les mains.

7 Et en effet, je te prie, interroge les bêtes, et chacune d’elles t’enseignera ; ou les oiseaux des cieux, et ils te le déclareront.

8 Ou, parle à la terre, et elle t’instruira, et même les poissons de la mer te le raconteront.

9 Qui est-ce qui ne sait que c’est la main de Dieu qui a fait toutes ces choses ?

10 Car c’est lui qui tient en sa main l’âme de tout ce qui vit, et l’esprit de toute chair humaine.

11 L’oreille ne juge-t-elle pas des discours, comme le palais goûte les viandes ?

12 La sagesse est dans les vieillards, et l’intelligence est le fruit d’une longue vie.

13 Mais c’est en Dieu que se trouve la sagesse et la force ; c’est à lui qu’appartient le conseil et l’intelligence.

14 Voilà, il démolira, et on ne rebâtira point ; s’il renferme quelqu’un, on n’ouvrira point.

15 Voilà, il retiendra les eaux, et tout deviendra sec ; il les lâchera, et elles renverseront la terre.

16 C’est en lui que résident la force et l’adresse ; c’est de lui que dépendent tant celui qui s’égare, que celui qui le fait égarer.

17 Il emmène dépouillés les conseillers, et il frappe d’étourdissement les juges.

18 Il détache le lien des rois, et il met la ceinture sur leurs reins.

19 Il emmène dépouillés ceux qui sont en autorité, et il renverse les puissants.

20 Il ôte la parole aux plus assurés ; il prive de sens les vieillards.

21 Il fait tomber dans le mépris les principaux d’entre les peuples ; il relâche la ceinture des plus forts.

22 Il met en évidence les choses qui étaient cachées dans les ténèbres, et il produit au jour l’ombre de la mort.

23 Il multiplie les nations, et il les fait périr ; il disperse çà et là les nations, et puis il les ramène.

24 Il ôte le courage aux chefs des peuples de la terre ; et il les fait errer dans les déserts, ou il n’y a point de chemin.

25 Ils vont à tâtons dans les ténèbres sans aucune clarté, et il les fait chanceler comme des gens qui sont ivres.

REFLEXIONS

Il paraît dans ce discours de Job que quoi qu’il y eût de l’excès dans les plaintes qu’il avait faites de la rigueur de ses maux, il était pourtant convaincu que Dieu était tout puissant et en même temps parfaitement juste. C’est la doctrine qu’il établit dans ce chapitre où il enseigne que Dieu tient en sa main l’âme de tout ce qui vit, que c’est à lui qu’appartiennent la force et la sagesse, que personne ne peut lui résister, qu’il abaisse les plus puissants, qu’il rend inutile quand il lui plaît la prudence des plus sages et qu’il dispose à son gré de tous les hommes, même des rois et des peuples entiers.

L’usage que nous devons faire de ces vérités est de bien méditer les œuvres du Seigneur et d’apprendre par là à le craindre, à nous confier à lui, à être patients dans l’adversité et à conformer en toutes choses notre volonté à la sienne.

CHAPITRE XIII

Job, après avoir dit dans le chapitre précédent que Dieu est tout puissant et parfaitement juste en tout ce qu’il fait, reproche à ses amis d’avoir mal parlé de la conduite de Dieu envers les méchants et envers les gens de bien. Il témoigne une ferme confiance en Dieu et il le prie de l’épargner et d’avoir pitié de sa faiblesse.

1 Voici, mon œil a vu toutes ces choses ; mon oreille les a ouïes et entendues.

2 Comme vous les savez, je les sais aussi ; je ne vous suis pas inférieur.

3 Mais je parlerai au Tout-Puissant, et je veux alléguer mes raisons au Dieu fort.

4 Et en effet, vous forgez des mensonges, et vous êtes tous des médecins de néant.

5 Plût à Dieu que vous demeurassiez dans le silence, et cela vous serait réputé à sagesse !

6 Ecoutez donc maintenant ma défense, et soyez attentifs à ce que mes paroles répliqueront.

7 Prononceriez-vous des choses injustes en faveur du Dieu fort, et diriez-vous quelque fraude pour lui ?

8 Est-ce à vous de le favoriser, et de plaider la cause du Dieu fort ?

9 Vous en prendra-t-il bien, s’il vous sonde ? Vous jouerez-vous de lui comme d’un homme mortel ?

10 Certainement il vous reprendra même si vous prétendez le favoriser secrètement.

11 Sa majesté ne vous épouvantera-t-elle point ? Et sa frayeur ne tombera-t-elle point sur vous ?

12 Vos discours mémorables sont des sentences de cendre, et vos éminences sont des éminences de boue.

13 Taisez-vous devant moi, et je parlerai ; et qu’il m’arrive ce qui pourra.

14 Pourquoi déchirerais-je ma chair avec mes dents, et tiens-je mon âme entre mes mains ?

15 Voilà, quand il me tuerait, je ne laisserais pas d’espérer en lui, et je défendrais ma conduite en sa présence.

16 Et même, il me délivrerait, mais l’hypocrite ne paraîtra point devant sa face.

17 Ecoutez attentivement mes discours, et prêtez l’oreille à ce que je vais vous déclarer.

18 Voilà, aussitôt que j’aurai déduit par ordre mon droit, je sais que je serai justifié.

19 Qui est-ce qui veut plaider contre moi ? Car maintenant je me tairai, et je mourrai.

20 Seulement, ô Dieu ! ne me fais point ces deux choses, et alors je ne me cacherai point de devant ta face :

21 Eloigne ta main de moi, et que ta frayeur ne m’épouvante plus,

22 et appelle-moi, et je répondrai ; ou je parlerai, et tu me répondras.

23 Combien ai-je commis d’iniquités et de péchés ? Fais-moi connaître mon forfait et mon péché.

24 Pourquoi caches-tu ta face, et me tiens-tu pour ton ennemi ?

25 Déploieras-tu tes forces contre une feuille que le vent emporte ? Poursuivras-tu du chaume sec ?

26 Car tu donnes contre moi des arrêts d’amertume, et tu me fais recevoir la peine des péchés de ma jeunesse.

27 Et tu as mis mes pieds dans les ceps ; tu épies tous mes chemins, et tu observes de près toutes les traces de mes pas.

28 Et ce corps s’en va par pièces comme du bois vermoulu, et comme une robe que la teigne a rongée.

REFLEXIONS

Ce que Job répond à ses amis dans ce chapitre et ce qu’il y dit de la majesté de Dieu et de la justice avec laquelle il se conduit envers les hommes montre bien clairement que si Job s’était plaint trop fortement de ses maux, ces plaintes étaient un effet de son infirmité et qu’elles ne procédaient pas d’un mauvais principe. Nous voyons ici de belles marques de la piété de Job, de la confiance et de l’espérance qu’il avait en Dieu et de sa profonde humilité. Il reconnait humblement son néant et la grandeur de Dieu et il le supplie seulement de lui donner quelque consolation et quelque relâche dans ses douleurs.

C’est ainsi que dans les plus rudes souffrances il faut toujours espérer en Dieu et le prier de ne pas nous châtier en sa colère, mais d’avoir pitié de nous et de se souvenir que nous ne sommes que poudre et que cendre devant lui.

CHAPITRE XIV

Ce chapitre est un tableau de la fragilité de la vie humaine. Job y décrit les misères auxquelles l’homme est sujet pendant sa vie et l’état où il est réduit par la mort. Il fait voir dans sa personne un exemple de ces misères et il prie Dieu d’avoir pitié de lui et surtout de n’avoir pas égard à ses péchés.

1 L’homme né de femme est d’une vie courte et plein d’ennui.

2 Il sort comme une fleur, puis il est coupé ; il s’enfuit comme une ombre, et il ne s’arrête point.

3 Et, cependant, tu as ouvert tes yeux sur lui, et tu me tires en cause contre toi !

4 Qui est-ce qui tirera une chose nette de ce qui est souillé ? Personne.

5 Ses jours sont déterminés ; le nombre de ses mois est entre tes mains ; tu lui as prescrit ses limites, qu’il ne passera point.

6 Retire-toi donc de dessus lui, et qu’il ait quelque repos, jusqu’à ce qu’il ait achevé, comme un mercenaire achève sa journée.

7 Car si un arbre est coupé, il y a de l’espérance, il repoussera encore, et il aura encore des rejetons ;

8 bien que sa racine soit vieillie dans la terre, et que son tronc soit comme mort dans la poussière ;

9 dès qu’il sentira l’eau, il repoussera et produira du fruit, comme un arbre nouvellement planté.

10 Mais l’homme meurt, et perd toute sa force, et il expire ; puis où est-il ?

11 Comme les eaux s’écoulent de la mer, et comme une rivière devient à sec et tarit,

12 ainsi l’homme est couché par terre, et il ne se relève point ; ils ne se réveilleront point ; et ils ne seront point réveillés de leur sommeil, jusqu’à ce qu’il n’y ait plus de cieux.

13 Que je souhaiterais que tu me cachasses dans le sépulcre ; que tu m’y misses à couvert jusqu’à ce que ta colère fût passée ; que tu me donnasses un terme, après lequel tu te souvinsses de moi !

14 Si l’homme meurt, revivra-t-il ? Attendrai-je tous les jours de mon combat, jusqu’à ce qu’il m’arrive quelque changement ?

15 Tu m’appelleras, et je te répondrai, et tu prendras plaisir à l’ouvrage de tes mains.

16 Mais maintenant tu comptes mes pas, et ne prends-tu pas garde à mon péché ?

17 Mes péchés sont cachetés comme dans un faisceau, et tu as cousu ensemble mes iniquités.

18 Certainement, comme une montagne s’éboule en tombant, et comme un rocher est transporté de sa place ;

19 et comme les eaux minent les pierres et entraînent par un débordement la poussière de la terre, et ce qu’elle a produit ; ainsi tu fais périr l’espérance de l’homme mortel.

20 Tu te montres toujours plus fort que lui, et il s’en va ; et lui ayant fait changer de visage, tu le renvoies.

21 Ses enfants seront avancés, mais il n’en saura rien ; ou ils seront abaissés, mais il ne s’en souciera point.

22 Mais sa chair, pendant qu’elle est sur lui, a de la douleur, et son âme s’afflige tandis qu’elle est en lui.

REFLEXIONS

Ce chapitre contient une description de la vanité de notre vie. Nous y voyons que cette vie est courte et accompagnée de beaucoup de misères, qu’on n’y jouit d’aucun bonheur assuré et qu’elle se termine enfin par la mort. Ce sont là des vérités que personne ne peut ignorer et voici l’usage que nous devons en faire.

C’est :

I. De ne pas nous attacher trop à la vie et aux choses de la terre qui sont toutes vaines et passagères,

II. D’être modéré dans la prospérité et de supporter patiemment l’adversité,

III. De prier le Seigneur qu’il lui plaise de nous assister toujours pendant le cours de cette vie périssable et surtout de nous pardonner nos péchés.

IV. Enfin, nous devons bénir Dieu de ce que nous avons dans l’Évangile et dans l’espérance ferme et certaine de la résurrection une consolation efficace et un remède assuré contre la vanité de cette vie et contre la mort. Notre grand soin donc, doit être de profiter du temps et des moyens que Dieu nous accorde pendant que nous sommes en ce monde pour nous affranchir des misères auxquelles nous y sommes sujets et de la mort même et pour nous assurer la possession des véritables biens et d’une meilleure vie.

CHAPITRE XV

Eliphaz parle pour la seconde fois. Il accuse Job d’avoir tenu des discours contraires à la justice de Dieu et à la piété. Il soutient que si les méchants sont heureux pendant quelque temps, Dieu les punit dès cette vie en ce qu’ils n’ont jamais de repos en leur conscience et que leur félicité n’est pas de durée. Il faut se souvenir en lisant ce chapitre que ce qu’Eliphaz y dit est le plus souvent vrai, mais qu’il ne s’ensuit pas de là que tous ceux qui souffrent soient des impies, ni que Job fût un méchant parce qu’il était extraordinairement affligé.

1 Alors Eliphaz Thémanite prit la parole et dit :

2 Un homme sage dans ses réponses, prononcera-t-il des opinions vaines, et remplira-t-il son cœur du vent d’Orient ?

3 Et disputera-t-il avec des discours qui ne servent de rien, et avec des paroles dont on ne peut tirer aucun profit ?

4 Certainement, tu abolis la crainte de Dieu, et tu anéantis la prière qu’on doit présenter au Dieu fort.

5 Car ta bouche montre ton iniquité, et tu as choisi la langue des hommes rusés.

6 C’est ta bouche qui te condamne, et non pas moi, et tes lèvres témoignent contre toi.

7 Es-tu le premier homme né ? As-tu été formé avant les montagnes ?

8 As-tu été instruit dans le conseil secret de Dieu, et en as-tu emporté la sagesse ?

9 Que sais-tu que nous ne sachions pas ? Quelle connaissance as-tu que nous n’ayons aussi ?

10 Il y a aussi parmi nous quelque homme à cheveux blancs, et quelques vieillards ; il y en a même de plus avancés en âge que ton père.

11 Les consolations du Dieu fort sont-elles trop petites pour toi ? Et cela t’est-il caché ?

12 Qu’est-ce qui te fait perdre courage, et pourquoi tes yeux regardent-ils de travers ?

13 Pourquoi pousses-tu ton souffle contre le Dieu fort, et fais-tu sortir de ta bouche de tels discours ?

14 Qu’est-ce que l’homme mortel, pour être pur ; et celui qui est né de femme, pour être juste ?

15 Voici, il ne s’assure point sur ses saints, et les cieux ne se trouvent point purs devant lui ;

16 et combien plus l’homme qui boit l’iniquité comme l’eau, est-il abominable et puant ?

17 Je t’enseignerai ; écoute-moi, et je te raconterai ce que j’ai vu ;

18 ce que les sages ont déclaré, et qu’ils n’ont point caché, et qu’ils avaient reçu de leurs pères ;

19 auxquels seuls ce pays a été donné, et parmi lesquels l’étranger n’est point passé.

20 Le méchant est comme en travail d’enfant tous les jours, et un petit nombre d’années est réservé à l’homme violent.

21 Un cri de frayeur est dans ses oreilles ; au milieu de la paix il croit que le destructeur se jette sur lui.

22 Il ne croit point pouvoir sortir des ténèbres, et il voit toujours l’épée.

23 Il court de tous côtés après le pain, disant : Où y en a-t-il ? Il sait que le jour des ténèbres lui est préparé.

24 L’angoisse et l’adversité l’épouvantent, et elles l’assiègent, comme un roi qui est préparé pour le combat.

25 Parce qu’il a élevé sa main contre le Dieu fort, et qu’il s’est raidi contre le Tout-Puissant.

26 Dieu a couru contre lui, et l’a saisi au plus épais de ses boucliers,

27 parce que la graisse a couvert tout son visage, et qu’elle a fait des plis sur son corps.

28 Il habitera dans les villes détruites, et dans les maisons désertes, qui ne sont plus que des monceaux de pierres ;

29 il ne s’en enrichira point, et ses biens ne croîtront point, et ce qu’il voulait achever ne s’étendra point sur la terre.

30 Il ne pourra se tirer des ténèbres ; la flamme séchera ses branches encore tendres ; et il s’en ira par le souffle de sa bouche.

31 Qu’il ne s’assure point sur la vanité qui le séduit, car la vanité sera sa récompense.

32 Il périra avant que ses jours soient accomplis ; ses branches ne reverdiront point.

33 On lui ravira son verjus comme à une vigne ; et on fera tomber sa fleur comme à un olivier.

34 Car la bande des hypocrites sera désolée ; le feu dévorera les tentes de ceux qui reçoivent les présents.

35 Ils conçoivent le travail, et ils enfantent le tourment, et ils inventent dans leur cœur des tromperies.

REFLEXIONS

Les avertissements qu’Eliphaz donne à Job dans ce discours nous apprennent :

I. Qu’il ne faut jamais murmurer contre Dieu, ni trouver à redire à sa conduite, quoi qu’il nous arrive et que l’homme étant corrompu et souillé, il ne doit point se plaindre des maux qu’il souffre, ni prétendre se justifier devant Dieu qui est la sainteté même.

II. Eliphaz décrit ici avec beaucoup de force les frayeurs dont les méchants sont agités et le trouble d’une mauvaise conscience. Il dit que le méchant est comme en travail tous les jours de sa vie, qu’il est perpétuellement en crainte, qu’il ne jouit jamais d’aucun solide repos et que sa prospérité passe en très peu de temps.

C’est là une vérité que le sentiment de tous les hommes et l’expérience de tous les temps confirment. C’est aussi ce qui doit nous donner une grande crainte du péché puisqu’il nous expose à tant de misères et nous faire embrasser la piété qui seule peut nous procurer la paix intérieure et la tranquillité de la conscience et assurer notre bonheur pour toujours en nous rendant Dieu favorable.

CHAPITRE XVI

Job répond à Eliphaz, il reproche à ses amis leur dureté et il leur dit que s’ils étaient en pareil état que lui, il les consolerait au lieu d’augmenter leur affliction. Il parle encore de ses souffrances, il dit que Dieu l’avait accablé de ses fléaux. Enfin il proteste qu’il ne se sentait coupable d’aucun crime et il prend même Dieu à témoin de son innocence.

1 Mais Job répondit et dit :

2 J’ai souvent entendu de pareils discours ; vous êtes tous des consolateurs fâcheux.

3 N’y aura-t-il point de fin à ces discours en l’air, et qu’est-ce qui te porte à répondre ainsi ?

4 Parlerais-je comme vous faites, si vous étiez en ma place ? accumulerais-je des paroles contre vous, ou hocherais-je la tête sur vous ?

5 Je vous fortifierais par les paroles de ma bouche, et je ne discourrais pas tant.

6 Si je parle, ma douleur n’en sera point soulagée ; et si je me tais, elle ne s’en ira pas.

7 Mais maintenant elle m’accable. Tu as désolé toute ma troupe.

8 Les rides dont tu m’as couvert, sont le témoin de ma douleur ; et la maigreur qui est venue sur mon visage, en rend témoignage.

9 Sa fureur m’a déchiré, il s’est déclaré mon ennemi, il grince les dents sur moi, et étant devenu mon ennemi il étincelle des yeux contre moi.

10 Ils ouvrent leur bouche contre moi ; ils me donnent des soufflets sur la joue pour m’outrager ; ils s’assemblent tous contre moi.

11 Le Dieu fort m’a enfermé sous le pouvoir de l’impie, et il m’a fait tomber entre les mains des méchants.

12 J’étais en repos, et il m’a écrasé ; il m’a saisi au collet, et m’a brisé, et il m’a mis comme en butte à ses traits.

13 Ses archers m’ont environné ; il me perce les reins, et ne m’épargne aucunement, et il répand mes entrailles sur la terre.

14 Il m’a brisé et m’a fait plaie sur plaie ; il a couru sur moi comme un homme puissant.

15 J’ai cousu un sac sur ma peau, et j’ai terni mon éclat dans la poussière.

16 Mon visage est couvert de boue à force de pleurer, et l’ombre de la mort est sur mes paupières.

17 Non qu’il y ait aucun outrage dans mes mains, et que ma prière ne soit pas pure.

18 O terre, ne cache point le sang que j’ai répandu, et que mon cri ne soit point exaucé !

19 Et même, voilà, j’ai maintenant mon témoin dans les cieux, mon témoin est dans les lieux hauts.

20 Mes intimes amis se moquent de moi, et mon œil fond en larmes devant Dieu.

21 Oh ! s’il était permis à l’homme de raisonner avec Dieu, comme un homme raisonne avec son intime ami !

22 Car les années qui me sont déterminées s’en vont, et j’entre dans un sentier d’où je ne reviendrai plus.

REFLEXIONS

Les reproches que Job fait à ses amis de leur dureté en leur disant qu’ils étaient des consolateurs fâcheux et que s’ils étaient en sa place, il ne leur parlerait pas comme ils lui avaient parlé, nous enseignent qu’il ne faut jamais insulter aux malheureux, ni augmenter leur affliction en les traitant avec rigueur ou en faisant des jugements opposés à la charité, mais qu’on doit plutôt les consoler autant qu’on le peut et les supporter dans leurs faiblesses.

Pour ce qui est des plaintes que Job continue à faire dans ce chapitre et des protestations qu’il y fait de son innocence, il ne faut pas prendre ce qu’il dit à la rigueur, ni croire qu’il prétendît être exempt de tout péché et se justifier devant Dieu. Mais comme ses amis l’avaient accusé de s’être attiré par ses péchés les maux qu’il souffrait, sa pensée était simplement qu’il n’était pas coupable de ces crimes que les méchants et les impies commettent et qui les exposent à la malédiction divine.

Toute personne qui craint Dieu sincèrement doit être en état de tenir ce langage et cela doit nous faire reconnaître combien on est heureux quand on vit dans l’innocence et quand, en s’humiliant devant Dieu comme les plus justes doivent toujours le faire, on ose le prendre à témoin de l’intégrité avec laquelle on s’efforce de le servir et de faire sa volonté.

CHAPITRE XVII

Job continue à se plaindre à ses amis qui le condamnaient. Et il dit que dans l’état déplorable où il se rencontrait il ne s’attendait plus qu’à la mort.

1 Mes esprits se dissipent, mes jours vont être éteints, le sépulcre m’attend.

2 Je n’ai à faire qu’à des railleurs, et mon œil veille toute la nuit pendant qu’ils aigrissent mon esprit.

3 Donne-moi, je te prie, un pleige auprès de toi : qui est-ce qui me touchera dans la main ?

4 Car tu as caché à leur cœur l’intelligence ; c’est pourquoi tu ne les élèveras pas.

5 Les yeux des enfants de celui qui parle en flatterie à ses intimes amis, défaudront.

6 Il m’a rendu la fable des peuples, et je suis comme un tambour devant eux.

7 Mon œil est terni de chagrin, et tous les membres de mon corps sont comme une ombre.

8 Les hommes droits en seront étonnés, et l’innocent s’élèvera contre l’hypocrite.

9 Cependant, le juste demeurera ferme dans ses voies, et celui qui a les mains nettes, se fortifiera.

10 Revenez donc vous tous, revenez, je vous prie ; car je ne trouve aucun sage entre vous.

11 Mes jours sont passés ; mes desseins, qui occupaient mon cœur, sont renversés.

12 Ils ont changé la nuit en jour, et la lumière est près des ténèbres.

13 Ce que j’attends, c’est que le sépulcre va être ma maison, et que je dresserai mon lit dans les ténèbres.

14 Je crie à la fosse : Tu es mon père ; et aux vers : Vous êtes ma mère et ma sœur.

15 Où sera donc son attente ? Et qui est-ce qui la verra ?

16 Mes espérances descendront jusqu’aux barrières du sépulcre, et nous nous reposerons ensemble dans la poussière.

REFLEXIONS

Il faut faire ces deux considérations sur ce chapitre.

I. La première que c’est un surcroît d’affliction pour les misérables de voir que ceux-là même qui devraient les plaindre et les consoler aggravent leur douleur par des reproches et par des discours capables d’ébranler leur foi comme les amis de Job faisaient à son égard.

Ceux qui en usent de la sorte envers les malheureux pèchent contre la charité et contre la justice.

II. L’autre considération est que Job parle comme s’il n’attendait plus de consolation et de délivrance que par la mort. Il y a quelque faiblesse dans ce langage, mais on aurait tort de juger des véritables sentiments de Job par ce qu’il disait dans la violence de sa douleur. Il marque en plusieurs endroits de ce livre que dans ses malheurs il espérait toujours en Dieu.

Cela doit nous apprendre à nous affermir tellement dans la crainte de Dieu et dans la foi qu’il ne nous échappe jamais rien qui puisse blesser la soumission que nous devons aux ordres de la providence et que nous soyons toujours animés d’une ferme confiance qui nous soutienne au milieu des plus grandes afflictions et dans la mort même.

CHAPITRE XVIII

Bildad parle pour la seconde fois, il accuse Job de présomption. Et il soutient que Dieu a accoutumé de faire tomber ses jugements sur les méchants et sur leur postérité.

1 Alors Bildad Sçuhite prit la parole et dit :

2 Quand finirez-vous ces discours ? Ecoutez ; et nous parlerons.

3 Pourquoi sommes-nous réputés comme si nous étions des bêtes et pourquoi nous tenez-vous pour souillés ?

4 Ô toi qui te déchires toi-même dans ta fureur, la terre sera-t-elle abandonnée pour toi ? Les rochers seront-ils transportés de leur place ?

5 Certainement, la lumière des méchants sera éteinte, et leur feu ne jettera point d’étincelles.

6 La lumière qui luisait dans la tente de chacun d’eux sera obscurcie, et la lampe qui éclairait sur eux sera éteinte.

7 Ses démarches violentes seront resserrées, et son propre conseil le renversera.

8 Car il sera pris dans les filets par ses pieds, et il marchera sur des rets.

9 Le lacet lui saisira le talon et le voleur sera plus fort que lui.

10 Le piège où il sera pris est caché dans la terre, et la trappe où il tombera est dans son sentier.

11 Les terreurs l’assiégeront de tous côtés, et le feront courir çà et là de ses pieds.

12 Sa force sera affamée, et la calamité sera toujours à son côté.

13 Le premier-né de la mort dévorera ce qui soutient sa peau ; il dévorera ce qui le soutient.

14 Les choses où il mettait sa confiance, seront arrachées de sa tente, et cela le fera marcher vers le roi des frayeurs.

15 On habitera dans sa tente, sans qu’elle soit plus à lui ; et on répandra du soufre sur sa maison.

16 Ses racines sécheront par-dessous, et ses branches seront coupées en haut.

17 Sa mémoire périra de la terre, et on ne parlera plus de son nom dans les places.

18 On le chassera de la lumière dans les ténèbres, et il sera exterminé du monde.

19 Il n’aura ni fils ni petit-fils parmi son peuple, et il n’aura personne qui lui survive dans ses demeures.

20 Ceux qui viendront après lui, seront étonnés du jour de sa ruine ; et ceux qui auront été avant lui, en seront saisis d’horreur.

21 Telles seront les demeures de l’injuste ; et tel sera le lieu de celui qui ne connait point Dieu.

REFLEXIONS

Quoique Bildad eût tort d’appliquer à Job ce qu’il dit dans ce chapitre, la doctrine qu’il y établit ne laisse pas d’être véritable. C’est que si les méchants jouissent de la prospérité pendant quelque temps, elle passe bientôt, que Dieu déploie ses jugements sur leurs personnes, sur leurs enfants, sur leurs biens, sur tout ce qui leur appartient et qu’il les fait servir d’exemple aux autres.

Cela étant, c’est une grande folie d’envier la condition des impies et de les imiter dans leurs dérèglements. Il faut seulement prendre garde qu’on n’abuse pas de cette doctrine en croyant que tous ceux à qui Dieu envoie l’adversité soient des impies, Dieu permettant aussi quelques fois pour des raisons de sagesse et de justice que ceux qu’il aime soient réduits dans un état très fâcheux comme cela arriva autrefois à Job qui était un homme si intègre et si agréable à Dieu.

CHAPITRE XIX

Job répond à Bildad et il se plaint de la dureté de ses amis. Il leur représente le nombre et la rigueur des maux dont Dieu l’accablait et il les conjure d’avoir pitié de lui. Il fait cependant paraître une ferme confiance en Dieu et il parle en des termes très remarquables de l’espérance qu’il avait en lui.

1 Mais Job répondit et dit :

2 Jusqu’à quand affligerez-vous mon âme, et m’accablerez-vous de paroles ?

3 Voici déjà dix fois que vous m’avez fait avoir honte de vous. N’avez-vous point honte de vous raidir contre moi ?

4 Si j’ai manqué, la faute en demeure avec moi.

5 Mais si vous vous élevez contre moi, et si vous me reprochez l’opprobre où je me trouve,

6 sachez maintenant, que c’est Dieu qui m’a renversé, et qui a tendu ses filets autour de moi.

7 Voici, je crie à cause de la violence qu’on me fait, et je ne suis point exaucé ; je crie, et il n’y a point de jugement.

8 Il a fermé mon chemin, tellement que je ne saurais passer ; et il a mis les ténèbres sur mes sentiers.

9 Il m’a dépouillé de ma gloire, il a ôté la couronne de dessus ma tête ;

10 il m’a détruit de tous côtés, et je m’en vais ; il m’a ôté toute espérance, comme à un arbre arraché.

11 Sa colère s’est allumée contre moi, et il m’a tenu pour l’un de ses ennemis.

12 Ses troupes sont venues ensemble ; elles ont dressé leur chemin contre moi, et se sont campées autour de ma tente.

13 Il a écarté de moi mes frères, et ceux qui me connaissaient se sont même éloignés de moi.

14 Mes proches m’ont abandonné, et ceux que je connaissais m’ont oublié.

15 Ceux qui habitaient dans ma maison, et mes servantes, m’ont tenu pour un inconnu, et m’ont réputé comme étranger.

16 J’ai appelé mon serviteur ; mais il ne m’a point répondu, quoique je l’aie prié de ma propre bouche.

17 Mon haleine est devenue étrange à ma femme, et j’ai prié les enfants qui sont sortis de moi.

18 Même les iniques me méprisent, et quand je me lève, ils parlent contre moi.

19 Tous ceux à qui je déclarais mes secrets, m’ont en abomination ; et tous ceux que j’aimais se sont tournés contre moi.

20 Mes os sont attachés à ma peau et à ma chair, et à peine mes lèvres couvrent-elles mes dents.

21 Ayez pitié de moi ! ayez pitié de moi, vous mes amis ! car la main de Dieu m’a frappé.

22 Pourquoi me persécutez-vous comme le Dieu fort, sans pouvoir vous rassasier de ma chair ?

23 Plût à Dieu que maintenant mes discours fussent écrits ; plût à Dieu qu’ils fussent gravés dans un livre,

24 avec un burin de fer et sur du plomb, et qu’ils fussent taillés sur une pierre de roche à perpétuité.

25 Pour moi, je sais que mon Rédempteur est vivant, et qu’il demeurera le dernier sur la terre.

26 Et qu’encore qu’après que ma peau l’on ait rongé ceci, je verrai Dieu de ma chair.

27 Je le verrai moi-même, et mes yeux le verront, et non un autre. Mes reins se consument dans mon sein.

28 Vous devriez plutôt dire : Pourquoi le persécutons-nous ? Car la racine du fait se trouve en moi.

29 Craignez l’épée ; car l’épée fera la vengeance de l’iniquité, afin que vous sachiez qu’il y a un jugement.

REFLEXIONS

Dans ce chapitre, de même que dans plusieurs autres de ce livre, nous devons remarquer :

I. Que Job paraît s’abandonner à des plaintes trop amères sur la grandeur de ses maux, mais que cependant il donne gloire à Dieu et qu’il s’humilie devant lui.

Cela doit nous servir d’avertissement afin que dans quelque état qu’il plaise à Dieu de nous réduire, nous réprimions tout mouvement d’impatience et que nous soyons soumis à sa volonté.

II. Job se plaignait avec raison que ses amis, qui devaient le consoler, l’accablaient par leurs reproches.

De là nous devons apprendre qu’au lieu d’en user ainsi envers les personnes affligées, il faut en avoir pitié et tâcher d’adoucir leurs maux et de les leur rendre plus supportables.

III. Nous voyons que Job dans ses maux se confiait pourtant toujours en Dieu, comme il le témoignait par ces belles paroles : Je sais que mon rédempteur est vivant et qu’il demeurera le dernier sur la terre et encore qu’après ma peau l’on ait rongé ceci, je verrai Dieu de ma chair, je le verrai moi-même et mes yeux le verront.

Les enfants de Dieu doivent être animés de cette même espérance au milieu des afflictions et de la mort même et ces paroles de Job doivent élever leurs esprits à une ferme attente de la résurrection et de la vie à venir par Jésus-Christ notre Sauveur.

CHAPITRE XX

Tsophar parle pour la seconde fois et montre que si les impies sont heureux dans le monde, leur bonheur ne dure pas longtemps, que Dieu leur ôte leurs richesses et leur force et que sa colère paraît sur eux, sur leurs familles et sur tout ce qui leur appartient.

1 Alors Tsophar Nahamathite prit la parole et dit :

2 C’est pour cela que mes pensées me poussent à répondre, et que je me hâte de le faire.

3 J’ai entendu la correction par laquelle tu veux me faire honte ; mais mon esprit tirera de mon intelligence la réponse pour moi.

4 N’as-tu pas su ce qui a été de tout temps, depuis que Dieu a mis l’homme sur la terre,

5 Que le triomphe des méchants est de peu de durée, et que la joie de l’hypocrite n’est que d’un moment ?

6 Quand son élévation monterait jusqu’aux cieux, et que sa tête atteindrait les nues,

7 néanmoins il périra à jamais comme de l’ordure, et ceux qui l’auront vu ; diront : Où est-il ?

8 Il s’envolera comme un songe, et on ne le trouvera plus ; il s’évanouira comme un rêve de la nuit.

9 L’œil qui l’aura vu ne le verra plus ; le lieu où il était ne le reconnaîtra plus.

10 Ses enfants feront la cour aux pauvres ; et ses mains restitueront ce qu’il aura ravi par violence.

11 Ses os sont pleins des péchés de sa jeunesse ; mais ils reposeront avec lui sur la poudre.

12 Si le mal est doux à sa bouche, et s’il le cache sous sa langue ;

13 s’il le goûte et s’il ne le rejette point, mais qu’il le retienne dans son palais,

14 ce qu’il mangera se changera dans ses entrailles en un fiel d’aspic.

15 Il a englouti les richesses ; mais il les vomira, et le Dieu fort les jettera hors de son ventre.

16 Il sucera un venin d’aspic, et la langue de la vipère le tuera.

17 Il ne verra point couler sur lui les ruisseaux, les fleuves, ni les torrents de miel et de beurre.

18 Il rendra ce qu’il a acquis par son travail, et il ne l’avalera point ; il le rendra à proportion de ce qu’il avait pris ; et il ne s’en réjouira point.

19 Parce qu’il aura foulé et abandonné les pauvres ; qu’il aura pillé la maison au lieu de la bâtir.

20 Certainement, il n’en sentira point de contentement en lui-même, et il ne sauvera rien de ce qu’il aura tant désiré.

21 Il n’aura rien de reste à manger ; c’est pourquoi il ne s’attendra plus à son bien.

22 Après que son abondance aura été comblée, il sera en angoisse ; les mains de tous ceux qui oppriment les autres se jetteront sur lui.

23 S’il y a eu de quoi remplir son ventre, Dieu lui fera sentir l’ardeur de sa colère, et fera pleuvoir sur lui et sur sa chair.

24 S’il s’enfuit de devant les armes de fer, l’arc d’airain le transpercera.

25 Le trait décoché transpercera son corps, et le fer étincelant transpercera son fiel ; toutes sortes de frayeurs viendront sur lui.

26 Les ténèbres les plus épaisses seront cachées dans ses lieux les plus secrets ; un feu qu’on n’aura point soufflé le consumera ; celui qui restera dans sa tente sera malheureux.

27 Les cieux découvriront son iniquité, et la terre s’élèvera contre lui.

28 Le revenu de sa maison sera transporté ; tout s’écoulera au jour de la colère de Dieu.

29 C’est là la portion que Dieu réserve à l’homme méchant, et l’héritage qu’il recevra du Dieu fort à cause de ses paroles.

REFLEXIONS

Voici encore un chapitre qui nous enseigne que quelque heureux et affermis que les impies semblent être, leur joie passe et que leur gloire est d’une durée très courte, que quand ils s’élèveraient jusqu’au ciel, Dieu confondra leur orgueil, que les biens qu’ils acquièrent par l’injustice leur sont ôtés, que leurs enfants tombent dans la pauvreté et dans la misère et qu’eux-mêmes, après avoir été quelque temps dans la joie, sont dans un trouble et dans des angoisses inexprimables.

Cette vérité qui est répétée tant de fois dans ce livre de Job et qui s’accorde si bien avec l’expérience de tous les temps doit être bien méditée.

Puisque c’est là la portion que Dieu réserve aux méchants, craignons d’attirer sur nous les effets de la colère céleste, n’établissons jamais notre bonheur dans la possession des biens et des avantages de ce monde, mais cherchons-le uniquement dans la faveur de Dieu et dans la piété qui seule peut nous faire jouir d’une solide félicité dans cette vie et après la mort.

CHAPITRE XXI

Job répond au second discours de Tsophar, il prie ses amis de l’écouter et pour leur montrer qu’ils se trompaient, il leur représente que l’on voit des impies qui ont perdu toute crainte de Dieu et qui vivent cependant dans l’affluence de toute sorte de bien.  Il avoue qu’enfin Dieu les punit et les retranche et que la vengeance divine poursuit leur postérité, mais il remarque que ce qui arrive après leur mort n’empêche pas qu’ils n’aient été heureux pendant leur vie. Job dit tout cela pour faire voir à ses amis que Dieu ne punit pas toujours les impies en ce monde et qu’ainsi tous ceux que Dieu afflige ne sont pas des impies comme ses amis le prétendaient.

1 Mais Job répondit et dit :

2 Ecoutez attentivement mon discours, et cela me tiendra lieu de vos consolations.

3 Supportez-moi et je parlerai ; et après que j’aurai parlé, moquez-vous-en.

4 Pour moi, est-ce à un homme que mon discours s’adresse ? Si cela était, comment mon esprit ne s’affligerait-il pas ?

5 Regardez-moi, et soyez étonnés, et mettez la main sur la bouche.

6 Quand il me souvient de mon état, je suis éperdu, et un tremblement saisit ma chair.

7 Pourquoi les méchants vivent-ils, et vieillissent-ils ? Et même, pourquoi sont-ils les plus puissants ?

8 Leur postérité s’établit en leur présence avec eux, et leurs rejetons subsistent devant leurs yeux.

9 Leurs maisons jouissent de la paix sans frayeur : la verge de Dieu n’est point sur eux.

10 Leurs vaches conçoivent et conservent leur fruit ; leur jeune vache vêle et n’avorte point.

11 Ils chassent devant eux leurs petits comme un troupeau de brebis, et leurs enfants sautent.

12 Ils élèvent leur voix avec le tambour et la harpe, et ils se réjouissent au son des instruments.

13 Ils passent leurs jours dans la bonne chère, et ils descendent au sépulcre en un moment.

14 Et, cependant, ils ont dit au Dieu fort : Retire-toi de nous ; nous ne voulons point connaître tes voies.

15 Qu’est-ce du Tout-Puissant que nous le servions ? et quel profit nous reviendra-t-il quand nous l’aurons prié ?

16 Mais leur bien n’est pas en leur puissance ; c’est pourquoi je me suis éloigné du conseil des méchants.

17 Quand est-ce que la lampe des méchants sera éteinte, et que l’orage viendra sur eux, et que Dieu leur donnera leur partage en sa colère ?

18 Quand seront-ils comme la paille exposée au vent, et comme de la balle qui est enlevée par un tourbillon ?

19 Dieu réservera les peines de la violence du méchant à ses enfants ; il la lui rendra, et il la sentira.

20 Ils verront leur ruine de leurs propres yeux, et ils boiront de la colère du Tout-Puissant.

21 Mais que lui importera-t-il de ce que deviendra sa maison après lui, quand le nombre de ses mois aura été retranché ?

22 Enseignerait-on la science au Dieu fort qui juge ceux qui sont élevés ?

23 Celui-ci meurt dans la force de sa vigueur, tout à son aise et en repos.

24 Ses vaisseaux sont remplis de lait, et ses os sont comme abreuvés de moëlle.

25 Et l’autre meurt dans l’amertume de son âme, et n’ayant jamais goûté aucun bien.

26 Ils sont couchés ensemble dans la poudre, et les vers les couvrent.

27 Voilà, je connais vos pensées et les desseins que vous formez contre moi.

28 Car vous dites : Où est la maison de cet homme opulent, et où est la tente où les méchants habitaient ?

29 Ne vous êtes-vous jamais enquis des voyageurs ? Et n’avez-vous point reconnu par les preuves qu’ils vous en donnaient,

30 que le méchant est réservé pour le jour de l’orage et pour le jour que les fureurs seront envoyées contre lui ?

31 Et qui est-ce qui oserait lui représenter en face sa conduite ? Qui est-ce qui lui rendrait ce qu’il a fait ?

32 Il sera porté au sépulcre, et il ne bougera pas du tombeau.

33 Les mottes des vallées lui seront douces ; il tirera tous les hommes après lui, et devant lui il y a des gens sans nombre.

34 Comment donc me donnez-vous des consolations vaines, puisqu’il y a toujours de la prévarication dans vos pensées ?

REFLEXIONS

Job continue à nous apprendre comment il faut juger de la prospérité et de l’adversité.

Il nous montre que l’on voit quelquefois des méchants et même des gens qui rejettent toute crainte de Dieu et qui lui font toutes sortes d’outrages jusqu’à lui dire : Retire-toi de nous, nous n’avons que faire de la connaissance de tes voies, que l’on les voit dis-je, quelques fois, passer la vie dans l’abondance et dans les plaisirs et être comblés de biens jusqu’à la mort et que si leur postérité est malheureuse après qu’ils sont morts, ils ne le voient pas.

Il dit que l’on voit, d’un autre côté, des innocents qui traînent une vie misérable et qui meurent comme ils ont vécu.

La conclusion que nous devons tirer de là c’est qu’on ne doit pas juger du bonheur ou du malheur des hommes, ni de la part qu’ils ont à l’amour de Dieu ou à sa haine par ce qu’il leur arrive en ce monde. La prospérité n’est pas toujours une marque de la faveur de Dieu et l’adversité n’est pas toujours non plus une preuve de sa colère. Ainsi il ne faut pas se scandaliser si l’on voit les impies prospérer et les justes souffrir, mais il faut chercher la punition des méchants et la vraie récompense des justes dans l’état intérieur des uns et des autres et surtout dans ce qui leur arrivera après cette vie.

CHAPITRE XXII

Eliphaz parle pour la troisième fois et il réfute ce que Job avait avancé. Il lui dit que Dieu ne reçoit aucune utilité, ni aucun dommage du bien ou du mal que les hommes font. Il lui représente que si Dieu l’affligeait, ce n’était qu’à cause de ses péchés et il l’accuse d’avoir manqué aux devoirs de la justice et de la charité. Il lui remet encore devant les yeux que Dieu avait fait tomber de tout temps ses jugements sur les méchants. Enfin il l’exhorte à se reconnaître coupable et à se repentir et il lui promet que s’il le faisait Dieu lui rendrait sa faveur et le comblerait de toutes sorte de biens.

1 Alors Eliphaz Thémanite prit la parole et dit :

2 L’homme apportera-t-il quelque profit au Dieu fort ? C’est plutôt à soi-même que l’homme sage apporte du profit.

3 Le Tout-Puissant reçoit-il quelque plaisir, si tu es juste ; ou quelque gain, si tu marches dans l’intégrité ?

4 Te reprend-il, et entre-t-il avec toi en jugement par la crainte qu’il ait de toi ?

5 Ta méchanceté n’est-elle pas grande ? Et tes iniquités ne sont-elles pas sans nombre ?

6 Car tu as pris le gage de tes frères sans raison ; tu as ôté le vêtement à ceux qui étaient nus.

7 Tu n’as point donné d’eau à boire à celui qui était fatigué du chemin ; tu as empêché que celui qui avait faim, n’eût du pain.

8 Tu as donné la terre à celui qui était puissant, et celui pour qui tu avais des égards, y habitait.

9 Tu as renvoyé les veuves vides, et les bras des orphelins ont été brisés.

10 C’est pour cela que les pièges sont autour de toi, et qu’une subite frayeur t’épouvante ;

11 et que les ténèbres sont autour de toi, et que tu ne vois point, et que le débordement des eaux te couvre.

12 Dieu n’est-il pas là-haut aux cieux ? Regarde donc la hauteur des étoiles, et combien elles sont élevées.

13 Et tu as dit : Qu’est-ce que le Dieu fort connaît ? Jugera-t-il au travers des nuées obscures ?

14 Les nuées lui sont comme une cachette, et il ne voit rien ; il se promène sur le tour des cieux.

15 N’as-tu pas pris garde au chemin que les injustes ont tenu anciennement ;

16 qui ont été retranchés avant leur temps, et dont un fleuve a emporté le fondement ?

17 Ils disaient au Dieu fort : Retire-toi de nous. Et qu’est-ce que leur avait fait le Tout-Puissant ?

18 Il avait rempli de biens leur maison. Mais loin de moi le conseil des méchants !

19 Les justes le verront, et s’en réjouiront, et l’innocent se moquera d’eux et dira :

20 Certainement, notre état n’a point été détruit ; mais le feu a dévoré tout ce qui leur restait.

21 Attache-toi donc à Dieu, je te prie, et demeure en paix, et il t’en arrivera du bien.

22 Reçois la loi de sa bouche, je te prie, et mets ses paroles en ton cœur.

23 Si tu retournes jusqu’au Tout-Puissant, tu seras rétabli. Eloigne l’iniquité de ta tente ;

24 et tu mettras l’or sur la poussière, et l’or d’Ophir sur les rochers des torrents ;

25 et le Tout-Puissant sera ton or et l’argent qui te donnera des forces.

26 Alors tu trouveras tes délices dans le Tout-Puissant, et tu élèveras ton visage vers Dieu.

27 Tu le fléchiras par tes prières, et il t’exaucera, et tu lui rendras tes vœux.

28 Si tu as quelque dessein, il te réussira, et la lumière resplendira sur tes voies.

29 Quand quelqu’un aura été humilié, et que tu diras qu’il soit élevé, Dieu délivrera celui qui aura tenu les yeux baissés.

30 Il délivrera l’innocent, et il sera délivré par la pureté de tes mains.

REFLEXIONS

Nous devons tirer d’ici ces quatre instructions :

I. La première, que les hommes n’apportent aucun profit à Dieu en faisant le bien et que lorsque nous sommes justes et que nous marchons dans l’intégrité, le Tout-Puissant n’en reçoit aucun profit, ni aucun gain, mais que c’est plutôt à nous-mêmes que le profit en revient. Ces paroles sont très remarquables, elles nous apprennent que si Dieu nous donne ses lois et s’il veut que nous les observions, il ne le fait que pour notre bien et que si nous l’offensons nous ne faisons du mal qu’à nous-mêmes.

II. La seconde instruction est que l’injustice, la violence et le manque de charité sont de grands crimes devant Dieu, mais qu’il y a bien du péché à imputer ces crimes à des innocents, à les condamner lorsqu’ils souffrent et à les accuser de s’être attiré la colère de Dieu par leurs péchés, comme Eliphaz en accusait Job.

III. La troisième, que la conduite de Dieu et les voies de sa providence sont parfaitement justes et que cela a toujours paru dans ce qui est arrivé soit aux bons, soit aux méchants et à leur postérité, mais que cependant l’on voit quelquefois que des impies déclarés jouissent des biens et des plaisirs de cette vie.

Cela montre bien clairement que l’on ne doit pas fonder le jugement que l’on fait des hommes sur la prospérité, ni sur l’adversité.

IV. Les dernières paroles de ce chapitre sont très instructives. Eliphaz nous y enseigne que quand nous retournons sincèrement à Dieu et que nous renonçons aux péchés par lesquels nous avions provoqué sa colère, il se laisse fléchir par nos prières, qu’il nous rend sa grâce, que nous trouvons alors nos délices en lui et que nous pouvons nous promettre les plus doux effets de son amour.

CHAPITRE XXIII

Job répond au troisième discours d’Eliphaz et il dit qu’il était tellement persuadé de son innocence qu’il souhaitait d’être jugé par le Seigneur lui-même. Par là il veut faire voir à ses amis que ce n’étaient pas ses péchés qui lui avaient attirés les maux qu’il souffrait, bien que ces maux fussent extrêmes.

1 Mais Job répondit et dit :

2 Je parlerai encore aujourd’hui en me plaignant ; ma main s’appesantira sur mon gémissement.

3 Que je souhaiterais de savoir où je pourrais trouver Dieu ! J’irais jusqu’à son trône ;

4 j’y déduirais par ordre ma cause devant lui, et je remplirais ma bouche de preuves ;

5 je saurais ce qu’il me répondrait, et j’entendrais ce qu’il me dirait.

6 Contesterait-il avec moi par la grandeur de sa force ? Non ; il proposerait seulement contre moi ses raisons.

7 L’homme droit y raisonnerait avec lui, et je serais absous pour toujours par mon juge.

8 Voilà, si je vais en avant, il n’y est pas ; si je vais en arrière, je ne l’y apercevrai point ;

9 si je vais à gauche, je ne l’y vois point encore ; il se cache à droite, et je ne l’y découvre point ;

10 quand il aura connu la voie que j’ai suivie, et qu’il m’aura éprouvé, je sortirai comme l’or qui a passé par le feu.

11 Mon pied a tenu son chemin, j’ai gardé sa voie, et je ne m’en suis point détourné.

12 Je ne me suis point écarté non plus du commandement qui est sorti de ses lèvres ; j’ai serré les paroles de sa bouche avec plus de soin que ma provision ordinaire.

13 Mais s’il a fait un dessein, qui l’en détournera ? Il fait ce que son âme désire.

14 Car il achèvera ce qu’il a ordonné de moi ; et il fait encore beaucoup d’autres choses semblables.

15 C’est pourquoi je suis éperdu à cause de sa présence : si j’y pense, je suis effrayé à cause de lui.

16 Parce que le Dieu fort a abattu mon cœur, et que le Tout-Puissant m’a étonné ;

17 Parce que je n’ai pas été entièrement retranché à la vue des ténèbres, et qu’il n’a pas éloigné l’obscurité de devant moi.

REFLEXIONS

Pour bien juger de ce que Job dit dans ce chapitre, il faut considérer que c’est ici une réponse au discours d’Eliphaz qui avait accusé Job d’hypocrisie et d’injustice. Job répond à ces accusations qu’il était innocent de ces crimes-là et qu’à cet égard il prenait Dieu à témoin de son intégrité, qu’il consentait d’avoir le Seigneur lui-même pour juge et qu’il ne craindrait pas de paraître devant lui. Mais il ne faut pas entendre ce que Job dit comme s’il eût prétendu être innocent à tous égards devant Dieu.

Nous devons donc apprendre d’ici qu’il est permis aux gens de bien de soutenir leur innocence lorsqu’ils sont accusés injustement et lorsque leur conscience leur rend un bon témoignage, mais que cependant ils doivent toujours reconnaître leurs faiblesses, donner gloire à Dieu lors même qu’il les afflige et confesser qu’il est parfaitement juste et souverainement sage dans tout ce qu’il fait à leur égard.

CHAPITRE XXIV

Le dessein de Job dans ce chapitre est de montrer que Dieu ne punit pas toujours les méchants dans la vie présente et que les afflictions ne sont pas toujours une preuve que Dieu soit courroucé contre ceux qui les endurent. Il décrit pour cet effet les injustices, les extorsions, les violences, les meurtres, les adultères et les autres crimes qui se commettent dans ce monde et il remarque que plusieurs de ceux qui les commettent ne laissent pas de vivre heureux, bien loin de recevoir en cette vie les peines qu’ils méritent, quoi que Dieu voie pourtant tout le mal qu’ils font et qu’il ne veuille pas les laisser impunis.

1 Pourquoi est-ce que les temps ne sont pas cachés par le Tout-Puissant, et que ceux qui le connaissaient ne voient point ses jours ?

2 On remue les bornes, on ravit les troupeaux, et on les fait paître ;

3 on emmène l’âne des orphelins, on prend pour gage le bœuf de la veuve ;

4 on fait écarter les pauvres du chemin ; les affligés du pays sont pareillement contraints de se cacher.

5 Voilà, ce sont comme des ânes sauvages dans le désert ; ils sortent pour faire ce qu’ils ont entrepris ; ils se lèvent le matin pour chercher de la proie ; la campagne leur donne du pain pour leurs enfants.

6 Ils moissonnent par les champs le fourrage qui y est, et ils font que le méchant vendange les vignes.

7 Ils font passer la nuit sans vêtement à l’homme nu, de sorte qu’il n’a pas de quoi se couvrir durant le froid ;

8 en sorte que les pauvres sont percés par les grandes pluies des montagnes, et qu’ils cherchent leur retraite dans les rochers.

9 Ils ravissent le pupille dès la mamelle, et ils prennent des gages sur le pauvre.

10 Ils font aller sans vêtement l’homme nu, et ils enlèvent à ceux qui ont faim ce qu’ils ont glané.

11 Ceux qui pressent l’huile dans leurs maisons, et qui foulent la vendange dans leurs pressoirs, ont soif.

12 Les hommes jettent des sanglots dans la ville ; l’âme de ceux qui sont blessés à mort, crie ; et, cependant, Dieu ne fait rien mal à propos.

13 Ils ont été rebelles à la lumière, ils n’ont point connu les voies de Dieu, et ils ne se sont point tenus à ses sentiers.

14 Le meurtrier se lève au point du jour, et tue le pauvre et l’indigent ; et de nuit il dérobe comme un larron.

15 L’œil de l’adultère épie le soir, disant : Aucun œil ne me verra ; et il se cache le visage.

16 Ils percent dans les ténèbres les maisons qu’ils avaient marquées le jour ; ils ne savent ce que c’est que la lumière.

17 Car la lumière du matin leur est à tous comme l’ombre de la mort ; si quelqu’un les reconnaît, ils ont des frayeurs mortelles.

18 Il est léger et inconstant comme la surface de l’eau ; leur portion dans la terre est maudite ; il néglige la culture des vignes.

19 Comme la sécheresse et la chaleur consument les eaux de neige, ainsi le sépulcre ravit les pécheurs.

20 Il sera oublié comme s’il n’était jamais né ; les vers en feront bonne chère ; on ne s’en souviendra plus, l’inique sera brisé comme un bois.

21 C’est lui qui tourmentait la stérile qui n’enfantait point, et qui ne faisait aucun bien à la veuve ;

22 et qui entraînait les puissants par sa force ; il se levait, mais il n’était pas assuré de sa vie.

23 Dieu lui donne de quoi s’assurer, et il s’appuie sur cela : mais ses yeux sont ouverts sur leur conduite.

24 Ils sont élevés en peu de temps ; après cela ils ne subsistent plus ; ils sont abaissés ; ils sont emportés comme tous les autres ; ils sont coupés comme le haut d’un épi.

25 Si cela n’est pas ainsi, qui est-ce qui me convaincra que je mens, et qui mettra ma parole au néant ?

REFLEXIONS

Job représente dans ce discours l’impiété, les injustices, les cruautés et les divers crimes des méchants et il fait remarquer à ses amis que Dieu ne déploie pas toujours sa vengeance sur eux, que même ils réussissent souvent dans leurs mauvais desseins, mais que Dieu les voit pourtant et qu’à la fin ils sont accablés par son juste jugement.

Cette doctrine doit être bien méditée afin que lorsque nous voyons tant de crimes et de désordres qui règnent dans le monde, même parmi ceux qui font profession de connaître Dieu, nous n’en soyons pas ébranlés, mais que nous nous souvenions que Dieu le voit aussi bien et mieux que nous et que, comme rien n’échappe à sa connaissance, rien ne saurait échapper à son jugement.

Il s’ensuit aussi de là que c’est une pensée très fausse et très dangereuse de croire que des gens sont innocents et agréables à Dieu parce qu’ils sont heureux en ce monde ou qu’ils sont coupables parce qu’ils y sont malheureux.

Ainsi, sans s’arrêter à la prospérité ou à l’adversité, il faut uniquement avoir égard à la piété ou à l’impiété, puisque c’est là ce qui fait le bonheur ou le malheur des hommes et qu’à la fin, Dieu doit leur rendre à tous selon leurs œuvres.

CHAPITRE XXV

Bildad parle à Job pour la troisième fois, il lui représente la puissance et la justice de Dieu aussi bien que le néant de l’homme et il veut montrer par-là que l’homme ne saurait être trouvé juste devant Dieu.

1 Alors Bildad Sçuhite prit la parole et dit :

2 C’est lui qui domine, et qui doit être craint ; il fait régner la paix dans ses hauts lieux.

3 Ses armées se peuvent-elles compter ? Et sur qui sa lumière ne se lève-t-elle pas ?

4 Et comment l’homme mortel se justifierait-il devant le Dieu fort ? Et comment celui qui est né de femme serait-il pur ?

5 La lune même ne luit point en sa présence ; et les étoiles ne sont pas pures devant ses yeux ;

6 combien moins est l’homme qui n’est qu’un ver, et le fils de l’homme qui n’est qu’un vermisseau ?

REFLEXIONS

Ce chapitre nous enseigne que la puissance de Dieu est infinie, qu’il est parfaitement juste et saint et que l’homme, étant une créature faible et corrompue, ne saurait jamais être trouvé pur devant lui.

L’usage qu’il faut faire de cette doctrine, c’est que les hommes doivent se tenir dans une profonde humilité en la présence de Dieu et se soumettre à tout ce qu’il lui plait de faire à leur égard.

CHAPITRE XXVI

Job répond à Bildad qui l’avait exhorté à considérer la puissance de Dieu et sa parfaite sainteté et il lui dit que tous ces discours étaient superflus et qu’il était instruit et convaincu de la grandeur de Dieu et de sa profonde sagesse de laquelle il fait ici une description en parlant des merveilles de la création et du gouvernement du monde.

1 Mais Job répondit et dit :

2 Qui as-tu aidé ? Est-ce celui qui n’avait point de force ? Qui as-tu délivré ? Est-ce celui dont le bras était affaibli ?

3 A qui as-tu donné conseil ? Est-ce à celui qui n’avait point de sagesse ? Est-ce ainsi que tu as fait paraître l’abondance de ta sagesse ?

4 A qui as-tu tenu ces discours ? Et qui est celui dont le souffle soit sorti de toi ?

5 Les choses inanimées sont formées de ce qui est sous les eaux, même ceux qui y habitent.

6 L’abîme est nu devant lui, et le gouffre n’a point de couverture.

7 Il étend le Septentrion sur le vide, et il suspend la terre sur le néant.

8 Il resserre les eaux dans ses nuées, et la nuée n’éclate pas sous elles.

9 Il couvre la face de son trône, et il étend sa nuée par-dessus.

10 Il a compassé des bornes sur les eaux tout autour, jusqu’à ce qu’il n’y ait plus ni lumière, ni ténèbres.

11 Les colonnes des cieux sont ébranlées, et s’étonnent à sa menace.

12 Il fend la mer par sa puissance, et il frappe par son intelligence les flots quand ils s’élèvent.

13 Il a orné les cieux par son esprit, et sa main a formé le serpent traversant.

14 Ce ne sont là que les bords de ses voies. Que ce que nous en connaissons est peu de chose ! Et qui est-ce qui pourra comprendre le grand éclat de sa puissance ?

REFLEXIONS

Job nous enseigne ici que les œuvres de Dieu sont admirables et en grand nombre, que nous n’en connaissons même qu’une très petite partie et que nous ne comprenons pas toutes les raisons de la conduite de Dieu dans le gouvernement du monde. Dieu étant si grand, si puissant, si juste et si sage, ce n’est pas à nous à trouver à redire à ce qu’il fait, ni à sonder ses voies trop curieusement. Nous devons plutôt être persuadés qu’il conduit toutes choses avec sagesse et avec justice, nous soumettre humblement à tout ce qu’il ordonne et reconnaître au reste sa bonté qui paraît en ce que, s’il y a dans ses desseins et dans ses œuvres quelque chose qui nous soit caché, ce qu’il nous en a révélé et ce que nous en connaissons suffit pour nous apprendre à le craindre et pour nous rendre heureux si nous en faisons un bon usage.

CHAPITRE XXVII

Job continue à parler et il proteste que, quoi qu’il eût soutenu son innocence contre les accusations de ses amis, il ne lui arriverait jamais de rien dire contre la justice et la providence de Dieu. Il montre ensuite que les impies et les hypocrites sont une fin funeste, qu’ils sont punis en diverses manières, que leur félicité n’est que passagère et qu’elle ne les met point à couvert de la colère du Ciel.

1 Job continuant, reprit son discours sentencieux et dit :

2 Je prends à témoin le Dieu vivant, qui a écarté mon droit, et le Tout-Puissant qui a rempli mon âme d’amertume,

3 que pendant tout le temps que j’aurai du souffle et que Dieu me laissera respirer l’air,

4 mes lèvres ne prononceront rien d’injuste, et ma langue ne dira point de chose fausse.

5 Dieu me garde de vous justifier ! Tant que je vivrai, je ne quitterai point mon intégrité.

6 J’ai conservé ma justice, et je ne l’abandonnerai point ; et ma conscience ne me reprochera rien, dans les jours de ma vie.

7 Celui qui me hait sera comme le méchant ; et celui qui se lève contre moi, comme l’injuste.

8 Car quelle sera l’attente de l’hypocrite qui se sera enrichi, lorsque Dieu lui arrachera son âme ?

9 Le Dieu fort entendra-t-il ses cris quand l’affliction viendra sur lui ?

10 Trouvera-t-il son plaisir dans le Tout-Puissant ? Invoquera-t-il Dieu en aucun temps ?

11 Je vous enseignerai les œuvres du Dieu fort, et je ne vous cacherai point ce qui est dans le Tout-Puissant.

12 Voilà, vous avez tous vu ces choses ; et comment vous laissez-vous aller à des discours vains ?

13 C’est ici la portion de l’homme méchant, que le Dieu fort lui réserve, et l’héritage que les violents reçoivent du Tout-Puissant.

14 Si ses enfants sont multipliés, c’est pour l’épée ; et sa postérité ne sera pas même rassasiée de pain.

15 Ceux qu’il aura de reste, étant morts, seront ensevelis ; mais ses veuves ne les pleureront point.

16 Quand il entasserait l’argent comme la poussière, et qu’il mettrait en réserve des habits comme par monceaux ;

17 il les arrangera ; mais le juste s’en revêtira, et l’innocent partagera l’argent.

18 Il se bâtira une maison comme la teigne, et comme celui qui garde les possessions fait sa cabane.

19 Le riche sera couché, et ne sera point recueilli ; il ouvrira ses yeux et il ne trouvera rien.

20 Les frayeurs le surprendront comme des eaux ; le tourbillon l’enlèvera de nuit.

21 Le vent d’orient l’emportera, et il s’en ira ; il l’enlèvera de sa place comme un tourbillon.

22 Le Seigneur se jettera sur lui et ne l’épargnera point ; et étant poursuivi par sa main, il ne cessera de fuir.

23 Chacun frappera des mains contre lui, et le sifflera de la place qu’il occupait.

REFLEXIONS

Ce discours de Job nous apprend :

I. À ne jamais rien dire, ni rien penser qui soit contraire aux sentiments que nous devons avoir de la justice et de la majesté de Dieu.

II. Qu’il nous est permis cependant, lorsque nous sommes accusés injustement, d’alléguer le témoignage de notre conscience pour soutenir notre innocence, moyennant que nous le fassions avec sincérité et avec humilité.

III. Que la fin des méchants et en particulier celle des hypocrites doit être très funeste et qu’ils seront saisis d’un cruel désespoir lorsque Dieu leur redemandera leur âme et qu’il leur rendra selon leurs œuvres.

C’est une vérité bien certaine et bien importante que celle-là et nous devons nous la proposer continuellement.

IV. Job nous a appris que, quoi que les mondains vivent dans l’affluence de toutes sortes de biens, qu’ils amassent beaucoup de richesses et qu’ils les laissent à leurs enfants, elles passent bientôt à d’autres et qu’on voit souvent leur postérité dans la disette et dans la honte.

Ce sont là des effets visibles de la providence de Dieu et de sa justice contre les méchants et ces considérations doivent nous retirer fortement de l’injustice, de l’orgueil et de l’amour des biens du monde.

CHAPITRE XXVIII

Le but de Job dans ce chapitre est de faire voir : I. Que les hommes peuvent connaître les choses de la nature et s’en servir à divers usages. II. Que la véritable sagesse leur est cachée et qu’elle est plus précieuse que tout ce qu’il y a au monde. III. Qu’il n’y a que Dieu en qui elle se trouve et qui la puisse donner et qu’au reste cette sagesse divine, qui est la seule véritable, consiste dans la crainte du Seigneur.

1 Certainement, l’argent a sa veine et l’or a un lieu d’où on le tire pour l’affiner.

2 Le fer se tire de la poussière, et la pierre de mine fondue rend de l’airain.

3 L’homme met une fin aux ténèbres, de sorte qu’il recherche le bout de toutes choses, même les pierres précieuses qui sont dans l’obscurité et dans l’ombre de la mort.

4 Le torrent, se débordant d’un lieu habité, se jette dans les lieux où l’on ne met plus le pied ; mais ses eaux enfin se tarissent et s'écoulent par le travail des hommes.

5 C’est de la terre que sort le pain et au-dessous elle est renversée, et elle est en feu.

6 Ses pierres sont le lieu où se trouvent les saphirs, et la poudre d’or y est.

7 L’oiseau de proie n'en a point connu le chemin, et l’œil du milan ne l’a point découvert.

8 Les jeunes lions n’y ont point marché ; le vieux lion n’a point passé par là.

9 L’homme met la main aux pierres les plus dures, et renverse les montagnes jusqu’aux fondements.

10 Il fait passer les ruisseaux au travers des rochers fendus, et son œil découvre tout ce qui y est de précieux.

11 Il arrête les fleuves, afin d’en empêcher le cours, et il met au jour ce qui y est caché.

12 Mais où trouvera-t-on la sagesse ? Et où est le lieu de l’intelligence ?

13 L’homme ne connaît pas son prix ; et elle ne se trouve pas dans la terre des vivants.

14 L’abîme dit : Elle n’est pas en moi ; et la mer dit : Elle n’est pas avec moi.

15 Elle ne se donne point pour du fin or, et elle ne s’achète point au poids de l’argent.

16 On ne l’échange point avec l’or d’Ophir, ni avec l’onyx précieux, ni avec le saphir.

17 L’or ni le diamant ne sauraient approcher de son prix, et on ne la donnera point en échange pour un vaisseau de fin or.

18 En comparaison d’elle, on ne parlera point de corail ni de béryl ; et le prix de la sagesse surpasse celui des perles.

19 La topaze d’Ethiopie n’approchera point de son prix, et la sagesse ne sera point échangée contre l’or le plus pur.

20 D’où vient donc la sagesse ? Et où est le lieu de l’intelligence ?

21 Elle est couverte aux yeux de tout homme vivant, et cachée aux oiseaux des cieux.

22 Le gouffre et la mort disent : Nous avons entendu parler d’elle de nos oreilles.

23 C’est Dieu qui en sait le chemin et qui sait où elle est.

24 Car c’est lui qui voit jusqu’aux extrémités du monde, et qui regarde sous tous les cieux.

25 Quand il donnait du poids au vent, et qu’il pesait et mesurait les eaux ;

26 quand il prescrivait une loi à la pluie, et qu’il marquait le chemin à l’éclair des tonnerres ;

27 alors il la vit et la découvrit ; il la prépara, et même il la sonda jusqu’au fond.

28 Puis il dit à l’homme : Voilà, la crainte du Seigneur est la vraie sagesse, et l’intelligence consiste à se détourner du mal.

REFLEXIONS

Ce qu’on doit recueillir de ce chapitre :

I. C’est que Dieu a donné aux hommes diverses connaissances dans les choses de la nature et que ces connaissances ont leur utilité pour les différents usages de la vie, en quoi nous avons sujet de reconnaître sa bonté, mais que de toutes les connaissances auxquelles nous pouvons nous appliquer, il n’y en a point de plus nécessaire que celle de la sagesse, que c’est ce qu’il y a de plus précieux au monde, qu’elle est plus estimable que l’or, les richesses et tout ce dont les hommes font le plus de cas et qu’ainsi nous devons la préférer à tout et travailler continuellement à l’acquérir.

II.Job nous enseigne ici le moyen de parvenir à cette sagesse. Il nous dit qu’elle ne vient point de nous-mêmes, mais que c’est Dieu seul qui en est l’auteur et la source et qu’il la donne à tous ceux qui s’adressent à lui et qui la recherchent de tout leur cœur, ce qui doit nous inciter à la lui demander avec ardeur, avec humilité et avec foi.

III. Enfin, Job nous apprend que cette véritable sagesse consiste à craindre Dieu et à éviter ce qui lui déplaît. C’est ce qui est marqué par ces dernières paroles de ce chapitre : La crainte du Seigneur est la sagesse et la vraie intelligence consiste à se détourner du mal.

C’est donc là à quoi nous devons nous attacher par-dessus toutes choses comme c’est aussi le sûr moyen de plaire à Dieu et de parvenir au véritable bonheur.

CHAPITRE XXIX

Job représente : I. L’état de prospérité où il était avant que Dieu l’affligeât. II. Les égards que l’on avait pour lui. III. Et en troisième lieu son intégrité, le soin qu’il avait eu de rendre la justice à chacun et de soulager les misérables. Il faut remarquer que Job disait tout cela, non pour se glorifier, mais pour montrer que ses maux n’étaient pas la peine de ses crimes et qu’il n’avait pas abusé de sa prospérité comme ses amis le soutenait.

1 Et Job continuant, reprit son discours sentencieux, et dit :

2 Oh ! qui me ferait être comme j’étais autrefois, comme j’étais dans ces jours où Dieu me gardait !

3 quand il faisait luire son flambeau sur ma tête, et quand, par sa lumière, je marchais dans les ténèbres !

4 Comme j’étais aux jours de ma jeunesse, dans le conseil secret de Dieu, dans ma tente ;

5 quand le Tout-Puissant était encore avec moi, et mes gens autour de moi ;

6 quand je lavais mes pas dans le beurre, et que des ruisseaux d’huile découlaient pour moi du rocher ;

7 quand je sortais vers la porte, passant par la ville, et que je me faisais préparer un siège dans la place ;

8 les jeunes gens me voyant, se retiraient ; les plus anciens se levaient et se tenaient debout.

9 Les principaux s’abstenaient de parler, et mettaient la main sur leur bouche.

10 Les conducteurs retenaient leur voix, et leur langue était attachée à leur palais.

11 L’oreille qui m’entendait disait que j’étais bien heureux ; et l’œil qui me voyait me rendait témoignage ;

12 car je délivrais l’affligé qui criait, et l’orphelin qui n’avait personne pour le secourir.

13 La bénédiction de celui qui s’en allait périr venait sur moi, et je faisais que le cœur de la veuve chantait de joie.

14 J’étais revêtu de justice ; elle me servait de vêtement, mon équité m’était comme un manteau, et comme une tiare.

15 Je servais d’yeux à l’aveugle, et de pieds au boiteux.

16 J’étais le père des pauvres, et je m’informais diligemment de la cause qui ne m’était point connue.

17 Je brisais les mâchoires de l’injuste, et je lui arrachais la proie d’entre ses dents.

18 Et je disais : Je mourrai dans mon nid, et je multiplierai mes jours comme des grains de sable.

19 Ma racine s’étendait sur les eaux, et la rosée demeurait toute la nuit sur mes branches.

20 Ma gloire se renouvelait en moi, et mon arc se renforçait dans mes mains.

21 On m’écoutait, et on attendait que j’eusse parlé, et on se taisait après avoir entendu mon avis.

22 Ils ne répliquaient rien après ce que je disais, et ma parole tombait sur eux comme les gouttes de la pluie.

23 Ils m’attendaient comme la pluie ; ils ouvraient leur bouche comme après la pluie de l’arrière-saison.

24 Riais-je avec eux, ils ne le croyaient pas ; et ils ne faisaient point déchoir la sérénité de mon visage.

25 Voulais-je aller avec eux, j’étais assis dans la première place ; j’étais entre eux comme un roi dans son armée, et comme celui qui console les affligés.

REFLEXIONS

Il y a deux choses à remarquer dans ce discours de Job :

I. La première, que Job s’était vu dans une grande prospérité et que dans cet état il s’était conduit avec justice et avec charité envers tout le monde, qu’il était le père des pauvres et le protecteur des innocents.

Voilà un exemple qui enseigne à ceux qui ont des biens, du crédit et d’autres avantages à les employer à de bons usages, à être justes et intègres et surtout à faire du bien aux pauvres, à consoler les misérables et à prendre le parti de ceux à qui l’on fait tort.

II. La seconde réflexion est que, pendant que Job jouissait de la prospérité, tout le monde avait des égards pour lui, mais qu’il se vit abandonné dès qu’il fut dans l’adversité.

C’est ce qui arrive tous les jours. On s’attache à ceux qui possèdent des richesses ou des honneurs et qui ont du crédit, mais on les abandonne lorsqu’ils perdent ces avantages et la vertu est d’ordinaire peu estimée lorsqu’elle n’est pas accompagnée de la prospérité.

Cela prouve que les jugements des hommes sont extrêmement vains et injustes et que nous ne devons pas nous y arrêter, ni en faire dépendre notre bonheur.

CHAPITRE XXX

Job se plaint de ce qu’après avoir été estimé de tous ceux qui le connaissaient dans le temps de sa prospérité, il se voyait abandonné de chacun et exposé au mépris et aux insultes de ses amis et même des personnes de la condition la plus basse. Il se plaint encore des maux qui l’accablaient et de ce que Dieu ne le délivrait point quoiqu’il implorât son secours.

1 Mais maintenant, ceux qui sont plus jeunes que moi se moquent de moi ; ceux-là même dont je n’aurais pas daigné mettre les pères avec les chiens de mon troupeau.

2 Et qu’avais-je à faire de la force de leurs mains ? Leur vieillesse était aussi périe.

3 Pressés par la disette et par la faim, ils vivaient à l’écart, fuyant dans les lieux arides, ténébreux, désolés et déserts.

4 Ils coupaient des herbes sauvages auprès des arbrisseaux, et la racine des genièvres pour se chauffer.

5 Ils étaient chassés du milieu des hommes, et on criait après eux comme après un larron.

6 Et ils habitaient dans les creux des torrents, dans les trous de la terre et des rochers.

7 Ils ne faisaient que hurler entre les arbrisseaux, et ils se tapissaient sous les chardons.

8 C’étaient des gens de néant, des gens sans nom et qui étaient abaissés plus bas que la terre.

9 Et maintenant je suis le sujet de leur chanson, et je fais la matière de leur entretien.

10 Ils m’ont en abomination ; ils se tiennent loin de moi ; même, ils ne craignent pas de me cracher au visage.

11 Parce que Dieu a relâché la corde de mon arc et m’a affligé, ils ont secoué le frein de devant moi.

12 Des jeunes gens s’élèvent à ma droite ; ils poussent mes pieds, et apprennent aux autres à m’outrager.

13 Ils ont rompu mon chemin ; ils aident à me rendre misérable, sans qu’ils aient besoin de personne qui les aide.

14 Ils viennent contre moi comme par une brèche large, et ils se sont roulés sur moi dans ma ruine.

15 Tout a été renversé sur moi, et des frayeurs poursuivent mon âme comme un vent, de sorte que ma délivrance est passée comme une nuée.

16 C’est pourquoi, maintenant mon âme se fond en moi ; les jours d’affliction m’ont atteint.

17 Il m’a percé de nuit les os, et mes veines n’ont point de repos.

18 Mon vêtement a changé de couleur, par la grandeur de sa force ; et il me serre tout autour, comme l’ouverture de ma camisole.

19 Il m’a jeté dans la boue, et je ressemble à la poussière et à la cendre.

20 Je crie à toi, et tu ne m’exauces point ; je me tiens debout devant toi, et tu ne me regardes point.

21 Tu deviens cruel contre moi, et tu t’opposes à moi, par la force de ta main.

22 Tu m’enlèves, tu me fais monter sur le vent, comme sur un chariot, et tu fais fondre en moi tout ce qui me fait subsister.

23 Or, je sais bien que tu m’amèneras à la mort, et dans la maison assignée à tous les vivants.

24 Quoi qu’il en soit, il n’étendra point sa main jusqu’au sépulcre. Ceux qu’il aura détruits, crieront-ils à lui ?

25 Ne pleurais-je pas à cause de celui qui passait de mauvais jours ? et mon âme n’était-elle pas affligée à cause du pauvre ?

26 Quand j’attendais le bien, le mal m’est arrivé ; et quand j’espérais la clarté, les ténèbres sont venues.

27 Mes entrailles sont comme dans un feu, sans avoir aucun repos ; les jours d’affliction m’ont prévenu.

28 Je marche tout noirci, mais non point par les rayons du soleil ; je me lève, je crie en pleine assemblée.

29 Je suis devenu le frère des dragons et le compagnon des hiboux.

30 Ma peau est devenue noire sur moi, et mes os sont desséchés par l’ardeur du feu qui me consume.

31 C’est pourquoi ma harpe s’est changée en deuil, et mes instruments de musique en des voix lugubres.

REFLEXIONS

Les plaintes que Job fait ici de ce qu’il était abandonné par ceux qui le respectaient autrefois et même par les personnes les plus viles, découvrent la folie, l’aveuglement et l’injustice des hommes qui au lieu d’estimer uniquement la vertu ne font cas que des richesses et des avantages de cette vie et méprisent ceux qu’ils voient dans la misère et la pauvreté, quand même ce seraient des personnes pieuses et vertueuses.

Cela fait voir qu’on ne peut faire fond, ni sur leur amitié, ni sur leur estime et que ce n’est pas aussi ce que nous devons principalement rechercher.

Nous voyons en second lieu que Job se plaint surtout de ce que Dieu lui-même semblait l’avoir abandonné et de ce qu’il le laissait toujours dans la souffrance.

C’est peu de chose d’être rejeté des hommes, pourvu qu’on ait Dieu favorable, mais on est bien à plaindre lorsque, dans l’affliction, Dieu semble s’éloigner et qu’il ne nous répond point.

Cet état où Job s’est vu réduit doit consoler ceux que Dieu fait passer par de semblables épreuves, cependant ils doivent apprendre de ce qui arriva à Job, à se modérer dans leurs plaintes, à endurer leurs maux avec patience et à attendre avec résignation qu’il plaise à Dieu de les délivrer, ce qu’il ne manquera pas de faire lorsqu’il en sera temps.

CHAPITRE XXXI

Job déclare avoir vécu dans une grande chasteté et évité non seulement les crimes de l’impureté, mais même les regards et les pensées dérèglées.

Il dit qu’il s’était appliqué à rendre exactement la justice et qu’il avait toujours eu pitié des misérables.

Il ajoute qu’il n’avait jamais mis sa confiance dans les richesses, qu’il n’avait point regardé le soleil et la lune, ce qui signifie qu’il s’était éloigné de l’idolâtrie.

Enfin, il proteste qu’il ne s’était point réjoui du mal de ses ennemis, qu’il avait exercé l’hospitalité et qu’il n’avait point cherché à cacher ou à excuser ses fautes.

Le dessein de Job dans tout ce discours est de se défendre contre les accusations de ses amis qui lui disaient que c’étaient ses péchés qui l’avaient réduit dans l’état où il se trouvait.

 J’avais fait accord avec mes yeux ; et comment eussé-je contemplé une vierge !

2 Car quelle aurait été la portion que Dieu m’aurait envoyée d’en haut ? et quel est l’héritage que j’aurais reçu des hauts lieux, de la part du Tout-Puissant ?

3 La perdition n’est-elle pas pour le pervers, et les accidents étranges pour les ouvriers d’iniquité ?

4 N’a-t-il pas vu ma conduite, et n’a-t-il pas compté toutes mes démarches ?

5 Si j’ai marché dans le mensonge, et si mon pied s’est hâté à tromper ;

6 qu’on me pèse dans des balances justes, et Dieu connaîtra mon intégrité.

7 Si mes pas se sont détournés du droit chemin, et si mon cœur a suivi mes yeux, et si quelque souillure s’est attachée à mes mains ;

8 que je sème, et qu’un autre en mange, et que tout ce que j’aurai fait produire soit déraciné.

9 Si mon cœur a été séduit par quelque femme ; si j’ai dressé des embûches à la porte de mon prochain ;

10 que ma femme soit déshonorée, et qu’elle soit prostituée à d’autres.

11 Car c’eût été une méchanceté préméditée, et une de ces iniquités qui sont toutes jugées.

12 Même, ç’aurait été un feu qui m’aurait dévoré jusqu’à me consumer, et qui aurait déraciné tout mon revenu.

13 Si j’ai dédaigné de faire droit à mon serviteur ou à ma servante, quand ils ont contesté avec moi ;

14 car qu’eussé-je fait, quand le Dieu fort se serait levé ? Et quand il m’en aurait demandé compte, que lui aurais-je répondu ?

15 Celui qui m’a fait dans le ventre, n’a-t-il pas fait aussi celui qui me sert ? Ne nous a-t-il pas formés de même dans la matrice ?

16 Si j’ai refusé aux pauvres ce qu’ils ont désiré, si j’ai fait attendre trop longtemps la veuve ;

17 si j’ai mangé seul mes morceaux, et si l’orphelin n’en a point mangé.

18 (car, dès ma jeunesse, il a été élevé avec moi, comme chez son père ; et dès le ventre de ma mère j’ai pris soin de la veuve.)

19 si j’ai vu un homme périr, faute d’être vêtu, et le pauvre, faute de couverture ;

20 si ses reins ne m’ont point béni, et s’il n’a pas été échauffé de la laine de mes agneaux ;

21 si j’ai levé la main contre l’orphelin, quand j’ai vu à la porte que je pouvais l’aider ;

22 que mon épaule tombe et soit séparée de mon côté, et que mon bras soit cassé avec son os.

23 Car j’ai eu frayeur de l’orage du Dieu fort, et de ce que je ne pourrais pas subsister devant sa grandeur.

24 Si j’ai mis mon espérance en l’or, et si j’ai dit au fin or : Tu es ma confiance ;

25 si je me suis réjoui de ce que mes biens étaient multipliés, et de ce que ma main en avait trouvé beaucoup ;

26 si j’ai regardé le soleil lorsqu’il brillait le plus, et la lune lorsqu’elle était claire ;

27 et si mon cœur a été séduit en secret, et si ma main a baisé ma bouche ;

28 (ce qui est aussi une iniquité toute jugée, car j’eusse renié le Dieu fort d’en haut) ;

29 si je me suis réjoui du malheur de celui qui me haïssait ; si j’ai sauté de joie quand il lui est arrivé du mal

30 (je n’ai pas même permis à ma langue de pécher, en demandant sa mort avec imprécation).

31 Les gens de ma maison n’ont point dit : Qui nous donnera de sa chair ? Nous n’en saurions être rassasiés.

32 L’étranger n’a point passé la nuit dehors ; j’ai ouvert ma porte au voyageur.

33 Si j’ai caché mon péché comme Adam, et si j’ai couvert mon iniquité en me flattant

34 (bien que je pusse opprimer une grande multitude, toutefois, le moindre qu’il y eût dans les familles me donnait de la crainte, et je me tenais dans le silence, je ne sortais point de la porte).

35 Plût à Dieu que quelqu’un m’écoutât ! Voilà mon but, c’est que le Tout-Puissant me réponde, et que ma partie adverse produise son écrit.

36 Je le porterais sur mon épaule ; et je l’attacherais comme une couronne.

37 Je lui raconterais tous mes pas, je m’approcherais de lui comme d’un prince.

38 Si la terre que je possède crie contre moi, et si ses sillons pleurent ;

39 si j’ai mangé son fruit sans le payer, si j’ai tourmenté l’esprit de ceux qui la possédaient ;

40 qu’elle me produise des épines au lieu de blé, et de l’ivraie au lieu d’orge. C’est ici la fin des paroles de Job.

REFLEXIONS

Voici un chapitre qu’on doit lire et méditer avec beaucoup d’attention.

L’on y découvre de très beaux sentiments sur les principaux devoirs de la religion et en particulier sur la pureté et la chasteté, sur la justice et la charité, sur la crainte qu’on doit avoir de Dieu, sur l’aumône et la compassion envers les misérables, sur le détachement des biens du monde, sur la piété envers Dieu, sur l’amour des ennemis et sur la confession des péchés.

Si Job avait des sentiments si purs et si relevés et une conduite si pieuse et si sage dans le temps où il vivait, ces devoirs nous regardent beaucoup plus, nous qui sommes chrétiens. Nous devons donc apprendre de ce discours de Job à être chaste et à nous éloigner de toutes sortes d’impuretés, même dans les pensées et dans les regards, à rendre la justice à tout le monde, à avoir pitié des pauvres et des malheureux et à les assister de tout notre pouvoir et à prendre la défense des innocents.

L’exemple de Job nous enseigne encore à ne mettre pas notre confiance aux biens du monde, à ne point nous réjouir du mal qui arrive à ceux qui nous haïssent, à être justes et équitables dans toutes nos affaires et enfin à ne jamais cacher nos fautes, mais à les confesser franchement et à ne nous point flatter dans nos péchés.

Pour nous animer à ces devoirs, considérons ce que Job dit si fortement dans tout ce chapitre, c’est que s’il se fût abandonné aux divers péchés dont il parle, il n’aurait pas échappé à la vengeance céleste et qu’il y a une malédiction particulière qui poursuit les impurs, les injustes, les orgueilleux, ceux qui ont le cœur attaché aux biens de la terre, les impies et les personnes qui manquent de charité.

Enfin, nous devons penser que c’était un grand adoucissement aux maux de Job de pouvoir tenir le langage qu’il tient dans ce chapitre et de s’être acquitté de tous ses devoirs lorsqu’il était dans sa prospérité.

Lorsqu’on a tâché de vivre dans l’innocence, on jouit d’une douce consolation dans l’adversité et quoique la piété qu’on marque dans l’affliction soit agréable à Dieu lorsqu’elle est sincère, il est encore plus beau, plus consolant et plus digne d’une personne qui aime Dieu d’être pieuse, humble, tempérant et charitable lorsqu’il nous fait du bien et que nous jouissons de la santé, de la prospérité et du repos.

CHAPITRE XXXII

Les trois amis de Job ne lui répondant rien, Elihu qui était aussi un de ses amis et qui n’avait point encore parlé le blâme de ce qu’il avait trop soutenu son innocence.Il condamne aussi ses trois amis et leur dit qu’ils n’avaient pu convaincre Job, ni répondre à ses discours. Il ajoute que, bien qu’il fût plus jeune qu’eux, il ne pouvait s’empêcher de dire son sentiment avec sincérité.

1 Alors ces trois hommes-là cessèrent de répondre à Job, parce qu’il croyait être juste.

2 Et Elihu, fils de Barakéel, Buzite, de la famille de Ram, se mit dans une fort grande colère contre Job, parce qu’il se justifiait soi-même devant Dieu.

3 Il se mit aussi en colère contre ses trois amis, parce qu’ils n’avaient pas trouvé de quoi répondre, et que, cependant, ils avaient condamné Job.

4 Et Elihu avait attendu avec Job qu’ils parlassent, parce qu’ils étaient plus âgés que lui.

5 Mais Elihu, voyant qu’il n’y avait aucune réponse dans la bouche de ces trois hommes, se mit fort en colère.

6 C’est pourquoi, Elihu, fils de Barakéel, Buzite, prit la parole et dit : Je suis moins âgé que vous, et vous êtes fort vieux ; aussi j’ai craint, et je n’ai pas osé vous dire mon avis.

7 Je disais : Les jours parleront, et le grand nombre des années fera connaître la sagesse.

8 Mais, quoique l’esprit soit dans les hommes, c’est l’inspiration du Tout-Puissant qui les rend intelligents.

9 Les grands ne sont pas toujours sages, et les vieillards n’entendent pas toujours ce qui est juste.

10 C’est pourquoi je dis : Ecoute-moi, et je dirai aussi mon avis.

11 Voici, j’ai attendu que vous parlassiez ; j’ai prêté l’oreille, jusqu’à ce que vous eussiez bien considéré et que vous eussiez bien examiné les discours de Job.

12 Je vous ai examinés ; mais voilà, il n’y en a pas un d’entre vous qui ait convaincu Job, et qui ait répondu à ce qu’il a dit ;

13 afin que vous ne disiez pas : Nous avons trouvé la sagesse ; c’est le Dieu fort qui le poursuit, et non pas un homme.

14 Ce n’est point contre moi qu’il a adressé ses discours ; aussi je ne lui répondrai pas selon vos paroles.

15 Ils ont été étonnés ; ils n’ont plus rien répondu ; on leur a fait perdre la parole.

16 J’ai donc attendu jusqu’à ce qu’ils ne parlassent plus, mais parce qu’ils sont demeurés muets, et qu’ils n’ont plus répondu,

17 je répondrai aussi ce que j’ai à dire à mon tour ; j’en dirai aussi mon avis.

18 Car je suis gros de parler, et les pensées de mon cœur me pressent.

19 Voici, mon cœur est comme un vaisseau de vin qui n’a point d’air, et il éclaterait comme des vaisseaux neufs.

20 Je parlerai donc, et je me soulagerai ; j’ouvrirai mes lèvres, et je répondrai.

21 Qu’il ne m’arrive pas d’avoir acception de personnes ; je ne me servirai point de mots couverts, en parlant à un homme.

22 Car je ne sais point user de mots couverts ; celui qui m’a fait, ne m’enlèverait-il pas incontinent ?

REFLEXIONS

Il paraît de ce chapitre et des suivants qu’Elihu était un homme sage et fort éclairé. Il jugea mieux de l’état de Job que ses trois amis n’avaient fait. Il blâma Job de s’être laissé aller à des plaintes trop amères et d’avoir parlé de soi-même un peu trop avantageusement. Mais il blâma aussi ses amis de l’avoir condamné comme ils avaient fait et d’avoir dit que les maux qu’il souffrait étaient une preuve que sa piété n’était pas sincère. D’où nous devons apprendre à ne pas juger trop favorablement de nous-mêmes et à ne pas juger les autres non plus avec trop de sévérité. On voit aussi par là le cas qu’il faut faire des discours et des personnes prudentes et éclairées telle qu’était Elihu. Enfin, la protestation qu’Elihu fait qu’il parlerait franchement et sans acception de personnes montre qu’il faut toujours parler avec sincérité, sans que les égards pour les hommes nous en empêchent, surtout lorsque la gloire de Dieu et leur propre bien demandent que nous disions la vérité.

CHAPITRE XXXIII

Elihu reprend Job d’avoir trop soutenu son innocence et d’avoir en quelque façon accusé Dieu de l’affliger à tort. Il lui représente après cela que Dieu donne divers avertissements aux hommes pour les retirer du mal et que c’est dans cette vue qu’il les châtie et qu’il les réduit dans des extrémités semblables à celle où Job était alors, afin que reconnaissant leurs péchés ils soient délivrés de leurs maux. Ce chapitre contient d’excellentes instructions.

1 C’est pourquoi, Job, écoute, je te prie, mon discours, et prête l’oreille à toutes mes paroles.

2 Voici maintenant, j’ouvre ma bouche : ma langue parle dans mon palais ;

3 mes paroles répondront à la droiture de mon cœur, et mes lèvres prononceront la pure vérité.

4 L’Esprit du Dieu fort m’a fait, et le souffle du Tout-Puissant m’a donné la vie.

5 Si tu peux, réponds-moi ; résiste-moi en face, et défends-toi.

6 Voici, je suis formé de Dieu aussi bien que toi ; je suis aussi tiré de la boue.

7 Voici, ma frayeur ne te troublera point, et ma main ne s’appesantira point sur toi.

8 Quoi qu’il en soit, tu as dit devant moi, et j’ai entendu la voix de tes discours :

9 Je suis pur, sans péché ; je suis net, et il n’y a point d’iniquité en moi ;

10 voici, Dieu cherche des sujets de me condamner ; il me tient pour son ennemi ;

11 il m’a mis les pieds dans les ceps ; il épie tous mes chemins.

12 Je te réponds qu’en cela tu n’as point été juste ; car Dieu sera toujours plus grand que l’homme mortel.

13 Pourquoi donc as-tu plaidé contre lui ? Car il ne rend aucun compte de ce qu’il fait.

14 Le Dieu fort parle une première fois ; et lorsqu’on n’y prend pas garde, il parle une seconde fois,

15 en songe, par des visions de nuit, quand un profond sommeil tombe sur les hommes, et lorsqu’ils dorment dans le lit.

16 Alors il ouvre l’oreille aux hommes, et il scelle son châtiment sur eux ;

17 afin qu’il détourne l’homme de ce qu’il prétend faire, et qu’il empêche sa fierté de paraître.

18 Ainsi, il préserve son âme de la fosse, et il sauve sa vie de l’épée.

19 L’homme est aussi châtié par les douleurs qu’il souffre sur son lit, et dans la force de ses os.

20 Alors sa vie lui fait avoir en horreur le pain, et son âme a en aversion la viande qu’elle désirait.

21 Sa chair est tellement consumée qu’on ne la voit plus ; et ses os sont tellement brisés qu’on n’y connaît plus rien.

22 Son âme approche de la fosse, et sa vie des choses qui font mourir.

23 Que s’il y a pour cet homme-là quelque messager qui parle pour lui, un d’entre mille, et qu’il fasse connaître à l’homme ce qu’il doit faire ;

24 alors, Dieu aura pitié de lui, et dira : Garantis-le afin qu’il ne descende pas dans la fosse ; j’ai trouvé lieu de lui faire grâce.

25 Sa chair deviendra plus délicate qu’elle n’était dans son enfance ; et il rajeunira.

26 Il fléchira Dieu par ses prières, et Dieu s’apaisera envers lui ; il lui fera voir sa face avec joie, et il lui rendra sa justice.

27 Il regardera les autres hommes, et il dira : J’avais péché, j’avais violé la justice, et cela ne m’a point profité.

28 Mais Dieu a garanti mon âme, afin qu’elle ne passât point dans la fosse ; et ma vie voit la lumière.

29 Voilà, le Dieu fort fait toutes ces choses deux et trois fois envers l’homme ;

30 pour retirer de la fosse son âme, afin qu’elle soit éclairée de la lumière des vivants.

31 Sois attentif, Job, écoute-moi ; tais-toi, et je parlerai.

32 Et si tu as de quoi parler, réponds-moi, parle ; car je désire de te justifier.

33 Sinon, écoute-moi, tais-toi, et je t’enseignerai la sagesse.

REFLEXIONS

Le dessein d’Elihu dans ce chapitre est de montrer à Job qu’il avait eu tort de se plaindre comme il avait fait et de tant soutenir son innocence.

Ainsi l’instruction générale que nous avons ici c’est de ne point nous justifier nous-mêmes et de ne pas murmurer quand Dieu nous afflige.

Après cela, Elihu représente d’une manière très belle et très forte comment le Seigneur se conduit envers les hommes et les divers moyens qu’il emploie pour les retirer de leurs péchés. Il dit que Dieu parle aux hommes une première et une seconde fois, qu’il les avertit avec une grande patience, que c’est surtout ce qu’il fait en leur envoyant des maladies et des douleurs qui les conduisent jusqu’au bord du tombeau, que le dessein de Dieu en tout cela est de les détourner du mal qu’ils veulent faire et que si dans cet état d’affliction l’homme a recours au Seigneur et s’il est aidé par les conseils et par les prières de quelque homme de bien, Dieu aura pitié de lui, qu’il le rétablira et qu’il lui donnera sujet de louer sa puissance et sa bonté.

Ce sont là des instructions très importantes et tout à fait salutaires et soit que nous soyons dans le repos et dans la santé, soit que nous nous rencontrions dans l’affliction, dans la maladie et dans la souffrance, nous devons les rappeler souvent dans notre esprit, afin d’apprendre à faire un bon usage des divers avertissements que Dieu nous donne et de tout ce qu’il fait pour notre salut.

CHAPITRE XXXIV

Elihu continue à reprendre Job d’avoir trop parlé de sa propre justice et à blâmer l’excès qu’il y avait eu dans ses plaintes. Il dit que Dieu est parfaitement juste dans tout ce qu’il fait et que ce n’est point à nous à y trouver à redire, qu’il examine toutes nos actions, qu’il abaisse et détruits les plus puissants, qu’il délivre les misérables et qu’il punit les hommes et même les peuples entiers avec un pouvoir auquel rien ne saurait résister et en même temps avec une parfaite justice. Il exhorte Job à bien considérer toutes ces choses et à recourir avec humilité à la miséricorde de Dieu.

1 Elihu reprit encore la parole et dit :

2 Vous, sages, écoutez mes discours ; et vous qui avez de l’intelligence, prêtez-moi l’oreille.

3 Car l’oreille juge des discours, comme le palais goûte ce qu’on doit manger.

4 Choisissons-nous ce qui est juste et voyons entre nous ce qui est bon.

5 Car Job a dit : Je suis juste, et le Dieu fort m’a ôté mon droit.

6 Je suis regardé comme menteur lorsque je soutiens mon droit ; la flèche qui me perce est douloureuse, sans que j’aie péché.

7 Qui est l’homme tel que Job, qui boit la moquerie comme de l’eau ;

8 et qui marche dans la compagnie des ouvriers d’iniquité, et même, qui marche avec les méchants ?

9 Car il a dit : L’homme ne gagne rien à se plaire avec Dieu.

10 C’est pourquoi, vous qui avez de l’intelligence, écoutez-moi. Il n’est pas possible qu’il y ait de la méchanceté dans le Dieu fort, et de la perversité dans le Tout-Puissant.

11 Car il rendra à l’homme selon son œuvre, et il fera trouver à chacun selon son train.

12 Certainement, le Dieu fort ne déclare point méchant l’homme de bien, et le Tout-Puissant ne renverse point le droit.

13 Qui est-ce qui lui a commis le soin de la terre ? Ou, qui est-ce qui a posé la terre habitable tout entière ?

14 S’il prenait garde à l’homme de près, et qu’il retirât à lui son esprit et son souffle,

15 toute chair expirerait en même temps, et l’homme retournerait dans la poudre.

16 Si donc tu as de l’intelligence, écoute ceci, prête l’oreille à ce que tu entendras de moi.

17 Et quoi ! celui qui haïrait la justice, punirait-il ? Et condamneras-tu comme méchant celui qui est souverainement juste ?

18 Dira-t-on à un roi, scélérat ; et méchant, aux principaux des peuples ?

19 Combien moins le dira-t-on à celui qui n’a point d’égards à la personne des grands, et qui ne reconnaît point ceux qui sont riches, pour les préférer aux pauvres ? Car ils sont tous l’ouvrage de ses mains.

20 Ils mourront en un moment, même au milieu de la nuit ; tout un peuple sera ébranlé et passera, et le puissant sera emporté, même sans effort.

21 Car les yeux de Dieu sont sur les voies de chacun, et il regarde tous leurs pas.

22 Il n’y a ni ténèbres, ni ombres de la mort, où se puissent cacher les ouvriers d’iniquité.

23 Car il n’impose point à l’homme une trop grande charge, en sorte qu’il ait sujet de venir plaider avec le Dieu fort.

24 Il brise les puissants d’une manière incompréhensible, et il en établit d’autres en leur place.

25 Parce qu’il connaît leurs œuvres, il les renverse la nuit, et ils sont brisés.

26 Il les frappe comme des impies, à la vue de tout le monde.

27 Parce qu’ils se sont ainsi détournés de lui, et qu’ils n’ont considéré aucune de ses voies ;

28 ils ont fait monter le cri du pauvre jusqu’à lui, en sorte qu’il a entendu les clameurs des affligés.

29 Or, s’il donne du repos, qui est-ce qui le troublera ? S’il cache sa face, qui le regardera ? Soit qu’il s’agisse de toute une nation, soit qu’il s’agisse d’un seul homme ;

30 afin que l’homme hypocrite ne règne plus, à cause des péchés du peuple.

31 Certainement, voici ce qui devait être dit au Dieu fort : J’ai souffert, je n’empirerai point.

32 S’il y a quelque chose en moi de plus que ce que je vois, fais-le-moi connaître ; si j’ai commis quelque perversité, je ne le ferai plus.

33 Dieu te le rendra-t-il selon ton opinion, parce que tu l’as récusé ? C’est à toi à choisir, et non pas à moi. Si tu sais quelque chose, dis-le.

34 Les gens de sens parleront comme moi, et l’homme sage sera de mon sentiment.

35 Job ne parle point avec connaissance, et ses paroles ne sont point avec intelligence.

36 Ha ! mon père, que Job soit éprouvé jusqu’à la fin, pour avoir répondu comme les impies ont accoutumé de répondre.

37 Car autrement, il ajoutera péché sur péché ; il s’applaudira parmi nous, et il parlera de plus en plus contre le Dieu fort.

REFLEXIONS

Voici ce que l’on doit recueillir de ce discours d’Elihu :

I. Qu’il ne nous est jamais permis de nous plaindre du Seigneur lorsqu’il nous châtie et que nous ne devons pas prétendre être innocents devant lui.

II. Que Dieu fait tout sagement et justement, que les hommes n’étant que le néant, ce n’est pas à eux à lui demander raison de sa conduite, qu’il examine et qu’il connait les actions de chacun, que c’est lui qui est le juge du monde et qui rendra aux hommes selon leurs œuvres et que, soit qu’il fasse du bien, soit qu’il punisse, personne ne saurait l’en empêcher. Ces instructions sont renfermées dans ces paroles d’Elihu : Il n’est pas possible qu’il y ait de la méchanceté dans le Dieu fort, ni de la perversité dans le Tout-puissant, car il rendra à chacun selon son œuvre. Les yeux de Dieu sont sur les voies des hommes et il regarde tous leurs pas. Il n’y a ni ténèbres, ni ombre de mort où se puissent cacher les ouvriers d’iniquité. S’il donne du repos, ou s’il cache sa face, qui est-ce qui l’empêchera, soit qu’il s’agisse de toute une nation, soit qu’il s’agisse d’un seul homme.

Enfin, Elihu marque dans ce chapitre que ce que nous avons à faire lorsque Dieu nous châtie, c’est de nous humilier, de le prier qu’il nous donne à connaître nos péchés et de lui promettre de ne plus retomber dans les fautes par lesquelles il nous serait arrivé de l’offenser.

CHAPITRE XXXV

Elihu continue à faire voir à Job qu’il ne devait pas se justifier devant Dieu et pour cet effet il lui présente la grandeur de Dieu et sa puissance. Il lui montre que Dieu ne reçoit aucun profit, ni aucun préjudice du bien ou du mal que les hommes font. Et par là il veut l’engager à reconnaître la bonté et la justice de Dieu, à s’humilier en sa présence et à profiter de son support.

1 Elihu reprit encore son discours, et dit :

2 As-tu pensé avoir raison de dire : Ma justice est au-dessus de celle du Dieu fort ?

3 Que si tu demandes de quoi elle te profitera, disant : Que m’en reviendra-t-il, non plus que de mon péché ?

4 Je te répondrai en propres termes, et à tes amis avec toi :

5 Regarde les cieux et les considère ; vois les nuées, elles sont plus hautes que toi.

6 Si tu pèches, que feras-tu contre lui ? Et quand tes péchés se multiplieront, que lui auras-tu fait ?

7 Si tu es juste, que lui auras-tu donné ? ou, qu’aura-t-il reçu de ta main ?

8 C’est à un homme tel que toi, que ta méchanceté peut nuire, et c’est au fils de l’homme que ta justice peut être utile.

9 On fait crier les opprimés par la grandeur des maux qu’on leur fait ; ils crient à cause de la violence des grands.

10 Mais personne ne dit : Où est Dieu qui m’a fait, qui donne de quoi chanter des cantiques pendant la nuit,

11 qui nous a donné de l’intelligence plus qu’aux bêtes de la terre, et qu’aux oiseaux des cieux ?

12 Ils crient donc à cause de la fierté des méchants, mais Dieu ne les exauce point.

13 Quoi qu’il en soit, le Dieu fort n’écoute point le mensonge, et le Tout-Puissant n'y a point d’égard.

14 Quoique tu aies dit que tu ne le vois pas, fais ce qui est juste devant lui et attends-le.

15 Mais maintenant, ce n’est rien ce que sa colère exécute, et il n’est point entré fort avant en connaissance de toutes les choses que tu as faites.

16 Job ouvre donc en vain sa bouche, et il entasse paroles sur paroles sans connaissance.

REFLEXIONS

Elihu nous enseigne dans ce chapitre une doctrine très importante. C’est que quand nous sommes justes, nous pouvons faire du bien aux autres hommes et que quand nous péchons, nous pouvons leur nuire, mais il ne revient à Dieu aucune utilité du bien que nous faisons, ni aucun dommage des péchés que nous commettons.

I. Cela nous montre que Dieu, étant parfaitement heureux et n’ayant pas besoin des hommes, il ne leur commande et ne leur défend rien que pour leur avantage. Cette doctrine nous engage premièrement à nous attacher avec plaisir à tout ce que Dieu nous commande, puisqu’en le faisant nous travaillons à notre propre bonheur et à éviter de l’offenser par nos péchés, puisque par là nous nous rendrions nous-mêmes très misérables.

II. Il s’ensuit de là que Dieu n’a en vue que notre propre bien dans tout ce qu’il fait envers nous et en particulier lorsqu’il nous afflige, que s’il nous punit, il le fait non seulement avec justice, mais même avec bonté et qu’ainsi bien loin de l’accuser de nous traiter avec trop de rigueur, nous devons acquiescer avec plaisir en toutes choses à sa sage et bonne providence.

CHAPITRE XXXVI

C’est ici la suite du discours d’Elihu, dans lequel il montre que Dieu en use avec justice envers les bons et envers les méchants, qu’il afflige ceux qu’il l’aime pour les éprouver, mais qu’il fait enfin périr les impies et les hypocrites. Il exhorte Job à considérer ces choses et à adorer avec humilité la justice et la grandeur de Dieu qui paraissent dans les œuvres de la nature aussi bien que dans la conduite qu’il tient envers les hommes.

1 Puis Elihu continua, et dit :

2 Attends un peu, et je montrerai qu’il y a encore d’autres raisons pour la cause de Dieu.

3 Je prendrai de loin ma science, et je rendrai la justice à celui qui m’a fait.

4 Car, certainement, mes discours ne sont point des mensonges, et celui qui est auprès de toi, est intègre dans ses sentiments.

5 Voilà, Dieu est puissant, et il ne rejette point celui qui a de la force de cœur.

6 Il ne laisse point vivre le méchant et il fait justice aux affligés.

7 Il ne retire point ses yeux de dessus les justes ; même, il les place sur le trône avec les rois, et les y fait asseoir pour toujours, et ils sont élevés.

8 Que s’ils sont liés de chaînes, et s’ils sont prisonniers dans les liens de l’affliction,

9 il leur fait connaître ce qu’ils ont fait, et que leurs péchés ont prévalu.

10 Alors il leur ouvre l’oreille pour les rendre sages, et leur dit de se détourner de leur iniquité.

11 S’ils l’écoutent, et qu’ils le servent, ils achèveront leurs jours heureusement, et leurs années dans la joie.

12 Mais s’ils n’écoutent point, ils passeront par l’épée, et ils expireront pour n’avoir pas été sages.

13 Et pour ce qui est de ceux qui sont hypocrites en leur cœur, ils attirent sur eux la colère, et ils ne crient point à lui lorsqu’il les a liés.

14 Ils mourront dans leur vigueur, et leur vie finira parmi ceux qui se prostituent à l’infamie.

15 Mais il retire l’affligé de son affliction, et il lui ouvre l’oreille lorsqu’il est dans l’oppression.

16 C’est ainsi qu’il t’aurait tiré hors de l’angoisse où tu es, pour te mettre au large ; il n’y eût rien eu qui t’eût serré, et ta table eût été dressée pleine de viandes grasses.

17 Mais tu as accompli le jugement du méchant ; cependant, la justice et le droit se maintiendront.

18 Certainement, la colère de Dieu est près ; prends garde qu’il ne te pousse dans l’affliction ; car il n’y aura point de rançon si grande qu’elle puisse te faire échapper.

19 Ferait-il quelque cas de tes richesses ? Il n’estimera ni ton or, ni toute ta grande puissance.

20 Ne t’inquiète point la nuit sur ce que les peuples s'évanouissent de leur place ;

21 Mais garde-toi de retourner à l’iniquité ; car tu en as fait le choix, pour t’être tant affligé.

22 Voici, le Dieu fort élève les hommes par sa force ; et qui pourrait enseigner comme lui ?

23 Qui est-ce qui lui a prescrit le chemin qu’il devait tenir ; et qui lui a dit : Tu as fait une injustice ?

24 Souviens-toi de célébrer ses ouvrages que les hommes voient.

25 Tout homme les voit, chacun les aperçoit de loin.

26 Voici, le Dieu fort est grand, et nous ne le connaissons point, et pour ce qui est du nombre de ses années, on ne le peut sonder.

27 Il fait dégoutter peu à peu les gouttes des eaux, qui répandent la pluie de sa vapeur ;

28 et les nuées la font distiller et dégoutter sur les hommes en abondance.

29 Et qui pourrait comprendre les éclats de la nuée, et le son éclatant de son tabernacle ?

30 Voilà, il étend sa lumière sur elle, et il couvre les abîmes et le fond de la mer.

31 C’est par ces choses-là qu’il juge les peuples, et qu’il donne les vivres en abondance.

32 Il tient caché dans les deux paumes de ses mains le feu étincelant, et il lui ordonne ce qu’il doit faire à ce qui vient à sa rencontre.

33 Son tonnerre emporte les nouvelles, et annonce sa colère contre ce qui est élevé.

REFLEXIONS

Ce chapitre nous met devant les yeux la conduite du Seigneur envers les hommes et voici ce qu’Elihu nous enseigne sur ce sujet.

C’est que le Dieu Tout-Puissant ne rejette personne et qu’il ne retire jamais ses yeux de dessus le juste, mais que lorsque les péchés des hommes se multiplient, il les afflige afin de les rendre sage et de les détourner de leurs iniquités, que s’ils écoutent alors sa voix et qu’ils le servent, il les délivre et leur fait achever leurs années dans la paix, mais que pour ce qui est des hypocrites et de ceux qui endurcissent leur cœur à sa voix et à ses châtiments, il les livre à sa colère.

Comme Elihu exhortait Job à considérer cette conduite du Seigneur, à se convertir à lui et à reconnaître sa grandeur, sa sagesse et sa justice, nous devons aussi méditer ces importantes vérités, faire notre profit des avertissements du Seigneur, de ses châtiments et de tout ce que sa providence fait à notre égard, craindre ses jugements et révérer sa majesté et sa puissance infinie qui paraissent avec tant d’éclat dans toutes ses œuvres.

CHAPITRE XXXVII

Elihu représente la puissance de Dieu et il la fait remarquer dans le tonnerre, dans la pluie, dans la neige et dans les autres œuvres de la nature. Il dit que Dieu se sert de toute ces choses pour faire du bien aux hommes ou pour les châtier. Et il exhorte Job à faire attention à ces merveilles, à sentir son ignorance et sa faiblesse et à adorer avec respect les jugements du Seigneur.

 Mon cœur même est à cause de cela en émotion, et il sort comme de lui-même.

2 Ecoutez attentivement et en tremblant le bruit que Dieu fait, et le tonnerre qui sort de sa bouche.

3 Il l’envoie sur tous les cieux, et sa lumière étincelante va jusqu’aux extrémités de la terre.

4 Un grand bruit s’élève après lui, il tonne de sa voix magnifique ; et il ne tarde point dès qu’on a entendu sa voix.

5 Le Dieu fort tonne terriblement par sa voix, il fait des choses grandes et que nous ne saurions comprendre.

6 Car il dit à la neige : Sois sur la terre. Il le dit aussi à l’ondée de la pluie, et même aux fortes pluies.

7 Alors il renferme tous les hommes par son pouvoir, afin que tous les hommes reconnaissent ses œuvres.

8 Les bêtes se retirent dans les tanières, et elles demeurent dans leurs repaires.

9 Le tourbillon sort des lieux cachés, et le froid, des vents qui dispersent.

10 Le Dieu fort, par son souffle, donne la glace, et les eaux qui se répandaient au large, sont resserrées.

11 Il épuise aussi la nuée à force d’arroser, et il écarte les nuées par sa lumière ;

12 et elles font plusieurs tours selon ses desseins, pour faire tout ce qu’il leur a commandé sur la face de la terre habitable.

13 Il les fait rencontrer, soit pour s’en servir de verge, soit pour rendre la terre fertile, soit pour exercer sa bonté.

14 Prête l’oreille à ceci, ô Job ! arrête-toi, considère les merveilles du Dieu fort.

15 Sais-tu comment Dieu les arrange, et comment il fait briller la lumière de sa nuée ?

16 Comprends-tu le balancement des nuées, et les merveilles de celui qui est parfait en science ?

17 Comment tes vêtements sont chauds, quand il donne du relâche à la terre par le moyen du midi ?

18 As-tu étendu avec lui les cieux, qui sont fermes comme un miroir de fonte ?

19 Apprends-nous ce que nous lui dirons : car nous ne saurions rien dire par ordre, à cause de nos ténèbres.

20 Lui rapporterait-on ce que j’en dirais ? Si quelqu’un veut en parler, il en sera comme englouti.

21 Et maintenant, on ne peut regarder la lumière du soleil quand elle resplendit dans les cieux, après que le vent y a passé et qu’il les a nettoyés,

22 et que le temps, qui reluit comme l’or, est venu du septentrion. Il y a en Dieu une majesté redoutable.

23 Il est le Tout-Puissant ; on ne saurait le comprendre ; il est grand en puissance, en jugement, et en abondance de justice ; il n’opprime personne.

24 C’est pourquoi les hommes doivent le craindre ; mais il ne les voit pas tous sages dans leur cœur.

REFLEXIONS

Ce discours d’Elihu nous oblige à faire de sérieuses réflexions sur les merveilles qui paraissent dans la nature et en particulier dans le tonnerre, dans la neige, dans les vents, dans la pluie, dans les nuées et dans les saisons. On découvre en toutes ces choses premièrement l’infinie puissance de Dieu et après cela sa sagesse, sa justice et sa bonté, puisque toutes ces créatures différentes et les divers effets qu’elles produisent dans le monde sont des moyens dont Dieu se sert tantôt pour faire du bien aux hommes et tantôt pour servir de verge et pour les châtier.

Ainsi ce chapitre nous engage à ces deux devoirs :

L’un, de considérer avec attention la manière admirable dont le monde est gouverné.

Et l’autre, de faire un bon usage, soit des grâces que Dieu nous accorde, soit des châtiments qu’il nous dispense et de répondre au but qu’il se propose qui est de nous apprendre à le connaître et à le craindre.

C’est ici que finissent les discours des amis de Job.

L’on peut voir par les entretiens que Job et ses amis eurent ensemble et qui sont rapportés dans ce livre que non seulement la connaissance de Dieu et de la religion n’était pas éteinte dans les pays où ils habitaient, mais qu’il y avait dans ces lieux-là des personnes très éclairées et d’une grande piété. Ce qui montre que l’on ne doit pas croire qu’il n’y eût alors que le seul peuple d’Israël qui connût le vrai Dieu et que tous ceux qui n’étaient pas compris dans l’alliance que Dieu avait traitée avec ce peuple fussent engagés dans l’ignorance, dans l’idolâtrie et dans l’impiété et exclus de la grâce de Dieu et du salut.

CHAPITRE XXXVIII

Après que Job et ses amis ont parlé, Dieu parle à Job dans le reste de ce livre. Il lui fait voir qu’il ne lui appartenait, ni à aucun homme, de sonder curieusement les raisons de sa conduite. Il lui met pour cet effet devant les yeux les merveilles de ses ouvrages, la manière dont la terre a été formée et ce que l’on voit d’admirable dans la mer, dans la lumière, dans la neige, dans la grêle, dans le tonnerre, dans la pluie, dans les orages, dans les astres et dans l’ordre des saisons et il lui fait remarquer que l’homme n’est pas capable de comprendre la puissance et la sagesse avec laquelle Dieu fait toutes ces choses.

1 Alors l’Éternel répondit d’un tourbillon à Job, et dit :

2 Qui est celui qui obscurcit mon conseil par des paroles sans science ?

3 Ceins maintenant tes reins comme un vaillant homme, et je t’interrogerai, et tu m’instruiras.

4 Où étais-tu quand je fondais la terre ? Si tu as de l’intelligence, dis-le-moi.

5 Qui en a réglé les mesures, si tu le sais ? ou qui a appliqué le niveau sur elle ?

6 Sur quoi ses bases sont-elles affermies, ou qui est celui qui a posé la pierre angulaire pour la soutenir,

7 lorsque les étoiles du matin poussaient ensemble des cris de joie, et que les enfants de Dieu chantaient en triomphe ?

8 Qui est-ce qui renferma la mer dans ses bords, quand elle fut tirée comme de la matrice, et qu’elle en sortit ?

9 Quand je lui donnai la nuée pour couverture, et l’obscurité pour ses langes,

10 et que j’établis mon ordonnance, et que je lui mis des barrières et des portes,

11 Et que je lui dis : Tu viendras jusque-là, et tu ne passeras point plus avant, et l’élévation de tes ondes s’arrêtera ici ?

12 As-tu, depuis que tu es au monde, commandé au point du jour ? Et as-tu marqué à l’aube du jour sa place,

13 afin qu’elle se répande subitement jusqu’aux extrémités de la terre, et que les méchants soient écartés par elle,

14 et que la terre prenne une nouvelle forme, comme l’argile moulée en figure, et que tout y paraisse comme avec des vêtements nouveaux ;

15 et que la lumière soit ôtée aux méchants, et que le bras hautain soit rompu ?

16 Es-tu entré jusqu’aux gouffres de la mer, et t’es-tu promené dans le fond des abîmes ?

17 Les portes de la mort se sont-elles découvertes à toi ? As-tu vu les portes de l’ombre de la mort ?

18 As-tu compris toute l’étendue de la terre ? Si tu l’as toute connue, montre-le.

19 En quel endroit se tient la lumière, et où est le lieu des ténèbres ;

20 pour les conduire chacune en son lieu, si tu sais la route de leur maison ?

21 Tu le sais sans doute ; car alors tu étais né, et le nombre de tes jours est grand.

22 Es-tu entré dans la connaissance des trésors de la neige ? As-tu vu les trésors de la grêle,

23 que je réserve pour le temps d’affliction, et pour le jour du choc et du combat ?

24 Par quel chemin se partage la lumière, et le vent d’orient se répand-il sur la terre ?

25 Qui est-ce qui a distribué les canaux des inondations, et le chemin à l’éclair des tonnerres,

26 pour faire pleuvoir sur une terre où il n’y a personne, et sur un désert où aucun homme ne demeure ;

27 pour inonder une solitude et un désert, et pour faire produire de l’herbe ?

28 La pluie a-t-elle un père, ou qui est-ce qui produit les gouttes de la rosée ?

29 Qui est-ce qui fait naître la glace, et qui produit la gelée qui tombe du ciel,

30 quand les eaux disparaissent et se durcissent comme une pierre, et que la surface de l’abîme se prend ?

31 Pourrais-tu retenir les douces influences des Pléiades, ou modérer la vertu resserrante de l’Orion ?

32 Pourrais-tu faire sortir les signes du midi en leur temps, et conduire l’Ourse avec sa queue ?

33 Sais-tu l’ordre des cieux, et disposeras-tu de leur gouvernement sur la terre ?

34 Crieras-tu à la nuée à haute voix, afin qu’une abondance d’eau te couvre ?

35 Enverras-tu les foudres, en sorte qu’elles marchent, et te disent : Nous voici ?

36 Qui est-ce qui a mis la sagesse dans le cœur, ou qui a donné à l’âme l’intelligence ?

37 Qui est-ce qui pourra réciter ce qui se passe dans le ciel avec sagesse, et arrêter les influences des cieux,

38 Lorsque la poussière est détrempée par les eaux qui l’arrosent, et que les mottes de la terre se rejoignent ?

REFLEXIONS

Dieu pour convaincre Job de sa faiblesse et de son ignorance et pour l’humilier lui dit de considérer tant de créatures dont le monde est composé, les divers effets qu’elles produisent et l’ordre admirable qui règne dans la nature.

Nous devons faire les mêmes réflexions puisque toutes ces merveilles sont aussi exposées à nos yeux et y remarquer la suprême puissance et la profonde sagesse du créateur de toutes choses.

Cette méditation est très propre à nous faire sentir la grandeur de Dieu et notre néant, surtout puisque les œuvres du Seigneur sont si merveilleuses que nous ne saurions les sonder, ni en comprendre parfaitement la nature, les causes et les effets. Ainsi nous devons adorer avec une profonde humilité ce Dieu si puissant et si sage, nous soumettre à tous les ordres de la providence, sans prétendre pénétrer toutes les raisons de sa conduite et croire que tout ce qu’il fait dans le monde et envers nous, il le fait avec justice et avec bonté.

CHAPITRE XXXIX

Ce chapitre contient la suite de la description des merveilles de la création et de la providence lesquelles se découvrent dans plusieurs animaux que Dieu a mis sur la terre et dans l’air. Job confesse sa faiblesse et donne gloire à Dieu.

1 Chasseras-tu de la proie pour le vieux lion, et rassasieras-tu les lionceaux qui cherchent leur vie,

2 quand ils se tapissent dans leurs repaires, et qu’ils épient la proie du fond de leurs cavernes ?

3 Qui est-ce qui apprête la nourriture au corbeau, quand ses petits crient au Dieu fort et volent çà et là, parce qu’ils n’ont rien à manger ?

4 Sais-tu le temps auquel les chamois des rochers font leurs petits ? As-tu observé quand les biches faonnent ?

5 Compteras-tu les mois qu’elles achèvent leur portée, et sauras-tu le temps qu’elles feront leurs petits ?

6 Et qu’elles se courberont pour faire sortir leurs petits, et pour se délivrer de leurs douleurs ?

7 Leurs petits se fortifient, ils croissent dans les blés ; ils sortent et ne retournent plus vers elles.

8 Qui est-ce qui a laissé aller libre l’âne sauvage, et qui a délié les liens de cet animal farouche,

9 à qui j’ai donné la campagne pour maison, et la terre stérile pour ses lieux de retraite ?

10 Il se rit du bruit de la ville, il n’entend point le bruit éclatant de l’exacteur.

11 Les montagnes qu’il parcourt sont ses pâturages, et il cherche partout de la verdure.

12 La chèvre sauvage voudra-t-elle te servir, ou s’établira-t-elle près de ta crèche ?

13 La lieras-tu de son lien pour labourer au sillon, ou hersera-t-elle les vallées après toi ?

14 Te reposeras-tu sur elle, parce que sa force est grande, et lui abandonneras-tu ton travail ?

15 Croiras-tu qu’elle te rendra ta semence, et qu’elle l’amassera dans ton aire ?

16 As-tu donné aux paons le plumage qui est si gai, ou à l’autruche les ailes et les plumes ?

17 As-tu fait qu’elle abandonne ses œufs à terre, et qu’elle les fasse échauffer sur la poudre ;

18 et qu’elle oublie que le pied les écrasera, ou que les bêtes des champs les fouleront ?

19 Elle se montre cruelle envers ses petits, comme s’ils n’étaient pas siens, et son travail est vain, sans qu’elle craigne rien pour eux ;

20 car Dieu l’a privée de sagesse, et ne lui a point départi d’intelligence.

21 A la première occasion elle se dresse en haut, et se moque du cheval et de celui qui le monte.

22 As-tu donné la force au cheval, et as-tu revêtu son cou d’une crinière ?

23 Feras-tu bondir le cheval comme une sauterelle ? Son fier hennissement donne de la terreur.

24 De son pied il creuse la terre, il s’égaie en sa force, il va à la rencontre de l’homme armé ;

25 il se rit de la frayeur ; il ne s’épouvante de rien, et il ne se détourne point de devant l’épée ;

26 ni lorsque les flèches du carquois font du bruit sur lui, ni pour le fer de la hallebarde et de la lance.

27 Il creuse la terre en se secouant et se remuant ; il ne peut se retenir dès que la trompette sonne.

28 Quand la trompette sonne, il hennit ; il sent de loin la guerre, le bruit des capitaines et le cri de triomphe.

29 Est-ce par ta sagesse que l’épervier se remplume, et qu’il étend ses ailes vers le Midi ?

30 L’aigle s’élèvera-t-il en haut à ton commandement, et élèvera-t-il sa nichée dans des hauteurs ?

31 Il habite sur les rochers, et il se tient sur les sommets des rochers et dans les lieux forts.

32 De là il découvre le gibier, ses yeux voient de loin.

33 Ses petits aussi sucent le sang, et où il y a des corps morts, il s’y trouve.

34 Puis l’Eternel prit la parole, et dit :

35 Celui qui conteste avec le Tout-Puissant, lui apprendra-t-il quelque chose ? Que celui qui dispute avec Dieu réponde à ceci.

36 Alors Job répondit à l’Eternel, et dit :

37 Voici, je suis un homme vil ; que te répondrais-je ? Je mettrai la main sur ma bouche.

38 J’ai parlé une fois, et je ne répondrai plus ; même deux fois, mais je n’y retournerai plus.

REFLEXIONS

Il y a deux réflexions à faire sur ce chapitre :

I. Ce que Dieu lui-même y dit nous apprends que lorsqu’il a formé tant de créature que l’on voit dans le monde, son dessein a été de se faire connaître aux hommes et qu’ainsi le plus digne usage que nous puissions faire de notre raison est de considérer avec une sérieuse attention la puissance et la sagesse de Dieu dont nous voyons des marques si sensibles et si admirables dans toutes ses œuvres et en particulier dans tant d’animaux qu’il y a sur la terre et dans l’air. Les diverses qualités que Dieu leur a données, la manière dont il en conserve les espèces et dont il pourvoit à leur subsistance et à celles de leurs petits, les usages différents auxquels ils servent et l’ordre merveilleux et constant que l’on découvre en tout cela prouve bien clairement aux hommes qu’un être tout puissant, tout bon et infiniment sage a formé toutes ces choses sans exception et qu’il n’y a aucune créature qu’il ne conduise par sa providence.

II. L’aveu que Job fait de son néant et du tort qu’il avait eu de parler comme il avait fait nous montre quel est l’effet que la considération de toutes ces merveilles doit produire, c’est de nous convaincre de notre ignorance, de notre faiblesse et de nous abattre tellement en la présence de Dieu qu’il ne nous arrive jamais de rien dire, ni de rien penser qui soit contraire à la profonde soumission où nous devons être à son égard.

CHAPITRE XL

Ces deux chapitres contiennent la description de deux animaux remarquables que Dieu a formé, dont l’un est appelé béhémoth et que l’on croit être l’éléphant ou le cheval marin et l’autre léviathan et qui est comme on le prétend quelque gros poisson ou le crocodile.

1 L’Eternel répondit encore à Job du tourbillon, et dit :

2 Ceins maintenant tes reins comme un vaillant homme ; je t’interrogerai, et tu m’instruiras.

3 Est-ce que tu voudrais anéantir mon jugement ? Me condamnerais-tu pour te justifier ?

4 As-tu un bras comme le Dieu fort ? Tonnes-tu de la voix comme lui ?

5 Pare-toi maintenant de magnificence et de grandeur, et revêts-toi de majesté et de gloire.

6 Répands les fureurs de ta colère ; regarde tout orgueilleux et l’abats.

7 Regarde tous les orgueilleux, abaisse-les, et froisse les méchants sur la place.

8 Cache-les tous ensemble dans la poudre, et bande-leur la face dans un lieu caché.

9 Alors je te donnerai moi-même cette louange, que ta droite t’aura délivré.

10 Or, voilà le Béhémoth, que j’ai fait avec toi ; il mange le foin comme le bœuf.

11 Voilà maintenant, sa force est en ses flancs, et sa vigueur est dans le nombril de son ventre.

12 Il remue sa queue comme un cèdre, les nerfs de ses hanches sont entrelacés.

13 Ses os sont comme des barres d’airain, et ses menus os comme des barreaux de fer.

14 C’est le chef-d’œuvre du Dieu fort ; celui qui l’a fait lui a appliqué son épée.

15 De plus, les montagnes, où toutes les bêtes des champs se jouent, lui rapportent leur revenu.

16 Il se couche dans les lieux où il y a de l’ombre, dans la cachette des roseaux et dans le limon.

17 Les arbres le couvrent de leur ombre, et les saules des torrents l’environnent.

18 Voici, qu’une rivière fasse du ravage, il n’en aura point peur ; il serait assuré quand même le Jourdain déborderait dans sa gueule.

19 Il l’engloutit en le voyant, et son nez passe au travers des empêchements qu’il rencontre.

20 Tireras-tu le Léviathan avec un hameçon, et sa langue avec un cordeau que tu auras plongé ?

21 Mettras-tu un jonc dans ses narines ? ou perceras-tu ses mâchoires avec une épine ?

22 Emploiera-t-il envers toi beaucoup de prières ? ou te parlera-t-il doucement ?

23 Fera-t-il un accord avec toi, et le prendras-tu pour esclave à toujours ?

24 T’en joueras-tu comme d’un oiseau, et le lieras-tu pour amuser tes jeunes filles ?

25 Des amis en feront-ils des festins ? Sera-t-il partagé entre les marchands ?

26 Perceras-tu sa peau avec des piquants, et sa tête entrera-t-elle dans une nasse de poissons ?

27 Mets ta main sur lui, tu ne penseras jamais à lui faire la guerre.

28 Voilà, l’espérance qu’on avait de le prendre se trouve frustrée ; ne sera-t-on même pas atterré à son regard ?

CHAPITRE XLI

Il n’y a point d’homme si hardi qui l’ose réveiller ; et qui est-ce qui se trouvera devant moi ?

2 Qui est celui qui m’a prévenu, et je le lui rendrai ? Ce qui est sous tous les cieux, est à moi.

3 Je ne me tairai point de ses membres, ni de ce qui regarde ses forces, ni de la belle proportion de toutes les parties de son corps.

4 Qui est-ce qui découvrira le dessus de son vêtement ? Et qui viendra avec un double mors pour s’en rendre maître ?

5 Qui est-ce qui ouvrira l’entrée de sa gueule ? La terreur est autour de ses dents.

6 Il est magnifiquement couvert d’écailles comme d’un bouclier ; elles sont étroitement serrées, et comme scellées.

7 L’une est jointe à l’autre, et le vent n’entre point entre deux.

8 Elles sont jointes l’une à l’autre ; elles s’entretiennent, et ne se séparent point.

9 Ses éternuments jettent un éclat de lumière, et ses yeux sont comme les paupières de l’aube du jour.

10 Il sort comme des flambeaux de sa bouche, et il en rejaillit des étincelles de feu.

11 Une fumée sort de ses narines, comme d’un pot qui bout, ou d’une chaudière.

12 Son souffle enflammerait des charbons, et de sa gueule il sort comme une flamme.

13 La force est dans son cou, et la terreur marche devant lui.

14 Les muscles de sa chair sont liés ; tout cela est massif en lui, rien n’y branle.

15 Son cœur est massif comme une pierre, et ferme comme une pièce de la meule de dessous.

16 Les hommes les plus forts tremblent quand il s’élève, et ils ne savent où ils en sont, voyant comme il rompt tout.

17 Si quelqu’un s’en approche, ni l’épée, ni la hallebarde, ni le dard, ni la cuirasse, ne tiendront point devant lui.

18 Il ne tient non plus de compte du fer que de la paille, et de l’airain non plus que du bois pourri.

19 La flèche ne le fera point fuir, les pierres de la fronde ne lui sont pas plus que du chaume.

20 Les machines à jeter des pierres ne sont pour lui que comme des brins de chaume ; et il se rit lorsqu’on lance des dards contre lui.

21 Il a sous lui des pointes de pots cassés ; et il se couche sur des pierres aiguës, comme sur le limon.

22 Il fait bouillonner le fond de la mer comme une chaudière, et il la rend semblable à un chaudron de parfumeur.

23 Il fait briller sa trace après lui, et il fait paraître l’abîme comme une tête blanche de vieillesse.

24 Il n’y a rien sur la terre qui lui puisse être comparé ; il a été fait pour ne rien craindre.

25 Il voit au-dessous de lui tout ce qui est élevé ; il est roi sur tous les plus fiers animaux.

REFLEXIONS

Il faut remarquer sur ces deux chapitres que Dieu voulant faire voir sa puissance à Job lui propose ce qu’il y a d’admirable dans ces deux espèces d’animaux dont il est ici parlé. Quoi que ces animaux ne nous soient pas connus, comme ils l’étaient dans les pays où Job vivait, nous ne devons pas laisser d’admirer ce qui est dit dans cet endroit.

Au reste, nous pouvons considérer les merveilles de la providence dans tant d’animaux que nous connaissons et généralement dans toutes les œuvres du Seigneur. Il faut seulement prendre garde que, parce que nous voyons tous les jours ces merveilles, nous n’en soyons pas moins touchés, mais que plutôt nous y fassions continuellement des réflexions qui nous élèvent à la connaissance de Dieu notre créateur et qui nous portent à l’aimer, à l’adorer et à le craindre.

CHAPITRE XLII

On voit trois choses dans ce dernier chapitre du livre de Job :

I. Job reconnait la puissance et la justice de Dieu et s’humilie devant lui.

II. Dieu reprend les trois amis de Job des discours qu’ils avaient tenus et il leur commande de s’adresser à Job afin qu’il intercède et qu’il offre des sacrifices pour eux.

III. Dieu délivre Job de ses souffrances et il le rétablit dans un état plus heureux que son premier état n’avait été.

1 Alors Job répondit à l’Éternel et dit :

2 Je sais que tu peux tout, et qu’on ne te saurait empêcher de faire ce que tu as résolu.

3 Qui est celui qui obscurcit le conseil par des discours sans science ? J’ai donc parlé, et je n’y entendais rien ; ces choses sont trop merveilleuses pour moi, et je n’y connais rien.

4 Ecoute maintenant, et je parlerai ; je t’interrogerai, et tu m’instruiras.

5 J’avais ouï parler de toi de mes oreilles ; mais maintenant mon œil t’a vu.

6 C’est pourquoi je me condamne, et je me repens sur la poudre et sur la cendre.

7 Or, après que l’Eternel eut ainsi parlé à Job, il dit à Eliphaz Thémanite : Ma colère est embrasée contre toi et contre tes deux compagnons, parce que vous n’avez point parlé avec droiture devant moi, comme Job mon serviteur.

8 C’est pourquoi, prenez pour vous maintenant sept taureaux et sept béliers, et allez vers Job mon serviteur, et offrez un holocauste pour vous ; et Job mon serviteur priera pour vous (car, certainement, j’exaucerai sa prière), afin que je ne vous traite pas selon votre folie, parce que vous n’avez point parlé avec droiture devant moi, comme Job mon serviteur.

9 Ainsi, Eliphaz Thémanite, et Bildad Sçuhite, et Tsophar Nahamathite vinrent et firent ce que l’Eternel leur avait commandé ; et l’Eternel exauça la prière de Job.

10 Et l’Eternel tira Job de sa captivité, après qu’il eut prié pour ses amis ; et il lui rendit au double tout ce qu’il avait eu.

11 Aussi tous ses frères, et toutes ses sœurs, et tous ceux qui l’avaient connu auparavant vinrent vers lui ; et ils mangèrent avec lui dans sa maison ; et lui ayant témoigné qu’ils étaient touchés de compassion pour lui, ils le consolèrent de tout le mal que l’Eternel avait fait venir sur lui ; et chacun d’eux lui donna une pièce d’argent, et chacun une bague d’or.

12 Ainsi l’Eternel bénit le dernier état de Job plus que le premier, tellement qu’il eut quatorze mille brebis, et six mille chameaux, et mille couples de bœufs, et mille ânesses.

13 Il eut aussi sept fils et trois filles.

14 Et il appela le nom de l’une Jémima, et le nom de l’autre Ketsiha, et le nom de la troisième Kéren-Happuc.

15 Et il ne se trouva point de si belles femmes dans tout le pays que les filles de Job ; et leur père leur donna héritage entre leurs frères.

16 Et Job vécut après ces choses-là cent quarante ans, et vit ses fils, et les fils de ses fils jusqu’à la quatrième génération.

17 Puis il mourut âgé et rassasié de jours.

REFLEXIONS

Ce que nous devons apprendre d’ici, c’est :

I. De donner gloire à Dieu comme Job, et de nous humilier devant lui ; surtout lorsque nous avons fait ou dit quelque chose de contraire à notre devoir et de nous en repentir sur la poudre et sur la cendre.

II. Les reproches que Dieu fait aux trois amis de Job montrent bien clairement qu’ils avaient eu tort de le condamner et de soutenir que l’adversité est une marque de la colère de Dieu. On voit aussi par-là que Dieu est offensé quand on juge mal de ceux qui souffrent et surtout des justes affligés.

L’ordre que Dieu donne aux amis de Job de recourir à son intercession prouve que les prières des gens de bien sont d’une grande efficace pour nous réconcilier avec Dieu et que nous devons y avoir recours surtout lorsque nous leur avons fait quelque tort. On peut aussi reconnaître par-là combien Job était agréable au Seigneur.

Enfin, nous avons vu que Dieu, après avoir affligé et éprouvé ce saint homme, lui donne une heureuse issue de ses maux et le bénit en sorte qu’il lui rendit le double de tout ce qu’il avait perdu et qu’il le fit venir à une vieillesse heureuse et très avancée.

C’est ici un exemple illustre par lequel Dieu a voulu apprendre aux hommes de tous les temps que s’il afflige ses enfants pour les éprouver, il les délivre enfin heureusement et que souvent même il les bénit dès cette vie et leur rend au-delà de ce qu’il leur avait ôté.

Le profit que nous devons retirer de cette histoire et de ce livre est donc de ne jamais perdre courage dans les maux, mais de les souffrir patiemment, d’en profiter et d’imiter la piété et la foi de Job, soit dans la prospérité, soit dans l’adversité.

LA GENESE OU PREMIER LIVRE DE MOÏSE

Détails
Catégorie parente: Bible
Catégorie : Vieux testament
  • GENESE

ARGUMENT

Le livre de la Genèse a été ainsi nommé, parce que Moïse y décrit l'origine de toutes choses. Il commence par la création du monde et il s'étend jusqu'à la mort de Joseph, ce qui comprend l'espace d'environ 2400 ans.

Chapitres  CHAPITRE I.  CHAPITRE II.  CHAPITRE III.  CHAPITRE IV.   CHAPITRE V.  CHAPITRE VI.  CHAPITRE VII.  CHAPITRE VIII.   CHAPITRE IX.  CHAPITRE X.   CHAPITRE XI.   CHAPITRE XII. CHAPITRE XIII.  CHAPITRE XIV.   CHAPITRE XV.   CHAPITRE XVI. CHAPITRE XVII.  CHAPITRE XVIII.  CHAPITRE XIX.   CHAPITRE XX.  CHAPITRE XXI.  CHAPITRE XXII.  CHAPITRE XXIII.  CHAPITRE XXIV.   CHAPITRE XXV.   CHAPITRE XXVI.   CHAPITRE XXVII.  CHAPITRE XXVIII.  CHAPITRE XXIX. CHAPITRE XXX.   CHAPITRE XXXI. CHAPITRE XXXII.  CHAPITRE XXXIII.  CHAPITRE XXXIV.  CHAPITRE XXXV.   CHAPITRE XXXVI.   CHAPITRE XXXVII. CHAPITRE XXXVIII.   CHAPITRE XXXIX.  CHAPITRE XL.   CHAPITRE XLI.   CHAPITRE XLII.   CHAPITRE XLIII.   CHAPITRE XLIV.   CHAPITRE XLV. CHAPITRE XLVI.   CHAPITRE XLVII.   CHAPITRE XLVIII. CHAPITRE XLIX.   CHAPITRE L. LIVRES DU VIEUX TESTAMENT.

 CHAPITRE I.

Le premier chapitre contient l'histoire de la création du monde. 

1 Dieu créa, au commencement, les cieux et la terre.

2 Et la terre était sans forme et vide, et les ténèbres étaient sur la face de l’abîme, et l’Esprit de Dieu se mouvait sur les eaux.

3 Et Dieu dit : Que la lumière soit ; et la lumière fut.

4 Et Dieu vit que la lumière était bonne ; et Dieu sépara la lumière d’avec les ténèbres.

5 Et Dieu nomma la lumière, Jour ; et les ténèbres, Nuit. Ainsi fut le soir, ainsi fut le matin ; ce fut le premier jour.

6 Puis Dieu dit : Qu'il y ait une étendue entre les eaux ; et qu’elle sépare les eaux d’avec les eaux.

7 Dieu donc fit l’étendue, et sépara les eaux qui sont au-dessous de l’étendue d’avec celles qui sont au-dessus de l’étendue ; et ainsi fut.

8 Et Dieu nomma l’étendue, Cieux. Ainsi fut le soir, ainsi fut le matin ; ce fut le second jour.

9 Puis Dieu dit : Que les eaux qui sont au-dessous des cieux, soient rassemblées en un lieu, et que le sec paraisse ; et ainsi fut.

10 Et Dieu nomma le sec, Terre. Il nomma aussi l’amas des eaux, Mers ; et Dieu vit que cela était bon.

11 Puis Dieu dit : Que la terre pousse son jet, savoir, de l’herbe portant semence, et des arbres fruitiers portant du fruit selon leur espèce, qui aient leur semence en eux-mêmes sur la terre ; et ainsi fut.

12 La terre donc produisit son jet, savoir, de l’herbe portant de la semence selon son espèce, et des arbres portant des fruits, qui avaient leur semence en eux-mêmes, selon leur espèce ; et Dieu vit que cela était bon.

13 Ainsi fut le soir, ainsi fut le matin ; ce fut le troisième jour.

14 Puis Dieu dit : Qu’il y ait des luminaires dans l’étendue des cieux, pour séparer la nuit d’avec le jour, et qui servent de signes, et pour les saisons, et pour les jours, et pour les années ;

15 Et qui soient pour luminaires dans l’étendue des cieux, afin de luire sur la terre ; et ainsi fut.

16 Dieu donc fit deux grands luminaires ; le plus grand luminaire, pour dominer sur le jour, et le moindre, pour dominer sur la nuit ; il fit aussi les étoiles.

17 Et Dieu les mit dans l’étendue des cieux, pour luire sur la terre ;

18 Et pour dominer sur le jour et sur la nuit, et pour séparer la lumière d’avec les ténèbres ; et Dieu vit que cela était bon.

19 Ainsi fut le soir, ainsi fut le matin ; ce fut le quatrième jour.

20 Puis Dieu dit : Que les eaux produisent en toute abondance des animaux qui se meuvent et qui aient vie ; et que les oiseaux volent sur la terre, vers l’étendue des cieux.

21 Dieu créa donc les grands poissons, et tous les animaux vivants et qui se meuvent, que les eaux produisirent en toute abondance, selon leur espèce, et tout oiseau ayant des ailes, selon son espèce ; et Dieu vit que cela était bon.

22 Et Dieu les bénit, disant : Croissez et multipliez, et remplissez les eaux dans les mers ; et que les oiseaux multiplient sur la terre.

23 Ainsi fut le soir, ainsi fut le matin ; ce fut le cinquième jour.

24 Puis Dieu dit : Que la terre produise des animaux vivants selon leur espèce : les animaux domestiques, les reptiles et les bêtes de la terre selon leur espèce ; et ainsi fut.

25 Dieu donc fit les bêtes de la terre selon leur espèce, les animaux domestiques, et les reptiles de la terre selon leur espèce ; et Dieu vit que cela était bon.

26 Puis Dieu dit : Faisons l’homme à notre image, selon notre ressemblance, et qu’il domine sur les poissons de la mer, sur les oiseaux des cieux, sur les animaux domestiques, et sur toute la terre, et sur tout reptile qui rampe sur la terre.

27 Dieu donc créa l’homme à son image ; il le créa à l’image de Dieu ; il les créa mâle et femelle.

28 Et Dieu les bénit, et leur dit : Croissez et multipliez, et remplissez la terre, et l’assujettissez, et dominez sur les poissons de la mer, et sur les oiseaux des cieux, et sur toute bête qui se meut sur la terre.

29 Et Dieu dit : Voici, je vous ai donné toute herbe portant semence, et qui est sur toute la terre ; et tout arbre qui a en soi du fruit d’arbre portant semence ; ce qui vous sera pour nourriture.

30 Mais j’ai donné à toutes les bêtes de la terre, et à tous les oiseaux des cieux, et à tout ce qui se meut sur la terre, qui a vie en soi, toute herbe verte pour manger ; et ainsi fut.

31 Et Dieu vit tout ce qu’il avait fait, et voilà, il était très bon. Ainsi fut le soir, ainsi fut le matin ; ce fut le sixième jour.

REFLEXIONS

Le premier chapitre de la Genèse nous enseigne la première vérité de la religion : c'est qu'il y a un Dieu qui a créé le Ciel et la terre et toutes les choses qui y sont, que c’est lui qui a donné à toutes les créatures la nature et les qualités qu’elles ont et que c’est par sa volonté que le monde subsiste dans l'ordre admirable que l'on y remarque.

Mais nous apprenons surtout dans ce chapitre que Dieu a fait l'homme à son image, qu'il lui a donné la domination sur les autres créatures et une âme spirituelle et immortelle capable de connaître et d'aimer son créateur.

Ainsi notre devoir est de reconnaître et d'adorer la puissance, la grandeur et la sagesse de Dieu qui paraissent dans tous ses ouvrages, de célébrer sa bonté envers nous et de lui rendre continuellement les actions de grâces, l'amour et l'obéissance que nous lui devons si justement.

CHAPITRE II.

Dieu, après avoir créé le monde en six jours, consacre le septième jour. Il met Adam dans le paradis terrestre et il lui défend de manger du fruit d’un arbre qui est appelé l’arbre de la connaissance du bien et du mal. Il crée la femme et institue le mariage.

1 Les cieux donc et la terre furent achevés et toute leur armée.

2 Et Dieu eut achevé au septième jour l’œuvre qu’il avait faite ; et il se reposa au septième jour de toute l’œuvre qu’il avait faite.

3 Et Dieu bénit le septième jour, et il le sanctifia, parce qu’en ce jour-là il s’était reposé de toute l’œuvre qu’il avait créée pour être faite.

4 Telles sont les origines des cieux et de la terre, lorsqu’ils furent créés, quand l’Eternel Dieu fit la terre et les cieux ;

5 Et toutes les plantes des champs, avant qu’il y en eût en la terre, et toutes les herbes des champs, avant qu’elles eussent poussé. Car l’Eternel Dieu ne faisait point pleuvoir sur la terre, et il n’y avait point d’homme pour cultiver la terre.

6 Et aucune vapeur ne montait de la terre, qui arrosât toute la surface de la terre.

7 Or, l’Eternel Dieu avait formé l’homme de la poudre de la terre, et il avait soufflé dans ses narines une respiration de vie ; et l’homme fut fait en âme vivante.

8 L’Eternel Dieu avait aussi planté un jardin en Héden du côté de l’orient, et il y avait mis l’homme qu’il avait formé.

9 Et l’Eternel Dieu avait fait germer de la terre tout arbre désirable à la vue, et bon à manger, et l’arbre de vie au milieu du jardin, et l’arbre de la connaissance du bien et du mal.

10 Et un fleuve sortait d’Héden pour arroser le jardin ; et de là il se divisait en quatre fleuves.

11 Le nom du premier est Pisçon ; c’est celui qui coule dans tout le pays de Havila, où l’on trouve de l’or.

12 Et l’or de ce pays-là est bon ; c’est là aussi que se trouve le Bdellion, et la pierre d’Onyx.

13 Et le nom du second fleuve est Guihon ; c’est celui qui coule dans tout le pays de Cus.

14 Et le nom du troisième fleuve est Hiddekel ; c’est celui qui coule vers l’Orient de l’Assyrie. Et le quatrième fleuve est l’Euphrate.

15 L’Eternel Dieu prit donc l’homme et le plaça dans le jardin d’Héden, pour le cultiver et pour le garder.

16 Puis l’Eternel Dieu commanda à l’homme, disant : Tu mangeras librement de tout arbre du jardin.

17 Toutefois, pour ce qui est de l’arbre de la connaissance du bien et du mal, tu n’en mangeras point ; car au jour que tu en mangeras, tu mourras.

18 Or, l’Éternel Dieu avait dit : Il n’est pas bon que l’homme soit seul ; je lui ferai une aide semblable à lui.

19 Car l’Éternel Dieu avait formé de la terre toutes les bêtes des champs, et tous les oiseaux des cieux ; puis il les avait fait venir vers Adam, afin qu’il vît comment il les nommerait, et que le nom qu’Adam donnerait à tout animal vivant, fut son nom.

20 Et Adam donna les noms à tous les animaux domestiques, et aux oiseaux des cieux, et à toutes les bêtes des champs ; mais il ne se trouvait point d’aide pour Adam qui fût semblable à lui.

21 Et l’Éternel Dieu fit tomber un profond sommeil sur Adam, et il s’endormit ; et Dieu prit une de ses côtes, et il resserra la chair à la place.

22 Et l’Éternel Dieu forma une femme de la côte qu’il avait prise d’Adam, et la fit venir vers Adam.

23 Alors Adam dit : A cette fois celle-ci est l’os de mes os, et la chair de ma chair. On la nommera hommesse, car elle a été prise de l’homme.

24 C’est pourquoi l’homme laissera son père et sa mère, et il se joindra à sa femme, et ils seront une même chair.

25 Or, Adam et sa femme étaient tous deux nus, et ils n’en avaient point de honte.

REFLEXIONS
Nous devons remarquer trois choses dans ce chapitre :

I. La première, que le monde ayant été créé en six jours, Dieu se reposa le septième jour et qu'il le consacra afin que la célébration du jour de repos servît dans la suite à conserver parmi les hommes la mémoire de la création du monde.

II. Il faut remarquer, en second lieu, qu'Adam fut mis dans le paradis terrestre pour y être heureux et que Dieu pour éprouver son obéissance lui donna une loi accompagnée de menaces en lui défendant sous peine de mort de manger du fruit de l'arbre de la connaissance du bien et du mal. Cette conduite de Dieu marque sa grande bonté envers l'homme innocent, mais cela montre aussi que l'homme ne pouvait pas être indépendant, qu'il était obligé de se soumettre aux lois de son créateur et que ce n'était que par l'obéissance qu'il pouvait avoir part aux effets de l'amour de Dieu.

III. En troisième, ce que Moïse rapporte de l'institution du mariage nous engage à reconnaître la grande sagesse et la bonté de Dieu qui paraissent dans cet ordre qu'il établit au commencement pour la conservation et pour le bien du genre humain. Cela nous oblige à respecter le mariage comme un état sacré et dont Dieu est l'auteur et à nous éloigner de tout ce qui est contraire à une si sainte institution et particulièrement de l'impureté et de toute sorte de souillure.

 CHAPITRE III.

Après que Moïse a rapporté l'histoire de la création du monde, il récite dans ce chapitre : I. Comment Adam et Ève tombèrent dans le péché. II. Comment Dieu les punit en les assujettissant aux misères de cette vie et à la mort et en les chassant du paradis terrestre.

 1 Or, le serpent était le plus fin de tous les animaux des champs que l’Éternel Dieu avait faits ; et il dit à la femme : Quoi ? Dieu aurait-il dit : Vous ne mangerez point de tout arbre du jardin ?

2 Et la femme répondit au serpent : Nous mangeons du fruit des arbres du jardin.

3 Mais quant au fruit de l’arbre qui est au milieu du jardin, Dieu a dit : Vous n’en mangerez point, et vous ne le toucherez point, de peur que vous ne mouriez.

4 Alors le serpent dit à la femme : Vous ne mourrez nullement ;

5 Mais Dieu sait qu’au jour que vous en mangerez, vos yeux seront ouverts, et vous serez comme des dieux, connaissant le bien et le mal.

6 La femme donc voyant que le fruit de l’arbre était bon à manger, et qu’il était agréable à la vue, et que cet arbre était désirable pour donner de la science, en prit du fruit et en mangea, et en donna aussi à son mari, qui était avec elle, et il en mangea.

7 Et les yeux de tous deux furent ouverts ; et ils connurent qu’ils étaient nus ; et ils cousirent ensemble des feuilles de figuier, et ils s’en firent des ceintures.

8 Alors ils ouïrent, au vent du jour, la voix de l’Éternel Dieu, qui se promenait par le jardin. Et Adam et sa femme se cachèrent de devant la face de l’Éternel Dieu, parmi les arbres du jardin.

9 Mais l’Éternel Dieu appela Adam, et lui dit : Où es-tu ?

10 Et il répondit : J’ai entendu ta voix dans le jardin, et j’ai craint, parce que j’étais nu ; et je me suis caché.

11 Et Dieu dit : Qui t’a montré que tu étais nu ? N’as-tu pas mangé de l’arbre duquel je t’avais défendu de manger ?

12 Et Adam répondit : La femme que tu m’as donnée pour être avec moi, m’a donné du fruit de l’arbre, et j’en ai mangé.

13 Et l’Éternel Dieu dit à la femme : Pourquoi as-tu fait cela ? Et la femme répondit : Le serpent m’a séduite, et j’en ai mangé.

14 Alors l’Éternel Dieu dit au serpent : Parce que tu as fait cela, tu seras maudit entre tous les animaux et entre toutes les bêtes des champs ; tu marcheras sur ton ventre, et tu mangeras la poussière tous les jours de ta vie.

15 Et je mettrai de l’inimitié entre toi et la femme ; entre ta postérité et la postérité de la femme : cette postérité t’écrasera la tête et tu la blesseras au talon.

16 Et il dit à la femme : J’augmenterai beaucoup ton travail et ta grossesse, et tu enfanteras en travail les enfants ; tes désirs se rapporteront à ton mari, et il dominera sur toi.

17 Puis il dit à Adam : Parce que tu as obéi à la parole de ta femme, et que tu as mangé de l’arbre duquel je t’avais donné ce commandement, disant : Tu n’en mangeras point, la terre sera maudite à cause de toi ; tu en mangeras en travail tous les jours de ta vie.

18 Et elle te produira des épines et des chardons ; et tu mangeras l’herbe des champs.

19 Tu mangeras le pain à la sueur de ton visage, jusqu’à ce que tu retournes en la terre, d’où tu as été pris ; car tu es poudre et tu retourneras en poudre.

20 Et Adam appela sa femme Ève, parce qu’elle a été la mère de tous les vivants.

21 Et l’Éternel Dieu fit à Adam et à sa femme des robes de peaux, et les en revêtit.

22 Et l’Éternel Dieu dit : Voici, l’homme est devenu comme l’un de nous, sachant le bien et le mal. Mais maintenant il faut prendre garde qu’il n’avance sa main, et ne prenne aussi de l’arbre de vie, et qu’il n’en mange et ne vive à toujours.

23 Et l’Éternel Dieu le fit sortir du jardin d’Héden, pour labourer la terre de laquelle il avait été pris.

24 Ainsi il chassa l’homme, et il logea des Chérubins vers l’Orient du jardin d’Héden, avec une lame d’épée de feu, qui se tournait çà et là pour garder le chemin de l’arbre de vie.

REFLEXIONS
Le but de ce chapitre est de nous apprendre comment le péché et la mort sont entrés dans le monde et cette histoire du péché d’Adam a été rédigée par écrit afin qu’il parût que Dieu n’est pas l’auteur du péché, mais que l’homme y est tombé volontairement et par sa faute. Outre cela, on voit dans la chute de notre premier père combien il est dangereux de ne pas croire ce que Dieu a dit, de prêter l'oreille aux tentations et de suivre les désirs de la chair et avec quel soin nous devons veiller sur nous-mêmes et obéir à toutes les lois du Seigneur, même dans les choses qui paraissent de moindre importance. Ce qui arriva à Adam et à Ève après leur péché et la punition que Dieu leur infligea en les assujettissant aux misères de cette vie et à la mort et en les chassant du jardin d'Éden fait voir que les menaces de Dieu ne sont jamais vaines et qu’il ne peut laisser la désobéissance de l'homme impunie. Mais Dieu fit paraître en même temps sa miséricorde en promettant, que la semence de la femme écraserait la tête du serpent ; ce qui voulait dire que Dieu délivrerait les hommes du péché et de la mort qui étaient entrés au monde par la séduction du diable. Nous devons bénir Dieu de ce qu'il a accompli cette promesse en envoyant Jésus-Christ pour détruire les œuvres du démon et pour nous procurer l’entrée dans le paradis céleste où il nous prépare un bonheur qui ne finira jamais.

CHAPITRE IV.

Moïse récite la naissance de Caïn et d’Abel, le meurtre que Caïn commit en tuant Abel son frère et la punition de Caïn. Il fait ensuite le dénombrement des descendants de Caïn et il rapporte la naissance de Seth qui fut un autre fils d’Adam et de qui les patriarches sont descendus.

1 Or, Adam connut Ève, sa femme, et elle conçut et enfanta Caïn, et elle dit : J’ai acquis un homme par l’Éternel.

2 Elle enfanta encore Abel son frère ; et Abel fut berger, et Caïn laboureur.

3 Or, il arriva au bout de quelque temps que Caïn offrit à l’Éternel en oblation des fruits de la terre ;

4 Et qu’Abel aussi offrit des premiers-nés de son troupeau et de leur graisse. Et l’Éternel eut égard à Abel et à son oblation.

5 Mais il n’eut point égard à Caïn, ni à son oblation ; et Caïn fut irrité, et son visage en fut abattu.

6 Et l’Éternel dit à Caïn : Pourquoi es-tu en colère, et pourquoi ton visage est-il abattu ?

7 Si tu fais bien, ne sera-t-il pas reçu ? Mais si tu ne fais pas bien, la peine du péché est à la porte. Or, ses désirs se rapportent à toi ; et il sera sous ta puissance.

8 Et Caïn parla à Abel son frère. Et comme ils étaient aux champs, Caïn s’éleva contre Abel son frère, et le tua.

9 Et l’Éternel dit à Caïn : Où est Abel ton frère ? Et il lui répondit : Je ne sais : suis-je le gardien de mon frère, moi ?

10 Et Dieu dit : Qu’as-tu fait ? La voix du sang de ton frère crie de la terre jusqu’à moi.

11 Maintenant donc tu seras maudit, même par la terre, qui a ouvert sa bouche pour recevoir de ta main le sang de ton frère.

12 Quand tu laboureras la terre, elle ne te rendra plus son fruit ; tu seras aussi vagabond et fugitif sur la terre.

13 Et Caïn dit à l’Éternel : Ma peine est plus grande que je ne puis porter.

14 Voici, tu m’as chassé aujourd’hui de dessus cette terre, et je serai caché de devant ta face, et je serai vagabond et fugitif sur la terre ; et il arrivera que quiconque me trouvera, me tuera.

15 Et l’Éternel lui dit : Partant quiconque tuera Caïn, sera puni sept fois au double. Et l’Éternel mit une marque sur Caïn, afin que quiconque le trouverait, ne le tuât point.

16 Alors Caïn sortit de devant la face de l’Éternel, et habita au pays de Nod, vers l’Orient d’Héden.

17 Puis Caïn connut sa femme, qui conçut et enfanta Hénoc ; et il bâtit une ville, qu’il appela Hénoc, du nom de son fils.

18 Puis Hirad naquit à Hénoc, et Hirad engendra Méhujaël, et Méhujaël engendra Méthusçaël, et Méthusçaël engendra Lémec.

19 Et Lémec prit deux femmes : le nom de l’une était Hada, et le nom de l’autre Tsilla.

20 Et Hada enfanta Jabal, qui fut père de ceux qui demeurent dans les tentes, et des pasteurs.

21 Et le nom de son frère fut Jubal, qui fut père de tous ceux qui touchent le violon et les orgues.

22 Et Tsilla aussi enfanta Tubal-Caïn, qui forgeait toutes sortes d’instruments d’airain et de fer ; et la sœur de Tubal-Caïn fut Nahama.

23 Et Lémec dit à Hada et à Tsilla, ses femmes : Femmes de Lémec, entendez ma voix, écoutez ma parole : Je tuerai un homme, si je suis blessé ; même un jeune homme, si je suis meurtri.

24 Car si Caïn est vengé sept fois au double, Lémec le sera soixante-dix-sept fois.

25 Et Adam connut encore sa femme, qui enfanta un fils et l’appela Seth ; car Dieu m’a, dit-elle, donné un autre fils au lieu d’Abel que Caïn a tué.

26 Et un fils naquit aussi à Seth, et il l’appela Enos. Alors on commença à appeler du nom de l’Eternel.

REFLEXIONS
Ce chapitre nous propose deux exemples remarquables :

Le premier est celui d’Abel, lequel, comme le dit St. Paul : offrit par la foi un plus excellent sacrifice que Caïn et obtint le témoignage d’être juste, mais qui nonobstant sa piété fut exposé à l'envie et à la cruauté de son frère qui même le tua. C’est ainsi que Dieu voulut faire voir dès le commencement du monde qu'il n'agrée de service que celui que les gens de bien lui rendent et que cependant il permet quelquefois qu'ils soient opprimés par les méchants, ce qui faisait voir dès lors que ce n’était pas dans cette vie qu’il fallait attendre la récompense de la piété.

L’autre exemple est celui de Caïn dans la personne duquel nous avons une image des impies et de ceux qui haïssent leurs frères, aussi bien que des maux qui arrivent par l'envie et par la jalousie. L’on voit de plus dans les frayeurs dont Caïn fut agité après son crime qu’une mauvaise conscience est ordinairement travaillée par des craintes et par des remords. La généalogie des descendants de Caïn a été conservée pour marquer la distinction qu’il y eut dans la suite entre la postérité impie de Caïn et celle de Seth, fils d’Adam, duquel les patriarches et le Messie sont descendus.

 CHAPITRE V.

Moïse fait dans ce chapitre le dénombrement des patriarches et leur généalogie depuis Adam jusqu’à à Noé.

1 C’est ici le dénombrement de la postérité d’Adam, depuis le jour que Dieu créa l’homme et qu’il le fit à sa ressemblance.

2 Il les créa donc mâle et femelle, et il les bénit, et il leur donna le nom d’Homme, au jour qu’ils furent créés.

3 Ainsi Adam vécut cent trente ans, et engendra un fils à sa ressemblance, selon son image, et il lui donna le nom de Seth.

4 Et les jours d’Adam, après qu’il eut engendré Seth, furent huit cents ans ; et il engendra des fils et des filles.

5 Tout le temps donc qu’Adam vécut, fut neuf cent trente ans ; puis il mourut.

6 Seth aussi vécut cent cinq ans, et engendra Enos.

7 Et Seth vécut, après qu’il eut engendré Enos, huit cent sept ans ; et il engendra des fils et des filles.

8 Tout le temps donc que Seth vécut, fut neuf cent douze ans ; puis il mourut.

9 Et Enos ayant vécu quatre-vingt-dix ans, engendra Kénan.

10 Et Enos, après qu’il eut engendré Kénan, vécut huit cent quinze ans ; et il engendra des fils et des filles.

11 Tout le temps donc qu’Enos vécut, fut neuf cent cinq ans ; puis il mourut.

12 Et Kénan ayant vécu soixante et dix ans, engendra Mahalaléel.

13 Et Kénan, après qu’il eut engendré Mahalaléel, vécut, huit cent quarante ans ; et il engendra des fils et des filles.

14 Tout le temps donc que Kénan vécut, fut neuf cent dix ans ; puis il mourut.

15 Mahalaléel aussi vécut soixante-cinq ans, et il engendra Jéred.

16 Et Mahalaléel, après qu’il eut engendré Jéred, vécut huit cent trente ans ; et il engendra des fils et des filles.

17 Tout le temps donc que Mahalaléel vécut, fut huit cent quatre-vingt-quinze ans ; puis il mourut.

18 Et Jéred ayant vécu cent soixante-deux ans, engendra Hénoc.

19 Et Jéred, après avoir engendré Hénoc, vécut huit cents ans ; et il engendra des fils et des filles.

20 Tout le temps donc que Jéred vécut, fut neuf cent soixante-deux ans ; puis il mourut.

21 Hénoc aussi vécut soixante-cinq ans, et engendra Méthusela.

22 Et Hénoc, après qu’il eut engendré Méthusela, marcha avec Dieu trois cents ans ; et il engendra des fils et des filles.

23 Tout le temps donc qu’Hénoc vécut, fut trois cent soixante-cinq ans.

24 Ainsi Hénoc chemina avec Dieu, et il ne parut plus, parce que Dieu le prit.

25 Et Méthusela ayant vécu cent quatre-vingt-sept ans, engendra Lémec.

26 Et Méthusela, après qu’il eut engendré Lémec, vécut sept cent quatre-vingt-deux ans ; et il engendra des fils et des filles.

27 Tout le temps donc que Méthusela vécut, fut neuf cent soixante-neuf ans ; puis il mourut.

28 Lémec aussi vécut cent quatre-vingt-deux ans, et il engendra un fils.

29 Et il l’appela Noé, en disant : Celui-ci nous soulagera de notre œuvre, et du travail de nos mains, sur la terre que l’Éternel a maudite.

30 Et Lémec, après qu’il eut engendré Noé, vécut cinq cent quatre-vingt-quinze ans ; et il engendra des fils et des filles.

31 Tout le temps donc que Lémec vécut, fut sept cent soixante-dix-sept ans ; puis il mourut.

32 Et Noé, âgé de cinq cents ans, engendra Sem, Cam et Japhet.

REFLEXIONS
Nous devons faire deux réflexions principales sur ce chapitre :

I. La première, sur la longue vie des patriarches. Dieu voulut qu'ils vécussent fort longtemps afin que le monde se peuplât par ce moyen plus promptement et que la connaissance et la mémoire de la création y fussent plus facilement et plus sûrement conservées.

II. La seconde réflexion est celle que St. Paul fait dans l'épître aux Hébreux, où il dit : qu’Hénoc fut enlevé et ne vit point la mort parce qu'il avait été agréable à Dieu pendant sa vie. Dieu voulut ainsi récompenser la piété de ce patriarche et apprendre aux hommes de ce temps-là qu'il y avait pour les gens de bien une autre vie après celle-ci. C'est de quoi nous avons des preuves encore plus claires dans l'Évangile et surtout dans l'ascension de Jésus-Christ. Ainsi ceux qui imiteront Hénoc dans sa piété, qui marcheront comme lui avec Dieu et s'étudieront à lui être agréables par une vie sainte et religieuse seront reçus après leur mort dans le lieu où ce patriarche fut enlevé et où notre Seigneur est allé nous préparer une place.

CHAPITRE VI.

Dieu voyant l’extrême corruption des hommes prend la résolution d'envoyer le déluge, et il commande à Noé de bâtir une arche pour s'y retirer avec sa famille et avec les bêtes.

1 Or, il arriva que quand les hommes eurent commencé à se multiplier sur la terre, et qu’ils eurent engendré des filles ;

2 Les fils de Dieu, voyant que les filles des hommes étaient belles, en prirent pour leurs femmes, de toutes celles qu’ils choisirent.

3 Et l’Éternel dit : Mon Esprit ne contestera point à toujours avec les hommes ; car aussi ne sont-ils que chair : leurs jours donc seront de cent vingt ans.

4 En ce temps-là, il y avait des géants sur la terre, et cela après que les fils de Dieu se furent joints avec les filles des hommes, et qu’elles leur eurent donné des enfants : ce sont ces puissants hommes qui, de tout temps, ont été des gens de renom.

5 Et l’Éternel voyant que la malice des hommes était très grande sur la terre, et que toute l’imagination des pensées de leur cœur n’était que mal en tout temps,

6 Il se repentit d’avoir fait l’homme sur la terre, et il en eut un grand déplaisir dans son cœur.

7 Et l’Éternel dit : J’exterminerai de dessus la terre les hommes que j’ai créés, depuis les hommes jusqu’au bétail, jusqu’à tout ce qui se meut, même jusqu’aux oiseaux des cieux ; car je me repens de les avoir faits.

8 Mais Noé trouva grâce devant l’Éternel.

9 Ce sont ici les générations de Noé : Noé fut un homme juste et plein d’intégrité en son temps, marchant avec Dieu.

10 Et Noé eut trois fils, Sem, Cam et Japhet.

11 Et la terre était corrompue devant Dieu, et remplie d’extorsion.

12 Dieu donc regarda la terre, et, voici, elle était corrompue ; car toute chair avait corrompu sa voie sur la terre.

13 Et Dieu dit à Noé : La fin de toute chair est venue devant moi ; car ils ont rempli la terre d’extorsion : ainsi, je les détruirai avec la terre.

14 Fais-toi une arche de bois de gopher : tu feras l’arche par loges, et tu l’enduiras de bitume par dedans et par dehors.

15 Et tu la feras ainsi : La longueur de l’arche sera de trois cents coudées, et sa largeur de cinquante coudées, et sa hauteur de trente coudées.

16 Tu donneras du jour à l’arche ; tu feras son comble d’une coudée de hauteur, tu mettras la porte de l’arche à son côté, et tu la feras avec un bas étage, un second et un troisième.

17 Et voici, je ferai venir un déluge d’eaux sur la terre, pour détruire toute chair qui a esprit de vie en soi sous les cieux, et tout ce qui est sur la terre, expirera.

18 Mais j’établirai mon alliance avec toi ; et tu entreras dans l’arche, toi, tes fils, ta femme, et les femmes de tes fils avec toi.

19 Et de tout ce qui a vie d’entre toute chair, tu en feras entrer deux de chaque espèce dans l’arche, pour les conserver en vie avec toi ; savoir, le mâle et la femelle ;

20 des oiseaux, selon leur espèce ; des bêtes, selon leur espèce ; et de tous les animaux qui se meuvent, selon leur espèce ; il y en entrera, de tous, deux de chaque espèce avec toi, afin que tu les conserves en vie.

21 Prends aussi avec toi de toute nourriture qu’on mange, et fais-en ta provision, afin qu’elle serve pour ta nourriture et pour celle des animaux.

22 Et Noé fit toutes les choses que Dieu lui avait commandées ; il les fit ainsi.

REFLEXIONS
Il faut remarquer dans ce chapitre :

I. En premier lieu que le mariage des descendants de Seth avec les filles qui étaient de la postérité de Caïn fut la cause des impuretés, des injustices et des autres crimes qui se multiplièrent sur la terre, même parmi ceux qui descendaient de Seth, ce qui obligea Dieu à envoyer le déluge. Cela montre que le commerce avec les méchants et les impies est très dangereux et qu'en particulier l'impureté et la sensualité ont été de tout temps la source de bien des maux et que ce péché, de même que la violence et l'injustice attirent sur les hommes la colère du ciel.

II. La bonté et la patience de Dieu envers les habitants du premier monde paraissent en ce qu'il leur donna cent et vingt ans pour se repentir et en ce qu'il les fit avertir par le moyen de Noé et par la construction de l'arche du déluge qui allait arriver. C'est ainsi que Dieu a usé de tout temps d'un grand support envers les hommes et qu'il leur donne toujours le temps et les avertissements nécessaires afin qu'ils préviennent ses jugements.

III. Dans l'ordre que Dieu donna à Noé de bâtir l'arche, on doit considérer le soin que Dieu a de ceux qui le craignent et le moyen admirable dont il voulut se servir par un effet de sa sagesse pour conserver les hommes et les bêtes afin de repeupler la terre après le déluge.

IV. Enfin, l'on voit dans ce chapitre la foi et l'obéissance de Noé : lequel, étant divinement averti des choses qui ne se voient point encore, craignit et bâti l'arche, par laquelle il condamna le monde et fut fait héritier de la justice qu’on obtient par la foi. Cette réflexion que St. Paul fait au chapitre XI de l'épître aux Hébreux nous engage à être les imitateurs de la foi de ce patriarche, à marcher dans l'intégrité comme lui et à profiter de la patience de Dieu qui nous invite à la repentance afin que nous puissions éviter les jugements qui doivent tomber sur les méchants et être sauvés avec ceux qu'il recevra un jour dans son royaume céleste.

CHAPITRE VII.

Ce chapitre contient l'histoire du déluge duquel Noé fut garanti ayant été conservé dans l'arche avec sa famille et avec les bêtes qu’'il y avait fait entrer.

1 Et l’Éternel dit à Noé : Entre, toi et toute ta maison, dans l’arche ; car je t’ai vu juste devant moi en ce temps.

2 Tu prendras de toutes les bêtes nettes sept de chaque espèce, le mâle et la femelle ; mais des bêtes qui ne sont point nettes, un couple, le mâle et la femelle.

3 Tu prendras aussi des oiseaux des cieux, sept de chaque espèce, le mâle et la femelle, afin d’en conserver la race sur toute la terre.

4 Car dans sept jours je ferai pleuvoir sur toute la terre, pendant quarante jours et quarante nuits ; et j’exterminerai de dessus la terre toute chose qui subsiste et que j’ai faite.

5 Et Noé fit toutes les choses que l’Éternel lui avait commandées.

6 Et Noé était âgé de six cents ans, quand le déluge des eaux vint sur la terre.

7 Noé donc entra, et ses fils, sa femme, et les femmes de ses fils avec lui, dans l’arche, à cause des eaux du déluge.

8 Il y entra aussi des bêtes nettes, et des bêtes qui ne sont point nettes, et des oiseaux, et tout ce qui rampe sur la terre ;

9 Elles entrèrent deux à deux vers Noé dans l’arche, savoir, le mâle et la femelle, comme Dieu lui avait commandé.

10 Et il arriva qu’au septième jour les eaux du déluge furent sur la terre.

11 En l’an six cent de la vie de Noé, au second mois, au dix-septième jour du mois, en ce jour-là toutes les fontaines du grand abîme furent rompues, et les bondes des cieux furent ouvertes.

12 Et la pluie tomba sur la terre pendant quarante jours et quarante nuits.

13 En ce même jour-là, Noé, Sem, Cam et Japhet, fils de Noé, entrèrent dans l’arche, avec la femme de Noé, et les trois femmes de ses fils avec eux ;

14 Eux, et toutes les bêtes selon leur espèce ; et tous les animaux domestiques selon leur espèce ; et tous les reptiles qui se meuvent sur la terre, selon leur espèce, et tous les oiseaux selon leur espèce ; et tout petit oiseau, ayant des ailes, de quelque sorte que ce soit.

15 Il vint donc de toute chair, qui a en soi esprit de vie, un couple à Noé dans l’arche.

16 Le mâle, dis-je, et la femelle de toute chair y vinrent, comme Dieu lui avait commandé ; puis l’Éternel ferma l’arche sur lui.

17 Et le déluge se répandit pendant quarante jours sur la terre ; et les eaux crûrent, et élevèrent l’arche, et elle fut élevée de dessus la terre.

18 Et les eaux se renforcèrent, et s’accrurent fort sur la terre, et l’arche flottait au-dessus des eaux.

19 Et les eaux se renforcèrent prodigieusement sur la terre ; et toutes les plus hautes montagnes qui étaient sous tous les cieux, furent couvertes.

20 Les eaux s’élevèrent de quinze coudées plus haut ; ainsi les montagnes furent couvertes.

21 Et toute chair qui se mouvait sur la terre expira, tant des oiseaux que du bétail, des bêtes et de tous les reptiles qui se traînent sur la terre, et tous les hommes.

22 Toutes les choses qui étaient sur le sec, et qui avaient respiration de vie en leurs narines, moururent.

23 Tout ce donc qui subsistait sur la terre fut exterminé, depuis les hommes jusqu’aux bêtes, jusqu’aux reptiles, et jusqu’aux oiseaux des cieux ; et ils furent exterminés de dessus la terre. Noé demeura de reste, et ce qui était avec lui dans l’arche.

24 Et les eaux se maintinrent sur la terre pendant cent cinquante jours.

REFLEXIONS
L’histoire du déluge est tout à fait mémorable et c’est ici l’exemple le plus remarquable que Dieu ait donné de sa justice depuis la création du monde. C’est aussi un événement très certain et dont la mémoire a été conservée parmi tous les peuples et dans les auteurs les plus anciens, aussi bien que dans les livres sacrés. St. Pierre nous enseigne quel est l'usage que nous devons faire de cette histoire, lorsqu'il dit : Si Dieu n’a point épargné le monde ancien, s’il a sauvé Noé, lui huitième héraut de la justice, et s’il a amené le déluge sur le monde des méchants, le Seigneur sait délivrer de la tentation ceux qui l'honorent et réserver les impies pour être punis au jour du jugement. L’on doit faire de sérieuses réflexions sur ce grand exemple. Nous y voyons que Dieu est juste, que ses menaces s'exécutent toujours et que le grand nombre des pêcheurs ne met point les hommes à couvert de sa vengeance. Nous devons de plus considérer que, comme ceux qui n’étaient pas dans l’arche périrent, de même ceux qui auront négligé d’entrer dans la voie du salut et de profiter de la patience de Dieu périront infailliblement. C’est de quoi Jésus-Christ nous avertit dans l'Évangile en disant : Qu’il en sera du jour de sa venue comme des jours de Noé, auxquels les habitants du premier monde vivaient dans la sécurité et ne pensèrent point au déluge jusqu'à ce qu'il vînt et les fit tous périr. C’est ainsi que les pêcheurs seront surpris lorsque Jésus-Christ viendra pour juger le monde et pour rendre à tous les hommes selon leurs œuvres.

CHAPITRE VIII.

Moïse récite dans ce chapitre comment Noé sortit de l'arche après que les eaux du déluge se furent retirées et comment il offrit un sacrifice à Dieu, ensuite de quoi Dieu rétablit l'ordre de la nature.

1 Or, Dieu se souvint de Noé, et de toutes les bêtes, et de tous les animaux qui étaient avec lui dans l’arche. Et Dieu fit passer un vent sur la terre, et les eaux s’arrêtèrent.

2 Car les sources de l’abîme, et les bondes des cieux avaient été fermées ; et la pluie des cieux avait été retenue.

3 Et les eaux se retiraient de plus en plus de dessus la terre ; et au bout des cent cinquante jours elles diminuèrent.

4 Et au dix-septième jour du septième mois, l’arche s’arrêta sur les montagnes d’Ararat.

5 Et les eaux allaient en diminuant de plus en plus, jusqu’au dixième mois : et au premier jour du dixième mois les sommets des montagnes se montrèrent.

6 Puis il arriva qu’au bout de quarante jours Noé ouvrit la fenêtre qu’il avait faite à l’arche.

7 Et il lâcha un corbeau, qui sortit, allant et revenant, jusqu’à ce que les eaux séchassent sur la terre.

8 Il lâcha aussi d’avec soi un pigeon, pour voir si les eaux étaient diminuées sur la terre.

9 Mais le pigeon, ne trouvant pas sur quoi asseoir la plante de son pied, retourna à lui dans l’arche ; car les eaux étaient sur toute la terre. Et Noé avançant sa main, le reprit, et le retira à soi dans l’arche.

10 Et quand il eut attendu encore sept autres jours, il lâcha encore le pigeon hors de l’arche.

11 Et sur le soir le pigeon revint à lui, et voici, il avait dans son bec une feuille d’olivier qu’il avait arrachée ; et Noé connut que les eaux s’étaient retirées de dessus la terre.

12 Et il attendit encore sept autres jours ; puis il lâcha le pigeon, qui ne retourna plus à lui.

13 Et il arriva que l’an six cent et un de l’âge de Noé, au premier jour du premier mois, les eaux se séchèrent de dessus la terre ; et Noé ôtant la couverture de l’arche, regarda, et voici, la surface de la terre se séchait.

14 Et au vingt-septième jour du second mois la terre fut sèche.

15 Alors Dieu parla à Noé, disant :

16 Sors de l’arche, toi, ta femme, tes fils, et les femmes de tes fils avec toi.

17 Fais sortir avec toi toutes les bêtes qui sont avec toi, de toute chair, tant des oiseaux que des bêtes, et tous les animaux qui se meuvent sur la terre : qu’ils peuplent en abondance la terre, et qu’ils croissent et multiplient sur la terre.

18 Noé donc sortit ; ses fils, sa femme, et les femmes de ses fils avec lui.

19 Toutes les bêtes, tous les reptiles, tous les oiseaux, tout ce qui rampe sur la terre, selon leurs espèces, sortirent de l’arche.

20 Et Noé bâtit un autel à l’Éternel, et prit de toute bête nette, et de tout oiseau net, et il offrit des holocaustes sur l’autel.

21 Et l’Éternel flaira une odeur qui l’apaisa, et dit en son cœur : Je ne maudirai plus la terre, à l’occasion des hommes ; car l’imagination du cœur des hommes est mauvaise dès leur jeunesse ; et je ne détruirai plus tout ce qui vit, comme j’ai fait.

22 Mais tant que la terre durera, les semailles et les moissons, le froid et le chaud, l’été et l’hiver, le jour et la nuit ne cesseront point.

REFLEXIONS
Ce qu'il y a principalement à remarquer ici : C'est que Dieu après avoir donné des marques terribles de sa sévérité dans le déluge, donna des témoignages de sa bonté, non seulement envers Noé et sa famille, mais aussi envers tout le genre humain, en rétablissant le monde dans l'état et dans l'ordre où nous le voyons encore aujourd'hui. Et puisque nous jouissons de ces effets de la bonté de Dieu, nous devons l'en remercier et être incités à l'aimer et à le craindre par la considération de sa miséricorde aussi bien que par celle de sa justice qui paraissent l'une et l'autre d'une manière si sensible dans ce qui arriva lors du déluge universel.

CHAPITRE IX

On voit ici trois choses :

I. Les lois que Dieu donna après le déluge à Noé et au genre humain, particulièrement à l’égard de la nourriture qui fut alors changée et du meurtre. II. La promesse que Dieu fit de ne plus envoyer de déluge universel. III. Ce qui arriva à Noé lorsqu’ayant été surpris par le vin, Cam son fils se moqua de lui. Moïse rapporte sur la fin de ce chapitre la mort de Noé.

 1 Et Dieu bénit Noé, et ses fils, et leur dit : Croissez et multipliez, et remplissez la terre ;

2 Et que toutes les bêtes de la terre, tous les oiseaux des cieux, avec tout ce qui se meut sur la terre, et tous les poissons de la mer, vous craignent et vous redoutent ; ils sont remis entre vos mains.

3 Tout ce qui se meut et qui a vie, vous sera pour nourriture : je vous ai donné toutes ces choses comme l’herbe verte.

4 Toutefois, vous ne mangerez point de chair avec son âme, qui est son sang.

5 En effet, je redemanderai votre sang, savoir, le sang de vos âmes, je le redemanderai de la main de toutes les bêtes, et de la main de l’homme ; même je redemanderai l’âme de l’homme de la main de son frère.

6 Qui aura répandu le sang de l’homme dans l’homme, son sang sera répandu ; car Dieu a fait l’homme à son image.

7 Vous donc, croissez, multipliez ; croissez en toute abondance sur la terre, et multipliez sur elle.

8 Dieu parla aussi à Noé et à ses fils, qui étaient avec lui, disant :

9 Quant à moi, voici, j’établis mon alliance avec vous, et avec votre postérité après vous ;

10 Et avec tout animal vivant qui est avec vous, tant des oiseaux que des animaux domestiques, et de toutes les bêtes de la terre qui sont avec vous, de toutes celles qui sont sorties de l’arche, jusqu’à toutes les bêtes de la terre.

11 J’établis donc mon alliance avec vous, et nulle chair ne sera plus exterminée par les eaux du déluge, et il n’y aura plus de déluge pour détruire la terre.

12 Dieu dit encore : C’est ici le signe que je donne de l’alliance qui est entre moi et vous, et entre toute créature vivante qui est avec vous, pour durer à toujours :

13 Je mettrai mon arc dans la nuée, et il sera pour signe de l’alliance entre moi et la terre.

14 Et quand il arrivera que j’aurai couvert de nuées la terre, l’arc paraîtra dans la nuée.

15 Et je me souviendrai de l’alliance que j’ai faite avec vous, et avec tout animal qui vit en toute chair. Et les eaux ne feront plus de déluge pour détruire toute chair.

16 L’arc donc sera dans la nuée, et je le regarderai, afin qu’il me souvienne de l’alliance perpétuelle qui est entre Dieu et tout animal vivant, en quelque chair qui soit sur la terre.

17 Dieu donc dit à Noé : C’est là le signe de l’alliance que j’ai établie entre moi et toute chair qui est sur la terre.

18 Et les fils de Noé, qui sortirent de l’arche, furent Sem, Cam et Japhet. Et Cam fut le père de Canaan.

19 Ce sont là les trois fils de Noé, desquels toute la terre fut peuplée.

20 Et Noé, qui était laboureur, commença de planter la vigne.

21 Et il but du vin, et il fut enivré et se découvrit au milieu de sa tente.

22 Et Cam, père de Canaan, ayant vu la nudité de son père, sortit et le rapporta à ses deux frères.

23 Alors Sem et Japhet prirent un manteau qu’ils mirent sur leurs deux épaules, et marchant en arrière, ils couvrirent la nudité de leur père, et leurs visages étaient tournés en arrière, de sorte qu’ils ne virent point la nudité de leur père.

24 Et Noé, réveillé de son vin, sut ce que le plus petit de ses fils lui avait fait.

25 C’est pourquoi, il dit : Maudit soit Canaan ! il sera serviteur des serviteurs de ses frères.

26 Il dit aussi : Béni soit l’Éternel, Dieu de Sem, et que Canaan leur soit fait serviteur !

27 Que Dieu attire en douceur Japhet, et qu’il loge dans les tabernacles de Sem ; et que Canaan leur soit fait serviteur !

28 Et Noé vécut, après le déluge, trois cent cinquante ans.

29 Tout le temps donc que Noé vécut, fut neuf cent cinquante ans ; puis il mourut.

REFLEXIONS
Ce chapitre nous présente ces instructions :

I. La première, que nous devons garder inviolablement les lois que Dieu donna à Noé après le déluge, user sobrement des créatures dont Dieu nous a accordé l’usage et nous éloigner de la cruauté et de l’injustice.

II. La seconde, que l'alliance que Dieu traita avec Noé et avec tout le genre humain en promettant de ne plus envoyer de déluge et de conserver le monde dans son état a toujours subsisté depuis ce temps-là et qu’ainsi nous devons reconnaître et célébrer la grande bonté du Seigneur envers nous, de laquelle nous ressentons les effets.

III. La troisième instruction est que si le monde ne doit plus être détruit par le déluge, il le sera par le feu du dernier jour, selon ce que dit St. Pierre : Si le monde ancien est péri étant couvert d'un déluge d'eau, les cieux et la terre sont réservés pour le feu au jour du jugement.

IV. Sur ce qui est dit à la fin de ce chapitre que Noé fut surpris par le vin, il faut considérer que cela lui arriva innocemment, parce qu’il ne connaissait pas l’effet que le vin peut produire, l’usage ayant été inconnu jusqu’alors. Ainsi cet exemple, bien loin d’excuser l'intempérance montre de l'éviter très soigneusement. Ce qui est récité des fils de Noé nous apprend que Dieu bénit les enfants qui honorent leurs pères, mais qu'il maudit ceux qui manquent de respect envers eux.

CHAPITRE X.

Ce chapitre contient le dénombrement des descendants de Sem, de Cam et de Japhet, les trois fils de Noé, par le moyen desquels la terre fut peuplée après le déluge.

1 Ce sont ici les générations des enfants de Noé : Sem, Cam et Japhet, auxquels naquirent des enfants après le déluge.

2 Les enfants de Japhet sont Gomer, Magog, Madaï, Javan, Tubal, Mescech et Tiras.

3 Et les enfants de Gomer, Askenas, Riphath et Togarma.

4 Et les enfants de Javan, Elisa, Tarscis, Kittim et Dodanim.

5 C’est de ceux-là que sont descendus les peuples qui partagèrent entre eux les îles des nations, par leurs terres, chacun selon sa langue, selon leurs familles, entre leurs nations.

6 Et les enfants de Cam sont Cus, Mitsraïm, Put et Canaan.

7 Et les enfants de Cus, Séba, Havila, Sabtah, Rahma et Sebteca. Et les enfants de Rahma, Scéba et Dédan.

8 Et Cus engendra Nimrod, qui commença d’être sur la terre.

9 Il fut un puissant chasseur devant l’Éternel. De là est venu ce qu’on dit : Comme Nimrod, le puissant chasseur devant l’Éternel.

10 Et le commencement de son règne fut Babel, Erec, Accad et Calné, au pays de Scinhar.

11 Il sortit de ce pays-là en Assyrie, et il bâtit Ninive et les rues de la ville, et Calah ;

12 Et Résen, entre Ninive et Calah, qui est une grande ville.

13 Et Mitsraïm engendra Ludim, Hanamim, Lahabim, Naphtuhim,

14 Pathrusim, Casluhim (desquels sont sortis les Philistins), et Caphtorim.

15 Et Canaan engendra Sidon, son fils aîné, et Heth ;

16 Les Jébusiens, les Amorrhéens, les Guirgasciens ;

17 Les Héviens, les Harkiens, et les Siniens ;

18 Les Arvadiens, les Tsémariens et les Hamathiens. Et ensuite les familles des Cananéens se sont dispersées.

19 Et les limites des Cananéens furent depuis Sidon, quand on vient vers Guérar, jusques en Gaza, en tirant vers Sodome et Gomorre, Adma et Tséboïm, jusqu’à Lésa.

20 Ce sont là les enfants de Cam, selon leurs familles et leurs langues, leurs terres et leurs nations.

21 Et des enfants naquirent à Sem, père de tous les enfants d’Héber, et frère de Japhet, qui était le plus grand.

22 Les enfants donc de Sem sont Hélam, Assur, Arpacsad, Lud et Aram.

23 Et les enfants d’Aram, Hus, Hul, Guéther et Mas.

24 Et Arpacsad engendra Scélah, et Scélah engendra Héber.

25 Et à Héber naquirent deux fils : le nom de l’un fut Péleg ; car en son temps la terre fut partagée ; et le nom de son frère fut Joktan.

26 Et Joktan engendra Almodad, Scéleph, Hatsarmaveth, et Jérah,

27 Hadoram, Uzal, Dikla,

28 Hobal, Abimaël, Scéba,

29 Ophir, Havila et Jobab. Tous ceux-là sont les enfants de Joktan.

30 Et leur demeure était depuis Mésa, quand on vient en Séphar, montagne d’Orient.

31 Ce sont là les enfants de Sem, selon leurs familles et leurs langues, leurs terres et leurs nations.

32 Telles sont donc les familles des enfants de Noé, selon leur postérité dans leurs nations, et c’est de ceux-là que se sont formées les nations qui ont été dispersées sur la terre après le déluge.

REFLEXIONS
Quoi qu'il n'y ait que des noms d'hommes et de peuples dans ce chapitre, il ne laisse pas d'être très remarquable. Nous voyons ici :

Premièrement l'origine de toutes les nations du monde et le commencement des empires.

En second lieu, ce que Moïse y rapporte sert à établir la généalogie des patriarches desquels notre Seigneur est descendu.  Ainsi, ce chapitre nous fournit de belles et de fortes preuves de la vérité de l'histoire sainte et de la divinité de la religion. Ce que Moïse dit ici étant parfaitement conforme à ce que les histoires les plus anciennes et les plus certaines rapportent touchant les divers peuples du monde et les pays qu'ils ont habités.

CHAPITRE XI.

Moïse raconte dans ce chapitre que les hommes ayant entrepris de bâtir la ville et la tour de Babel, Dieu confondit leur langage, ce qui fut cause qu’ils se dispersèrent par toute la terre. Moïse marque aussi quels furent les descendants de Sem, fils de Noé, jusqu’à Abraham

1 Alors toute la terre avait un même langage et une même parole.

2 Mais il arriva comme ils partirent d’Orient, qu’ils trouvèrent une campagne au pays de Scinhar, où ils habitèrent.

3 Et ils se dirent l’un à l’autre : Allons, faisons des briques, et les cuisons au feu. Et ils eurent des briques au lieu de pierres, et le bitume leur fut au lieu de mortier.

4 Et ils se dirent : Venez, bâtissons-nous une ville et une tour, de laquelle le sommet soit jusqu’aux cieux, et acquérons-nous de la réputation, de peur que nous ne soyons dispersés sur toute la terre.

5 Alors l’Éternel descendit pour voir la ville et la tour que bâtissaient les fils des hommes.

6 Et l’Éternel dit : Voici, ils ne sont qu’un peuple, et tous ont un même langage, et ils commencent à travailler ; et maintenant rien ne les empêchera d’exécuter ce qu’ils ont projeté.

7 Venez donc, descendons, et confondons là leur langage, afin qu’ils ne s’entendent point les uns les autres.

8 Ainsi, l’Éternel les dispersa de là par toute la terre, et ils cessèrent de bâtir la ville.

9 C’est pourquoi son nom fut appelé Babel ; car l’Éternel y confondit le langage de toute la terre, et de là il les dispersa sur toute la terre.

10 C’est ici la postérité de Sem : Sem, âgé de cent ans, engendra Arpacsad, deux ans après le déluge.

11 Et Sem, après qu’il eut engendré Arpacsad, vécut cinq cents ans ; et il engendra des fils et des filles.

12 Et Arpacsad vécut trente-cinq ans, et il engendra Scélah.

13 Et Arpacsad, après qu’il eut engendré Scélah, vécut quatre cent trois ans ; et il engendra des fils et des filles.

14 Et Scélah ayant vécu trente ans, engendra Héber.

15 Et Scélah, après qu’il eut engendré Héber, vécut quatre cent trois ans ; et il engendra des fils et des filles.

16 Et Héber ayant vécu trente-quatre ans, engendra Péleg.

17 Et Héber, après qu’il eut engendré Péleg, vécut quatre cent trente ans ; et il engendra des fils et des filles.

18 Péleg aussi vécut trente ans, et il engendra Réhu.

19 Et Péleg, après qu’il eut engendré Réhu, vécut deux cent neuf ans ; et il engendra des fils et des filles.

20 Réhu aussi ayant vécu trente-deux ans, engendra Sérug.

21 Et Réhu, après qu’il eut engendré Sérug, vécut deux cent sept ans ; et il engendra des fils et des filles.

22 Et Sérug ayant vécu trente ans, engendra Nacor.

23 Et Sérug, après qu’il eut engendré Nacor, vécut deux cents ans ; et il engendra des fils et des filles.

24 Et Nacor, ayant vécu vingt-neuf ans, engendra Taré.

25 Et Nacor, après qu’il eut engendré Taré, vécut cent dix-neuf ans ; et il engendra des fils et des filles.

26 Taré aussi vécut soixante et dix ans, et il engendra Abram, Nacor et Haran.

27 Et c’est ici la postérité de Taré : Taré engendra Abram, Nacor et Haran ; et Haran engendra Lot.

28 Et Haran mourut en la présence de Taré, son père, au pays de sa naissance, à Ur des Caldéens.

29 Et Abram et Nacor prirent des femmes. Le nom de la femme d’Abram fut Saraï, et le nom de la femme de Nacor fut Milca, fille de Haran, père de Milca et de Jisca.

30 Mais Saraï était stérile, et elle n’avait point d’enfant.

31 Et Taré prit son fils Abram, et Lot, fils de son fils, lequel était fils de Haran, et Saraï sa belle-fille, femme d’Abram son fils ; et ils sortirent ensemble d’Ur des Caldéens, pour aller au pays de Canaan. Et ils vinrent jusqu’à Caran, et ils y demeurèrent.

32 Et les jours de Taré furent deux cent cinq ans ; puis il mourut à Caran.

REFLEXIONS
Le récit que Moïse fait de la dispersion qui arriva lorsque les descendants de Noé bâtissaient la tour de Babel nous instruit :

I. Premièrement de la suite de l’histoire sainte et de la manière dont les hommes se répandirent dans les divers pays du monde,

II. Dieu voulut disperser ainsi ceux qui prétendaient se garantir du déluge en bâtissant cette tour pour punir leur orgueil et leur impiété. Il le fit aussi afin que la terre fût plus promptement habitée et peuplée.

Pour ce qui est de la généalogie des descendants de Sem, il y faut remarquer ces deux choses :
I. L’une que quoique la vie des hommes fut alors plus courte qu'elle ne l'avait été avant le déluge, elle était cependant beaucoup plus longue qu'elle ne l'est maintenant.

II. L’autre que cette généalogie a été conservée pour faire voir qu'Abraham est descendu de Sem, fils de Noé.

CHAPITRE XII.

C’est ici que commence l'histoire du patriarche Abraham. Nous y voyons :

I. Comment il quitta sa patrie par l'ordre de Dieu pour venir au pays de Canaan que le Seigneur promit de lui donner.

II. Que la famine l'obligea de s'en aller en Égypte où Sara sa femme fut enlevée et ensuite rendue par le roi Pharaon.

1 Et l’Éternel avait dit à Abram : Sors de ton pays et de ton parentage, et de la maison de ton père, et viens au pays que je te montrerai.

2 Et je te ferai devenir une grande nation ; je te bénirai, et je rendrai ton nom grand, et tu seras bénédiction.

3 Je bénirai ceux qui te béniront, et je maudirai ceux qui te maudiront ; et toutes les familles de la terre seront bénies en toi.

4 Abram donc sortit, comme l’Éternel lui avait dit, et Lot alla avec lui. Et Abram était âgé de soixante et quinze ans quand il sortit de Caran.

5 Abram prit aussi Saraï sa femme, et Lot, fils de son frère, et tout le bien qu’ils avaient acquis, et les personnes qu’ils avaient eues à Caran ; et ils sortirent pour venir au pays de Canaan, et ils y entrèrent.

6 Et Abram passa au travers de ce pays jusqu’au lieu de Sichem, et jusqu’en la plaine de Moré, et il y avait alors des Cananéens dans ce pays.

7 Et l’Éternel apparut à Abram et lui dit : Je donnerai ce pays à ta postérité. Et Abram dressa là un autel à l’Éternel, qui lui était apparu.

8 Et il passa de là vers la montagne qui est à l’Orient de Béthel, et il y tendit ses tentes, ayant Béthel à l’Occident, et Haï à l’Orient. Il dressa encore là un autel à l’Éternel, et il invoqua le nom de l’Éternel.

9 Puis Abram partit de là, marchant toujours, et s’avançant vers le midi.

10 Mais la famine étant survenue au pays, Abram descendit en Égypte pour y demeurer quelque temps ; car la famine était grande au pays.

11 Et comme il était près d’entrer en Égypte, il dit à Saraï sa femme : Voici, je sais que tu es une belle femme ;

12 Et il arrivera que, lorsque les Égyptiens t’auront vue, ils diront : C’est la femme de cet homme-là, et ils me tueront ; mais ils te laisseront vivre.

13 Dis donc, je te prie, que tu es ma sœur, afin que je sois bien traité à cause de toi, et qu’ils me sauvent la vie à ta considération.

14 Il arriva donc, sitôt qu’Abram fut venu en Égypte, que les Égyptiens virent que cette femme était fort belle.

15 Les principaux de la cour de Pharaon la virent aussi, et la louèrent devant le roi ; et elle fut enlevée pour être menée dans la maison de Pharaon ;

16 Lequel fit du bien à Abram, à cause d’elle ; de sorte qu’il en eut des brebis, des bœufs, des ânes, des serviteurs, des servantes, des ânesses et des chameaux.

17 Mais l’Éternel frappa de grandes plaies Pharaon et sa maison, à cause de Saraï, femme d’Abram.

18 Alors Pharaon appela Abram, et lui dit : Qu’est-ce que tu m’as fait ? Que ne m’as-tu averti qu’elle était ta femme ?

19 Pourquoi as-tu dit, c’est ma sœur ? Et je l’avais prise pour être ma femme ; mais maintenant voici ta femme, prends-la, et t’en va.

20 Et il donna charge à ses gens d’aller reconduire Abram, sa femme et tout ce qui lui appartenait.

REFLEXIONS
Nous devons considérer sur ce chapitre :

I. Que Dieu appela Abraham et traita alliance avec lui dans la vue de conserver la vraie religion parmi ses descendants et de faire naître un jour le Messie de sa postérité.

II. Qu'Abraham obéit à la vocation de Dieu et qu'il crut à ses promesses, que cependant ces promesses ne s’accomplirent pas d’abord, qu’il fut exposé à plusieurs traverses, qu'il habita au pays de Canaan comme étranger et que la famine le contraignit d'aller en Égypte où il fut en danger d'être privé de sa femme. St. Paul nous montre quelles sont les réflexions que nous devons faire sur cette histoire lorsqu’il dit au chapitre XI de l’épître aux Hébreux : Par la foi Abraham, étant appelé pour aller au lieu qu’il devait posséder, partit ne sachant où il allait. Par la foi, il habita comme étranger dans la terre promise.

Ainsi, nous devons apprendre, de cet exemple d'Abraham, à suivre notre vocation, à obéir à tout ce que Dieu nous commande, quelque difficile qu'il nous paraisse, à vivre en ce monde comme des étrangers, ne cherchant point ici-bas notre véritable patrie, mais la cherchant dans le ciel et attendant comme Abraham notre père, la cité qui est à venir, de laquelle Dieu est l'architecte et le fondateur.

III. Les plaies dont Dieu frappa le roi d'Égypte, parce qu'il avait enlevé Sara dans l'intention de l'épouser, montrent que l'adultère est un crime très odieux au Seigneur. On voit même par les reproches que Pharaon fit à Abraham que ce prince savait que ce crime était très grand. Il est cependant à remarquer que le roi d'Égypte fit beaucoup de bien à Abraham et que ce patriarche emporta de grandes richesses de ce pays-là et c’est ainsi qu'il commençait à éprouver les effets de la protection et de la bénédiction de Dieu sur lui.

CHAPITRE XIII.

Abraham et Lot, étant retournés d'Égypte au pays de Canaan, se séparèrent ne pouvant demeurer dans un même lieu à cause de leurs grands biens. Lot s’établit à Sodome et Abraham demeure dans le pays de Canaan duquel Dieu lui promit de nouveau la possession.

1 Abram donc étant sorti de l’Égypte, monta, vers le midi, lui, sa femme et tout ce qu’il possédait et Lot était avec lui.

2 Et Abram était très riche en bétail, en argent et en or.

3 Et il s’en retourna par le même chemin qu’il était venu, du Midi jusqu’à Béthel, jusqu’au lieu où il avait dressé ses tentes au commencement, entre Béthel et Haï ;

4 Dans le même lieu où était l’autel qu’il y avait bâti au commencement, et où Abram avait invoqué le nom de l’Éternel.

5 Lot aussi, qui marchait avec Abram, avait des brebis, des bœufs, et des tentes.

6 Et le pays ne les pouvait porter, pour pouvoir demeurer ensemble ; car leur bien était si grand, qu’ils ne pouvaient demeurer l’un avec l’autre.

7 Ce qui excita une querelle entre les bergers du bétail d’Abram, et les bergers du bétail de Lot. En ce temps-là les Cananéens et les Phérésiens demeuraient au pays.

8 Et Abram dit à Lot : Je te prie qu’il n’y ait point de dispute entre moi et toi, ni entre mes bergers et les tiens ; car nous sommes frères.

9 Tout le pays n’est-il pas à ta disposition ? Sépare-toi, je te prie, d’avec moi : Si tu choisis la gauche, je prendrai la droite ; et si tu prends la droite, je m’en irai à la gauche.

10 Alors Lot, élevant ses yeux, vit toute la plaine du Jourdain, qui (avant que l’Éternel détruisît Sodome et Gomorre) était arrosée partout, jusqu’à ce qu’on vienne à Tsohar, comme le jardin de l’Éternel et comme le pays d’Égypte.

11 Et Lot choisit pour soi toute la plaine du Jourdain, et il alla du côté de l’Orient ; ainsi ils se séparèrent l’un d’avec l’autre.

12 Abram donc demeura au pays de Canaan ; et Lot demeura dans les villes de la plaine, et il y dressa ses tentes jusqu’à Sodome.

13 Or, les habitants de Sodome étaient méchants, et ils étaient de grands pécheurs contre l’Éternel.

14 Et l’Éternel dit à Abram (après que Lot se fut séparé d’avec lui) : Lève maintenant tes yeux, et regarde du lieu où tu es, vers le Septentrion, le Midi, l’Orient et l’Occident.

15 Car je te donnerai, et à ta postérité pour jamais, tout le pays que tu vois.

16 Et je ferai que ta postérité sera comme la poussière de la terre ; que si quelqu’un peut compter la poussière de la terre, il comptera aussi ta postérité.

17 Lève-toi donc, et promène-toi dans le pays, dans sa longueur et dans sa largeur ; car je te le donnerai.

18 Abram donc ayant remué ses tentes, vint demeurer dans les plaines de Mamré, qui est en Hébron, et il bâtit là un autel à l’Éternel.

REFLEXIONS
Les grands biens que Dieu accorda à Abraham doivent être considérés comme un effet de la bénédiction qu'il lui avait promise, ce qui nous fait voir que les promesses de Dieu s'exécutent toujours et qu'il accorde quelques fois à ceux qui le craignent les bénédictions de la vie présente. Le débat qui arriva entre les gens de Lot et ceux d'Abraham et la modération qu'Abraham fit paraître en donnant à Lot son neveu le choix d'aller où il lui plairait nous avertissent d'éviter les divisions qui naissent d'ordinaire à l’occasion des biens du monde et de nous prévenir les uns les autres pour avoir la paix en renonçant même à ce qui pourrait nous être plus avantageux. Le choix que Lot fit du pays de Sodome qui était très fertile et très agréable, mais dont les habitants étaient déjà alors fort corrompus et menacés des jugements de Dieu, nous montre qu'il ne faut pas toujours regarder aux avantages et aux commodités de la vie, qu'il est périlleux d'habiter dans les lieux où l'aise et l'abondance règnent et que l'on doit surtout fuir le commerce des méchants.

Enfin, nous voyons dans la réitération des promesses que Dieu fit à Abraham la fermeté de l'amour que Dieu porte à ses enfants et la bonté avec laquelle il soutient leur foi dans les épreuves par où il les fait passer.

CHAPITRE XIV.

C’est ici l'histoire de la guerre qu’il y eut entre le roi de Sodome et ses voisins et le roi d'Elam et ses alliés dans laquelle le roi de Sodome fut vaincu et Lot pris avec tout son bien, mais Abraham défit le roi d'Elam et délivra Lot. Comme il revenait de cette défaite, Melchisédec lui vint au-devant et lui présenta du pain et du vin et Abraham lui donna la dîme de tout le butin qu’il avait fait.

1 Il arriva, au temps d’Amraphel, roi de Scinhar, d’Arjoc, roi d’Ellasar, de Kédor-lahomer, roi d’Hélam, et de Tidhal, roi des nations,

2 Qu’ils firent la guerre contre Bérah, roi de Sodome, contre Birsah, roi de Gomorre, contre Scinab, roi d’Adma, contre Scemeber, roi de Tséboïm, et contre le roi de Bélah, qui est Tsohar.

3 Tous ceux-ci se joignirent dans la vallée de Siddim, qui est la mer Salée.

4 Ils avaient été assujettis douze ans à Kédor-lahomer ; mais au treizième ils s’étaient révoltés.

5 A la quatorzième année donc Kédor-lahomer vint, avec les rois qui s’étaient joints à lui ; et ils battirent les Réphaïns, en Hasçteroth de Carnaïm, les Zuzins en Ham ; les Emins dans la plaine de Kirjathaïm ;

6 Et les Horiens dans leur montagne de Séhir, jusqu’aux campagnes de Paran, au-dessus du désert.

7 Puis ils retournèrent et vinrent à Hen de Mispat, qui est Kadès, et ils battirent tout le pays des Hamalékites, et des Amorrhéens qui habitaient dans Hatsatson-tamar.

8 Alors le roi de Sodome, le roi de Gomorre, le roi d’Adma, le roi de Tséboïm, et le roi de Bélah, qui est Tsohar, sortirent, et rangèrent leurs troupes dans la vallée de Siddim, contre les autres rois,

9 C’est-à-dire, contre Kédor-lahomer, roi de Hélam, contre Tidhal, roi des nations, contre Amraphel, roi de Scinhar, et contre Arjoc, roi d’Ellasar, quatre rois contre cinq.

10 Or, il y avait dans la vallée de Siddim beaucoup de puits de bitume. Et les rois de Sodome et de Gomorre s’enfuirent, et y tombèrent ; et ceux de leurs gens qui s’échappèrent, s’enfuirent sur la montagne.

11 Les rois prirent donc toutes les richesses de Sodome et de Gomorre, et tous leurs vivres ; puis ils se retirèrent.

12 Ils prirent aussi Lot, fils du frère d’Abram, qui demeurait dans Sodome, et tout son bien, et ils s’en allèrent.

13 Un homme qui s’était sauvé, en vint avertir Abram, Hébreu, qui demeurait dans les plaines de Mamré Amorrhéen, frère d’Escol, et frère de Haner, qui avaient fait alliance avec Abram.

14 Quand donc Abram eut appris que son frère avait été fait prisonnier, il arma trois cents et dix-huit de ses serviteurs qui étaient nés dans sa maison ; et il poursuivit ces rois jusqu’à Dan.

15 Et ayant partagé ses troupes, il se jeta sur les rois durant la nuit, lui et ses serviteurs ; et les battit, et les poursuivit jusqu’à Hobar, qui est à la gauche de Damas.

16 Et il ramena toutes les richesses qu’on avait prises ; il ramena même Lot son frère, avec ses biens, les femmes et le peuple.

17 Et le roi de Sodome s’en alla au-devant de lui, comme il s’en retournait après la défaite de Kédor-lahomer, et des rois qui étaient avec lui, dans la vallée de la plaine, qui est la vallée royale.

18 Melchisédec aussi, roi de Salem, fit apporter du pain et du vin (et il était sacrificateur du Dieu fort, souverain).

19 Et il bénit Abram, en disant : Béni soit Abram par le Dieu fort, souverain, possesseur des cieux et de la terre.

20 Et béni soit le Dieu fort, souverain, qui a mis tes ennemis entre tes mains. Et Abram lui donna la dîme de tout ce qu’il avait pris.

21 Et le roi de Sodome dit à Abram : Donne-moi les personnes, et prends les richesses pour toi.

22 Et Abram dit au roi de Sodome : J’ai levé ma main à l’Éternel, le Dieu fort, souverain, possesseur des cieux et de la terre, disant :

23 Si je prends aucune chose qui t’appartienne, depuis le moindre fil jusques à une courroie de soulier ; afin que tu ne dises pas : J’ai enrichi Abram.

24 J’excepte seulement ce que les jeunes gens ont mangé, et la part des hommes qui sont venus avec moi, Haner, Escol et Mamré, qui prendront leur part du butin.

REFLEXIONS
Il faut considérer la défaite du roi de Sodome comme un châtiment de Dieu sur les habitants de cette ville qui étaient très corrompus et comme un avant-coureur de leur ruine. Ce qui arriva à Lot qui fut pris dans cette guerre fait voir que ceux qui demeurent avec les méchants sont souvent enveloppés dans les jugements que Dieu déploie sur eux et qu'ainsi il est dangereux de s’engager dans leur commerce.

La victoire qu’Abram remporta est une preuve de la bénédiction dont Dieu favorisait ce patriarche et de sa protection envers Lot. Cela montre aussi qu’il est permis de faire la guerre pour une cause légitime et pour une juste défense.

Enfin, ce qui est dit ici de Melchisedec, roi de Salem et sacrificateur du Dieu Souverain, prouve que le vrai Dieu était connu et adoré dans ce pays-là. Cela doit aussi nous faire souvenir de ce que St. Paul dit dans l’épître aux Hébreux, que ce Melchisedec, qui bénit Abraham et à qui ce patriarche donna la dîme de tout, représentait Jésus-Christ notre Seigneur, le roi et le sacrificateur de l'Église qui devait régner sur toutes choses et exercer un sacerdoce infiniment plus parfait que celui des sacrificateurs juifs et de Melchisedec lui-même.

CHAPITRE XV.

Dieu réitère les promesses qu'il avait faites à Abraham de lui donner un fils et une postérité nombreuse qui posséderait le pays de Canaan, et lui confirme cette promesse par un signe.

1 Après ces choses, la parole de l’Éternel fut adressée à Abram, dans une vision, disant : Abram, ne crains point ; je suis ton bouclier et ta très-grande récompense.

2 Et Abram répondit : Seigneur Éternel, que me donneras-tu ? Je passe ma vie sans avoir d’enfants, et Dammésec Elihéser est l’intendant de ma maison.

3 Abram dit encore : Voici, tu ne m’as point donné d’enfants, et dès là, le serviteur qui est né dans ma maison, sera mon héritier.

4 Et voici, la parole de l’Éternel lui fut adressée, disant : Celui-ci ne sera point ton héritier ; mais celui qui sortira de tes entrailles sera ton héritier.

5 Et après l’avoir mené dehors, il lui dit : Lève maintenant les yeux vers le ciel, et compte les étoiles, si tu les peux compter : c’est ainsi, lui dit-il, que sera ta postérité.

6 Et Abram crut à l’Éternel, et l’Éternel lui imputa cela à justice.

7 Il lui dit encore : Je suis l’Éternel, qui t’ai fait sortir d’Ur des Caldéens, afin de te donner ce pays pour le posséder.

8 Et il dit : Seigneur Éternel, à quoi connaîtrai-je que je le posséderai ?

9 Et il lui répondit : Prends une génisse de trois ans, et une chèvre de trois ans, et un bélier de trois ans, et une tourterelle, et un pigeon.

10 Il prit donc toutes ces choses, et les partagea par le milieu, et il mit chaque moitié vis-à-vis l’une de l’autre ; mais il ne partagea point les oiseaux.

11 Alors une volée d’oiseaux se jeta sur ces bêtes mortes ; mais Abram les chassa.

12 Et comme le soleil se couchait, Abram fut surpris d’un profond sommeil, et voici, il fut saisi d’une frayeur, causée par une grande obscurité qui tomba sur lui.

13 Et l’Éternel dit à Abram : Sache certainement que ta postérité habitera comme étrangère dans un pays qui ne lui appartiendra point, et qu’elle y servira aux habitants du lieu, et qu’elle y sera affligée pendant quatre cents ans.

14 Mais aussi je jugerai la nation à laquelle tes descendants seront assujettis ; et ensuite ils sortiront avec de grands biens.

15 Et toi, tu t’en iras vers tes pères en paix, dans une bonne vieillesse, et tu seras enseveli.

16 Et en la quatrième génération, ils retourneront ici ; car l’iniquité des Amorrhéens n’est pas encore venue à son comble.

17 Et lorsque le soleil fut couché, il y eut une obscurité ténébreuse, et voici, un four fumant et un brandon de feu qui passa entre ces choses qui avaient été partagées.

18 En ce jour-là, l’Éternel traita alliance avec Abram, disant : J’ai donné ce pays à ta postérité, depuis le fleuve d’Égypte jusqu’au grand fleuve, c’est-à-dire le fleuve d’Euphrate ;

19 Les Kéniens, les Kéniziens, les Kadmoniens,

20 Les Héthiens, les Phéréziens, les Réphaïns,

21 Les Amorrhéens, les Cananéens, les Guirguasciens, et les Jébusiens.

REFLEXIONS

L'on voit trois choses dans ce chapitre :

I. Que Dieu réitéra les promesses qu'il avait faites à Abraham et les confirma par un signe miraculeux.
II. Qu'Abraham ayant crû à Dieu, cela lui fut imputé à justice.

III. Que Dieu lui déclara que ces promesses ne s'accompliront pas durant sa vie et que même sa postérité serait affligée pendant quelque temps.

Les réflexions que nous devons faire sur cela sont donc :

I. Que Dieu par un effet de sa bonté a de tout temps trouvé à propos de fortifier la foi de ceux qu'il aime par des signes extérieurs, ce qu'il fait encore par les sacrements desquels nous devons faire un très grand cas,

II. Que tous ceux, qui à l'imitation d'Abraham, croient en Dieu et lui obéissent, seront justifiés comme ce Saint patriarche le fut,

III. Que les enfants de Dieu ont souvent dans ce monde les afflictions en partage et que ce ne sera qu'après cette vie qu'ils verront le parfait accomplissement des promesses que Dieu leur a faites.


CHAPITRE XVI.

On voit dans ce chapitre :

I. La naissance d'Ismaël fils d'Agar.

II. La fuite d’Agar qui sortit de la maison d’Abraham et la prédiction qu’un ange fit à Agar qu’Ismaël serait un prince puissant et qu’il aurait une postérité nombreuse.

1 Or, Saraï, femme d’Abram, ne lui avait point encore fait d’enfant ; mais elle avait une servante égyptienne, nommée Agar,

2 Et elle dit à Abram : Voici maintenant, l’Éternel m’a rendue stérile : viens, je te prie, vers ma servante ; peut-être aurai-je des enfants par elle. Et Abram obéit à la parole de Saraï.

3 Alors Saraï, femme d’Abram, prit Agar, sa servante égyptienne, et la donna pour femme à Abram son mari, après qu’il eut demeuré dix ans au pays de Canaan.

4 Il vint donc vers Agar, et elle conçut. Et Agar voyant qu’elle avait conçu, méprisa sa maîtresse.

5 Alors Saraï dit à Abram : L’outrage qu’on me fait, rejaillit sur toi. J’ai mis ma servante dans ton sein ; mais depuis qu’elle a vu qu’elle était enceinte, elle me regarde avec mépris. Que l’Éternel soit juge entre moi et toi.

6 Alors Abram répondit à Saraï : Voici, ta servante est entre tes mains, traite-la comme il te plaira. Saraï donc la maltraita et elle s’enfuit de devant elle.

7 Mais l’ange de l’Éternel la trouva auprès d’une fontaine d’eau au désert, près de la fontaine qui est au chemin de Sçur.

8 Et il lui dit : Agar, servante de Saraï, d’où viens-tu ? et où vas-tu ? Et elle répondit : Je fuis de devant Saraï, ma maîtresse.

9 Et l’ange de l’Éternel lui dit : Retourne à ta maîtresse, et t’humilie sous elle.

10 L’ange de l’Éternel lui dit encore : Je multiplierai tellement ta postérité, qu’elle ne se pourra compter, tant elle sera grande.

11 L’ange de l’Éternel lui dit aussi : Voici, tu as conçu, et tu enfanteras un fils que tu appelleras Ismaël ; car l’Éternel a entendu ta voix dans ton affliction,

12 Et il sera semblable à un âne sauvage : il lèvera sa main contre tous, et tous lèveront la main contre lui ; et il dressera ses tentes aux yeux de tous ses frères.

13 Alors elle appela le nom de l’Éternel qui lui parlait : Tu es le Dieu fort qui m’as vue. Car elle dit : N’ai-je pas aussi vu ici celui qui me voyait ?

14 C’est pourquoi on appela ce puits le puits du Vivant qui me voit. Il est entre Kadès et Béred.

15 Agar donc enfanta un fils à Abram. Et Abram appela son fils, qu’Agar lui avait enfanté, Ismaël.

16 Or, Abram était âgé de quatre-vingt-six ans, quand Agar lui enfanta Ismaël.

REFLEXIONS
Le mariage d'Abraham avec Agar doit être regardé comme une de ces choses que Dieu tolérait alors, à cause de l’état où les hommes se rencontraient, mais qui était opposées à la première institution du mariage et à cause de cela sont absolument défendues par les lois de l'Évangile. Les divisions qui arrivèrent à cette occasion dans la famille d'Abraham montrent que ces sortes de mariages avaient d’ordinaire des suites funestes.

Cependant, il faut remarquer que Dieu prit soin de l’enfant d’Agar et qu’il promit de le bénir parce qu’il était fils d'Abraham et ce fut aussi ce qui arriva, la postérité d’Ismaël ayant été très puissante et très nombreuse et ayant subsisté longtemps dans les siècles suivants, comme nous l'apprenons de l'histoire.

CHAPITRE XVII.

Dieu confirme de nouveau l'alliance qu’il avait traitée avec Abraham et les promesses qu’il lui avaient faites et pour l'en assurer, il lui change son nom. Il lui donne la loi de la circoncision, il lui promet la naissance d'Isaac, et Abraham obéissant à l'ordre de Dieu fut circoncis avec toute sa maison.

1 Puis Abram étant âgé de quatre-vingt-dix-neuf ans, l’Éternel lui apparut et lui dit : Je suis le Dieu fort, tout-puissant : Marche devant ma face, et en intégrité.

2 Et je ferai alliance avec toi, et je te multiplierai très abondamment.

3 Alors Abram tomba sur sa face ; et Dieu lui parla et lui dit :

4 Quant à, moi, voici, mon alliance est avec toi, et tu deviendras père d’une multitude de nations.

5 Et tu ne seras plus appelé Abram, mais ton nom sera Abraham ; car je t’ai établi pour être le père d’une multitude de nations.

6 Et je te ferai croître très abondamment, et je te ferai devenir des nations ; même des rois sortiront de toi.

7 J’établirai donc mon alliance entre moi et toi, et entre ta postérité après toi dans leurs âges, pour être une alliance éternelle, afin que je sois ton Dieu, et le Dieu de ta postérité après toi.

8 Et je te donnerai, et à ta postérité après toi, le pays où tu demeures comme étranger, tout le pays de Canaan, en possession perpétuelle ; et je leur serai Dieu.

9 Dieu dit encore à Abraham : Mais toi, tu garderas mon alliance, toi et ta postérité après toi, dans leurs âges.

10 C’est ici l’alliance que j’ai faite avec vous, et avec ta postérité après toi ; vous la garderez : tout mâle d’entre vous sera circoncis :

11 Vous circoncirez la chair de votre prépuce, et cela sera pour un signe de l’alliance qui est entre moi et vous.

12 Tout enfant mâle de huit jours sera circoncis parmi vous dans vos générations, tant celui qui est né en la maison, que l’esclave acheté par argent de tout étranger qui n’est point de ta race.

13 On ne manquera donc point de circoncire celui qui est né en ta maison, et celui qui est acheté de ton argent ; et mon alliance sera dans votre chair, pour être une alliance perpétuelle.

14 Et le mâle incirconcis, duquel la chair du prépuce n’aura point été circoncise, sera retranché du milieu de ses peuples, parce qu’il aura violé mon alliance.

15 Dieu dit aussi à Abraham : Quant à Saraï, ta femme, tu ne l’appelleras plus Saraï, mais son nom sera Sara.

16 Et je la bénirai ; et même je te donnerai d’elle un fils. Je la bénirai, et elle deviendra des nations ; et des rois de peuples sortiront d’elle.

17 Alors Abraham se prosterna la face en terre, et il sourit, en disant en son cœur : Naîtrait-il un fils à un homme âgé de cent ans ? Et Sara, âgée de quatre-vingt-dix ans, aurait-elle un enfant ?

18 Et Abraham dit à Dieu : Je te prie qu’Ismaël vive devant toi.

19 Et Dieu dit : Certainement, Sara ta femme t’enfantera un fils, et tu l’appelleras Isaac, et j’établirai mon alliance avec lui, pour être une alliance perpétuelle pour sa postérité après lui.

20 Je t’ai aussi exaucé touchant Ismaël : voici, je l’ai béni, et je le ferai croître et multiplier très abondamment. Il sera père de douze princes ; et je le ferai devenir une grande nation.

21 Mais j’établirai mon alliance avec Isaac, que Sara t’enfantera dans un an, en cette même saison.

22 Et après que Dieu eut achevé de parler, il remonta de devant Abraham.

23 Et Abraham prit son fils Ismaël, et tous ceux qui étaient nés en sa maison, et tous ceux qu’il avait achetés de son argent, tous les mâles qui étaient des gens de sa maison ; et il circoncit la chair de leur prépuce, en ce même jour-là, comme Dieu lui avait dit.

24 Abraham était âgé de quatre-vingt-dix-neuf ans, quand il se circoncit.

25 Et Ismaël son fils avait treize ans, lorsqu’il fut circoncis.

26 Abraham et Ismaël son fils furent circoncis en un même jour.

27 Et toutes les personnes de sa maison, tant ceux qui étaient nés en la maison, que ceux qui avaient été achetés des étrangers par argent, furent circoncis avec lui.

REFLEXIONS
La principale instruction que nous devons tirer de ce chapitre qui contient l'institution de la circoncision est celle que St. Paul nous donne au chapitre IV de l'épître aux Romains. Cet apôtre remarque que lorsqu’Abraham reçut le signe de la circoncision, il avait déjà été justifié auparavant par la foi, d'où il conclut que ce n'est ni la circoncision, ni aucune cérémonie extérieure qui rendent les hommes agréables à Dieu et qu'il n'y a qu'une foi sincère et accompagnée de l'obéissance qui produise cet effet. Cependant, cette même histoire montre qu'il ne faut pas mépriser ou négliger les signes extérieurs de l'alliance divine et en particulier les cérémonies et les sacrements que Dieu a établis pour fortifier notre foi et pour confirmer ses promesses, qu'au contraire nous devons les respecter, les observer religieusement et en faire un usage qui serve à nous affermir dans la foi et dans l'amour de Dieu et à nous exciter de plus en plus à la piété.

CHAPITRE XVIII.

Trois anges apparaissent à Abraham qui lui promettent la naissance d’Isaac et qui l'avertissent que Dieu allait détruire Sodome et Gomorre. Abraham intercède auprès du Seigneur pour les habitants de Sodome, mais inutilement, Dieu lui ayant fait comprendre que la corruption de ces gens-là était parvenue à son comble et que leur ruine était arrêtée et inévitable.

1 Puis l’Éternel apparut à Abraham dans les plaines de Mamré, comme il était assis à la porte de sa tente pendant la chaleur du jour.

2 Car, levant ses yeux, il regarda, et voici, trois hommes parurent près de lui ; et dès qu’il les eut aperçus, il courut au-devant d’eux, de la porte de sa tente, et il se prosterna en terre ;

3 Et il dit : Mon Seigneur, je te prie, si j’ai trouvé grâce à tes yeux, ne passe point, je te prie, la tente de ton serviteur.

4 Qu’on prenne, je vous prie, un peu d’eau, et lavez vos pieds ; cependant reposez-vous sous un arbre.

5 Et j’apporterai un morceau de pain, afin de fortifier votre cœur, ensuite vous passerez outre ; car c’est pour cela que vous êtes venus vers votre serviteur. Et ils dirent : Fais ce que tu as dit.

6 Abraham donc s’en alla en hâte dans la tente vers Sara, et lui dit : Hâte-toi, prends trois mesures de fleur de farine, pétris-les, et fais des gâteaux.

7 Puis Abraham courut à son troupeau, et il y prit un veau tendre et bon, et il le donna à un serviteur, qui se hâta de l’apprêter.

8 Ensuite il prit du beurre et du lait, et le veau qu’on avait apprêté, et il le mit devant eux. Il se tenait auprès d’eux sous l’arbre, et ils mangèrent.

9 Et ils lui dirent : Où est Sara ta femme ? Et il répondit : La voilà dans la tente.

10 Et un d’entre eux dit : Je ne manquerai pas de revenir vers toi dans un an, en ce même temps où nous sommes ; et voici, Sara ta femme aura un fils. Et Sara l’écoutait à la porte de la tente, laquelle était derrière lui.

11 Or, Abraham et Sara étaient vieux et avancés en âge ; et Sara n’avait plus ce que les femmes ont accoutumé d’avoir.

12 Et Sara rit en soi-même, disant : Etant vieille, aurai-je cette satisfaction ? mon seigneur étant fort âgé.

13 Et l’Éternel dit à Abraham : Pourquoi Sara a-t-elle ri, en disant : Serait-il vrai que j’aurais un enfant, étant vieille comme je suis ?

14 Y a-t-il quelque chose qui soit caché à l’Éternel ? je reviendrai vers toi en cette saison, en ce même temps où nous sommes, et Sara aura un fils.

15 Et Sara nia d’avoir ri, disant : Je n’ai point ri, car elle eut peur. Mais il dit : Cela n’est pas ainsi ; car tu as ri.

16 Et ces hommes se levèrent de là, et regardèrent vers Sodome ; et Abraham marchait avec eux, pour les conduire.

17 Et l’Éternel dit : Cacherai-je à Abraham ce que je m’en vais faire ?

18 Puisque Abraham doit certainement être une nation grande et puissante, et que toutes les nations de la terre seront bénies en lui ?

19 Car je le connais, et je sais qu’il commandera à ses enfants, et à sa maison après lui, de garder la voie de l’Éternel, pour faire ce qui est juste et droit ; afin que l’Éternel fasse venir sur Abraham tout ce qu’il lui a dit.

20 Et l’Éternel dit : Parce que le cri de Sodome et de Gomorre est augmenté, et que leur péché est très grief ;

21 Je descendrai maintenant et je verrai, s’ils ont entièrement fait toutes les choses dont le cri est venu jusqu’à moi ; et si cela n’est pas, je le saurai.

22 Ces hommes donc partant de là, allaient vers Sodome ; mais Abraham se tint encore devant l’Éternel.

23 Et Abraham s’approcha et dit : Feras-tu périr même le juste avec le méchant ?

24 Peut-être y a-t-il cinquante justes dans la ville, les feras-tu périr aussi ? Ne pardonneras-tu point à la ville, à cause de cinquante justes, s’ils y étaient ?

25 Il ne sera pas dit de toi que tu fasses mourir le juste avec le méchant, et que le juste soit traité comme le méchant. Non, cela ne sera pas dit de toi. Celui qui juge toute la terre, ne fera-t-il point justice ?

26 Et l’Éternel dit : Si je trouve en Sodome cinquante justes dans la ville, je pardonnerai à tout le lieu, pour l’amour d’eux.

27 Et Abraham répondit, disant : Voici, maintenant j’ai pris la hardiesse de parler au Seigneur, bien que je ne sois que poudre et que cendre.

28 Peut-être en manquera-t-il cinq des cinquante justes : détruiras-tu toute la ville pour cinq qui manqueraient ? Et il lui répondit : Je ne la détruirai point, si j’y trouve quarante-cinq justes.

29 Et Abraham continua de lui parler, en disant : Peut-être ne s’en trouvera-t-il que quarante ? Et il dit : Je ne détruirai point la ville à cause de ces quarante.

30 Et Abraham dit : Je prie le Seigneur de ne s’irriter pas, si je parle encore : Peut-être s’en trouvera-t-il trente ? Et il dit : Je ne la détruirai point, si j’y en trouve trente.

31 Et Abraham dit : Voici maintenant, j’ai pris la hardiesse de parler au Seigneur : Peut-être s’en trouvera-t-il vingt ? Et il dit : Je ne la détruirai point à cause de ces vingt.

32 Et Abraham dit : Je prie que le Seigneur ne se fâche point ; je parlerai encore une seule fois : Peut-être s’y en trouvera-t-il dix ? Et il dit : Je ne la détruirai point à cause de ces dix.

33 Et l’Éternel s’en alla, quand il eut cessé de parler à Abraham. Et Abraham retourna en son lieu.

REFLEXIONS
Ce chapitre nous présente quatre réflexions principales :

I. La première est celle que St. Paul fait dans l’épître aux Hébreux, sur ce qu'Abraham reçut les trois anges qui lui apparurent : N’oubliez pas, dit-il l’hospitalité, car par elle, quelques-uns ont logé des anges chez eux sans le savoir.

II. La deuxième réflexion est qu’il s’est écoulé plusieurs années sans que le fils que Dieu avait promis à Abraham naquît, mais que les anges lui annoncèrent qu’Isaac naîtrait cette année-là. C’est ainsi que les promesses de Dieu se trouvent toujours véritables quoiqu'il diffère de les exécuter.
III. Il est à remarquer en troisième lieu que Dieu étant sur le point de détruire Sodome voulut le faire connaître à Abraham afin que ce patriarche reconnût que cette ruine procédait de Dieu et qu’il fût engagé par là à craindre toujours le Seigneur, à se confier en ses promesses et à faire régner la piété dans sa famille. On voit par-là que Dieu se communique à ceux qui le servent fidèlement. Cela nous montre aussi que la considération des jugements de Dieu doit nous inciter à le craindre, que le devoir des pères est de recommander surtout à leurs enfants de marcher dans les voies du Seigneur et que Dieu bénit la postérité des hommes droits.

IV. La quatrième réflexion regarde l’intercession d’Abraham en faveur de ceux de Sodome et le refus que Dieu fit de leur pardonner parce qu’il n’y avait pas dix justes dans cette ville. Apprenons de là que nous devons prier les uns pour les autres et tâcher en particulier de détourner la colère de Dieu de dessus ceux qui en sont menacés, que Dieu a beaucoup d'égard aux prières et à la piété des justes et qu'il épargne quelque fois les villes et les peuples pour l’amour d’eux, mais que lorsque le nombre des gens de bien est fort diminué et que le crime et l’impiété prévalent, les prières des justes sont inutiles et que rien ne garantit les pécheurs de la vengeance céleste.

 CHAPITRE XIX.

Ce chapitre contient l'histoire de la destruction de Sodome et des lieux voisins qui furent consumés par le feu du ciel. Lot ayant été préservé de cette destruction se retira à Tsohar avec ses deux filles.

1 Or, sur le soir les deux anges vinrent à Sodome. Et Lot, qui était assis à la porte de Sodome, les ayant vus, se leva pour aller au-devant d’eux, et il se prosterna le visage en terre.

2 Et il leur dit : Voici, je vous prie, Messieurs, retirez-vous maintenant dans la maison de votre serviteur, et y logez cette nuit ; lavez aussi vos pieds, et vous vous lèverez de bon matin, et vous continuerez votre chemin. Non, dirent-ils, mais nous passerons cette nuit dans la rue.

3 Mais il les pressa tant qu’ils se retirèrent chez lui. Et quand ils furent entrés dans sa maison, il leur fit un festin, et fit cuire des pains sans levain, et ils mangèrent.

4 Mais avant qu’ils s’allassent coucher, les hommes de la ville, les hommes, dis-je, de Sodome, environnèrent la maison, depuis les plus jeunes jusqu’aux vieillards, tout le peuple, depuis un bout jusqu’à l’autre.

5 Et appelant Lot, ils lui dirent : Où sont ces hommes qui sont venus cette nuit chez toi ? Fais-les sortir, afin que nous les connaissions.

6 Alors Lot sortit de sa maison, pour leur parler à la porte, et ayant fermé la porte après soi,

7 Il leur dit : Je vous prie, mes frères, ne leur faites point de mal.

8 Voici, j’ai deux filles qui n’ont point encore connu d’homme ; je vous les amènerai, et vous les traiterez comme il vous plaira, pourvu que vous ne fassiez point de mal à ces hommes, parce qu’ils sont venus à l’ombre de mon toit.

9 Et ils lui dirent : Retire-toi de là. Ils dirent encore : Cet homme seul est venu pour habiter ici comme étranger, et il nous jugera ! Maintenant nous te traiterons plus mal qu’eux. Et ils faisaient violence à Lot, et s’approchèrent pour rompre la porte.

10 Mais ces hommes avançant leurs mains, firent rentrer Lot dans la maison, et fermèrent la porte.

11 Ils frappèrent ensuite d’éblouissement les hommes qui étaient à la porte de la maison, depuis le plus petit jusqu’au plus grand ; de sorte qu’ils se lassèrent à chercher la porte.

12 Alors ces hommes dirent à Lot : Qui as-tu encore ici qui t’appartienne ; ou un gendre, ou des fils ou des filles, ou quelque autre de tes proches dans la ville ? Fais-les sortir de ce lieu.

13 Car nous allons détruire ce lieu, parce que le cri des péchés de ses habitants s’est élevé devant l’Éternel, et il nous a envoyés pour le détruire.

14 Lot donc sortit et parla à ses gendres, qui devaient prendre ses filles, et leur dit : Levez-vous, et sortez de ce lieu ; car l’Éternel va détruire la ville. Mais il semblait à ses gendres qu’il se moquait.

15 Et sitôt que l’aube du jour fut levée, les anges pressèrent Lot, disant : Lève-toi, prends ta femme et tes deux filles, qui se trouvent ici, de peur que tu ne périsses dans la punition que je vais faire de la ville.

16 Et comme il tardait, ces hommes le prirent par la main ; ils prirent aussi par la main sa femme et ses deux filles, parce que l’Éternel l’épargnait ; et ils l’emmenèrent et le mirent hors de la ville.

17 Or, dès qu’ils les eurent fait sortir de la ville, l’un d’eux dit : Sauve ta vie, ne regarde point derrière toi, et ne t’arrête en aucun endroit de la plaine ; sauve-toi sur la montagne, de peur que tu ne périsses.

18 Et Lot leur répondit : Non, Seigneur, je te prie ;

19 Voici, ton serviteur a maintenant trouvé grâce devant toi, et tu as signalé ta miséricorde envers moi en me sauvant la vie. Mais je ne me pourrai sauver sur la montagne, que le mal ne m’atteigne, et que je ne meure.

20 Voici, je te prie, il y a ici près une ville où je puis m’enfuir, et elle est petite ; je te prie, que je m’y sauve. N’est-elle pas petite ? et mon âme vivra.

21 Et il lui dit : Voici, je t’accorde encore cette grâce, de ne détruire point la ville dont tu as parlé.

22 Hâte-toi, sauve-toi là ; car je ne pourrai rien faire jusqu’à ce que tu y sois entré. C’est pour cette raison que cette ville fut appelée Tsohar.

23 Comme le soleil se levait sur la terre, Lot entra dans Tsohar.

24 Alors l’Éternel fit pleuvoir des cieux, sur Sodome et sur Gomorre, du soufre et du feu, de la part de l’Éternel ;

25 Et il détruisit ces villes-là, et toute la plaine, et tous les habitants des villes, et le germe de la terre.

26 Mais la femme de Lot regarda derrière soi, et elle devint une statue de sel.

27 Et Abraham se levant de bon matin, vint au lieu où il s’était tenu devant l’Éternel.

28 Et regardant vers Sodome et Gomorre, et vers toute la terre de cette plaine-là, il vit monter de la terre une fumée comme la fumée d’une fournaise.

29 Lorsque Dieu détruisait les villes de la plaine, il se souvint d’Abraham, et il fit partir Lot, afin qu’il ne fût point dans cette ruine, quand il détruisit les villes où Lot habitait.

30 Et Lot monta de Tsohar, et habita sur la montagne avec ses deux filles, car il craignait de demeurer dans Tsohar ; et il se retira dans une caverne avec ses deux filles.

31 Et l’aînée dit à la plus jeune : Notre père est vieux, et il n’y a personne sur la terre pour venir vers nous, selon la coutume de tous les pays.

32 Viens, donnons du vin à notre père, et couchons avec lui, afin que nous conservions la race de notre père.

33 Elles donnèrent donc du vin à boire à leur père cette nuit-là. Et l’aînée vint et coucha avec son père ; mais il ne s’aperçut point, ni quand elle se coucha, ni quand elle se leva.

34 Et le lendemain l’aînée dit à la plus jeune : Voici, j’ai couché la nuit passée avec mon père ; donnons-lui encore cette nuit du vin à boire ; puis va, et couche avec lui, et nous conserverons la race de notre père.

35 En cette nuit-là donc elles donnèrent encore du vin à boire à leur père. Et la plus jeune se leva et coucha avec lui ; mais il ne s’aperçut point, ni quand elle se coucha, ni quand elle se leva.

36 Ainsi les deux filles de Lot conçurent de leur père.

37 L’aînée enfanta un fils, et appela son nom Moab. C’est lui qui est le père des Moabites jusqu’à ce jour.

38 Et la plus jeune aussi enfanta un fils, et appela son nom Ben-Hammi. C’est lui qui est le père des enfants de Hammon jusqu’à ce jour.

REFLEXIONS
Nous avons à remarquer sur la mémorable histoire de la destruction de Sodome et des autres villes voisines :

I. Premièrement que ce qui entraîna les habitants de ces villes-là dans ces crimes affreux, ce fut, comme le dit un prophète, l’orgueil, l’abondance, l’aise et l’oisiveté, aussi bien que la dureté envers les misérables. Ainsi, cet exemple fait voir combien il est dangereux d’être trop à son aise et de se livrer aux plaisirs et en particulier à quels excès la sensualité et l'impureté peuvent porter les hommes.

II. Ce terrible jugement que Dieu exerça sur Sodome est une preuve du jugement et de la condamnation qu’il réserve à tous les impies et en particulier à ceux qui se livrent à des passions infâmes. C'est ce que St. Pierre nous enseigne lorsqu'il dit : Que si Dieu a condamné à une entière destruction les villes de Sodome et de Gomorre, les réduisant en cendre et les mettant en exemple pour ceux qui vivraient dans l'impiété, il réserve aussi tous les injustes pour être punis au jour du jugement et principalement ceux qui suivent les désirs de la chair et les cupidités infâmes.

III. Le même apôtre remarque sur cette histoire : Que Dieu délivra le juste Lot de l'embrasement de Sodome, que cet homme de bien qui habitait parmi ces abominables affligeait tous les jours son âme juste à cause de ce qu’il voyait et de ce qu’il entendait de leurs méchantes actions et que c’est ainsi que Dieu sait délivrer de la tentation et de l'affliction ceux qui l'honorent.

IV. On voit dans cette histoire que les gendres de Lot furent enveloppés dans la destruction de Sodome pour s'être moqué des avertissements que Lot leur avait donnés et que sa femme fut changée en une statue de sel parce qu'elle tourna ses yeux et son cœur du côté de cette ville d'où elle était sortie. Ces deux exemples nous apprennent à profiter des avertissements que Dieu nous fait donner, à craindre ses menaces et à le suivre quand il nous appelle, sans regarder aux choses du monde. C’est à quoi notre Seigneur nous exhorte lorsqu’il dit dans l’Évangile : Souvenez-vous de la femme de Lot. Enfin, ce qui arriva à Lot lui-même et à ses deux filles après qu’il fut échappé de la ruine de Sodome nous montre que nous devons être toujours et partout sur nos gardes, éviter toutes les occasions de pécher et nous éloigner particulièrement de l'intempérance à cause des suites funestes qu’elle a ordinairement.

 CHAPITRE XX.

Abraham étant allé demeurer à Guerar, Abimelec, roi de ce lieu-là, lui enlève sa femme et la lui rend ensuite par le commandement de Dieu.

 1 Abraham s’en alla de là au pays du Midi, et demeura entre Kadès et Sçur, et habita comme étranger à Guérar.

2 Et Abraham dit de Sara sa femme : C’est ma sœur. Abimélec donc, roi de Guérar, envoya des gens pour enlever Sara.

3 Mais Dieu, pendant la nuit, apparut en songe à Abimélec, et lui dit : Voici, tu es mort, à cause de la femme que tu as prise ; car elle a un mari.

4 Or, Abimélec ne s’était point approché d’elle. Il répondit donc : Seigneur, puniras-tu aussi de mort la nation juste ?

5 Ne m’a-t-il pas dit : C’est ma sœur ? Elle-même aussi n’a-t-elle pas dit : C’est mon frère ? J’ai fait ceci dans l’intégrité de mon cœur, et avec des mains pures.

6 Et Dieu lui dit en songe : Je sais aussi que tu l’as fait dans l’intégrité de ton cœur ; aussi n’ai-je pas permis que tu ne péchasses contre moi ; et c’est pour cela que je ne t’ai point permis de la toucher.

7 Maintenant donc, rends la femme à cet homme ; car il est prophète, et il priera pour toi, et tu vivras. Mais si tu ne la rends pas, sache que tu mourras certainement, et tout ce qui est à toi.

8 Et Abimélec se leva de bon matin, et appela tous ses serviteurs, et il leur fit entendre toutes ces choses ; et ils furent saisis de crainte.

9 Puis, Abimélec appela Abraham et lui dit : Que nous as-tu fait ? Et en quoi t’ai-je offensé, que tu aies fait venir sur moi et mon royaume un si grand péché ? Tu m’as fait des choses qui ne se doivent pas faire.

10 Abimélec dit aussi à Abraham : Qu’as-tu vu, qui t’ait obligé de faire cela ?

11 Et Abraham répondit : Je l’ai fait, parce que je disais en moi-même : Sans doute il n’y a point de crainte de Dieu en ce lieu-ci, et ils me tueront à cause de ma femme.

12 Mais aussi, à la vérité, elle est ma sœur, fille de mon père, bien qu’elle ne soit point fille de ma mère ; et elle m’a été donnée pour femme.

13 Or, il est arrivé que quand Dieu m’a conduit çà et là, hors de la maison de mon père, je lui ai dit : c’est ici la faveur que tu me feras : Dans tous les lieux où nous viendrons, dis de moi : C’est mon frère.

14 Alors Abimélec prit des brebis, des bœufs, des serviteurs et des servantes, et il les donna à Abraham, et lui rendit Sara sa femme.

15 Et il lui dit : Voici, mon pays est à ta disposition ; habite où il te plaira.

16 Et il dit à Sara : J’ai donné à ton frère mille pièces d’argent ; voici, il t’est un voile sur les yeux devant tous ceux qui sont avec toi, et devant tous les autres. C’est ainsi qu’elle fut reprise.

17 Et Abraham pria Dieu ; et Dieu guérit Abimélec, sa femme et ses servantes, et elles enfantèrent.

18 Car l’Éternel avait entièrement rendu stérile toute la maison d’Abimélec, à cause de Sara, femme d’Abraham.

REFLEXIONS
I. Ce qui arriva à Abraham lorsqu'Abimelec lui enleva sa femme et la punition que Dieu envoya à cause de cela à ce prince nous fait voir qu'Abraham était exposé à bien des traverses, mais que Dieu l'accompagnait partout et le couvrait de sa protection.

II. Il parait en second lieu de cette histoire que le vrai Dieu était connu dans le pays où Abraham était alors et que même on y avait quelque crainte de la divinité, c'est ce que l'apparition de Dieu à Abimelec et la réponse de ce roi prouvent clairement.

III. L'obéissance d'Abimelec qui rendit Sara aussitôt que Dieu lui eut fait connaître qu'elle était femme d'Abraham et l'horreur que ce prince avait pour l'adultère montrent qu'il craignait d'offenser Dieu et ce roi s'élèvera en jugement contre tant de princes chrétiens qui, étant si clairement avertis de la volonté de Dieu, n'y ont aucun égard et s'abandonnent au péché et en particulier à toutes sortes d'impuretés et de dissolutions.

IV. Enfin, la guérison que Dieu accorda à Abimelec, après qu'il eut rendu Sara et qu'Abraham eut prié pour lui, nous apprend que Dieu pardonne les péchés commis par ignorance, qu'il fait cesser le châtiment aussitôt qu'on évite de pécher et que les prières et l'intercession des gens de bien ont une grande efficace devant lui.

CHAPITRE XXI.

Ce chapitre raconte :

I. La naissance d'Isaac. II. L’occasion pour laquelle Ismaël fut chassé de la maison d'Abraham avec Agar sa mère et la manière dont Dieu conserva la vie à Ismaël. III. L’alliance d'Abraham avec le roi Abimelec.

1 Et l’Éternel visita Sara, comme il l’avait dit, et il lui fit ainsi qu’il en avait parlé.

2 Sara donc conçut, et enfanta un fils à Abraham en sa vieillesse, dans la saison que Dieu lui avait dit.

3 Et Abraham appela son fils (qui lui était né, et que Sara lui avait enfanté) Isaac.

4 Et Abraham circoncit son fils Isaac âgé de huit jours, comme Dieu lui avait commandé.

5 Or, Abraham était âgé de cent ans, quand Isaac, son fils, lui naquit.

6 Et Sara dit : Dieu m’a donné un sujet de rire ; tous ceux qui l’apprendront, riront avec moi.

7 Elle dit aussi : Qui eût dit à Abraham que Sara allaiterait des enfants ? car je lui ai enfanté un fils en sa vieillesse.

8 Et l’enfant crût, et fut sevré. Et Abraham fit un grand festin au jour qu’Isaac fut sevré.

9 Et Sara vit que le fils d’Agar, Égyptienne, qu’elle avait enfanté à Abraham, se moquait.

10 Et elle dit à Abraham : Chasse cette servante et son fils ; car le fils de cette servante n’héritera point avec mon fils, avec Isaac.

11 Et cela déplut fort à Abraham, à l’occasion de son fils.

12 Mais Dieu dit à Abraham : N’aie point de chagrin à l’occasion de cet enfant, ni de ta servante. Dans toutes les choses que te dira Sara, obéis à sa parole ; car c’est en Isaac que ta postérité sera appelée de ton nom.

13 Et, toutefois, je ferai aussi devenir le fils de la servante une nation, parce qu’il est de ta race.

14 Alors Abraham se leva de bon matin et prit du pain et une bouteille d’eau, et il les donna à Agar, en les mettant sur son épaule ; il lui donna aussi son enfant et la renvoya. Et elle se mit en chemin, et fut errante au désert de Béer-scébah.

15 Or, quand l’eau de la bouteille eut manqué, elle mit son enfant sous un arbrisseau.

16 Et elle s’éloigna de lui à la distance d’un trait d’arc, et s’assit vis-à-vis ; car elle dit : Que je ne voie point mourir cet enfant. Et s’étant assise vis-à-vis, elle éleva sa voix, et pleura.

17 Et Dieu entendit la voix du jeune garçon, et l’ange de Dieu appela des cieux Agar, et lui dit : Qu’as-tu, Agar ? Ne crains point, car Dieu a entendu la voix du jeune garçon, du lieu où il est.

18 Lève-toi, lève ce jeune garçon, et prends-le par la main ; car je le ferai devenir une grande nation.

19 Et Dieu ouvrit ses yeux ; et elle, ayant vu un puits d’eau, s’y en alla, et remplit la bouteille d’eau, et donna à boire à ce jeune garçon.

20 Et Dieu fut avec ce jeune garçon, qui devint grand, et habita au désert ; et il fut tireur d’arc.

21 Et il demeura au désert de Paran. Et sa mère lui prit une femme du pays d’Égypte.

22 Et il arriva qu’en ce temps-là Abimélec, accompagné de Picol, chef de son armée, parla à Abraham, disant : Dieu est avec toi dans toutes les choses que tu fais.

23 Maintenant donc, jure-moi par le nom de Dieu que tu ne me mentiras point, ni à mes enfants, ni aux enfants de mes enfants, et que tu me traiteras, et le pays auquel tu as habité comme étranger, avec la même bonté avec laquelle je t’ai traité.

24 Et Abraham répondit : Je te le jurerai.

25 Mais Abraham fit ses plaintes à Abimélec, à l’occasion d’un puits d’eau dont les serviteurs d’Abimélec s’étaient emparés par violence.

26 Et Abimélec dit : Je n’ai point su qui a fait cela ; tu ne m’en as point aussi averti, et je n’en ai point ouï parler jusqu’à ce jour.

27 Alors Abraham prit des brebis et des bœufs, et les donna à Abimélec, et ils firent alliance ensemble.

28 Et Abraham mit à part sept jeunes brebis de sa bergerie.

29 Et Abimélec dit à Abraham : Que veulent dire ces sept brebis que tu as mises à part ?

30 Et il répondit : C’est que tu prendras ces sept jeunes brebis de ma main, afin qu’elles me servent de témoignage, que j’ai creusé ce puits.

31 C’est pourquoi on appela ce lieu-là Béer-scébah ; car tous deux y jurèrent.

32 Ils traitèrent donc alliance en Béer-scébah. Puis Abimélec se leva avec Picol, chef de son armée, et ils retournèrent au pays des Philistins.

33 Et Abraham planta une chênaie en Béer-scébah, et il invoqua là le nom de l’Éternel, le Dieu fort d’éternité.

34 Et Abraham habita longtemps comme étranger au pays des Philistins.

REFLEXIONS
I. La première réflexion qu’il faut faire sur ce chapitre regarde la naissance d’Isaac qui naquit à Abraham quoique ce patriarche et Sara sa femme fussent d'un âge fort avancé. On voit dans cet événement l’accomplissement des promesses que Dieu avait faites à Abraham de lui donner un fils qui serait son héritier et qui aurait part à l'alliance divine. On y remarque de plus la vertu de la foi, puisque comme St. Paul le dit dans l’épître aux Hébreux, ce fut par la foi aux promesses de Dieu qu’Abraham et Sara eurent ce fils qui leur avait été promis. II. Sur ce que Dieu voulut qu'Ismaël sortit de la maison d'Abraham et qu'il ne fut pas son héritier, St. Paul remarque que tous ceux qui descendaient d’Abraham n’étaient pas réputés ses enfants et n’appartenaient pas à l'élection divine, que Dieu fait part de ses grâces à qui bon lui semble et dans la mesure qu'il le trouve à propos et que la naissance charnelle, nom plus que la simple profession de religion ne servent de rien à ceux qui n'ont pas une véritable foi. Il est cependant à remarquer que Dieu prit soin d’Ismaël et qu’il le bénit parce qu’il descendait d’Abraham bien qu’il fût exclu des avantages qui avaient été promis à Isaac. Dieu distribue ses faveurs dans un degré différent et il ne laisse pas de faire du bien à ceux-là même qui sont exclus de certains privilèges particuliers.

III. Enfin, l'alliance qu'Abraham traita avec Abimelec montre qu'il est permis aux personnes qui craignent Dieu de contracter des alliances pour leur sûreté et que ces alliances doivent être gardées inviolablement.

CHAPITRE XXII.

Ce chapitre contient l'histoire du sacrifice d'Abraham, et le dénombrement des enfants de Nacor son frère.

1 Il arriva après ces choses que Dieu éprouva Abraham et lui dit : Abraham ; et il répondit : Me voici.

2 Dieu lui dit encore : Prends maintenant ton fils, ton unique, celui que tu aimes, savoir, Isaac, et va-t’en au pays de Morija, pour l’offrir là en holocauste, sur une des montagnes que je te dirai.

3 Abraham donc s’étant levé de bon matin, bâta son âne, et prit deux de ses serviteurs avec lui, et Isaac son fils. Et ayant fendu le bois pour l’holocauste, il se mit en chemin et s’en alla au lieu que Dieu lui avait dit.

4 Au troisième jour, Abraham levant ses yeux, vit le lieu de loin.

5 Et il dit à ses serviteurs : Demeurez ici avec l’âne. Nous marcherons, l’enfant et moi, jusque-là, et nous adorerons l’Eternel ; ensuite nous reviendrons à vous.

6 Et Abraham prit le bois de l’holocauste, et le mit sur Isaac son fils, et prit le feu en sa main, et un couteau, et ils s’en allèrent tous deux ensemble.

7 Alors Isaac parla à Abraham son père, et dit : Mon père. Abraham répondit : Me voici, mon fils. Et il dit : Voici le feu et le bois ; mais où est la bête pour l’holocauste ?

8 Et Abraham répondit : Mon fils, Dieu se pourvoira lui-même pour l’holocauste. Et ils marchaient tous deux ensemble.

9 Et étant venus au lieu que Dieu lui avait dit, Abraham bâtit là un autel, et rangea le bois, et il lia Isaac son fils et le mit sur le bois qu’il avait dressé sur l’autel.

10 Puis Abraham, avançant sa main, prit le couteau pour égorger son fils.

11 Mais l’ange de l’Eternel lui cria des cieux, disant : Abraham, Abraham. Et il répondit : Me voici.

12 Et il lui dit : Ne mets pas ta main sur l’enfant, et ne lui fais point de mal ; car maintenant j’ai connu que tu crains Dieu, puisque tu n’as point épargné ton fils, ton unique, pour moi.

13 Et Abraham, levant ses yeux, regarda, et voici, derrière lui un bélier qui était retenu à un buisson par les cornes. Alors Abraham alla prendre le bélier et l’offrit en holocauste à la place de son fils.

14 Et Abraham appela ce lieu-là, l’Eternel y pourvoira. C’est pourquoi on dit aujourd’hui : Il y sera pourvu sur la montagne de l’Eternel.

15 Et l’ange de l’Eternel cria des cieux à Abraham pour la seconde fois,

16 disant : J’ai juré par moi-même, dit l’Eternel, parce que tu as fait cela, et que tu n’as point épargné ton fils, ton unique ;

17 certainement, je te bénirai, et je multiplierai très abondamment ta postérité, comme les étoiles des cieux, et comme le sable qui est sur le bord de la mer, et ta postérité possédera la porte de ses ennemis.

18 Et toutes les nations de la terre seront bénies en ta postérité, parce que tu as obéi à ma voix.

19 Ainsi Abraham retourna vers ses serviteurs ; et ils se levèrent et s’en allèrent ensemble en Béer-sçébah ; car Abraham habitait en Béer-sçébah.

20 Or, après ces choses-là, quelqu’un vint rapporter à Abraham, disant : Voici, Milca a aussi enfanté des enfants à Nacor ton frère ;

21 savoir, Huts son premier-né, Buz son frère, et Kémuel, père d’Aram ;

22 et Késed, Hazo, Pildas, Jidlaph, et Béthuël.

23 Et Béthuël a engendré Rébecca. Milca enfanta ces huit à Nacor, frère d’Abraham.

24 Et sa concubine, nommée Réuma, enfanta aussi Tébah, Gaham, Tahas et Mahaca.

REFLEXIONS
Il faut considérer avec une grande attention cette belle histoire. Nous y voyons premièrement :
I. La vérité de ce que St. Paul et St. Jacques nous enseignent, qu'Abraham fit paraître sa foi par ses œuvres lorsque Dieu l'éprouva et lui commanda d'offrir son fils unique. Par-là, nous voyons bien clairement que la véritable foi porte ceux qu'elle anime à faire tout ce que Dieu leur ordonne, qu'ainsi nous ne saurions plaire à Dieu, ni être justifié, si la foi ne produit en nous l'obéissance à ses commandements et la pratique des bonnes œuvres.

II. Cet admirable exemple de l'obéissance d'Abraham qui exécuta les ordres que Dieu lui avait donnés et qui obéit dans une chose aussi difficile que celle-ci nous montre qu'il faut aimer Dieu par-dessus tout, être prêts à lui sacrifier ce que nous avons de plus cher, nous soumettre à sa volonté, même dans les épreuves les plus rudes et les plus fâcheuses et nous confier toujours en sa providence.

III. Il faut faire une attention particulière aux assurances réitérées que Dieu donna de sa faveur à Abraham, en lui faisant dire par son ange, après que ce patriarche eut fait son devoir dans cette occasion : Maintenant je connais que tu crains Dieu, parce que tu n 'as point épargné ton fils unique, parce que tu as fait cela, certainement je te bénirai.

Quoi que nous nous devions tout entiers à Dieu et que ce que nous faisons pour lui ne mérite aucune récompense, il ne laisse pas d'avoir pour agréable ce que nous tâchons de faire pour lui marquer que nous l'aimons et de le récompenser abondamment. Enfin, les témoignages qu'Abraham donna de son amour envers Dieu, en lui offrant Isaac, doit nous faire penser à cet amour infini que Dieu nous a marqué en livrant à la mort son fils unique Jésus-Christ notre Seigneur et nous inciter à l'aimer et à lui en rendre nos plus ardentes actions de grâce. 

CHAPITRE XXIII.

Sara étant morte, Abraham achète des Héthiens un champ pour l'enterrer. 

1 Or, Sara vécut cent vingt-sept ans ; ce sont là les années de sa vie.

2 Et elle mourut en Kirjath-Arbah, qui est Hébron, au pays de Canaan. Et Abraham y vint pour en faire le deuil, et pour la pleurer.

3 Et s’étant levé de devant son mort, il parla aux Héthiens, disant :

4 Je suis étranger et habitant parmi vous ; donnez-moi une possession où j’aie droit de sépulcre parmi vous, afin que j’enterre mon mort, et que je l’ôte de devant mes yeux.

5 Et les Héthiens répondirent à Abraham, et lui dirent :

6 Mon seigneur, écoute-nous : Tu es parmi nous un grand prince : enterre ton mort dans celui de nos sépulcres qui te plaira le plus. Nul de nous ne te refusera son sépulcre, afin que tu y enterres ton mort.

7 Alors Abraham se leva, et se prosterna devant le peuple du pays, c’est-à-dire, devant les Héthiens ;

8 Et il leur dit : S’il vous plaît que j’enterre mon mort, et que je l’ôte de devant mes yeux, écoutez-moi, et intercédez pour moi envers Héphron, fils de Tsohar ;

9 Afin qu’il me donne sa caverne de Macpéla, qui est à l’extrémité de son champ. Qu’il me la cède devant vous, pour le prix qu’elle vaut ; et que je la possède, pour en faire un sépulcre.

10 Or Héphron était assis parmi les Héthiens. Héphron donc, Héthien, répondit à Abraham (en la présence des Héthiens qui l’écoutaient, savoir, de tous ceux qui entraient par la porte de sa ville), disant :

11 Non, mon seigneur, écoute-moi : Je te donne le champ, je te donne aussi la caverne qui y est : je te la donne en présence des enfants de mon peuple ; enterres-y ton mort.

12 Et Abraham se prosterna devant le peuple du pays ;

13 et il parla à Héphron, devant tout le peuple du pays, et dit : Mais s’il te plaît, je te prie, écoute-moi : Je te donnerai l’argent du champ ; reçois-le de moi et j’y enterrerai mon mort.

14 Et Héphron répondit à Abraham, disant :

15 Mon seigneur, écoute-moi : La terre vaut quatre cents sicles d’argent entre moi et toi ; mais qu’est-ce que cela ? Enterre donc ton mort.

16 Et Abraham ayant entendu Héphron, lui paya l’argent dont il avait parlé, en présence des Héthiens, savoir, quatre cents sicles d’argent, qui avaient cours entre les marchands.

17 Et le champ d’Héphron, qui était à Macpéla, au-devant de Mamré, tant le champ que la caverne qui y était, et tous les arbres qui étaient dans le champ, et dans tous ses confins tout autour,

18 fut acquis en propriété à Abraham, en présence des Héthiens, savoir, de tous ceux qui entraient par la porte de la ville.

19 Et après cela Abraham enterra Sara sa femme dans la caverne du champ de Macpéla, au-devant de Mamré, qui est Hébron, au pays de Canaan.

20 Le champ donc et la caverne qui y est, fut assuré par les Héthiens à Abraham, afin qu’il le possédât pour y faire son sépulcre. 

REFLEXIONS
Ce qui est dit dans ce chapitre nous apprend premièrement qu'on ne doit pas négliger les devoirs de la sépulture et qu’il ne faut pas s’affliger excessivement pour les morts. Mais la principale réflexion que cette histoire nous présente est qu'Abraham voulut que sa femme fût enterrée dans le pays de Canaan et qu'il y acheta un sépulcre. C’est là une marque de sa foi et de la ferme persuasion où il était que Dieu donnerait ce pays à sa postérité. Nous devons apprendre de là à nous confier aux promesses de Dieu et en particulier à celles qu'il nous a faites de ressusciter nos corps et qui ont été confirmées d'une manière si expresse par la sépulture et par la résurrection de Jésus-Christ. 

CHAPITRE XXIV.

C'est ici l'histoire du mariage d'Isaac avec Rebecca, fille de Béthuel et petite-fille de Nacor, frère d'Abraham. 

1 Et Abraham devint vieux et avancé en âge ; et l’Éternel avait béni Abraham en toutes choses.

2 Abraham donc dit au plus ancien des serviteurs de sa maison, qui avait le gouvernement de tout ce qui lui appartenait : Mets, je te prie, ta main sous ma cuisse ;

3 Et je te ferai jurer par l’Éternel, le Dieu des cieux, et le Dieu de la terre, que tu ne prendras point de femme pour mon fils, des filles des Cananéens, parmi lesquels j’habite.

4 Mais tu t’en iras en mon pays et vers mon parentage, et tu y prendras une femme à mon fils Isaac.

5 Et ce serviteur lui répondit : Peut-être que la femme ne voudra point me suivre en ce pays. Me faudra-t-il nécessairement ramener ton fils au pays d’où tu es sorti ?

6 Abraham lui dit : Garde-toi bien d’y ramener mon fils.

7 L’Éternel, le Dieu des cieux, qui m’a pris de la maison de mon père, et du pays de mon parentage, et qui m’a parlé, et juré, disant : Je donnerai à ta postérité ce pays, enverra lui-même son ange devant toi, et tu prendras une femme de ce pays-là pour mon fils.

8 Que si la femme ne veut pas te suivre, tu seras quitte de ce serment que je te fais faire. Quoi qu’il en soit, ne ramène point-là mon fils.

9 Alors le serviteur mit la main sous la cuisse d’Abraham son maître, et s’engagea par serment à faire ce qu’il avait dit.

10 Et le serviteur ayant pris dix chameaux d’entre ceux de son maître, se mit en chemin ; car il avait tout le bien de son maître en son pouvoir. Il partit donc, et s’en alla en Mésopotamie, en la ville de Nacor.

11 Et il fit reposer les chameaux sur leurs genoux hors de la ville, près d’un puits d’eau, sur le soir, au temps que celles qui allaient puiser de l’eau, sortaient.

12 Et il dit : Ô Éternel, Dieu d’Abraham mon maître, fais que j’aie une heureuse rencontre aujourd’hui, et sois favorable à mon seigneur Abraham.

13 Voici, je suis près de cette fontaine, et les filles des habitants de la ville sortiront pour puiser de l’eau.

14 Fais donc que la jeune fille à laquelle je dirai : Baisse, je te prie, ta cruche, afin que je boive ; et qui me répondra : Bois, et même je donnerai à boire à tes chameaux, soit celle que tu as destinée à ton serviteur Isaac ; et je connaîtrai par-là que tu as été favorable à mon seigneur.

15 Et avant qu’il eût achevé de parler, voici, Rébecca, fille de Béthuël, fils de Milca, femme de Nacor, frère d’Abraham, sortait, ayant sa cruche sur son épaule.

16 Et la jeune fille était très-belle à voir ; elle était vierge, et nul homme ne l’avait connue. Elle descendit donc à la fontaine, et ayant rempli sa cruche, elle remontait.

17 Alors le serviteur courut au-devant d’elle, et lui dit : Donne-moi, je te prie, un peu de l’eau de ta cruche à boire.

18 Et elle lui dit : Mon seigneur, bois. Et incontinent elle ôta sa cruche de dessus son épaule, et la prit en sa main, et elle lui donna à boire.

19 Et après qu’elle eut achevé de lui donner à boire, elle dit : J’en puiserai aussi pour tes chameaux, jusqu’à ce qu’ils aient tous bu.

20 Et ayant vidé promptement sa cruche dans l’abreuvoir, elle courut encore au puits pour en puiser de l’autre, et elle en puisa pour tous ses chameaux.

21 Et cet homme s’étonnait de ce qu’elle faisait, sans rien dire, voulant savoir si l’Éternel aurait fait prospérer son voyage ou non.

22 Et quand les chameaux eurent achevé de boire, cet homme prit une bague d’or, qui pesait un demi-sicle, et deux bracelets pour mettre sur les mains de cette fille, pesant dix sicles d’or.

23 et il lui dit : De qui es-tu fille ? Je te prie, apprends-le-moi. Y a-t-il dans la maison de ton père de la place pour me loger ?

24 Et elle lui répondit : Je suis fille de Béthuël, fils de Milca, qu’elle a enfanté à Nacor.

25 Et elle lui dit aussi : Il y a chez nous beaucoup de paille et de fourrage, et aussi de la place pour y loger.

26 Et cet homme s’inclina et se prosterna devant l’Éternel ;

27 et il dit : Béni soit l’Éternel, le Dieu d’Abraham mon maître, qui a toujours été miséricordieux et véritable envers mon seigneur. Lorsque j’étais en chemin, l’Éternel m’a conduit en la maison des frères de mon seigneur.

28 Et la jeune fille courut, et rapporta ces paroles dans la maison de sa mère.

29 Or, Rébecca avait un frère nommé Laban, qui courut dehors vers cet homme près de la fontaine.

30 Car aussitôt qu’il eut vu la bague et les bracelets aux mains de sa sœur, et qu’il eut entendu les paroles de Rébecca sa sœur, qui avait dit : Cet homme m’a ainsi parlé, il le vint trouver ; et voici, il était près des chameaux vers la fontaine.

31 Et il lui dit : Entre, béni de l’Éternel ; pourquoi te tiens-tu dehors ? J’ai préparé la maison, et un lieu pour tes chameaux.

32 L’homme donc entra dans la maison, et on déharnacha les chameaux, et on leur donna de la paille et du fourrage ; on donna aussi de l’eau, tant pour laver les pieds de cet homme, que les pieds de ceux qui étaient avec lui.

33 Et on lui présenta à manger. Mais il dit : Je ne mangerai point, que je n’aie dit ce que j’ai à dire. Et Laban dit : Parle.

34 Il dit donc : Je suis serviteur d’Abraham.

35 Or, l’Éternel a comblé de bénédictions mon seigneur, et il est devenu grand ; car il lui a donné des brebis, des bœufs, de l’argent, de l’or, des serviteurs, des servantes, des chameaux et des ânes.

36 Et Sara, femme de mon seigneur, lui a enfanté dans sa vieillesse un fils, auquel il a donné tout ce qu’il a.

37 Et mon seigneur m’a fait jurer, en disant : Tu ne prendras point de femme à mon fils, des filles des Cananéens, dans le pays desquels j’habite.

38 Mais tu iras à la maison de mon père, et vers ma parenté, et tu y prendras une femme pour mon fils.

39 Et je dis à mon seigneur : Peut-être que la femme ne me suivra pas.

40 Et il me répondit : L’Éternel, devant la face duquel j’ai marché, enverra son ange avec toi, et fera prospérer ton voyage, et tu prendras une femme à mon fils, de ma parenté, et de la maison de mon père.

41 Si tu vas vers ma parenté, et si on ne te la donne pas, tu seras quitte de l’exécration du serment que je te fais faire.

42 Je suis donc venu aujourd’hui à la fontaine, et j’ai dit : Ô Éternel, Dieu de mon seigneur Abraham, si maintenant tu fais prospérer le voyage que j’ai entrepris,

43 voici, je me tiendrai près de la fontaine : qu’il arrive donc que la fille qui sortira pour y puiser, et à qui je dirai : Donne-moi, je te prie, à boire un peu de l’eau de ta cruche ;

44 et qui me répondra : Bois, et même j’en puiserai pour tes chameaux, soit la femme que l’Éternel a destinée au fils de mon seigneur.

45 Avant que j’eusse achevé de parler en mon cœur, voici, Rébecca est sortie, ayant sa cruche sur son épaule, et elle est descendue à la fontaine, et a puisé de l’eau. Et je lui ai dit : Donne-moi, je te prie, à boire.

46 Et incontinent elle a ôté sa cruche de dessus son épaule, et elle m’a dit : Bois, et même je donnerai à boire à tes chameaux. J’ai donc bu, et elle a aussi donné à boire aux chameaux.

47 Et je l’ai interrogée, en disant : De qui es-tu fille ? Elle a répondu : Je suis fille de Béthuël, fils de Nacor, que Milca lui a enfanté. Alors je lui ai mis une bague sur le front, et des bracelets aux mains.

48 Ensuite je me suis incliné et prosterné devant l’Éternel, et j’ai béni l’Éternel, le Dieu de mon maître Abraham, qui m’a conduit par le droit chemin, afin que je prisse la fille du frère de mon seigneur pour son fils,

49 Maintenant donc, si vous êtes véritablement portés à faire cette grâce à mon seigneur, déclarez-le-moi ; sinon, faites-le-moi aussi savoir ; et je me tournerai à droite, ou à gauche.

50 Et Laban et Béthuël répondirent, disant : Cette affaire est procédée de l’Éternel ; nous ne te pouvons dire ni bien ni mal.

51 Voici, Rébecca est entre tes mains, prends-la et t’en va, et qu’elle soit la femme du fils de ton seigneur, comme l’Éternel en a parlé.

52 Et aussitôt que le serviteur d’Abraham eut ouï leurs paroles, il se prosterna en terre devant l’Éternel.

53 Le serviteur tira ensuite des bagues d’argent et d’or, et des habits, et les donna à Rébecca ; il donna aussi des présents exquis à son frère et à sa mère.

54 Et ils mangèrent et burent, lui et les gens qui étaient avec lui, et ils y logèrent cette nuit. Et quand ils furent levés de bon matin, le serviteur dit : Renvoyez-moi à mon seigneur.

55 Et le frère et la mère lui dirent : Que la fille demeure avec nous au moins dix jours, et après elle s’en ira.

56 Et il leur dit : Ne me retardez point, puisque l’Éternel a fait prospérer mon voyage. Renvoyez-moi, que je m’en aille à mon seigneur.

57 Alors ils dirent : Appelons la fille, et sachons de sa propre bouche quel est son sentiment.

58 Ils appelèrent donc Rébecca, et lui dirent : Veux-tu aller avec cet homme ? Et elle répondit : J’irai.

59 Ainsi ils laissèrent aller Rébecca leur sœur, et sa nourrice, avec le serviteur d’Abraham, et ses gens.

60 Et ils bénirent Rébecca, et lui dirent : Tu es notre sœur ; sois fertile en mille et mille générations, et que ta postérité possède la porte de ses ennemis.

61 Et Rébecca, et ses servantes, se levèrent et montèrent sur les chameaux, et suivirent cet homme-là. Ce serviteur donc prit Rébecca, et s’en alla.

62 Or, Isaac revenait du puits du Vivant qui me voit ; car il demeurait au pays du Midi.

63 Et Isaac était sorti aux champs sur le soir pour prier ; et levant les yeux, il regarda, et voici des chameaux qui venaient.

64 Rébecca aussi levant les yeux, vit Isaac, et se jeta en bas de dessus le chameau ;

65 (car elle avait dit au serviteur : Qui est cet homme-là qui vient le long du champ au-devant de nous ? Et le serviteur avait répondu : C’est mon seigneur) ; et elle prit un voile, et s’en couvrit.

66 Et le serviteur récita à Isaac toutes les choses qu’il avait faites.

67 Alors Isaac mena Rébecca dans la tente de Sara sa mère ; et il la prit pour sa femme, et il l’aima. Ainsi Isaac se consola de la mort de sa mère.

REFLEXIONS
La principale observation qu'il y ait à faire sur cette histoire est d'y remarquer la foi et la piété d'Abraham qui ne voulut pas que son fils épousât une femme cananéenne et idolâtre, mais qui voulut le marier dans sa famille. On y voit aussi la piété de son serviteur dans les prières qu'il adressa à Dieu pour le succès de son voyage et dans les louanges et les actions de grâce qu'il lui présenta après qu'il eut réussi dans son dessein. Ceci doit nous servir d'instruction et d'exemple et nous apprendre que toutes les entreprises et en particulier les mariages doivent se faire selon Dieu et suivant les règles de la religion et de la piété afin d'obtenir par ce moyen sa bénédiction.

CHAPITRE XXV.

Il est parlé dans ce chapitre :

I. Du mariage d'Abraham avec Kétura sa seconde femme ;

II. De la mort d’Abraham ;

III. Des descendants d'Ismaël et de sa mort ;

IV. De la naissance d'Esaü et de Jacob, les fils d’Isaac ;

V. Et enfin de la manière dont Ésaü vendit son droit d'aînesse à Jacob son frère. 

1 Or Abraham prit une autre femme, nommée Kétura,

2 qui lui enfanta Zimram, Joksçan, Médan, Madian, Jisçbak, et Sçuah.

3 Et Joksçan engendra Scéba et Dédan ; et les enfants de Dédan furent Assçurim, Létusçim, et Léummim.

4 Et les enfants de Madian furent Hépha, Hépher, Hanoc, Abidah, Eldaha. Tous ceux-là sont enfants de Kétura.

5 Et Abraham donna tout ce qui lui appartenait à Isaac.

6 Mais il fit des présents aux fils de ses concubines, et les sépara, durant sa vie, de son fils Isaac, les envoyant vers le Levant, au pays d’Orient.

7 Et tout le temps que vécut Abraham, fut de cent soixante et quinze ans.

8 Abraham donc, ayant perdu ses forces, mourut dans une heureuse vieillesse, étant fort âgé et rassasié de jours ; et il fut recueilli vers ses peuples.

9 Et Isaac et Ismaël, ses fils, l’enterrèrent en la caverne de Macpéla, au champ d’Héphron, fils de Tsohar, Héthien, qui est vis-à-vis de Mamré ;

10 qui est le champ qu’Abraham avait acheté des Héthiens. Ce fut donc là que fut enterré Abraham, avec Sara sa femme.

11 Or, après la mort d’Abraham, Dieu bénit Isaac son fils. Et Isaac habitait près du puits du Vivant qui me voit.

12 Voici le dénombrement des enfants d’Ismaël, fils d’Abraham, qu’Agar l’Égyptienne, servante de Sara, avait enfanté à Abraham.

13 Et voici les noms dont ils ont été nommés dans leurs générations : le premier-né d’Ismaël, Nébajoth ; puis Kédar, Adbéel, Mibsam ;

14 Misçmah, Duma, Massa ;

15 Hadar, Téma, Jétur, Naphis, et Kedma.

16 Ce sont là les enfants d’Ismaël, et ce sont là leurs noms, selon leurs villages, et selon leurs châteaux, ayant été les douze princes de leurs peuples.

17 Et le temps de la vie d’Ismaël fut de cent trente-sept ans. Après quoi, ayant perdu ses forces, il mourut, et fut recueilli vers ses peuples.

18 Et ses enfants habitèrent depuis Havila jusqu’à Scur, qui est vis-à-vis de l’Egypte, quand on vient vers Assur. Car le pays qui était échu à Ismaël était à la vue de tous ses frères.

19 Voici quelles furent aussi les générations d’Isaac, fils d’Abraham : Abraham engendra Isaac.

20 Et Isaac était âgé de quarante ans quand il épousa Rébecca, fille de Béthuël, Syrien, de Paddan-Aram, sœur de Laban Syrien.

21 Et Isaac pria instamment l’Éternel pour sa femme, parce qu’elle était stérile. Et l’Éternel fut fléchi par ses prières ; et Rébecca sa femme conçut.

22 Mais les enfants s’entre-poussaient dans son ventre ; et elle dit : S’il est ainsi, pourquoi suis-je ? Et elle alla consulter l’Éternel.

23 Et l’Éternel lui dit : Deux nations sont dans ton ventre ; et deux peuples sortiront de tes entrailles et seront divisés. Un de ces peuples sera plus fort que l’autre ; et le plus grand servira au moindre.

24 Et lorsque le temps qu’elle devait accoucher fut arrivé, voici, il y avait deux jumeaux en son ventre.

25 Celui qui sortit le premier était roux, et tout velu, comme un manteau de poil ; et ils l’appelèrent Esaü.

26 Et après sortit son frère, tenant de sa main le talon d’Esaü ; c’est pourquoi il fut appelé Jacob. Et Isaac était âgé de soixante ans, quand ils naquirent.

27 Depuis, les enfants devinrent grands, et Esaü était un habile chasseur, et homme de campagne ; mais Jacob était un homme simple, se tenant dans les tentes.

28 Et Isaac aimait Esaü ; car la venaison était sa viande ; mais Rébecca aimait Jacob.

29 Or, comme Jacob cuisait du potage, Esaü survint des champs, étant fort las.

30 Et Esaü dit à Jacob : Donne-moi à manger, je te prie, de ce roux-là ; car je suis fort las. C’est pour cela qu’on l’appela Edom.

31 Mais Jacob lui dit : Vends-moi aujourd’hui ton droit d’aînesse.

32 Et Esaü répondit : Voici, je m’en vais mourir ; de quoi me servira le droit d’aînesse ?

33 Et Jacob dit : Jure-moi aujourd’hui. Et il lui jura ; ainsi il vendit son droit d’aînesse à Jacob.

34 Et Jacob donna à Esaü du pain, et le potage de lentilles ; et il mangea, et but, et se leva, et s’en alla. Ainsi Esaü méprisa son droit d’aînesse. 

REFLEXIONS
St. Paul remarque sur la mort d'Abraham, qu'il mourut, aussi bien que les autres patriarches, sans avoir vu l'accomplissement des promesses de Dieu et ayant été étranger et voyageur sur la terre, ce qui fait voir que Dieu leur réservait la patrie céleste. La multiplication de la postérité d'Ismaël prouve la vérité des promesses qui avaient été faites à Abraham.

Le choix que Dieu fit de Jacob et de sa postérité, préférablement à Ésaü son frère aîné et à ses descendants nous enseigne, comme St. Paul le remarque dans l'épître aux Romains, que Dieu est libre dans la distribution de ses grâces, qu'il les répand sur ceux qu'il trouve à propos et que tous ceux qui descendaient des patriarches n'étaient pas pour cela réputés le peuple de Dieu.

Enfin, le mépris qu'Ésaü fit de son droit d'aînesse en le vendant à Jacob, par un principe de sensualité et par une humeur profane, doit nous apprendre à estimer par-dessus toutes choses la grâce de Dieu et à ne pas préférer les biens et les plaisirs de la terre aux biens spirituels et célestes. C'est à quoi St. Paul nous exhorte lorsqu'il dit : Que nul ne soit fornicateur ou profane comme Ésaü, lequel pour une viande vendit son droit d'aînesse. 

CHAPITRE XXVI.

Isaac se retire à cause de la famine au pays des Philistins où Dieu lui réitère ses promesses et lui fait ressentir des effets de sa protection et de sa faveur. Il est ensuite obligé de quitter ce pays-là, à cause que les Philistins lui portaient envie et il vint à Béersçébah; il y bâtit un autel au Seigneur et il y fait alliance avec Abimelec roi de Guérar.

1 Or, il y eut une famine au pays, outre la première famine qui avait été du temps d’Abraham. Et Isaac s’en alla vers Abimélec, roi des Philistins, à Guérar.

2 Car l’Éternel lui était apparu, et lui avait dit : Ne descends point en Egypte ; demeure au pays que je te dirai.

3 Fais quelque séjour dans ce pays, et je serai avec toi, et je te bénirai. Car je te donnerai et à ta postérité tous ces pays-ci, et je ratifierai le serment que j’ai fait à ton père Abraham.

4 Et je multiplierai ta postérité comme les étoiles des cieux, et je donnerai à ta postérité ces pays ; et toutes les nations de la terre seront bénies en ta postérité ;

5 parce qu’Abraham a obéi à ma voix, et a gardé ce que je lui avais ordonné, mes commandements, mes statuts et mes lois.

6 Isaac donc demeura à Guérar.

7 Et quand les gens du lieu s’enquirent qui était sa femme, il répondit : C’est ma sœur ; car il craignait de dire : C’est ma femme ; de peur, disait-il, que peut-être les habitants du lieu ne me tuent à cause de Rébecca ; car elle était belle à voir.

8 Or, il arriva, après qu’il y eut passé quelques jours, qu’Abimélec, roi des Philistins, regardait par la fenêtre, et voici, il vit Isaac qui se jouait avec Rébecca.

9 Alors Abimélec appela Isaac, et lui dit : Certainement, voici, c’est ta femme ; et comment as-tu dit : C’est ma sœur ? Et Isaac lui répondit : Parce que j’ai dit en moi-même : Il est à craindre que je ne meure à cause d’elle.

10 Et Abimélec dit : Que nous as-tu fait ? Il s’en est peu fallu que quelqu’un du peuple n’ait couché avec ta femme, et que tu ne nous aies fait tomber dans un grand péché.

11 Abimélec donc fit une ordonnance à tout le peuple, disant : Celui qui touchera cet homme ou sa femme sera certainement puni de mort.

12 Et Isaac sema en cette terre-là, et il recueillit cette année-là le centuple car l’Éternel le bénit.

13 Cet homme donc devint grand, et son bien allait toujours en augmentant, jusqu’à ce qu’il fût devenu fort riche.

14 Et il eut des troupeaux de brebis et de bœufs, et un grand nombre de serviteurs ; ce qui fit que les Philistins lui portèrent envie ;

15 tellement qu’ils bouchèrent les puits que les serviteurs de son père avaient creusés, du temps de son père Abraham ; et ils les remplirent de terre.

16 Abimélec aussi dit à Isaac : Retire-toi d’avec nous ; car tu es devenu beaucoup plus puissant que nous.

17 Isaac donc partit de là, et s’établit dans la vallée de Guérar, et habita là.

18 Et Isaac creusa encore les puits d’eau qu’on avait creusés du temps d’Abraham son père, et que les Philistins avaient bouchés après la mort d’Abraham ; et il leur donna les mêmes noms desquels son père les avait appelés.

19 Les serviteurs d’Isaac donc creusèrent dans cette vallée, et y trouvèrent un puits d’eau vive.

20 Mais les bergers de Guérar eurent quelque démêlé avec les bergers d’Isaac, disant : L’eau est à nous ; c’est pourquoi, il appela le puits Hések, parce qu’ils avaient contesté avec lui au sujet de ce puits.

21 Ensuite ils creusèrent un autre puits, pour lequel aussi ils se querellèrent ; et il l’appela Sitnah.

22 C’est pourquoi, il partit de là, et creusa un autre puits, pour lequel ils ne disputèrent point ; c’est pourquoi il l’appela Réhoboth, disant : Depuis que maintenant l’Éternel nous a mis au large, nous fructifierons dans ce pays.

23 Et de là il monta à Béer-scébah.

24 Et l’Éternel lui apparut en la même nuit, et lui dit : Je suis le Dieu d’Abraham ton père, ne crains point, car je suis avec toi, et je te bénirai, et je multiplierai ta postérité à cause d’Abraham mon serviteur.

25 Alors il bâtit là un autel, et ayant invoqué le nom de l’Éternel, il y dressa ses tentes ; et les serviteurs d’Isaac y creusèrent un puits.

26 Et Abimélec vint à lui de Guérar, et Ahuzat, son ami, et Picol, chef de son armée.

27 Mais Isaac leur dit : Pourquoi venez-vous vers moi, puisque vous me haïssez, et que vous m’avez chassé d’avec vous ?

28 Et ils répondirent : Nous avons vu clairement que l’Éternel est avec toi, et nous avons dit : Qu’il y ait maintenant un serment avec imprécation entre nous ; c’est-à-dire, entre nous et toi ; et nous traiterons alliance avec toi :

29 Si jamais tu nous fais aucun mal, comme nous ne t’avons point touché, et comme nous ne t’avons fait que du bien, t’ayant laissé aller en paix, toi, qui es maintenant béni de l’Éternel !

30 Et il leur fit un festin, et ils mangèrent et burent.

31 Et ils se levèrent de bon matin, et ils s’engagèrent l’un l’autre par serment. Puis Isaac les renvoya, et ils s’en allèrent d’avec lui en paix.

32 Il arriva en ce même jour, que les serviteurs d’Isaac vinrent lui parler de ce puits qu’ils avaient creusé, lui disant : Nous avons trouvé de l’eau.

33 Et il l’appela Scibah. C’est pour cela que la ville a été nommée Béer-scébah jusqu’à ce jour.

34 Or, Ésaü, âgé de quarante ans, épousa Judith, fille de Bééri, Héthien, et Basmath, fille d’Elon, Héthien ;

35 qui causèrent une fort grande amertume d’esprit à Isaac et à Rébecca. 

REFLEXIONS
Nous voyons dans la vie d’Isaac, de même que dans celle d'Abraham, un mélange de prospérité et d’adversités. Les grandes richesses d’Isaac et l’alliance qu'il traita avec Abimelec sont des effets de la bénédiction du Seigneur sur ce patriarche. Mais les dangers auxquels il fut exposé dans le pays des Philistins et les fréquentes contestations qu'on lui suscita sont des adversités par ou Dieu l'éprouvait et voulait l'obliger à se retirer de ce pays-là. Tous les hommes et les enfants de Dieu en particulier ont tantôt la prospérité et tantôt l’adversité en partage, mais en quelque lieu et en quelque état que les gens de bien se trouvent, Dieu les accompagne toujours de sa protection et de sa faveur et il les délivre de toutes leurs afflictions. 

CHAPITRE XXVII.

Moïse raconte comment Jacob obtint par surprise la bénédiction qu’Isaac son père voulait donner à Ésaü ; ce qu’Ésaü ayant appris, il en eut une vive douleur et résolu de tuer Jacob son frère. Ce qui obligea Rebecca d'envoyer Jacob en Mésopotamie.

1 Et il arriva, quand Isaac fut devenu vieux, et que ses yeux furent si ternis qu’il ne pouvait plus voir, qu’il appela son fils aîné, et lui dit : Mon fils ; et il lui répondit : Me voici.

2 Et il lui dit : Voici maintenant, je suis fort âgé, et je ne sais point le jour de ma mort.

3 Maintenant donc, je te prie, prends tes armes, ton carquois et ton arc, et va-t’en aux champs, et prends-moi de la venaison.

4 Et apprête-m’en des viandes d’appétit, comme je les aime ; et apporte-les-moi, afin que je mange, et que mon âme te bénisse avant que je meure.

5 Or, Rébecca écoutait, pendant qu’Isaac parlait à Ésaü son fils. Ésaü donc s’en alla aux champs pour prendre à la chasse quelque chose qu’il pût apporter.

6 Et Rébecca parla à Jacob son fils et lui dit : Voici : j’ai entendu ton père, qui parlait à Ésaü ton frère, et qui lui disait :

7 Apporte-moi de la venaison, et apprête-m’en des viandes d’appétit, afin que j’en mange ; et je te bénirai devant l’Éternel, avant que de mourir.

8 Maintenant donc, mon fils, obéis à ma parole, et fais ce que je vais te commander.

9 Va maintenant à la bergerie, et prends là deux des meilleurs chevreaux, et j’en apprêterai des viandes d’appétit pour ton père, comme il les aime.

10 Et tu les porteras à ton père, afin qu’il les mange et qu’il te bénisse avant sa mort.

11 Et Jacob répondit à Rébecca sa mère : Voici, Ésaü mon frère est fort velu, et je n’ai point de poil ;

12 si mon père vient à me tâter, il me regardera comme un homme qui l’a voulu tromper, et j’attirerai sur moi sa malédiction et non point sa bénédiction.

13 Et sa mère lui dit : Mon fils, que cette malédiction que tu crains, soit sur moi ; obéis seulement à ma parole, et va prendre ce que je t’ai dit.

14 Il s’en alla donc, et il le prit, et l’apporta à sa mère, et sa mère en apprêta des viandes d’appétit, comme son père les aimait.

15 Puis Rébecca prit les plus riches habits d’Ésaü son fils aîné, qu’elle gardait dans la maison, et elle en revêtit Jacob son cadet.

16 Et elle couvrit de peaux de chevreaux les mains de son fils, et son cou qui était sans poil.

17 Ensuite elle donna à son fils Jacob ces viandes d’appétit, et le pain qu’elle avait apprêté.

18 Il vint donc vers son père, et lui dit : Mon père. Et il répondit : Me voici ; qui es-tu, mon fils ?

19 Et Jacob dit à son père : Je suis Ésaü, ton fils aîné ; j’ai fait ce que tu m’avais commandé. Lève-toi, je te prie, et assieds-toi, et mange de ma chasse, afin que ton âme me bénisse.

20 Et Isaac dit à son fils : Qu’est ceci ? Comment en as-tu pu trouver sitôt, mon fils ? Et il dit : L’Éternel ton Dieu m’en a fait rencontrer.

21 Et Isaac dit à Jacob : Mon fils, approche-toi, je te prie, et je te tâterai, afin que je sache si tu es mon fils Ésaü même, ou si tu ne l’es pas.

22 Jacob donc s’approcha de son père Isaac, qui, l’ayant tâté, dit : Cette voix est la voix de Jacob ; mais ces mains sont les mains d’Ésaü.

23 Et il le méconnut ; car ses mains étaient velues, comme les mains de son frère Ésaü ; et il le bénit.

24 Il dit donc : Es-tu mon fils Ésaü même ? Il répondit : Je le suis.

25 Il lui dit aussi : Apporte-moi à manger de ta chasse, afin que mon âme te bénisse. Et il lui en apporta et il en mangea. Il lui apporta aussi du vin, et il but.

26 Puis, Isaac son père lui dit : Approche-toi, je te prie, et viens me baiser, mon fils.

27 Et il s’approcha de lui, et le baisa. Et Isaac ayant senti l’odeur de ses habits, le bénit, en disant : Voici, l’odeur de mon fils est comme l’odeur d’un champ que l’Éternel a béni.

28 Que Dieu te donne de la rosée des cieux, et de la graisse de la terre, et une grande abondance de froment et du meilleur vin ;

29 que les peuples te servent, et que les nations se prosternent devant toi ! Sois le maître de tes frères, et que les fils de ta mère se prosternent devant toi ! Quiconque te maudira, soit maudit, et quiconque te bénira, soit béni !

30 Et il arriva, aussitôt qu’Isaac eut achevé de bénir Jacob, Jacob étant à peine sorti de devant son père Isaac, que son frère Ésaü revint de la chasse.

31 Il apprêta aussi des viandes d’appétit ; et les ayant apportées à son père, il lui dit : Que mon père se lève, et mange de la chasse de son fils, afin que ton âme me bénisse.

32 Et Isaac son père lui dit : Qui es-tu ? Et il dit : Je suis ton fils aîné, Ésaü.

33 Et Isaac sentit une extraordinaire émotion, et il dit : Qui est, et où est donc celui qui a pris de la chasse, et m’en a apporté, et j’ai mangé de tout ce qu’il m’a présenté, avant que tu vinsses ? Et je l’ai béni, et aussi sera-t-il béni.

34 Et aussitôt qu’Ésaü eut entendu les paroles de son père, il jeta un cri fort grand et très-amer. Et il dit à son père : Donne-moi aussi ta bénédiction, mon père !

35 Mais il dit : Ton frère m’est venu surprendre, et il a emporté ta bénédiction.

36 Et Ésaü dit : C’est avec raison qu’on l’a appelé Jacob ; car il m’a déjà supplanté deux fois : Il m’a enlevé mon droit d’aînesse, et voici, maintenant il a emporté ma bénédiction. Ensuite il dit : N’as-tu point réservé de bénédiction pour moi ?

37 Et Isaac répondit à Ésaü, et lui dit : Voici, je l’ai établi ton seigneur, et je lui ai donné tous ses frères pour serviteurs ; et je l’ai fourni de froment et du meilleur vin. Et que te ferai-je donc, mon fils ?

38 Et Ésaü dit à son père : N’as-tu qu’une bénédiction, mon père ? Bénis-moi aussi, mon père. Et Ésaü, élevant sa voix, pleura.

39 Et Isaac son père répondit, et lui dit : Voici, ta demeure sera dans un terroir gras, arrosé de la rosée des cieux d’en haut.

40 Et tu vivras par ton épée, et tu serviras à ton frère ; mais le temps viendra, qu’étant devenu maître, tu briseras son joug, et le secoueras de dessus ton cou.

41 Et Ésaü haïssait Jacob à cause de la bénédiction que son père lui avait donnée, et il dit en son cœur : Les jours du deuil de mon père approchent ; et alors je tuerai Jacob mon frère.

42 Et on rapporta à Rébecca les discours d’Ésaü, son fils aîné ; et elle envoya appeler Jacob, son second fils, et elle lui dit : Voici, Ésaü ton frère se console dans l’espérance qu’il a de te tuer.

43 Maintenant donc, mon fils, obéis à ma parole : Lève-toi, et sauve-toi à Caran, vers Laban, mon frère ;

44 et demeure avec lui quelque temps, jusqu’à ce que la fureur de ton frère se passe,

45 et que sa colère s’apaise envers toi, et qu’il ait oublié les choses que tu lui as faites. J’enverrai ensuite pour te tirer de là. Pourquoi serais-je privée de vous deux en un même jour ?

46 Et Rébecca dit à Isaac : La vie m’est devenue ennuyeuse, à cause de ces Héthiennes. Si Jacob prend pour femme quelqu’une de ces Héthiennes, comme sont les filles de ce pays, à quoi me sert la vie ? 

REFLEXIONS
Il faut remarquer sur cette histoire que Jacob obtint la bénédiction de son père par une tromperie et que cependant Dieu permit que cela arrivât ainsi et qu’il voulut que cette bénédiction eût lieu parce qu’Ésaü en était indigne et parce que les promesses qui avaient été faites à Abraham et à Isaac devaient s’accomplir en Jacob. C’est ainsi que Dieu permet souvent des choses qu’il n’approuve pas et qu’il se sert des péchés que les hommes commettent pour l'exécution de ses desseins, bien qu’il ne soit pas l’auteur de ces péchés-là.

Pour ce qui est de l’affliction qu’Ésaü fit paraître lorsqu'il vit que son père ne voulait pas changer, ni révoquer la bénédiction qu’il avait donnée à Jacob, elle ne peut être regardée comme une repentance salutaire parce qu'elle ne procédait que de son humeur charnelle et de la jalousie et du dépit dont il était animé contre son frère, lequel il voulut même tuer et à cause de cela. Cette affliction fut inutile. Voici la réflexion que St. Paul fait sur ce sujet : Que nul ne soit impur ou profane comme Ésaü, qui voulant demander la bénédiction fut rejeté, quoiqu’il l’eût demandée avec larmes. C’est là un exemple dont nous devons profiter et où nous avons une image du désespoir dont les méchants seront travaillés lorsqu’ils se verront exclus du royaume de Dieu. Enfin, la retraite de Jacob, qui s'en alla en Mésopotamie pour fuir la colère d’Esaü son frère, nous enseigne à éviter prudemment les dangers et à céder pour un temps à la malice et à l’injustice de ceux qui cherchent à nous nuire. Au reste, cette fuite de Jacob, qui fut une rude épreuve pour lui et pour Isaac son père et qui semblait être un obstacle à son bonheur, fut un moyen dont la providence se servit pour le rendre plus heureux, plus riche et plus puissant qu'il ne l'aurait été dans la maison paternelle, comme la suite de cette histoire le montrera. Voilà comment Dieu fait quelquefois tourner en bien ce qu’on regarde comme un grand malheur et c’est ce qui doit être pour les gens de bien un puissant motif à se reposer sur la providence de Dieu.

CHAPITRE XXVIII.

Jacob s'en va en Mésopotamie par l'ordre d'Isaac son père pour s'y marier dans la famille de Laban frère de sa mère. Dieu lui apparait en chemin pendant la nuit, dans la vision d’une échelle qui s'étendait de la terre au ciel et il lui promet de le bénir, de quoi Jacob témoigna sa reconnaissance en adorant Dieu dans ce lieu-là et en faisant le vœu de lui donner la dîme de tout ce qu’il posséderait. 

1 Isaac donc appela Jacob, et le bénit, et lui fit ce commandement : Ne prends point une femme d’entre les filles de Canaan.

2 Lève-toi, va en Paddan-Aram, à la maison de Béthuel, père de ta mère, et de là prends-toi une femme des filles de Laban, frère de ta mère.

3 Et que le Dieu fort, tout-puissant, te bénisse ; qu’il te fasse croître, et qu’il multiplie ta race, afin que tu deviennes une assemblée de peuples.

4 Et qu’il te donne la bénédiction d’Abraham, à toi et à ta postérité avec toi, afin que tu obtiennes en héritage le pays où tu as été étranger, que Dieu a donné à Abraham.

5 Isaac donc fit partir Jacob, qui s’en alla en Paddan-Aram, vers Laban, fils de Béthuel, Syrien, frère de Rébecca, mère de Jacob et d’Ésaü.

6 Et Ésaü vit qu’Isaac avait béni Jacob, et qu’il l’avait envoyé en Paddan-Aram, afin qu’il prît une femme de ce pays-là pour lui, et qu’il lui avait fait ce commandement, en le bénissant : Ne prends point de femme d’entre les filles de Canaan ;

7 et que Jacob avait obéi à son père et à sa mère, et s’en était allé en Paddan-Aram.

8 Ésaü voyant donc que les filles de Canaan déplaisaient à Isaac son père,

9 s’en alla vers les Ismaélites, et prit pour femme (outre les autres qu’il avait) Mahalath, fille d’Ismaël, fils d’Abraham, sœur de Nébajoth.

10 Jacob donc partit de Béer-scébah, et s’en alla à Caran.

11 Et il se rencontra en un certain lieu, où il passa la nuit, parce que le soleil était couché. Il prit donc des pierres du lieu, et en fit son chevet, et il s’endormit au même lieu.

12 Alors il songea, et dans son songe il vit une échelle qui était appuyée sur la terre, et dont le haut touchait jusqu’aux cieux, et les anges de Dieu montaient et descendaient par cette échelle.

13 Il vit aussi l’Éternel qui se tenait sur l’échelle, et qui lui dit : Je suis l’Éternel, le Dieu d’Abraham ton père, et le Dieu d’Isaac ; je te donnerai et à ta postérité la terre sur laquelle tu dors.

14 Et ta postérité sera comme la poussière de la terre ; et tu t’étendras de l’Occident à l’Orient, et du Septentrion au Midi ; et toutes les familles de la terre seront bénies en toi et en ta postérité.

15 Et voici, je suis avec toi, et je te garderai partout où tu iras ; et je te ramènerai en ce pays ; car je ne t’abandonnerai point, que je n’aie fait ce que je t’ai dit.

16 Et quand Jacob fut réveillé de son sommeil, il dit : Certainement l’Éternel est en ce lieu-ci, et je n’en savais rien !

17 Et il eut peur, et dit : Que ce lieu est vénérable ! C’est ici la maison de Dieu, et c’est ici la porte des cieux.

18 Et Jacob se leva de bon matin, et prit la pierre dont il avait fait son chevet, et la dressa pour monument, et il versa de l’huile sur le sommet de cette pierre.

19 Et il appela ce lieu-là Béthel, au lieu qu’auparavant cette ville s’appelait Luz.

20 Et Jacob fit un vœu, en disant : Si Dieu est avec moi, et s’il me garde dans le voyage que je fais ; s’il me donne du pain à manger, et des habits pour me vêtir ;

21 et si je retourne en paix à la maison de mon père : certainement, l’Éternel me sera Dieu ;

22 et cette pierre que j’ai dressée comme un monument, sera la maison de Dieu ; et je te donnerai entièrement la dîme de tout ce que tu m’auras donné. 

REFLEXIONS
L'ordre qu'Isaac donna à Jacob son fils d'aller en Mésopotamie pour s'y marier et les prières qu'il fit pour le succès de son voyage sont des preuves de la piété de ce Saint patriarche et de la ferme confiance qu'il avait aux promesses de Dieu. On voit l'effet de ces prières d'Isaac dans ce qui arriva à Jacob aussitôt qu'il fut parti pour aller en Mésopotamie et surtout dans la vision de cette échelle qui lui apparut en songe pour l'assurer que Dieu serait avec lui partout où il irait. Cet exemple fait voir que le Seigneur accompagne ses enfants en tous lieux et qu'il emploie ses anges pour leur sureté et pour leur défense.

Il faut faire attention après cela à la piété de Jacob qui ne demanda à Dieu que du pain pour manger et des habits pour se couvrir et fit vœu de consacrer à Dieu le lieu où il eut cette vision et la dîme de tout son bien.

Imitons un si bel exemple, soyons contents pourvu que Dieu nous donne la nourriture et les vêtements et faisons-nous un devoir inviolable de lui témoigner notre piété et notre reconnaissance, soit en lui consacrant quelque portion de nos biens, soit par tous les autres moyens qui peuvent être en notre pouvoir. 

CHAPITRE XXIX.

Jacob arrive chez Laban son oncle et il épouse ses deux filles Léa et Rachel. 

1 Jacob donc se mit en chemin, et s’en alla au pays des Orientaux.

2 Et il regarda, et voici, il vit un puits dans un champ, et là même trois troupeaux de brebis qui se reposaient près du puits ; car on y abreuvait les troupeaux ; et il y avait une grosse pierre sur l’ouverture du puits.

3 Et lorsque tous les troupeaux étaient assemblés, on roulait la pierre de dessus l’ouverture du puits, et on y abreuvait les troupeaux ; et ensuite on remettait la pierre en son lieu, sur l’ouverture du puits.

4 Et Jacob leur dit : Mes frères, d’où êtes-vous ? Et ils répondirent : Nous sommes de Caran.

5 Et il leur dit : Ne connaissez-vous point Laban, fils de Nacor ? Et ils répondirent : Nous le connaissons.

6 Il leur dit : Se porte-t-il bien ? Ils lui répondirent : Il se porte bien ; et voici Rachel sa fille, qui vient avec le troupeau.

7 Et il dit : Voilà, il est encore grand jour, il n’est pas temps de ramener les troupeaux : abreuvez les troupeaux, et les ramenez paître.

8 Ils répondirent : Nous ne pouvons le faire, jusqu’à ce que tous les troupeaux soient assemblés, et qu’on ait ôté la pierre de dessus l’ouverture du puits, afin d’abreuver les troupeaux.

9 Et comme il parlait encore avec eux, Rachel arriva avec le troupeau de son père ; car elle était bergère.

10 Et sitôt que Jacob eut vu Rachel, fille de Laban, frère de sa mère, et le troupeau de Laban, frère de sa mère, il s’approcha, il roula la pierre de dessus l’ouverture du puits, et il abreuva le troupeau de Laban, frère de sa mère.

11 Et Jacob baisa Rachel, et élevant sa voix, il pleura.

12 Et Jacob apprit à Rachel qu’il était frère de son père, et qu’il était fils de Rébecca ; et elle courut le rapporter à son père.

13 Et aussitôt que Laban eut appris des nouvelles de Jacob, fils de sa sœur, il courut au-devant de lui, l’embrassa, et le baisa, et le fit venir dans sa maison ; et Jacob récita à Laban tout ce qui lui était arrivé.

14 Et Laban lui dit : Certainement, tu es mon os et ma chair ; et il demeura avec lui un mois entier.

15 Après quoi, Laban dit à Jacob : Me serviras-tu sans aucune récompense, parce que tu es mon frère ? Dis-moi, quel sera ton salaire.

16 Or, Laban avait deux filles, dont l’aînée s’appelait Léa, et la plus jeune Rachel.

17 Mais Léa avait les yeux tendres, et Rachel avait la taille belle, et elle était belle à voir.

18 Et Jacob aimait Rachel ; et il dit : Je te servirai sept ans pour Rachel, ta plus jeune fille.

19 Et Laban répondit : Il vaut mieux que je te la donne, que si je la donnais à un autre ; demeure avec moi.

20 Jacob donc servit sept ans pour Rachel, qui ne lui semblèrent que comme peu de jours, parce qu’il l’aimait.

21 Et Jacob dit à Laban : Donne-moi ma femme ; car mon temps est accompli, et je viendrai vers elle.

22 Laban donc assembla tous les gens du lieu, et fit un festin.

23 Mais quand le soir fut venu, il prit Léa sa fille, et l’amena à Jacob, qui vint vers elle.

24 Et Laban donna Zilpa, sa servante, à Léa, sa fille, pour servante.

25 Mais au matin, voici, Jacob reconnut que c’était Léa ; et il dit à Laban : Qu’est-ce que tu m’as fait ? N’ai-je pas servi chez toi pour Rachel ? Et pourquoi m’as-tu trompé ?

26 Laban répondit : On ne fait pas ainsi dans ce lieu, de donner la plus jeune avant l’aînée.

27 Achève la semaine de celle-ci, et nous te donnerons aussi l’autre, pour le service que tu feras encore chez moi sept autres années.

28 Jacob donc fit ainsi, et il acheva la semaine de Léa, et Laban lui donna aussi à femme Rachel sa fille.

29 Et Laban donna Bilha, sa servante, à Rachel, sa fille, pour servante.

30 Il vint donc aussi vers Rachel, et il aima plus Rachel que Léa, et il servit chez Laban encore sept autres années.

31 Et l’Éternel voyant que Léa était haïe, la rendit féconde ; mais Rachel était stérile.

32 Et Léa conçut et enfanta un fils, qu’elle appela Ruben. Car elle dit : Parce que l’Éternel a regardé mon affliction, maintenant mon mari m’aimera.

33 Elle conçut encore, et enfanta un fils, et dit : Parce que l’Éternel a entendu que j’étais haïe, il m’a encore donné ce fils ; et elle l’appela Siméon.

34 Et elle conçut encore, et enfanta un fils, et dit : Maintenant mon mari sera plus uni à moi ; car je lui ai donné trois fils ; c’est pourquoi on l’appela Lévi.

35 De plus, elle conçut et accoucha d’un fils, et dit : A présent je louerai l’Éternel ; c’est pourquoi, elle l’appela Juda, et elle cessa d’avoir des enfants. 

REFLEXIONS
La principale observation qu'il y ait à faire sur ce chapitre, c’est que Dieu, selon ses promesses, accompagna Jacob dans son voyage, qu’il le conduisit heureusement dans la maison de Laban, où il se maria et qu’il lui donna par ce moyen plusieurs enfants qui furent les chefs et les pères du peuple d’Israël. Cependant il faut se souvenir que les mariages de Jacob, qui épousa plusieurs femmes, étant contraires à la première institution du mariage, Dieu ne les approuvait point, quoi qu’il les tolérât et les permit, pour des raisons prises du naturel des hommes de ce temps-là et des desseins de la providence. C‘est pourquoi aussi ces désordres qui se commettaient alors dans les mariages ont été abolis par la loi de Jésus-Christ qui a rétabli en leur entier les lois du mariage et de la chasteté, comme nous le voyons dans l’Évangile. 

CHAPITRE XXX.

Moïse rapporte la naissance des enfants que Jacob eut de ses femmes. Ensuite Jacob après avoir demeuré plusieurs années chez Laban son beau-père voulut s'en retourner dans son pays, mais Laban l'engagea à demeurer encore avec lui moyennant un salaire dont ils convinrent.

 1 Alors Rachel, voyant qu’elle ne donnait point d’enfant à Jacob, porta envie à Léa, sa sœur, et dit à Jacob : Donne-moi des enfants, autrement je suis morte.

2 Et Jacob se mit fort en colère contre Rachel, et dit : Te suis-je au lieu de Dieu ? Qui t’a empêché d’avoir des enfants ?

3 Et elle dit : Voici ma servante Bilha ; viens vers elle, et elle enfantera sur mes genoux, et j’aurai des enfants par elle.

4 Elle lui donna donc Bilha, sa servante, pour femme ; et Jacob vint vers elle.

5 Et Bilha conçut et enfanta un fils à Jacob.

6 Et Rachel dit : Dieu a jugé en ma faveur, et il a aussi exaucé ma voix, en me donnant un fils ; et elle l’appela Dan.

7 Et Bilha, servante de Rachel, conçut encore et enfanta un second fils à Jacob.

8 Et Rachel dit : J’ai fortement lutté contre ma sœur ; aussi ai-je eu la victoire ; et elle donna à cet enfant le nom de Nephthali.

9 Alors Léa, voyant qu’elle avait cessé d’avoir des enfants, prit Zilpa sa servante, et la donna à Jacob pour femme.

10 Et Zilpa, servante de Léa, enfanta un fils à Jacob.

11 Et Léa dit : Une troupe est arrivée ; et elle l’appela Gad.

12 Zilpa, servante de Léa, enfanta encore un second fils à Jacob.

13 Et Léa dit : C’est pour me rendre bienheureuse ; car les filles me diront bienheureuse ; et elle l’appela Ascer.

14 Et Ruben étant allé aux champs, au temps de la moisson des blés, y trouva des mandragores, et les apporta à Léa, sa mère. Et Rachel dit à Léa : Donne-moi, je te prie, des mandragores de ton fils.

15 Et elle lui répondit : Est-ce peu de chose que tu m’aies ôté mon mari, que tu veuilles encore prendre les mandragores de mon fils ? Et Rachel dit : Que Jacob dorme donc cette nuit avec toi, pour les mandragores de ton fils.

16 Lors donc que Jacob revint des champs au soir, Léa alla au-devant de lui, et lui dit : Tu viendras vers moi, car je t’ai loué pour les mandragores de mon fils ; et il dormit avec elle cette nuit-là.

17 Et Dieu exauça Léa, et elle conçut, et enfanta à Jacob un cinquième fils.

18 Et elle dit : Dieu m’a récompensée, après que j’ai donné ma servante à mon mari ; et elle l’appela Issacar.

19 Et Léa conçut encore, et donna un sixième fils à Jacob.

20 Et Léa dit : Dieu m’a donné un bon douaire ; maintenant mon mari demeurera avec moi ; car je lui ai donné six enfants. Elle l’appela Zabulon.

21 Ensuite elle enfanta une fille, et elle l’appela Dina.

22 Et Dieu se souvint de Rachel, et Dieu l’ayant exaucée, la rendit féconde.

23 Alors elle conçut et enfanta un fils, et dit : Dieu a ôté mon opprobre.

24 Et elle l’appela Joseph, en disant : L’Eternel me donne encore un autre fils.

25 Et après que Rachel eut enfanté Joseph, Jacob dit à Laban : Donne-moi mon congé, afin que je retourne en mon lieu, et en mon pays.

26 Donne-moi mes femmes et mes enfants pour lesquels je t’ai servi, et je m’en irai ; car tu sais le service que je t’ai rendu.

27 Et Laban lui répondit : Ecoute, je te prie, si j’ai trouvé grâce devant toi : j’ai reconnu par expérience que l’Eternel m’a béni à cause de toi.

28 Il lui dit aussi : Prescris-moi le salaire que tu exiges de moi, et je te le donnerai.

29 Et il lui répondit : Tu sais comme je t’ai servi, et ce qu’est devenu ton bétail avec moi.

30 Car tu avais peu de chose, avant que je vinsse ; mais ton bien s’est fort accru, et l’Eternel t’a béni aussitôt que j’ai mis le pied chez toi ; et maintenant, quand ferai-je aussi quelque chose pour ma maison ?

31 Et Laban lui dit : Que te donnerai-je ? Et Jacob répondit : Tu ne me donneras rien ; mais si tu fais ceci, je paîtrai encore tes troupeaux, et je les garderai.

32 Je passerai aujourd’hui parmi tes troupeaux, et je mettrai à part toutes les brebis picotées et tachetées, et tous les agneaux roux, et les chèvres tachetées et picotées entre les chèvres ; et ce sera là mon salaire.

33 Et à l’avenir, ma justice me rendra témoignage, quand tu viendras reconnaître mon salaire. Tout ce qui ne sera point picoté ou tacheté entre les chèvres, et tout ce qui ne sera point roux entre les agneaux, sera tenu pour un larcin, s’il est trouvé chez moi.

34 Alors Laban lui dit : Je le veux, je le souhaite ; que la chose soit comme tu l’as dit.

35 Et en ce jour-là il sépara les boucs marquetés et tachetés, et toutes les chèvres picotées et tachetées, toutes celles où il y avait du blanc, et tous les agneaux roux ; et il les mit entre les mains de ses fils.

36 Et il mit l’espace de trois journées de chemin entre lui et Jacob. Et Jacob paissait le reste des troupeaux de Laban.

37 Mais Jacob prit des verges vertes, de peuplier, de coudrier, et de châtaignier, et il en ôta les écorces, en découvrant le blanc qui était aux verges.

38 Et il mit les verges, qu’il avait pelées au-devant des troupeaux, dans les auges et les abreuvoirs où les brebis venaient boire ; et elles entraient en chaleur, quand elles venaient boire.

39 Les brebis donc entraient en chaleur à la vue des verges, et elles faisaient des brebis marquetées, picotées et tachetées.

40 Et Jacob partagea les agneaux, et fit que les brebis du troupeau de Laban avaient en vue les brebis marquetées, et tout ce qui était roux ; et il mit ses troupeaux à part, et ne les mit point auprès des troupeaux de Laban.

41 Et il arrivait que toutes les fois que les brebis hâtives venaient en chaleur, Jacob mettait les verges dans les abreuvoirs, devant les yeux du troupeau, afin qu’elles entrassent en chaleur, en regardant les verges.

42 Mais quand les brebis étaient tardives, il ne les mettait point. Et les tardives appartenaient à Laban ; mais les hâtives étaient pour Jacob.

43 Ainsi cet homme s’accrut fort en biens, et il eut de grands troupeaux, des servantes et des serviteurs, des chameaux et des ânes. 

REFLEXIONS
Sur ce chapitre, de même que sur le précédent, il faut remarquer que :

I. Ce grand nombre d’enfants qui naquirent à Jacob servirent à rendre sa postérité extrêmement nombreuse, quoique cependant Dieu n'approuvât pas tous les mariages qu’il avait contractés ainsi qu’il a déjà été dit. On voit même, par la jalousie et les divisions qu’il y avait entre les femmes de Jacob, aussi bien que par les mœurs déréglées de la plupart de ses enfants, que ces sortes de mariages avaient des suites fâcheuses.

II. On doit remarquer, que quoique Laban fut mal intentionné contre Jacob et qu'il ne le retint que pour son intérêt, Dieu bénit Jacob encore plus qu'auparavant et qu'il augmenta considérablement ses biens et ses troupeaux. Au reste, les moyens dont Jacob se servit pour multiplier ses troupeaux n'auraient pas été légitimes si Dieu, pour le récompenser des injustices que Laban lui faisait, ne l’eut autorisé à les mettre en usage, ainsi que cela est dit dans le chapitre suivant. Dieu, pour accomplir ce qu’il a résolu, permet quelquefois que les hommes emploient des moyens qui ne seraient pas innocents en d'autres circonstances, il tire le bien du mal et le péché même contribue à l’exécution de ses desseins, mais cela n’autorise en aucune façon à faire ce qui est mauvais. Et les chrétiens surtout, qui sont beaucoup plus éclairés que les hommes ne l'étaient du temps des patriarches, ne doivent jamais se départir de ce que les règles les plus exactes de la piété, de la pureté et de la justice prescrivent. 

CHAPITRE XXXI.

Jacob, ayant demeuré vingt ans chez Laban son beau-père, s'en retourne en Canaan par le commandement de Dieu avec sa famille et tout son bien, sans le dire à Laban. Laban en ayant été averti le poursuivit, mais Dieu l'empêcha de faire aucun mal à Jacob, tellement qu’il le laissa aller en paix et que même ils traitèrent alliance l'un avec l'autre. 

1 Après cela, Jacob entendit les discours des enfants de Laban, qui disaient : Jacob a pris tout ce qui appartenait à notre père ; et il a acquis toutes ses richesses de ce qui était à notre père.

2 Et Jacob remarqua que le visage de Laban n’était plus tel à son égard qu’il était auparavant.

3 Et l’Éternel dit à Jacob : Retourne au pays de tes pères, et vers ton parentage, et je serai avec toi.

4 Jacob donc envoya appeler Rachel et Léa, pour venir aux champs vers ses troupeaux.

5 Et il leur dit : Je connais que le visage de votre père n’est plus tel à mon égard qu’il était autrefois ; cependant le Dieu de mon père a été avec moi ;

6 Et vous savez que j’ai servi votre père de toutes mes forces.

7 Mais votre père s’est moqué de moi, et a changé mon salaire dix fois ; néanmoins, Dieu ne lui a point permis de me faire aucun mal.

8 Quand il me disait ainsi : Les picotées seront ton salaire ; alors toutes les brebis ont fait des agneaux picotés. Et quand il disait : Les marquetées seront ton salaire ; alors toutes les brebis faisaient des agneaux marquetés.

9 Dieu donc a ôté le bétail à votre père et me l’a donné.

10 Car il arriva au temps que les brebis entraient en chaleur, que je levai mes yeux et vis en songe que les boucs qui couvraient les chèvres étaient marquetés, picotés et tachetés.

11 Et l’ange de Dieu me dit en songe : Jacob. Et je répondis : Me voici.

12 Et il dit : Lève maintenant tes yeux, et regarde : tous les boucs, qui couvrent les chèvres, sont marquetés, picotés et tachetés. Car j’ai vu ce que te fait Laban.

13 Je suis le Dieu fort de Béthel, où tu oignis la pierre que tu dressas pour monument, quand tu me fis là un vœu. Maintenant donc, lève-toi, sors de ce pays, et retourne au pays de ton parentage.

14 Alors Rachel et Léa répondirent et lui dirent : Avons-nous encore quelque portion et quelque héritage dans la maison de notre père ?

15 Ne nous a-t-il pas traitées comme des étrangères, puisqu’il nous a vendues, et que même il a entièrement mangé notre argent.

16 Car toutes les richesses que Dieu a ôtées à notre père, nous appartenaient et à nos enfants. Maintenant donc, fais ce que Dieu t’a dit.

17 Ainsi Jacob se leva, et fit monter ses enfants et ses femmes sur des chameaux.

18 Et il emmena tout son bétail et le bien qu’il avait acquis, et tout ce qu’il possédait, et qu’il avait acquis en Paddan-Aram, pour venir vers Isaac, son père, au pays de Canaan.

19 Or, comme Laban était allé tondre ses brebis, Rachel déroba les marmousets qui étaient à son père.

20 Et Jacob se déroba de Laban le Syrien ; car il ne lui dit point qu’il voulait s’enfuir.

21 Il s’enfuit donc avec tout ce qui lui appartenait, et il partit, et passa le fleuve, et s’avança vers la montagne de Galaad.

22 Et au troisième jour on rapporta à Laban que Jacob s’en était enfui.

23 Alors il prit ses frères avec lui, et le poursuivit durant sept jours, et l’atteignit à la montagne de Galaad.

24 Mais Dieu apparut à Laban, le Syrien, en songe, la nuit, et lui dit : Prends garde de ne rien dire à Jacob, ni en bien ni en mal.

25 Laban donc atteignit Jacob. Et Jacob avait planté ses tentes sur la montagne. Et Laban tendit aussi les siennes avec ses frères sur la montagne de Galaad.

26 Et Laban dit à Jacob : Qu’as-tu fait ? Tu t’es dérobé de moi ; tu as emmené mes filles comme des prisonnières de guerre.

27 Pourquoi t’es-tu enfui en cachette, et t’es-tu dérobé de moi, sans m’en donner avis, car je t’eusse conduit avec joie et chansons, au son des tambours et de la harpe.

28 Tu ne m’as pas seulement laissé baiser mes fils et mes filles. Tu en as usé follement.

29 J’avais en main le pouvoir de vous faire du mal ; mais le Dieu de votre père m’a parlé la nuit passée, et m’a dit : Prends garde de ne rien dire à Jacob, ni en bien ni en mal.

30 Or, maintenant, je vois que tu t’es retiré si promptement, parce que tu souhaitais avec passion de revoir la maison de ton père ; mais pourquoi m’as-tu dérobé mes dieux ?

31 Et Jacob répondant, dit à Laban : Je me suis retiré, parce que je craignais ; car je disais en moi-même, qu’il fallait prendre garde que tu ne me ravisses tes filles.

32 Mais, que celui que tu trouveras avoir tes dieux, ne vive point. Reconnais devant nos frères, s’il y a quelque chose qui t’appartienne chez moi, et prends-le. Car Jacob ignorait que Rachel les eût dérobés.

33 Alors Laban vint dans la tente de Jacob et dans celle de Léa, et dans la tente des deux servantes, et il ne les trouva point. Or, étant sorti de la tente de Léa, il entra dans la tente de Rachel.

34 Mais Rachel prit les idoles, et les ayant mises dans le bât d’un chameau, elle s’assit dessus. Et Laban fouilla dans toute la tente, et ne les trouva point.

35 Et elle dit à son père : Que mon seigneur ne se fâche point de ce que je ne puis me lever devant lui ; car j’ai ce que les femmes ont accoutumé d’avoir. Et il fouilla ; mais il ne trouva point les marmousets.

36 Et Jacob se mit en colère, et querella Laban, et prenant la parole, il lui dit : Quel est mon crime ? Quel est mon péché, pour me poursuivre ainsi avec tant de chaleur ?

37 Tu as fouillé tout mon ménage : qu’as-tu trouvé de tous les meubles de ta maison ? Fais-le voir ici devant mes frères, et devant les tiens, et qu’ils soient juges entre nous deux.

38 J’ai été avec toi ces vingt ans passés ; tes brebis et tes chèvres n’ont point avorté ; je n’ai point mangé les moutons de tes troupeaux.

39 Que s’il y en a eu qui aient été déchirées par les bêtes sauvages, je ne te les ai point rapportées ; j’en ai moi-même porté le dommage ; et tu me les redemandais, même ce qui avait été dérobé, soit de jour, soit de nuit.

40 Le hâle   consumait le jour, et la gelée pendant la nuit ; et le sommeil fuyait de mes yeux.

41 Je t’ai servi ces vingt ans passés dans ta maison ; quatorze ans pour tes deux filles, et six pour tes troupeaux, et tu m’as changé dix fois mon salaire.

42 Si le Dieu de mon père, le Dieu d’Abraham, et la frayeur d’Isaac n’eût été pour moi, sans doute tu m’eusses maintenant renvoyé à vide. Mais Dieu a regardé mon affliction et le travail de mes mains ; et il t’a repris la nuit passée.

43 Et Laban répondit à Jacob et dit : Ces filles sont mes filles, ces enfants sont mes enfants, et ces troupeaux sont mes troupeaux, et tout ce que tu vois est à moi. Et que ferais-je aujourd’hui à mes filles, ou aux enfants qu’elles ont enfantés ?

44 Maintenant donc, viens, traitons ensemble une alliance qui serve de témoignage entre toi et moi.

45 Et Jacob prit une pierre, et la dressa pour monument.

46 Et il dit à ses frères : Amassez des pierres. Et ayant apporté des pierres, ils en firent un monceau, et mangèrent sur ce monceau de pierres.

47 Et Laban l’appela Jégar-Sahadutha, et Jacob l’appela Galhed.

48 Après cela Laban dit : Ce monceau sera aujourd’hui témoin entre moi et toi ; c’est pourquoi il fut nommé Galhed.

49 Il fut aussi appelé Mitspa, parce que Laban dit : Que l’Éternel veille sur moi et sur toi, quand nous nous serons retirés l’un de l’autre.

50 Si tu maltraites mes filles, et si tu prends une autre femme que mes filles, il n’y aura personne qui en soit témoin entre nous. Regarde, Dieu sera témoin entre moi et toi.

51 Et Laban dit encore à Jacob : Regarde ce monceau de pierres, vois le monument que j’ai dressé entre moi et toi.

52 Ce monceau et ce monument seront témoins que je ne passerai point ce monceau de pierres pour aller à toi ; et qu’aussi tu ne passeras point ce monceau et ce monument pour me venir faire du mal.

53 Que le Dieu d’Abraham et le Dieu de Nacor, le Dieu de leur père, juge entre nous ! Et Jacob jura par la Frayeur d’Isaac son père.

54 Et Jacob offrit un sacrifice sur la montagne ; et il invita ses frères pour manger du pain. Ils mangèrent donc du pain, et passèrent la nuit sur la montagne.

55 Et Laban se levant de bon matin, baisa ses fils et ses filles, et les bénit et s’en alla. Ainsi Laban s’en retourna chez lui. 

REFLEXIIONS

I. La première, que Dieu, selon ses promesses, accorda à Jacob de grandes richesses pendant qu'il demeura chez Laban son beau-père.

II. La seconde, que Dieu ordonna à Jacob de retourner au pays de Canaan qu'il devait posséder,
l’ayant auparavant préparé lui et sa famille à quitter la Mésopotamie par l'injustice et la dureté avec laquelle Laban en avait usé à leur égard.

III. La troisième, que Laban irrité du départ de Jacob avait eu d’abord intention de lui nuire, mais que Dieu lui ayant défendu de faire aucun mal à Jacob, ils se réconcilièrent et qu’ils firent alliance ensemble. C’est ainsi que Dieu bénit ceux qu’il aime, qu’il les conduit, qu'il les préserve des dangers qui les menacent et qu’il apaise en leur faveur le cœur de leurs ennemis.

V. Il faut encore remarquer que Rachel, en partant de chez son père, prit avec elle les marmousets ou les idoles qu’il y avait dans la maison, de quoi Laban lui fit de grands reproches. Cela montre que, quoique le vrai Dieu fût connu dans la famille de Laban, l’idolâtrie commençait à s'y établir et qu'ainsi il était nécessaire que Jacob et sa famille se retirassent de ce pays-là et qu'il revint dans le lieu où Isaac son père demeurait pour y servir Dieu avec pureté.

CHAPITRE XXXII.

Jacob, apprenant qu’Ésaü son frère venait à lui avec quatre cents hommes, implore le secours de Dieu et envoie des présents à Ésaü pour l'apaiser. Un ange lutte avec Jacob, le bénit, lui donne le nom d'Israël et l'assure que Dieu le protègerait.

1 Et Jacob continua son chemin, et les anges de Dieu lui vinrent au-devant.

2 Et aussitôt que Jacob les eut vus, il dit : C’est ici le camp de Dieu ; et il appela ce lieu-là Mahanajim.

3 Et Jacob envoya des messagers devant lui vers Ésaü, son frère, au pays de Séhir, au territoire de l’Idumée.

4 Et il leur donna ce commandement, disant : Vous parlerez ainsi à Ésaü, mon seigneur : Ainsi a dit ton serviteur Jacob : J’ai habité comme étranger chez Laban, et j’y ai demeuré jusqu’à présent.

5 Et j’ai des bœufs, des ânes, des brebis, des serviteurs et des servantes ; et j’envoie des gens pour l’annoncer à mon seigneur, afin de trouver grâce devant lui.

6 Et les messagers retournèrent à Jacob, disant : Nous sommes venus vers ton frère Ésaü ; et le voici qui vient au-devant de toi, ayant quatre cents hommes avec soi.

7 Alors Jacob eut une grande peur, et il fut fort en peine ; c’est pourquoi ayant partagé le peuple qui était avec lui, et les brebis, et les bœufs, et les chameaux, en deux bandes, il dit :

8 Si Ésaü vient attaquer une de ces bandes, et la frappe, l’autre, qui demeurera de reste, échappera.

9 Jacob dit aussi : Ô Dieu de mon père Abraham, Dieu de mon père Isaac ! Ô Éternel, qui m’as dit : Retourne en ton pays, et au lieu de ta naissance, et je te ferai du bien ;

10 je suis trop petit au prix de toutes tes faveurs et de la vérité que tu as gardée dans tes promesses envers ton serviteur ; car j’ai passé avec mon bâton ce fleuve du Jourdain ; mais, maintenant, je retourne avec ces deux bandes.

11 Je te prie, délivre-moi de la main de mon frère Ésaü ; car je crains qu’il ne vienne et qu’il ne me frappe, et qu’il ne mette à mort la mère avec les enfants.

12 Cependant, tu as dit : Certainement, je te ferai du bien, et je ferai devenir ta postérité comme le sable de la mer, qu’on ne saurait compter à cause de son grand nombre.

13 Et il passa la nuit en ce lieu-là, et il prit de ce qui lui vint à la main pour en faire un présent à Ésaü son frère :

14 deux cents chèvres, vingt boucs, deux cents brebis, vingt moutons,

15 trente femelles de chameaux qui allaitaient, avec leurs petits, quarante jeunes vaches, dix jeunes taureaux, vingt ânesses et dix ânons.

16 Et il mit entre les mains de ses serviteurs chaque troupeau à part, et leur dit : Passez devant moi, et faites qu’il y ait de la distance entre un troupeau et l’autre.

17 Et il donna cet ordre au premier, disant : Quand Ésaü, mon frère, te rencontrera et te demandera : A qui es-tu, et où vas-tu, et à qui sont ces choses qui sont devant toi ?

18 alors tu diras : Je suis à ton serviteur Jacob ; c’est un présent qu’il envoie à Ésaü mon seigneur, et il vient lui-même après nous.

19 Il fit le même commandement au second, et le même au troisième, et le même à tous ceux qui allaient après les troupeaux, disant : Vous tiendrez ces discours à Ésaü, quand vous le rencontrerez ;

20 et vous direz : Voici, même ton serviteur Jacob est derrière nous. Car il disait : Je l’apaiserai par ce présent qui ira devant moi, et après cela, je verrai sa face ; peut-être qu’il me regardera favorablement.

21 Le présent donc marcha devant lui ; mais il demeura cette nuit-là avec sa troupe.

22 Et s’étant levé cette nuit-là, il prit ses deux femmes et ses deux servantes et ses onze enfants, et il passa le gué de Jabbok.

23 Il les prit donc, et leur fit passer le torrent. Il fit aussi passer tout ce qu’il avait.

24 Or, Jacob étant demeuré seul, un homme lutta avec lui, jusqu’à ce que l’aube du jour fût levée.

25 Et quand cet homme-là vit qu’il ne pouvait le vaincre, il toucha l’endroit de l’emboîture de sa hanche ; ainsi l’emboîture de l’os de la hanche de Jacob fut démise pendant que l’homme luttait avec lui.

26 Et cet homme lui dit : Laisse-moi, car l’aube du jour est levée. Mais il dit : Je ne te laisserai point, que tu ne m’aies béni.

27 Et il lui dit : Quel est ton nom ? Et il répondit : Jacob.

28 Alors il dit : Ton nom ne sera plus Jacob, mais Israël ; car tu as été le plus fort.

29 Et Jacob l’interrogea, disant : Je te prie, apprends-moi ton nom. Et il répondit : Pourquoi demandes-tu mon nom ? Et il le bénit là.

30 Et Jacob nomma le lieu, Péniel ; car, dit-il, j’ai vu Dieu face à face, et mon âme a été délivrée.

31 Et le soleil se leva, aussitôt qu’il eut passé Péniel ; et il était boiteux d’une hanche.

32 C’est pourquoi jusqu’à ce jour les enfants d’Israël ne mangent point du muscle retirant, qui est à l’endroit de l’emboîture de la hanche, parce que cet homme-là toucha l’endroit de l’emboîture de la hanche de Jacob, à l’endroit du muscle retirant.

REFLEXIONS

I. L'exemple de Jacob qui, dans la crainte où il était qu'Ésaü ne le maltraitât, implore le secours du Seigneur et tâche d'apaiser son frère par sa soumission, nous apprend à recourir à Dieu dans les dangers et à joindre la prudence à la prière en faisant tous nos efforts pour adoucir ceux qui sont irrités contre nous et pour les porter à la réconciliation.

II. Il paraît que Jacob était fort riche en bétail, puisque dans le présent qu'il fit à son frère, il y avait un si grand nombre de chameaux et d'animaux domestiques.

III. Comme Jacob rendit grâce à Dieu avec beaucoup d'humilité et de reconnaissance de la protection et de toutes les bénédictions qu'il lui avait accordées jusqu'alors, nous devons à son imitation remercier Dieu et nous humilier devant lui dans le sentiment de ses grâces envers nous et de notre indignité.

IV. Pour ce qui est de la lutte de Jacob avec l'ange, il faut savoir que Dieu voulait assurer par-là Jacob qu'il n'avait rien à craindre de son frère Ésaü et qu'il serait plus fort que tous ceux qui voudraient lui nuire, ce fut pour la même raison que l'ange donna à Jacob le nom d'Israël qui signifie celui qui a prévalu luttant avec Dieu.

Cependant, il est à remarquer que l'ange rendit Jacob boiteux afin qu'il eût en cela pendant toute sa vie une preuve de ce qui lui était arrivé dans cette occasion et qu'il reconnut que, celui avec qui il avait lutté, était un ange de Dieu et que s'il en avait été vainqueur, c'était parce que Dieu l'avait bien voulu ainsi.

V. Enfin, il faut remarquer sur cette histoire avec le prophète Osée, que ce fut en pleurant, en priant et en demandant grâce que ce patriarche fut le plus fort dans cette lutte, par où nous voyons quelle est l'efficace de la prière lorsqu'elle est faite avec foi, avec ardeur et avec persévérance.

CHAPITRE XXXIII.

Moïse récite premièrement ce qui se passa dans l'entrevue de Jacob et d’Ésaü, et en second lieu l'arrivée de Jacob en Sichem où il bâtit un autel au Seigneur.

1 Et Jacob levant les yeux, regarda. Et voici, Ésaü venait, et quatre cents hommes avec lui. Alors il divisa ses enfants en trois bandes, sous Léa, sous Rachel, et sous les deux servantes.

2 Et il mit à la tête les servantes avec leurs enfants ; Léa et ses enfants après, et Rachel et Joseph au dernier rang.

3 Et il passa devant eux, et se prosterna en terre sept fois, jusqu’à ce qu’il se fût approché de son frère.

4 Mais Ésaü courut au-devant de lui et l’embrassa, et se jetant sur son cou, il le baisa, et ils pleurèrent.

5 Et levant ses yeux, il vit les femmes et les enfants, et il dit : Qui sont ceux-là ? Sont-ils à toi ? Et il répondit : Ce sont les enfants que Dieu, par sa grâce, a donnés à ton serviteur.

6 Et les servantes s’approchèrent, elles et leurs enfants, et se prosternèrent.

7 Léa aussi s’approcha, et ses enfants, et ils se prosternèrent. Et ensuite Joseph et Rachel s’approchèrent, et ils se prosternèrent aussi.

8 Et il dit : Que veux-tu faire avec tout ce camp que j’ai rencontré ? Et il répondit : C’est pour trouver grâce devant mon seigneur.

9 Et Ésaü dit : J’en ai abondamment, mon frère. Garde ce qui est à toi.

10 Et Jacob répondit : Non, je te prie, si maintenant j’ai trouvé grâce devant toi, reçois ce présent de ma main ; car j’ai vu ta face, comme si j’eusse vu la face de Dieu ; et tu as été apaisé envers moi.

11 Reçois, je te prie, le présent qui t’a été offert ; car Dieu m’en a donné par sa grâce, et j’ai de tout. Il le pressa donc tant qu’il le prit.

12 Et Ésaü dit : Partons et marchons, et je marcherai devant toi.

13 Et Jacob dit : Mon seigneur sait que ces enfants sont tendres, et je suis chargé de brebis et de vaches qui allaitent ; que si on les presse d’un seul jour, tout le troupeau mourra.

14 Je te prie, que mon seigneur marche devant ton serviteur ; et je m’en irai tout doucement, au pas du bétail qui est devant moi, et de ces petits enfants, jusqu’à ce que j’arrive chez mon seigneur à Séhir.

15 Et Ésaü dit : Je te prie que je fasse demeurer avec toi quelques-uns des gens qui sont avec moi. Et il répondit : Pourquoi cela ? Je te prie que je trouve grâce avec mon seigneur.

16 Ainsi Ésaü s’en retourna ce jour-là à Séhir, par le même chemin qu’il était venu.

17 Et Jacob s’en alla à Succoth, et il y bâtit une maison pour soi, et il y fit des cabanes pour son bétail ; c’est pourquoi il nomma le lieu Succoth.

18 Et Jacob arriva en bonne santé à la ville de Sichem, au pays de Canaan, venant de Paddan-Aram ; et il se campa devant la ville.

19 Ensuite il acheta, de la main des enfants d’Hémor, père de Sichem, une portion du champ dans lequel il avait dressé sa tente, et il en paya cent pièces d’argent.

20 Et il dressa là un autel, qu’il appela : Le Dieu fort, le Dieu d’Israël.

REFLEXIONS
On voit dans ce chapitre comment Jacob apaisa son frère Ésaü, par son respect et par sa soumission et comment Dieu le garantit et le conduisit heureusement au pays de Canaan. Nous devons reconnaître ici que Dieu exauce et délivre ceux qui se confient en lui, qu’il change en leur faveur le cœur de leurs ennemis et que la douceur et l'humilité ont beaucoup de force pour adoucir les personnes irritées. Le soin qu'eut Jacob de bâtir un autel dans le lieu où il s’établit est un effet de sa piété. À son imitation, nous devons nous acquitter avec soin des devoirs de la religion et témoigner par ce moyen à Dieu notre reconnaissance pour tous les biens qu'il nous faits.

CHAPITRE XXXIV.

Sichem enlève Dina fille de Jacob et l'obtient en mariage à condition que tous les habitants de la ville de Sichem soient circoncis, ce qui ayant été fait, deux des fils de Jacob prirent ce temps-là pour tuer les habitants de Sichem.

1 Or Dina, qui était la fille que Léa avait enfantée à Jacob, sortit pour voir les filles du pays.

2 Et Sichem, fils d’Hémor, Hévien, prince du pays, la vit, et la ravit, et coucha avec elle, et lui fit violence.

3 Et son cœur demeura fortement attaché à Dina, fille de Jacob, et il aima la jeune fille, et lui parla selon son cœur.

4 Sichem aussi parla à Hémor son père, et lui dit : Prends cette fille, et fais que je l’aie pour femme.

5 Or, Jacob apprit qu’il avait violé Dina sa fille, et ses fils étaient avec son bétail aux champs. Ainsi Jacob se tut jusqu’à ce qu’ils fussent revenus.

6 Alors Hémor, père de Sichem, vint pour parler à Jacob.

7 Et aussitôt que les enfants de Jacob eurent appris ce qui était arrivé, ils revinrent des champs, et furent extrêmement fâchés et fort irrités, à cause de l’action infâme que cet homme avait commise contre Israël, en couchant avec la fille de Jacob, ce qui ne se devait point faire.

8 Et Hémor leur parla et leur dit : Sichem, mon fils, a beaucoup d’affection pour votre fille : donnez-la-lui, je vous prie, pour femme.

9 Et alliez-vous avec nous ; donnez-nous vos filles, et prenez nos filles pour vous.

10 et habitez avec nous ; et le pays sera à votre disposition. Demeurez-y, et y trafiquez, et le possédez.

11 Sichem aussi dit au père et aux frères de la fille : Que je trouve grâce devant vous, et je donnerai tout ce que vous me direz.

12 Imposez-moi un grand douaire, et de grands présents, et je les donnerai comme vous me direz ; et donnez-moi la jeune fille pour femme.

13 Alors les enfants de Jacob répondirent à Sichem et à Hémor, son père ; et parlant à dessein de les tromper, parce qu’il avait violé Dina leur sœur,

14 ils leur dirent : Nous ne pouvons faire cela, ni donner notre sœur à un homme incirconcis ; car ce nous serait un opprobre.

15 Mais nous consentirons à ce que vous voulez, sous cette condition, si vous devenez semblables à nous, en circoncisant tous les mâles qui sont parmi vous.

16 Alors nous vous donnerons nos filles, et nous prendrons les vôtres pour nous ; et nous habiterons avec vous, et nous ne serons plus qu’un peuple.

17 Mais si vous ne voulez pas écouter la demande que nous vous faisons, d’être circoncis, nous prendrons notre fille, et nous nous en irons.

18 Et leurs discours plurent à Hémor et à Sichem, fils d’Hémor.

19 Et le jeune homme ne différa point à faire ce qu’on lui avait proposé ; car la fille de Jacob lui agréait beaucoup ; et il était le plus considéré de tous ceux de la maison de son père.

20 Hémor donc et Sichem son fils vinrent à la porte de leur ville, et parlèrent aux gens de leur ville, et leur dirent :

21 Ces gens-ci sont fort paisibles : ils sont avec nous ; qu’ils habitent au pays, et qu’ils y trafiquent. Et voici, le pays est d’une assez grande étendue pour eux ; nous prendrons pour nos femmes leurs filles, et nous leur donnerons les nôtres.

22 Mais ils ne consentiront d’habiter avec nous pour n’être qu’un seul peuple, qu’à cette condition, que tout mâle qui est parmi nous, soit circoncis comme ils sont circoncis.

23 Leur bétail, et leurs biens, et toutes leurs bêtes, ne seront-ils pas à nous ? Donnons-leur seulement cette satisfaction, et qu’ils demeurent avec nous.

24 Et tous ceux qui sortaient par la porte de leur ville, obéirent à Hémor et à Sichem son fils, et tout mâle qui sortait par la porte de leur ville fut circoncis.

25 Et il arriva au troisième jour, lorsqu’ils étaient dans la douleur, que deux des enfants de Jacob, Siméon et Lévi, frères de Dina, ayant pris leur épée, entrèrent hardiment dans la ville, et tuèrent tous les mâles.

26 Ils tuèrent aussi au tranchant de l’épée Hémor et Sichem son fils ; et ils prirent Dina de la maison de Sichem, et ils sortirent.

27 Et les enfants de Jacob se jetèrent sur ceux qui avaient été tués, et pillèrent la ville, parce qu’ils avaient violé leur sœur.

28 Et ils prirent leurs troupeaux, leurs ânes, et ce qui était dans la ville et aux champs ;

29 et tous leurs biens, et tous leurs petits-enfants, et ils emmenèrent prisonnières leurs femmes, et les pillèrent ; et ils prirent tout ce qui était dans les maisons.

30 Alors Jacob dit à Siméon et à Lévi : Vous m’avez troublé, en me mettant en mauvaise odeur parmi les habitants du pays, tant Cananéens que Phérésiens ; et pour ce qui est de moi, nous sommes en petit nombre ; ils s’assembleront donc contre moi, et ils me frapperont, et ils me détruiront, moi et ma maison.

31 Et ils répondirent : Devions-nous souffrir qu’on fît de notre sœur comme d’une prostituée ?

REFLEXIONS
Voici les instructions que cette histoire nous donne :

I. Ce qui arriva à Dina en allant voir les Sichémites nous apprend à fuir les occasions de tomber dans la tentation ou d'y faire tomber les autres.

II. La vengeance que les fils de Jacob tirèrent de l'outrage fait à leur sœur doit être regardée comme une perfidie et une action lâche, cruelle et même impie puisqu'ils se servirent du prétexte de la religion pour tuer les Sichémites, aussi fut-elle blâmée par Jacob qui reprocha cette violence à ses fils même au lit de la mort.

III. Il faut remarquer que quoique cette action fût injuste, Dieu la permit afin de punir Sichem du crime qu'il avait commis.

IV. Nous voyons ici que l'impureté a souvent des suites funestes et qu'il est très dangereux de suivre les mouvements de la vengeance.

V. Enfin, il faut considérer cet événement comme une épreuve que Dieu envoya à Jacob et comme un moyen dont la providence se servit pour empêcher que ce patriarche ne s'arrêtât pour lors dans ce pays-là.

CHAPITRE XXXV.

Jacob ôte les idoles de sa maison et va à Béthel où il bâtit un autel au Seigneur et où Dieu lui réitère les promesses qu’il avait faites. Après cela, il part de Béthel. Rachel sa femme meurt en enfantant Benjamin et il arrive à Hébron avec toute sa famille vers son père Isaac dont la mort est rapportée ici. 

1 Or, Dieu dit à Jacob : Lève-toi, monte à Béthel, et demeure là, et y dresse un autel au Dieu fort, qui t’apparut lorsque tu fuyais de devant Ésaü ton frère.

2 Jacob donc dit à sa famille et à tous ceux qui étaient avec lui : Ôtez les dieux des étrangers qui sont au milieu de vous, et purifiez-vous et changez de vêtements ;

3 et levons-nous et montons à Béthel, et je ferai là un autel au Dieu fort, qui m’a répondu au jour de ma détresse, et qui a été avec moi pendant mon voyage.

4 Alors ils donnèrent à Jacob tous les dieux des étrangers qu’ils avaient et les bagues qui étaient pendues à leurs oreilles, et il les enterra sous un chêne, qui était auprès de Sichem.

5 Ensuite ils partirent. Et Dieu frappa de terreur les villes qui étaient autour d’eux, tellement qu’ils ne poursuivirent point les enfants de Jacob.

6 Ainsi Jacob, et tout le peuple qui était avec lui, vint à Luz, qui est au pays de Canaan, et qui est appelée Béthel.

7 Et il y bâtit un autel, et il appela ce lieu-là : Le Dieu fort de Béthel ; car Dieu lui était apparu là, lorsqu’il fuyait de devant son frère.

8 Alors mourut Débora, la nourrice de Rébecca ; et elle fut ensevelie au-dessous de Béthel, sous un chêne, qui fut appelé Allonbacuth.

9 Et Dieu apparut encore à Jacob, lorsqu’il venait de Paddan-Aram ; et il le bénit,

10 et il lui dit : Ton nom est Jacob ; mais tu ne seras plus appelé Jacob ; car ton nom sera Israël ; et il appela son nom Israël.

11 Dieu lui dit aussi : Je suis le Dieu fort, tout-puissant : Augmente et multiplie. Une nation, même une multitude de nations naîtront de toi, des rois même sortiront de toi.

12 Et je te donnerai le pays que j’ai donné à Abraham et à Isaac, et je le donnerai à ta postérité après toi.

13 Et Dieu remonta d’avec lui, du lieu où il lui avait parlé.

14 Et Jacob dressa un monument au lieu où Dieu lui avait parlé, un monument de pierres, et il fit dessus une aspersion, et y répandit de l’huile.

15 Jacob donc appela le lieu où Dieu lui avait parlé : Béthel.

16 Et ils partirent de Béthel, et il y avait encore quelque petit espace de pays pour venir à Ephrat, lorsque Rachel enfanta ; et elle fut dans un grand travail.

17 Et comme elle avait beaucoup de peine à accoucher, la sage-femme lui dit : Ne crains point, car tu auras encore un fils.

18 Et en expirant, car elle mourut, elle nomma l’enfant Bénoni ; mais son père l’appela Benjamin.

19 C’est ainsi que mourut Rachel, et elle fut ensevelie au chemin d’Ephrat, qui est Béthléhem.

20 Et Jacob dressa un monument sur sa sépulture ; et c’est le monument de la sépulture de Rachel, qui subsiste encore aujourd’hui.

21 Après cela, Israël partit, et il dressa ses tentes au-delà de Migdal-Héder.

22 Et il arriva pendant qu’Israël demeurait en ce pays-là, que Ruben vint et coucha avec Bilha, concubine de son père ; et Israël en fut averti. Or, Jacob avait douze fils.

23 Les fils de Léa étaient : Ruben, premier-né de Jacob, Siméon, Lévi, Juda, Issacar et Zabulon.

24 Les fils de Rachel : Joseph et Benjamin.

25 Les fils de Bilha, servante de Rachel : Dan et Nephthali.

26 Les fils de Zilpa, servante de Léa : Gad et Ascer. Ce sont là les enfants de Jacob qui lui naquirent en Paddan-Aram.

27 Et Jacob vint à Isaac son père, en la plaine de Mamré en Kirjatharbah, qui est Hébron, où Abraham et Isaac avaient habité comme étrangers.

28 Et le temps que vécut Isaac, fut cent quatre-vingts ans.

29 Ainsi Isaac ayant perdu ses forces, mourut, et fut recueilli avec ses peuples, âgé et rassasié de jours, et Ésaü et Jacob, ses fils, l’ensevelirent.

REFLEXIONS
Ce qu’il faut remarquer dans ce chapitre, c’est :

I. Que les fréquents changements d’habitation de Jacob et les afflictions dont Dieu le visita, particulièrement par la mort de Rachel, montre que les patriarches n’avaient point d’état fixe dans le pays de Canaan, ni de bonheur assuré sur la terre et que leur patrie était le ciel.

II. Nous voyons ici que partout où Jacob allait, Dieu lui apparaissait et lui réitérait ses promesses et les assurances de sa protection, ce qui doit nous faire reconnaitre que Dieu est partout avec ceux qui le craignent et qu'il ne retire jamais son amour de dessus eux.

III. Nous avons un bel exemple de piété et de reconnaissance dans le soin que Jacob eut de bannir l’idolâtrie de sa famille en faisant enterrer les idoles que les gens portaient avec eux et d’accomplir le vœu qu’il avait fait de servir Dieu à Béthel où Dieu lui apparut lorsqu'il alla en Mésopotamie.

IV. Le crime infâme que Ruben commit et qui est rapporté dans ce chapitre fut un grand sujet d’affliction pour Jacob son père et qui lui en fit des reproches avant que de mourir, et qui l'en punit en lui ôtant son droit d’aînesse.

V. Enfin, Moïse nous a appris qu’Isaac parvint à un âge extrêmement avancé et qu'il eut la consolation avant sa mort de revoir Jacob son fils comblé des bénédictions du Ciel. Ce fut là une preuve bien sensible de l’amour de Dieu envers Isaac et une douce récompense que Dieu accorda en ce monde à sa piété.

CHAPITRE XXXVI.

Ce chapitre contient le dénombrement des descendants d'Esaü, frère de Jacob.

1 Ce sont ici les générations d’Ésaü, qui est Edom.

2 Ésaü prit ses femmes des filles de Canaan ; savoir, Hada, fille d’Elon, Héthien, et Aholibama, fille de Hana, et petite-fille de Tsibhon, Hévien.

3 Il prit aussi Basmath, fille d’Ismaël, sœur de Nébajoth.

4 Et Hada enfanta à Ésaü Eliphaz, et Basmath enfanta Réhuel.

5 Et Aholibama enfanta Jéhus, et Jahlam et Korah. Ce sont là les enfants d’Ésaü, qui lui naquirent au pays de Canaan.

6 Et Ésaü prit ses femmes et ses fils, et ses filles, et toutes les personnes de sa maison, et tous ses troupeaux, et ses bêtes, et tout le bien qu’il avait acquis au pays de Canaan ; et il s’en alla en un autre pays, loin de Jacob, son frère.

7 Car leurs biens étaient si grands, qu’ils n’eussent pas pu demeurer ensemble, et le pays où ils habitaient comme étrangers, ne les eût pas pu contenir, à cause de leurs troupeaux.

8 Ainsi Ésaü habita sur la montagne de Séhir. Ésaü est Édom.

9 Ce sont ici les générations d’Ésaü, père des Iduméens, sur la montagne de Séhir.

10 Ce sont ici les noms des enfants d’Ésaü : Eliphaz, fils de Hada, femme d’Ésaü ; Réhuel, fils de Basmath, femme d’Ésaü.

11 Et les enfants d’Éliphaz furent Théman, Omar, Tsépho, Gatham et Kénaz.

12 Et Timnah fut concubine d’Éliphaz, fils d’Ésaü, et enfanta Hamalek à Éliphaz. Ce sont là les enfants de Hada, femme d’Ésaü.

13 Et ce sont ici les enfants de Réhuel : Nahath, Zérah, Sçamma et Miza. Ceux-ci furent enfants de Basmath, femme d’Ésaü.

14 Et ceux-ci furent les enfants d’Aholibama, fille de Hana, petite-fille de Tsibhon, et femme d’Ésaü, qui enfanta à Ésaü Jéhus, Jahlam et Korah.

15 Ce sont ici les ducs des enfants d’Ésaü : des enfants d’Éliphaz, premier-né d’Ésaü, le duc Théman, le duc Omar, le duc Tsépho, le duc Kénaz ;

16 le duc Korah, le duc Gatham, le duc Hamalek. Ce sont là les ducs d’Éliphaz au pays d’Édom, qui furent enfants de Hada.

17 Et ce sont ici les ducs des enfants de Réhuel, fils d’Ésaü : Le duc Nahath, le duc Zérah, le duc Sçamma, et le duc Miza. Ce sont là les ducs sortis de Réhuel, au pays d’Édom, qui furent enfants de Basmath, femme d’Ésaü.

18 Et ce sont ici les ducs des enfants d’Aholibama, femme d’Ésaü : Le duc Jéhus, le duc Jahlam, le duc Korah, qui sont les ducs sortis d’Aholibama, fille de Hana, femme d’Ésaü.

19 Ce sont là les enfants d’Ésaü, qui est Édom, et ce sont là leurs ducs.

20 Ce sont ici les enfants de Séhir, Horien, qui avaient habité au pays : Lotan, Sçobal, Tsibhon et Hana,

21 Disçon, Etser et Disçan, qui sont les ducs des Horiens, enfants de Séhir au pays d’Édom.

22 Et les enfants de Lotan furent Hori et Héman ; et Timnah était sœur de Lotan.

23 Et ce sont ici les enfants de Sçobal : Halvan, Manahath, Hébal, Sépho, et Onam.

24 Et ce sont ici les enfants de Tsibhon : Aja et Hana. Ce Hana est celui qui trouva les mulets au désert, quand il paissait les ânes de Tsibhon son père.

25 Et ce sont ici les enfants de Hana : Disçon et Aholibama, fille de Hana.

26 Et ce sont ici les enfants de Disçon : Hemdan, Esçban, Jithran et Kéran.

27 Et ce sont ici les enfants d’Etser : Bilhan, Zahavan et Hakan.

28 Et ce sont ici les enfants de Disçan : Huts et Aran.

29 Ce sont ici les ducs des Horiens : Le duc Lotan, le duc Sçobal, le duc Tsibhon, le duc Hana ;

30 le duc Disçon, le duc Etser, le duc Disçan. Ce sont là les ducs des Horiens, comme ils étaient établis au pays de Séhir.

31 Et ce sont ici les rois qui ont régné au pays d’Édom, avant qu’aucun roi régnât sur les enfants d’Israël :

32 Bélah donc, fils de Béhor, régna en Édom, et le nom de sa fille était Dinhaba.

33 Et Bélah mourut ; et Jobab, fils de Zérah, de Botsra, régna en sa place.

34 Et Jobab mourut ; et Husçam, du pays des Thémanites, régna en sa place.

35 Et Husçam mourut ; et Hadad, fils de Badad, régna en sa place ; et il défit Madian au territoire de Moab ; et le nom de sa ville était Havith.

36 Et Hadad mourut ; et Samla de Masréka régna en sa place.

37 Et Samla mourut ; et Sçaül de Réhoboth du fleuve, régna en sa place.

38 Et Sçaül mourut ; et Bahal-hanan, fils de Hacbor, régna en sa place.

39 Et Bahal-hanan, fils de Hacbor, mourut ; et Hadar régna en sa place ; et le nom de sa ville était Pahu, et le nom de sa femme Méhétabéel, qui était fille de Matred, et petite-fille de Mézahab.

40 Et ce sont ici les noms des ducs d’Ésaü, selon leurs familles, selon leurs lieux, selon leurs noms : Le duc Timnah, le duc Halva, le duc Jéteth,

41 le duc Aholibama, le duc Ela, le duc Pinon,

42 le duc Kénaz, le duc Théman, le duc Mibtsar,

43 le duc Magdiel et le duc Hiram. Ce sont là les ducs d’Édom, selon leurs demeures au pays de leur possession. C’est Ésaü qui fut le père des Iduméens. 

REFLEXIONS
Il parait de ce chapitre, qu'après qu'Ésaü se fut séparé de Jacob son frère, il acquit de grands biens et qu'il eut une postérité nombreuse et puissante qui subsistât longtemps dans un état florissant quoi qu’il n’eût pas part à l’alliance divine comme Jacob. Ce fut ainsi que les promesses qui lui avaient été faites par Isaac son père s’accomplirent. Dieu qui dispense ses bénédictions selon son bon plaisir ne les répand pas sur tous les hommes dans la même mesure, mais qu’il n’y a personne qu’il en prive entièrement.

CHAPITRE XXXVII.

C’est ici que commence l'histoire de Joseph l'un des fils de Jacob.

I. Nous voyons dans ce chapitre que Joseph eut des songes qui marquaient l’élévation où il parviendrait un jour.

II. Que ses frères, poussés par la jalousie et par la haine qu’ils avaient contre lui, voulurent le faire mourir, qu'ils le vendirent pour être mené en Égypte et qu'ils firent croire à Jacob leur père que Joseph avait été déchiré par des bêtes.

1 Or, Jacob demeura au pays où son père avait habité comme étranger, c’est-à-dire au pays de Canaan.

2 Et voici ce qui arriva dans la famille de Jacob. Joseph, étant âgé de dix-sept ans, paissait les troupeaux avec ses frères, et était jeune garçon entre les enfants de Bilha et entre les enfants de Zilpa, femmes de son père. Et Joseph rapporta à leur père leurs méchants discours.

3 Or, Israël aimait Joseph plus que tous ses autres fils, parce qu’il l’avait eu en sa vieillesse ; et il lui fit une robe bigarrée.

4 Et ses frères, voyant que leur père l’aimait plus qu’eux tous, le haïssaient, et ne pouvaient lui parler sans aigreur.

5 Et Joseph eut un songe qu’il récita à ses frères, ce qui fit qu’ils le haïrent encore beaucoup plus.

6 Il leur dit donc : Écoutez, je vous prie, le songe que j’ai eu.

7 Voici, nous liions des gerbes au milieu d’un champ, et alors il me sembla que ma gerbe se leva et se tint debout, et que vos gerbes l’environnèrent et se prosternèrent devant ma gerbe.

8 Alors ses frères lui dirent : Régnerais-tu donc sur nous ? Et ils le haïrent encore plus pour ses songes et pour ses paroles.

9 Il eut encore un autre songe, et il leur dit : Voici, j’ai eu encore un songe : Il me semblait que le soleil et la lune, et onze étoiles se prosternaient devant moi.

10 Et quand il le récita à son père, et à ses frères, son père le reprit et lui dit : Que veut dire ce songe que tu as eu ? Faudra-t-il que nous venions, moi, ta mère et tes frères, nous prosterner en terre devant toi ?

11 Et ses frères eurent de l’envie contre lui ; mais son père retenait ses discours.

12 Or, ses frères s’en allèrent paître les troupeaux de leur père à Sichem.

13 Et Israël dit à Joseph : Tes frères ne paissent-ils pas les troupeaux à Sichem ? Viens, que je t’envoie vers eux. Et il lui répondit : Me voici.

14 Et il lui dit : Va maintenant, vois si tes frères et les troupeaux se portent bien, et rapporte-moi ce qui se passe. Ainsi il l’envoya de la vallée d’Hébron, et il vint jusqu’à Sichem.

15 Et un homme le trouva errant par les champs ; et cet homme l’interrogea, et lui dit : Que cherches-tu ?

16 Et il répondit : Je cherche mes frères ; je te prie, enseigne-moi où ils paissent.

17 Et l’homme dit : Ils sont partis d’ici ; et j’ai entendu qu’ils disaient : Allons à Dothaïn. Joseph donc alla après ses frères, et il les trouva à Dothaïn.

18 Et ils le virent de loin. Et avant qu’il s’approchât d’eux, ils conspirèrent contre lui pour le mettre à mort.

19 Et ils se dirent l’un à l’autre : Voici, ce maître songeur vient.

20 Maintenant donc, venez, tuons-le, et le jetons dans une de ces fosses, et nous dirons qu’une mauvaise bête l’a dévoré ; et nous verrons ce que deviendront ses songes.

21 Ruben entendit cela et le délivra de leurs mains, disant : Ne lui ôtons point la vie.

22 Ruben leur dit encore : Ne répandez point le sang : jetez-le dans cette fosse qui est au désert, et ne mettez point la main sur lui. Il disait cela, afin qu’il le délivrât de leurs mains, pour le rendre à son père.

23 Aussitôt donc que Joseph fut venu à ses frères, ils le dépouillèrent de sa robe, de cette robe bigarrée qui était sur lui.

24 Et ils le saisirent et le jetèrent dans la fosse. Or, la fosse était vide, et il n’y avait point d’eau.

25 Ensuite ils s’assirent pour manger du pain. Et levant les yeux, ils regardèrent, et voici une troupe d’Ismaélites qui passaient et qui venaient de Galaad ; et leurs chameaux portaient des drogues, et du baume, et de la myrrhe, et ils allaient porter ces choses en Egypte.

26 Et Juda dit à ses frères : De quoi nous servira-t-il de tuer notre frère, et de cacher son sang ?

27 Venez, et vendons-le à ces Ismaélites, et ne mettons point notre main sur lui ; car il est notre frère et notre chair. Et ses frères lui obéirent.

28 Et comme les marchands madianites passaient, ils tirèrent et firent remonter Joseph de la fosse, et ils le vendirent aux Ismaélites vingt pièces d’argent ; et ces gens-là emmenèrent Joseph en Egypte.

29 Et Ruben retourna à la fosse, et voici, Joseph n’y était plus. Alors il déchira ses vêtements.

30 Et il retourna vers ses frères, et il dit : L’enfant ne se trouve point, et moi, moi, où irai-je ?

31 Et ils prirent la robe de Joseph, et ayant tué un bouc d’entre les chèvres, ils trempèrent la robe dans le sang du bouc.

32 Ensuite ils envoyèrent la robe bigarrée à leur père, et lui firent dire : Nous avons trouvé ceci ; reconnais maintenant si c’est la robe de ton fils ou non.

33 Et il la reconnut, et dit : C’est la robe de mon fils ; une mauvaise bête l’a dévoré ; certainement, Joseph a été déchiré.

34 Et Jacob déchira ses vêtements, et il mit un sac sur ses reins, et il pleura son fils plusieurs jours.

35 Et tous ses fils et toutes ses filles vinrent pour le consoler ; mais il rejeta toute consolation, et il dit : Certainement, je descendrai vers mon fils dans le sépulcre en pleurant. C’est ainsi que son père le pleurait.

36 Et les Madianites le vendirent en Egypte à Potiphar, eunuque de Pharaon, prévôt de l’hôtel.

REFLEXIONS
L'histoire de Joseph est l'une des plus belles et des plus remarquables de l'Écriture sainte et où l'on découvre le plus sensiblement que la providence conduit tous les événements avec une sagesse admirable, et que toutes choses concourent ensemble au bien de ceux qui aiment Dieu.

I. Dieu voulut marquer longtemps à l'avance, par les songes de Joseph, la gloire où il serait élevé, afin que, ni lui, ni ses frères ne pussent douter que cette élévation ne vint de Dieu.

II. On voit dans la haine dont les frères de Joseph étaient animés contre lui que la vertu et l'innocence sont souvent exposées à l'envie et à la jalousie et que les passions font commettre de très grands crimes.

III. La conduite des frères de Joseph, tant envers lui qu'envers leur père, à qui ils causèrent une si grande affliction, fait voir qu'ils étaient la plupart extrêmement méchants et dénaturés, c'est ce qu'on remarque aussi en plusieurs endroits de ce livre.

IV. Il est à remarquer que Dieu sauva cependant la vie à Joseph par le moyen de Ruben et de Juda et que Dieu voulut qu'il se trouvât alors des marchands qui emmenèrent Joseph en Égypte où il devait être élevé à une grande puissance. Nous devons reconnaître dans cette histoire que les voies de la providence sont admirables et qu'elle se sert de la malice même des hommes pour l'exécution de ses desseins, ce qui doit servir de consolation à tous les gens de bien qui sont exposés à la souffrance par l'injustice des méchants.

CHAPITRE XXXVIII.

Moïse rapporte dans ce chapitre le mariage de Juda et l'inceste qu'il commit avec Tamar sa belle-fille. 

1 Il arriva qu’en ce temps-là Juda descendit d’avec ses frères, et se retira vers un homme Hadullamite, nommé Hira.

2 Et Juda y vit la fille d’un Cananéen, nommé Sçuah ; et il la prit et vint vers elle.

3 Et elle conçut et enfanta un fils, et on le nomma Her.

4 Et elle conçut encore, et enfanta un fils, et elle le nomma Onan.

5 Elle enfanta encore un fils, et elle le nomma Scéla. Et Juda était à Kézib, quand elle accoucha de celui-ci.

6 Et Juda fit épouser à Her, son premier-né, une fille nommée Tamar.

7 Mais Her, le premier-né de Juda, était méchant devant l’Éternel, et l’Éternel le fit mourir.

8 Alors Juda dit à Onan : Viens vers la femme de ton frère, et prends-la pour femme comme étant son beau-frère, et suscite des enfants à ton frère.

9 Mais Onan sachant que les enfants ne seraient pas à lui, se souillait toutes les fois qu’il venait vers la femme de son frère, afin qu’il ne donnât pas des enfants à son frère.

10 Et ce qu’il faisait déplu à l’Éternel ; c’est pourquoi il le fit mourir.

11 Et Juda dit à Tamar sa belle-fille : Demeure veuve dans la maison de ton père, jusqu’à ce que Sçéla, mon fils, soit grand. Car Juda disait : Il faut prendre garde qu’il ne meure, aussi bien que ses frères. Ainsi Tamar s’en alla, et demeura dans la maison de son père.

12 Et après plusieurs jours, la fille de Sçuah, femme de Juda, mourut. Juda depuis s’étant consolé, monta vers les tondeurs de ses brebis à Timnath, avec Hira, Hadullamite, son intime ami.

13 Et quelqu’un fit savoir à Tamar ce qui se passait, et lui dit : Voici, ton beau-père monte à Timnath, pour tondre ses brebis.

14 Alors elle quitta ses habits de veuve, et se couvrit d’un voile, et s’en enveloppa, et s’assit dans un carrefour qui était sur le chemin tirant à Timnath, parce qu’elle voyait que Scéla était devenu grand, et qu’elle ne lui avait point été donnée pour femme.

15 Et quand Juda la vit, il s’imagina que c’était une prostituée, car elle avait couvert son visage.

16 Et il se détourna vers elle au chemin où elle était, et il dit : Permets, je te prie, que je vienne vers toi ; car il ne savait pas que ce fût sa belle-fille. Elle répondit : Que me donneras-tu, afin que tu viennes vers moi ?

17 Et il dit : Je t’enverrai un chevreau du troupeau. Et elle répondit : Ce sera donc à cette condition, que tu me donnes des gages, jusqu’à ce que tu m’envoies ce chevreau.

18 Et il dit : Quel gage est-ce que je te donnerai ? Et elle répondit : Ton cachet, ton mouchoir et ton bâton, que tu as en ta main. Et il les lui donna, et il vint vers elle ; et elle conçut de lui.

19 Ensuite elle se leva et s’en alla, et ayant quitté son voile, elle reprit ses habits de veuve.

20 Et Juda envoya un chevreau du troupeau par l’Hadullamite, son intime ami, afin qu’il reprît le gage qu’il avait donné à cette femme, mais il ne la trouva point.

21 Et il interrogea les hommes du lieu où elle avait été, disant : Où est cette femme de mauvaise vie qui était dans le carrefour sur le chemin ? Et ils répondirent : Il n’y a point eu ici de femme débauchée.

22 Et il retourna à Juda, et lui dit : Je ne l’ai point trouvée, et même les gens du lieu m’ont dit : Il n’y a point eu ici de femme de mauvaise vie.

23 Et Juda dit : Qu’elle garde le gage, de peur que nous ne tombions dans le mépris. Voici, je lui ai envoyé ce chevreau ; mais tu ne l’as point trouvée.

24 Or il arriva qu’environ trois mois après, on fit un rapport à Juda, disant : Tamar, ta belle-fille, est tombée dans la paillardise, et voici, elle est même enceinte. Et Juda dit : Faites-la sortir, et qu’elle soit brûlée.

25 Et comme on la faisait sortir, elle envoya dire à son beau-père : Je suis enceinte de l’homme auquel appartiennent ces choses. Elle dit aussi : Reconnais, je te prie, à qui est ce cachet, ce mouchoir, et ce bâton.

26 Alors Juda les ayant reconnus, dit : Elle est plus juste que moi : c’est parce que je ne l’ai point donnée à Sçéla mon fils. Et il ne la connut plus.

27 Et comme elle était sur le point d’accoucher, il parut qu’il y avait deux jumeaux dans son ventre ;

28 Et dans le temps qu’elle enfantait l’un deux donna la main, et la sage-femme la prit, et y lia un fil d’écarlate, disant : Celui-ci sort le premier.

29 Mais cet enfant ayant retiré sa main, voici, son frère sortit. Et elle dit : Quelle brèche as-tu faite ? La brèche soit sur toi. Et on le nomma Pharez.

30 Ensuite son frère sortit, qui avait sur la main le fil d’écarlate, et on le nomma Zara.

REFLEXIONS
On continue à voir dans ce chapitre que Jacob avait des enfants dont la conduite était très déréglée. Les enfants qui ont des pères vertueux n'héritent pas toujours de leur piété et il peut se trouver des personnes vicieuses parmi ceux qui ont l'avantage de connaître Dieu et de vivre dans son alliance. Cette histoire montre aussi que la sensualité et l’impureté entraînent les hommes dans de grands crimes et que Dieu déteste toute sorte de souillure. On y remarque de plus que les méchants et les hypocrites condamnent les autres avec beaucoup de sévérité pendant qu'ils sont eux-mêmes autant et plus coupables. Juda voulait qu'on brûlât sa belle-fille et lui-même s’était souillé d’un crime infâme. Au reste, les deux enfants que Tamar mit au monde sont compris dans la généalogie de Jésus-Christ, comme cela se voit au premier chapitre de l’Évangile selon St. Matthieu.

CHAPITRE XXXIX.

Joseph étant au service de Potiphar, Dieu le bénit, en sorte que son maître le fit intendant de sa maison. Mais parce qu'il ne voulut pas consentir aux désirs infâmes de la femme de Potiphar, elle l'accusa et il fut mis en prison où Dieu continua de prendre soin de lui.

1 Quand on eut amené Joseph en Egypte, Potiphar, eunuque de Pharaon, prévôt de l’hôtel, Egyptien, l’acheta des Ismaélites, qui l’y avaient amené.

2 Et l’Eternel était avec Joseph ; il prospérait dans toutes ses affaires, et il demeurait dans la maison de son maître Egyptien.

3 Et son maître vit que l’Eternel était avec lui, et que l’Eternel faisait prospérer toutes choses entre ses mains.

4 Joseph donc trouva grâce devant son maître, et il le servait, et son maître l’établit sur sa maison, et lui remit en main tout ce qui lui appartenait.

5 Et il arriva, depuis qu’il lui eut remis le soin de sa maison et de tout ce qu’il avait, que l’Éternel bénit la maison de cet Egyptien à cause de Joseph. Et la bénédiction de l’Éternel fut sur toutes les choses qui étaient à lui, tant dans sa maison, qu’aux champs.

6 Et il remit tout ce qui était à lui entre les mains de Joseph, tellement qu’il ne s’informait de rien, sinon du pain qu’il mangeait. Or, Joseph était de belle taille, et beau à voir.

7 Il arriva donc après ces choses, que la femme de son maître jeta les yeux sur Joseph et lui dit : Couche avec moi.

8 Mais il le refusa, et il dit à la femme de son maître : Voici, mon maître ne prend aucune connaissance des choses qui sont dans sa maison, et il m’a remis en main tout ce qui lui appartient.

9 Il n’y en a point de plus grand dans cette maison que moi, et il ne m’a rien interdit que toi, parce que tu es sa femme. Comment ferais-je un si grand mal, et pécherais-je contre Dieu ?

10 Et bien qu’elle en parlât à Joseph tous les jours, cependant il ne voulut point l’écouter, ni coucher auprès d’elle, ni être avec elle.

11 Mais il arriva un jour qu’il était venu à la maison pour faire ce qu’il avait à faire, et qu’il n’y avait aucun des domestiques dans la maison,

12 qu’elle le prit par sa robe et lui dit : Couche avec moi ; mais il lui laissa sa robe entre les mains, et s’enfuit et sortit du logis.

13 Alors, aussitôt qu’elle eut vu qu’il lui avait laissé sa robe, et qu’il s’était enfui dehors,

14 elle appela les gens de la maison, et leur parla, disant : Voyez, on nous a amené un homme hébreu pour nous déshonorer ; il est venu à moi pour coucher avec moi ; mais j’ai crié à haute voix.

15 Et aussitôt qu’il a entendu que j’ai élevé ma voix et que j’ai crié, il m’a laissé son habit, et il s’est enfui, et est sorti du logis.

16 Et elle garda l’habit de Joseph, jusqu’à ce que son maître fût revenu à la maison.

17 Alors elle lui parla en ces termes, disant : Le serviteur hébreu, que tu nous as amené, est venu à moi, pour me déshonorer.

18 Mais comme j’ai élevé ma voix, et que j’ai crié, il m’a laissé son habit, et s’est enfui dehors.

19 Aussitôt que le maître de Joseph eut entendu les paroles de sa femme, qui lui dit : Ton serviteur m’a fait ce que je t’ai dit, il entra dans une grande colère.

20 Ainsi le maître de Joseph le prit, et le mit dans une étroite prison, dans le lieu où les prisonniers du roi étaient renfermés. Il fut donc là en prison.

21 Mais l’Éternel fut avec Joseph, et il étendit sa bonté sur lui, et il lui fit trouver grâce envers le maître de la prison.

22 Et le maître de la prison remit à Joseph le soin de tous les prisonniers qui étaient dans la prison ; et il ne se faisait rien que par son ordre.

23 Et le maître de la prison ne revoyait rien de tout ce que Joseph avait entre les mains, parce que l’Éternel était avec lui, et que l’Éternel le faisait prospérer en tout ce qu’il entreprenait.

REFLEXIONS
Nous voyons ici que Joseph ne fut pas plutôt arrivé en Égypte qu’il s’attira par sa sagesse et par sa fidélité la confiance de son maître et qu'il y éprouva cette bénédiction de Dieu qui accompagne toutes les personnes vertueuses. Mais il y fut aussi exposé à une tentation dangereuse à laquelle cependant il résista par la crainte qu’il avait de pécher contre Dieu. La piété et la chasteté que Joseph fit paraître dans cette occasion sont un exemple qui doit avoir beaucoup de force sur l'esprit des chrétiens pour les détourner du péché et surtout de l’impureté. L’on voit dans ce qui arriva à Joseph lorsqu’il fut accusé par la femme de son maître et mis en prison que les personnes impudiques se portent facilement au mensonge, à la vengeance et à toutes sortes de crimes et que l'innocence est quelquefois calomniée et opprimée.
Mais les douceurs que Joseph trouva dans sa prison nous montrent que Dieu est toujours avec les justes et que, lors même qu'ils sont persécutés le plus injustement, il ne les abandonne jamais.

CHAPITRE XL.

Joseph explique les songes de deux officiers de Pharaon, qui étaient en prison avec lui. Il prédit à l'un d'eux qu'il serait rétabli dans sa charge et à l'autre qu’on le ferait mourir et il pria le premier de le tirer de prison. Ce que Joseph avait prédit arriva, mais cet officier qui sortit de prison, oublia Joseph en sorte qu'il demeura encore deux ans emprisonné.

1 Après ces choses, il arriva que l’échanson du roi d’Égypte et le panetier offensèrent le roi d’Égypte, leur seigneur.

2 Et Pharaon se mit en colère contre ces deux eunuques, c’est-à-dire, contre son grand échanson, et contre son maître panetier.

3 Et il les fit mettre en garde dans la maison du prévôt de l’hôtel, dans la prison étroite, au lieu où Joseph était renfermé.

4 Et le prévôt de l’hôtel les mit entre les mains de Joseph, qui, les servait, et ils furent quelques jours en prison.

5 Et tous deux firent un songe, chacun en une même nuit, et chacun selon la signification de son songe, tant l’échanson que le panetier du roi d’Égypte, qui étaient renfermés dans la prison.

6 Alors Joseph, venant les voir le matin, et les regardant, remarqua qu’ils étaient fort tristes.

7 Et il interrogea ces eunuques de Pharaon, qui étaient avec lui dans la prison de son maître, et leur dit : D’où vient que vous avez aujourd’hui si mauvais visage ?

8 Et ils lui répondirent : Nous avons eu des songes, et il n’y a personne qui les explique. Et Joseph leur dit : Les interprétations ne viennent-elles pas de Dieu ? Je vous prie, récitez-les-moi.

9 Et le grand échanson récita son songe à Joseph, et lui dit : Il me semblait en songeant, que je voyais un cep devant moi,

10 Et que ce cep avait trois sarments. Or, il semblait qu'il voulait fleurir, que sa fleur sortait, et que ses grappes avaient des raisins mûrs.

11 Et la coupe de Pharaon était en ma main ; et je prenais les raisins, et je les pressais dans la coupe de Pharaon, et je lui donnais la coupe en sa main.

12 Et Joseph lui dit : Voici l’interprétation de ton songe : Les trois sarments sont trois jours.

13 Dans trois jours, Pharaon élèvera ta tête, et te rétablira en ton premier état, et tu donneras la coupe à Pharaon en sa main, selon ton premier emploi, lorsque tu étais échanson.

14 Mais souviens-toi de moi quand ce bonheur te sera arrivé, et aie, je te prie, la bonté de faire mention de moi à Pharaon, et fais-moi sortir de cette maison.

15 Car, certainement, j’ai été dérobé du pays des Hébreux, et même je n’ai rien fait ici qui dût me faire mettre en cette fosse.

16 Alors le maître panetier voyant que Joseph avait interprété ce songe-là en bien, lui dit : J’ai aussi songé, et il me semblait qu’il y avait trois corbeilles blanches sur ma tête ;

17 Et dans la plus haute corbeille il y avait de toutes sortes de viandes du métier de boulanger, pour Pharaon, et les oiseaux les mangeaient dans la corbeille qui était sur ma tête.

18 Et Joseph répondit, et dit : Voici l’interprétation de ce songe : Les trois corbeilles sont trois jours.

19 Dans trois jours, Pharaon élèvera ta tête de dessus toi, et te fera pendre à un bois, où les oiseaux mangeront ta chair de dessus toi.

20 Et au troisième jour, qui était le jour de la naissance de Pharaon, le roi fit un festin à tous ses serviteurs, et il fit sortir de prison le grand échanson et le maître panetier, qui étaient du nombre de ses serviteurs.

21 Et il rétablit le grand échanson dans son office d’échanson, et il présenta la coupe à Pharaon.

22 Mais il fit pendre le maître panetier, selon que Joseph leur avait interprété leurs songes.

23 Cependant le grand échanson ne se souvint point de Joseph, mais il l’oublia. 

REFLEXIONS
La réflexion générale que ce chapitre nous fournit est que les songes des deux officiers furent envoyés de Dieu afin que cela servît dans la suite à faire connaître Joseph à ce prince et à le tirer de sa prison, en quoi il faut admirer la providence qui préparait ainsi les choses pour la délivrance et pour l'élévation de Joseph. On voit dans la conduite de l'échanson, qui oubliât Joseph, le procédé ordinaire de ceux qui sont dans la prospérité, ils oublient les misérables, même ceux à qui ils ont le plus d'obligation. Cependant il faut considérer que Dieu ne voulait pas que Joseph sortît de prison par le moyen de cet officier, mais qu'il voulait éprouver encore sa vertu pendant deux ans afin de le délivrer ensuite par une voie plus merveilleuse et de l'élever à un degré de puissance à laquelle il ne serait pas parvenu s'il n'avait été mis plus tôt en liberté. Ceci fait bien voir que les voies de Dieu ne sont pas nos voies qu'il ne se sert pas toujours pour la délivrance de ceux qu'il aime des moyens qu'ils jugeraient eux-mêmes les plus convenables et que s'il diffère de les tirer de la souffrance, il ne le fait que pour les délivrer d'une manière plus glorieuse.

CHAPITRE XLI.

Pharaon ayant eu deux songes, Joseph les explique en lui disant qu’il y aurait sept années d'abondance et ensuite sept années de famine. Il lui conseille, après cela, de faire amasser du blé pendant les sept années d'abondance afin que l'on pût en fournir au peuple lorsque la famine viendrait. Pharaon élève Joseph au gouvernement de l'Égypte. Joseph se marie et il lui naît deux fils, savoir Manassé et Ephraïm. 

1 Mais au bout de deux ans entiers, Pharaon songea, et il lui semblait qu’il était près du fleuve.

2 Et voici, sept jeunes vaches, belles à voir, grasses et en embonpoint, montaient hors du fleuve, et paissaient dans les marais.

3 Et voici, sept autres jeunes vaches, laides à voir et maigres, montaient hors du fleuve après les autres et se tenaient auprès des autres jeunes vaches sur le bord du fleuve.

4 Et les jeunes vaches, laides à voir et maigres, mangèrent les sept jeunes vaches, belles à voir et grasses. Alors Pharaon s’éveilla.

5 Et il se rendormit, et songea pour la seconde fois. Et il lui semblait que sept épis, bien nourris et beaux, sortaient d’un même tuyau.

6 Ensuite il lui semblait que sept autres épis, minces et flétris par le vent d’orient, germaient après ceux-là.

7 Et les épis minces engloutirent les sept épis bien nourris et pleins de grains. Et Pharaon s’éveilla. Et voilà le songe.

8 Et sur le matin son esprit fut effrayé, et il envoya appeler tous les magiciens et tous les sages d’Égypte, et leur récita ses songes ; mais il n’y avait personne qui les lui interprétât.

9 Alors le grand échanson parla à Pharaon, disant : Je me souviens aujourd’hui de mes fautes ;

10 Lorsque Pharaon se mit en colère contre ses serviteurs, et nous fit mettre, le grand panetier et moi, en prison, dans la maison du prévôt de l’hôtel ;

11 Alors nous fîmes, lui et moi, un songe, en une même nuit, chacun songeant ce qui lui est arrivé, selon l’interprétation qui nous fut donnée de nos songes.

12 Or, il y avait là avec nous un jeune homme hébreu, serviteur du prévôt de l’hôtel ; et nous lui récitâmes nos songes, et il nous les interpréta, donnant à chacun l’interprétation qui convenait à son songe.

13 Et la chose est arrivée comme il nous l’avait interprétée : car le roi me rétablit en mon premier état, et fit pendre l’autre.

14 Alors Pharaon envoya appeler Joseph, et on le fit sortir en hâte de la prison, on le rasa, et on lui fit changer de vêtements ; ensuite il vint vers Pharaon.

15 Et Pharaon dit à Joseph : J’ai fait un songe, et il n’y a personne qui l’interprète. Or, j’ai appris que tu sais très-bien interpréter les songes.

16 Et Joseph répondit à Pharaon, disant : Ce sera Dieu, et non pas moi, qui répondra touchant ce qui concerne la prospérité de Pharaon.

17 Et Pharaon dit à Joseph : Comme je songeais, il me semblait que j’étais sur le bord du fleuve.

18 Et voici, sept jeunes vaches grasses, et en embonpoint, et fort belles, sortaient du fleuve, et paissaient dans des marais.

19 Et voici, sept autres jeunes vaches montaient après celles-là, chétives, si laides et si maigres, que je n’en ai jamais vu de semblables en laideur dans tout le pays d’Égypte.

20 Mais les jeunes vaches maigres et laides dévorèrent les sept premières jeunes vaches grasses,

21 qui entrèrent dans leur ventre, sans qu’on connût qu’elles y fussent entrées ; car elles étaient aussi laides à voir qu’au commencement. Alors je me réveillai.

22 Je vis aussi en songeant, et il me semblait que sept épis sortaient d’un même tuyau, pleins de grains et beaux.

23 Puis, voici sept épis petits, minces et flétris par le vent d’orient qui germèrent après.

24 Mais les épis minces engloutirent les sept beaux épis. Et j’ai dit ces songes aux magiciens ; mais aucun ne me les a expliqués.

25 Et Joseph répondit à Pharaon : Ce qu’a songé Pharaon n’est qu’une même chose ; Dieu a déclaré à Pharaon ce qu’il s’en va faire.

26 Les sept belles jeunes vaches sont sept ans ; et les sept beaux épis sont sept ans ; c’est un même songe.

27 Et les sept jeunes vaches maigres et laides, qui montaient après celles-là, sont sept ans et les sept épis vides et flétris par le vent d’orient, seront sept ans de famine.

28 C’est ce que j’ai dit à Pharaon, savoir, que Dieu a fait voir à Pharaon ce qu’il s’en va faire.

29 Voici, sept ans viennent, auxquels il y aura une grande abondance dans tout le pays d’Égypte.

30 Et ces années-là seront suivies de sept ans de famine. Alors on oubliera toute l’abondance précédente au pays d’Égypte, et la famine consumera le pays.

31 Et on ne reconnaîtra plus la première abondance du pays à cause de la famine qui viendra après ; car elle sera très grande.

32 Et quant à ce que le songe a été réitéré à Pharaon pour la seconde fois, c’est que la chose est arrêtée de Dieu, et que Dieu l’accomplira bientôt.

33 Or, maintenant que Pharaon choisisse un homme entendu et sage, et qu’il l’établisse sur le pays d’Égypte.

34 Que Pharaon aussi fasse ceci : Qu’il établisse des commissaires sur le pays, et qu’il prenne la cinquième partie du revenu du pays d’Égypte, durant les sept années d’abondance.

35 Et qu’on amasse tous les vivres de ces bonnes années qui viendront, et que le blé qu’on amassera, demeure sous la puissance de Pharaon, pour nourriture dans les villes, et qu’on le garde.

36 Et ces vivres-là seront pour la provision du pays durant les sept années de famine qui seront au pays d’Égypte, afin que le pays ne soit pas consumé par la famine.

37 Et la chose plut à Pharaon, et à tous ses serviteurs.

38 Et Pharaon dit à ses serviteurs : Pourrions-nous trouver un homme semblable à celui-ci, qui eût l’esprit de Dieu ?

39 Et Pharaon dit à Joseph : Puisque Dieu t’a fait connaître toutes ces choses, il n’y a personne qui soit si entendu, ni si sage que toi.

40 Tu seras sur ma maison, et tout mon peuple te baisera la bouche. Je serai seulement plus grand que toi, quant au trône.

41 Pharaon dit encore à Joseph : Regarde, je t’ai établi sur tout le pays d’Égypte.

42 Alors Pharaon ôta son anneau de sa main, et le mit en celle de Joseph, et il le fit revêtir d’habits de fin lin, et il lui mit un collier d’or au cou.

43 Et il le fit monter sur un char, qui était le second après le sien ; et on criait devant lui : Qu’on s’agenouille. Et il l’établit sur tout le pays d’Égypte.

44 Et Pharaon dit à Joseph : Je suis Pharaon, mais sans toi nul ne lèvera la main ni le pied dans tout le pays d’Égypte.

45 Et Pharaon appela le nom de Joseph, Tsaphenath-Pahanéah, et il lui donna pour femme Asçenath, fille de Potiphérah, gouverneur d’On. Et Joseph alla visiter le pays d’Égypte.

46 Or, Joseph était âgé de trente ans, quand il se présenta devant Pharaon, roi d’Égypte. Etant sorti de devant Pharaon, il passa par tout le pays d’Égypte.

47 Et la terre rapporta très abondamment durant les sept années de fertilité.

48 Et Joseph amassa tous les vivres de ces années, qui furent au pays d’Égypte, et il resserra les vivres dans les villes ; savoir, en chaque ville les vivres du territoire d’alentour.

49 Joseph donc amassa une grande quantité de blé, comme le sable de la mer, tellement qu’on cessa de le mesurer, parce qu’il était sans nombre.

50 Et avant que la première année de la famine vînt, il naquit deux enfants à Joseph, qu’Asçenath, fille de Potiphérah, gouverneur d’On, lui enfanta.

51 Et Joseph nomma le premier-né, Manassé ; car Dieu, dit-il, m’a fait oublier tous mes travaux, et toute la maison de mon père.

52 Et il nomma le second Ephraïm, car Dieu, dit-il, m’a fait fructifier au pays de mon affliction.

53 Alors finirent les sept années de l’abondance qui avait été au pays d’Égypte.

54 Et les sept années de la famine commencèrent, comme Joseph l’avait prédit. Et la famine fut dans tout le pays ; mais il y avait du pain dans tout le pays d’Égypte.

55 Ensuite tout le pays d’Égypte fut affamé ; et le peuple cria à Pharaon pour avoir du pain. Et Pharaon répondit à tous les Égyptiens : Allez à Joseph, et faites ce qu’il vous dira.

56 La famine donc étant dans tout le pays, Joseph ouvrit tous les greniers qui étaient chez les Égyptiens, et il leur distribua du blé. Et la famine augmenta au pays d’Égypte.

57 On venait aussi de tout pays en Égypte vers Joseph, pour acheter du blé ; car la famine était fort grande par toute la terre.

REFLEXIONS
Il y a deux réflexions principales à faire sur les songes de Pharaon :

I. On y voit la connaissance que Dieu a de l’avenir et en même temps le soin qu'il avait du peuple d’Égypte et surtout de la famille de Jacob à la subsistance de laquelle il voulait pourvoir par le moyen de Joseph.

II. Ces songes doivent être considérés comme un moyen dont Dieu se servit pour délivrer Joseph et pour le faire connaître à Pharaon par l’interprétation de ses songes et par les conseils pleins de sagesse qu’il lui donna. Nous avons vu ensuite que Joseph, après avoir été jusqu’alors dans la souffrance, fut élevé au gouvernement de l’Égypte. Ce fut ainsi qu’il parvint à la gloire qui lui avait été promise autrefois, que Dieu récompensa sa vertu et son innocence qui avaient été si longtemps opprimées et fit voir qu'il ne l’avait exercé par tant d’adversités que pour rendre sa vertu plus pure et pour le faire jouir ensuite d'une très grande prospérité. Le mariage de Joseph et la naissance de ses deux fils furent, comme il le reconnut lui-même par les noms qu’il leur donna, une nouvelle bénédiction que Dieu lui accorda, lui faisant trouver, dans un pays étranger, le repos et la douceur qu’il n’avait pas rencontrés dans la maison paternelle.

CHAPITRE XLII.

Les fils de Jacob viennent acheter du blé en Égypte et se présentent devant Joseph. Joseph les reconnaît, mais il ne se donne pas à connaître à eux. Il les fait mettre en prison et il retient Siméon afin de les obliger à lui emmener Benjamin. Cependant, il les renvoie avec du blé et il leur fait rendre leur argent. Etant de retour auprès de leur père, ils lui rendent compte du succès de leur voyage. 

1 Et Jacob, sachant qu’il y avait du blé à vendre en Égypte, dit à ses fils : Pourquoi vous regardez-vous les uns les autres ?

2 Il leur dit encore : Voici, j’ai appris qu’il y a du blé à vendre en Égypte ; descendez-y pour en acheter, afin que nous vivions et que nous ne mourions point.

3 Alors dix frères de Joseph descendirent pour acheter du blé en Égypte.

4 Mais Jacob n’envoya point Benjamin, frère de Joseph, avec ses frères ; car il disait en soi-même : Il faut prendre garde que quelque accident mortel ne lui arrive.

5 Et les fils d’Israël arrivèrent en Égypte pour acheter du blé, avec ceux qui y allaient ; car la famine était dans le pays de Canaan.

6 Or, Joseph commandait dans le pays, et c’est lui qui faisait distribuer le blé à tous les peuples du pays. Les frères de Joseph vinrent donc et se prosternèrent devant lui, la face en terre.

7 Et Joseph ayant vu ses frères, les reconnut ; mais il contrefit l’étranger avec eux, et il leur parla rudement, en leur disant : D’où venez-vous ? Et ils répondirent : Du pays de Canaan, pour acheter des vivres.

8 Joseph donc reconnut ses frères ; mais eux ne le reconnurent point.

9 Alors Joseph se souvint des songes qu’il avait faits, et leur dit : Vous êtes des espions ; vous êtes venus pour épier les lieux faibles du pays.

10 Et ils lui répondirent : Non, mon seigneur ; mais tes serviteurs sont venus pour acheter des vivres.

11 Nous sommes tous enfants d’un seul homme ; nous sommes gens de bien ; tes serviteurs ne sont point des espions.

12 Et il leur dit : Cela n’est pas ; mais vous êtes venus pour remarquer les lieux faibles du pays.

13 Et ils répondirent : Nous sommes douze frères, tes serviteurs, enfants d’un même homme, au pays de Canaan, dont le plus jeune est aujourd’hui avec notre père, et l’autre n’est plus.

14 Et Joseph leur dit : C’est là ce que je vous ai dit : Vous êtes des espions.

15 Vous serez éprouvés par ce moyen : Vive Pharaon, si vous sortez d’ici, que votre jeune frère ne soit venu ici.

16 Envoyez-en un d’entre vous qui amène votre frère ; mais vous serez prisonniers ; et j’éprouverai par ce moyen si vous avez dit la vérité : autrement, vive Pharaon, que vous êtes des espions.

17 Et ainsi il les fit mettre tous ensemble en prison pour trois jours.

18 Et au troisième jour, Joseph leur dit : Faites ceci, et vous vivrez ; je crains Dieu :

19 Si vous êtes gens de bien, que l’un de vous, qui êtes frères, demeure lié dans la prison, et allez-vous-en, emportez du blé, pour pourvoir à la famine de vos familles.

20 Et amenez-moi votre jeune frère, et vous ferez voir que vos paroles ont été véritables ; et vous ne mourrez point. Et ils firent ainsi.

21 Et ils se disaient l’un à l’autre : Vraiment, nous sommes coupables à l’égard de notre frère ; car nous avons vu l’angoisse où il était quand il nous demandait grâce, et nous ne l’avons point exaucé ; c’est pour cela que nous nous trouvons dans cette détresse.

22 Et Ruben leur répondit, disant : Ne vous disais-je pas bien : Ne commettez point ce péché contre cet enfant ? Et vous ne m’écoutâtes point : c’est pourquoi, voici, son sang vous est redemandé.

23 Et ils ne savaient pas que Joseph les entendait, parce qu’il leur parlait par un truchement.

24 Et il se détourna d’auprès d’eux pour pleurer ; ensuite, étant retourné vers eux, il leur parla de nouveau, et il prit Siméon d’entre eux, et le fit lier devant leurs yeux.

25 Et Joseph commanda qu’on remplît leurs sacs de blé, et qu’on remît l’argent dans le sac de chacun d’eux, et qu’on leur donnât de la provision pour leur chemin. Et c’est ce qui fut fait.

26 Ils chargèrent donc leur blé sur leurs ânes, et s’en allèrent.

27 Et l’un d’eux ouvrit son sac pour donner à manger à son âne dans l’hôtellerie ; alors il vit son argent, qui était à l’entrée de son sac.

28 Et il dit à ses frères : Mon argent m’a été rendu ; et en effet, le voici dans mon sac. Et ils furent comme hors d’eux-mêmes, et la frayeur les saisit, se disant l’un à l’autre : Qu’est-ce que Dieu nous a fait ?

29 Et ils vinrent au pays de Canaan vers Jacob leur père, et ils lui racontèrent toutes les choses qui leur étaient arrivées, disant :

30 L’homme qui commande dans tout le pays, nous a parlé fort rudement, et nous a pris pour des espions.

31 Mais nous lui avons répondu : Nous sommes des gens de bien, nous ne sommes point des espions.

32 Nous étions douze frères, enfants de notre père ; l’un n’est plus, et le plus jeune est aujourd’hui avec notre père, au pays de Canaan.

33 Et cet homme, qui est le seigneur du pays, nous a dit : Je connaîtrai à ceci que vous êtes des gens de bien : Laissez-moi l’un de vos frères, et prenez du blé afin de pourvoir à la faim de vos familles, et vous en allez,

34 et amenez-moi votre jeune frère. Alors je connaîtrai que vous n’êtes point des espions, mais des gens de bien ; et je vous rendrai votre frère, et vous trafiquerez au pays.

35 Et comme ils vidaient leurs sacs, voici, chacun trouva le paquet de son argent dans son sac ; et ils virent les paquets de leur argent, eux et leur père, et ils eurent peur.

36 Alors Jacob, leur père, leur dit : Vous m’avez privé d’enfants ; Joseph n’est plus, et Siméon n’est plus, et vous voulez emmener Benjamin ! Toutes ces choses sont faites contre moi.

37 Et Ruben parla à son père, et lui dit : Fais mourir mes deux enfants, si je ne te le ramène ; confie-le-moi, et je te le ramènerai.

38 Et il répondit : Mon fils ne descendra point avec vous ; car son frère est mort, et celui-ci est resté seul. Si quelque accident mortel lui arrivait dans le chemin, vous feriez descendre mes cheveux blancs avec douleur dans le sépulcre. 

REFLEXIONS
Cette lecture nous présente trois réflexions :

I. Nous voyons dans l’arrivée des frères de Joseph en Égypte et dans les hommages qu’ils lui rendirent l’accomplissement des songes qu’il avait eu. On y voit aussi que Dieu l'avait envoyé en Égypte pour faire subsister la famille de Jacob et attirer cette famille en ce pays-là.

II. La conduite de Joseph envers ses frères marque, d'un côté, de l'affection pour eux, puisqu'il leur fit donner autant de blé qu’ils voulurent et qu’il leur fit rendre leur argent, mais on y voit en même temps une grande prudence en ce qu'il ne se fit pas connaître et qu’il retint Siméon. Il en usa ainsi, non par ressentiment contre ses frères, mais pour les obliger à revenir et à amener Benjamin, pour attirer par ce moyen son père en Égypte et parce qu’il se défiait d'eux avec raison, craignant que s'il leur eût dit qu'il était Joseph, ils n'eussent caché cela à leur père.

III. Il faut faire bien de l’attention à ce que les frères de Joseph dirent lorsqu’ils furent mis en prison. Jusqu'alors ils n'avaient pas senti si vivement la grandeur du crime qu’ils avaient commis contre lui, il y avait plus de vingt ans, mais la détresse où ils se virent alors les fit souvenir de celle où ils avaient vu Joseph et de l'inhumanité avec laquelle ils l'avaient traité. La conscience du pécheur peut être insensible pendant quelque temps, mais tôt ou tard elle se réveille et lui cause d’étrange remords et c’est surtout ce qui arrive aux méchants dans l'adversité.

CHAPITRE XLIII.

Jacob étant contraint par la famine de renvoyer ses fils en Égypte consent que Benjamin y aille avec eux. Étant arrivés en Égypte, ils se présentent devant Joseph qui les reçut favorablement et les fit manger avec lui.

1 Or, la famine était fort grande sur la terre.

2 Et comme les enfants de Jacob eurent achevé de manger les vivres qu’ils avaient amenés d’Égypte, leur père leur dit : Retournez, pour nous acheter un peu de vivres.

3 Et Juda lui répondit, et lui dit : Cet homme-là nous a fort protesté, disant : Vous ne verrez point mon visage, que votre frère ne soit avec vous.

4 Si donc tu envoies notre frère avec nous, nous descendrons en Égypte, et nous t’achèterons des vivres.

5 Mais si tu ne l’envoies pas, nous n’y descendrons point ; car cet homme-là nous a dit : Vous ne verrez point mon visage, que votre frère ne soit avec vous.

6 Et Israël dit : Pourquoi m’avez-vous fait ce tort, de déclarer à cet homme que vous aviez encore un frère ?

7 Et ils répondirent : Cet homme-là s’est enquis avec soin de nous et de notre parentage, et nous a dit : Votre père vit-il encore ? N’avez-vous point de frère ? Et nous le lui avons déclaré, selon qu’il nous avait demandé. Pouvions-nous savoir qu’il dirait : Faites descendre votre frère ?

8 Et Juda dit à Israël son père : Envoie l’enfant avec moi, et nous nous mettrons en chemin, et nous nous en irons, et nous vivrons et ne mourrons point, ni nous, ni toi aussi, ni nos petits-enfants.

9 J’en réponds ; redemande-le-moi. Si je ne te le ramène, et si je ne te le représente, je serai toujours sujet à la peine que tu voudras m’imposer.

10 Que si nous n’eussions pas tant différé, certainement nous serions déjà de retour une seconde fois.

11 Alors Israël, leur père, leur dit : Si la chose va ainsi, faites-le. Prenez des choses les plus estimées du pays dans vos vaisseaux, et portez à cet homme un présent, quelque peu de baume, et quelque peu de miel, des drogues ; de la myrrhe, des dattes et des amandes ;

12 et prenez de l’argent au double en vos mains, et reportez celui qui a été remis à l’entrée de vos sacs. Peut-être cela s’est-il fait par erreur.

13 Prenez aussi votre frère, et vous mettez en chemin, et retournez vers cet homme.

14 Le Dieu fort, tout-puissant, vous fasse trouver grâce devant cet homme-là, afin qu’il vous relâche votre autre frère et Benjamin ! Et s’il faut que je sois privé d’enfants, que j’en sois privé.

15 Alors ils prirent le présent, et ayant pris de l’argent au double en leurs mains, et Benjamin, ils se mirent en chemin, et ils descendirent en Égypte. Puis ils se présentèrent devant Joseph.

16 Alors Joseph vit Benjamin avec eux, et dit à son maître d’hôtel : Mène ces hommes dans la maison, et tue quelque bête, et l’apprête ; car ils mangeront à midi avec moi.

17 Et l’homme fit comme Joseph lui avait dit, et amena ces hommes dans la maison de Joseph.

18 Et ces hommes-là eurent peur de ce qu’on les conduisait dans la maison de Joseph ; et ils dirent : Nous sommes amenés à cause de l’argent qui fut remis en nos sacs, dans notre premier voyage. Cet homme veut se décharger et se jeter sur nous, nous prendre pour esclaves, et se saisir de nos ânes.

19 Ensuite ils s’approchèrent du maître d’hôtel de Joseph, et lui parlèrent à la porte de la maison,

20 disant : Hélas ! mon seigneur, nous descendîmes la première fois pour acheter des vivres ;

21 et lorsque nous arrivâmes à l’hôtellerie, et que nous eûmes ouvert nos sacs, voici, l’argent de chacun de nous était à l’entrée de son sac, notre même argent, selon son poids ; et nous l’avons rapporté en nos mains.

22 Et nous avons apporté d’autre argent en nos mains, pour acheter des vivres ; mais nous ne savons qui a pu remettre notre argent dans nos sacs.

23 Et il dit : Tout va bien pour vous ; ne craignez point : votre Dieu et le Dieu de votre père vous a donné un trésor dans vos sacs ; votre argent m’a bien été remis. Et il leur amena Siméon.

24 Et cet homme les fit entrer dans la maison de Joseph et il leur donna de l’eau, et ils lavèrent leurs pieds ; il donna aussi à manger à leurs ânes.

25 Et ils préparèrent leurs présents, en attendant que Joseph revînt sur le midi ; car ils avaient appris qu’ils mangeraient là.

26 Alors Joseph revint à la maison, et ils lui présentèrent dans la maison le présent qu’ils avaient en leurs mains ; et ils se prosternèrent devant lui jusqu’en terre.

27 Et il s’enquit d’eux comment ils se portaient, et il leur dit : Votre père, ce bon vieillard dont vous m’avez parlé, se porte-t-il bien ? Vit-il encore ?

28 Et ils répondirent : Ton serviteur notre père se porte bien ; il vit encore. Et se baissant profondément, ils se prosternèrent.

29 Et Joseph, élevant ses yeux, vit Benjamin, son frère, fils de sa mère, et dit : Est-ce là votre jeune frère, dont vous m’avez parlé ? et il lui dit : Mon fils, Dieu te fasse miséricorde.

30 Et Joseph se retira incontinent ; car ses entrailles étaient émues à la vue de son frère, et il cherchait un lieu pour pleurer ; et entrant dans son cabinet, il pleura.

31 Et s’étant lavé le visage, il sortit de son cabinet, et se faisant violence, il dit : Mettez le pain.

32 Et on servit Joseph à part, et eux à part, et les Égyptiens qui mangeaient avec lui, furent aussi servis à part, parce que les Égyptiens ne pouvaient manger avec les Hébreux ; car c’est une abomination aux Égyptiens.

33 Ils s’assirent donc en sa présence, l’aîné selon son droit d’aînesse, et le plus jeune selon son âge. Et ces hommes étaient extrêmement surpris.

34 Et il leur fit porter des mets, qu’il fit ôter de devant lui ; mais la portion de Benjamin était cinq fois plus grosse que toutes les autres ; et ils burent, et firent bonne chère avec lui.

REFLEXIONS
Ce qui arriva à Jacob lorsqu'il fut contraint de renvoyer ses fils en Égypte fut une nouvelle épreuve que Dieu lui envoya. Il fit paraître dans cette occasion sa tendresse pour ses enfants et en même temps sa constance et sa foi. Il y donna surtout un bel exemple de piété et de résignation en recommandant ses fils à la protection de Dieu et en se soumettant à être privé de ses enfants si Dieu le voulait. C'est ainsi que nous devons obéir aux ordres de la providence et nous résigner à tous les événements. Ce que Joseph dit à ses frères lorsqu'ils furent arrivés en Égypte et la manière dont il les traita fait voir qu'il avait une extrême tendresse pour son père et pour Benjamin et qu'il aimait toujours ses frères nonobstant tout ce qu'ils avaient fait contre lui. Ce caractère de bonté et de douceur est la vraie marque des gens de biens, non seulement ils aiment leurs proches avec la plus grande tendresse, mais ils ne conservent aucun ressentiment des injures qu'ils ont reçues et ils sont toujours prêts à faire du bien à ceux qui les ont le plus offensés.

CHAPITRE XLIV.

Il y a deux choses à remarquer dans ce chapitre.  I. L’ordre que Joseph donna à son maître d'hôtel, au départ de ses frères. De mettre son gobelet dans le sac de Benjamin afin d'avoir un prétexte de les faire arrêter. II. Le discours que Juda tint à Joseph pour le fléchir et pour l'engager à le retenir en Égypte en la place de Benjamin.

1 Et Joseph commanda à son maître d’hôtel, disant : Emplis de vivres les sacs de ces gens, autant qu’ils en pourront porter, et remets l’argent de chacun à l’entrée de son sac ;

2 Et mets mon gobelet, le gobelet d’argent, à l’entrée du sac du plus jeune, avec l’argent de son blé. Et il fit comme Joseph lui avait dit.

3 Le matin, dès qu’il fut jour, on renvoya ces hommes avec leurs ânes.

4 Lorsqu’ils furent sortis de la ville, avant qu’ils fussent beaucoup éloignés, Joseph dit à son maître d’hôtel : Va, poursuis ces hommes, et quand tu les auras atteints, dis-leur : Pourquoi avez-vous rendu mal pour bien ?

5 N’est-ce pas le gobelet dans lequel mon seigneur boit, et par lequel il devine infailliblement ? Vous avez fait une très méchante action.

6 Et le maître d’hôtel les atteignit, et leur dit les mêmes paroles.

7 Et ils lui répondirent : Pourquoi mon seigneur parle-t-il ainsi ? Dieu garde tes serviteurs de commettre une telle chose !

8 Voici, nous t’avons rapporté du pays de Canaan l’argent que nous avions trouvé à l’entrée de nos sacs ; et comment déroberions-nous de l’argent ou de l’or de la maison de ton maître ?

9 Que celui de tes serviteurs, à qui l’on trouvera ce que tu cherches, meure, et nous serons même esclaves de mon seigneur.

10 Et il leur dit : Qu’il soit maintenant ainsi fait selon vos paroles : Que celui à qui l’on trouvera le gobelet, soit mon esclave, et vous serez traités comme innocents.

11 Et incontinent chacun posa son sac.

12 Et il les fouilla, en commençant depuis le plus grand, et finissant au plus jeune. Et le gobelet fut trouvé dans le sac de Benjamin.

13 Alors ils déchirèrent leurs habits, et chacun rechargea son âne, et ils retournèrent à la ville.

14 Et Juda, avec ses frères, vint en la maison de Joseph, qui était encore là, et ils se jetèrent en terre devant lui.

15 Et Joseph dit : Quelle action avez-vous faite ? Ne savez-vous pas qu’un homme tel que je suis, devine infailliblement ?

16 Et Juda lui dit : Que dirons-nous à mon seigneur ? Comment parlerons-nous ? Et comment nous justifierons-nous ? Dieu a trouvé l’iniquité de tes serviteurs. Voici, nous sommes tous les esclaves de mon seigneur, tant nous que celui à qui on a trouvé le gobelet.

17 Mais il dit : Dieu me garde de faire cela. L’homme à qui l’on a trouvé le gobelet, me sera esclave ; mais vous, remontez en paix vers votre père.

18 Alors Juda s’approcha de lui, disant : Hélas, mon seigneur ! je te prie, que ton serviteur dise un mot, et que mon seigneur l’écoute, et que ta colère ne s’enflamme point contre ton serviteur ; car tu es comme Pharaon.

19 Mon seigneur interrogea ses serviteurs, disant : Avez-vous père, ou frère ?

20 Alors nous répondîmes à mon seigneur : Nous avons notre père qui est âgé, et un jeune fils qui lui est né en sa vieillesse, et qui est le plus jeune, dont le frère est mort ; et celui-ci est resté seul de sa mère, et son père l’aime.

21 Or, tu as dit à tes serviteurs : Faites-le descendre vers moi ; je serai bien aise de le voir.

22 Et nous dîmes à mon seigneur : Cet enfant ne pourrait laisser son père, car s’il le laisse, son père mourra.

23 Alors tu dis à tes serviteurs : Si votre petit frère ne descend avec vous, vous ne verrez plus mon visage.

24 Or il est arrivé qu’étant de retour vers ton serviteur mon père, nous lui rapportâmes les paroles de mon seigneur.

25 Ensuite notre père nous dit : Retournez, et nous achetez un peu de vivres.

26 Et nous lui dîmes : Nous ne pouvons y descendre, mais si notre jeune frère est avec nous, nous y descendrons ; car nous ne pouvons pas voir cet homme, que notre jeune frère ne soit avec nous.

27 Et ton serviteur mon père nous répondit : Vous savez que ma femme m’a enfanté deux enfants ;

28 l’un s’en est allé, et j’ai dit : Certainement, il a été déchiré, et je ne l’ai point vu jusqu’à présent.

29 Que si vous m’ôtez aussi celui-ci, et que quelque accident mortel lui arrive, vous ferez descendre mes cheveux blancs avec douleur dans le sépulcre.

30 Maintenant donc, quand je serai venu vers ton serviteur mon père, si le jeune homme dont l’âme est liée étroitement avec la sienne, n’est point avec nous ;

31 il arrivera, qu’aussitôt qu’il aura vu que le jeune homme n’y sera pas, il mourra. Ainsi tes serviteurs feront descendre avec douleur les cheveux blancs de ton serviteur notre père dans le sépulcre.

32 De plus, ton serviteur a répondu de ramener le jeune homme, pour obliger mon père à le laisser aller ; et il a dit : Si je ne te le ramène, je serai toujours sujet à la peine que mon père voudra m’imposer.

33 Ainsi maintenant, je te prie, que ton serviteur soit l’esclave de mon seigneur, au lieu du jeune homme, et qu’il remonte avec ses frères.

34 Car comment remonterai-je vers mon père, si le jeune homme n’est avec moi ! Ha ! que je ne voie point l’affliction de mon père.

REFLEXIONS
Il faut considérer ce que Joseph fit à l’égard de ses frères, en donnant ordre que Benjamin fut arrêté, comme un nouveau moyen qu’il mit prudemment en usage avant que de se faire connaître à eux, afin de les éprouver encore une fois de reconnaître leurs véritables sentiments et de leur faire encore mieux sentir le péché qu’ils avaient commis contre lui. Après cela le discours tendre et touchant de Juda à Joseph est très remarquable. On y voit l’extrême détresse où il était avec ses frères et un aveu sincère que Dieu les punissait justement. C’est là l’effet des afflictions, elles sont très propres à réveiller la conscience et à humilier les hommes et Dieu s'en sert avec beaucoup de sagesse pour les amener à la connaissance et au sentiment de leurs péchés.

CHAPITRE XLV.

Joseph se fait connaître à ses frères et il leur ordonne d'aller quérir leur père et de l'amener en Égypte. Jacob ayant appris que Joseph vivait encore se dispose à partir pour y aller. 

1 Alors Joseph ne put plus se retenir devant tous ceux qui étaient là présents, et il cria : Faites sortir tout le monde. Et nul ne demeura avec lui quand il se fit connaître à ses frères.

2 Et en pleurant il éleva sa voix, et les Egyptiens l’entendirent, et la maison de Pharaon l’ouït aussi.

3 Et Joseph dit à ses frères : Je suis Joseph ; mon père vit-il encore ? Mais ses frères ne lui pouvaient répondre ; car ils étaient troublés de sa présence.

4 Joseph dit encore à ses frères : Je vous prie, approchez-vous de moi. Et ils s’approchèrent, et il leur dit : Je suis Joseph votre frère, que vous avez vendu pour être mené en Egypte.

5 Et, maintenant, ne vous affligez point, et n’ayez point de regret de ce que vous m’avez vendu pour être amené ici, puisque Dieu m’a envoyé devant vous pour la conservation de votre vie.

6 Car, voici, il y a déjà deux ans que la famine est sur la terre, et il y en aura encore cinq, pendant lesquels on ne pourra ni labourer, ni moissonner.

7 Mais Dieu m’a envoyé devant vous, pour vous faire subsister sur la terre, et vous faire vivre par une grande délivrance.

8 Maintenant donc, ce n’est pas vous qui m’avez envoyé ici, mais c’est Dieu, qui m’a établi pour père à Pharaon, et pour seigneur sur toute sa maison, et pour commander dans tout le pays d’Égypte.

9 Hâtez-vous d’aller vers mon père, et dites-lui : Ainsi a dit ton fils Joseph : Dieu m’a établi seigneur sur toute l’Égypte ; descends donc vers moi, et ne t’arrête point.

10 Et tu habiteras dans la terre de Gosçen, et tu seras près de moi, toi, tes enfants, et les enfants de tes enfants, tes troupeaux, et tes bœufs, et tout ce qui est à toi.

11 Et je t’entretiendrai là, car il y a encore cinq années de famine, de peur que tu ne périsses par la pauvreté, toi et ta maison, et tout ce qui est à toi.

12 Et voici, vous voyez de vos yeux, et Benjamin mon frère voit aussi de ses yeux, que c’est moi qui vous parle de ma propre bouche.

13 Rapportez donc à mon père quelle est ma gloire en Égypte, et tout ce que vous avez vu ; et hâtez-vous de faire descendre ici mon père.

14 Alors il se jeta sur le cou de Benjamin son frère, et pleura. Benjamin pleura aussi sur son cou.

15 Et il baisa tous ses frères, et pleura sur eux. Après cela, ses frères parlèrent avec lui.

16 Aussitôt on entendit un grand bruit dans la maison de Pharaon, et on dit : Les frères de Joseph sont venus. Ce qui plut fort à Pharaon et à ses serviteurs.

17 Alors Pharaon dit à Joseph : Dis à tes frères : Faites ceci ; chargez vos bêtes, et allez, retournez au pays de Canaan ;

18 Et prenez votre père et vos familles, et revenez vers moi, et je vous donnerai du meilleur du pays d’Égypte ; et vous mangerez la graisse de la terre.

19 Or, tu as la puissance de commander : Faites ceci, prenez avec vous du pays d’Égypte des chariots pour vos petits-enfants, et pour vos femmes, et amenez votre père, et venez.

20 Ne regrettez point vos meubles ; car le meilleur de tout le pays d’Égypte sera à vous.

21 Et les enfants d’Israël firent ce qui leur avait été dit ; et Joseph leur donna des chariots, selon l’ordre qu’il avait reçu de Pharaon ; il leur donna aussi de la provision pour le chemin.

22 Et il leur donna à tous des robes de rechange, et à Benjamin il donna trois cents pièces d’argent, et cinq robes de rechange.

23 Il envoya aussi à son père dix ânes chargés des plus excellentes choses qu’il y avait en Égypte, et dix ânesses qui portaient du blé, du pain, et de la nourriture à son père pour le chemin.

24 Il renvoya donc ses frères, qui partirent, et il leur dit : Ne vous querellez point en chemin.

25 Ainsi ils remontèrent d’Égypte, et vinrent à Jacob leur père au pays de Canaan.

26 Et ils lui firent ce rapport et lui dirent : Joseph vit encore, et même il commande sur tout le pays d’Égypte. Et il tomba presque en défaillance, bien qu’il ne les croyait point.

27 Et ils lui dirent toutes les paroles que Joseph leur avait dites. Et il vit les chariots que Joseph avait envoyés pour le porter. Et l’esprit revint à Jacob leur père.

28 Alors Israël dit : C’est assez ; Joseph mon fils vit encore ; j’irai, et je le verrai avant que je meure.

REFLEXIONS
I. L'on voit dans ce qui se passa lorsque Joseph se fit connaître à ses frères l'exemple d'une extrême bonté et d'une grande douceur. La conduite et les discours de Joseph marquent qu'il avait tellement oublié ce que ses frères avaient fait contre lui, que non seulement il leur pardonna et ne leur en fit aucun reproche, mais qu'il les consola et qu'il ne voulut pas qu'ils s'affligeassent.

II. On découvre ici la piété de Joseph en ce qu'il reconnaît que tout le mal que ses frères lui avaient fait avait été permis et dirigé par la providence pour le bien de leurs familles. L'on y remarque encore le soin que Joseph eut de son père en pourvoyant à son voyage et à son entretien dans l'Égypte. Ce sont là de beaux exemples de douceur, de pardon et de piété que chacun doit imiter.

III. On voit enfin ici que Jacob après avoir pleuré Joseph comme mort eut la consolation d'apprendre qu'il vivait et qu'il gouvernait l'Égypte. C'est ainsi que Dieu fait succéder la joie à l'affliction et qu'il console les siens après les avoir fait passer par diverses épreuves.

CHAPITRE XLVI.

Moïse rapporte dans ce chapitre le voyage de Jacob, qui s'en alla du pays de Canaan en Égypte, avec toute sa famille.

1 Israël donc partit, avec tout ce qui lui appartenait, et vint à Béer-sçébah, et offrit des sacrifices au Dieu de son père Isaac.

2 Et Dieu parla à Israël en vision de nuit, disant : Jacob, Jacob. Et il répondit : Me voici.

3 Il dit encore : Je suis le Dieu fort, le Dieu de ton père. Ne crains point de descendre en Égypte ; car je t’y ferai devenir une grande nation.

4 Je descendrai avec toi en Égypte, et je t’en ferai aussi infailliblement remonter ; et Joseph mettra sa main sur tes yeux.

5 Ainsi Jacob partit de Béer-sçébah, et les enfants d’Israël mirent Jacob leur père et leurs petits-enfants, et leurs femmes, sur les chariots que Pharaon avait envoyés pour le porter.

6 Ils emmenèrent aussi leur bétail et le bien qu’ils avaient acquis au pays de Canaan. Et Jacob et toute sa famille avec lui vinrent en Égypte,

7 Et il amena avec soi en Égypte ses enfants, et les enfants de ses enfants, ses filles, et les filles de ses filles, et toute sa famille.

8 Ce sont ici les noms des enfants d’Israël qui vinrent en Égypte : Jacob et ses enfants. Le premier-né de Jacob fut Ruben.

9 Et les enfants de Ruben étaient Hénoc, Pallu, Hetsron et Carmi.

10 Et les enfants de Siméon étaient Jémuël, Jamin, Ohad, Jakin, Tsohar et Sçaûl, fils d’une Cananéenne.

11 Et les enfants de Lévi étaient Guersçon, Kéhath et Mérari.

12 Et les enfants de Juda étaient Her, Onan, Sçéla, Pharez et Zara. Mais Her et Onan moururent au pays de Canaan. Les enfants aussi de Pharez furent Hetsron et Hamul.

13 Et les enfants d’Issacar étaient Tolah, Puva, Job et Simron.

14 Et les enfants de Zabulon étaient Séred, Elon et Jahléel.

15 Ce sont là les enfants de Léa, qu’elle enfanta à Jacob en Paddan-Aram, avec Dina sa fille ; ses fils et ses filles étaient en tout trente-trois personnes.

16 Et les enfants de Gad étaient Tsiphjon, Haggi, Sçuni, Etsbon, Héri, Arodi et Aréli.

17 Et les enfants d’Ascer étaient Jimna, Jisçua, Jisçui, Bériha, et Sérah leur sœur. Les enfants de Bériha, Héber et Malkiel.

18 Ce sont là les enfants de Zilpa, que Laban avait donnée à Léa sa fille ; et elle les enfanta à Jacob, et ils faisaient seize personnes.

19 Les enfants de Rachel, femme de Jacob, furent Joseph et Benjamin.

20 Et Joseph eut des fils au pays d’Égypte, savoir, Manassé et Ephraïm, qu’Asçenath, fille de Potiphérah, gouverneur d’On, lui enfanta.

21 Et les enfants de Benjamin étaient Bélah, Béker, Asçbel, Guéra, Nahaman, Ehi, Ros, Muppim et Huppim et Ard.

22 Ce sont là les enfants de Rachel, qu’elle enfanta à Jacob, qui sont en tout quatorze personnes.

23 Et les enfants de Dan étaient Husçim.

24 Et les enfants de Nephthali étaient Jatséel, Guni, Jetser et Sçillem.

25 Ce sont là les enfants de Bilha, que Laban donna à Rachel sa fille, et elle les enfanta à Jacob ; ils faisaient sept personnes en tout.

26 Toutes les personnes qui vinrent en Égypte, qui appartenaient à Jacob et qui étaient nées de lui (sans les femmes des enfants de Jacob), étaient en tout soixante-six.

27 Et les enfants de Joseph qui lui étaient nés en Égypte, furent deux personnes. Toutes les personnes donc de la maison de Jacob, qui vinrent en Égypte, furent soixante et dix.

28 Or, Jacob envoya Juda devant lui vers Joseph, pour l’avertir de lui venir au-devant en Gosçen. Ils vinrent donc dans la contrée de Gosçen.

29 Et Joseph fit atteler son chariot, et monta pour aller au-devant d’Israël son père en Gosçen, et se fit voir à lui, et il se jeta sur son cou, et pleura quelque temps sur son cou.

30 Et Israël dit à Joseph : Que je meure à présent, puisque j’ai vu ton visage, et que tu vis encore.

31 Puis Joseph dit à ses frères et à la famille de son père : Je remonterai, et je ferai savoir à Pharaon votre arrivée, et je lui dirai : Mes frères et la famille de mon père, qui étaient au pays de Canaan, sont venus vers moi.

32 Et ces hommes sont bergers, car ils se sont toujours mêlés de bétail ; ainsi ils ont amené leurs brebis et leurs bœufs, et tout ce qui était à eux.

33 Or, il arrivera que Pharaon vous fera appeler, et vous dira : Quel est votre métier ?

34 Alors vous direz : Tes serviteurs se sont toujours mêlés de garder le bétail, dès leur jeunesse jusqu’à maintenant, tant nous que nos pères, afin que vous demeuriez dans la terre de Goscen : car les Égyptiens ont en abomination les bergers.

REFLEXIONS
Il faut remarquer que Jacob étant sur le point de partir pour l’Égypte, Dieu lui apparut, qu’il lui ordonna d’y aller et qu’il lui promit de le bénir en ce pays-là et d’en faire revenir sa postérité. Cet ordre était nécessaire parce que le départ de Jacob pour aller en Égypte avec sa famille paraissait contraire aux promesses que Dieu lui avait faites de lui donner le pays de Canaan.

Mais la volonté de Dieu était que les enfants d’Israël fussent pendant quelque temps en Égypte et c’est ce qu’il avait déjà fait connaître à Abraham. Jacob obéit aux ordres du Ciel, marquant par là sa foi aussi bien que sa soumission à la providence. Le dénombrement de la famille de Jacob, qui ne consistait alors qu'en septante personnes, sert à faire voir que ses descendants multiplièrent extrêmement en Égypte. Dans l'entrevue de Jacob et de Joseph, l'on doit remarquer le respect de Joseph envers son père, leur tendresse réciproque et la consolation et la joie dont les afflictions où ils avaient été exposés furent suivies.

CHAPITRE XLVII.

I. Joseph présente ses frères et ensuite son père à Pharaon qui leur permet d'habiter dans le pays de Goscen.

II. La famine continuant, le peuple d'Égypte vend son bétail et ses terres à Pharaon

III. Jacob sentant que sa fin approchait fait promettre à Joseph de l'ensevelir au pays de Canaan.

 1 Et Joseph vint et fit entendre cela à Pharaon, disant : Mon père et mes frères, avec leurs troupeaux et leurs bœufs, et tout ce qui est à eux, sont venus du pays de Canaan ; et voici, ils sont dans la contrée de Goscen.

2 Et il prit une partie de ses frères, (il en prit cinq) et il les présenta à Pharaon.

3 Et Pharaon dit aux frères de Joseph : Quelle est votre occupation ? Ils répondirent à Pharaon : Tes serviteurs sont bergers, comme l’ont été nos pères.

4 Ils dirent aussi à Pharaon : Nous sommes venus habiter comme étrangers dans ce pays ; car il n’y a point de pâture pour les troupeaux qui appartiennent à tes serviteurs ; et même il y a une grande famine au pays de Canaan. Maintenant donc, nous te prions que tes serviteurs demeurent dans la contrée de Goscen.

5 Et Pharaon parla à Joseph, disant : Ton père et tes frères sont venus vers toi.

6 Le pays d’Égypte est à ta disposition ; fais habiter ton père et tes frères dans le meilleur endroit du pays ; qu’ils demeurent dans la terre de Goscen. Et si tu connais qu’il y ait parmi eux des gens forts et robustes, tu les établiras sur tous mes troupeaux.

7 Alors Joseph amena Jacob son père, et le présenta à Pharaon. Et Jacob bénit Pharaon.

8 Et Pharaon dit à Jacob : Quel âge as-tu ?

9 Jacob répondit à Pharaon : Les jours des années de mes pèlerinages sont cent trente ans ; les jours des années de ma vie ont été courts et mauvais, et n’ont point atteint les jours des années de la vie de mes pères, du temps de leurs pèlerinages.

10 Jacob donc bénit Pharaon et sortit de devant lui.

11 Et Joseph assigna une demeure à son père et à ses frères, et il leur donna une possession au pays d’Égypte, dans le meilleur endroit du pays, dans la contrée de Rahmésès, selon l’ordre qu’en avait donné Pharaon.

12 Et Joseph entretint de pain son père et ses frères, et toute la maison de son père, selon le nombre de leurs familles.

13 Or, il n’y avait point de pain dans tout le pays, car la famine était très grande ; et le pays d’Égypte et le pays de Canaan ne savaient que faire à cause de la famine.

14 Et Joseph amassa tout l’argent qu’on trouva dans le pays d’Égypte et au pays de Canaan, pour le blé qu’on achetait, et il porta cet argent à l’hôtel de Pharaon.

15 Et l’argent du pays d’Égypte et du pays de Canaan manqua. Et tous les Égyptiens vinrent à Joseph, disant : Donne-nous du pain ; et pourquoi mourrions-nous devant tes yeux, parce que l’argent a manqué ?

16 Joseph répondit : Donnez votre bétail, et je vous en donnerai pour votre bétail, puisque l’argent a manqué.

17 Alors ils amenèrent à Joseph leur bétail ; et Joseph leur donna du pain pour des chevaux, pour des troupeaux de brebis, pour des troupeaux de bœufs et pour des ânes. Ainsi il leur fournit du pain pour tous leurs troupeaux cette année-là.

18 Cette année finie, ils revinrent l’année suivante, et lui dirent : Nous ne cacherons point à mon seigneur que l’argent et les troupeaux de bêtes ont manqué ; tout est entre les mains de mon seigneur ; il ne reste rien à prendre à mon seigneur que nos corps et nos terres.

19 Pourquoi mourrions-nous devant, tes yeux ? Quant à nous et à nos terres, achète-nous, et nous et nos terres, pour du pain, et nous serons serviteurs de Pharaon, et nos terres seront à lui. Donne-nous aussi de quoi semer, afin que nous vivions et ne mourrions point, et que la terre ne soit point désolée.

20 Ainsi Joseph acquit à Pharaon toutes les terres de l’Egypte ; car les Egyptiens vendirent chacun son champ, à cause de la famine qui avait augmenté ; et la terre fut à Pharaon.

21 Et il fit passer le peuple dans les villes, depuis une extrémité de l’Egypte jusqu’à l’autre.

22 Il n’y eut que les terres des sacrificateurs que Joseph n’acquit point ; car Pharaon avait fait un établissement pour les sacrificateurs, et ils mangeaient la portion que Pharaon leur avait donnée. C’est pourquoi, ils ne vendirent point leurs terres.

23 Et Joseph dit au peuple : Je vous ai acquis aujourd’hui, vous et vos terres, à Pharaon. Voici, je vous donne de la semence, afin que vous semiez la terre.

24 Et quand le temps de la récolte viendra, vous en donnerez la cinquième partie à Pharaon, et les quatre autres seront à vous pour semer les champs, et pour votre nourriture et pour celle de ceux qui sont dans vos maisons, et de vos petits-enfants.

25 Et ils dirent : Tu nous as sauvé la vie ; que nous trouvions seulement grâce envers toi, mon seigneur, et nous serons esclaves de Pharaon.

26 Et Joseph fit une loi qui dure jusqu’à ce jour, sur les terres d’Egypte, de payer à Pharaon la cinquième partie. Il n’y eut que les terres des sacrificateurs qui ne furent point à Pharaon.

27 Israël donc habita au pays d’Egypte, en la contrée de Gosçen, et ils en jouirent, et s’accrurent, et ils multiplièrent beaucoup.

28 Et Jacob vécut au pays d’Egypte dix-sept ans. Et les années de la vie de Jacob furent cent quarante-sept ans.

29 Or, le temps de la mort d’Israël approchant, il appela Joseph son fils, et lui dit : Je te prie, si j’ai trouvé grâce envers toi, mets présentement ta main sous ma cuisse, et jure-moi que tu me feras une faveur, et que tu me tiendras parole. Je te prie, ne m’enterre point en Egypte ;

30 Mais que je dorme avec mes pères. Tu me transporteras donc d’Egypte, et tu m’enterreras dans leur sépulcre. Et il répondit : Je ferai selon ta parole.

31 Et il dit : Jure-le-moi. Et il le lui jura. Et Israël se prosterna sur le chevet du lit.

REFLEXIONS

Il faut considérer dans ce chapitre :

I. La manière favorable dont Pharaon reçut Jacob et sa famille, en quoi l’on voit des marques de la bénédiction qui accompagnait Jacob et comment Dieu fléchit le cœur des rois en faveur de ceux qu’il aime.

II. L’ordre avec lequel Joseph distribua du blé aux Égyptiens pendant la famine marque sa prudence et il fit aussi paraître sa bonté et son équité en leur laissant la récolte de leurs terres après avoir réservé la cinquième partie pour le roi.

Cependant, cet exemple n’autorise point ceux qui gouvernent à fouler les peuples, ni à rien faire surtout dans des temps de disette qui soit contraire à la justice et à l'équité.

III. Le désir qu’eut Jacob d’être enseveli au pays de Canaan est une belle preuve de la foi qu’il avait en Dieu et de l'assurance dans laquelle il mourrait que Dieu donnerait ce pays-là à sa postérité.
C’est ainsi que les fidèles vivent et meurent dans une espérance ferme que Dieu ne manquera pas d’accomplir, même après leur mort les promesses qu'il leur a faites.

CHAPITRE XLVIII.

Jacob étant malade à mort bénit Éphraïm et Manassé, les deux fils de Joseph, en préférant Éphraïm qui était le cadet à Manassé qui était l'aîné. Il prédit aussi que Dieu retirerait les enfants d'Israël d'Égypte et qu’il les ferait retourner au pays de Canaan.

1 Or il arriva, après ces choses, qu’on vint dire à Joseph : Voici, ton père est malade. Alors il prit ses deux fils avec soi, Manassé et Ephraïm.

2 On le fit savoir à Jacob, et on lui dit : Voici Joseph ton fils qui vient vers toi. Alors Israël reprenant ses forces s’assit sur le lit.

3 Et Jacob dit à Joseph : Le Dieu fort, tout-puissant, s’est apparu à moi à Luz, au pays de Canaan, et m’a béni.

4 Et il m’a dit : Voici, je te ferai croître et multiplier, je te ferai devenir une assemblée de peuples, et je donnerai ce pays à ta postérité après toi, en possession perpétuelle.

5 Or maintenant, les deux enfants qui te sont nés au pays d’Egypte, avant que je vinsse ici vers toi, sont à moi. Ephraïm et Manassé seront miens, comme Ruben et Siméon.

6 Mais les enfants que tu auras après eux seront à toi, et ils porteront le nom de leurs frères dans leur héritage.

7 Or, quand je revenais de Paddan, je perdis Rachel, qui mourut au pays de Canaan en chemin, n’y ayant plus que quelque petit espace de pays pour venir à Ephrat, et je l’enterrai là sur le chemin d’Ephrat, qui est Bethléhem.

8 Et Israël vit les fils de Joseph, et dit : Qui sont ceux-ci ?

9 Et Joseph répondit à son père : Ce sont mes fils, que Dieu m’a donnés ici. Alors il dit: Amène-les-moi, je te prie, afin que je les bénisse.

10 Or, les yeux d’Israël étaient si appesantis à cause de sa vieillesse, qu’il ne pouvait voir. Et il les fit approcher de lui, et il les baisa et les embrassa.

11 Et Israël dit à Joseph : Je ne croyais plus voir ton visage, et voici, Dieu m’a fait voir et toi et ta famille aussi.

12 Et Joseph les retira d’entre les genoux de son père, et il se prosterna le visage en terre.

13 Joseph donc les prit tous deux, Ephraïm à sa droite, à la gauche d’Israël, et Manassé à sa gauche, à la droite d’Israël, et les fit approcher de lui.

14 Et Israël avança sa main droite et la mit sur la tête d’Ephraïm, qui était le cadet, et il mit sa main gauche sur la tête de Manassé. Il posa ainsi ses mains de propos délibéré, bien que Manassé fût l’aîné.

15 Et il bénit Joseph, disant : Que le Dieu, devant la face duquel mes pères Abraham et Isaac ont marché, le Dieu qui me nourrit depuis que je suis au monde jusqu’à ce jour ;

16 que l’ange qui m’a délivré de tout mal, bénisse ces enfants, et qu’ils portent mon nom et le nom de mes pères Abraham et Isaac, et qu’ils multiplient, très abondamment sur la terre !

17 Alors Joseph voyant que son père mettait sa main droite sur la tête d’Ephraïm, en eut du déplaisir, et soutenant la main de son père, il tâcha de la lever de dessus la tête d’Ephraïm, pour la mettre sur la tête de Manassé.

18 Et Joseph dit à son père : Ce n’est pas ainsi, mon père ; car celui-ci est l’aîné ; mets ta main droite sur sa tête.

19 Mais son père refusa de le faire, disant : Je le sais bien, mon fils, je le sais bien. Celui-ci deviendra aussi un peuple, et même il sera grand, mais toutefois son frère, qui est le cadet, sera plus grand que lui, et sa postérité sera une multitude de nations.

20 Et en ce jour-là il les bénit, et dit : Israël bénira en toi, disant : Dieu te fasse comme à Ephraïm et à Manassé ! Ainsi il mit Ephraïm devant Manassé.

21 Et Israël dit à Joseph : Voici, je m’en vais mourir, mais Dieu sera avec vous, et vous fera retourner au pays de vos pères.

22 Et je te donne, de plus qu’à tes frères, cette part de mon bien que j’ai gagnée avec mon épée et mon arc, sur les Amorrhéens.

REFLEXIONS
Les derniers discours que Jacob tint à Joseph avant que de mourir sont très édifiants. On y découvre une foi et une piété ardente, une vive reconnaissance pour toutes les grâces qu'il avait reçues de Dieu aussi bien qu'une grande tendresse pour Joseph. Le désir qu'eut Jacob de bénir les enfants de Joseph et l'excellente prière par laquelle il les recommanda à Dieu montre qu'il regardait la bénédiction céleste comme la source de tout le bonheur de ses enfants, ce qui est un bel exemple pour les mourants et particulièrement pour les pères de famille qui sont près de leur fin. La préférence que Jacob donna par une inspiration divine à Éphraïm qui était le cadet sur Manassé qui était l'aîné fait voir que Dieu accorde ses faveurs à qui il plaît et qu'il le fait cependant toujours avec sagesse, avec justice et avec bonté. Au reste cette bénédiction de Jacob eut son accomplissement, la tribu d'Éphraïm ayant été puissante dans la suite et ayant même donné le nom aux dix tribus d'Israël.

CHAPITRE XLIX.

Ce sont ici les derniers discours de Jacob dans lesquels il prédit ce qui arriverait à ses douze fils et à leur postérité. Il réitère ensuite les ordres qu’il avait donnés à Joseph de l'ensevelir au pays de Canaan et il meurt.

1 Et Jacob appela ses fils, et dit : Assemblez-vous et je vous déclarerai ce qui vous doit arriver aux derniers jours.

2 Assemblez-vous et écoutez, fils de Jacob, écoutez, dis-je, Israël votre père :

3 RUBEN, tu es mon premier-né, ma force, et le commencement de ma vigueur, grand en dignité et grand en force.

4 Tu t’es débordé comme l’eau ; tu n’auras point la prééminence, car tu es monté sur la couche de ton père, et tu as souillé mon lit en y montant.

5 SIMÉON et LÉVI sont frères, instruments de violence dans leurs demeures ;

6 que mon âme n’entre point dans leur conseil secret ; que ma gloire ne soit point jointe à leur assemblée ; car ils ont tué les gens en leur colère, et ils ont enlevé des bœufs pour leur plaisir.

7 Que leur colère soit maudite, car elle a été violente ; et leur fureur, car elle a été rude ! Je les diviserai en Jacob, et les disperserai en Israël.

8 JUDA, quant à toi, tes frères te loueront ; ta main sera sur le cou de tes ennemis ; les fils de ton père se prosterneront devant toi.

9 Juda est un jeune lion ; mon fils, tu es revenu de déchirer ta proie ; il s’est courbé, et s’est couché comme un lion qui est en sa force, et comme un vieux lion ; qui le réveillera ?

10 Le sceptre ne sera point ôté de Juda, ni le législateur d’entre ses pieds, jusqu’à ce que le Scilo vienne ; et c’est à lui qu’appartient l’assemblée des peuples ;

11 il attache à la vigne son ânon, et le petit de son ânesse à un fort bon cep ; il lavera son vêtement dans le vin, et son manteau dans le sang des raisins ;

12 il a les yeux vermeils de vin, et les dents blanches de lait.

13 ZABULON se logera au port des mers, et il sera au port des navires, et ses côtés s’étendront vers Sidon.

14 ISSACAR est un âne gros et fort, qui se tient couché entre les barres des étables.

15 Il a vu que le repos était bon, et que le pays était délicieux ; il baissera son épaule pour porter, et il s’assujettira à payer les tributs.

16 DAN jugera son peuple, aussi bien que les autres tribus d’Israël.

17 Dan sera un serpent sur le chemin, et un céraste dans le sentier, mordant les paturons du cheval, afin que celui qui le monte, tombe à la renverse.

18 O Eternel ! j’ai attendu ton salut.

19 Quant à GAD, des troupes viendront le ravager ; mais aussi il ravagera à la fin.

20 Le pain qui viendra d’ASCER sera excellent, et même il fournira les délices royales.

21 NEPHTHALI est une biche lâchée ; il fait de beaux discours.

22 JOSEPH est un rameau fertile, un rameau fertile près d’une fontaine ; ses branches ont couvert la muraille.

23 On lui a donné beaucoup d’amertume, on a tiré contre lui, et les archers ont été ses ennemis ;

24 mais son arc est demeuré en sa force, et ses bras et ses mains ont été renforcés par la main du Puissant de Jacob, qui l’a aussi fait être le pasteur et la pierre d’Israël.

25 Cela est procédé du Dieu fort de ton père, qui t’aidera, et du Tout-Puissant, qui te comblera des bénédictions des cieux en haut, des bénédictions de l’abîme en bas, des bénédictions du lait des mamelles, et de la matrice.

26 Les bénédictions de ton père ont surpassé les bénédictions de ceux qui m’ont engendré, quand on remonterait jusqu’au bout des collines éternelles ; elles seront sur la tête de Joseph, et sur le sommet de la tête de celui qui est Nazarien entre ses frères.

27 BENJAMIN est un loup qui déchirera ; au matin il dévorera la proie, et sur le soir il partagera le butin.

28 Ce sont là les douze tribus d’Israël, et c’est ce que leur dit leur père en les bénissant ; il bénit chacun d’eux de la bénédiction qui lui était propre.

29 Il leur fit aussi ce commandement, et leur dit : Je m’en vais être recueilli vers mon peuple ; enterrez-moi avec mes pères dans la caverne qui est au champ d’Héphron Héthien,

30 dans la caverne qui est au champ de Macpéla, qui est vis-à-vis de Mamré, au pays de Canaan, laquelle Abraham acquit d’Héphron Héthien avec le champ, pour le posséder comme le lieu de son sépulcre.

31 C’est là qu’on a enterré Abraham avec Sara sa femme ; c’est là qu’on a enterré Isaac et Rébecca sa femme ; c’est là que j’ai enterré Léa.

32 On a acquis des Héthiens le champ, et la caverne qui y est.

33 Et quand Jacob eut achevé de donner ses ordres à ses fils, il retira ses pieds au lit, et expira ; ainsi il fut recueilli vers ses peuples.

REFLEXIONS
Il y a quatre choses à remarquer dans les dernières paroles de Jacob :

I. On voit premièrement dans les vœux qu’il fait pour ses fils et dans les bénédictions qu’il leur donne sa tendresse pour eux, cependant on remarque que comme un père sage il reproche à quelques-uns d’entre eux les méchantes actions dont ils s’étaient rendus coupables.

II. Ce patriarche fait paraître ici sa grande piété envers Dieu et la ferme espérance qu’il avait en lui, même aux approches de la mort.

III. Il prédit ce qui devait arriver dans la suite aux douze tribus, mais la plus considérable de ces prédictions est celle qui regarde la tribu de Juda et qui porte : que le sceptre ne serait point ôté de Juda jusqu’à ce que le Scilo vînt. C’est là un oracle qui se rapporte au Messie et qui désigne le temps de sa venue.

IV. Enfin les ordres que Jacob donna encore une fois à ses fils de l'enterrer au pays de Canaan montrent qu'il mourrait dans une ferme persuasion que sa postérité habiterait dans ce pays-là et le posséderait et que les promesses que Dieu lui avait faites s’accompliraient infailliblement.

CHAPITRE L.

Moïse récite trois choses :

I. Comment Joseph alla ensevelir son père au pays de Canaan.

II. La prière que ses frères lui firent de leur pardonner ce qu’ils avaient fait autrefois contre lui et ce que Joseph répondit à cette prière.

III. La mort de Joseph.

1 Alors Joseph se jeta sur la face de son père, et pleura sur lui, et le baisa.

2 Et Joseph commanda aux médecins qu’il avait à son service d’embaumer son père ; et les médecins embaumèrent Israël.

3 Et on employa quarante jours à l’embaumer ; car c’était la coutume d’embaumer les corps pendant quarante jours. Et les Egyptiens en firent le deuil soixante et dix jours.

4 Or, le temps du deuil étant passé, Joseph parla à ceux qui étaient de la maison de Pharaon, disant : Je vous prie, si j’ai trouvé grâce envers vous, faites savoir ceci à Pharaon,

5 Que mon père m’a fait jurer, et m’a dit : Voici, je m’en vais mourir ; tu m’enseveliras dans le sépulcre que je me suis acquis au pays de Canaan. Maintenant donc, je te prie, que j’y monte, et que j’y enterre mon père, et je reviendrai.

6 Et Pharaon répondit : Monte, et ensevelis ton père, comme il t’y a engagé par serment.

7 Alors Joseph monta pour enterrer son père ; et les serviteurs de Pharaon, les anciens de la maison de Pharaon, et tous les anciens du pays d’Égypte montèrent avec lui.

8 Et toute la maison de Joseph et ses frères, et la maison de son père y montèrent aussi, laissant seulement leurs petits-enfants, et leurs troupeaux, et leurs bœufs, dans la terre de Gosçen.

9 Il eut aussi avec lui des chariots et des gens de cheval, tellement qu’il y eut un fort gros camp.

10 Et lorsqu’ils furent venus à l’aire d’Atad, qui est au-delà du Jourdain, ils firent de fort grandes et extraordinaires lamentations ; et Joseph pleura son père pendant sept jours.

11 Et les Cananéens, habitants du pays, voyant ce deuil dans l’aire d’Atad, dirent : Voilà un grand deuil parmi les Égyptiens. C’est pourquoi l’aire fut nommée Abel-Mitsraïm. Elle est au-delà du Jourdain.

12 Les fils donc de Jacob accomplirent ainsi ce qu’il leur avait commandé.

13 Car ses fils le transportèrent au pays de Canaan, et l’ensevelirent dans la caverne du champ de Macpéla, vis-à-vis de Mamré, laquelle Abraham avait acquise d’Héphron Héthien avec le champ, pour le posséder comme le lieu de son sépulcre.

14 Et après que Joseph eut enseveli son père, il retourna en Égypte avec ses frères et tous ceux qui étaient montés avec lui pour enterrer son père.

15 Mais les frères de Joseph voyant que leur père était mort, dirent entre eux : Peut-être que Joseph aura de la haine contre nous, et ne manquera point de nous rendre tout le mal que nous lui avons fait.

16 C’est pourquoi, ils envoyèrent dire à Joseph : Ton père, avant que de mourir, nous a fait ce commandement :

17 Vous parlerez ainsi à Joseph : Je te prie, pardonne maintenant à tes frères leur crime et leur péché ; car ils t’ont fait du mal. Or, maintenant, je te supplie, Pardonne cette iniquité aux serviteurs du Dieu de ton père. Mais Joseph pleura quand on lui fit ce discours.

18 Et ses frères étant venus vers lui, se jetèrent à ses pieds, et lui dirent : Voici, nous sommes tes serviteurs.

19 Et Joseph leur dit : Ne craignez point ; car suis-je en la place de Dieu ?

20 Vous aviez dessein de me faire du mal ; mais Dieu a pensé en bien, pour me faire ce que vous voyez maintenant, et conserver par mon moyen la vie à un grand peuple.

21 Ne craignez donc point maintenant ; je vous entretiendrai, vous et vos familles. Et il les consola et leur parla selon leur cœur.

22 Joseph donc demeura dans l’Égypte, lui et la maison de son père, et il vécut cent et dix ans.

23 Et Joseph vit les enfants d’Ephraïm jusqu’à la troisième génération. Makir aussi, fils de Manassé, eut des enfants qui furent élevés sur les genoux de Joseph.

24 Joseph dit ensuite à ses frères : Je m’en vais mourir, et Dieu ne manquera point de vous visiter, et il vous fera remonter de ce pays, au pays qu’il a juré de donner à Abraham, à Isaac et à Jacob.

25 Et Joseph fit jurer les enfants d’Israël, et leur dit : Certainement Dieu vous visitera ; et alors vous transporterez mes os d’ici.

26 Puis Joseph mourut, âgé de cent et dix ans ; et on l’embauma, et on le mit dans un cercueil en Égypte.

 REFLEXIONS
I. Le soin qu'eut Joseph d'ensevelir Jacob au pays de Canaan est une marque de son obéissance aux volontés de son père aussi bien que de sa piété et de la persuasion qu'il avait que les enfants d'Israël retourneraient dans ce pays-là.

II. La prière que ses frères lui firent de leur pardonner nous fait voir que les personnes coupables sont toujours en crainte, même longtemps après leur péché et la manière pleine de bonté et de piété dont Joseph répondit à cette prière nous met devant les yeux un rare et touchant exemple de piété, de clémence et de douceur qui doit faire bien de l'impression sur nous.

III. Ce que Moïse rapporte dans ce chapitre nous apprend que Dieu fit parvenir Joseph à une vieillesse heureuse et avancée, qu'il lui fit voir la prospérité de sa famille et que pour quelques années d'affliction qu'il avait eues en sa jeunesse, il lui accorda une longue et constante prospérité. Voilà comment le Seigneur après avoir exercé ses enfants par diverses épreuves leur accorde de la tranquillité et du repos et enfin la grâce d'une mort heureuse en attendant qu'il récompense leur foi et leur piété dans la vie à venir.

IV. Enfin il faut rappeler ici la réflexion que St. Paul fait sur la mort de Joseph lorsqu'il dit dans l'épitre aux Hébreux : Que ce fut par la foi que Joseph mourant ordonna que ses os fussent transportés au pays de Canaan. Cela marquait qu'il mourait dans la ferme persuasion que les enfants d'Israël sortiraient d'Égypte et qu'ils posséderaient ce pays que Dieu avait promis à leurs pères. C'est ainsi que les promesses de Dieu soutiennent les fidèles et dans la vie et dans la mort.

EXODE OU 2EME LIVRE DE MOÏSE

Détails
Catégorie parente: Bible
Catégorie : Vieux testament
  • EXODE

ARGUMENT 

Ce livre est appelé Exode, ce qui signifie « Sortie », parce qu’il commence par l’histoire de la sortie du peuple d’Israël hors d’Égypte. On y lit ce qui arriva à ce peuple depuis la mort de Joseph jusqu’à ce que le tabernacle fût dressé dans le désert, ce qui comprend l’espace d’environ 140 ans. 

Chapitres  CHAPITRE I. CHAPITRE II.  CHAPITRE III.  CHAPITRE IV.   CHAPITRE V.  CHAPITRE VI.  CHAPITRE VII.  CHAPITRE VIII.   CHAPITRE IX.  CHAPITRE X.   CHAPITRE XI.   CHAPITRE XII. CHAPITRE XIII.  CHAPITRE XIV.   CHAPITRE XV.   CHAPITRE XVI. CHAPITRE XVII.  CHAPITRE XVIII.  CHAPITRE XIX.   CHAPITRE XX.  CHAPITRE XXI.  CHAPITRE XXII.  CHAPITRE XXIII.  CHAPITRE XXIV.   CHAPITRE XXV.   CHAPITRE XXVI.   CHAPITRE XXVII.  CHAPITRE XXVIII.  CHAPITRE XXIX. CHAPITRE XXX.   CHAPITRE XXXI. CHAPITRE XXXII.  CHAPITRE XXXIII.  CHAPITRE XXXIV.  CHAPITRE XXXV.   CHAPITRE XXXVI.   CHAPITRE XXXVII. CHAPITRE XXXVIII.   CHAPITRE XXXIX.  CHAPITRE XL.   LIVRES DU VIEUX TESTAMENT.

CHAPITRE I.

Le roi d’Égypte entreprend de détruire les enfants d’Israël en les traitant avec beaucoup de dureté ; en commandant aux sages-femmes de tuer tous les enfants mâles des Hébreux dès leur naissance et en ordonnant qu’on les noyât dans le fleuve.

1 Ce sont ici les noms des enfants d’Israël qui entrèrent en Égypte avec Jacob. Ils y entrèrent chacun avec sa famille.

2 Ruben, Siméon, Lévi et Juda,

3 Issacar, Zabulon et Benjamin,

4 Dan et Nephthali, Gad et Ascer.

5 Toutes les personnes qui étaient nées de Jacob, étaient soixante et dix, avec Joseph qui était en Égypte.

6 Or, Joseph mourut, et tous ses frères, et toute cette génération-là.

7 Et les enfants d’Israël foisonnèrent et se multiplièrent extraordinairement, et ils s’accrurent et devinrent très puissants, tellement que le pays en fut rempli.

8 Depuis, il s’éleva un nouveau roi sur l’Égypte, qui n’avait point connu Joseph.

9 Et il dit à son peuple : Voici, le peuple des enfants d’Israël est plus grand et plus puissant que nous ;

10 Venez donc, agissons prudemment avec lui, de peur qu’il ne se multiplie, que s’il arrivait quelque guerre, il ne se joigne aussi à nos ennemis, qu’il ne combatte contre nous, et qu’il ne se retire de ce pays.

11 Ils établirent donc sur le peuple des commissaires d’impôts, pour l’accabler de charges ; et le peuple bâtit des villes fortes à Pharaon, savoir Pithom et Rahmésès.

12 Mais plus on l’affligeait, plus il croissait et se multipliait ; et les Égyptiens voyaient avec chagrin les enfants d’Israël.

13 Et les Égyptiens faisaient servir les enfants d’Israël avec rigueur ;

14 tellement qu’ils leur rendirent la vie amère par une dure servitude, en les employant à faire du mortier, des briques, et toute sorte d’ouvrage qui se fait aux champs. Tout le service qu’on tirait d’eux était avec rigueur.

15 Le roi d’Égypte parla aussi aux sages-femmes hébreuses, dont l’une s’appelait Sciphra, et l’autre Puha,

16 et il leur dit : Quand vous recevrez les enfants des femmes des Hébreux, et que vous les verrez sur le siège, si c’est un fils, mettez-le à mort, mais si c’est une fille, qu’elle vive.

17 Mais les sages-femmes craignirent Dieu, et ne firent pas ce que le roi d’Égypte leur avait dit ; car elles laissèrent vivre les fils.

18 Alors le roi d’Égypte appela les sages-femmes, et leur dit : Pourquoi avez-vous fait cela, d’avoir laissé vivre les fils ?

19 Et les sages-femmes répondirent à Pharaon : C’est que les femmes des Hébreux ne sont point comme celles d’Égypte, car elles sont vigoureuses ; elles ont accouché avant que la sage-femme vienne vers elles.

20 Et Dieu fit du bien aux sages-femmes ; et le peuple se multiplia et devint très-puissant.

21 Et parce que les sages-femmes craignirent Dieu, il leur édifia des maisons.

22 Alors Pharaon fit ce commandement à tout son peuple, et dit : Jetez dans le fleuve tous les fils qui naîtront, mais laissez vivre toutes les filles.

REFLEXIONS
I. La multiplication des enfants d’Israël dans l’Égypte et les moyens barbares que Pharaon employa pour les détruire nous font voir l’accomplissement de ce que Dieu avait dit aux patriarches, que leur postérité se multiplierait extrêmement en Égypte, mais qu’elle y serait affligée et qu’ensuite Dieu l’en retirerait. II. Il faut reconnaître ici la sagesse et la bonté de Dieu qui ayant béni les enfants d’Israël en Égypte et, ne voulant pas qu’ils y demeurassent toujours, permit cette persécution, afin qu’ils quittassent sans peine ce pays-là. Dieu permet que ses enfants soient affligés et persécutés en ce monde, il en use ainsi pour les éprouver et afin qu’ils ne se fassent pas de la peine d’en sortir. III. Le refus que firent les sages-femmes d’exécuter les ordres cruels de Pharaon et la récompense que Dieu leur donna montrent qu’il ne faut pas obéir aux ordres des princes lorsque ces ordres sont contraires à la justice et à la conscience et que Dieu ne manque jamais de récompenser la piété et le zèle de ceux qui lui obéissent plutôt qu’aux hommes.

CHAPITRE II.

On voit ici : 

I. La naissance de Moïse et la manière dont il fut garanti de la mort, et élevé par la fille du Roi d’Egypte. II. L’attachement qu’il fit paraître pour ceux de sa nation en tuant un Égyptien. III. Sa retraite au pays de Madian. IV. La mort du roi d’Égypte et l’état déplorable où le peuple d’Israël était alors. 

1 Or, un homme de la maison de Lévi alla et épousa une fille de Lévi ;

2 laquelle conçut et enfanta un fils, et voyant qu’il était beau, elle le cacha pendant trois mois. 3 Mais ne le pouvant tenir caché plus longtemps, elle prit un coffret fait de jonc, et l’enduisit de bitume et de poix ; Ensuite elle y mit l’enfant, et le posa parmi des roseaux sur le bord du fleuve.

4 Et sa sœur se tenait loin pour savoir ce qui lui arriverait.

5 Or, la fille de Pharaon descendit au fleuve pour se laver ; et ses filles se promenaient sur le bord du fleuve ; et ayant vu le coffret au milieu des roseaux, elle envoya une de ses filles pour le prendre.

6 Et l’ayant ouvert, elle vit l’enfant. Et voici, l’enfant pleurait. Elle en fut touchée de compassion, et elle dit : C’est un des enfants des Hébreux !

7 Alors la sœur de l’enfant dit à la fille de Pharaon : Irai-je appeler une nourrice d’entre les femmes des Hébreux, et elle t’allaitera cet enfant ?

8 Et la fille de Pharaon lui répondit : Va. Et la jeune fille s’en alla, et appela la mère de l’enfant.

9 Et la fille de Pharaon lui dit : Emporte cet enfant et me l’allaite, et je te donnerai ton salaire ; et la femme prit l’enfant, et l’allaita.

10 Et quand l’enfant fut devenu grand, elle l’amena à la fille de Pharaon, qui l’adopta pour son fils ; et elle le nomma Moïse, parce que (dit-elle) je l’ai tiré des eaux.

11 Et il arriva, lorsque Moïse fut devenu grand, qu’il sortit vers ses frères, et qu’il vit leurs travaux ; il vit aussi un Égyptien qui frappait un Hébreu d’entre ses frères ;

12 et ayant regardé çà et là, et voyant qu’il n’y avait personne, il tua l’Égyptien et le cacha dans le sable.

13 Et il sortit le second jour, et voici, deux hommes hébreux se querellaient, et il dit à celui qui avait le tort : Pourquoi frappes-tu ton prochain ?

14 Mais il lui répondit : Qui t’a établi prince et juge sur nous ? Est-ce que tu veux me tuer, comme tu as tué l’Égyptien ? Et Moïse craignit, et il dit : Certainement, le fait est connu.

15 Or, Pharaon ayant appris ce fait-là, chercha à faire mourir Moïse. Mais Moïse s’enfuit de devant Pharaon, et s’arrêta au pays de Madian, et s’assit auprès d’un puits.

16 Or, le sacrificateur de Madian avait sept filles, qui vinrent puiser de l’eau, et elles remplirent les auges, pour abreuver le troupeau de leur père.

17 Mais des bergers survinrent, et les chassèrent. Alors Moïse se leva, et les garantit, et abreuva leur troupeau.

18 Et quand elles furent retournées chez Réhuel leur père, il leur dit : Comment êtes-vous revenues sitôt aujourd’hui ?

19 Elles répondirent : Un homme égyptien nous a délivrées de la main des bergers, et même nous a puisé abondamment de l’eau et a abreuvé le troupeau.

20 Alors il dit à ses filles : Et où est-il ? Pourquoi avez-vous ainsi laissé cet homme ? Appelez-le, et qu’il mange du pain.

21 Et Moïse consentit à demeurer avec cet homme-là, qui donna Séphora sa fille à Moïse.

22 Et elle enfanta un fils, et il le nomma Guersçom, car, dit-il, j’ai séjourné dans un pays étranger.

23 Or, il arriva, longtemps après, que le roi d’Égypte mourut ; et les enfants d’Israël, qui gémissaient à cause de la servitude où ils étaient, crièrent, et le cri que la servitude leur faisait pousser, monta jusqu’à Dieu.

24 Dieu donc entendit leurs gémissements ; et Dieu se souvint de l’alliance qu’il avait faite avec Abraham, Isaac et Jacob.

25 Ainsi Dieu regarda les enfants d’Israël, et connut leur état.

REFLEXIONS
On voit dans ce chapitre comment Moïse, par une providence de Dieu toute particulière, fut conservé en vie après sa naissance, nourri par sa propre mère et élevé à la cour de Pharaon par la princesse d‘Égypte. On doit admirer dans cet événement les merveilles de la providence qui garantit ainsi Moïse de la mort et qui voulut que l’exposition de cet enfant servît à son élévation et que celui qui devait un jour délivrer le peuple d’Israël de la tyrannie des Égyptiens fût élevé par la fille du prince même qui avait entrepris de détruire les Israélites. Ce que Moïse fit en tuant un Egyptien est une action extraordinaire qui ne doit point être tirée à conséquence, puisque Moïse était un homme envoyé de Dieu et appelé à retirer les Israélites d’Égypte. Il se peut aussi que Moïse ne pût garantir la vie de celui qui était attaqué ou même la sienne propre qu’en tuant l’Égyptien. St. Paul remarque sur cette histoire : Que par la foi, Moïse étant déjà grand refusa d’être appelé le fils de la fille de Pharaon et qu’il choisit plutôt d’être affligé avec le peuple de Dieu que de jouir pour un peu de temps des délices du péché. Enfin, la longue durée et le redoublement de la servitude des Israélites nous montrent que Dieu laisse Quelquefois longtemps ceux qu’il aime dans la souffrance avant que de les délivrer, mais que ni la longueur, ni la rigueur des maux qu’ils endurent ne doivent jamais leur faire perdre courage.

CHAPITRE III.

Dieu apparaît à Moïse dans un buisson qui brûlait sans se consumer et lui dit qu’il l’avait choisi pour retirer son peuple d’Égypte, Et comme Moïse ne pouvait croire que Dieu voulut se servir de lui pour cela, Dieu l’assure de sa protection et du soin qu’il avait de ce peuple. Il lui ordonne d’aller parler aux Israélites et à Pharaon et il lui prédit quel serait le succès de sa commission.

1 Or, Moïse paissait le troupeau de Jéthro son beau-père, sacrificateur de Madian, et menant le troupeau derrière le désert, il vint à la montagne de Dieu jusqu’à Horeb.

2 Et l’ange de l’Éternel lui apparut dans une flamme de feu, du milieu d’un buisson ; et il regarda, et voici, le buisson était tout en feu ; mais il ne se consumait point.

3 Alors Moïse dit : Je me détournerai maintenant, et je verrai cette grande vision, et pourquoi le buisson ne se consume point.

4 Et l’Éternel vit que Moïse s’était détourné pour regarder ; et Dieu l’appela du milieu du buisson, disant : Moïse, Moïse. Et il répondit : Me voici.

5 Et Dieu dit : N’approche point d’ici. Déchausse les souliers de tes pieds ; car le lieu où tu es arrêté, est une terre sainte.

6 Il dit aussi : Je suis le Dieu de ton père, le Dieu d’Abraham, le Dieu d’Isaac et le Dieu de Jacob. Et Moïse cacha son visage, parce qu’il craignait de regarder vers Dieu.

7 Et l’Éternel dit : J’ai très bien vu l’affliction de mon peuple qui est en Égypte, et j’ai entendu le cri qu’ils ont jeté à cause de leurs exacteurs, et j’ai connu leurs douleurs.

8 Aussi suis-je descendu pour le délivrer de la main des Égyptiens et pour le faire remonter de ce pays-là en un pays bon et spacieux, en un pays où coulent le lait et le miel, au lieu où sont les Cananéens, les Héthiens, les Amorrhéens, les Phérésiens, les Héviens et les Jébusiens.

9 Et maintenant, voici, le cri des enfants d’Israël est venu jusqu’à moi, et j’ai vu aussi la manière dont les Égyptiens les oppriment.

10 Maintenant donc, viens, et je t’enverrai vers Pharaon, et tu retireras mon peuple, savoir, les enfants d’Israël, hors d’Égypte.

11 Alors Moïse répondit : Qui suis-je, moi, que j’aille vers Pharaon, et que je retire les enfants d’Israël hors d’Égypte ?

12 Et Dieu dit : Va, car je serai avec toi ; et tu auras ce signe que c’est moi qui t’ai envoyé : quand tu auras retiré mon peuple hors d’Égypte, vous servirez Dieu près de cette montagne.

13 Et Moïse dit à Dieu : Voici, quand je serai venu vers les enfants d’Israël, et que je leur aurai dit : Le Dieu de vos pères m’a envoyé vers vous ; alors, s’ils me disent : Quel est son nom ? que leur dirai-je ?

14 Alors Dieu dit à Moïse : JE SUIS CELUI QUI EST. Il dit aussi : Tu diras ainsi aux enfants d’Israël : Celui qui EST m’a envoyé vers vous.

15 Dieu dit encore à Moïse : Tu diras ainsi aux enfants d’Israël : L’ÉTERNEL, le Dieu de vos pères, le Dieu d’Abraham, le Dieu d’Isaac, et le Dieu de Jacob m’a envoyé vers vous ; et c’est ici mon mémorial dans tous les âges.

16 Va et assemble les anciens d’Israël, et leur dis : L’Éternel, le Dieu de vos pères, m’est apparu, le Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob, et m’a dit : Certainement, je vous ai visités, et j’ai vu ce qu’on vous fait en Égypte.

17 Et j’ai dit : Je vous ferai remonter de l’Égypte où vous êtes affligés, au pays des Cananéens, des Héthiens, des Amorrhéens, des Phérésiens, des Héviens, et des Jébusiens, dans ce pays où coulent le lait et le miel.

18 Et ils obéiront à ta parole ; et tu iras, toi et les anciens d’Israël, vers le roi d’Égypte, et vous lui direz : L’Éternel, le Dieu des Hébreux, est venu au-devant de nous. Maintenant donc nous te prions que nous allions le chemin de trois jours au désert, et que nous sacrifiions à l’Éternel notre Dieu.

19 Or, je sais que le roi d’Égypte ne vous permettra point de vous en aller, sinon par main forte.

20 Mais j’étendrai ma main, et je frapperai l’Égypte par toutes les merveilles que je ferai au milieu d’elle ; et après cela, il vous laissera aller.

21 Et je ferai que ce peuple trouvera grâce envers les Égyptiens, et il arrivera que, quand vous partirez, vous ne vous en irez point à vide.

22 Mais chaque femme doit demander à sa voisine, et à l’hôtesse de sa maison, des vaisseaux d’argent, et des vaisseaux d’or, et des vêtements que vous mettrez sur vos fils et sur vos filles ; ainsi vous dépouillerez les Égyptiens.

REFLEXIONS
Voici les considérations qu’il faut faire sur ce chapitre. La première regarde la manière dont Dieu appela Moïse et lui fit connaître qu’il l’avait choisi pour être le libérateur du peuple d’Israël. La vision que Moïse eut de ce buisson qui brûlait sans se consumer était une merveille dont Dieu voulut se servir pour attirer son attention et pour le persuader que Dieu était là présent. On voit ensuite que Dieu parla à Moïse et qu’il lui dit que le temps était venu auquel il voulait délivrer son peuple de la tyrannie de Pharaon et accomplir les promesses qu’il avait faites autrefois à Abraham, à Isaac et à Jacob. Cela devait servir à confirmer Moïse dans sa vocation et à persuader les Israélites eux-mêmes que Moïse leur était envoyé de la part de Dieu et que le temps de leur délivrance était venu. Par là nous voyons que Dieu est toujours fidèle dans son alliance et dans ses promesses et qu’il est impossible qu’il abandonne jamais son Église ni ses enfants. Une autre considération qu’il faut faire regarde la résistance de Moïse qui ne pouvait se résoudre à aller vers Pharaon, ni croire que Dieu délivrerait son peuple par son moyen. On doit regarder cette résistance, non comme une désobéissance, mais comme un effet de l’humilité de Moïse et de la crainte qu’il avait de ne pas réussir et comme une de ces infirmités qui peuvent se rencontrer dans ceux qui craignent Dieu. Cependant, ce que Dieu dit à Moïse et les promesses qu’il lui fit de l’assister fait voir qu’il faut obéir à Dieu dans tout ce qu’il ordonne et croire tout ce qu’il nous promet, quelque difficulté que nous voyons dans l’exécution de ses promesses.

CHAPITRE IV.

Dieu confirme Moïse dans sa vocation par deux signes miraculeux et par des promesses réitérées de son secours. Ensuite Moïse part pour s’en aller en Égypte et comme il était en chemin, un ange l’oblige à circoncire son fils. Aaron lui vient au-devant et ils font connaître aux enfants d’Israël que Dieu voulait les délivrer.

1 Et Moïse répondit, et dit : Mais voici, ils ne me croiront point, et ils n’obéiront point à ma parole ; car ils diront : L’Éternel ne t’est point apparu.

2 Et l’Éternel lui dit : Qu’est-ce que tu as en ta main ? Il répondit : Une verge.

3 Il dit : Jette-la par terre ; et il la jeta par terre, et elle devint un serpent. Et Moïse s’enfuyait de devant ce serpent.

4 Alors l’Éternel dit à Moïse : Etends ta main, et saisis sa queue. Et il étendit sa main, et la saisit, et elle redevint verge en sa main.

5 Fais cela devant eux, afin qu’ils croient que l’Éternel, le Dieu de leurs pères, le Dieu d’Abraham, le Dieu d’Isaac et le Dieu de Jacob t’est apparu.

6 L’Éternel lui dit encore : Mets maintenant ta main dans ton sein. Et il mit sa main dans son sein, puis il la tira, et voici, sa main était blanche de lèpre comme la neige.

7 Puis Dieu dit : Remets ta main dans ton sein. (Et il remit sa main dans son sein ; et l’ayant retirée hors de son sein, voici, elle était redevenue comme son autre chair.)

8 Que s’il arrive qu’ils ne te croient point, et n’obéissent point à la voix du premier prodige, ils croiront à la voix du second.

9 Et s’il arrive qu’ils ne croient point à ces deux prodiges, et qu’ils n’obéissent pas à ta parole, tu prendras de l’eau du fleuve, et tu la répandras sur la terre, et les eaux que tu auras prises du fleuve, deviendront du sang sur la terre.

10 Et Moïse répondit à l’Éternel : Hélas ! Seigneur, ni d’hier, ni d’avant-hier je ne suis point un homme qui ait la parole aisée, même depuis que tu as parlé à ton serviteur ; car j’ai la bouche et la langue pesantes.

11 Et l’Éternel lui dit : Qui a fait la bouche de l’homme ? Ou qui a fait le muet, ou le sourd, ou le voyant, ou l’aveugle ? N’est-ce pas moi, l’Éternel ?

12 Va donc maintenant, et je serai avec ta bouche, et je t’enseignerai ce que tu auras à dire.

13 Et Moïse répondit : Hélas ! Seigneur, envoie, je te prie, celui que tu dois envoyer.

14 Et la colère de l’Éternel s’embrasa contre Moïse, et il lui dit : Aaron le Lévite n’est-il pas ton frère ? Je sais qu’il parlera très bien. Et même, le voici qui sort au-devant de toi, et quand il te verra, il se réjouira dans son cœur.

15 Tu lui parleras donc, et tu mettras ces paroles en sa bouche ; et je serai avec ta bouche et avec la sienne, et je vous enseignerai ce que vous aurez à faire.

16 Et il parlera pour toi au peuple, et ainsi il sera ta bouche, et tu lui seras à la place de Dieu.

17 Tu prendras aussi cette verge en ta main, avec laquelle tu feras ces prodiges.

18 Ainsi Moïse s’en alla et retourna vers Jéthro son beau-père, et il lui dit : Je te prie que je m’en aille, et que je retourne vers mes frères qui sont en Égypte, pour voir s’ils vivent encore. Et Jéthro lui dit : Va en paix.

19 Or l’Éternel dit à Moïse au pays de Madian : Va et retourne en Égypte ; car tous ceux qui cherchaient ta vie sont morts.

20 Ainsi Moïse prit sa femme et ses fils, et les mit sur un âne, et retourna au pays d’Égypte ; et Moïse prit aussi la verge de Dieu en sa main.

21 L’Éternel avait dit aussi à Moïse : Puisque tu t’en vas, et que tu retournes en Égypte, prends garde à tous les miracles que j’ai mis en ta main ; tu les feras devant Pharaon ; mais j’endurcirai son cœur, et il ne laissera point aller le peuple.

22 Tu diras donc à Pharaon : Ainsi a dit l’Éternel : Israël est mon fils, mon premier-né ;

23 Et je t’ai dit : Laisse aller mon fils, afin qu’il me serve ; et tu as refusé de le laisser aller. Voici, je m’en vais faire mourir ton fils, ton premier-né.

24 Or il arriva que, comme Moïse était sur le chemin dans une hôtellerie, l’Éternel le rencontra et chercha de le faire mourir.

25 Et Séphora prit un couteau tranchant, et en coupa le prépuce de son fils, et le jeta à ses pieds, et dit : Certainement, tu m’es un époux de sang.

26 Alors l’Éternel le laissa. Et Séphora dit : Tu m’es un époux de sang, à cause de la circoncision.

27 Et l’Éternel dit à Aaron : Va-t’en au-devant de Moïse au désert. Il y alla donc, et le rencontra en la montagne de Dieu, et il le baisa.

28 Et Moïse rapporta à Aaron toutes les paroles de l’Éternel qui l’avait envoyé, et tous les prodiges qu’il lui avait commandé de faire.

29 Moïse donc poursuivit son chemin avec Aaron ; et ils assemblèrent tous les anciens des enfants d’Israël.

30 Et Aaron dit toutes les paroles que l’Éternel avait dites à Moïse, et fit les prodiges devant le peuple.

31 Et le peuple crut ; et ils apprirent que l’Éternel avait visité les enfants d’Israël, et qu’il avait vu leur affliction ; et se prosternant en terre, ils l’adorèrent.

REFLEXIONS
La principale observation qu’il faut faire sur ce chapitre regarde les divers refus que Moïse fit d’aller au roi d’Égypte et ce que Dieu lui dit pour l’engager à lui obéir. Cela nous apprend que quand Dieu nous appelle, nous devons suivre notre vocation sans rien craindre et sans écouter ce que la chair suggère pour nous en détourner. Les promesses que Dieu fit à Moïse d’être avec lui, les prodiges par lesquels il confirma ces promesses et le pouvoir qu’il lui donna de faire des miracles nous font voir que Dieu ne manque jamais de donner les forces et les moyens nécessaires pour exécuter ses ordres et qu’il est toujours avec ses serviteurs lorsqu’il les envoie. Ce qui arriva à Moïse lorsque Dieu l’obligea à circoncire son fils tendait à lui apprendre que Dieu voulait que la circoncision, qui était une marque de son alliance avec les enfants d’Israël, fût observée. De là nous devons recueillir que les commandements de Dieu, même ceux qui ne regardent que des choses extérieures et indifférentes de leur nature, doivent être gardés inviolablement.

CHAPITRE V.

Moïse et Aaron s’étant présentés devant le roi d’Égypte, il ne voulut point les écouter et il ordonna que les enfants d’Israël fussent traités avec plus de sévérité. Ce qui fit que le peuple d’Israël murmura contre Moïse et que Moïse lui-même se plaignit à Dieu du mauvais succès qu’il avait eu.

1 Après cela, Moïse et Aaron vinrent et dirent à Pharaon : Ainsi a dit l’Éternel, le Dieu d’Israël : Laisse aller mon peuple, afin qu’il me célèbre une fête solennelle au désert.

2 Mais Pharaon dit : Qui est l’Éternel, que j’obéisse à sa voix, pour laisser aller Israël ? Je ne connais point l’Éternel, et je ne laisserai point aller Israël.

3 Et ils dirent : Le Dieu des Hébreux est venu au-devant de nous ; nous te prions que nous allions maintenant le chemin de trois jours au désert, et que nous sacrifiions à l’Éternel notre Dieu, de peur qu’il ne se jette sur nous par la mortalité ou par l’épée.

4 Et le roi d’Égypte leur dit : Moïse et Aaron, pourquoi détournez-vous le peuple de son ouvrage ? Allez maintenant à votre travail.

5 Pharaon dit aussi : Voici, le peuple de ce pays est maintenant en grand nombre, et vous les faites chômer de leur travail.

6 Pharaon commanda ce jour-là même aux exacteurs qui étaient sur le peuple, et à ses commissaires, disant :

7 Vous ne donnerez plus de paille à ce peuple pour faire des briques, comme auparavant ; mais qu’ils aillent et qu’ils s’amassent de la paille.

8 Cependant, vous leur imposerez la quantité de briques qu’ils faisaient auparavant, sans en rien diminuer, car ils sont gens de loisir ; aussi crient-ils, disant : Allons et sacrifions à notre Dieu.

9 Qu’on accable ces gens de travaux, et qu’ils s’y occupent, et qu’ils ne s’amusent point à des paroles de mensonge.

10 Alors les exacteurs du peuple et ses commissaires sortirent, et dirent au peuple : Ainsi a dit Pharaon : Je ne vous donnerai plus de paille.

11 Allez vous-mêmes et prenez de la paille où vous en trouverez, quoiqu’on ne diminue rien de votre travail.

12 Alors le peuple se répandit par tout le pays d’Égypte, pour amasser du chaume au lieu de paille.

13 Et les exacteurs les pressaient, disant : Achevez votre ouvrage chaque jour, comme quand la paille vous était fournie.

14 Même les commissaires des enfants d’Israël que les exacteurs de Pharaon avaient établis sur eux, furent battus ; et on leur dit : Pourquoi n’avez-vous point achevé votre tâche de faire des briques, hier et aujourd’hui, comme auparavant ?

15 Alors les commissaires des enfants d’Israël vinrent crier à Pharaon, disant : Pourquoi fais-tu ainsi à tes serviteurs ?

16 On ne donne point de paille à tes serviteurs, et toutefois on nous dit : Faites des briques. Et voici, tes serviteurs sont battus, et on en impute la faute à ton peuple.

17 Et il répondit : Vous êtes de loisir, vous êtes de loisir ; c’est pourquoi vous dites : Allons, sacrifions à l’Éternel.

18 Or, maintenant, allez, travaillez, car on ne vous donnera point de paille, et vous rendrez toujours la même quantité de briques.

19 Et les commissaires des enfants d’Israël virent qu’ils étaient dans un mauvais état, puisqu’on disait : Vous ne diminuerez rien de vos briques de la tâche de chaque jour.

20 Et en sortant d’auprès de Pharaon, ils rencontrèrent Moïse et Aaron, qui se trouvèrent devant eux ;

21 et ils leur dirent : Que l’Éternel vous regarde et en juge, vu que vous nous avez mis en mauvaise odeur devant Pharaon et devant ses serviteurs, en leur mettant l’épée à la main pour nous tuer.

22 Alors Moïse retourna vers l’Éternel, et dit : Seigneur, pourquoi as-tu fait maltraiter ce peuple ? Pourquoi m’as-tu envoyé ?

23 Car, depuis que je suis venu vers Pharaon pour parler en ton nom, il a maltraité ce peuple, et tu n’as point délivré ton peuple.

REFLEXIONS
Le courage avec lequel Moïse, qui s’était d’abord fait de la peine d’aller parler au roi d’Égypte, exécuta sa commission, est une preuve de son obéissance et de son zèle et un exemple qui apprend aux serviteurs de Dieu à suivre leur vocation, sans craindre les hommes. La réponse fière et impie de Pharaon fait voir que jamais il n’aurait laissé sortir les enfants d’Israël de son pays si Dieu ne l’y eût contraint par les effets de sa puissance. Ainsi, l’endurcissement de ce prince fut l’occasion de toutes les merveilles que Dieu fit par le moyen de Moïse et attira sur l’Égypte tous les fléaux dont elle fut accablée. La rigueur dont Pharaon usa contre le peuple d’Israël était une nouvelle épreuve que Dieu envoyait à Moïse et aux Israélites afin de voir s’ils croiraient toujours en ses promesses, quoique la première commission de Moïse eut un succès contraire à celui qu’ils attendaient. Cela montre aussi que lorsque l’affliction redouble, c’est souvent alors qu’elle est prête à finir. Enfin, l’on voit dans les murmures du peuple contre Moïse et Aaron, l’impatience et l’ingratitude ordinaire des hommes. Ils se défient des promesses de Dieu lorsqu’il tarde à les accomplir et ils perdent courage dans le temps qu’il se prépare à leur faire du bien et qu’il leur donne les assurances les plus fortes de son amour.

CHAPITRE VI.

Dieu envoie une seconde fois Moïse vers les enfants d’Israël pour les assurer qu’il les délivrerait, mais ils ne voulurent point l’écouter. Dieu lui commande ensuite d’aller encore avec Aaron son frère parler à Pharaon. L’auteur sacré ajoute la généalogie de Moïse et d’Aaron.

1 Et l’Éternel dit à Moïse : Maintenant tu verras ce que je ferai à Pharaon ; car il les laissera aller, y étant contraint par une main forte ; même, contraint par une main forte, il les chassera de son pays.

2 Dieu parla encore à Moïse, et lui dit : Je suis l’Éternel.

3 Je suis apparu comme le Dieu fort, tout-puissant, à Abraham, à Isaac et à Jacob ; mais je n’ai point été connu d’eux par mon nom d’Éternel.

4 Et j’ai aussi établi mon alliance avec eux, pour leur donner le pays de Canaan, qui est le pays où ils ont voyagé, auquel ils ont habité comme étrangers.

5 Aussi j’ai entendu les sanglots des enfants d’Israël, que les Égyptiens tiennent esclaves ; et je me suis souvenu de mon alliance.

6 C’est pourquoi, dis aux enfants d’Israël : Je suis l’Éternel, je vous retirerai de dessous les charges des Égyptiens ; je vous délivrerai de leur servitude, et je vous rachèterai à bras étendu, et par de grands jugements.

7 Et je vous prendrai pour mon peuple ; je vous serai Dieu, et vous connaîtrez que je suis l’Éternel votre Dieu, qui vous retire de dessous les charges des Égyptiens.

8 Et je vous ferai entrer au pays pour lequel j'ai levé ma main que je le donnerais à Abraham, à Isaac et à Jacob ; et je vous le donnerai en héritage. Je suis l’Éternel.

9 Moïse donc parla ainsi aux enfants d’Israël ; mais ils n’écoutèrent point Moïse, à cause de l’angoisse de leur esprit et à cause de la servitude où ils étaient.

10 Et l’Éternel parla à Moïse, disant :

11 Va, et dis à Pharaon, roi d’Égypte, qu’il laisse sortir les enfants d’Israël de son pays.

12 Alors Moïse parla devant l’Éternel, et dit : Voici, les enfants d’Israël ne m’ont point écouté ; et comment Pharaon m’écoutera-t-il, moi qui suis incirconcis de lèvres ?

13 Cependant, l’Éternel parla à Moïse et Aaron, et leur donna ordre d’aller trouver les enfants d’Israël, et Pharaon, roi d’Égypte, pour retirer les enfants d’Israël du pays d’Égypte.

14 Ce sont ici les chefs des maisons de leurs pères. Les enfants de Ruben, premier-né d’Israël : Hénoc et Pallu, Hetsron et Carmi. Ce sont là les familles de Ruben.

15 Et les enfants de Siméon : Jémuël, Jamin, Ohad, Jakin, Tsohar et Sçaûl, fils d’une Cananéenne. Ce sont là les familles de Siméon.

16 Et ce sont ici les noms des enfants de Lévi, selon leurs générations : Guersçon, Kéhath, et Mérari. Et les années de la vie de Lévi furent cent trente-sept.

17 Les enfants de Guersçon : Libni et Scimhi, selon leurs familles.

18 Et les enfants de Kéhath : Hamram, Jithshar, Hébron et Huziel. Et les années de la vie de Kéhath furent cent trente-trois.

19 Et les enfants de Mérari : Malhi et Musci. Ce sont là les familles de Lévi, selon leurs générations.

20 Or, Hamram prit Jokbed, sa tante, pour femme, qui lui enfanta Aaron et Moïse. Et les années de la vie de Hamram furent cent trente-sept.

21 Et les enfants de Jithshar : Coré, Népheg et Zicri.

22 Et les enfants de Huziel : Misçaël, Eltsaphan et Sithri.

23 Et Aaron épousa Eliscébah, fille de Hamminadab, sœur de Nahasson, qui enfanta Nadab, Abihu, Eléazar et Ithamar.

24 Et les enfants de Coré : Assir, Elkana et Abiasaph. Ce sont là les familles des Corites.

25 Mais Eléazar, fils d’Aaron, prit pour sa femme une des filles de Puthiel, qui lui enfanta Phinées. Ce sont là les chefs des pères des Lévites, selon leurs familles.

26 Or, c’est là cet Aaron et c’est ce Moïse auxquels l’Éternel dit : Retirez les enfants d’Israël du pays d’Égypte, selon leurs bandes.

27 Ce sont eux qui parlèrent à Pharaon, roi d’Égypte, pour retirer les enfants d’Israël d’Égypte ; c’est ce Moïse et c’est cet Aaron.

28 Il arriva donc qu’au jour que l’Éternel parla à Moïse au pays d’Égypte ;

29 quand, dis-je, l’Éternel parla à Moïse, disant : Je suis l’Éternel, dis à Pharaon, roi d’Égypte, toutes les paroles que je t’ai dites :

30 Alors Moïse dit devant l’Éternel : Voici, je suis incirconcis de lèvres, et comment Pharaon m’écoutera-t-il ?

REFLEXIONS

En lisant ce chapitre, on doit y remarquer principalement ces deux choses : I. Que Dieu fît donner de nouvelles assurances de son secours aux enfants d’Israël, quoiqu’ils eussent murmuré contre Moïse, par où l’on peut voir combien Dieu est bon, même envers ceux qui l’offensent et qui reconnaissent mal ses grâces. II. Que les enfants d’Israël refusèrent d’écouter Moïse parce que les premières démarches qu’il avait faites vers Pharaon avaient rendu leur condition encore plus triste et que Moïse lui-même craignait de retourner vers ce roi étant rebuté par la difficulté de l’entreprise. Quand les hommes ne voient pas d’abord les effets des promesses de Dieu et qu’ils ont dans la souffrance, la grandeur de l’affliction et leur infirmité les jettent dans l’impatience, dans la défiance et dans la crainte. Mais ce sont des tentations qu’il faut surmonter en se représentant que Dieu n’abandonne jamais les siens et que les desseins de sa providence s’exécutent toujours infailliblement. La généalogie de Moïse et d’Aaron est ici rapportée parce que c’étaient des personnes illustres et parce que dans la suite les sacrificateurs et les autres ministres de la religion furent pris de leur famille.

CHAPITRE VII.

Moïse et Aaron vont encore vers le roi d’Égypte et ce prince ayant refusé de laisser sortir les enfants d’Israël, Moïse changea en sa présence son bâton en un serpent, ensuite il changea les eaux en sang, ce qui fut la première des dix plaies dont Dieu frappa l’Égypte. Mais les magiciens de Pharaon ayant contrefait ces deux miracles, ce prince persista dans sa résolution.

1 Et l’Éternel dit à Moïse : Voici, je t’ai établi pour tenir la place de Dieu vers Pharaon, et Aaron ton frère sera ton prophète.

2 Tu diras toutes les choses que je t’aurai commandée, et Aaron ton frère parlera à Pharaon, afin qu’il laisse aller les enfants d’Israël hors de son pays.

3 Mais j’endurcirai le cœur de Pharaon, et je multiplierai mes prodiges et mes miracles au pays d’Égypte.

4 Et Pharaon ne vous écoutera point ; mais je mettrai ma main sur l’Égypte, et je retirerai mes armées, savoir, mon peuple, les enfants d’Israël, du pays d’Égypte, par de grands jugements.

5 Alors les Égyptiens sauront que je suis l’Éternel, quand j’aurai étendu ma main sur l’Égypte, et que j’aurai retiré les enfants d’Israël d’entre eux.

6 Moïse donc et Aaron firent comme l’Éternel leur avait commandé ; ils firent ainsi.

7 Or, Moïse était âgé de quatre-vingts ans, et Aaron de quatre-vingt-trois, quand ils parlèrent à Pharaon.

8 Et l’Éternel parla à Moïse et à Aaron, disant :

9 Quand Pharaon vous parlera, et vous dira : Faites un miracle ; alors tu diras à Aaron : Prends ta verge et la jette devant Pharaon, et elle deviendra un dragon.

10 Moïse donc et Aaron vinrent vers Pharaon et firent comme l’Éternel avait commandé. Et Aaron jeta sa verge devant Pharaon et devant ses serviteurs, et elle devint un dragon.

11 Mais Pharaon fit venir aussi les sages et les enchanteurs ; et ces magiciens d’Égypte firent la même chose par leurs enchantements.

12 Ils jetèrent donc chacun leurs verges, et elles devinrent des dragons ; mais la verge d’Aaron engloutit leurs verges.

13 Et le cœur de Pharaon s’endurcit, et il ne les écouta point, selon que l’Éternel en avait parlé.

14 Et l’Éternel dit à Moïse : Le cœur de Pharaon est appesanti ; il a refusé de laisser aller le peuple.

15 Va-t’en dès le matin vers Pharaon ; voici, il sortira vers l’eau ; tu te présenteras donc devant lui sur le rivage du fleuve, et tu prendras en ta main la verge qui a été changée en serpent.

16 Et tu lui diras : L’Éternel, le Dieu des Hébreux, m’avait envoyé vers toi, disant : Laisse aller mon peuple, afin qu’il me serve au désert ; et voici, tu ne m’as point écouté jusqu’ici.

17 Ainsi a dit l’Éternel : A ceci tu sauras que je suis l’Éternel : Voici, je m’en vais frapper de la verge qui est en ma main, les eaux du fleuve, et elles seront changées en sang.

18 Et le poisson qui est dans le fleuve, mourra, et le fleuve deviendra puant, et les Égyptiens se travailleront beaucoup pour boire des eaux du fleuve.

19 L’Éternel dit aussi à Moïse : Dis à Aaron : Prends ta verge, et étends ta main sur les eaux des Égyptiens, sur leurs rivières, sur leurs ruisseaux et sur leurs marais et sur tous les amas de leurs eaux, et elles deviendront du sang, et il y aura du sang par tout le pays d’Égypte, dans les vaisseaux de bois et de pierre.

20 Moïse donc et Aaron firent comme l’Éternel avait commandé. Et Aaron ayant levé la verge, en frappa les eaux du fleuve, Pharaon et ses serviteurs le voyant ; et toutes les eaux qui étaient au fleuve furent changées en sang.

21 Le poisson aussi qui était dans le fleuve mourut, et le fleuve en devint puant, tellement que les Égyptiens ne pouvaient boire des eaux du fleuve ; et il y eut du sang par tout le pays d’Égypte.

22 Les magiciens d’Égypte firent la même chose par leurs enchantements. Et le cœur de Pharaon s’endurcit, tellement qu’il ne les écouta point, selon que l’Éternel en avait parlé.

23 Et Pharaon leur ayant tourné le dos, vint en sa maison, et n’appliqua point encore son cœur à cela.

24 Or, tous les Égyptiens creusèrent autour du fleuve pour trouver de l’eau à boire, parce qu’ils ne pouvaient pas boire de l’eau du fleuve.

25 Et il se passa sept jours, depuis que l’Éternel eut frappé le fleuve.

REFLEXIONS

Il faut remarquer sur ce chapitre que Moïse ayant commencé à faire des miracles qui devaient convaincre Pharaon de la puissance de Dieu et l’obliger à obéir à ses ordres, ce prince n’en fut cependant pas touché, parce que Dieu permit que les magiciens d’Égypte imitassent ces miracles, ce qu’ils firent en trompant Pharaon par des miracles faux et apparents qui ressemblaient en quelque façon à ceux de Moïse, mais qui n’étaient qu’adresse et imposture. Ce fut aussi ce qui endurcit le roi d’Égypte, quoique pourtant il put déjà reconnaître dans les miracles de Moïse la différence entre ces miracles et ce que les magiciens faisaient. C’est ainsi que pour éprouver les hommes, Dieu permet qu’ils aient des occasions d’où ils peuvent prendre prétexte de s’endurcir, mais cependant en les éprouvant de cette manière, il leur donne toujours des moyens suffisants de distinguer la vérité d’avec le mensonge et de connaître leur devoir.

CHAPITRE VIII.

Moïse frappe l’Égypte de la seconde plaie qui fut celle des grenouilles, de la troisième qui fut celle des poux et que les magiciens ne purent contrefaire, et de la quatrième qui fut celle des insectes.

1 Après cela, l’Éternel dit à Moïse : Va vers Pharaon, et lui dis : Ainsi a dit l’Éternel : Laisse aller mon peuple, afin qu’il me serve.

2 Que si tu refuses de le laisser aller, voici, je m’en vais frapper de grenouilles tous tes pays.

3 Et le fleuve produira une infinité de grenouilles, qui monteront et entreront dans ta maison, et dans la chambre où tu couches, et sur ton lit, et dans la maison de tes serviteurs, et parmi tout ton peuple, et dans tes fours et dans tes maies.

4 Ainsi les grenouilles monteront sur toi, sur ton peuple, et sur tous tes serviteurs.

5 L’Éternel donc dit à Moïse : Dis à Aaron : Etends ta main avec ta verge sur les fleuves, sur les rivières et sur les marais, et fais monter les grenouilles sur le pays d’Égypte.

6 Ainsi Aaron étendit sa main sur les eaux de l’Égypte, et les grenouilles montèrent et couvrirent le pays d’Égypte.

7 Et les magiciens firent la même chose par leurs enchantements, et firent monter des grenouilles sur le pays d’Égypte.

8 Alors Pharaon appela Moïse et Aaron, et dit : Fléchissez l’Éternel par vos prières, afin qu’il retire les grenouilles de dessus moi et de dessus mon peuple ; et je laisserai aller le peuple, afin qu’ils sacrifient à l’Éternel.

9 Et Moïse dit à Pharaon : Glorifie-toi sur moi : Pour quel temps fléchirai-je par mes prières l’Éternel pour toi et pour tes serviteurs, et pour ton peuple, afin qu’il extermine les grenouilles loin de toi et de tes maisons ? Il n’en demeurera que dans le fleuve.

10 Alors il répondit : Pour demain. Et Moïse dit : Il sera fait selon ta parole, afin que tu saches qu’il n’y a nul tel que l’Éternel notre Dieu.

11 Les grenouilles donc se retireront de toi et de tes maisons, et de tes serviteurs et de ton peuple ; il n’en demeurera que dans le fleuve.

12 Alors Moïse et Aaron sortirent d’avec Pharaon. Et Moïse cria à l’Éternel, à l’occasion des grenouilles qu’il avait fait venir sur Pharaon.

13 Et l’Éternel fit selon la parole de Moïse. Ainsi les grenouilles moururent, tellement qu’elles ne furent plus dans les maisons, ni dans les villages, ni à la campagne.

14 Et ils les amassèrent par monceaux, et la terre en devint puante.

15 Mais Pharaon, voyant qu’il avait du relâche, appesantit son cœur, et ne les écouta point, selon que l’Éternel en avait parlé.

16 Et l’Éternel dit à Moïse : Dis à Aaron : Etends ta verge et frappe la poussière de la terre, et elle deviendra des poux par tout le pays d’Égypte.

17 Et ils firent ainsi : Aaron étendit sa main avec sa verge, et frappa la poussière de la terre, et elle devint des poux, sur les hommes et sur les bêtes ; toute la poussière du pays devint des poux dans tout le pays d’Égypte.

18 Et les magiciens voulurent faire la même chose par leurs enchantements, pour produire des poux ; mais ils ne purent. Les poux donc furent tant sur les hommes que sur les bêtes.

19 Alors les magiciens dirent à Pharaon : C’est ici le doigt de Dieu. Toutefois le cœur de Pharaon s’endurcit, et il ne les écouta point, selon que l’Éternel en avait parlé.

20 Puis, l’Éternel dit à Moïse : Lève-toi de bon matin, et te présente devant Pharaon. Voici, il sortira vers l’eau ; et tu lui diras : Ainsi a dit l’Éternel : Laisse aller mon peuple, afin qu’il me serve ;

21 car si tu ne laisses pas aller mon peuple, voici, je m’en vais envoyer contre toi, contre tes serviteurs, contre ton peuple et contre tes maisons, un mélange d’insectes ; et les maisons des Égyptiens seront remplies de ce mélange, et la terre aussi sur laquelle ils seront.

22 Mais je distinguerai en ce jour-là la terre de Gosçen, où se tient mon peuple, tellement qu’il n’y aura nul mélange d’insectes, afin que tu saches que je suis l’Éternel, le Dieu de toute la terre.

23 Et je mettrai de la différence entre ton peuple et mon peuple. Demain ce prodige se fera.

24 Et l’Éternel le fit ainsi ; et un grand mélange d’insectes entra dans la maison de Pharaon, et dans chaque maison de ses serviteurs, et dans tout le pays d’Égypte. La terre fut gâtée de ce mélange d’insectes.

25 Alors Pharaon appela Moïse et Aaron, et dit : Allez, sacrifiez à votre Dieu dans ce pays.

26 Mais Moïse dit : Il ne serait pas à propos de faire ainsi ; car ce que nous sacrifierions à l’Éternel notre Dieu, serait une abomination pour les Égyptiens. Voici, si nous sacrifiions l’abomination des Égyptiens devant leurs yeux, ne nous lapideraient-ils pas ?

27 Nous irons le chemin de trois jours au désert, et nous sacrifierons à l’Éternel notre Dieu, comme il nous dira.

28 Alors Pharaon dit : Je vous laisserai aller pour sacrifier au désert à l’Éternel votre Dieu, pourvu seulement que vous n’alliez pas plus loin. Fléchissez l’Éternel pour moi par vos prières.

29 Et Moïse dit : Voici, je sors d’avec toi, et je fléchirai par prières l’Éternel, afin que le mélange d’insectes se retire demain de Pharaon, de ses serviteurs et de son peuple ; mais que Pharaon ne continue point à se moquer, en ne laissant point aller le peuple pour sacrifier à l’Éternel.

30 Alors Moïse sortit d’avec Pharaon, et fléchit l’Éternel par prières.

31 Et l’Éternel fit selon la parole de Moïse, et le mélange d’insectes se retira de Pharaon et de ses serviteurs et de son peuple ; il ne resta pas un seul insecte.

32 Mais Pharaon appesantit son cœur encore cette fois, et il ne laissa point aller le peuple.

REFLEXIONS

Nous devons considérer ici :

I. Premièrement que les premières plaies dont Dieu frappa les Égyptiens étaient plus légères, mais qu’il en envoya de nouvelles et de plus rudes pour dompter l’obstination de Pharaon. II. Que ces plaies devaient le toucher d’autant plus que les magiciens d’Égypte, qui avaient d’abord imité les premiers miracles de Moïse ne purent plus imiter les derniers, qu’ils y reconnurent la toute-puissance de Dieu et que même ce roi fut contraint de recourir à l’intercession de Moïse et d’Aaron pour faire cesser ces plaies.

III. On voit que nonobstant cela Pharaon persista dans sa résolution et refusa toujours de laisser sortir les Israélites de son pays. Tout cela fait voir que Dieu n’était point l’auteur de l’endurcissement de ce roi, qu’au contraire Dieu faisait ce qui était nécessaire pour le fléchir et qu’ainsi c’était Pharaon lui-même qui endurcissait son cœur, comme cela est dit plusieurs fois dans ce chapitre et dans la suite. On découvre en cela d’un côté la bonté et la patience de Dieu qui emploie les châtiments et divers moyens pour tirer les pécheurs de leur endurcissement et qu’il les épargne longtemps avant de les détruire. On y découvre d’un autre côté l’endurcissement des hommes qui ne profitent ni des châtiments, ni du support du Seigneur. Il faut au reste remarquer que les Israélites furent exempts de cette plaie dont Dieu punit les Égyptiens. C’était là une autre merveille qui devait frapper Pharaon et tous ses sujets et c’est ainsi que Dieu donne à ceux qu’il aime des témoignages de sa faveur et qu’il les épargne dans le temps qu’il déploie sa colère sur les méchants.

CHAPITRE IX.

Dieu frappe l’Égypte de la cinquième plaie qui fut la mortalité sur le bétail, de la sixième qui fut celle des ulcères, de la septième qui fut un orage accompagné de grêle et de tonnerre.

1 Alors l’Éternel dit à Moïse : Va vers Pharaon, et lui dis : Ainsi a dit l’Éternel, le Dieu des Hébreux : Laisse aller mon peuple, afin qu’il me serve ;

2 car si tu refuses de le laisser aller, et si tu le retiens encore,

3 voici, la main de l’Éternel sera sur ton bétail qui est aux champs, tant sur les chevaux, que sur les ânes, les chameaux, les bœufs et les brebis, savoir, une très grande mortalité.

4 Et l’Éternel distinguera le bétail des Israélites d’avec le bétail des Égyptiens, en sorte que rien de ce qui est aux enfants d’Israël ne mourra.

5 Et l’Éternel assigna un terme, disant : Demain l’Éternel fera ceci dans le pays.

6 L’Éternel donc fit cela dès le lendemain, et tout le bétail des Égyptiens mourut, mais du bétail des enfants d’Israël il n’en mourut pas une seule bête.

7 Et Pharaon envoya voir, et voici, il n’y avait pas une seule bête morte du bétail des enfants d’Israël. Toutefois, le cœur de Pharaon s’appesantit, et il ne laissa point aller le peuple.

8 Alors l’Éternel dit à Moïse et à Aaron : Prenez plein vos mains de cendres de fournaise, et que Moïse les répande vers les cieux, en la présence de Pharaon.

9 Et ces cendres deviendront de la poussière sur tout le pays d’Égypte, et il s’en fera des ulcères bourgeonnant en pustules, tant sur les hommes que sur les bêtes, dans tout le pays d’Égypte.

10 Ils prirent donc de la cendre de fournaise, et se tinrent devant Pharaon ; et Moïse la répandit vers les cieux, et il s’en forma des ulcères bourgeonnant en pustules, dans les hommes et dans les bêtes.

11 Et les magiciens ne purent se tenir devant Moïse, à cause des ulcères ; car les magiciens avaient des ulcères comme tous les Égyptiens.

12 Et l’Éternel endurcit le cœur de Pharaon, et il ne les écouta point, selon que l’Éternel en avait parlé à Moïse.

13 Puis, l’Éternel dit à Moïse : Lève-toi de bon matin, et te présente devant Pharaon, et lui dis : Ainsi a dit l’Éternel, le Dieu des Hébreux : Laisse aller mon peuple, afin qu’il me serve ;

14 car à ce coup je vais faire venir toutes mes plaies dans ton cœur, et sur tes serviteurs et sur ton peuple, afin que tu saches qu’il n’y en a point de semblable à moi sur la terre.

15 Car maintenant, si j’eusse étendu ma main, je t’aurais frappé de mortalité, toi et ton peuple, et tu aurais été effacé de la terre.

16 Mais certainement, je t’ai fait subsister pour ce sujet, afin que tu fasses voir ma puissance, et afin que mon nom soit célébré par toute la terre.

17 T’élèves-tu encore contre mon peuple, pour ne le laisser point aller ?

18 Voici, je m’en vais faire pleuvoir demain, à cette même heure, une si grosse grêle, qu’il n’y en a point eu de semblable en Égypte, depuis le jour qu’elle a été fondée jusqu’à présent.

19 Maintenant donc, envoie rassembler ton bétail, et tout ce que tu as à la campagne ; car la grêle tombera sur tous les hommes et sur les bêtes qui se trouveront à la campagne, et qu’on n’aura pas fait retirer dans la maison, et ils mourront.

20 Celui des serviteurs de Pharaon qui craignit la parole de l’Éternel, fit promptement retirer dans les maisons ses serviteurs et ses bêtes.

21 Mais celui qui n’appliqua point son cœur à la parole de l’Éternel, laissa ses serviteurs et ses bêtes à la campagne.

22 Alors l’Éternel dit à Moïse : Etends ta main vers les cieux, et il y aura de la grêle sur tout le pays d’Égypte ; sur les hommes et sur les bêtes, et sur toutes les herbes des champs au pays d’Égypte.

23 Moïse donc étendit sa verge vers les cieux, et l’Éternel fit tonner et grêler, et le feu se promenait sur la terre, et l’Éternel fit pleuvoir de la grêle sur le pays d’Égypte.

24 Et il y eut de la grêle, avec du feu mêlé parmi la grêle, qui était si prodigieuse, qu’il n’y en a point eu de semblable dans tout le pays d’Égypte, depuis qu’elle était devenue nation.

25 Et la grêle frappa dans tout le pays d’Égypte tout ce qui était aux champs, depuis les hommes jusqu’aux bêtes. La grêle frappa aussi toutes les herbes des champs, et brisa tous les arbres des champs.

26 Il n’y eut que la contrée de Gosçen, où étaient les enfants d’Israël, où il n’y eut point de grêle.

27 Alors Pharaon envoya appeler Moïse et Aaron, et leur dit : J’ai péché cette fois ; l’Éternel est juste ; mais moi et mon peuple sommes méchants.

28 Fléchissez par prières l’Éternel ; que ce soit assez, et que Dieu ne fasse plus tonner ni grêler ; car je vous laisserai aller, et on ne vous arrêtera plus.

29 Alors Moïse dit : Aussitôt que je serai sorti de la ville, j’étendrai mes mains vers l’Éternel, et les tonnerres cesseront, et il n’y aura plus de grêle, afin que tu saches que la terre est à l’Éternel.

30 Mais quant à toi et à tes serviteurs, je sais que vous ne craindrez pas encore l’Éternel Dieu.

31 Or, le lin et l’orge avaient été frappés ; car l’orge était en épis, et le lin était en tuyau.

32 Mais le blé et l’épeautre ne furent point frappés, parce qu’ils étaient cachés.

33 Moïse donc étant sorti de la ville d’avec Pharaon, étendit ses mains à l’Éternel ; et les tonnerres cessèrent, et la grêle et la pluie ne tombèrent plus sur la terre.

34 Et Pharaon voyant que la pluie, la grêle et les tonnerres avaient cessé, continua encore à pécher ; il appesantit son cœur, lui et ses serviteurs.

35 Le cœur donc de Pharaon s’endurcit, et il ne laissa point aller les enfants d’Israël, selon que l’Éternel en avait parlé à Moïse.

REFLEXIONS

On voit dans ce chapitre, premièrement, qu’à mesure que Pharaon s’obstinait à ne pas laisser sortir les Israélites, les menaces de Moïse devenaient plus fortes et les plaies plus rudes et plus terribles et que Dieu qui aurait pu détruire tout d’un coup ce prince et toute l’Égypte, les punit peu à peu pour faire voir sa puissance, sa bonté et sa justice et pour rendre son nom célèbre par toute la terre.

Dieu qui est juste et bon use d’un grand support, il punit les hommes par degrés et il n’en vient pas d’abord aux derniers châtiments.

L’on voit ici de nouvelles et de plus fortes preuves du prodigieux endurcissement de Pharaon et de son extrême impiété. Lorsqu’il se sentait pressé par les fléaux de Dieu, il confessait qu’il était coupable et il promettait de laisser aller le peuple si Moïse faisait cesser les plaies, mais dès qu’il en était délivré, il refusait de faire ce qu’il avait promis.

Tel est le caractère des méchants, ils semblent s’amollir quand Dieu les châtie, ils promettent de s’amender, mais ils retombent dans l’endurcissement et violent leurs promesses dès que le danger est passé et qu’ils ont dû relâche. C’est là une considération très importante et dont chacun doit bien profiter.

CHAPITRE X.

Moïse frappe l’Égypte de la huitième plaie qui fut celle des sauterelles. Après cela, Dieu envoya la neuvième plaie qui fut celle des ténèbres. Pharaon en fut tellement touché qu’il consentit que les Israélites sortissent pourvu que leur bétail restât. Mais Moïse n’ayant pas voulu accepter cette condition, Pharaon lui défendit de plus se présenter devant lui.

1 Et l’Éternel dit à Moïse : Va vers Pharaon ; car j’ai appesanti son cœur et le cœur de ses serviteurs, afin que je mette au dedans de lui les prodiges que je m’en vais faire,

2 et afin que tu racontes, ton fils et le fils de ton fils l’entendant, ce que j’aurai fait en Égypte, et les prodiges que j’aurai faits au milieu d’eux ; et vous saurez que je suis l’Éternel.

3 Moïse donc et Aaron vinrent vers Pharaon, et lui dirent : Ainsi a dit l’Éternel, le Dieu des Hébreux : Jusqu’à quand refuseras-tu de t’humilier devant ma face ? Laisse aller mon peuple, afin qu’il me serve ;

4 car si tu refuses de laisser aller mon peuple, voici, je vais faire venir demain des sauterelles en tes pays,

5 qui couvriront toute la surface de la terre, tellement qu’on ne pourra voir la terre ; qui brouteront le reste de ce qui est échappé, que la grêle vous a laissé ; qui brouteront tous les arbres qui poussent dans les champs,

6 et qui rempliront tes maisons et les maisons de tes serviteurs, et les maisons de tous les Égyptiens ; ce que tes pères n’ont point vu, ni les pères de tes pères, depuis le jour qu’ils ont été sur la terre, jusqu’à ce jour. Et ayant tourné le dos à Pharaon, il sortit d’avec lui.

7 Et les serviteurs de Pharaon lui dirent : Jusqu’à quand celui-ci nous sera-t-il en piège ? Laisse aller ces gens, et qu’ils servent l’Éternel leur Dieu. Ne vois-tu pas déjà que l’Égypte est perdue ?

8 Alors on fit revenir Moïse et Aaron vers Pharaon, et il leur dit : Allez, servez l’Éternel votre Dieu. Qui sont tous ceux qui iront ?

9 Et Moïse répondit : Nous irons avec nos jeunes gens et nos vieillards, avec nos fils et nos filles, avec nos brebis et nos bœufs ; car nous avons à célébrer une fête solennelle à l’Éternel.

10 Alors il leur dit : Ainsi l’Éternel soit avec vous, comme je vous laisserai aller, vous et vos petits-enfants. Regardez ; car le mal est devant vous.

11 Il n’en sera pas ainsi ; mais vous autres hommes allez maintenant et servez l’Éternel ; car c’est ce que vous demandez. Et on les chassa de devant Pharaon.

12 Alors l’Éternel dit à Moïse : Etends ta main sur le pays d’Égypte, pour faire venir les sauterelles, afin qu’elles montent sur le pays d’Égypte, et broutent toute l’herbe de la terre et tout ce que la grêle a laissé de reste.

13 Moïse donc étendit sa verge sur le pays d’Égypte ; et l’Éternel fit passer sur le pays un vent oriental, tout ce jour-là et toute la nuit, et au matin le vent oriental avait amené les sauterelles.

14 Et il fit monter les sauterelles sur tout le pays d’Égypte, et il les posa dans toutes les contrées d’Égypte ; elles étaient en très grand nombre. Il n’y en avait point eu avant elles de semblables, et il n’y en aura point de semblables après elles.

15 Et elles couvrirent la surface de tout le pays, tellement que la terre en fut couverte, et elles broutèrent toute l’herbe de la terre, et tout le fruit des arbres que la grêle avait laissé, et il ne demeura aucune verdure aux arbres, ni aux herbes des champs dans tout le pays d’Égypte.

16 Alors Pharaon fit appeler en diligence Moïse et Aaron, et dit : J’ai péché contre l’Éternel votre Dieu, et contre vous.

17 Or, maintenant, je te prie, pardonne-moi mon péché, seulement pour cette fois, et fléchissez l’Éternel votre Dieu par prières, afin qu’il retire de dessus moi seulement cette mort.

18 Il sortit donc d’avec Pharaon, et fléchit l’Éternel par prières.

19 Et l’Éternel fit lever un vent contraire très fort, occidental, qui enleva les sauterelles, et les enfonça dans la mer Rouge. Il ne resta pas une seule sauterelle dans toutes les contrées de l’Égypte.

20 Mais l’Éternel endurcit le cœur de Pharaon, et il ne laissa point aller les enfants d’Israël.

21 Alors l’Éternel dit à Moïse : Etends ta main vers les cieux, et qu’il y ait des ténèbres sur le pays d’Égypte, si épaisses qu’on les puisse toucher de la main.

22 Moïse donc étendit sa main vers les cieux, et il y eut des ténèbres fort obscures dans tout le pays d’Égypte, pendant trois jours ;

23 de sorte que l’on ne se voyait pas l’un l’autre, et nul ne se leva du lieu où il était, pendant trois jours ; mais tous les enfants d’Israël jouirent de la lumière dans le lieu de leurs demeures.

24 Alors Pharaon appela Moïse et dit : Allez, servez l’Éternel ; que seulement vos brebis et vos bœufs demeurent ; même vos petits enfants iront avec vous.

25 Mais Moïse répondit : Tu nous laisseras aussi prendre les sacrifices et les holocaustes que nous ferons à l’Éternel notre Dieu ;

26 Et même nos troupeaux viendront avec nous, sans qu’il en demeure un ongle ; car nous en prendrons pour servir l’Éternel notre Dieu, et nous ne savons pas avec quoi nous devons servir l’Éternel jusqu’à ce que nous soyons parvenus en ce lieu-là.

27 Mais l’Éternel endurcit le cœur de Pharaon, de sorte qu’il ne voulut point les laisser aller.

28 Et Pharaon lui dit : Retire-toi de devant moi, et donne-toi garde de voir plus ma face ; car au jour que tu verras ma face, tu mourras.

29 Alors Moïse répondit : Tu as bien dit : Je ne verrai plus jamais ta face.

REFLEXIONS

Ce qu’il y a de particulier à remarquer dans ce chapitre, outre ce qui a été dit sur les précédents, c’est que Pharaon étant effrayé des jugements de Dieu, et même sollicité par ses sujets à laisser sortir les enfants d’Israël, consentit qu’une partie du peuple s’en allât, mais qu’il ne voulut pas qu’ils emmenassent leur bétail, ce qui attira sur lui la dernière et la plus terrible de toutes les plaies. La conduite de ce prince est une image de celle des pécheurs, qui au lieu de se rendre et d’obéir absolument et sans réserve à tout ce que Dieu demande d’eux, ne veulent obéir qu’en partie et ne peuvent se résoudre à renoncer tout à fait à leurs passions et à leurs intérêts. Nous voyons encore ici à quel point Pharaon était endurci, puisque ni la bonté de Dieu, ni ses jugements, ne pouvaient le dompter et que quoi qu’il promît à Moïse de ne plus s’obstiner si Dieu le délivrait de ces plaies, il oubliait toutes ses promesses aussitôt que les plaies avaient cessés et qu’il en vint même jusqu’à menacer Moïse de le faire mourir. Rien ne peut amollir les hommes qui en sont venus à un certain degré d’aveuglement et de malice : Si même ils paraissent touchés et humiliés dans la détresse, ils reprennent leurs premiers sentiments dès qu’elle est passée et c’est ainsi que les pécheurs obstinés courent à leur ruine et s’affermissent de plus en plus dans le mal. Cela doit nous inspirer à tous une salutaire frayeur de tomber dans un pareil endurcissement.

CHAPITRE XI.

Dieu dit à Moïse qu’il allait envoyer la dixième et la dernière plaie sur l’Égypte, qui serait celle de la mort des premiers-nés et qu’après cela le peuple d’Israël sortirait avec liberté et il ordonne que les Israélites empruntent des vaisseaux d’or et d’argent des Égyptiens et qu’ils les emportent.

1 Or, l’Éternel avait dit à Moïse : Je ferai venir encore une plaie sur Pharaon et sur l’Égypte, et après cela, il vous laissera aller d’ici ; il vous laissera aller tout à fait, et certainement il vous chassera.

2 Parle maintenant, le peuple l’entendant, afin que chacun demande à son voisin, et chacune à sa voisine, des vaisseaux d’argent et des vaisseaux d’or.

3 Et l’Éternel avait fait trouver grâce au peuple devant les Égyptiens, et même Moïse était estimé comme un fort grand homme au pays d’Égypte, tant par les serviteurs de Pharaon, que par le peuple.

4 Et Moïse dit : Ainsi a dit l’Éternel : Environ le minuit, je passerai au travers de l’Égypte ;

5 et tout premier-né mourra au pays d’Égypte, depuis le premier-né de Pharaon, qui devait être assis sur son trône, jusqu’au premier-né de la servante qui est au moulin ; même tout premier-né des bêtes.

6 Et il y aura un si grand cri dans tout le pays d’Égypte, qu’il n’y en eut jamais et qu’il n’y en aura jamais de semblable.

7 Mais parmi tous les enfants d’Israël, un chien ne remuera point sa langue, depuis l’homme jusqu’aux bêtes, afin que vous sachiez que Dieu aura mis de la différence entre les Égyptiens et les Israélites.

8 Et tous tes serviteurs viendront vers moi, et se prosterneront devant moi, disant : Sors, toi, et tout le peuple qui est sous toi ; et après cela je sortirai. Ainsi, Moïse sortit d’avec Pharaon dans une très grande indignation.

9 L’Éternel donc avait dit à Moïse : Pharaon ne vous écoutera point, afin que mes miracles soient multipliés dans le pays d’Égypte.

10 Et Moïse et Aaron firent tous ces miracles-là devant Pharaon. Et l’Éternel endurcit le cœur de Pharaon, tellement qu’il ne laissa point aller les enfants d’Israël hors de son pays.

REFLEXIONS

I. La première réflexion que nous devons faire ici pour notre instruction est que les israélites purent emporter légitimement les vaisseaux d’or et d’argent des Égyptiens parce qu’ils le firent par l’ordre de Dieu qui, étant le maître absolu de toutes choses, donne les biens du monde à qui il lui plaît et qui dans cette occasion voulut dédommager les Israélites des injustices que les Égyptiens leur avaient faites.

II. Il faut se souvenir de ce qui a déjà été dit, c’est que l’endurcissement de Pharaon ne doit être attribué qu’à sa malice désespérée. Ainsi bien qu’il soit dit à diverses fois dans cette histoire que Dieu endurcit le cœur de Pharaon, cela ne signifie pas que Dieu fût l’auteur de l’obstination de ce prince, cela marque seulement que Dieu savait qu’il s’endurcirait certainement, qu’il le permettrait et qu’il ferait même des choses dont ce prince abuserait et d’où il prendrait occasion de s’obstiner davantage. Dieu permet sagement et justement que les pécheurs s’endurcissent et qu’ils aient des occasions de s’affermir dans le mal, mais il n’est en aucune façon la cause de l’endurcissement et du péché. Leur perdition vient uniquement d’eux-mêmes puisque Dieu, bien loin d’en être la cause, emploie des moyens très efficaces pour les empêcher d’y tomber.

CHAPITRE XII VERSETS 1-28.

La première partie de ce chapitre contient l’institution de la Pâque.

1 Et l’Éternel avait parlé à Moïse et à Aaron au pays d’Égypte, disant :

2 Ce mois vous sera le commencement des mois : il vous sera le premier des mois de l’année.

3 Parlez à toute l’assemblée d’Israël, disant : Qu’au dixième jour de ce mois chacun d’eux prenne un agneau ou un chevreau, selon les familles des pères, un agneau ou un chevreau, chacun pour sa famille.

4 Mais si la famille est moindre qu’il ne faut, pour manger un agneau ou un chevreau, qu’il prenne son voisin, qui est près de sa maison, selon le nombre des personnes ; vous compterez combien il en faudra pour manger un agneau ou un chevreau, ayant égard à ce que chacun de vous peut manger.

5 Or, l’agneau ou le chevreau sera sans défaut, mâle, et de l’année ; vous le prendrez d’entre les brebis ou d’entre les chèvres.

6 Et vous le tiendrez en garde jusqu’au quatorzième jour de ce mois, et toute la congrégation de l’assemblée d’Israël l’égorgera entre les deux vêpres.

7 Et ils prendront de son sang, et ils le mettront sur les deux poteaux et sur le linteau de la porte des maisons où ils le mangeront.

8 Et ils en mangeront la chair rôtie au feu cette nuit-là ; ils la mangeront avec des pains sans levain, et avec des herbes amères.

9 N’en mangez rien à demi cuit, ni qui ait été bouilli dans l’eau ; mais qu’il soit rôti au feu, sa tête avec ses jambes et ses entrailles.

10 Et n’en laissez rien de reste jusqu’au matin ; mais, s’il en reste quelque chose au matin, vous le brûlerez au feu.

11 Et vous le mangerez ainsi ; avec vos reins ceints, vos souliers en vos pieds et votre bâton en votre main, et vous le mangerez à la hâte ; c’est la Pâque de l’Éternel.

12 Car je passerai cette nuit-là par le pays d’Égypte, et je frapperai tout premier-né au pays d’Égypte, depuis les hommes jusqu’aux bêtes ; et j’exercerai des jugements sur tous les dieux de l’Égypte. Je suis l’Éternel.

13 Et le sang sera pour signe sur les maisons où vous serez ; car je verrai le sang et je passerai par-dessus vous, et il n’y aura point de plaie parmi vous pour détruire, lorsque je frapperai le pays d’Égypte.

14 Et ce jour sera en mémorial, et vous le célébrerez comme une fête solennelle à l’Éternel, dans vos âges ; vous le célébrerez comme une fête solennelle, par une ordonnance perpétuelle.

15 Vous mangerez pendant sept jours des pains sans levain ; mais vous ôterez dès le premier jour le levain de vos maisons ; car si quelqu’un mange du pain levé, depuis le premier jour jusqu’au septième, cette personne-là sera retranchée d’Israël.

16 Au premier jour, il y aura une sainte convocation ; il y en aura aussi une au septième jour ; il ne se fera aucune œuvre en ce jour-là ; seulement on vous apprêtera ce que chaque personne doit manger.

17 Vous observerez donc les pains sans levain ; car en ce même jour-là j’aurai retiré vos troupes du pays d’Égypte. Vous observerez ce jour-là dans vos âges, par ordonnance perpétuelle.

18 Au premier mois, au quatorzième jour du mois, vous mangerez, le soir, des pains sans levain, jusqu’au vingt et unième jour du mois, au soir.

19 Il ne se trouvera point de levain dans vos maisons, pendant sept jours ; car si quelqu’un mange du pain levé, cette personne-là sera retranchée de l’assemblée d’Israël, tant celui qui habite comme étranger, que celui qui est né au pays.

20 Vous ne mangerez point de pain levé ; dans tous les lieux où vous demeurerez, vous mangerez des pains sans levain.

21 Moïse donc appela tous les anciens d’Israël et leur dit : Choisissez, et prenez un petit d’entre les brebis ou d’entre les chèvres, selon vos familles, et égorgez la Pâque.

22 Et vous prendrez un bouquet d’hysope, vous le tremperez dans le sang qui sera dans un bassin, et vous arroserez du sang qui sera au bassin, le linteau et les deux poteaux ; et nul de vous ne sortira de la porte de sa maison, jusqu’au matin.

23 Car l’Éternel passera pour frapper l’Égypte, et il verra le sang sur le linteau et aux deux poteaux, et l’Éternel passera par-dessus la porte, et ne permettra point que le destructeur entre dans vos maisons pour frapper.

24 Vous garderez ceci comme une ordonnance perpétuelle pour vous et pour vos enfants.

25 Quand donc vous serez entrés au pays que l’Éternel vous donnera, selon qu’il en a parlé, vous observerez cette cérémonie.

26 Et quand vos enfants vous diront : Que signifie cette cérémonie ?

27 alors vous répondrez : C’est le sacrifice de la Pâque à l’Éternel, qui passa en Égypte par-dessus les maisons des enfants d’Israël, quand il frappa l’Égypte, et qu’il préserva nos maisons. Alors le peuple s’inclina et se prosterna.

28 Ainsi les enfants d’Israël s’en allèrent, et firent comme l’Éternel l’avait commandé à Moïse et à Aaron ; ils le firent ainsi.

REFLEXIONS

Ce qu’il y a à observer sur ce chapitre, c’est :

I. Que l’institution de la pâque a été rapportée exactement par Moïse parce que cette cérémonie tenait un rang très considérable dans la religion des Israélites ;

II. Que Dieu étant sur le point de retirer son peuple de l’Égypte voulut qu’ils sacrifiassent un agneau dans chaque famille, qu’ils le mangeassent et qu’ils arrosassent leurs maisons avec le sang de cet agneau afin que l’ange qui devait exterminer tous les premiers-nés d’Égypte épargnât les familles des Israélites. Par cette cérémonie et par ce sacrifice solennel de la pâque, Dieu voulait faire comprendre aux enfants d’Israël que les divinités des Égyptiens n’étaient que des idoles, qu’il était le seul vrai Dieu et que c’était par sa faveur et par sa puissance qu’ils allaient être mis en liberté. Ce fut pour conserver le souvenir de ce grand évènement que Dieu leur commanda de célébrer la pâque chaque année en sacrifiant un agneau. Il leur ordonna aussi de manger du pain sans levain à la fête de pâque parce que la hâte avec laquelle ils sortirent d’Égypte les obligea de cuire leur pâte avant qu’elle fût levée. Cette histoire est remarquable en elle-même, mais elle l’est aussi parce que nous y avons une figure très expresse de la grande délivrance que Dieu nous a accordée par le moyen de notre Seigneur Jésus-Christ, le vrai agneau de Dieu qui ôte les péchés du monde et notre véritable pâque qui a été sacrifié pour nous.

CHAPITRE XII VERSETS 29-51.

Moïse fait l’histoire de la mort des premiers-nés des Égyptiens et de la sortie du peuple d’Israël hors d’Égypte, et il répète la loi de la pâque.

29 Et il arriva qu’à minuit l’Éternel frappa tous les premiers-nés du pays d’Égypte, depuis le premier-né de Pharaon, qui devait être assis sur son trône, jusqu’aux premiers-nés des captifs qui étaient dans la prison, avec tous les premiers-nés des bêtes.

30 Et Pharaon se leva de nuit, lui et ses serviteurs, et tous les Égyptiens ; et il y eut un grand cri en Égypte, parce qu’il n’y avait aucune maison où il n’y eût un mort.

31 Il appela donc Moïse et Aaron de nuit, et leur dit : Levez-vous, sortez du milieu de mon peuple, tant vous que les enfants d’Israël, et vous en allez ; servez l’Éternel, comme vous en avez parlé.

32 Prenez aussi vos brebis et vos bœufs, selon que vous en avez parlé, et vous en allez, et me bénissez aussi.

33 Et les Égyptiens forçaient le peuple, et se hâtaient de les faire sortir du pays ; car ils disaient : Nous sommes tous morts.

34 Le peuple donc prit sa pâte, avant qu’elle fût levée, ayant leurs maies liées avec leurs vêtements sur leurs épaules.

35 Or, les enfants d’Israël avaient fait selon ce que Moïse leur avait dit, et avaient emprunté des Égyptiens des vaisseaux d’argent et d’or, et des vêtements.

36 Et l’Éternel avait fait trouver grâce au peuple auprès des Égyptiens, qui les leur avaient prêtés ; de sorte qu’ils dépouillèrent les Égyptiens.

37 Ainsi les enfants d’Israël étant partis de Rahmésès, vinrent à Succoth, environ six cent mille hommes de pied, sans les petits enfants.

38 Il s’en alla aussi avec eux un grand amas de toutes sortes de gens et de brebis et de bœufs, et de fort grands troupeaux.

39 Et parce qu’ils avaient été chassés d’Égypte, et qu’ils n’avaient pas pu tarder plus longtemps, et qu’ils ne s’étaient apprêté aucune provision, ils cuisirent par gâteaux, sans levain, la pâte qu’ils avaient emportée d’Égypte ; car ils ne l’avaient point fait lever.

40 Or, la demeure que les enfants d’Israël firent en Égypte fut de quatre cents et trente ans.

41 Il arriva donc au bout de quatre cents et trente ans, il arriva, dis-je, en ce propre jour-là, que toutes les troupes de l’Éternel sortirent du pays d’Égypte.

42 C’est la nuit qu’on doit observer à l’honneur de l’Éternel, parce qu’alors il les retira du pays d’Égypte ; cette nuit-là doit être observée à l’honneur de l’Éternel par tous les enfants d’Israël en leurs âges.

43 L’Éternel dit aussi à Moïse et à Aaron : C’est ici l’ordonnance de la Pâque : Nul étranger n’en mangera.

44 Mais tout esclave qu’on aura acheté par argent, sera circoncis, et alors il en mangera.

45 L’étranger et le mercenaire n’en mangeront point.

46 On la mangera dans une même maison, et vous n’emporterez point de sa chair hors de la maison, et vous n’en casserez point les os.

47 Toute l’assemblée d’Israël la fera.

48 Que si quelque étranger qui habite chez toi, veut faire la Pâque à l’Éternel, que tout mâle qui lui appartient soit circoncis, et alors il s’approchera pour la faire, et il sera comme celui qui est né dans le pays ; mais nul incirconcis n’en mangera.

49 Il y aura une même loi pour celui qui est né au pays, et pour l’étranger qui habite parmi vous.

50 Tous les enfants d’Israël firent comme l’Éternel avait commandé à Moïse et à Aaron ; ils firent ainsi.

51 Il arriva donc en ce même jour-là, que l’Éternel retira les enfants d’Israël du pays d’Égypte, selon leurs bandes.

REFLEXIONS

Nous devons remarquer dans cette histoire que Dieu dompta à la fin la fierté de Pharaon, qu’il le contraignit à laisser aller le peuple d’Israël et que ce peuple sortit d’Égypte avec une pleine liberté et avec de grandes richesses. Ce mémorable évènement prouve que rien ne peut résister à la puissance infinie de Dieu. On y remarque son amour envers son peuple et la vérité des promesses qu’il lui avait faites de l’affranchir de l’esclavage où il avait été si longtemps en Égypte. Nous voyons ensuite que Dieu voulut que la mémoire d’une délivrance si admirable fût conservée par le moyen de la pâque et qu’il donna une loi très expresse par laquelle tous les Israélites étaient obligés sous peine de mort de célébrer ce sacrement toutes les années. Cela fait voir qu’on est indispensablement obligé d’observer tout ce que Dieu a institué, cela montre surtout que nous ne devons jamais perdre la mémoire des bienfaits de Dieu et principalement de ce que Jésus-Christ a fait pour nous sauver et qu’en particulier les chrétiens sont obligés de célébrer avec une singulière dévotion la sainte Cène que notre Seigneur a lui-même établie pour être un mémorial de sa mort.

CHAPITRE XIII.

Moïse réitère la loi touchant l’observation de la pâque. Il prescrit celle de la consécration des premiers-nés. Il marque ensuite que Dieu voulu que les enfants d’Israël prissent le chemin du désert après qu’ils fussent sortis d’Égypte.

1 Et l’Éternel parla à Moïse, disant :

2 Sanctifie-moi tout premier-né, tout ce qui naît le premier parmi les enfants d’Israël, tant des hommes que des bêtes ; car il est à moi.

3 Et Moïse dit au peuple : Souvenez-vous de ce jour-là, auquel vous êtes sortis d’Égypte, de la maison de servitude ; car l’Éternel vous en a retirés à main forte ; et qu’on ne mange point de pain levé.

4 Vous sortez aujourd’hui, au mois que les épis mûrissent.

5 Quand donc l’Éternel t’aura introduit au pays des Cananéens, des Héthiens, des Amorrhéens, des Héviens et des Jébusiens, qu’il a juré à tes pères de te donner, dans ce pays où coulent le lait et le miel, alors tu feras ce service en ce mois ;

6 Pendant sept jours tu mangeras des pains sans levain, et au septième jour il y aura une fête solennelle à l’Éternel.

7 On mangera pendant sept jours des pains sans levain, et on ne verra point chez toi de pain levé, et même on ne verra point de levain dans toutes tes contrées.

8 En ce jour-là tu feras entendre ces choses à tes enfants en disant : Ceci se fait à cause de ce que l’Éternel me fit lorsqu’il me retira de l’Égypte.

9 Et ceci te sera pour signe sur ta main, et pour mémorial entre tes yeux, afin que la loi de l’Éternel soit en ta bouche, parce que l’Éternel t’aura retiré d’Égypte par main forte.

10 Tu garderas donc cette ordonnance en sa saison tous les ans.

11 Aussi, quand l’Éternel t’aura introduit au pays des Cananéens, selon qu’il te l’a juré et à tes pères, et qu’il te l’aura donné ;

12 Alors tu présenteras à l’Éternel tout ce qui naît le premier, même tous les premiers-nés des bêtes ; ce que tu auras de mâles sera à l’Éternel.

13 Mais tu rachèteras avec un agneau ou un chevreau tous les premiers-nés des ânesses ; et si tu ne les rachètes pas, tu leur couperas le cou. Tu rachèteras aussi tout premier-né des hommes d’entre tes enfants.

14 Et quand ton fils t’interrogera un jour, en disant : Que veut dire ceci ? Alors tu lui diras : L’Éternel nous a retirés par main forte hors d’Égypte, de la maison de servitude.

15 Car il arriva que quand Pharaon s’endurcit pour ne nous laisser point aller, l’Éternel tua tous les premiers-nés dans le pays d’Égypte, depuis les premiers-nés des hommes jusqu’aux premiers-nés des bêtes ; c’est pourquoi je sacrifie à l’Éternel tous les mâles qui naissent les premiers, et je rachète tous les premiers-nés de mes enfants.

16 Ceci te sera donc pour un signe sur ta main, et pour des fronteaux entre tes yeux, que l’Éternel nous a retirés d’Égypte par main forte.

17 Or, quand Pharaon eut laissé aller le peuple, Dieu ne les conduisit point par le chemin du pays des Philistins, bien qu’il fût le plus proche, car Dieu disait : Il est à craindre que le peuple ne se repente, quand il verra la guerre, et qu’il ne retourne en Égypte.

18 Mais Dieu fit faire un circuit au peuple par le chemin du désert, vers la mer Rouge. Ainsi les enfants d’Israël montèrent en armes du pays d’Égypte.

19 Et Moïse avait pris avec lui les os de Joseph, parce que Joseph avait expressément fait jurer les enfants d’Israël, en leur disant : Certainement, Dieu vous visitera ; vous transporterez donc avec vous mes os d’ici.

20 Et ils partirent de Succoth, et campèrent à Etham, qui est au bout du désert.

21 Et l’Éternel marchait devant eux, le jour dans une colonne de nuée, pour les conduire par le chemin, et la nuit dans une colonne de feu, pour les éclairer, afin qu’ils marchassent jour et nuit.

22 Et il ne retira point la colonne de nuée pendant le jour, ni la colonne de feu pendant la nuit, de devant le peuple.

REFLEXIONS

Le but de Dieu dans la loi qui prescrivait l’observation de la Pâque était de perpétuer parmi les Israélites le souvenir de leur sortie d’Égypte et cette autre loi qui les obligeait à consacrer à Dieu tous les premiers-nés était établie afin que leur postérité se souvînt que Dieu avait épargné leurs aînés lorsqu’il avait fait mourir ceux des Égyptiens.

De là nous devons apprendre à n’oublier jamais les grâces de Dieu et à lui témoigner notre reconnaissance en lui consacrant nos personnes et tout ce que nous avons de plus précieux.

L’ordre exprès que Dieu donna aux Israélites d’instruire leurs enfants de la merveilleuse délivrance que Dieu avait accordée à leur nation en la tirant d’Égypte marque bien clairement que le devoir des pères est de former leurs enfants à la connaissance et à la crainte de Dieu, mais que surtout ils doivent les instruire avec un soin particulier des merveilles de notre rédemption.

Il est remarqué dans ce chapitre que Dieu ne voulut pas que le peuple d’Israël allât au pays de Canaan par le chemin le plus court, mais qu’il lui fit prendre le chemin de la Mer-Rouge et du désert. Dieu en usa ainsi parce que ce peuple qui n’était point fait pour la guerre n’aurait pu alors combattre les Cananéens et afin que les Israélites allant du côté de la mer Rouge et de là dans le désert il fît de nouvelles merveilles pour eux en leur faisant passer cette mer à pied sec en y submergeant Pharaon et en les faisant subsister d’une manière miraculeuse dans le désert.

Enfin l’on voit dans ce qui est dit ici, de la manière dont Dieu conduisit les Israélites par le moyen d’une colonne de nuée et de feu, la grande puissance du Seigneur, le soin qu’il avait de ce peuple et un exemple de protection dont il couvre ses enfants.

CHAPITRE XIV.

Pharaon ayant voulu poursuivre les enfants d’Israël est noyé avec toute son armée dans la mer Rouge que les Israélites avaient passé à pieds secs.

1 Et l’Éternel parla à Moïse, disant :

2 Parle aux enfants d’Israël, qu’ils se détournent et qu’ils campent devant Pi-hahiroth, entre Migdol et la mer, vis-à-vis de Bahal-Tséphon ; vous camperez vis-à-vis de ce lieu-là, près de la mer.

3 Alors Pharaon dira des enfants d’Israël : Ils sont embarrassés dans le pays ; le désert les a enfermés.

4 Et j’endurcirai le cœur de Pharaon, et il vous poursuivra ; mais je serai glorifié en Pharaon et dans toute son armée, et les Égyptiens sauront que je suis l’Éternel. Et ils firent ainsi.

5 Or, on avait rapporté au roi d’Égypte que le peuple s’enfuyait. Et le cœur de Pharaon et de ses serviteurs fut changé à l’égard du peuple, et ils dirent : Qu’est-ce que nous avons fait, que nous ayons laissé aller Israël, tellement qu’il ne nous servira plus ?

6 Alors il fit atteler son chariot, et il prit son peuple avec lui.

7 Il prit donc six cents chariots, et tous les chariots d’Égypte, sur tous lesquels il y avait des capitaines.

8 Et l’Eternel endurcit le cœur de Pharaon, roi d’Egypte, qui poursuivit les enfants d’Israël. Or, les enfants d’Israël étaient sortis à main levée.

9 Les Egyptiens donc les poursuivirent ; et tous les chevaux des chariots de Pharaon, ses gens de cheval et son armée les atteignirent, comme ils étaient campés près de la mer, vers Pi-hahiroth, vis-à-vis de Bahal-Tséphon.

10 Et comme Pharaon était déjà proche, les enfants d’Israël levèrent leurs yeux, et voici, les Egyptiens marchaient après eux. Les enfants d’Israël donc eurent une fort grande peur, et crièrent à l’Eternel.

11 Ils dirent aussi à Moïse : Est-ce qu’il n’y avait point de sépulcres en Egypte, pour que tu nous aies emmenés pour mourir au désert ? Qu’est-ce que tu nous a fait, de nous avoir fait sortir d’Egypte ?

12 N’est-ce pas ce que nous te disions en Egypte, disant : Laisse-nous, et que nous servions les Egyptiens ? Car il vaut mieux que nous les servions, que si nous mourions au désert.

13 Et Moïse dit au peuple : Ne craignez point ; arrêtez-vous, et voyez la délivrance de l’Eternel, qu’il vous accordera aujourd’hui ; car pour les Egyptiens que vous avez vus aujourd’hui, vous ne les verrez jamais plus.

14 L’Eternel combattra pour vous, et vous demeurerez dans le silence.

15 Or, l’Eternel avait dit à Moïse : Que cries-tu à moi ? Parle aux enfants d’Israël, et dis-leur qu’ils marchent.

16 Et toi, élève ta verge, et étends ta main sur la mer et la fends ; et que les enfants d’Israël entrent au milieu de la mer à sec.

17 Et quant à moi, voici, je vais endurcir le cœur des Egyptiens, afin qu’ils y entrent après eux, et je serai glorifié dans Pharaon et dans toute son armée, dans ses chariots et dans ses gens de cheval.

18 Et les Egyptiens sauront que je suis l’Eternel, quand j’aurai été glorifié dans Pharaon, dans ses chariots et dans ses gens de cheval.

19 Et l’ange de Dieu, qui allait devant le camp d’Israël, partit et s’en alla derrière eux; et la colonne de nuée partit de devant eux, et se tint derrière eux ;

20 et elle vint entre le camp des Egyptiens et le camp d’Israël. Elle était donc aux uns une nuée et une obscurité, et pour les autres, elle les éclairait la nuit ; et ils ne s’approchèrent point les uns des autres de toute la nuit.

21 Or, Moïse avait étendu sa main sur la mer, et l’Eternel fit reculer la mer toute la nuit, par un vent d’Orient qui était véhément ; et il mit la mer à sec, et les eaux se fendirent.

22 Et les enfants d’Israël entrèrent au milieu de la mer à sec ; et les eaux leur servaient de mur à droite et à gauche.

23 Et les Egyptiens qui les poursuivaient entrèrent après eux au milieu de la mer ; savoir, tous les chevaux de Pharaon, ses chariots et ses gens de cheval.

24 Mais il arriva que sur la veille du matin, l’Eternel étant dans la colonne de feu et dans la nuée, regarda le camp des Egyptiens et le mit en déroute.

25 Et il ôta les roues de ses chariots et fit qu’on les menait bien pesamment. Alors les Egyptiens dirent : fuyons-nous en de devant les Israélites ; car l’Eternel combat pour eux contre les Egyptiens.

26 Et l’Eternel dit à Moïse : Etends ta main sur la mer, et les eaux retourneront sur les Egyptiens, sur leurs chariots et sur leurs gens de cheval.

27 Moïse donc étendit sa main sur la mer, et la mer retourna avec impétuosité, comme le matin venait, et les Egyptiens fuyant, la rencontrèrent. Ainsi l’Eternel jeta les Egyptiens au milieu de la mer.

28 Car les eaux retournèrent et couvrirent les chariots et les gens de cheval de toute l’armée de Pharaon, qui étaient, entrés après les Israélites dans la mer ; et il n’en resta pas un seul.

29 Mais les enfants d’Israël marchèrent au milieu de la mer à sec ; et les eaux leur servaient de mur à droite et à gauche.

30 L’Éternel donc en ce jour-là délivra Israël de la main des Égyptiens ; et Israël vit les Égyptiens morts sur le bord de la mer.

31 Ainsi Israël vit la grande puissance que l’Éternel avait déployée contre les Égyptiens ; et le peuple craignit l’Éternel, et ils crurent à l’Éternel et à Moïse son serviteur.

REFLEXIONS

Nous voyons dans ce chapitre, en premier lieu :

I. Que Dieu en amenant les Israélites au bord de la mer Rouge et en permettant que Pharaon les y atteignit avec son armée, les exposa à un grand danger et qu’ils en furent même extraordinairement effrayés. Mais Dieu en usa de la sorte pour manifester sa puissance avec plus d’éclat, par la miraculeuse délivrance qu’il leur accorda en les faisant passer à pied au travers de la mer Rouge et par la totale ruine de Pharaon, qui y périt avec toute son armée.

II. L’on voit ici l’aveuglement et l’endurcissement prodigieux du roi d’Égypte qui après toutes les plaies dont Dieu l’avait frappé, non seulement voulut poursuivre les Israélites, mais osa même entrer dans la mer Rouge après eux.

Nous devons bien remarquer dans cette histoire:

D’un côté de quoi les pécheurs obstinés sont capables et avec quel aveuglement et quelle fureur ils courent à leur ruine,

Et de l’autre la puissance magnifique que le Seigneur déploya pour la délivrance de son peuple et pour la destruction de ses ennemis.

CHAPITRE XV.

 Deux choses sont rapportées dans ce chapitre :

I. Le cantique que les Israélites chantèrent après que Pharaon eut été submergé.

II. Comment ils murmurèrent contre Moïse parce qu’ils ne trouvèrent point d’eau dans le désert et parce que les eaux de Mara étaient amères et le miracle que Moïse fit en cette occasion.

1 Alors Moïse et les enfants d’Israël chantèrent ce cantique à l’Éternel, et ils dirent : Je chanterai à l’Éternel ; car il s’est hautement élevé. Il a jeté dans la mer le cheval et celui qui le montait.

2 L’Éternel est ma force et ma louange, et il a été mon libérateur ; c’est mon Dieu fort, je lui dresserai un tabernacle ; c’est le Dieu de mon père, je l’exalterai.

3 L’Éternel est un grand guerrier ; son nom est l’Éternel.

4 Il a jeté dans la mer les chariots de Pharaon et son armée, l’élite de ses capitaines a été submergée dans la mer Rouge.

5 Les gouffres les ont couverts ; ils sont descendus au fond des eaux comme une pierre.

6 Ta droite, ô Éternel, a été déclarée magnifique en force. Ta droite, ô Éternel, a brisé l’ennemi.

7 Tu as ruiné, par la grandeur de ta majesté, ceux qui s’élevaient contre toi. Tu as envoyé ta colère, qui les a consumés comme du chaume.

8 Par le souffle de ta colère les eaux ont été amoncelées ; les eaux courantes se sont arrêtées comme un monceau ; les gouffres ont gelé au milieu de la mer.

9 L’ennemi disait : Je poursuivrai, j’atteindrai, je partagerai le butin, mon âme en sera assouvie ; je tirerai mon épée, ma main les détruira.

10 Tu as soufflé de ton vent ; la mer les a couverts ; ils ont été enfoncés comme du plomb au plus profond des eaux.

11 Qui est semblable à toi parmi les forts, ô Éternel ? Qui est, comme toi, magnifique en sainteté, redoutable, digne de louange, et qui fais des merveilles ?

12 Tu as étendu ta droite ; la terre les a engloutis.

13 Tu as conduit par ta miséricorde ce peuple que tu as racheté ; tu l’as conduit par ta force à la demeure de ta sainteté.

14 Les peuples l’ont entendu, et ils en ont tremblé ; la douleur a saisi les habitants de la Palestine.

15 Alors les princes d’Edom ont été troublés, et le tremblement saisira les puissants de Moab ; tous les habitants de Canaan se fondront.

16 La frayeur et l’épouvante tomberont sur eux, par la grandeur de ton bras ; ils seront rendus stupides comme une pierre, jusqu’à ce que ton peuple, ô Éternel, soit passé ; jusqu’à ce que ce peuple, que tu as acquis, soit passé.

17 Tu les introduiras et tu les planteras sur la montagne de ton héritage, au lieu que tu as préparé pour ta demeure, ô Éternel, dans le sanctuaire, Seigneur, que tes mains ont établi.

18 L’Éternel régnera à jamais et à perpétuité.

19 Car le cheval de Pharaon est entré, avec son chariot et ses gens de cheval, dans la mer ; et l’Éternel a fait retourner sur eux les eaux de la mer ; mais les enfants d’Israël ont marché à sec au milieu de la mer.

20 Et Marie la prophétesse, sœur d’Aaron, prit un tambour en sa main, et toutes les femmes sortirent après elle, avec des tambours et des flûtes.

21 Et Marie leur répondait : Chantez à l’Éternel ; car il s’est hautement élevé ; il a jeté dans la mer le cheval et celui qui le montait.

22 Puis, Moïse fit partir les Israélites de la mer Rouge, et ils tirèrent vers le désert de Sçur ; et ayant marché trois jours par le désert, ils ne trouvaient point d’eau.

23 De là ils vinrent à Mara ; mais ils ne pouvaient boire des eaux de Mara, parce qu’elles étaient amères ; c’est pour cela que ce lieu fut appelé Mara.

24 Alors le peuple murmura contre Moïse, disant : Que boirons-nous ?

25 Et Moïse cria à l’Eternel ; et l’Eternel lui enseigna un certain bois, qu’il jeta dans les eaux, et les eaux devinrent douces. Ce fut là qu’il lui proposa des ordonnances et des statuts, et ce fut là aussi qu’il l’éprouva.

26 Et il lui dit : Si tu écoutes attentivement la voix de l’Éternel ton Dieu et si tu fais ce qui est droit devant lui ; si tu prêtes l’oreille à ses commandements et si tu gardes toutes ses ordonnances, je ne ferai venir sur toi aucune des langueurs que j’ai fait venir sur l’Égypte ; car je suis l’Éternel qui te guéris.

27 Puis ils vinrent à Elim, où il y avait douze fontaines d’eau et soixante et dix palmes, et ils campèrent là auprès des eaux.

REFLEXIONS

Le cantique que Moïse, Marie sa sœur et les enfants d’Israël chantèrent après que Pharaon et son armée eurent péri dans la mer Rouge, est le plus ancien de tous les cantiques. On y voit éclater leur joie et leur reconnaissance envers Dieu. Ils y célèbrent la puissance qu’il venait de déployer si magnifiquement pour leur délivrance. Ils y expriment la ferme persuasion où ils étaient que Dieu les mettrait en possession du pays de Canaan et que les habitants de ce pays-là, étonnés et intimidés, ne pourraient leur résister.

C’est ainsi, et avec encore plus de zèle que nous devons célébrer les faveurs que Dieu nous accorde et principalement la bonté et la puissance qu’il a fait paraître dans l’ouvrage de notre rédemption par notre Seigneur Jésus-Christ.

Nous avons vu ensuite qu’incontinent après que Dieu eut accordé aux Israélites une si grande délivrance, ils tombèrent dans le murmure et dans la défiance, parce qu’ils manquèrent d’eaux et qu’ils ne trouvèrent que des eaux amères. Cependant Dieu eut la bonté de faire un nouveau miracle en leur faveur en rendant ces eaux douces.

Telle est l’ingratitude et l’incrédulité des hommes : Ils oublient bientôt les bienfaits de Dieu et ils tombent facilement dans l’impatience, mais Dieu est si bon qu’il use de support envers eux et qu’il ne laisse pas de leur faire ressentir de nouveaux effets de son amour et de leur accorder des grâces dont ils sont indignes.

CHAPITRE XVI.

Les Israélites murmurent contre Moïse parce qu’ils n’avaient pas de quoi manger, Dieu leur envoie des cailles et de la manne qui fut leur nourriture dans le désert pendant quarante ans.

1 Et toute l’assemblée des enfants d’Israël étant partie d’Elim, vint au désert de Sin, qui est entre Elim et Sinaï, au quinzième jour du second mois, après qu’ils furent sortis du pays d’Égypte.

2 Et toute l’assemblée des enfants d’Israël murmura dans ce désert contre Moïse et Aaron.

3 Et les enfants d’Israël leur dirent : Ah ! que ne sommes-nous morts par la main de l’Éternel au pays d’Égypte, quand nous étions assis près des potées de chair, quand nous mangions notre soûl de pain ! Car vous nous avez amenés dans ce désert, pour faire mourir de faim toute cette assemblée.

4 Alors l’Éternel dit à Moïse : Voici, je vais vous faire pleuvoir des cieux du pain, et le peuple sortira, et en recueillera pour chaque jour ce qu’il lui en faut, afin que je l’éprouve, s’il marchera, ou non, dans ma loi.

5 Mais le sixième jour, qu’ils apprêtent ce qu’ils auront apporté, et qu’il y en ait le double de ce qu’ils recueilleront chaque jour.

6 Moïse donc et Aaron dirent à tous les enfants d’Israël : Ce soir vous saurez que l’Éternel vous a tirés du pays d’Égypte ;

7 et au matin vous verrez la gloire de l’Éternel ; car l’Éternel a entendu vos murmures contre lui. Et en effet, qui sommes-nous, que vous murmuriez contre nous ?

8 Et Moïse dit encore : Ce sera quand l’Éternel vous aura donné ce soir de la chair à manger, et qu’au matin il vous aura rassasiés de pain, parce qu’il a entendu vos murmures, par lesquels vous avez murmuré contre lui ; car qui sommes-nous ? Vos murmures ne sont pas contre nous ; mais ils sont contre l’Éternel.

9 Et Moïse dit à Aaron : Dis à toute l’assemblée des enfants d’Israël : Approchez-vous de la présence de l’Éternel ; car il a entendu vos murmures.

10 Or il arriva qu’aussitôt qu’Aaron eut parlé à toute l’assemblée des enfants d’Israël, ils regardèrent vers le désert, et voici, la gloire de l’Éternel se montra dans la nuée ;

11 et l’Éternel parla à Moïse, disant :

12 J’ai entendu les murmures des enfants d’Israël. Parle-leur, et leur dis : Entre les deux vêpres vous mangerez de la chair, et au matin vous serez rassasiés de pain, et vous saurez que je suis l’Éternel votre Dieu.

13 Le soir donc, il monta des cailles qui couvrirent le camp, et au matin il y eut une couche de rosée à l’entour du camp.

14 Et cette couche de rosée étant évanouie, voici sur le désert une petite chose ronde, menue comme de la blanche gelée sur la terre.

15 Ce que les enfants d’Israël ayant vu, ils se dirent l’un à l’autre : Qu’est-ce cela ? car ils ne savaient ce que c’était. Et Moïse leur dit : C’est ici le pain que l’Éternel vous a donné à manger.

16 C’est ici ce que l’Éternel a commandé : Que chacun en recueille autant qu’il lui en faut pour son manger, un homer par tête, selon le nombre de vos personnes ; chacun en prendra pour ceux qui sont dans sa tente.

17 Les enfants d’Israël firent donc ainsi ; et les uns en recueillirent plus, les autres moins.

18 Et ils le mesuraient par homer, et celui qui en avait recueilli beaucoup, n’en avait pas plus qu’il ne lui en fallait, et celui qui en avait recueilli peu n’en avait pas moins ; mais chacun en recueillait selon ce qu’il en pouvait manger.

19 Et Moïse leur avait dit : Que personne n’en laisse de reste jusqu’au matin.

20 Mais il y en eut qui n’obéirent point à Moïse ; car quelques-uns en réservèrent jusqu’au matin, et il s’y engendra des vers, et elle puait ; et Moïse se mit en grande colère contre eux.

21 Ainsi chacun en recueillait tous les matins autant qu’il lui en fallait pour manger ; car lorsque la chaleur du soleil était venue, elle se fondait.

22 Et au sixième jour, ils recueillirent du pain au double, deux homers pour chacun. Alors les principaux de l’assemblée vinrent pour le rapporter à Moïse.

23 Et il leur répondit : C’est ce que l’Éternel a dit : Demain est le repos, le sabbat saint à l’Éternel ; faites cuire ce que vous avez à cuire, et faites bouillir ce que vous avez à faire bouillir, et serrez tout ce qui sera de surplus, pour le garder jusqu’au matin.

24 Ils le serrèrent donc jusqu’au matin, comme Moïse l’avait commandé, et il ne puait point, et il n’y eut point de vers.

25 Alors Moïse dit : Mangez-le aujourd’hui ; car c’est aujourd’hui, le repos de l’Éternel. Aujourd’hui vous n’en trouverez point dans les champs.

26 Pendant six jours vous le recueillerez, mais le septième est le sabbat ; il n’y en aura point en ce jour-là.

27 Et au septième jour, quelques-uns du peuple sortirent pour en recueillir ; mais ils n’en trouvèrent point.

28 Alors l’Éternel dit à Moïse : Jusqu’à quand refuserez-vous de garder mes commandements et mes lois ?

29 Considérez que l’Éternel a établi parmi vous le sabbat ; c’est pourquoi, il vous donne au sixième jour du pain pour deux jours ; que chacun demeure en son lieu ; que nul ne sorte de son lieu au septième jour.

30 Le peuple donc se reposa au septième jour.

31 Et la maison d’Israël nomma ce pain, manne ; et elle était comme de la semence de coriandre ; elle était blanche, et elle avait le goût des beignets au miel.

32 Et Moïse dit : Voici ce que l’Éternel a commandé : Qu’on en remplisse un homer, pour le garder dans vos âges, afin qu’on voie le pain que je vous ai fait manger au désert, après que je vous ai retirés du pays d’Égypte.

33 Moïse donc dit à Aaron : Prends une cruche, et mets-y un plein homer de manne, et le pose devant l’Éternel, pour être gardé dans vos âges.

34 Et selon que le Seigneur avait commandé à Moïse, Aaron posa la cruche devant le Témoignage, afin qu’elle fût gardée.

35 Et les enfants d’Israël mangèrent la manne pendant quarante ans, jusqu’à ce qu’ils fussent parvenus au pays qu’ils devaient habiter ; ils mangèrent, dis-je, la manne, jusqu’à ce qu’ils fussent parvenus aux frontières du pays de Canaan.

36 Or, un homer est la dixième partie d’un épha.

REFLEXIONS

L’on voit dans cette histoire une nouvelle preuve de l’ingratitude des enfants d’Israël, qui, après tant d’expériences qu’ils avaient faites de la puissance de Dieu et de sa protection, murmurèrent encore contre Moïse et regrettèrent même l’Égypte d’où ils étaient sortis. Cependant Dieu, par un effet de sa bonté voulut bien faire cesser ces murmures et pourvoir à leur subsistance par le moyen de la manne qu’il envoya et qui fut leur nourriture pendant les quarante ans qu’ils passèrent dans le désert. II. Il est à remarquer que la manne tombait chaque matin, mais qu’il n’en tombait point le jour du sabbat et qu’elle se corrompait quand on en amassait pour plus d’un jour. C’étaient là tout autant de merveilles qui devaient convaincre les Israélites que c’était Dieu qui les nourrissait ainsi miraculeusement.

Au reste cette histoire doit nous rappeler ce que Jésus-Christ dit dans l’Évangile, que les enfants d’Israël n’ont pas mangé le vrai pain du ciel, que la manne qu’ils mangèrent dans le désert ne les empêcha pas de mourir au lieu que nous avons en lui le véritable pain qui est descendu du ciel et qui fait vivre éternellement.

Prions Dieu qu’il nous donne toujours cette nourriture céleste pendant que nous sommes dans le désert de ce monde et, lorsqu’il nous l’accorde, faisons-en un meilleur usage que les Israélites ne firent autrefois de la manne et de toutes les autres grâces qu’ils reçurent de la bonté divine pendant qu’ils furent dans le désert.

CHAPITRE XVII.

Ce chapitre a deux parties :

Moïse rapporte dans la première le miracle de l’eau que Dieu fit sortir du rocher pour apaiser les murmures du peuple.

Et dans la seconde, la victoire que les enfants d’Israël remportèrent sur les Amalékites.

1 Toute l’assemblée des enfants d’Israël partit du désert de Sin, selon leurs traites, suivant le commandement de l’Éternel, et ils campèrent en Réphidim, où il n’y avait point d’eau à boire pour le peuple.

2 Et le peuple querella Moïse, et ils lui dirent : Donnez-nous de l’eau pour boire. Et Moïse leur dit : Pourquoi me querellez-vous ? Pourquoi tentez-vous l’Éternel ?

3 Le peuple donc eut soif dans ce lieu, par faute d’eau ; et ainsi le peuple murmura contre Moïse, disant : Pourquoi nous as-tu fait monter hors d’Égypte, pour nous faire mourir de soif, nous et nos enfants, et nos troupeaux ?

4 Et Moïse cria à l’Éternel, disant : Que ferai-je à ce peuple ? Il s’en faut peu qu’ils ne me lapident.

5 Et l’Éternel répondit à Moïse : Passe devant le peuple, et prends avec toi des anciens d’Israël, et prends en ta main la verge dont tu frappas le fleuve, et marche.

6 Voici, je vais me tenir là devant toi sur un rocher en Horeb, et tu frapperas le rocher, et il en sortira des eaux, et le peuple boira. Moïse donc fit ainsi à la vue des anciens d’Israël.

7 Et il nomma le lieu Massa et Mériba, à cause du débat des enfants d’Israël, et parce qu’ils avaient tenté l’Éternel, en disant : L’Éternel est-il au milieu de nous, ou n’y est-il pas ?

8 Alors Hamalek vint et livra bataille à Israël à Réphidim.

9 Et Moïse dit à Josué : Choisis-nous des hommes, et sors pour combattre contre Hamalek, et je me tiendrai demain au sommet du coteau, et la verge de Dieu sera en ma main.

10 Et Josué fit comme Moïse le lui avait commandé, en combattant contre Hamalek ; mais Moïse, Aaron et Hur montèrent au sommet du coteau.

11 Et il arrivait, que lorsque Moïse élevait sa main, Israël alors était le plus fort ; mais quand il faisait reposer sa main, alors Hamalek était le plus fort.

12 Et les mains de Moïse étant devenues pesantes, ils prirent une pierre et la mirent sous lui, et il s’assit dessus ; Aaron et Hur soutenaient aussi ses mains ; l’un deçà et l’autre delà ; ainsi ses mains furent fermes jusqu’au soleil couchant.

13 Ainsi Josué défit Hamalek et son peuple au fil de l’épée.

14 Alors l’Éternel dit à Moïse : Écris ceci pour mémoire dans un livre, et fais entendre à Josué que j’effacerai entièrement la mémoire d’Hamalek de dessous les cieux.

15 Et Moïse bâtit un autel, et le nomma : L’Éternel mon étendard.

16 Il dit aussi : Parce que la main a été levée sur le trône de l’Éternel, l’Éternel a guerre contre Hamalek d’âge en âge.

REFLEXIONS

Le miracle que Moïse fit en tirant de l’eau du rocher pour apaiser la soif et les murmures des Israélites nous engage à considérer l’incrédulité de ce peuple qui doutait toujours de la puissance de Dieu et qui se rebellait si souvent contre Moïse aussi bien que la grande patience du Seigneur qui fit ce nouveau miracle pour eux.

La victoire des enfants d’Israël sur les Amalékites fut une juste punition de Dieu sur ces ennemis de son peuple, mais on doit surtout remarquer que Dieu accorda cette victoire aux prières de Moïse afin que les Israélites reconnussent que Dieu seul en était l’auteur.

C’est ici un exemple où l’on peut voir que l’invocation du nom de Dieu et la persévérance dans la prière est le moyen le plus efficace pour obtenir son secours et pour triompher de tous nos ennemis temporels et spirituels.

CHAPITRE XVIII.

Jéthro, beau-père de Moïse lui amène sa femme et ses deux fils, et il lui conseille d’établir des juges et des chefs pour le gouvernement du peuple d’Israël, ce que Moïse fit.

1 Jéthro, sacrificateur de Madian, beau-père de Moïse, ayant entendu toutes les choses que l’Éternel avait faites à Moïse, et à Israël son peuple, savoir, que l’Éternel avait retiré Israël de l’Égypte,

2 prit Séphora, la femme de Moïse, après qu’il l'eut renvoyée,

3 et les deux fils de cette femme ; l’un desquels s’appelait Guersçom (parce qu’il avait dit : J’ai été voyageur dans un pays étranger) ;

4 Et le second Elihézer ; car le Dieu de mon père, dit-il, m’a été en aide, et m’a délivré de l’épée de Pharaon.

5 Jéthro donc, beau-père de Moïse, vint vers lui, avec ses enfants et sa femme, au désert, où il était campé près de la montagne de Dieu.

6 Et il fit dire à Moïse : C’est Jéthro, ton beau-père, qui vient vers toi, avec ta femme et ses deux fils avec elle.

7 Et Moïse sortit au-devant de son beau-père, et s’étant prosterné, le baisa, et ils s’enquirent l’un de l’autre touchant leur prospérité ; ensuite ils entrèrent dans la tente.

8 Et Moïse raconta à son beau-père toutes les choses que l’Éternel avait faites à Pharaon et aux Égyptiens, en faveur d’Israël, et tout le travail qu’ils avaient souffert par le chemin, et comment l’Éternel les avait délivrés.

9 Et Jéthro se réjouit de tout le bien que l’Éternel avait fait à Israël, parce qu’il les avait délivrés de la main des Égyptiens.

10 Et Jéthro dit : Béni soit l’Éternel qui vous a délivrés de la main des Égyptiens et de la main de Pharaon, et qui a délivré le peuple de la puissance d’Égypte.

11 Je connais maintenant que l’Éternel est grand par-dessus tous les dieux ; car, en cela même qu’ils se sont insolemment élevés, il a eu le dessus sur eux.

12 Jéthro, beau-père de Moïse, prit aussi, pour offrir à Dieu, un holocauste et des sacrifices ; et Aaron et tous les anciens d’Israël vinrent pour manger du pain avec le beau-père de Moïse, en la présence de Dieu.

13 Le lendemain, comme Moïse siégeait pour juger le peuple, et que le peuple se tenait devant Moïse depuis le matin jusqu’au soir,

14 le beau-père de Moïse ayant vu tout ce qu’il faisait au peuple, lui dit : Qu’est-ce que tu fais au peuple ? D’où vient que tu es seul assis, et que tout le peuple se tient devant toi, depuis le matin jusqu’au soir ?

15 Et Moïse répondit à son beau-père : C’est que le peuple vient à moi, pour s’enquérir de Dieu.

16 Quand ils ont quelque cause, ils viennent à moi ; alors je juge entre l’un et l’autre, et je leur fais entendre les ordonnances de Dieu et ses lois.

17 Mais le beau-père de Moïse lui dit : Tu ne fais pas bien.

18 Certainement, tu succomberas, et toi et même ce peuple qui est avec toi ; car cela est trop pesant pour toi, et tu ne saurais faire cela toi seul.

19 Ecoute donc mon conseil ; je te conseillerai, et Dieu sera avec toi. Sois pour le peuple auprès de Dieu, et rapporte les causes à Dieu ;

20 Instruis-les des ordonnances et des lois, et fais-leur entendre la voie par laquelle ils doivent marcher, et ce qu’ils auront à faire.

21 Et choisis-toi d’entre tout le peuple des hommes vertueux, craignant Dieu, des hommes véritables, haïssant le gain déshonnête, et établis sur eux des chefs de milliers, des chefs de centaines, des chefs de cinquantaines, et des chefs de dizaines ;

22 Et qu’ils jugent le peuple en tout temps ; mais qu’ils te rapportent toutes les grandes affaires, et qu’ils jugent toutes les petites causes ; ainsi ils te soulageront et ils porteront une partie de la charge avec toi.

23 Si tu fais cela, et Dieu te le commande, tu pourras subsister, et même tout le peuple arrivera heureusement en son lieu.

24 Moïse donc obéit à la parole de son beau-père, et fit tout ce qu’il lui avait dit.

25 Ainsi Moïse choisit de tout Israël des hommes vertueux, et il les établit chefs sur le peuple, chefs de milliers, chefs de centaines, chefs de cinquantaines, et chefs de dizaines,

26 qui devaient juger le peuple en tout temps ; mais ils devaient rapporter les choses difficiles à Moïse, et juger de toutes les petites affaires.

27 Et Moïse laissa aller son beau-père, qui s’en retourna en son pays.

REFLEXIONS

Jéthro, beau-père de Moïse vint le voir, non seulement pour lui ramener sa femme et ses enfants, mais surtout pour se réjouir avec lui et avec tout le peuple de ce que Dieu les avait délivrés de la servitude d’Égypte. C’était là un effet du zèle, de la piété et de la charité de Jéthro et c’est ainsi que nous devons prendre part aux biens qui arrivent à nos frères et surtout nous réjouir lorsque la gloire de Dieu est avancée et qu’il fait paraître sa justice et sa puissance aux yeux de tout le monde. Ce qui est dit dans ce chapitre de l’établissement des juges et des magistrats et des qualités qu’ils doivent avoir, montre que ceux qui sont dans les charges civiles doivent s’en acquitter avec application et avec intégrité et être craignant Dieu, vertueux, justes et surtout désintéressés et éloignés du gain déshonnête. Nous devons aussi reconnaitre par là qu’il est absolument nécessaire qu’il y ait des magistrats qui fassent régner l’ordre dans la société, que leur établissement vient de Dieu et que chacun doit se soumettre à eux et à leur autorité.

CHAPITRE XIX.

Le peuple d’Israël étant arrivé au désert de Sinaï, Moïse leur dit que Dieu voulait traiter alliance avec eux et il leur ordonne de se sanctifier et se préparer pour entendre la publication de la loi.

Trois jours après, Dieu descend sur le mont de Sinaï avec des marques de sa puissance et de sa majesté.

1 Au premier jour du troisième mois, après que les enfants d’Israël furent sortis du pays d’Égypte, en ce même jour-là, ils vinrent au désert de Sinaï.

2 Etant donc partis de Réphidim, ils vinrent au désert de Sinaï, et ils campèrent au désert ; Israël, dis-je, campa vis-à-vis de la montagne.

3 Et Moïse monta vers Dieu ; car l’Éternel l’avait appelé de la montagne, pour lui dire : Tu parleras ainsi à la maison de Jacob, et tu le feras entendre aux enfants d’Israël :

4 Vous avez vu ce que j’ai fait aux Égyptiens, et que je vous ai portés comme sur des ailes d’aigle, et que je vous ai fait venir vers moi.

5 Maintenant donc, si vous obéissez à ma voix et si vous gardez mon alliance, vous serez aussi d’entre tous les peuples mon plus précieux joyau, bien que toute la terre m’appartienne.

6 Et vous me serez un royaume de sacrificateurs, et une nation sainte. Ce sont là les discours que tu tiendras aux enfants d’Israël.

7 Et Moïse vint et appela les anciens du peuple, et proposa devant eux toutes les choses que l’Éternel lui avait commandées.

8 Alors tout le peuple d’un commun accord répondit et dit : Nous ferons tout ce que l’Éternel a dit. Et Moïse rapporta à l’Éternel toutes les paroles du peuple.

9 Et l’Éternel dit à Moïse : Voici, je viendrai à toi dans une épaisse nuée, afin que le peuple entende quand je te parlerai, et qu’il croie aussi toujours ce que tu lui diras ; car Moïse avait rapporté à l’Éternel les paroles du peuple.

10 L’Éternel dit aussi à Moïse : Va-t’en vers le peuple, sanctifie-les aujourd’hui et demain, et qu’ils lavent leurs vêtements.

11 Et qu’ils soient tous prêts pour le troisième jour ; car au troisième jour, l’Éternel descendra sur la montagne de Sinaï, à la vue de tout le peuple.

12 Or, tu prescriras des bornes au peuple tout à l’entour, et tu diras : Donnez-vous garde de monter sur la montagne, et d’en toucher aucune extrémité ; quiconque touchera la montagne, sera puni de mort.

13 Aucune main ne la touchera, soit bête, soit homme ; certainement, il sera lapidé, ou percé de flèches ; il ne vivra point. Quand le cornet se renforcera, ils monteront vers la montagne.

14 Et Moïse descendit de la montagne vers le peuple, et il sanctifia le peuple, et ils lavèrent leurs vêtements.

15 Et il dit au peuple : Soyez tous prêts pour le troisième jour, et ne vous approchez d’aucune femme.

16 Et le troisième jour, au matin, il y eut des tonnerres, des éclairs et une grosse nuée sur la montagne, avec un son très fort de cornet, dont tout le peuple qui était au camp fut effrayé.

17 Alors Moïse fit sortir du camp le peuple au-devant de Dieu ; et ils s’arrêtèrent au pied de la montagne.

18 Or, le mont de Sinaï était tout en fumée, parce que l’Éternel y était descendu dans le feu ; et sa fumée montait comme la fumée d’une fournaise, et toute la montagne tremblait fort.

19 Et comme le son du cornet se renforçait de plus en plus, Moïse parla, et Dieu lui répondit par une voix.

20 L’Éternel donc étant descendu sur la montagne de Sinaï, sur le sommet de la montagne, il appela Moïse au sommet de la montagne ; et Moïse y monta.

21 Et l’Éternel dit à Moïse : Descends, somme le peuple, qu’ils ne rompent point les bornes, afin de monter vers l’Éternel pour voir ; de peur qu’un grand nombre d’entre eux ne périsse.

22 Et même, que les sacrificateurs qui s’approchent de l’Éternel, se sanctifient, de peur que l’Éternel ne se jette sur eux.

23 Et Moïse dit à l’Éternel : Le peuple ne pourra pas monter sur la montagne de Sinaï, parce que tu nous as sommés, disant : Mets des bornes en la montagne, et la sanctifie.

24 Et l’Éternel lui dit : Va, descends, et tu monteras, toi et Aaron avec toi ; mais que les sacrificateurs et le peuple ne rompent point les bornes pour monter vers l’Éternel, de peur qu’il ne se jette sur eux.

25 Moïse donc descendit vers le peuple, et il le leur dit.

REFLEXIONS

Ce qu’il y a à observer dans ce chapitre, c’est que la première chose que Dieu fit après avoir délivré son peuple d’Égypte, fut de lui donner sa loi. Ce qui montre que la vue de Dieu en choisissant ce peuple et en le séparant des autres nations était d’établir la pure religion parmi eux et à les engager à le craindre.

C’est là le but qu’il s’est toujours proposé : il ne nous a racheté et choisi pour être son peuple qu’afin que nous le servions en vivant dans la justice et dans la piété. Dieu voulut que les Israélites se préparassent et se purifiassent avant que d’entendre la publication de la loi, afin de leur apprendre que cette loi n’était donnée aux hommes que pour les sanctifier.

La manière dont elle fut publiée et l’appareil redoutable et plein de majesté dans lequel Dieu descendit sur le mont Sinaï tendait à convaincre les Israélites que c’était Dieu qui leur parlait, à leur inspirer de la crainte et à leur apprendre, et à tous   les hommes, que ceux qui violeront ses commandements n’échapperont point à sa vengeance.

CHAPITRE XX.

Dieu publie les dix commandements de la loi. II.  Le peuple est effrayé à l’ouïe de la voix de Dieu. III. Dieu défend de faire des idoles et il prescrit la manière de bâtir les autels.

1 Alors Dieu prononça toutes ces paroles, disant :

2 Je suis l’Éternel ton Dieu, qui t’ai tiré du pays d’Égypte, de la maison de servitude ;

3 Tu n’auras point d’autres dieux devant ma face.

4 Tu ne te feras point d’image taillée, ni aucune ressemblance des choses qui sont là-haut dans les cieux, ni ici-bas sur la terre, ni dans les eaux sous la terre ;

5 Tu ne te prosterneras point devant elles, et tu ne les serviras point ; car je suis l’Éternel ton Dieu, le Dieu fort et jaloux, qui punis l’iniquité des pères sur les enfants, en la troisième et quatrième génération de ceux qui me haïssent,

6 et qui fais miséricorde en mille générations à ceux qui m’aiment et qui gardent mes commandements.

7 Tu ne prendras point le nom de l’Éternel ton Dieu en vain ; car l’Éternel ne tiendra point pour innocent celui qui aura pris son nom en vain.

8 Souviens-toi du jour du repos pour le sanctifier ;

9 Tu travailleras six jours, et tu feras toute ton œuvre ;

10 Mais le septième jour est le repos de l’Éternel ton Dieu ; tu ne feras aucune œuvre en ce jour-là, ni toi, ni ton fils, ni ta fille, ni ton serviteur, ni ta servante, ni ton bétail, ni ton étranger, qui est dans tes portes ;

11 Car l’Éternel a fait en six jours les cieux, la terre, la mer et tout ce qui est en eux, et il s’est reposé le septième jour ; c’est pourquoi l’Éternel a béni le jour du repos et l’a sanctifié.

12 Honore ton père et ta mère, afin que tes jours soient prolongés sur la terre que l’Éternel ton Dieu te donne.

13 Tu ne tueras point.

14 Tu ne commettras point adultère.

15 Tu ne déroberas point.

16 Tu ne diras point de faux témoignage contre ton prochain.

17 Tu ne convoiteras point la maison de ton prochain ; tu ne convoiteras point la femme de ton prochain, ni son serviteur, ni sa servante, ni son bœuf, ni son âne, ni aucune chose qui soit à ton prochain.

18 Or, tout le peuple entendait les tonnerres et le son du cornet, et voyait les brandons et la montagne fumante. Le peuple donc, voyant cela, tremblait et se tenait loin.

19 C’est pourquoi ils dirent à Moïse : Parle avec nous toi-même, et nous écouterons ; mais que Dieu ne parle point avec nous, de peur que nous ne mourions.

20 Alors Moïse dit au peuple : Ne craignez point ; car Dieu est venu pour vous éprouver, et afin que sa crainte soit devant vous et que vous ne péchiez point.

21 Le peuple donc se tint loin ; mais Moïse s’approcha de l’obscurité où Dieu était.

22 Et l’Éternel dit à Moïse : Tu diras ainsi aux enfants d’Israël : Vous avez vu que je vous ai parlé des cieux.

23 Vous ne vous ferez point avec moi de dieux d’argent, et vous ne vous ferez point de dieux d’or.

24 Tu me feras un autel de terre, sur lequel tu sacrifieras tes holocaustes et tes oblations de prospérité, tes brebis et tes taureaux. En tout lieu où je mettrai la mémoire de mon nom, je viendrai à toi et je te bénirai.

25 Que si tu me fais un autel de pierres, tu ne les tailleras point : si tu levais le fer dessus, tu les souillerais.

26 Et tu ne monteras point à mon autel par des degrés, de peur que ta nudité ne soit découverte en y montant.

REFLEXIONS

Il y a principalement deux choses dans ce chapitre qui sont dignes de notre attention : savoir la publication de la loi de Dieu et la frayeur que les Israélites ressentirent lorsqu’elle fut publiée.

Sur cette loi, nous devons considérer :

Premièrement quelle en est l’autorité et la majesté, Dieu lui-même l’ayant publiée autrefois avec des marques si éclatantes de sa puissance, en second lieu que cette loi nous regarde aussi bien que les Israélites, puisqu’elle ne contient rien qui ne soit parfaitement juste et que notre Sauveur a dit lui-même : Qu’il n’était point venu pour abolir la loi, mais qu’il était venu au contraire pour nous engager plus fortement à l’accomplir. III. Il faut se souvenir que cette loi ne défend   pas seulement les crimes qui y sont spécifiés, mais qu’elle règle nos pensées et nos désirs, aussi bien que nos actions et que Dieu nous jugera tous par cette loi telle qu’elle expliquée dans l’Évangile.

Pour ce qui est de l’extrême frayeur qu’eurent les Israélites lorsque Dieu publia sa loi, cela doit nous rappeler ce que St. Paul dit sur ce sujet dans l’épître aux Hébreux : Que nous ne sommes pas venus à la montagne de Sinaï et que nous n’avons pas entendu cette voix terrible qui fit que les Israélites  prièrent qu’elle ne leur fut plus adressée, mais que nous sommes venus à la montagne de Sion, que nous avons entendu la voix de Jésus-Christ, que si ceux qui méprisaient celui qui parlait sur la terre ne sont point échappés, nous échapperons beaucoup moins si nous méprisons celui qui parle des cieux, que notre Dieu est aussi un feu consumant et qu’ainsi nous devons le servir avec respect et avec crainte en sorte que nous lui soyons agréables.

Les lois qu’on lit à la fin de ce chapitre touchant les idoles et les autels tendaient à éloigner les enfants d’Israël de l’idolâtrie, à empêcher que la religion ne fût altérée et à faire en sorte que le service divin fût célébré avec bienséance.

CHAPITRE XXI VERSETS 1-17.

Ce chapitre et les suivants contiennent diverses lois que Dieu donna à Moïse sur le mont de Sinaï pour les prescrire au peuple d’Israël et ces lois sont la plupart politiques. Celles qui sont contenues dans la première partie de ce chapitre regardent le droit que les maîtres avaient sur leurs esclaves, la punition des meurtriers, celles des parricides, des larrons d’hommes et ceux qui maudissent père ou mère.

1 Ce sont ici les lois que tu leur proposeras :

2 Si tu achètes un esclave hébreu, il te servira six ans, et au septième il sortira pour être libre, sans rien payer.

3 S’il est venu avec son corps seulement, il sortira avec son corps ; s’il avait une femme, sa femme aussi sortira avec lui.

4 Si son maître lui a donné une femme, qui lui ait enfanté des fils ou des filles, sa femme et ses enfants seront à son maître, mais il sortira avec son corps.

5 Que si l’esclave dit : J’aime mon maître, ma femme et mes enfants, je ne sortirai point pour être libre ;

6 Alors son maître le fera venir devant les juges et le fera approcher de la porte ou du poteau, et son maître lui percera l’oreille avec un poinçon, et il le servira à toujours.

7 Si quelqu’un vend sa fille pour être esclave, elle ne sortira point comme les esclaves sortent.

8 Si elle déplaît à son maître, qui ne sera point fiancé avec elle, il la fera racheter, mais il n’aura point le pouvoir de la vendre à un peuple étranger, après lui avoir été perfide.

9 Mais s’il l’a fiancée à son fils, il lui fera selon le droit des filles.

10 Que s’il en prend une autre pour lui, il ne retranchera rien de sa nourriture, de ses habits, ni de l’amitié qui lui est due.

11 S’il ne lui fait pas ces trois choses, elle sortira sans payer aucun argent.

12 Si quelqu’un frappe un homme et qu’il en meure, on le punira de mort.

13 Que s’il ne lui a point dressé d’embûche, mais que Dieu l’ait fait rencontrer sous sa main, je t’établirai un lieu où il s’enfuira.

14 Mais si quelqu’un s’est élevé de propos délibéré contre son prochain, pour le tuer par finesse, tu le tireras même de mon autel, afin qu’il meure.

15 Celui qui aura frappé son père ou sa mère sera puni de mort.

16 Si quelqu’un dérobe un homme et le vend, ou s’il est trouvé entre ses mains, on le punira de mort.

17 Celui qui aura maudit son père ou sa mère sera puni de mort.

REFLEXIONS

Les lois politiques que Dieu avait données aux Israélites doivent être méditées : I. premièrement par les juges et les magistrats afin qu’ils s’y conforment autant qu’il est possible et dans toutes les choses qui ne sont pas particulières au peuple d’Israël, au pays de Canaan et aux temps d’alors.  II. En second lieu, chacun doit faire attention à ces lois puisqu’elles contiennent de très excellents préceptes de justice, d’équité, de charité et de plusieurs autres devoirs.

Sur les lois qui regardent les esclaves il faut remarquer que l’esclavage est aboli parmi les chrétiens et qu’ainsi ces lois ne nous regardent pas directement. Cependant, on peut en recueillir que l’intention de Dieu est que les serviteurs soient fidèles à leurs maîtres et que les maîtres traitent leurs serviteurs avec humanité.

Nous apprenons de plus dans ce chapitre que les meurtriers, les larrons d’hommes et ceux qui maudissent père ou mère commettent des crimes énormes, que le magistrat doit en faire la vengeance et par là nous pouvons juger que Dieu ne les laissera point impunis.

Au reste, ce sont là de ces grands crimes qui ne devraient pas être connus parmi les chrétiens, non plus que plusieurs autres dont il est parlé dans les lois de Moïse.

CHAPITRE XXI VERSETS 18-36.

Dieu prescrit les lois qui devaient être observées à l’égard de ceux qui frappaient ou qui blessaient quelque personne que ce fût, et même leurs esclaves, ou qui causaient quelque dommage par le moyen de leurs bêtes.

18 Si quelques-uns ont eu querelle, et que l’un ait frappé l’autre d’une pierre, ou du poing, dont il ne soit point mort, mais qu’il soit obligé de se mettre au lit ;

19 s’il se lève, et marche dehors, s’appuyant sur son bâton, celui qui l’aura frappé sera quitte de la peine ; toutefois, il le dédommagera pour ce qu’il a chômé, et le fera guérir entièrement.

20 Si quelqu’un a frappé son serviteur ou sa servante d’un bâton, et qu’il soit mort sous sa main, on ne manquera point d’en faire la punition.

21 Mais s’il survit un jour ou deux, on n’en fera pas la punition ; car c’est son argent.

22 Si des hommes se battent et frappent une femme enceinte et qu’elle en accouche, et que, cependant, l’accident ne soit point mortel, que celui qui l’a frappée soit condamné à l’amende que le mari de la femme lui imposera ; et il la donnera selon qu’en ordonneront les juges.

23 Mais si l’accident est mortel, tu donneras vie pour vie,

24 œil pour œil, dent pour dent, main pour main, pied pour pied,

25 brûlure pour brûlure, plaie pour plaie, meurtrissure pour meurtrissure.

26 Si quelqu’un frappe l’œil de son serviteur ou l’œil de sa servante, et leur gâte l’œil, il les laissera aller libres pour leur œil.

27 Que s’il fait tomber une dent à son serviteur ou à sa servante, il les laissera aller libres pour leur dent.

28 Si un bœuf heurte de sa corne un homme ou une femme, et que la personne en meure, le bœuf sera lapidé sans aucune rémission, et on ne mangera point de sa chair, et le maître du bœuf sera absous.

29 Mais si le bœuf avait auparavant accoutumé de heurter de sa corne, et que son maître en eût été averti avec protestation et qu’il ne l’eût point renfermé, en sorte qu’il tue un homme ou une femme, le bœuf sera lapidé, et même on fera mourir son maître.

30 Que si on lui impose un prix pour se racheter, il donnera la rançon de sa vie, selon tout ce qui lui sera imposé.

31 Si le bœuf heurte de sa corne un fils ou une fille, on le traitera selon cette même loi.

32 Si le bœuf heurte de sa corne un esclave, soit homme ou femme, celui à qui est le bœuf donnera trente sicles d’argent à son maître, et le bœuf sera lapidé.

33 Si quelqu’un ouvre une fosse, ou si quelqu’un creuse une fosse et ne la couvre point, et qu’il y tombe un bœuf ou un âne,

34 le maître de la fosse lui en fera satisfaction, et rendra l’argent à leur maître, mais ce qui est mort sera pour lui.

35 Et si le bœuf de quelqu’un blesse le bœuf de son prochain et qu’il en meure, ils vendront le bœuf vivant, et ils en partageront l’argent, et ils partageront le mort.

36 Mais s’il est notoire que le bœuf avait auparavant accoutumé de heurter de sa corne, et que le maître ne l’ait point gardé, il restituera bœuf pour bœuf ; mais le bœuf mort sera pour lui.

REFLEXIONS

Nous devons recueillir de cette lecture :

I. Que ceux qui frappent ou blessent leur prochain ne doivent pas être impunis,

II. Que ceux qui causent quelque mal ou quelque dommage, soit volontairement, soit même par imprudence et sans aucune mauvaise intention, doivent en porter la peine et qu’ils sont surtout obligés de le réparer,

III. Que bien que l’esclavage eût lieu parmi les Israélites, Dieu ne voulait pas qu’ils traitassent leurs esclaves avec inhumanité et dureté, comme faisaient les autres peuples, d’où il parait que les chrétiens doivent encore plus en user avec douceur envers leurs domestiques.

Enfin il faut remarquer que ces paroles Œil pour œil et dent pour dent n’autorisent point la vengeance particulière, mais qu’elles marquent la punition que les juges devaient faire souffrir à ceux qui outrageraient et qui blessaient leur prochain et qu’au reste, bien loin de rendre le mal pour le mal, nous devons comme Jésus-Christ le remarque au chapitre V de St. Matthieu où cette loi est rapportée, souffrir patiemment les injures, ne point nous venger et même ne nous pas prévaloir de notre droit à la rigueur, mais imiter la douceur et la patience dont notre Sauveur nous a donné l’exemple.

CHAPITRE XXII.

Il est parlé dans ce chapitre de la punition de ceux qui dérobent ou qui causent du dégât et de la restitution à laquelle ils sont tenus.

On y lit ensuite des lois touchant les choses qui ont été mises en dépôt ou prêtées, touchant l’impureté, l’idolâtrie, l’oppression, l’usure, le respect dû aux magistrats et les prémices que les Israélites devaient offrir à Dieu.

1 Si quelqu’un dérobe un bœuf ou un agneau, et qu’il le tue ou qu’il le vende, il restituera cinq bœufs pour le bœuf, quatre agneaux pour l’agneau.

2 (Si le larron est trouvé perçant, et est frappé à mort, celui qui l’aura frappé ne sera point coupable de meurtre.

3 Mais si le soleil est levé sur lui, il sera coupable de meurtre). Il fera donc une entière restitution ; et s’il n’a pas de quoi, il sera vendu pour son larcin.

4 Si ce qui est dérobé est trouvé vivant entre ses mains, soit bœuf, soit âne, soit menue bête, il rendra le double.

5 Si quelqu’un fait du dégât dans un champ ou dans une vigne, en lâchant sa bête qui paisse dans le champ d’autrui, il rendra du meilleur de son champ et du meilleur de sa vigne.

6 Si le feu sort et qu’il trouve des épines, et que le blé qui est en tas, ou celui qui est sur la plante, ou le champ, soit consumé, celui qui aura allumé le feu rendra entièrement ce qui en aura été brûlé.

7 Si quelqu’un donne à son prochain de l’argent ou des vaisseaux à garder, et qu’on les dérobe et enlève de sa maison, si l’on découvre le larron, il rendra le double.

8 Mais si le larron ne se trouve point, on fera venir le maître de la maison devant les juges, pour jurer s’il n’a point mis sa main sur le bien de son prochain.

9 Quand il sera question de quelque chose où il y ait prévarication, touchant un bœuf, ou un âne ou une menue bête ou un habit, même touchant toute autre chose perdue, dont quelqu’un dire qu’elle lui appartient, la cause des deux parties viendra devant les juges, et celui que les juges auront condamné rendra le double à son prochain.

10 Si quelqu’un donne à garder à son prochain quelque âne, quelque bœuf, quelque menue ou grosse bête, et qu’elle meure, ou qu’elle se soit cassé quelque membre ou qu’on l’ait emmenée sans que personne l’ait vu,

11 le serment de l’Éternel interviendra entre les deux parties, pour savoir s’il n’a point mis sa main sur le bien de son prochain, et le maître de la bête se contentera du serment, et l’autre ne la rendra point.

12 Mais si en effet elle lui a été dérobée, il la rendra à son maître.

13 Si en effet, elle a été déchirée par les bêtes sauvages, il lui en apportera des preuves, et ne rendra point ce qui a été déchiré.

14 Si quelqu’un emprunte de son prochain quelque bête, et qu’elle se casse quelque membre, ou qu’elle meure, son maître n’y étant point présent, il ne manquera point à la rendre.

15 Mais si son maître y est présent, il ne la rendra point ; si elle a été louée, on paiera seulement son louage.

16 Si quelqu’un suborne une vierge qui n’était point fiancée et couche avec elle, il faut qu’il la dote, la prenant pour femme.

17 Mais si le père de la fille refuse absolument de la lui donner, il lui comptera autant d’argent qu’on en donne pour la dot des vierges.

18 Tu ne laisseras point vivre la sorcière.

19 Qui aura eu la compagnie d’une bête, sera puni de mort.

20 Celui qui sacrifie à d’autres dieux qu’à l’Éternel seul, sera détruit à la façon de l’interdit.

21 Tu ne fouleras point ni n’opprimeras point l’étranger ; car vous avez été étrangers au pays d’Égypte.

22 Vous n’affligerez aucune veuve et aucun orphelin.

23 Si vous les affligez et qu’ils crient à moi, certainement j’entendrai leur cri ;

24 alors ma colère s’allumera, et je vous tuerai par l’épée, et vos femmes seront veuves et vos enfants orphelins.

25 Si tu prêtes de l’argent à mon peuple, au pauvre qui est avec toi, tu n’en useras point avec lui à la façon des usuriers ; vous ne lui imposerez point d’intérêt.

26 Si tu prends en gage le vêtement de ton prochain, tu le lui rendras avant que le soleil soit couché ;

27 Car c’est sa seule couverture, c’est son vêtement pour couvrir sa peau. Où coucherait-il ? S’il arrive donc qu’il crie à moi, je l’entendrai aussi ; car je suis miséricordieux.

28 Tu ne médiras point des juges, et tu ne maudiras point le prince de ton peuple.

29 Tu ne différeras point de m’offrir de ton abondance et de tes liqueurs ; tu me donneras le premier-né de tes fils.

30 Tu feras la même chose de ton bœuf et de ta menue bête ; il sera sept jours avec sa mère, et au huitième jour tu me le donneras.

31 Vous me serez saints, et vous ne mangerez point de la chair déchirée aux champs par les bêtes sauvages ; mais vous la jetterez aux chiens.

REFLEXIONS

Ce chapitre contient diverses instructions :

I. La première, qui est répétée plusieurs fois, est que ceux qui ont fait tort à autrui, en quelque manière que ce puisse être, soit par le larcin, soit par la tromperie, soit même simplement par imprudence, sont obligés à faire restitution et que l’on doit rendre fidèlement les choses qui ont été confiées ou prêtées.

II. Nous voyons ensuite ici que le serment peut être employé pour terminer les différents et qu’on doit l’avoir en révérence, que le péché d’impureté doit être réparé par le mariage autant qu’il est possible et que Dieu voulait qu’on fît mourir les idolâtres, de même que les empoisonneuses et les devineresses et les autres personnes qui exercent des arts illicites.

III. Dieu déclare outre cela d’une manière très forte que c’est un grand crime que d’opprimer les orphelins, les veuves et les étrangers et que de se faire payer les pauvres avec rigueur, que ce sont là des péchés qui crient devant Dieu et qui allument sa colère.

Nous apprenons encore ici qu’on doit toujours parler des magistrats avec respect.

Enfin l’obligation où étaient les Israélites d’offrir leurs prémices à Dieu montre que la piété veut que nous destinions au service divin et à des œuvres de charité quelque portion des biens que Dieu nous accorde.

CHAPITRE XXIII.

 

Les lois que Dieu prescrit ici concernent :

I. La calomnie, la droiture, l’équité et l’humanité ;

II. Les devoirs des juges ;

III. L’observation du jour du sabbat et de l’année de repos, et les trois grandes fêtes des Juifs qui étaient la pâque, la pentecôte et la fête des tabernacles ;

Dieu promet ensuite d’envoyer son ange pour introduire le peuple d’Israël dans le pays de Canaan et d’en détruire les habitants peu à peu et il défend à ce peuple d’imiter et même de tolérer en aucune manière l’idolâtrie des Cananéens.

1 Tu ne sèmeras point de faux bruit, et tu ne te joindras point avec le méchant pour être faux témoin.

2 Tu ne suivras point la multitude pour faire le mal, et lorsque tu prononceras dans un procès, tu ne te détourneras point pour suivre le plus grand nombre jusqu’à pervertir le droit.

3 Tu ne favoriseras point le pauvre en son procès.

4 Si tu rencontres le bœuf de ton ennemi ou son âne égaré, tu ne manqueras point de le lui ramener.

5 Si tu vois l’âne de celui qui te hait abattu sous son fardeau, donne-toi garde de l’abandonner ; tu ne le laisseras point-là.

6 Tu ne pervertiras point dans son procès le droit de l’indigent qui est au milieu de toi.

7 Tu t’éloigneras de toute parole fausse, et tu ne feras point mourir l’innocent et le juste ; car je ne justifierai point le méchant.

8 Tu ne prendras point de présent ; car le présent aveugle les plus éclairés et pervertit les paroles des justes.

9 Tu n’opprimeras point l’étranger ; car vous savez ce que c’est que d’être étranger, parce que vous avez été étrangers au pays d’Égypte.

10 Pendant six années tu sèmeras ta terre, et tu recueilleras son revenu ;

11 Mais en la septième année tu lui donneras du relâche et tu la laisseras reposer, afin que les pauvres de ton peuple en mangent, et que les bêtes des champs mangent ce qui restera. Tu en feras de même de ta vigne et de tes oliviers.

12 Six jours durant tu travailleras, mais au septième jour tu te reposeras, afin que ton bœuf et ton âne se reposent, et que le fils de ta servante et l’étranger reprennent leurs forces.

13 Vous prendrez garde à toutes les choses que je vous ai commandées. Vous ne ferez point mention du nom des dieux étrangers, et même on ne l’entendra point sortir de ta bouche.

14 Tu me célébreras une fête solennelle trois fois l’année.

15 Tu garderas la fête solennelle des pains sans levain (tu mangeras des pains sans levain pendant sept jours, comme je t’ai commandé, dans la saison et dans le mois que les épis mûrissent ; car en ce mois-là tu es sorti d’Égypte, et nul ne se présentera devant ma face à vide) ;

16 et la fête solennelle de la moisson, savoir des premiers fruits de ton travail, de ce que tu auras semé au champ ; et la fête solennelle de la récolte, à la fin de l’année, quand tu auras recueilli du champ les fruits de ton travail.

17 Trois fois l’année tous les mâles qui sont parmi vous se présenteront devant le Seigneur l’Éternel.

18 Tu n’offriras point avec du pain levé le sang de la victime qui m’est immolée, et on ne gardera point la graisse du sacrifice de ma fête solennelle la nuit jusqu’au matin.

19 Tu apporteras en la maison de l’Éternel ton Dieu les prémices des premiers fruits de la terre. Tu ne feras point cuire le chevreau au lait de sa mère.

20 Voici, j’envoie un ange devant toi, afin qu’il te garde dans le chemin, et qu’il t’introduise au lieu que je t’ai préparé.

21 Prends garde à sa présence, et écoute sa voix et ne l’irrite point ; car il ne pardonnera point votre péché, parce que mon nom est en lui.

22 Mais si tu écoutes attentivement sa voix et si tu fais tout ce que je te dirai, je serai l’ennemi de tes ennemis, et j’affligerai ceux qui t’affligeront ;

23 Car mon ange marchera devant toi, et il t’introduira au pays des Amorrhéens, des Héthiens, des Phérésiens, des Cananéens, des Héviens et des Jébusiens, et je les exterminerai.

24 Tu ne te prosterneras point devant leurs dieux ; tu ne les serviras point, et tu n’imiteras point leurs œuvres ; mais tu les détruiras entièrement, et tu briseras entièrement leurs statues.

25 Vous servirez l’Éternel votre Dieu, et il bénira ton pain et tes eaux ; j’ôterai les maladies du milieu de toi.

26 Il n’y aura point en ton pays de femelle qui avorte ou qui soit stérile ; j’accomplirai le nombre de tes jours.

27 J’enverrai ma frayeur devant toi, et je mettrai en déroute tout le peuple vers lequel tu arriveras, et je ferai que tous tes ennemis tourneront le dos devant toi.

28 Et j’enverrai des frelons devant toi, qui chasseront les Héviens, les Cananéens et les Héthiens de devant toi.

29 Je ne les chasserai point de devant toi dans une année, de peur que le pays ne devienne un désert, et que les bêtes des champs ne se multiplient contre toi ;

30 Mais je les chasserai peu à peu de devant toi, jusqu’à ce que tu croisses en nombre, et que tu te mettes en possession du pays.

31 Et je mettrai tes limites depuis la mer Rouge jusqu’à la mer des Philistins, et depuis le désert jusqu’au fleuve ; car je livrerai entre tes mains les habitants du pays, et je les chasserai de devant toi.

32 Tu ne traiteras point d’alliance avec eux, ni avec leurs dieux.

33 Ils n’habiteront point en ton pays, de peur qu’ils ne te fassent pécher contre moi ; car tu servirais leurs dieux, et cela te serait un piège.

REFLEXIONS

Ce chapitre nous donne les instructions suivantes :

I. De fuir la calomnie et les rapports ;

II. Que les juges doivent rendre la justice avec intégrité, sans avoir égard aux personnes et surtout qu’ils ne doivent prendre aucun présent ;

III. Que Dieu voulait que les Israélites célébrassent le jour du sabbat et outre cela qu’ils laissassent reposer la terre la septième année, son dessein était de leur apprendre par là à se reposer sur la providence et à être charitables envers les pauvres, ce qui est un devoir pour nous aussi bien que pour les Israélites ;

IV. Comme les trois fêtes solennelles des Israélites étaient destinées à conserver parmi eux le souvenir des grâces que Dieu avaient faites à leur nation, il est juste que les chrétiens s’acquittent aussi des devoirs de la reconnaissance, surtout en vue de ce que Jésus-Christ a fait pour eux.

La loi qui défend de bouillir un chevreau dans le lait de sa mère était établie contre une coutume idolâtre et superstitieuse des nations voisines du peuple d’Israël, lesquels pratiquaient cette cérémonie dans le temps qu’ils faisaient la récolte des fruits et c’est la raison pourquoi cette défense est jointe à la loi qui concerne les prémices.

La promesse que Dieu faisait aux Israélites d’envoyer son ange pour les introduire dans le pays de Canaan et l’ordre qu’il leur adressait d’écouter la voix de cet ange et de ne pas l’irriter doivent nous servir d’avertissement afin qu’il ne nous arrive pas d’irriter par notre désobéissance le Seigneur qui est présent au milieu de nous, mais que nous le révérions et que nous obéissons à sa voix.

On voit enfin ici la bonté et la sagesse de Dieu, qui voulant introduire le peuple d’Israël dans le pays de Canaan, envoya la terreur sur les Cananéens et ne les détruisit cependant pas tout d’un coup, de peur que le pays étant dépeuplé, les bêtes sauvages ne s’y multipliassent. C’était là une preuve bien sensible du soin que Dieu avait des Israélites et un puissant motif pour ce peuple à fuir l’idolâtrie et à s’attacher inviolablement au service de Dieu.

CHAPITRE XXIV.

Moïse traite alliance avec le peuple d’Israël et l’engage solennellement à observer les lois de Dieu. Il monte ensuite sur le mont de Sinaï où il fut quarante jours et quarante nuits sans manger ni boire, comme cela est dit au chapitre XXXIV de ce livre. Pendant ce temps-là Dieu lui donne le modèle du tabernacle qu’on doit dresser et de toutes ses parties.

1 Dieu dit aussi à Moïse : Monte vers l’Éternel, toi et Aaron, Nadab et Abihu, et soixante et dix des anciens d’Israël, et vous vous prosternerez de loin.

2 Et Moïse s’approchera seul de l’Éternel ; mais eux ne s’en approcheront point, et le peuple ne montera point avec lui.

3 Alors Moïse vint, et récita au peuple toutes les paroles de l’Éternel et toutes ses lois. Et tout le peuple répondit d’un commun accord, et dit : Nous ferons toutes les choses que l’Éternel a dites.

4 Or, Moïse écrivit toutes les paroles de l’Éternel ; et s’étant levé de bon matin, il bâtit un autel sous la montagne, et il dressa douze pierres pour monument pour les douze tribus d’Israël.

5 Et il envoya les jeunes gens des enfants d’Israël, qui offrirent des holocaustes et qui présentèrent des sacrifices de prospérité à l’Éternel, savoir des veaux.

6 Et Moïse prit la moitié du sang et le mit dans des bassins, et il répandit l’autre moitié sur l’autel.

7 Ensuite il prit le livre de l’alliance, et il le lut, le peuple l’écoutant, qui dit : Nous ferons tout ce que l’Éternel a dit, et nous obéirons.

8 Moïse donc prit le sang, et le répandit sur le peuple, et il dit : Voici le sang de l’alliance que l’Éternel a traitée avec vous, selon toutes ces paroles-là.

9 Et Moïse, Aaron, Nadab, Abihu, et les soixante et dix des anciens d’Israël montèrent ;

10 et ils virent le Dieu d’Israël, et sous ses pieds il y avait comme un ouvrage de carreaux de saphir, qui ressemblait au ciel lorsqu’il est serein.

11 Et il ne mit point sa main sur ceux qui avaient été choisis d’entre les enfants d’Israël ; ainsi ils virent Dieu, et ils mangèrent et burent.

12 Et l’Éternel dit à Moïse : Monte vers moi sur la montagne, et demeure là, et je te donnerai des tables de pierre, et la loi et les commandements que j’ai écrits pour les enseigner.

13 Alors Moïse se leva, et Josué qui le servait ; et Moïse monta sur la montagne de Dieu.

14 Et il dit aux anciens d’Israël : Demeurez ici en nous attendant, jusqu’à ce que nous retournions vers vous ; et voici, Aaron et Hur sont avec vous ; Quiconque aura quelque affaire, qu’il s’adresse à eux.

15 Moïse donc monta sur la montagne, et une nuée couvrit la montagne.

16 Et la gloire de l’Éternel demeura sur la montagne de Sinaï, et la nuée la couvrit pendant six jours, et au septième jour il appela Moïse du milieu de la nuée.

17 Et ce qu’on voyait de la gloire de l’Éternel, au sommet de la montagne, était comme un feu consumant, aux yeux des enfants d’Israël.

18 Et Moïse entra dans la nuée et monta sur la montagne ; et il fut sur la montagne quarante jours et quarante nuits.

REFLEXIONS

Les promesses que Moïse fit faire aux enfants d’Israël de garder la loi de Dieu et la cérémonie solennelle par laquelle ces promesses et l’alliance entre Dieu et eux furent confirmées nous obligent à considérer que, puisque Dieu nous a choisi pour être son peuple et qu’il nous a fait connaitre sa volonté, nous sommes indispensablement obligés d’observer ses lois comme nous nous y sommes aussi solennellement engagés. C’est ce que St. Paul nous apprend dans l’épître aux Hébreux, où il dit : Que Moïse, après avoir prononcé à tout le peuple tous les commandements de la loi, prit le sang des victimes et en fit aspersion sur le peuple disant : C’est ici le sang de l’alliance que Dieu a traitée avec vous, mais que Jésus-Christ a confirmé la nouvelle alliance, non par le sang des veaux et des boucs, mais par son propre sang, s’étant offert soi-même à Dieu sans tache afin de purifier nos consciences des œuvres mortes pour servir le Dieu vivant.

Par où nous devons reconnaitre que l’alliance que nous avons avec Dieu est encore plus sainte que celle qu’il avait traitée avec les Israélites par le moyen de Moïse et que ceux qui la violeront doivent s’attendre à une punition très sévère.

Le séjour que Moïse fit sur la montagne de Sinaï durant quarante jours, son jeûne miraculeux pendant ce temps-là et les marques que Dieu donna de sa présence par la nuée qui couvrit cette montagne aux yeux des anciens et du peuple, prouvent que la vocation de Moïse et ses lois venaient de Dieu. Nous avons dans ce jeûne de Moïse une image de celui de Jésus-Christ notre Seigneur qui jeûna aussi quarante jours dans le désert avant que de commencer les fonctions de son ministère.

CHAPITRE XXV.

Dieu commande à Moïse d’exhorter le peuple à contribuer pour la construction du tabernacle, et il donne le modèle de l’arche et du propitiatoire qui la couvrait, de la table sur laquelle il devait y avoir continuellement des pains, qu’on appelait les pains de proposition, et du chandelier.

1 Et l’Éternel parla à Moïse, disant :

2 Parle aux enfants d’Israël, et qu’on prenne une offrande pour moi ; vous recevrez mon offrande de tout homme dont le cœur me l’offrira volontairement.

3 Et c’est ici l’offrande que vous recevrez d’eux ; de l’or, de l’argent, de l’airain,

4 de l’hyacinthe, de l’écarlate, du cramoisi, du fin lin, des poils de chèvres,

5 des peaux de moutons teintes en rouge, et des peaux de couleur d’hyacinthe, et du bois de Sittim,

6 de l’huile pour le luminaire, des odeurs aromatiques pour l’huile de l’onction, et des drogues pour le parfum,

7 Des pierres d’onyx, et des pierres de remplage, pour l’éphod et pour le pectoral.

8 Et ils me feront un sanctuaire, et j’habiterai au milieu d’eux ;

9 selon tout ce que je te vais montrer, selon le modèle du pavillon, et selon le modèle de tous ses ustensiles, vous le ferez ainsi.

10 Ils feront donc une arche de bois de Sittim ; sa longueur sera de deux coudées et demie, sa largeur d’une coudée et demie, et sa hauteur d’une coudée et demie.

11 Tu la couvriras d’or très pur ; tu la couvriras par dehors et par dedans, et tu feras sur elle un couronnement d’or tout autour.

12 Et tu fondras quatre anneaux d’or que tu mettras à ses quatre coins ; savoir, deux anneaux à l’un de ses côtés, et deux autres à l’autre côté.

13 Tu feras aussi des barres de bois de Sittim, et tu les couvriras d’or.

14 Ensuite tu feras entrer les barres dans les anneaux aux côtés de l’arche, pour porter l’arche avec elles.

15 Les barres seront dans les anneaux de l’arche, et on ne les en tirera point.

16 Et tu mettras dans l’arche le témoignage que je te donnerai.

17 Tu feras aussi le propitiatoire d’or pur, dont la longueur sera de deux coudées et demie, et la largeur d’une coudée et demie.

18 Et tu feras deux chérubins d’or ; tu les feras d’ouvrage fait au marteau, aux deux bouts du propitiatoire.

19 Fais donc un chérubin au bout de deçà, et l’autre chérubin au bout de delà ; vous ferez les chérubins tirés du propitiatoire, sur ses deux bouts ;

20 et les chérubins étendront les ailes en haut, couvrant de leurs ailes le propitiatoire, et leurs faces seront vis-à-vis l’une de l’autre, et le regard des chérubins sera vers le propitiatoire.

21 Et tu poseras le propitiatoire en haut sur l’arche, et tu mettras dans l’arche le témoignage que je te donnerai.

22 Et je me trouverai là avec toi, et je te dirai de dessus le propitiatoire, d’entre les deux chérubins qui seront sur l’arche du témoignage, toutes les choses que je te commanderai pour les enfants d’Israël.

23 Tu feras aussi une table de bois de Sittim ; sa longueur sera de deux coudées, sa largeur d’une coudée, et sa hauteur d’une coudée et demie.

24 Tu la couvriras d’or pur, et tu lui feras un couronnement d’or à l’entour.

25 Tu lui feras aussi à l’entour une clôture de quatre doigts ; et, à l’entour de sa clôture tu feras un couronnement d’or.

26 Tu lui feras aussi quatre anneaux d’or, que tu mettras aux quatre coins qui seront à ses quatre pieds.

27 Les anneaux seront à l’endroit de la clôture, pour y mettre les barres, afin de porter la table avec elles.

28 Tu feras les barres de bois de Sittim, et tu les couvriras d’or, afin qu’on porte la table avec elles.

29 Tu feras aussi ses plats, ses tasses, ses gobelets, et ses bassins, avec lesquels on fera les aspersions ; tu les feras d’or pur.

30 Et tu mettras sur cette table le pain qui sera exposé continuellement devant moi.

31 Tu feras aussi un chandelier d’or pur ; le chandelier sera façonné au marteau ; sa tige et ses branches, ses plats, ses pommeaux et ses fleurs sortiront de lui.

32 Il sortira six branches de ses côtés, trois branches d’un côté du chandelier, et trois autres de l’autre côté du chandelier.

33 Il y aura à une des branches trois plats en forme d’amande, un pommeau et une fleur ; à l’autre branche il y aura trois plats en forme d’amande, un pommeau et une fleur. Il en sera ainsi des six branches naissantes du chandelier.

34 Il y aura aussi au chandelier quatre plats en forme d’amande, ses pommeaux et ses fleurs ;

35 un pommeau sous deux branches tirées du chandelier, un autre pommeau sous deux autres branches tirées du chandelier, et un autre pommeau sous deux autres branches tirées du chandelier. Il en sera ainsi des six branches naissantes du chandelier.

36 Leurs pommeaux et leurs branches sortiront de lui, et tout le chandelier sera une seule pièce faite au marteau, et de pur or.

37 Fais aussi ses sept lampes, et on les allumera au-dessus, afin qu’elles éclairent, vis-à-vis du chandelier.

38 Et ses mouchettes et ses petits plats, destinés à recevoir ce qui tombe des lampes, seront d’or pur.

39 On le fera avec toutes ses parties d’un talent d’or pur.

40 Regarde donc, et fais selon le modèle qui t’a été montré sur la montagne.

REFLEXIONS

Il faut remarquer en général sur ce chapitre et sur les suivants : 

I. Que Dieu prescrivit aux Israélites une forme de culte de laquelle il ne leur était pas permis de s’écarter et qu’il en régla tellement toutes les circonstances qu’on ne pouvait y faire aucune innovation. Cela était nécessaire pour attacher ce peuple au service du vrai Dieu et pour l’éloigner d’un culte faux et idolâtre auquel il se serait laissé aller s’il eut eu la liberté de faire le service comme il l’aurait trouvé à propos.

II. La forme du culte que Dieu établit avait un extérieur qui frappait et était accompagné de pompe et de diverses cérémonies. En cela Dieu s’accommodait aux idées et aux sentiments des enfants d’Israël, qui était un peuple grossier, que son penchant aurait entraîné à servir la divinité à la manière des autres nations et qui ne se serait pas soumis à un culte célébré avec simplicité.

III. Dieu voulut qu’il y eût un tabernacle, c’était une tente où le service divin se célébrait, où le peuple s’assemblait pour les actes de la religion et où Dieu donnait des marques de sa présence. Il prescrivit un modèle exact de l’arche, de la table, du chandelier et de tout ce qu’il y avait dans le tabernacle et aux environs.

IV. Enfin, nous devons considérer que ces choses étaient établies pour les temps d’alors et qu’elles servaient de figure et d’image des choses célestes. C’est la réflexion que St. Paul fait dans l’Épître aux Hébreux, sur les dernières paroles de ce chapitre : Prends garde et fais selon le modèle qui t’a été montré sur la montagne.

CHAPITRE XXVI.

I. On voit dans ce chapitre le patron des courtines, des tapisseries et de la couverture du tabernacle,

II. Des planches, des soubassements et des barres qui servaient à porter le tabernacle,

III. Du voile qui séparait le lieu saint où était l’autel des parfums, la table et le chandelier d’avec le lieu très saint où l’arche était posée,

IV. De la tapisserie qui était à l’entrée du tabernacle.

1 Tu feras aussi le pavillon de dix pièces de fin lin retors, d’hyacinthe, d’écarlate et de cramoisi ; et tu les feras semées de chérubins d’un ouvrage exquis.

2 La longueur d’une pièce sera de vingt-huit coudées, et la largeur de la même pièce de quatre coudées ; toutes les pièces auront une même mesure.

3 Cinq de ces pièces seront jointes l’une à l’autre, et les cinq autres seront aussi jointes l’une à l’autre.

4 Fais aussi des lacets d’hyacinthe sur le bord d’une pièce, au bord du premier assemblage ; et tu feras ainsi au bord de la dernière pièce dans l’autre assemblage.

5 Tu feras donc cinquante lacets à chaque pièce, et tu feras cinquante lacets au bout de la pièce qui est dans le second assemblage. Les lacets seront à l’opposite l’un de l’autre.

6 Tu feras aussi cinquante crochets d’or, et tu attacheras les pièces l’une à l’autre avec les crochets ; ainsi il n’y aura qu’un seul pavillon.

7 Tu feras aussi des pièces de poils de chèvres, pour servir de tabernacle par-dessus le pavillon. Tu feras onze de ces pièces.

8 La longueur d’une pièce sera de trente coudées, et sa largeur de quatre coudées ; les onze pièces auront une même mesure.

9 Et tu joindras cinq de ces pièces à part, et les six autres pièces à part ; mais tu redoubleras la sixième pièce sur le devant du tabernacle.

10 Tu feras aussi cinquante lacets sur le bord de l’une des pièces, savoir à la dernière qui est attachée, et cinquante lacets sur le bord de l’autre pièce qui est attachée.

11 Tu feras aussi cinquante crochets d’airain, et tu feras entrer les crochets dans les lacets, et tu assembleras ainsi le tabernacle, tellement qu’il n’y en aura qu’un.

12 Mais le surplus qui flottera des pièces du tabernacle, savoir la moitié d’une pièce qui sera de reste, flottera sur le derrière du pavillon.

13 Et une coudée d’un côté, et une coudée de l’autre, de ce qui sera de surplus dans la longueur des pièces du tabernacle, flottera aux côtés du pavillon, çà et là, pour le couvrir.

14 Tu feras encore pour ce tabernacle une couverture de peaux de bélier teintes en rouge, et une couverture de peaux de couleur d’hyacinthe par-dessus.

15 Et tu feras pour le pavillon des ais de bois de Sittim, qu’on fera tenir debout.

16 La longueur d’un ais sera de dix coudées, et la largeur du même ais d’une coudée et demie.

17 Il y aura deux tenons dans chaque ais, en façon d’échelon l’un après l’autre ; et tu feras de même de tous les ais du pavillon.

18 Tu feras donc les ais du pavillon, savoir, vingt ais au côté qui regarde vers le Midi.

19 Et au-dessous des vingt ais, tu feras quarante soubassements d’argent ; deux soubassements sous un ais, pour ses deux tenons, et deux soubassements sous l’autre ais, pour ses deux tenons.

20 Et vingt ais à l’autre côté du pavillon, du côté du Septentrion.

21 Et leurs quarante soubassements seront d’argent ; deux soubassements sous un ais, et deux soubassements sous l’autre ais.

22 Tu feras six ais pour le fond du pavillon vers l’Occident.

23 Tu feras aussi deux ais pour les encoignures du pavillon, aux deux côtés du fond.

24 Et ils seront joints par le bas, et ils seront joints et unis par le haut avec un anneau ; il en sera ainsi de ces deux ais qui seront aux deux encoignures.

25 Il y aura donc huit ais et seize soubassements d’argent ; deux soubassements sous un ais, et deux soubassements sous l’autre ais.

26 Ensuite tu feras cinq barres de bois de Sittim, pour les ais d’un des côtés du pavillon.

27 Tu feras aussi cinq barres, pour les ais de l’autre côté du pavillon ; et cinq autres barres pour les ais du côté du pavillon, pour le fond, vers le côté de l’Occident.

28 Et la barre du milieu, qui sera au milieu des ais, passera depuis un bout jusqu’à l’autre.

29 Tu couvriras aussi d’or les ais, et tu feras leurs anneaux d’or, pour mettre les barres ; et tu couvriras d’or les barres.

30 Tu dresseras donc le tabernacle selon la forme qui t’en a été montrée sur la montagne.

31 Et tu feras un voile d’hyacinthe, d’écarlate, de cramoisi et de fin lin retors ; on le fera d’ouvrage exquis, semé de chérubins.

32 Et tu le mettras sur quatre colonnes de bois de Sittim couvertes d’or, ayant leurs crochets d’or, et ils seront sur quatre soubassements d’argent.

33 Et tu mettras le voile sous les crochets ; et tu feras entrer là-dedans, savoir au dedans du voile, l’arche du témoignage ; et ce voile séparera le lieu saint d’avec le lieu très saint.

34 Et tu poseras le propitiatoire sur l’arche du témoignage au lieu très saint.

35 Tu mettras aussi la table au dehors de ce voile, et le chandelier vis-à-vis de la table, au côté du pavillon vers le Midi ; et tu placeras la table du côté du Septentrion.

36 Et à l’entrée du tabernacle tu feras une tapisserie d’hyacinthe, d’écarlate, de cramoisi et de fin lin retors, d’ouvrage de broderie.

37 Tu feras aussi pour cette tapisserie cinq colonnes de bois de Sittim, que tu couvriras d’or, et leurs crochets seront d’or, et tu fondras leurs cinq soubassements d’airain.

REFLEXIONS

Il a été dit au chapitre précédent pourquoi Dieu voulut fixer par des lois expresses la forme du tabernacle et de toutes ses parties et pourquoi il le fit construire avec les divers ornements et la magnificence qu’on y remarquait. Ce qu’il y a à observer dans ce chapitre, c’est :

I. Que comme le tabernacle devait être souvent transporté d’un lieu à un autre, surtout pendant le séjour des Israélites dans le désert, il était fait d’une manière qu’on pouvait le démonter et le rassembler,

II. Que le service qui se célébrait dans le tabernacle et qui fut continué dans le temple de Jérusalem ne devait durer que jusqu’à la venue de Jésus-Christ. Ce fut ce qui parut lorsque le voile qui fermait l’entrée du lieu très saint se déchira dans le temps de la mort de notre Seigneur, ce qui marquait comme St. Paul le dit, que le chemin des lieux saints n’était pas manifesté, pendant que l’ancien tabernacle subsistait, que le culte légal allait prendre fin et que l’entrée dans le sanctuaire céleste serait désormais ouverte aux hommes par Jésus-Christ.

CHAPITRE XXVII.

Ce chapitre contient les lois touchant l’autel des holocaustes, le parvis et les lampes qui devaient être allumées pendant la nuit dans le tabernacle.

1 Tu feras aussi un autel de bois de Sittim, qui aura cinq coudées de long, et cinq coudées de large ; l’autel sera carré, et sa hauteur sera de trois coudées.

2 Tu lui feras des cornes à ses quatre coins ; ses cornes sortiront de lui, et tu le couvriras d’airain.

3 Tu feras ses chaudrons pour recevoir ses cendres, et ses racloirs et ses bassins et ses fourchettes et ses encensoirs ; tu feras tous ses ustensiles d’airain.

4 Tu lui feras une grille d’airain, en forme de treillis, et tu feras au treillis quatre anneaux d’airain à ses quatre coins.

5 Et tu le mettras au-dessous de l’enceinte, de l’autel en bas, et le treillis s’étendra jusqu’au milieu de l’autel.

6 Tu feras aussi des barres pour l’autel, des barres de bois de Sittim, et tu les couvriras d’airain.

7 Et on fera passer ces barres dans les anneaux ; les barres seront aux deux côtés de l’autel pour le porter.

8 Tu le feras d’ais, et il sera creux ; ils le feront comme il t’a été montré sur la montagne.

9 Tu feras aussi le parvis du pavillon, au côté qui regarde vers le Midi ; les courtines du parvis seront de fin lin retors ; la longueur de l’un des côtés sera de cent coudées.

10 Il y aura vingt colonnes avec leurs vingt soubassements d’airain ; mais les crochets des colonnes et leurs filets seront d’argent.

11 Ainsi, au côté du Septentrion, il y aura en longueur cent coudées de courtines, et ses vingt colonnes avec leurs vingt soubassements d’airain ; mais les crochets des colonnes avec leurs filets seront d’argent.

12 La largeur du parvis, du côté de l’Occident, sera de cinquante coudées de courtines, qui auront dix colonnes, avec leurs dix soubassements.

13 Et la largeur du parvis, du côté de devant, vers l’Orient, aura cinquante coudées.

14 A l’un des côtés, il y aura quinze coudées de courtines, avec leurs trois colonnes et leurs trois soubassements.

15 Et à l’autre côté, quinze coudées de courtines, avec leurs trois colonnes et leurs trois soubassements.

16 Il y aura aussi une tapisserie pour la porte du parvis, de vingt coudées, faite d’hyacinthe, d’écarlate, de cramoisi et de fin lin retors, ouvrage de broderie, à quatre colonnes et quatre soubassements.

17 Toutes les colonnes du parvis seront ceintes à l’entour d’un filet d’argent ; et leurs crochets seront d’argent ; mais leurs soubassements seront d’airain.

18 La longueur du parvis sera de cent coudées ; la largeur sera de cinquante, de chaque côté, et la hauteur de cinq coudées ; il sera de fin lin retors, et les soubassements des colonnes seront d’airain.

19 Que tous les ustensiles du pavillon, pour tout son service, et tous ses pieux, avec les pieux du parvis, soient d’airain.

20 Tu commanderas aussi aux enfants d’Israël qu’ils t’apportent de l’huile d’olive vierge, pour le luminaire, afin de faire luire les lampes continuellement.

21 Aaron avec ses fils les arrangera, en la présence de l’Éternel, depuis le soir jusqu’au matin, dans le tabernacle d’assignation, en hors du voile qui est devant le témoignage. Ce sera une ordonnance perpétuelle, qui sera gardée par les enfants d’Israël dans leurs générations.

REFLEXIONS

L’autel des holocaustes était posé devant l’entrée du tabernacle et c’était sur cet autel qu’on offrait les holocaustes, c’est-à-dire les victimes qui étaient consumées par le feu.

Le parvis qui était au-devant du tabernacle était une grande cour où les sacrificateurs et les lévites officiaient et où le peuple s’assemblait pour le service divin.

La loi qui concerne les lampes qui devaient brûler pendant la nuit dans le tabernacle avait été établie parce que Dieu voulait que ce saint lieu fût éclairé durant les ténèbres, de peur qu’il n’y arrivât aucun inconvénient et afin que les ministres y assistassent et le louassent continuellement.

CHAPITRE XXVIII.

Dieu choisit Aaron et ses fils pour exercer le sacerdoce et il prescrit la manière dont Aaron serait revêtu lorsqu’il célèbrerait le service. Il règle aussi les vêtements des autres sacrificateurs.

1 Fais aussi approcher de toi Aaron ton frère, avec ses fils d’entre les enfants d’Israël, pour m’exercer la sacrificature, savoir, Aaron et Nadab, Abihu, Eléazar et Ithamar, fils d’Aaron.

2 Et tu feras à Aaron ton frère des vêtements sacrés, pour sa gloire et pour son ornement.

3 Et tu parleras à toutes les personnes intelligentes, à tous ceux que j’ai remplis de l’esprit de science, afin qu’ils fassent des vêtements à Aaron pour le consacrer, et qu’Aaron m’exerce la sacrificature.

4 Et ce sont ici les vêtements qu’ils feront : le pectoral, l’éphod, le rochet, la tunique brodée, la tiare et la ceinture. Ils feront donc les vêtements sacrés à Aaron ton frère et à ses fils, pour m’exercer la sacrificature.

5 Et ils prendront de l’or, de l’hyacinthe, de l’écarlate, du cramoisi et du fin lin.

6 Et ils feront l’éphod d’or, d’hyacinthe, d’écarlate, de cramoisi et de fin lin retors, d’ouvrage exquis.

7 Il aura deux épaulettes, qui se joindront par les deux bouts, et il sera ainsi joint.

8 La ceinture brodée dont il sera ceint et qui sera par-dessus, sera du même ouvrage et de la même pièce d’or, d’hyacinthe, d’écarlate et de fin lin retors.

9 Et tu prendras deux pierres d’onyx, et tu graveras sur elles les noms des enfants d’Israël.

10 Il y aura six de leurs noms sur une pierre, et les six autres noms seront sur l’autre pierre, selon l’ordre de leur naissance.

11 Tu graveras sur les deux pierres, d’ouvrage de lapidaire, de gravure, de cachet, les noms des enfants d’Israël, et tu les enchâsseras dans de l’or.

12 Et tu mettras les deux pierres sur les épaulettes de l’éphod, afin qu’elles soient des pierres de mémorial pour les enfants d’Israël ; car Aaron portera leurs noms sur les deux épaules, devant l’Éternel, pour servir de mémorial.

13 Tu feras aussi des agrafes d’or,

14 et deux chaînettes de fin or à bouts, en façon de cordon, et tu mettras les chaînettes ainsi faites à cordon dans les agrafes.

15 Tu feras aussi le pectoral du jugement, d’ouvrage de broderie, comme l’ouvrage de l’éphod, d’or, d’hyacinthe, d’écarlate, de cramoisi et de fin lin retors.

16 Il sera carré et double ; sa longueur sera d’une paume, et sa largeur d’une paume.

17 Et tu feras son remplage de pierreries à quatre rangs de pierres. Au premier rang on mettra une sardoine, une topaze, une émeraude ;

18 au second rang, une escarboucle, un saphir et un jaspe ;

19 au troisième rang, un ligure, une agate et une améthyste ;

20 et au quatrième rang, une chrysolithe, un onyx et un béryl, qui seront enchâssés dans de l’or, selon leur remplage.

21 Et il y aura de ces pierres, selon les noms des enfants d’Israël, douze selon leurs noms ; on gravera sur chacune d’elles, de gravure de cachet, un nom, et elles seront pour les douze tribus.

22 Tu feras donc pour le pectoral des chaînettes à bouts, en façon de cordon, qui seront d’or pur.

23 Et tu feras sur le pectoral deux anneaux d’or ; et tu mettras les deux anneaux aux deux extrémités du pectoral.

24 Et tu mettras les deux chaînettes d’or, faites à cordon, dans les deux anneaux à l’extrémité du pectoral.

25 Et tu mettras les deux autres bouts des deux chaînettes, faites à cordon, aux deux agrafes, et tu les mettras sur les épaulettes de l’éphod sur le devant.

26 Tu feras aussi deux autres anneaux d’or, que tu mettras aux deux autres extrémités du pectoral, sur le bord qui sera du côté de l’éphod en dedans.

27 Et tu feras deux autres anneaux d’or, que tu mettras aux deux épaulettes de l’éphod par le bas, répondant sur le devant à l’endroit où il se joint, au-dessus de la ceinture brodée de l’éphod.

28 Et ils joindront le pectoral élevé par ses anneaux aux anneaux de l’éphod, avec un cordon de pourpre, afin qu’il demeure au-dessus de la ceinture brodée de l’éphod, et que le pectoral ne branle pas de dessus l’éphod.

29 Ainsi Aaron portera sur son cœur les noms des enfants d’Israël au pectoral du jugement, quand il entrera dans le lieu saint, afin qu’il serve continuellement de mémorial devant l’Éternel.

30 Et tu mettras sur le pectoral de jugement l’Urim et le Tummim, qui seront sur le cœur d’Aaron, lorsqu’il viendra devant l’Éternel ; et Aaron portera continuellement le jugement des enfants d’Israël sur son cœur, devant l’Éternel.

31 Tu feras aussi le rochet de l’éphod entièrement de pourpre.

32 Et l’ouverture où passe la tête sera au milieu, et il y aura un ourlet à son ouverture tout autour, d’ouvrage tissu, comme l’ouverture d’un corselet, afin qu’il ne se déchire pas.

33 Et tu feras à ses bords des grenades de pourpre, d’hyacinthe, d’écarlate et de cramoisi, tout autour, et des clochettes d’or entremêlées tout autour.

34 En sorte qu’il y aura une clochette d’or et une grenade, une clochette d’or et une grenade, aux bords du rochet tout autour.

35 Et Aaron en sera revêtu quand il fera le service, et on en entendra le son lorsqu’il entrera dans le lieu saint devant l’Éternel, et quand il en sortira, afin qu’il ne meure pas.

36 Et tu feras une lampe d’or pur, sur laquelle tu graveras, de gravure de cachet : LA SAINTETÉ A L’ÉTERNEL.

37 Tu la mettras, avec un cordon d’hyacinthe, sur la tiare, sur le devant de la tiare ;

38 et elle sera sur le front d’Aaron ; et Aaron portera les péchés que les enfants d’Israël auront commis dans leurs saintes oblations qu’ils auront offertes, et dans tous les dons de leurs saintes offrandes ; et la lame sera continuellement sur son front, pour les rendre agréables devant l’Éternel.

39 Tu feras aussi une chemise brochée de fin lin, et tu feras aussi la tiare de fin lin ; mais tu feras la ceinture d’ouvrage de broderie.

40 Tu feras aussi aux enfants d’Aaron des chemises, des ceintures et des calottes pour parure et pour ornement.

41 Et tu en revêtiras Aaron ton frère, et ses fils avec lui ; tu les oindras, tu les consacreras et tu les sanctifieras, afin qu’ils m’exercent la sacrificature.

42 Et tu leur feras des caleçons de lin, pour couvrir leur nudité, qui tiendront depuis les reins jusqu’au bas des cuisses.

43 Et Aaron et ses fils seront ainsi habillés, lorsqu’ils entreront dans le tabernacle d’assignation, ou quand ils approcheront de l’autel, pour faire le service dans le lieu saint ; et ils ne seront point coupables d’aucune iniquité, et ils ne mourront point. Ce sera une ordonnance perpétuelle pour lui et pour sa postérité après lui.

REFLEXIONS

Les lois qui concernaient les vêtements sacrés avaient pour but d’inspirer au peuple d’Israël du respect pour le service divin et de rendre vénérables les ministres de la religion. Dieu voulait aussi obliger par-là les sacrificateurs eux-mêmes à respecter le caractère dont ils étaient revêtus. C’est à quoi les engageaient surtout ces paroles qui étaient gravées sur une lame d’or attachée à la tiare du grand pontife, LA SAINTETÉ À L’ÉTERNEL.

Dieu veut que la religion soit regardée avec respect, qu’on ait en révérence ceux qui en sont les ministres et ils doivent se rendre recommandables devant Dieu et devant les hommes par la gravité et par la sainteté de leurs mœurs aussi bien que par la fidélité de leurs fonctions.

C’est ce qui est particulièrement imposé aux ministres de la nouvelle alliance dont la charge est encore plus sainte que celle des sacrificateurs de l’ancienne loi.

CHAPITRE XXIX.

Dieu prescrit la manière dont Aaron et les autres sacrificateurs devaient être établis dans leurs charges er il leur assigne une portion dans les sacrifices. Il ordonne le sacrifice continuel qui devait être offert tous les matins et tous les soirs, et il promet d’habiter au milieu des Israélites.

1 C’est ici ce que tu leur feras quand tu les consacreras pour m’exercer la sacrificature. Prends un veau du troupeau et deux béliers sans défaut,

2 et des pains sans levain, et des gâteaux sans levain pétris à l’huile, et des beignets sans levain, oints d’huile ; tu les feras de fine farine de froment ;

3 tu les mettras dans une corbeille, et tu les présenteras dans la corbeille ; tu présenteras aussi le veau et les deux béliers.

4 Alors tu feras approcher Aaron et ses fils à l’entrée du tabernacle d’assignation, et tu les laveras d’eau.

5 Ensuite tu prendras les vêtements, et tu revêtiras Aaron de la chemise et du rochet de l’éphod, de l’éphod et du pectoral, et tu le ceindras par-dessus avec la ceinture brodée de l’éphod.

6 Et tu mettras sur sa tête la tiare et la couronne de sainteté sur la tiare.

7 Et tu prendras l’huile de l’onction, et tu la répandras sur sa tête ; tu l’oindras de cette sorte.

8 Puis tu feras approcher ses fils, et tu les revêtiras des chemises.

9 Et tu ceindras de ceintures Aaron et ses fils, et tu leur attacheras des mitres ; et la sacrificature sera entre leurs mains par ordonnance perpétuelle. C’est ainsi que tu consacreras Aaron et ses fils.

10 Et tu feras approcher le veau devant le tabernacle d’assignation, et Aaron et ses fils mettront leurs mains sur la tête de ce veau.

11 Et tu égorgeras le veau devant l’Éternel, à l’entrée du tabernacle d’assignation.

12 Ensuite tu prendras du sang du veau, et tu le mettras avec ton doigt sur les cornes de l’autel ; après quoi tu répandras tout le reste du sang au pied de l’autel.

13 Tu prendras aussi toute la graisse qui couvre les entrailles, la taie qui est sur le foie, les deux rognons et la graisse qui est dessus, et tu les feras fumer sur l’autel.

14 Mais tu brûleras au feu la chair du veau, sa peau et sa fiente, hors du camp ; c’est un sacrifice pour le péché.

15 Tu prendras aussi l’un des béliers, et Aaron et ses fils mettront leurs mains sur la tête du bélier.

16 Ensuite tu égorgeras le bélier ; et, prenant son sang, tu le répandras sur l’autel tout autour.

17 Après, tu couperas le bélier par morceaux, et ayant lavé ses entrailles et ses jambes, tu les mettras sur les parties que tu auras ainsi coupées et sur sa tête ;

18 et tu feras fumer tout le bélier sur l’autel ; c’est un holocauste à l’Éternel ; c’est une agréable odeur ; c’est une offrande faite par le feu à l’Éternel.

19 Après, tu prendras l’autre bélier, et Aaron et ses fils mettront leurs mains sur sa tête ;

20 et tu égorgeras le bélier ; et, prenant de son sang, tu le mettras sur le mol de l’oreille droite d’Aaron, sur le mol de l’oreille droite de ses fils, sur le pouce de leur main droite et sur le gros doigt de leur pied droit, et tu répandras le reste du sang sur l’autel tout autour.

21 Et tu prendras du sang qui sera sur l’autel, et de l’huile de l’onction, et tu en feras aspersion sur Aaron et sur ses vêtements, sur ses fils et sur les vêtements de ses fils avec lui. Ainsi, et lui et ses vêtements, et ses fils et les vêtements de ses fils seront consacrés avec lui.

22 Tu prendras aussi la graisse du bélier, sa queue, la graisse qui couvre les entrailles, la taie du foie, les deux rognons, la graisse qui est dessus, et l’épaule droite ; car c’est le bélier des consécrations.

23 Tu, prendras aussi une miche de pain, un gâteau de pain à l’huile, et un beignet de la corbeille où seront ces choses sans levain, et qui sera devant l’Éternel ;

24 et tu mettras toutes ces choses sur les paumes des mains d’Aaron, et sur les paumes des mains de ses fils, et tu les tournoieras en offrande tournoyée devant l’Éternel.

25 Et les recevant de leurs mains, tu les feras fumer sur l’autel, sur l’holocauste, pour être en bonne odeur devant l’Éternel ; c’est un sacrifice fait par feu à l’Éternel.

26 Tu prendras aussi la poitrine du bélier des consécrations, qui est pour Aaron, et tu la tournoieras en offrande tournoyée devant l’Éternel, et elle sera pour ta part.

27 Tu sanctifieras donc la poitrine de l’offrande tournoyée, et l’épaule de l’offrande élevée, tant ce qui aura été tournoyé, que ce qui aura été élevé du bélier des consécrations, de ce qui est pour Aaron, et de ce qui est pour ses fils.

28 Et que cela soit, par ordonnance perpétuelle, pour Aaron et pour ses fils, savoir de ce qui sera offert par les enfants d’Israël ; car c’est une offrande élevée. Quand il y aura une offrande élevée, savoir de celles qui sont faites par les enfants d’Israël, de leurs sacrifices de prospérité, leur offrande élevée sera à l’Éternel.

29 Et les saints vêtements qui seront pour Aaron, seront pour ses enfants après lui, afin qu’ils soient oints et consacrés dans ces vêtements.

30 Celui de ses fils qui sera sacrificateur en sa place, et qui viendra au tabernacle d’assignation pour faire le service au lieu saint, en sera revêtu pendant sept jours.

31 Tu prendras le bélier des consécrations, et tu feras bouillir sa chair dans le lieu saint.

32 Et Aaron et ses fils mangeront, à l’entrée du tabernacle d’assignation, la chair du bélier, et le pain qui sera dans la corbeille.

33 Ils mangeront donc ces choses, par lesquelles la propitiation aura été faite, pour les consacrer et pour les sanctifier ; mais l’étranger n’en mangera point, parce qu’elles sont consacrées.

34 Que s’il demeure de reste de la chair des consécrations et du pain jusqu’au lendemain, tu brûleras ce reste-là au feu. On n’en mangera point, parce que c’est une chose consacrée.

35 Tu feras donc ainsi à Aaron et à ses enfants, selon toutes les choses que je t’ai commandées ; tu les consacreras pendant sept jours.

36 Tu sacrifieras pour le péché tous les jours un veau, pour en faire la propitiation, et tu offriras pour l’autel un sacrifice pour le péché, en faisant propitiation pour lui, et tu l’oindras pour le consacrer.

37 Pendant sept jours tu feras propitiation pour l’autel, et tu le consacreras ; et l’autel sera une chose très sainte ; tout ce qui touchera l’autel sera saint.

38 Or, c’est ici ce que tu feras sur l’autel ; c’est d’offrir chaque jour continuellement deux agneaux de l’année.

39 Tu sacrifieras l’un des agneaux au matin, et l’autre agneau entre les deux vêpres,

40 avec un dixième de fine farine, pétrie dans la quatrième partie d’un hin d’huile vierge, et tu y répandras la quatrième partie d’un hin de vin, pour chaque agneau.

41 Et tu sacrifieras l’autre agneau entre les deux vêpres, avec un gâteau, comme au matin, et tu feras la même aspersion ; et ce sacrifice sera d’une agréable odeur ; c’est un sacrifice fait par feu à l’Éternel.

42 Ce sera l’holocauste que vous offrirez continuellement dans vos âges, à l’entrée du tabernacle d’assignation devant l’Éternel, où je me trouverai avec vous pour te parler.

43 Je me trouverai donc là pour les enfants d’Israël, et Israël sera sanctifié par ma gloire.

44 Je consacrerai donc le tabernacle d’assignation et l’autel. Je consacrerai aussi Aaron et ses fils, afin qu’ils m’exercent la sacrificature.

45 Et j’habiterai au milieu des enfants d’Israël, et je serai leur Dieu.

46 Et ils sauront que je suis l’Éternel leur Dieu, qui les ai tirés du pays d’Égypte, pour habiter au milieu d’eux. Je suis l’Éternel ton Dieu.

REFLEXIONS

Les cérémonies et les solennités qui furent pratiquées par le commandement de Dieu lorsque Aaron et ses fils furent installés dans leurs charges tendaient à apprendre au peuple qu’ils étaient les ministres de Dieu et que leurs fonctions étaient toutes saintes.

I. Dieu a donné des lois qui ne sont pas moins expresses et qui sont encore plus importantes sur ce qui doit être observé dans l’église chrétienne lorsqu’il s’agit de la vocation des pasteurs et ces lois doivent être suivies inviolablement.

II. La loi touchant le sacrifice du matin et du soir est fondée sur l’obligation où les hommes sont de servir Dieu continuellement et en particulier de lui offrir au commencement et à la fin de chaque jour le sacrifice de leurs prières et de leurs louanges.

III. Si Dieu promettait aux Israélites d’habiter au milieu d’eux, nous ne pouvons pas douter qu’il n’habite d’une manière encore plus intime et plus salutaire dans l’église chrétienne. St. Paul le montre lorsqu’il applique aux chrétiens cette promesse qui se lit dans ce chapitre :

J’habiterai au milieu d’eux et je serai leur Dieu et lorsqu’il les exhorte par cette considération à se séparer du monde et de ses souillures et à achever leur sanctification dans la crainte du Seigneur.

CHAPITRE XXX.

I. Dieu donne à Moïse le modèle de l’autel des parfums et il en marque l’usage.

II. Il ordonne que tous les Israélites depuis l’âge de vingt ans, paient un demi-sicle pour les usages du tabernacle.

III. Il commande de faire une grande cuve d’airain où les sacrificateurs devaient se laver les mains et les pieds avant que de célébrer le service divin.

IV. Il prescrit la composition de l’huile sainte dont on devait oindre tout ce qu’il y avait dans le tabernacle aussi bien que les sacrificateurs et celle du parfum sacré.

1 Tu feras aussi un autel pour y faire le parfum, et tu le feras de bois de Sittim.

2 Sa longueur sera d’une coudée, sa largeur d’une coudée ; il sera carré ; mais sa hauteur sera de deux coudées, et ses cornes sortiront de lui.

3 Tu le couvriras d’or pur, tant le dessus que ses côtés tout à l’entour et ses cornes ; et tu lui feras un couronnement d’or tout autour.

4 Tu lui feras aussi deux anneaux d’or au-dessous de son couronnement, à ses deux côtés, que tu mettras aux deux coins, pour y faire passer les barres qui serviront à le porter.

5 Tu feras les barres de bois de Sittim, et tu les couvriras d’or.

6 Et tu les mettras devant le voile, qui est devant l’arche du témoignage, à l’endroit du propitiatoire qui couvre le témoignage, où je me trouverai avec toi.

7 Et Aaron y fera un parfum d’aromates chaque matin ; quand il accommodera les lampes, il y fera le parfum.

8 Et quand Aaron allumera les lampes entre les deux vêpres, il y fera aussi le parfum, savoir le parfum qu’on fera continuellement devant l’Éternel dans vos âges.

9 Vous n’offrirez sur cet autel aucun parfum étranger, ni d’holocauste, ni d’offrande, et vous n’y ferez aucune aspersion.

10 Mais Aaron fera une fois l’an la propitiation sur les cornes de cet autel. Il fera donc la propitiation une fois l’an sur cet autel dans vos âges, avec le sang de l’oblation pour le péché, faite pour les propitiations. C’est une chose très sainte et consacrée à l’Éternel.

11 L’Éternel parla aussi à Moïse et lui dit :

12 Quand tu feras le compte des enfants d’Israël, selon leur nombre, chacun d’eux donnera quelque chose à l’Éternel, pour racheter sa personne, quand tu en feras le dénombrement ; et ils ne seront frappés d’aucune plaie, quand tu en feras le dénombrement.

13 Tous ceux qui passeront par le dénombrement donneront un demi-sicle, selon le sicle du sanctuaire, qui est de vingt oboles ; le demi-sicle donc sera l’oblation à l’Éternel.

14 Tous ceux qui passeront par le dénombrement, depuis vingt ans et au-dessus, feront cette offrande élevée à l’Éternel.

15 Le riche n’augmentera rien, et le pauvre ne diminuera rien du demi-sicle, quand ils feront cette offrande élevée à l’Éternel, afin de faire la propitiation pour vos personnes.

16 Tu prendras donc des enfants d’Israël l’argent des propitiations, et tu l’appliqueras à l’œuvre du tabernacle d’assignation ; et il sera pour mémorial des enfants d’Israël devant l’Éternel, afin de faire la propitiation pour vos personnes.

17 L’Éternel parla encore à Moïse, disant :

18 Fais aussi une cuve d’airain, avec son soubassement d’airain, pour s’y laver, et tu la mettras entre le tabernacle d’assignation et l’autel, et tu mettras de l’eau dedans ;

19 et Aaron et ses fils en laveront leurs mains et leurs pieds.

20 Quand ils entreront au tabernacle d’assignation, ils se laveront d’eau, afin qu’ils ne meurent pas, et quand ils approcheront de l’autel pour faire le service, afin de faire fumer l’offrande faite par le feu à l’Éternel.

21 Ils laveront donc leurs pieds et leurs mains, afin qu’ils ne meurent pas. Ce leur sera une ordonnance perpétuelle, tant pour Aaron que pour sa postérité dans leurs âges.

22 L’Éternel parla aussi à Moïse, et lui dit :

23 Prends des choses aromatiques les plus exquises, de la myrrhe franche pour cinq cents sicles, du cinnamome odoriférant pour la moitié, savoir pour deux cent cinquante, et du roseau aromatique pour deux cent cinquante,

24 de la casse pour cinq cents sicles, selon le sicle du sanctuaire, et un hin d’huile d’olive ;

25 et tu en feras de l’huile pour l’onction sainte, un oignement composé par art de parfumeur ; ce sera l’huile de l’onction sainte.

26 Et tu en oindras le tabernacle d’assignation et l’arche du témoignage,

27 la table et tous ses ustensiles, le chandelier et ses ustensiles, et l’autel du parfum,

28 et l’autel des holocaustes, et tous ses ustensiles, la cuve et son soubassement.

29 Ainsi tu les consacreras, et ils seront une chose très sainte ; tout ce qui les touchera sera saint.

30 Tu oindras aussi Aaron et ses fils, et tu les consacreras pour m’exercer la sacrificature.

31 Tu parleras encore aux enfants d’Israël, disant : Ce me sera une huile d’onction sacrée dans vos âges.

32 On n’en oindra point la chair d’aucun homme et vous n’en ferez point d’autre de même composition ; elle est sainte, et elle vous sera sainte.

33 Quiconque fera une composition semblable, et qui en mettra sur un étranger, sera retranché d’entre ses peuples.

34 L’Éternel dit aussi à Moïse : Prends des aromates, savoir du stacte, de l’onyx, du galbanum, le tout préparé, et de l’encens pur, le tout en poids égal ;

35 et tu en feras un parfum aromatique, selon l’art du parfumeur ; tu y mettras du sel, afin qu’il soit pur et saint ;

36 et quand tu l’auras pilé bien menu, tu en mettras au tabernacle d’assignation, devant le témoignage où je me trouverai avec toi ; ce vous sera une chose très sainte.

37 Et quant au parfum que tu feras, vous ne vous en ferez point de semblable composition ; ce te sera une chose consacrée à l’Éternel.

38 Quiconque en aura fait de semblable pour en sentir l’odeur, sera retranché d’entre ses peuples.

REFLEXIONS

L’autel des parfums était posé dans le lieu saint devant le voile. On y faisait fumer le parfum le matin et le soir et le grand sacrificateur y faisait une fois l’an, au jour des expiations, la propitiation pour le peuple en mettant du sang des victimes sur les cornes de cet autel.

II. Le demi-sicle que tous les Israélites riches et pauvres payaient était un tribut et un hommage qu’ils rendaient à Dieu et cela servait à les faire se souvenir qu’ils dépendaient de lui. Cet argent était destiné à fournir aux dépenses nécessaires pour l’entretien du tabernacle. C’est ainsi que les chrétiens doivent faire hommage à Dieu de tout ce qu’ils possèdent.

III. Dieu voulait que les sacrificateurs se lavassent avant que de faire leurs fonctions pour leur apprendre et à tout le peuple qu’il faut être dans un état de pureté lorsqu’on se présente devant lui.

IV. La défense d’employer l’huile sainte et le parfum sacré à d’autres usages que ceux qui sont ici prescrits tendaient à inspirer un plus grand respect pour la religion et pour les choses consacrées au culte divin.

CHAPITRE XXXI.

I. Dieu nomme les ouvriers qui doivent travailler aux ouvrages nécessaires pour le tabernacle. II. Il réitère la loi qui prescrivait l’observation du sabbat. III. Il donne à Moïse les deux tables de la loi.

1 L’Éternel parla aussi à Moïse, et lui dit :

2 Regarde ; j’ai appelé nommément Bethsaléel, le fils d’Uri, fils de Hur, de la tribu de Juda ;

3 et je l’ai rempli de l’esprit de Dieu, en industrie, en intelligence, en science, pour toutes sortes d’ouvrages,

4 pour inventer tout ce qu’on peut faire en or, en argent et en airain,

5 dans la sculpture des pierres, pour les mettre en œuvre, et dans la menuiserie, pour travailler en toute sorte d’ouvrages.

6 Et voici, je lui ai donné pour compagnon Aholiab, fils d’Ahisamac, de la tribu de Dan, et j’ai mis de l’industrie dans le cœur de tout homme intelligent, afin qu’ils fassent toutes les choses que je t’ai commandé de faire,

7 savoir le tabernacle d’assignation, l’arche du témoignage et le propitiatoire qui est au-dessus, et tous les ustensiles du tabernacle,

8 et la table et tous ses ustensiles, et le chandelier pur et tous ses ustensiles, et l’autel du parfum,

9 et l’autel de l’holocauste et tous ses ustensiles, la cuve et son soubassement,

10 et les vêtements du service, les vêtements saints d’Aaron, sacrificateur, et les vêtements de ses fils, pour exercer la sacrificature,

11 et l’huile de l’onction, et le parfum des choses aromatiques pour le sanctuaire ; et ils feront toutes les choses que je t’ai commandé de faire.

12 L’Éternel parla encore à Moïse, disant :

13 Tu diras encore aux enfants d’Israël : Outre cela, vous garderez mes sabbats ; car c’est un signe entre moi et vous dans vos âges, afin que vous sachiez que je suis l’Éternel qui vous sanctifie.

14 Gardez donc le sabbat ; car il vous doit être saint. Quiconque le violera sera puni de mort ; même, quiconque fera aucune œuvre en ce jour-là, sera retranché du milieu de ses peuples.

15 On travaillera pendant six jours ; mais au septième jour c’est le sabbat du repos consacré à l’Éternel ; quiconque fera aucune œuvre au jour du repos sera puni de mort.

16 Ainsi les enfants d’Israël garderont le sabbat, pour célébrer le jour du repos dans leurs âges, par une alliance perpétuelle.

17 C’est un signe entre moi et les enfants d’Israël à perpétuité ; car l’Éternel a fait en six jours les cieux et la terre, et il a cessé au septième, et il s’est reposé.

18 Et après que Dieu eut achevé de parler avec Moïse sur la montagne de Sinaï, il lui donna les deux tables du témoignage, les tables de pierre, écrites du doigt de Dieu.

REFLEXIONS

Il y a quatre considérations à faire sur ce chapitre :

I. Dieu ne remit pas au peuple le choix des personnes qui devaient travailler au tabernacle, mais il nomma ceux qui devaient avoir la principale direction de cet ouvrage, afin qu’il parût que tout ce qui concernait son service se faisait par son ordre et sous son autorité.

II. On peut voir par ce chapitre et par les suivants que bien que les enfants d’Israël eussent été en Égypte dans un état d’oppression, il y avait pourtant parmi eux des personnes de l’un et de l’autre sexe qui avait de l’industrie et qui étaient en état de faire toutes sortes d’ouvrages.

III. Dieu réitéra dans cette occasion la loi touchant l’observation du sabbat, de peur que ceux qui devaient travailler au tabernacle ne fussent dispensés de se reposer ce jour-là. Et les fréquentes répétitions de cette loi, aussi bien que de la peine de mort qui était dénoncée contre ceux qui la violeraient, montrent qu’elle était de très grande importance. La célébration continuelle de ce jour de repos faisait, en effet, souvenir les Israélites qu’ils adoraient le seul vrai Dieu créateur du monde, ce qui les préservait de tomber dans l’idolâtrie.

IV. Dieu après avoir publié sa loi sur le mont de Sinaï voulut la graver sur des tables de pierres, afin que cette loi fût conservée sans aucun changement dans les siècles à venir. L’intention de Dieu a toujours été que les hommes s’attachassent à sa parole et à la révélation qu’il leur a faite de sa volonté, sans y rien ajouter, sans en rien retrancher et sans y rien changer et qu’elle fût la règle invariable de leur croyance et de leur conduite.

CHAPITRE XXXII.

C’est ici l’histoire de l’idolâtrie que les enfants d’Israël commirent en adorant le veau d’or et de la punition que Moïse fit faire de ce péché. 

1 Mais le peuple voyant que Moïse tardait à descendre de la montagne, s’assembla vers Aaron et lui dit : Viens, fais-nous des dieux qui marchent devant nous ; car pour ce qui est de ce Moïse qui nous a fait monter du pays d’Égypte, nous ne savons ce qui lui est arrivé.

2 Et Aaron leur répondit : Mettez en pièces les bagues d’or qui sont aux oreilles de vos femmes, de vos fils et de vos filles, et apportez-les-moi.

3 Et aussitôt tout le peuple mit en pièces les bagues d’or qui étaient à leurs oreilles, et ils les apportèrent à Aaron ;

4 qui les ayant reçues de leurs mains, forma l’or avec un burin, après qu’il en eut fait un veau de fonte. Alors ils dirent : Ce sont ici tes dieux, ô Israël, qui t’ont fait monter hors du pays d’Égypte.

5 Ce qu’Aaron ayant vu, il bâtit un autel devant ce veau, et il cria, disant : Demain il y aura une fête solennelle à l’Éternel.

6 Ainsi ils se levèrent de bon matin le lendemain, et ils offrirent des holocaustes, et ils présentèrent des sacrifices de prospérité, et le peuple s’assit pour manger et pour boire, et ensuite ils se levèrent pour danser.

7 Alors l’Éternel dit à Moïse : Va, descends ; car ton peuple, que tu as fait monter du pays d’Égypte, s’est corrompu ;

8 ils se sont bientôt détournés de la voie que je leur avais commandé de suivre ; ils se sont fait un veau de fonte et ils se sont prosternés devant lui ; et, lui sacrifiant, ils ont dit : Ce sont ici tes dieux, ô Israël, qui t’ont fait monter du pays d’Égypte.

9 L’Éternel dit encore à Moïse : J’ai regardé ce peuple : voici, c’est un peuple d’un cou raide.

10 Or maintenant, laisse-moi faire, et ma colère s’allumera contre eux, et je les consumerai ; mais je te ferai devenir une grande nation.

11 Alors Moïse supplia l’Éternel son Dieu, et dit : Ô Éternel, pourquoi ta colère s’allumerait-elle contre ton peuple, que tu as retiré du pays d’Égypte avec une grande puissance et par une main forte ?

12 Pourquoi les Égyptiens diraient-ils : Il les a retirés à mauvais dessein, pour les tuer dans les montagnes, et pour les consumer de dessus la terre ? Reviens de l’ardeur de ta colère, et te repens de ce mal que tu veux faire à ton peuple.

13 Souviens-toi d’Abraham, d’Isaac et d’Israël, tes serviteurs, auxquels tu as juré par toi-même, en leur disant : Je multiplierai votre postérité comme les étoiles des cieux, et je donnerai tout ce pays, dont j’ai parlé, à votre postérité, et ils l’hériteront à jamais.

14 Alors l’Éternel se repentit du mal qu’il avait dit qu’il ferait à son peuple.

15 Et Moïse retourna, et descendit de la montagne avec les deux tables du témoignage en sa main, savoir les tables écrites de leurs deux côtés ; elles étaient écrites deçà et delà.

16 Et les tables étaient l’ouvrage de Dieu ; l’écriture aussi était l’écriture de Dieu, gravée sur les tables.

17 Alors Josué, entendant la voix du peuple qui menait du bruit, dit à Moïse : Il y a un bruit de bataille au camp.

18 Et Moïse lui répondit : Ce n’est point une voix ni un cri de gens qui soient les plus forts, ni une voix ni un cri de gens qui soient les plus faibles ; mais j’entends une voix de personnes qui chantent.

19 Et lorsque Moïse fut approché du camp, il vit le veau et les danses. Alors la colère de Moïse s’alluma, et il jeta de ses mains les tables, et les rompit au pied de la montagne.

20 Après, il prit le veau qu’ils avaient fait, le mit au feu, et le moulut jusqu’à ce qu’il fût en poudre ; ensuite il répandit cette poudre dans les eaux, et il en fit boire aux enfants d’Israël.

21 Et Moïse dit à Aaron : Que t’a fait ce peuple, que tu aies attiré sur lui un si grand péché ?

22 Et Aaron lui répondit : Que la colère de mon seigneur ne s’allume point ; tu sais que ce peuple est porté au mal ;

23 et ils m’ont dit : Fais-nous des dieux qui marchent devant nous ; car pour ce qui est de ce Moïse, qui nous a fait monter hors du pays d’Égypte, nous ne savons ce qui lui est arrivé.

24 Alors je leur ai dit : Que celui qui a de l’or le mette en pièces ; et ils me l’ont donné, et je l’ai jeté au feu, et ce veau en est sorti.

25 Or, Moïse vit que le peuple était dépouillé ; car Aaron l’avait dépouillé pour être en opprobre parmi leurs ennemis.

26 Moïse donc se tenant à la porte du camp, dit : Qui est pour l’Éternel ? Qu’il vienne vers moi. Et tous les enfants de Lévi s’assemblèrent vers lui.

27 Et il leur dit : Ainsi a dit l’Éternel, le Dieu d’Israël : Que chacun mette son épée à son côté ; passez et repassez de porte en porte par le camp, et que chacun de vous tue son frère, son ami et son voisin.

28 Et les enfants de Lévi firent ce que Moïse leur avait dit ; et, en, ce jour-là, il y eut environ trois mille hommes du peuple qui périrent.

29 Car Moïse avait dit : Consacrez aujourd’hui vos mains à l’Éternel chacun de vous, même en tuant son fils et son frère, afin qu’aujourd’hui vous attiriez sur vous la bénédiction.

30 Et le lendemain Moïse dit au peuple : Vous avez commis un grand péché ; mais je monterai à cette heure vers l’Éternel ; je ferai peut-être propitiation pour votre péché.

31 Moïse donc retourna vers l’Éternel, et dit : Hélas ! je te prie ; ce peuple a commis un grand péché, en se faisant des dieux d’or ;

32 mais, maintenant, pardonne-leur leur péché, ou efface-moi maintenant de ton livre que tu as écrit.

33 Et l’Éternel répondit à Moïse : Celui qui aura péché contre moi, je l’effacerai de mon livre.

34 Va maintenant, conduis le peuple au lieu duquel je t’ai parlé. Voici, mon ange ira devant toi, et au jour que je ferai la vengeance, je punirai sur eux leur péché.

35 Ainsi l’Éternel frappa le peuple, parce qu’ils avaient été auteurs du veau qu’Aaron avait fait. 

REFLEXIONS

Il faut considérer ici :

I. Le grand péché des Israélites qui, nonobstant tant d’avertissements que Dieu leur avait donné d’éviter l’idolâtrie et les promesses solennelles qu’ils venaient de lui faire dans l’alliance que Moïse avait traitée avec eux, firent un veau d’or et l’adorèrent, imitant en cela l’idolâtrie des Égyptiens. Il est à remarquer sur cela que quoi qu’ils prétendissent adorer le vrai Dieu sous la figure du veau d’or, ils commirent pourtant une véritable idolâtrie, Dieu ayant expressément défendu cela dans la loi, ce qui fait voir qu’il n’est en aucune façon permis d’adorer aucune autre image et que l’intention ne peut rendre légitime ce que Dieu a défendu.

II. La mollesse d’Aaron, qui ai lieu de s’opposer, comme il le devait à cette idolâtrie, y consentit, nous montre que la complaisance et la timidité, surtout dans les personnes publiques, sont souvent la cause de bien des crimes et ont des suites tout à fait funestes et qu’on se rend très coupable lorsqu’on ne résiste pas fortement au mal.

III. La grande charité de Moïse qui intercéda avec tant d’ardeur pour les enfants d’Israël doit engager tous les gens de bien et surtout les serviteurs de Dieu à intercéder et à prier pour les pécheurs et l’égard que Dieu eut à cette intercession de Moïse fait voir que les prières des justes sont très efficaces auprès de Dieu.

IV.Il faut considérer que la punition que les Lévites firent de l’idolâtrie du peuple fut très sévère, mais qu’elle était juste, puisque Dieu avait expressément ordonné qu’on fit mourir les idolâtres.

Enfin, la lecture de cette histoire doit nous rappeler ce que St. Paul dit à cette occasion dans I Corinthiens X : Que ces choses ont été des figures pour nous afin que nous ne convoitions point les choses mauvaises comme les Israélites les convoitèrent et que nous ne les imitions point dans leur idolâtrie, dans leurs égarements et dans leurs dissolutions.

CHAPITRE XXXIII.

Quatre choses sont ici rapportées :

I. L’humiliation du peuple d’Israël après qu’il eut commis l’idolâtrie du veau d’or.

II. Comment le tabernacle, qui était le lieu où le peuple s’assemblait pour entendre la volonté de Dieu, fut dressé hors du camp et de quelle manière Dieu y parlait à Moïse.

III. Moïse prie Dieu encore une fois de pardonner aux Israélites et d’être toujours avec eux.

IV. Il le prie de lui faire voir sa gloire. 

1 Et l’Éternel dit à Moïse : Va, monte d’ici, toi et le peuple que tu as fait monter du pays d’Égypte, au pays duquel j’ai juré à Abraham, Isaac et Jacob, disant : Je le donnerai à ta postérité ;

2 et j’enverrai un ange devant toi, et je chasserai les Cananéens, les Amorrhéens, les Héthiens, les Phérésiens, les Héviens et les Jébusiens,

3 Pour vous conduire au pays où coulent le lait et le miel ; car je ne monterai point au milieu de toi, parce que tu es un peuple de cou raide, de peur que je ne te consume en chemin.

4 Et le peuple entendant ces paroles fâcheuses en gémit, et nul d’entre eux ne mit ses ornements sur soi.

5 Car l’Éternel avait dit à Moïse : Dis aux enfants d’Israël : Vous êtes un peuple de cou raide ; je te consumerai ; maintenant donc ôte tes ornements de dessus toi, et je verrai ce que je te ferai.

6 Ainsi les enfants d’Israël se dépouillèrent de leurs ornements vers la montagne d’Horeb.

7 Et Moïse prit le tabernacle, et se le dressa hors du camp, l’éloignant du camp, et il l’appela le tabernacle d’assignation ; et tous ceux qui cherchaient l’Éternel sortaient vers le tabernacle d’assignation, qui était hors du camp.

8 Et aussitôt que Moïse sortait vers le tabernacle, tout le peuple se levait, et chacun se tenait à l’entrée de sa tente et regardait Moïse par derrière, jusqu’à ce qu’il entrât dans le tabernacle ;

9 et aussitôt que Moïse était entré dans le tabernacle, la colonne de la nuée descendait et s’arrêtait à la porte du tabernacle, et l’Éternel parlait avec Moïse.

10 Et tout le peuple voyant la colonne de la nuée qui s’arrêtait à la porte du tabernacle, se levait, et chacun se prosternait à la porte de sa tente.

11 Et l’Éternel parlait à Moïse face à face, comme un homme parle avec son intime ami ; puis, Moïse retournait au camp ; mais son serviteur Josué, fils de Nun, jeune homme, ne quittait point le tabernacle.

12 Et Moïse dit à l’Éternel : Regarde, tu m’as dit : Fais monter ce peuple ; et tu ne m’as point fait connaître celui que tu dois envoyer avec moi. Cependant tu as dit : Je te connais par ton nom, et même tu as trouvé grâce devant mes yeux.

13 Maintenant donc, je te prie, si j’ai trouvé grâce devant tes yeux, regarde aussi que cette nation est ton peuple.

14 Et l’Éternel dit : Ma face ira, et je te donnerai du repos.

15 Et Moïse lui dit : Si ta face ne vient, ne nous fais point monter d’ici ;

16 car à quoi connaîtra-t-on que nous avons trouvé grâce devant tes yeux, et moi et ton peuple ? Ne sera-ce pas quand tu marcheras avec nous ? Car alors et moi et ton peuple nous serons en admiration, plus que tous les peuples qui sont sur la terre.

17 Et l’Éternel dit à Moïse : Je ferai aussi ce que tu dis ; car tu as trouvé grâce devant mes yeux, et je t’ai connu par ton nom.

18 Moïse dit aussi : Je te prie, fais-moi voir ta gloire.

19 Et Dieu répondit : Je ferai passer toute ma bonté devant ta face ; je crierai le nom de l’Éternel devant toi, et je ferai grâce à qui je ferai grâce, et j’aurai compassion de celui dont j’aurai compassion.

20 Et il lui dit : Tu ne pourras pas voir ma face ; car nul homme ne peut me voir et vivre.

21 L’Éternel dit aussi : Voici un lieu près de moi, et tu t’arrêteras sur ce rocher ;

22 et il arrivera que quand ma gloire passera, je te mettrai dans l’ouverture du rocher, et je te couvrirai de ma main jusqu’à ce que je sois passé ;

23 et je tirerai ma main, et tu me verras par derrière ; mais ma face ne se verra point. 

REFLEXIONS

I. L’exemple des Israélites qui se dépouillèrent de leurs ornements, après qu’ils eurent été punis de leur idolâtrie, nous apprend à nous humilier lorsque Dieu est irrité contre nous et que nous l’avons offensé et à donner toutes les marques possibles de la sincérité de notre repentance.

II. La manière dont Dieu parlait et se communiquait à Moïse prouve qu’il a été un très grand prophète, que ses lois et sa doctrine procédaient de Dieu et qu’ainsi nous devons les regarder avec un grand respect.

III. L’on doit aussi remarquer dans les prières que Moïse continua de faire pour les Israélites, son extrême tendresse pour eux et son grand zèle pour la gloire de Dieu. À son exemple ceux que Dieu a établi dans son église pour conducteurs ne doivent jamais cesser de prier pour ceux qui leurs sont fournis.

IV. Ce que Dieu répondit à Moïse lorsque ce prophète le pria de lui faire voir sa gloire prouve ce que dit St. Paul : Que Dieu habite une lumière inaccessible et que nul homme ne peut le voir. Mais cela doit aussi nous faire reconnaitre que Jésus-Christ notre Seigneur est infiniment au-dessus de Moïse, puisqu’il a vu Dieu et qu’il était dès le commencement avec lui. Enfin nous devons penser que si nous ne pouvons pas voir Dieu en cette vie, nous le verrons tel qu’il est dans la vie à venir et cette espérance doit nous engager à nous purifier comme lui-même est pur.

CHAPITRE XXXIV.

Dieu donne à Moïse les secondes tables de la loi. Il se fait voir à lui. Il promet d’introduire les enfants d’Israël dans le pays de Canaan, il leur commande de détruire les idoles des Cananéens et il leur défend d’avoir aucun commerce avec eux. Dieu répète les lois touchant la pâque, la consécration des premiers-nés, les prémices des fruits, le sabbat et les autres fêtes solennelles. Après cela Moïse descend de la montagne et se couvre la face d’un voile parce qu’elle était devenue resplendissante et que le peuple en était ébloui. 

1 Et l’Éternel dit à Moïse : Taille-toi deux tables de pierre comme les premières, et j’écrirai sur elles les paroles qui étaient sur les premières tables, que tu as rompues.

2 Et sois prêt au matin et monte le matin sur la montagne de Sinaï, et présente-toi là devant moi au haut de la montagne.

3 Mais que nul ne monte avec toi, et même que nul ne paraisse avec toi sur la montagne ; que ni les bœufs ni les brebis ne paissent même point près de cette montagne.

4 Moïse donc tailla deux tables de pierre comme les premières, et se leva de bon matin, et monta sur la montagne de Sinaï, comme l’Éternel lui avait commandé, et prit en sa main les deux tables de pierre.

5 Et l’Éternel descendit dans la nuée, et s’arrêta là avec Moïse, et cria le nom de l’Éternel.

6 Comme donc l’Éternel passait par devant lui, il cria : L’Éternel, l’Éternel, le Dieu fort, pitoyable, miséricordieux, tardif à colère, abondant en miséricorde et en vérité,

7 qui garde la miséricorde jusqu’en mille générations, qui ôte l’iniquité, le crime et le péché, qui ne tient point le coupable pour innocent, et qui punit l’iniquité des pères sur les enfants et sur les enfants des enfants, jusqu’à la troisième et la quatrième génération !

8 Et Moïse aussitôt baissa la tête contre terre et se prosterna ;

9 et il dit : Ô Seigneur, je te prie, si j’ai trouvé grâce devant tes yeux, que le Seigneur marche maintenant au milieu de nous ; car c’est un peuple de cou raide ; pardonne donc nos iniquités et notre péché, et possède-nous comme ton héritage.

10 Et Dieu répondit : Voici, je traite alliance, et je ferai devant tout ton peuple des merveilles qui n’ont point été faites dans toute la terre, ni dans aucune nation ; et tout le peuple au milieu duquel tu es verra l’œuvre de l’Éternel ; car ce que je vais faire avec toi, sera une chose terrible.

11 Garde ce que je te commande aujourd’hui. Voici, je vais chasser de devant toi les Amorrhéens, les Cananéens, les Héthiens, les Phérésiens, les Héviens et les Jébusiens.

12 Garde-toi de traiter alliance avec les habitants du pays dans lequel tu vas entrer, de peur qu’ils ne soient en piège au milieu de toi.

13 Mais vous démolirez leurs autels, vous briserez leurs statues, et vous couperez leurs bocages ;

14 car tu ne te prosterneras point devant un autre dieu, parce que l’Éternel se nomme le Dieu jaloux ; c’est le Dieu fort qui est jaloux.

15 Prends donc garde de ne traiter point alliance avec les habitants du pays, de peur que quand ils viendront à se prostituer après leurs dieux, et à sacrifier à leurs dieux, quelqu’un ne t’appelle, et que tu ne manges de son sacrifice,

16 et que tu ne prennes pour tes fils de leurs filles, lesquelles se prostituant après leurs dieux, feront aussi prostituer tes fils après leurs dieux.

17 Tu ne te feras aucun dieu de fonte.

18 Tu garderas la fête solennelle des pains sans levain. Tu mangeras les pains sans levain pendant sept jours (comme je t’ai commandé), en la saison du mois auquel les épis mûrissent ; car au mois auquel les épis mûrissent ; tu es sorti du pays d’Égypte.

19 Tout ce qui naîtra le premier m’appartiendra, et même le premier mâle qui naîtra de toutes les bêtes, tant des bœufs que des brebis.

20 Mais tu rachèteras avec un agneau ou un chevreau le premier-né d’un âne. Si tu ne le rachètes pas, tu lui couperas le cou. Tu rachèteras tout premier-né de tes fils ; et nul ne se présentera devant ma face à vide.

21 Tu travailleras six jours ; mais au septième tu te reposeras ; tu te reposeras même au temps du labourage et dans celui de la moisson.

22 Tu feras la fête solennelle des semaines au temps des premiers fruits de la moisson du froment ; et la fête solennelle de la récolte à la révolution de l’année.

23 Tous les mâles d’entre vous comparaîtront trois fois l’an devant le Dominateur, l’Éternel, le Dieu d’Israël ;

24 car je déposséderai les nations de devant toi, et j’étendrai tes limites, et nul ne formera des desseins contre ton pays, lorsque tu monteras pour te présenter trois fois l’an devant l’Éternel ton Dieu.

25 Tu n’offriras point le sang de mon sacrifice avec du pain levé ; on ne gardera rien du sacrifice de la fête solennelle de Pâques jusqu’au matin.

26 Tu apporteras les prémices des premiers fruits de la terre dans la maison de l’Éternel ton Dieu. Tu ne feras point cuire le chevreau dans le lait de sa mère.

27 L’Éternel dit aussi à Moïse : Ecris ces paroles ; car c’est suivant la teneur de ces paroles que j’ai traité alliance avec toi et avec Israël.

28 Et Moïse demeura là avec l’Éternel quarante jours et quarante nuits, sans manger du pain et sans boire de l’eau ; et l’Éternel écrivit sur les tables les paroles de l’alliance, savoir les dix paroles.

29 Or, lorsque Moïse descendit de la montagne de Sinaï, tenant en sa main les deux tables du témoignage, lors, dis-je, qu’il descendit de la montagne, il ne s’aperçut point que la peau de son visage était devenue toute rayonnante, pendant qu’il parlait avec Dieu.

30 Mais Aaron et tous les enfants d’Israël ayant vu Moïse, et s’étant aperçus que la peau de son visage était toute rayonnante, ils craignirent d’approcher de lui.

31 Alors Moïse les appela, et Aaron et tous les principaux de l’assemblée revinrent vers lui, et Moïse leur parla.

32 Après cela, tous les enfants d’Israël s’approchèrent, et il leur commanda toutes les choses que l’Éternel lui avait dites sur la montagne de Sinaï.

33 Ainsi Moïse acheva de leur parler. (Or, il avait mis un voile sur sa face.)

34 Et quand Moïse entrait vers l’Éternel pour parler avec lui, il ôtait le voile jusqu’à ce qu’il sortît du tabernacle ; et étant sorti, il disait aux enfants d’Israël ce qui lui avait été commandé.

35 Et les enfants d’Israël avaient vu que le visage de Moïse, savoir la peau de son visage était rayonnante ; c’est pourquoi Moïse remettait le voile sur son visage, jusqu’à ce qu’il retournât pour parler avec l’Éternel. 

REFLEXIONS

Nous voyons dans ce chapitre :

I. Que Dieu, ensuite des prières de Moïse, pardonna au peuple d’Israël, qu’il donna une seconde fois les tables de la loi à ce peuple et qu’il promit de l’introduire dans le pays de Canaan. En cela nous devons reconnaître la grande miséricorde de Dieu et l’efficace de l’intercession des gens de bien.

II. Moïse rapporte que lorsqu’il demanda à voir la gloire de Dieu, il ne la vit qu’en partie et que Dieu ne lui dit autre chose dans cette occasion, sinon qu’il était miséricordieux et plein de bonté, mais qu’il était aussi juste et qu’il ne tenait point le coupable pour innocent.

Dieu se fait connaitre à nous en cette vie autant qu’il est nécessaire que nous le connaissions pour le craindre, c’est-à-dire comme souverainement bon et parfaitement juste, ce sont là ses deux principales perfections et ce qui nous engage surtout à le servir et à obéir à ses lois.

III. La défense que Dieu fit à son peuple de traiter alliance avec les Cananéens nous avertit que le commerce avec les méchants est très dangereux et que nous devons nous en éloigner avec soin.

I. Les lois touchant les premiers-nés, les prémices, le sabbat et les fêtes avaient été établies par une grande sagesse afin que les Israélites se souvinssent des principales grâces que Dieu leur avait accordées et pour les empêcher d’imiter les coutumes et les superstitions des idolâtres.

II. C’est une chose remarquable que lorsque les Israélites allaient aux fêtes solennelles, Dieu empêchait leurs ennemis d’entrer dans le pays. C’était une marque bien particulière de la protection divine sur ce peuple et une preuve que Dieu bénit et protège ceux qui le servent et qu’il les garantit des dangers où ils pourraient être exposés en lui obéissant.

Enfin, ce qui est dit que Moïse avait sa face resplendissante lorsqu’il descendit de la montagne servait à assurer les enfants d’Israël qu’il leur parlait de la part de Dieu. Ce changement qui arriva en la personne de Moïse est une image de celui que la communication avec Dieu produit dans l’âme des fidèles et de la gloire dont les bienheureux brilleront lorsqu’ils verront Dieu et qu’ils jouiront de sa présence dans le ciel.

CHAPITRE XXXV.

Il y a deux choses à remarquer dans ce chapitre :

 

I. Une répétition de la loi du sabbat. II. L’offrande que tout le peuple fit pour le tabernacle. 

1 Moïse donc assembla tout le peuple des enfants d’Israël, et leur dit : Ce sont ici les choses que l’Éternel a commandé de faire :

2 On travaillera pendant six jours, mais le septième jour sera saint ; car c’est le sabbat du repos consacré à l’Éternel. Quiconque travaillera en ce jour-là sera puni de mort.

3 Vous n’allumerez point de feu dans aucune de vos demeures le jour du repos.

4 Et Moïse parla à toute l’assemblée des enfants d’Israël, et leur dit : C’est ici ce que l’Éternel vous a commandé, disant :

5 Prenez de ce qui est chez vous une offrande élevée pour l’Éternel. Quiconque sera de bonne volonté apportera pour cette offrande, à l’Éternel, de l’or, de l’argent et de l’airain,

6 de l’hyacinthe, de l’écarlate, du cramoisi, du fin lin, des poils de chèvres,

7 des peaux de moutons teintes en rouge, et des peaux de couleur d’hyacinthe, du bois de Sittim,

8 de l’huile pour le luminaire, des choses aromatiques pour l’huile de l’onction et pour le parfum des choses aromatiques,

9 des pierres d’onyx et des pierres de remplage pour l’éphod et pour le pectoral.

10 Et tous les hommes intelligents d’entre vous viendront, et feront tout ce que l’Éternel a commandé ;

11 savoir le pavillon, son tabernacle et sa couverture, ses anneaux, ses ais, ses barres, ses piliers et ses soubassements,

12 l’arche et ses barres, le propitiatoire et le voile pour tendre devant l’arche,

13 la table et ses barres et tous ses ustensiles, et le pain de proposition,

14 et le chandelier du luminaire, ses ustensiles, ses lampes, et l’huile du luminaire,

15 et l’autel du parfum et ses barres, l’huile de l’onction, le parfum des choses aromatiques, et la tapisserie pour tendre à l’entrée, savoir à l’entrée du pavillon,

16 l’autel de l’holocauste, sa grille d’airain, ses barres et tous ses ustensiles, la cuve et son soubassement,

17 les courtines du parvis, ses piliers, ses soubassements et la tapisserie pour tendre à la porte du parvis,

18 et les pieux du pavillon, et les pieux du parvis et leur cordage,

19 les vêtements du service pour faire le service au sanctuaire, les saints vêtements d’Aaron sacrificateur, et les vêtements de ses enfants, pour exercer la sacrificature.

20 Alors toute l’assemblée des enfants d’Israël sortit de devant Moïse.

21 Et tous ceux dont le cœur fut ému de bonne volonté, vinrent ; et tous ceux dont l’esprit fut porté à faire quelque libéralité, apportèrent l’offrande de l’Éternel pour l’œuvre du tabernacle d’assignation, et pour tout son service, et pour les vêtements sacrés.

22 Et les hommes vinrent avec les femmes ; tous ceux qui furent de bonne volonté apportèrent des boucles, des bagues, des anneaux, des bracelets, et toutes sortes de joyaux d’or, et tous offrirent quelque offrande d’or à l’Éternel.

23 Tout homme aussi chez qui se trouvait de l’hyacinthe, de l’écarlate, du cramoisi, du fin lin, des poils de chèvres, des peaux de moutons teintes en rouge et de couleur d’hyacinthe, les apporta.

24 Tout homme qui avait de quoi faire une offrande d’argent et d’airain, l’apporta pour l’offrande de l’Éternel ; tout homme aussi chez qui il se trouva du bois de Sittim, pour tout l’ouvrage du service, l’apporta.

25 Toute femme aussi qui avait de l’industrie, fila de sa main, et apporta ce qu’elle avait filé, de l’hyacinthe, de l’écarlate, du cramoisi et du fin lin.

26 Toutes les femmes aussi dont le cœur fut porté à travailler de leur industrie, filèrent du poil de chèvre.

27 Les principaux aussi de l’assemblée apportèrent des pierres d’onyx et des pierres de remplage, pour l’éphod et pour le pectoral ;

28 et des aromates, et de l’huile, tant pour le luminaire que pour l’huile d’onction, pour le parfum des choses aromatiques.

29 Tout homme donc et toute femme qui furent de bonne volonté pour apporter de quoi faire l’ouvrage que l’Éternel avait commandé par Moïse qu’on fît, et tous les enfants d’Israël, apportèrent des présents à l’Éternel avec une franche volonté.

30 Et Moïse dit aux enfants d’Israël : Voyez, l’Éternel a appelé nommément Bethsaléel, fils d’Uri, fils de Hur, de la tribu de Juda,

31 et il l’a rempli de l’esprit de Dieu, en sagesse, en intelligence, en science, pour toute sorte d’ouvrage ;

32 même pour inventer tout ce qui se peut inventer en or, en argent, en airain,

33 dans la sculpture des pierres, pour les mettre en œuvre, et dans la menuiserie, pour travailler en tout ouvrage exquis ;

34 et il lui a aussi donné l’adresse d’enseigner, tant à lui qu’à Aholiab, fils d’Ahisamac, de la tribu de Dan ;

35 et il les a remplis d’industrie pour faire toute sorte de travail d’ouvrier, même d’ouvrier en ouvrage exquis et en broderie, en hyacinthe, en écarlate, en cramoisi et en fin lin, et d’ouvrage de tisserand, tellement qu’ils font toute sorte d’ouvrages, et qu’ils sont heureux en inventions. 

REFLEXIONS

Moïse inculque souvent la loi du sabbat parce que l’observation de ce jour, qui revenait toutes les semaines, rappelait les Israélites à un seul Dieu créateur de toutes choses et les tenait éloignés du culte des idoles. On voit dans ce chapitre que le peuple contribua avec abondance et avec libéralité pour la fabrique du tabernacle, que les uns donnaient de l’or, de l’argent et des pierres précieuses, que d’autres offrirent du fin lin, des poils de chèvres et toutes sorte de matériaux et que chacun marqua dans cette occasion son zèle et sa bonne volonté. C’est là un exemple qui doit avoir une grande force pour animer les chrétiens à s’employer de bon cœur dans tout ce qui peut contribuer à l’avancement de la religion et à l’édification publique.

CHAPITRE XXXVI.

Les contributions pour la fabrique du tabernacle étant achevées, les ouvriers qui étaient commis pour cet ouvrage y travaillent conformément à ce que Dieu avait ordonné. On voit dans ce chapitre comment le tabernacle fut dressé. 

1 Et Bethsaléel, et Aholiab, et tous les hommes habiles auxquels l’Éternel avait donné de l’industrie et de l’intelligence pour savoir faire tout l’ouvrage du service du sanctuaire, firent toutes les choses que l’Éternel avait commandées.

2 Car Moïse avait appelé Bethsaléel et Aholiab, et tous les hommes habiles auxquels l’Éternel avait donné de l’industrie, et tous ceux qui se vinrent présenter volontairement pour faire cet ouvrage ;

3 lesquels emportèrent de devant Moïse toute l’offrande que les enfants d’Israël avaient apportée pour faire l’ouvrage du service du sanctuaire. Or, on apportait encore chaque matin quelque oblation volontaire.

4 C’est pourquoi, tous les hommes intelligents, qui faisaient tout l’ouvrage du sanctuaire, quittèrent chacun l’ouvrage qu’ils faisaient,

5 et ils parlèrent à Moïse, et dirent : Le peuple apporte beaucoup plus qu’il ne faut pour le service et pour l’ouvrage que l’Éternel a commandé de faire.

6 Alors, par le commandement de Moïse, on fit crier par le camp : Que ni homme ni femme ne fasse plus d’ouvrage pour l’offrande du sanctuaire ; et ainsi on empêcha le peuple de plus rien offrir ;

7 car ils avaient de tout ce qu’il fallait, suffisamment pour faire tout l’ouvrage, tellement qu’il y en avait de reste.

8 Tous les hommes donc industrieux, d’entre ceux qui faisaient l’ouvrage, firent le pavillon ; savoir dix pièces de fin lin retors, d’hyacinthe, d’écarlate et de cramoisi, et ils les firent semées de chérubins, d’un ouvrage exquis.

9 La longueur d’une pièce était de vingt-huit coudées, et la largeur de la même pièce de quatre coudées. Toutes les pièces avaient une même mesure.

10 Et ils joignirent cinq pièces l’une à l’autre, et cinq autres pièces l’une à l’autre.

11 Et ils firent des lacets d’hyacinthe sur le bord d’une pièce, savoir au bord de celle qui était attachée ; ils en firent ainsi au bord de la dernière pièce, dans le second assemblage.

12 Ils firent cinquante lacets en une pièce, et cinquante lacets au bord de la pièce qui était dans l’autre assemblage, les lacets étant à l’opposite l’un de l’autre.

13 Puis on fit cinquante crochets d’or, et on attacha les pièces l’une à l’autre avec les crochets ; ainsi il n’y eut qu’un pavillon.

14 Puis on fit des pièces de poils de chèvres, pour servir de tabernacle par-dessus le pavillon ; on fit donc onze de ces pièces.

15 La longueur d’une pièce était de trente coudées, et la largeur de la même pièce de quatre coudées, et les onze pièces avaient une même mesure.

16 Et on assembla cinq de ces pièces à part, et les six autres pièces à part.

17 On fit aussi cinquante lacets sur le bord de l’une des pièces, savoir à la dernière pièce qui était attachée, et cinquante lacets sur le bord de l’autre pièce qui était attachée.

18 On fit aussi cinquante crochets d’airain, pour attacher le tabernacle, afin qu’il n’y en eût qu’un.

19 Et on fit pour le tabernacle une couverture de peaux de moutons teintes en rouge, et une couverture de peaux de couleur d’hyacinthe par-dessus.

20 Et on fit pour le pavillon des ais de bois de Sittim, qu’on fit tenir debout.

21 La longueur d’un ais était de dix coudées, et la largeur du même ais d’une coudée et demie.

22 Il y avait deux tenons à chaque ais en façon d’échelons l’un après l’autre ; on fit ainsi de tous les ais du pavillon.

23 On fit donc les ais pour le pavillon ; savoir vingt ais au côté qui regarde droit vers le Midi.

24 Et au-dessous des vingt ais on fit quarante soubassements d’argent ; deux soubassements sous un ais, pour ses deux tenons, et deux soubassements sous l’autre ais, pour ses deux tenons.

25 On fit aussi vingt ais à l’autre côté du pavillon, du côté du Septentrion,

26 et leurs quarante soubassements d’argent, deux soubassements sous un ais, et deux soubassements sous l’autre ais.

27 Et pour le fond du pavillon vers l’Occident, on fit six ais.

28 Et on fit deux ais pour les encoignures du pavillon aux deux côtés du fond,

29 qui étaient égaux par le bas, et qui étaient joints et unis par le haut avec un anneau ; et on fit ainsi des deux ais, qui étaient aux deux encoignures.

30 Il y avait donc huit ais et seize soubassements d’argent ; savoir deux soubassements sous chaque ais.

31 Et on fit cinq barres de bois de Sittim, pour les ais de l’un des côtés du pavillon.

32 Et cinq barres pour les ais de l’autre côté du pavillon. On fit aussi cinq barres pour les ais du pavillon pour le fond, vers le côté de l’Occident.

33 Et on fit que la barre du milieu passait par le milieu des ais, depuis un bout jusqu’à l’autre.

34 Et on couvrit d’or les ais, et on fit leurs anneaux d’or, pour y faire passer les barres, et ils couvrirent d’or les barres.

35 On fit aussi le voile d’hyacinthe, d’écarlate, de cramoisi et de fin lin retors ; on le fit d’ouvrage de broderie, semé de chérubins.

36 Et on lui fit quatre colonnes de bois de Sittim, qu’on couvrit d’or, ayant leurs crochets d’or ; et on leur fondit quatre soubassements d’argent.

37 On fit aussi à l’entrée du tabernacle une tapisserie d’hyacinthe, d’écarlate, de cramoisi et de fin lin retors, d’ouvrage de broderie.

38 On fit aussi ses cinq colonnes avec leurs crochets ; et on couvrit d’or leurs chapiteaux, et leurs filets ; mais leurs cinq soubassements étaient d’airain. 

CHAPITRE XXXVII.

Description de ce qui était dans le tabernacle de l’arche de l’alliance, de la table des pains de proposition, le chandelier et de l’autel des parfums.

 1 Puis Bethsaléel fit l’arche de bois de Sittim. Sa longueur était de deux coudées et demie, sa largeur d’une coudée et demie, et sa hauteur d’une coudée et demie.

2 Et il la couvrit par dedans et par dehors d’or pur, et il lui fit un couronnement d’or à l’entour.

3 Et il lui fondit quatre anneaux d’or, pour les mettre sur ses quatre coins ; savoir, deux anneaux à l’un de ses côtés, et deux autres à l’autre côté.

4 Il fit aussi des barres de bois de Sittim et les couvrit d’or.

5 Et il fit entrer les barres dans les anneaux aux côtés de l’arche, pour porter l’arche.

6 Il fit aussi le propitiatoire d’or pur, dont la longueur était de deux coudées et demie, et la largeur d’une coudée et demie.

7 Et il fit deux chérubins d’or ; il les fit d’ouvrage fait au marteau, tirés des deux bouts du propitiatoire.

8 Un chérubin du bout de deçà, et l’autre chérubin du bout de delà ; il fit, dis-je, les chérubins tirés du propitiatoire, savoir de ses deux bouts.

9 Et les chérubins étendaient leurs ailes en haut, couvrant de leurs ailes le propitiatoire, et leurs faces étaient vis-à-vis l’une de l’autre, et les chérubins regardaient vers le propitiatoire.

10 Il fit aussi la table de bois de Sittim ; sa longueur était de deux coudées, sa largeur d’une coudée, et sa hauteur d’une coudée et demie.

11 Et il la couvrit d’or pur, et il lui fit un couronnement d’or à l’entour.

12 Il lui fit aussi tout autour une clôture large d’une paume, et il fit autour de sa clôture un couronnement d’or.

13 Et il lui fondit quatre anneaux d’or, et il mit les anneaux aux quatre coins, qui étaient à ses quatre pieds.

14 Les anneaux étaient à l’endroit de la clôture, pour y mettre les barres, pour porter la table.

15 Et il fit les barres de bois de Sittim, et il les couvrit d’or pour porter la table.

16 Il fit aussi d’or pur des vaisseaux pour poser sur la table, ses plats, ses tasses, ses bassins et ses gobelets, avec lesquels on devait faire les aspersions.

17 Il fit aussi le chandelier d’or pur ; il le fit d’ouvrage façonné au marteau ; sa tige, ses branches, ses plats, ses pommeaux et ses fleurs étaient tirés de lui ;

18 et six branches sortaient de ses côtés, trois branches d’un côté du chandelier, et trois autres de l’autre côté du chandelier.

19 Il y avait en une des branches trois plats en forme d’amande, un pommeau et une fleur, et en l’autre branche trois plats en forme d’amande, un pommeau et une fleur. Il fit de même aux six branches qui sortaient du chandelier.

20 Et il y avait au chandelier quatre plats en forme d’amande, ses pommeaux et ses fleurs.

21 Et un pommeau sous deux branches tirées du chandelier, et un autre pommeau sous deux autres branches, qui en étaient tirées, et un autre pommeau sous deux autres branches qui en étaient tirées, savoir des six branches procédant du chandelier.

22 Leurs pommeaux et leurs branches en étaient tirés, et tout le chandelier était une seule pièce, faite au marteau, et d’or pur.

23 Il fit aussi ses sept lampes, ses mouchettes, et ses petits plats destinés à recevoir ce qui tombe des lampes.

24 Et il le fit avec toute sa garniture d’un talent d’or pur.

25 Il fit aussi l’autel du parfum de bois de Sittim ; sa longueur était d’une coudée, et sa largeur d’une coudée ; il était carré ; mais sa hauteur était de deux coudées, et des cornes sortaient de ses quatre coins.

26 Et il couvrit d’or pur tant le dessus de l’autel que ses deux côtés tout à l’entour, et ses cornes ; et il lui fit aussi tout à l’entour un couronnement d’or.

27 Il fit aussi au-dessous de son couronnement deux anneaux d’or à ses deux côtés, qu’il mit aux deux coins, pour y faire passer les barres qui devaient servir à le porter.

28 Et il fit les barres de bois de Sittim, et il les couvrit d’or.

29 Il composa aussi l’huile de l’onction qui était une chose sainte, et le parfum pur, composés d’aromates selon l’art du parfumeur. 

CHAPITRE XXXVIII.

Description de ce qui était hors du tabernacle, de l’autel des holocaustes, de la cuve d’airain et des parvis, avec les comptes de l’or, de l’argent et de l’airain qui furent employés pour construire le tabernacle. 

1 Il fit aussi l’autel des holocaustes de bois de Sittim ; sa longueur était de cinq coudées, et sa largeur de cinq coudées ; il était carré, et sa hauteur était de trois coudées.

2 Et il fit des cornes à ses quatre coins, et qui en sortaient, et il le couvrit d’airain.

3 Il fit aussi tous les ustensiles de l’autel, les chaudrons, les racloirs, les bassins, les fourchettes et les encensoirs ; il fit tous ses ustensiles d’airain.

4 Et il fit pour l’autel une grille d’airain, en forme de treillis, au-dessous de l’enceinte de l’autel, depuis le bas jusqu’au milieu.

5 Et il fondit quatre anneaux aux quatre coins de la grille d’airain, pour mettre les barres.

6 Et il fit les barres de bois de Sittim, et les couvrit d’airain.

7 Et il fit passer les barres dans les anneaux, aux côtés de l’autel, pour le porter avec elles, le faisant d’ais, et creux.

8 Il fit aussi la cuve d’airain et son soubassement d’airain, des miroirs des femmes qui s’étaient assemblées par troupes, et qui s’étaient rendues à la porte du tabernacle d’assignation.

9 Il fit aussi un parvis, savoir pour le côté qui regarde vers le Midi, et des courtines pour le parvis, de fin lin retors, de cent coudées ;

10 et leurs vingt piliers avec leurs vingt soubassements d’airain ; mais les crochets des piliers et leurs filets étaient d’argent.

11 Et pour le côté du Septentrion, il fit aussi d’autres courtines de cent coudées, et leurs vingt piliers et leurs vingt soubassements d’airain ; mais les crochets des piliers et leurs filets étaient d’argent.

12 Et pour le côté de l’Occident, il y avait des courtines de cinquante coudées, leurs dix piliers et leurs dix soubassements ; les crochets des piliers et leurs filets étaient d’argent.

13 Et pour le côté de l’Orient, droit vers le Levant, il y mit des courtines qui avaient cinquante coudées.

14 Il fit pour l’un des côtés quinze coudées de courtines, et leurs trois piliers avec leurs trois soubassements.

15 Et pour l’autre côté, il fit aussi quinze coudées de courtines (afin qu’il y en eût autant deçà que delà de la porte du parvis), et leurs trois piliers avec leurs trois soubassements.

16 Toutes les courtines du parvis, qui étaient tout à l’entour, il les fit donc de fin lin retors.

17 Il fit les soubassements des piliers d’airain, les crochets des piliers et les filets d’argent, et leurs chapiteaux furent couverts d’argent, et tous les piliers du parvis furent ceints à l’entour d’un filet d’argent.

18 Et la tapisserie de la porte du parvis était d’hyacinthe, d’écarlate et de cramoisi, et de fin lin retors, d’ouvrage de broderie, de la longueur de vingt coudées, et de la hauteur (qui était à la largeur) de cinq coudées, répondant aux courtines du parvis.

19 Et ses quatre piliers avec leurs quatre soubassements étaient d’airain, et leurs crochets étaient d’argent ; la couverture aussi de leurs chapiteaux et leurs filets étaient d’argent.

20 Et tous les pieux du tabernacle et du parvis à l’entour étaient d’airain.

21 C’est ici le compte de ce qui fut employé au pavillon, savoir au pavillon du témoignage, comme le compte en fut fait suivant le commandement de Moïse, à quoi furent employés les Lévites, sous la conduite d’Ithamar, fils d’Aaron sacrificateur.

22 Bethsaléel, fils d’Uri, fils de Hur, de la tribu de Juda, fit toutes les choses que l’Éternel avait commandées à Moïse ;

23 et avec lui Aholiab, fils d’Ahisamac, de la tribu de Dan, et les ouvriers, et ceux qui travaillaient en ouvrage exquis, et les brodeurs en hyacinthe, écarlate, cramoisi et fin lin.

24 Tout l’or qui fut employé pour l’ouvrage, savoir pour tout l’ouvrage du sanctuaire, qui était de l’or d’offrande, fut de vingt-neuf talents, et de sept cent trente sicles, selon le sicle du sanctuaire.

25 Et l’argent de ceux de l’assemblée qui furent dénombrés fut de cent talents et mille sept cent soixante et quinze sicles, selon le sicle du sanctuaire.

26 Un demi-sicle par tête, la moitié d’un sicle, selon le sicle du sanctuaire. Tous ceux qui passèrent par le dénombrement, depuis l’âge de vingt ans et au-dessus, furent six cent trois mille cinq cent cinquante.

27 Il y eut donc cent talents d’argent pour fondre les soubassements du sanctuaire et les soubassements du voile, savoir, cent soubassements de cent talents ; un talent pour chaque soubassement.

28 Mais des mille sept cent soixante et quinze sicles, il fit les crochets pour les piliers, et il couvrit leurs chapiteaux, et il en fit des filets à l’entour.

29 L’airain de l’offrande fut de soixante et dix talents, et deux mille quatre cents sicles ;

30 dont on fit les soubassements de la porte du tabernacle d’assignation, et l’autel d’airain, avec sa grille d’airain, et tous les ustensiles de l’autel,

31 et les soubassements de la porte du parvis, et tous les pieux du pavillon, et tous les pieux du parvis tout autour. 

REFLEXIONS SUR LES CHAPITRES XXXVI, XXXVII ET XXXVIII

Ce qui est dit dans ces chapitres n’étant, à quelques circonstances près, qu’une répétition de ce qui a été dit dans les précédents, on doit y faire les mêmes réflexions.

La spécification de l’or, de l’argent et de l’airain qu’on employa pour le tabernacle et la somme de l’argent provenant du demi-sicle que tous les Israélites payèrent par tête fait voir qu’ils étaient sortis d’Égypte avec de grandes richesses et qu’ils en consacrèrent volontairement et avec joie une partie pour l’établissement du service divin.

CHAPITRE XXXIX.

Ce chapitre contient une description des vêtements sacrés. Le tabernacle étant achevé, les ouvriers qui y avaient travaillé le présentèrent à Moïse.

 1 Ils firent aussi d’hyacinthe, d’écarlate et de cramoisi les vêtements du service, pour faire le service au sanctuaire, et ils firent les vêtements sacrés qui étaient pour Aaron, comme l’Éternel avait commandé à Moïse.

2 On fit donc l’éphod d’or, d’hyacinthe, d’écarlate, de cramoisi et de fin lin retors.

3 (Or, on étendit des lames d’or, et on les coupa par filets pour les brocher avec l’hyacinthe, avec l’écarlate, avec le cramoisi et avec le fin lin, d’ouvrage de broderie).

4 On fit à l’éphod des épaulettes qui s’attachaient, tellement qu’il était joint à ses deux bouts.

5 Et la ceinture brodée, de laquelle il était ceint, était tirée de la même pièce et de même ouvrage, savoir d’or, d’hyacinthe, d’écarlate, de cramoisi et de fin lin retors, comme l’Éternel avait commandé à Moïse.

6 On agença aussi les pierres d’onyx enchâssées dans des chatons d’or, et ayant les noms des enfants d’Israël gravés de gravure de cachet.

7 Et on les mit sur les épaulettes de l’éphod, afin qu’elles fussent des pierres de mémorial pour les enfants d’Israël, comme l’Eternel l’avait commandé à Moïse.

8 On fit aussi le pectoral d’ouvrage de broderie, comme l'ouvrage de l’éphod, savoir d’or, d’hyacinthe, d’écarlate, de cramoisi et de fin lin retors.

9 On fit le pectoral carré, et double ; sa longueur était d’une paume, et sa largeur d’une paume, d’une part et d’autre.

10 Et on le remplit de quatre rangs de pierres ; au premier rang on mit une sardoine, une topaze et une émeraude ;

11 au second rang, une escarboucle, un saphir et un jaspe ;

12 au troisième rang, un ligure, une agate et une améthyste ;

13 Et au quatrième rang, une chrysolithe, un onyx et un béryl, lesquels furent enchâssés dans leurs chatons d’or, dans leurs remplages.

14 Ainsi il y avait autant de ces pierres-là, qu’il y avait de noms des enfants d’Israël, douze selon leurs noms ; on grava sur chacune d’elles, de gravure de cachet, un nom, et elles étaient pour les douze tribus.

15 Et on fit sur le pectoral les chaînettes à bouts, en façon de cordon, et d’or pur.

16 On fit aussi deux agrafes d’or et deux anneaux d’or, et on mit les deux anneaux aux deux bouts du pectoral.

17 On mit aussi les deux chaînettes d’or faites à cordon, dans les deux anneaux, à l’extrémité du pectoral.

18 Et on mit les deux autres bouts des deux chaînettes faites a cordon, aux deux agrafes, sur les épaulettes de l’éphod, sur le devant de l’éphod.

19 On fit aussi deux autres anneaux d’or, et on les mit aux deux autres bouts du pectoral sur son bord, qui était du côté de l’éphod en dedans.

20 On fit aussi deux autres anneaux d’or, et on les mit aux deux épaulières de l’éphod par le bas, répondant sur le devant à l’endroit où il se joignait au-dessus de la ceinture brodée de l’éphod.

21 Et ils lièrent le pectoral par ses anneaux aux anneaux de l’éphod, avec un cordon d’hyacinthe, afin qu’il tînt au-dessus de la ceinture brodée de l’éphod, et que le pectoral ne branlât pas de dessus l’éphod, comme l’Eternel l'avait commandé à Moïse.

22 On fit aussi le rochet de l’éphod d’ouvrage tissu, et entièrement d’hyacinthe.

23 Et l’ouverture à passer la tête était au milieu du rochet, comme l’ouverture d’un corselet ; et il y avait un ourlet à l’ouverture du rochet, tout à l’entour, afin qu’il ne se déchirât point.

24 Et aux bords du rochet on fit des grenades d’hyacinthe, d’écarlate et de cramoisi, à fil retors.

25 On fit aussi des clochettes d’or pur, et on mit les clochettes entre les grenades aux bords du rochet tout à l’entour, parmi les grenades ;

26 en sorte qu’il y avait une clochette et une grenade, une clochette et une grenade, aux bords du rochet, tout à l’entour, pour faire le service, comme l’Eternel l’avait commandé à Moïse.

27 On fit aussi à Àaron et à ses fils des chemises de fin lin, d’ouvrage tissu ;

28 et la tiare de fin lin, et les ornements des calottes de fin lin, et les caleçons de lin, de fin lin retors ;

29 Et la ceinture de fin lin retors, d’hyacinthe, d’écarlate, de cramoisi, d’ouvrage de broderie, comme l’Eternel l’avait commandé à Moïse.

30 Et la lame du saint couronnement d’or pur, sur laquelle on écrivit une écriture de gravure de cachet, savoir LA SAINTETÉ A L’ÉTERNEL.

31 Et on mit sur elle un cordon d’hyacinthe, pour l’appliquer à la tiare pardessus, comme l'Eternel l’avait commandé à Moïse.

32 C’est ainsi que fut achevé tout l'ouvrage du pavillon du tabernacle d’assignation ; et les enfants d’Israël firent toutes les choses que l’Éternel avait commandées à Moïse ; ils les firent ainsi.

33 Et ils apportèrent à Moïse le pavillon, le tabernacle et tous les ustensiles, ses crochets, ses ais, ses barres, ses piliers et ses soubassements,

34 la couverture de peaux de moutons teintes en rouge, et la couverture de peaux de couleur d’hyacinthe, et le voile pour tendre devant le lieu très saint,

35 l’arche du témoignage et ses barres et le propitiatoire,

36 la table avec tous ses ustensiles, et le pain de proposition,

37 et le chandelier pur, avec toutes ses lampes arrangées, et tous ses ustensiles, et l’huile du luminaire,

38 et l’autel d’or, l’huile de l’onction, le parfum de choses aromatiques, et la tapisserie de l’entrée du tabernacle,

39 et l’autel d’airain avec sa grille d’airain, ses barres et tous ses ustensiles, la cuve et son soubassement,

40 et les courtines du parvis, ses piliers, ses soubassements, la tapisserie pour la porte du parvis, son cordage, ses pieux, et tous les ustensiles du service du pavillon, pour le tabernacle d’assignation,

41 les vêtements du service pour faire le service au sanctuaire, les saints vêtements pour Aaron sacrificateur, et les vêtements de ses fils pour exercer la sacrificature.

42 Les enfants d’Israël firent donc tout l’ouvrage comme l’Éternel l’avait commandé à Moïse.

43 Et Moïse vit tout l’ouvrage, et voici, on l’avait fait tel que l’Éternel l’avait commandé ; on l’avait fait ainsi ; et Moïse les bénit. 

REFLEXIONS

On peut voir au chapitre XXVIII de ce livre les considérations qu’il y a à faire sur les vêtements sacrés. Ce qu’il y a de particulier à remarquer dans celui-ci, c’est que quand le tabernacle eut été achevé, tout l’ouvrage fut présenté à Moïse, qui l’ayant trouvé conforme à tous égards à ce que Dieu avait ordonné, l’approuva et bénit ceux qui y avaient travaillé et le peuple qui avait fourni ce qui était nécessaire pour amener cette entreprise à sa perfection.

En tout cela on voit l’obéissance du peuple à la volonté du Seigneur et la fidélité avec laquelle Moïse s’acquitta de la commission dont Dieu l’avait chargé.

CHAPITRE XL.

L’ouvrage que Dieu avait commandé que l’on fît pour le tabernacle et pour le service divin étant achevé, Dieu ordonne que le tabernacle soit dressé et que chaque chose y soit mise en sa place. Ce qui ayant été exécuté, Dieu montra par des marques visibles de sa présence qu’il agréait tout ce qui avait été fait et qu’il voulait désormais habiter dans ce lieu là et conduire les enfants d’Israël partout où ils iraient. C’est ici que fini le livre de l’Exode.

1 Et l’Éternel parla à Moïse, disant :

2 Au premier jour du premier mois, tu dresseras le pavillon du tabernacle d’assignation ;

3 et tu y mettras l’arche du témoignage, au-devant de laquelle tu mettras le voile.

4 Tu apporteras aussi la table, et tu y arrangeras ce qui y doit être arrangé ; tu apporteras aussi le chandelier, et tu allumeras ses lampes.

5 Tu mettras aussi l’autel d’or pour le parfum au-devant de l’arche du témoignage, et tu mettras la tapisserie à l’entrée du pavillon.

6 Tu mettras aussi l’autel de l’holocauste vis-à-vis de l’entrée du pavillon du tabernacle d’assignation.

7 Tu mettras aussi la cuve entre le tabernacle d’assignation et l’autel, et tu y mettras de l’eau.

8 Tu mettras aussi le parvis tout à l’entour, et tu mettras la tapisserie à la porte du parvis.

9 Tu prendras aussi l’huile de l’onction, et tu en oindras le pavillon et tout ce qui y est, et tu le consacreras, et tous ses ustensiles, et il sera consacré.

10 Tu oindras aussi l’autel de l’holocauste et tous ses ustensiles, et tu consacreras l’autel, et l’autel sera très-saint.

11 Et tu oindras la cuve et son soubassement, et tu la consacreras.

12 Tu feras aussi approcher Aaron et ses fils à l’entrée du tabernacle d’assignation, et tu les laveras d’eau.

13 Et tu revêtiras Aaron des saints vêtements, et tu l’oindras et le consacreras, et il m’exercera la sacrificature.

14 Et tu feras approcher ses fils, que tu revêtiras des chemises.

15 Et tu les oindras, comme tu auras oint leur père, et ils m’exerceront la sacrificature, et leur onction servira pour la sacrificature à toujours d’âge en âge.

16 Ce que Moïse fit selon toutes ces choses selon que l’Éternel lui avait commandé ; il le fit ainsi.

17 Car au premier jour du premier mois, dans la seconde année, le pavillon fut dressé.

18 Et Moïse dressa le pavillon et mit ses soubassements et posa ses ais et mit ses barres et dressa ses piliers.

19 Et il étendit le tabernacle sur le pavillon, et il mit la couverture du tabernacle au-dessus du pavillon, par le haut, comme l’Éternel l’avait commandé à Moïse.

20 Il prit aussi et il posa le témoignage dans l’arche, et il mit les barres à l’arche ; il mit aussi le propitiatoire sur l’arche, par le haut.

21 Et il apporta l’arche dans le pavillon, et posa le voile de tapisserie, et le mit au-devant de l’arche du témoignage, comme Dieu l’avait commandé à Moïse.

22 Il mit aussi la table au tabernacle d’assignation, au côté du pavillon vers le Septentrion, hors du voile ;

23 et il arrangea sur elle des rangées de pains, devant l’Éternel, comme l’Éternel l’avait commandé à Moïse.

24 Il mit aussi le chandelier au tabernacle d’assignation, vis-à-vis de la table, au côté du pavillon, vers le Midi.

25 Et il alluma les lampes devant l’Éternel, comme l’Éternel l’avait commandé à Moïse.

26 Il posa aussi l’autel d’or au tabernacle d’assignation devant le voile ;

27 et il fit fumer sur l’autel le parfum des choses aromatiques, comme l’Éternel l’avait commandé à Moïse.

28 Il mit aussi la tapisserie de l’entrée pour le pavillon.

29 Il mit aussi l’autel de l’holocauste à l’entrée du pavillon du tabernacle d’assignation, et il offrit sur l’autel l’holocauste et le gâteau, comme l’Éternel l’avait commandé à Moïse.

30 Il posa aussi la cuve entre le tabernacle d’assignation et l’autel, et il y mit de l’eau pour laver.

31 Et Moïse et Aaron avec ses fils en lavèrent leurs mains et leurs pieds.

32 Et quand ils entraient au tabernacle d’assignation, et qu’ils approchaient de l’autel, ils se lavaient selon que l’Éternel l’avait commandé à Moïse.

33 Il dressa aussi le parvis tout autour du pavillon et de l’autel, et il mit la tapisserie de la porte du parvis. Ainsi Moïse acheva l’ouvrage.

34 Et la nuée couvrit le tabernacle d’assignation, et la gloire de l’Éternel remplit le pavillon ;

35 tellement que Moïse ne put entrer au tabernacle d’assignation ; car la nuée se tenait dessus, et la gloire de l’Éternel remplissait le pavillon.

36 Or, quand la nuée se levait de dessus le tabernacle, les enfants d’Israël partaient ; cela arrivait dans toutes leurs traites ;

37 mais si la nuée ne se levait point, ils ne partaient point jusqu’au jour qu’elle se levait.

38 Car la nuée de l’Éternel était sur le pavillon le jour, et le feu y était la nuit, aux yeux de toute la maison d’Israël, dans toutes leurs traites.

REFLEXIONS

Il est utile de lire ce dernier chapitre de l’Exode parce que nous y apprenons ce que c’était que le tabernacle et quelles en étaient les parties et la disposition.

Le tabernacle était une espèce de tente qui pouvait être démontée et transportée d’un lieu à un autre. Dans ce tabernacle, il y avait le lieu très-saint où était l’arche de l’alliance avec ses barres qui servait à la porter et cette arche renfermait les tables de la loi. On conservait aussi dans cet endroit une cruche pleine de la manne dont les enfants d’Israël avaient mangé dans le désert, et la verge d’Aaron qui avait fleuri.

Au-devant du lieu très saint qui était fermé par un voile, il y avait l’autel des parfums, avec la table des pains de proposition, laquelle était du côté du Septentrion et le chandelier d’or qui était du côté du Midi. Hors de ce lieu là et vers l’entrée était la grande cuve ou la mer d’airain, l’autel des holocaustes sur lequel on brûlait les victimes et le parvis où le peuple assistait.

Quand ce tabernacle eut ainsi été dressé et rangé, Aaron et les autres sacrificateurs, après avoir été consacré, commencèrent à y faire le service. Dieu donna des marques de sa présence par la nuée qui descendit sur le tabernacle afin de faire voir aux Israélites qu’ils recevaient le service qu’ils viendraient lui rendre dans ce lieu là et qu’il serait présent au milieu d’eux. Toutes les fois qu’ils devaient partir d’un lieu, la nuée se levait du dessus du tabernacle ; quand ils devaient s’arrêter, elle s’arrêtait.

Ce tabernacle subsista environ cinq cents ans, ayant souvent été transporté d’un lieu à un autre jusqu’à que le roi Salomon bâtit le temple de Jérusalem.

Ce que nous devons considérer sur cela c’est :

I. Que le tabernacle avec toutes ses parties avait été fait par l’ordre de Dieu et suivant le modèle qu’il en avait donné à Moïse,

II. Que Dieu par un effet de sa grande sagesse avait réglé de la sorte ce qui regardait son service pour s’accommoder à l’état du peuple d’Israël qui était un peuple grossier et enfin que toutes ces choses étaient des ombres et des figures de ce qui devait arriver dans les temps de l’Évangile où Jésus-Christ devait venir établir un service plus parfait. C’est ce que St. Paul nous enseigne dans l’épître aux Hébreux, où il dit que le tabernacle avait été construit avec toutes ses parties et qu’après avoir été ainsi disposé, les sacrificateurs y entraient pour y faire le service, mais que Jésus-Christ, le Souverain Sacrificateur des biens à venir était venu par un tabernacle plus grand et plus excellent et nous avait acquis une rédemption éternelle en entrant dans les lieux saints. Ces réflexions nous engagent à louer Dieu des avantages qu’il nous a accordés et à lui rendre le vrai service que Jésus-Christ notre Seigneur nous a prescrit et qui consiste à adorer Dieu en esprit et en vérité.

 

LEVITIQUE OU 3EME LIVRE DE MOÏSE

Détails
Catégorie parente: Bible
Catégorie : Vieux testament
  • LEVITIQUE OU 3EME LIVRE DE MOÏSE

ARGUMENT

Le livre du lévitique est ainsi appelé parce qu’il règle principalement les fonctions des Lévites et des sacrificateurs dans le service divin. Il contient premièrement les lois touchant les sacrifices, les oblations, la lèpre et les diverses cérémonies que le peuple d’Israël devait observer. On y voit ensuite plusieurs autres lois qui regardent le culte religieux et la conduite et les mœurs des Israélites. En lisant ces lois, il faut se souvenir qu’elles étaient particulières au peuple d’Israël et qu’elles avaient été très sagement établies tant pour instruire les Israélites des principaux devoirs de la religion que pour les éloigner de l’idolâtrie.

Au reste, nous devons considérer que puisque nous avons en Jésus-Christ ce qui était représenté par les cérémonies légales, nous sommes indispensablement obligés de rendre volontairement à Dieu le culte spirituel et raisonnable qui nous est prescrit dans l’Évangile.

Chapitres  CHAPITRE I. CHAPITRE II.  CHAPITRE III.  CHAPITRE IV.   CHAPITRE V.  CHAPITRE VI.  CHAPITRE VII.  CHAPITRE VIII.   CHAPITRE IX.  CHAPITRE X.   CHAPITRE XI.   CHAPITRE XII. CHAPITRE XIII.  CHAPITRE XIV.   CHAPITRE XV.   CHAPITRE XVI. CHAPITRE XVII.  CHAPITRE XVIII.  CHAPITRE XIX.   CHAPITRE XX.  CHAPITRE XXI.  CHAPITRE XXII.  CHAPITRE XXIII.  CHAPITRE XXIV.   CHAPITRE XXV.   CHAPITRE XXVI.   CHAPITRE XXVII.   LIVRES DU VIEUX TESTAMENT.

CHAPITRE I.

Ce chapitre règle ce qui concerne les sacrifices volontaires et les holocaustes, c’étaient des sacrifices où les victimes étaient brûlées toutes entières et ces sacrifices étaient de trois sortes, savoir de gros bétail, comme de taureaux ou de veaux, de menues bêtes, comme d’agneaux ou de chèvres et d’oiseaux comme de tourterelles et de pigeons.

1 L’Éternel appela Moïse, et lui parla du tabernacle d’assignation, disant :

2 Parle aux enfants d’Israël, et dis-leur : Quand quelqu’un d’entre vous fera une offrande à l’Éternel, il fera son offrande de gros ou de menu bétail.

3 Si son offrande est de gros bétail pour l’holocauste, il offrira un mâle sans défaut, et il l’offrira à l’entrée du tabernacle d’assignation, de son bon gré, en la présence de l’Éternel.

4 Et il mettra sa main sur la tête de la victime de l’holocauste, et il sera agréé pour lui, afin de faire propitiation pour lui.

5 Ensuite on égorgera le veau, en la présence de l’Éternel, et les fils d’Aaron, sacrificateurs, en offriront le sang, et le répandront à l’entour sur l’autel qui est à l’entrée du tabernacle d’assignation.

6 Après cela, on écorchera la victime de l’holocauste, et on la mettra en pièces.

7 Alors les fils d’Aaron, sacrificateurs, mettront le feu sur l’autel, et arrangeront le bois sur le feu ;

8 et les fils d’Aaron, sacrificateurs, arrangeront les pièces, la tête et la fressure, sur le bois qu’on aura mis au feu sur l’autel ;

9 mais il lavera d’eau le ventre et les jambes, et le sacrificateur fera fumer toutes ces choses sur l’autel ; c’est un holocauste et un sacrifice fait par le feu, de bonne odeur à l’Éternel.

10 Que si son offrande est de menu bétail pour l’holocauste, savoir, d’entre les brebis ou d’entre les chèvres, il offrira un mâle sans défaut ;

11 et on l’égorgera à côté de l’autel vers le Septentrion, en la présence de l’Éternel ; et les fils d’Aaron, sacrificateurs, en répandront le sang sur l’autel tout autour.

12 Et on mettra en pièces, et sa tête et sa fressure ; et le sacrificateur les arrangera sur le bois qu’on mettra sur le feu qui est sur l’autel ;

13 mais il lavera d’eau les entrailles et les jambes. Ensuite le sacrificateur offrira toutes ces choses, et les fera fumer sur l’autel ; c’est un holocauste et un sacrifice fait par le feu, d’agréable odeur à l’Éternel.

14 Que si son offrande est d’oiseaux pour l’holocauste à l’Éternel, il fera son offrande de tourterelles ou de pigeonneaux.

15 Et le sacrificateur l’offrira sur l’autel, et lui entamera la tête avec l’ongle, afin de la faire fumer sur l’autel, et on en fera couler le sang au côté de l’autel ;

16 et il ôtera son jabot avec sa plume, et les jettera près de l’autel, vers l’Orient, où seront les cendres.

17 Il l’entamera donc avec ses ailes, sans le partager ; et le sacrificateur le fera fumer sur l’autel, sur le bois qui sera au feu ; c’est un holocauste et un sacrifice fait par le feu, de bonne odeur à l’Éternel.

REFLEXIONS

I. Il faut considérer sur ce chapitre qu’outre les sacrifices qui étaient de nécessité et de devoir, il y en avait de volontaires que chacun offrait de son bon gré et suivant ses moyens. Cependant, il n’était pas en la liberté des Israélites de les offrir comme ils voudraient, mais ils devaient le faire de la manière que Dieu l’avait réglé.

II. Il parait de ce chapitre que ces sacrifices volontaires étaient très agréables à Dieu, ce qui nous montre qu’il reçoit avec bonté tout ce qu’on fait pour lui d’un cœur sincère.

III. Il est aussi à remarquer que ceux qui n’avaient pas le moyen de sacrifier du gros et du menu bétail pouvaient offrir des pigeons. Par ce moyen toutes sortes de personnes et même les pauvres étaient en état de s’acquitter de ce devoir religieux.

Dieu ne reçoit pas moins favorablement les offrandes des pauvres que celles des riches lorsqu’elles procèdent d’une bonne volonté.

CHAPITRE II.

Ce chapitre traite des gâteaux et des prémices qui doivent être présentés à Dieu. 

1 Quand quelque personne offrira une offrande de gâteau à l’Éternel, son offrande sera de fleur de farine, sur laquelle il versera de l’huile, et il y mettra de l’encens dessus ;

2 et il l’apportera aux fils d’Aaron, sacrificateurs, et le sacrificateur prendra une poignée de la fleur de farine, et de l’huile dont le gâteau aura été fait, avec tout l’encens qui était sur le gâteau ; et il fera fumer son mémorial sur l’autel ; c’est une offrande faite par le feu, en bonne odeur à l’Éternel.

3 Mais ce qui restera du gâteau, sera pour Aaron et ses fils ; c’est une chose très sainte, comme venant des offrandes faites par le feu à l’Éternel.

4 Et quand tu offriras une offrande de ce qui est cuit au four, que ce soient des gâteaux sans levain, de fine farine, pétris avec de l’huile, et des beignets sans levain, oints ou arrosés d’huile.

5 Et si ton offrande est de gâteau cuit sur la plaque, elle sera de fine farine, pétrie dans l’huile, sans levain.

6 Et tu la mettras par morceaux, et tu verseras sur elle de l'huile ; car c’est une offrande de gâteau.

7 Et si ton offrande est un gâteau de poêle, elle sera faite de fine farine avec de l’huile.

8 Et tu apporteras le gâteau qui sera fait de ces choses-là, à l'Éternel ; et on le présentera au sacrificateur, qui l’apportera vers l’autel.

9 Et le sacrificateur en lèvera son mémorial, et le fera fumer sur l’autel ; c’est une offrande faite par le feu, en bonne odeur à l’Éternel.

10 Et ce qui restera du gâteau, sera pour Aaron et pour ses fils, c’est une chose très-sainte, qui vient des offrandes faites par le feu à l’Éternel.

11 Quelque gâteau que vous offriez à l’Éternel, il ne sera point fait avec du levain ; car vous ne ferez rien fumer, dans aucune offrande faite par le feu à l’Éternel, où il y ait du levain ou du miel.

12 Vous pouvez les offrir dans l’offrande des prémices à l’Éternel ; mais ils ne seront point mis sur l’autel, comme une oblation d’agréable odeur.

13 Tu saleras aussi de sel toute offrande de gâteau, et tu ne laisseras point manquer le sel de l’alliance de ton Dieu de dessus ton gâteau ; mais dans toutes tes oblations tu offriras du sel.

14 Et si tu offres le gâteau des premiers fruits à l’Éternel, tu offriras, pour le gâteau de tes premiers fruits, des épis qui commencent à mûrir, rôtis au feu, savoir, les grains de quelques épis égrenés.

15 Et tu mettras de l’huile sur le gâteau, tu mettras aussi de l’encens dessus ; car c’est une offrande de gâteau.

16 Et le sacrificateur fera fumer son mémorial, qui sera pris de ses grains broyés, et de son huile, avec tout l’encens ; c’est une offrande faite par le feu à l’Éternel.

REFLEXIONS

Ce qu’il y a principalement à observer sur les lois concernant les gâteaux et les prémices, c’est qu’on en faisait fumer une partie en l’honneur de Dieu et que le reste appartenait aux sacrificateurs. Ainsi Dieu voulait par là d’un côté engager les Israélites à s’acquitter envers lui d’un devoir religieux et solennel et à reconnaitre qu’ils tenaient de sa libéralité tout ce que la terre produisait et de l’autre pourvoir à la subsistance de ses ministres.

La loi de Jésus-Christ n’oblige pas moins les chrétiens à témoigner à Dieu leur reconnaissance pour ses bienfaits temporels et à fournir à leurs conducteurs spirituels ce dont ils ont besoin pour leur entretien.

CHAPITRE III.

Ce chapitre traite des sacrifices de prospérité que les Israélites offraient pour témoigner à Dieu leur reconnaissance et pour obtenir sa faveur.

1 Et si l’offrande de quelqu’un est un sacrifice de prospérités, et s’il l’offre de gros bétail, soit mâle, soit femelle, il l’offrira sans défaut, devant l’Éternel ;

2 et il mettra sa main sur la tête de son offrande, et on l’égorgera à l’entrée du tabernacle d’assignation, et les fils d’Aaron, sacrificateurs, répandront le sang sur l’autel à l’entour.

3 Puis on offrira, du sacrifice de prospérités, une offrande faite par le feu à l’Éternel, savoir, la graisse qui couvre les entrailles, et toute la graisse qui est sur les entrailles,

4 et les deux rognons, avec la graisse qui est sur eux, jusque sur les flancs ; et il ôtera la taie qui est sur le foie et sur les rognons.

5 Et les fils d’Aaron feront fumer tout cela sur l’autel, sur l’holocauste qu’on mettra sur le bois et sur le feu ; c’est une offrande faite par le feu, de bonne odeur à l’Éternel.

6 Que si son offrande est de menu bétail, pour le sacrifice de prospérités à l’Éternel, soit qu’il offre un mâle ou une femelle, il l’offrira sans défaut.

7 S’il offre un agneau pour son offrande, il l’offrira devant l’Éternel ;

8 et il mettra sa main sur la tête de son offrande, et on l’égorgera devant le tabernacle d’assignation ; et les fils d’Aaron répandront son sang sur l’autel à l’entour.

9 Et il offrira, du sacrifice de prospérités, une offrande faite par le feu à l’Éternel, en ôtant sa graisse et sa queue entière jusque contre l’échine, et la graisse qui couvre les entrailles, et toute la graisse qui est sur les entrailles,

10 et les deux rognons avec la graisse qui est sur eux, jusque sur les flancs ; et il ôtera la taie qui est sur le foie et sur les rognons.

11 Et le sacrificateur fera fumer tout cela sur l’autel ; c’est une viande d’offrande faite par le feu à l’Éternel ;

12 que si son offrande est d’entre les chèvres, il l’offrira devant l’Éternel ;

13 et il mettra la main sur sa tête, et on l’égorgera devant le tabernacle d’assignation, et les enfants d’Aaron répandront son sang sur l’autel à l’entour.

14 Ensuite il offrira son offrande ; c’est un sacrifice fait par le feu à l’Éternel. Il offrira donc la graisse qui couvre les entrailles, et toute la graisse qui est sur les entrailles,

15 et les deux rognons, et la graisse qui est sur eux, jusque sur les flancs, et il ôtera la taie qui est sur le foie et sur les rognons.

16 Et le sacrificateur fera fumer toutes ces choses-là sur l’autel ; c’est une viande d’offrande faite par le feu en bonne odeur. Toute graisse appartient à l’Éternel.

17 C’est une ordonnance perpétuelle dans vos âges, et dans toutes vos demeures, que vous ne mangerez point de graisse ni de sang.

REFLEXIONS

Comme le but des sacrifices de prospérité était de rendre à Dieu des actions de grâces solennelles pour les bienfaits qu’on avait reçu de lui et d’obtenir la continuation de sa bonté, nous devons apprendre de ce chapitre que lorsque Dieu nous accorde quelque grâce particulière, nous sommes dans l’obligation indispensable de lui marquer notre gratitude et que sa faveur étant la source de toute notre félicité, notre principal soin doit être de nous la procurer.

CHAPITRE IV.

Ce chapitre prescrit la manière dont on devait offrir les sacrifices pour les péchés qui avaient été commis par erreur, soit par le souverain sacrificateur, soit par tout le peuple, soit par quelqu’un des principaux, soit par les particuliers.

1 L’Éternel parla encore à Moïse, et lui dit :

2 Parle aux enfants d’Israël, et dis-leur : Lorsque quelque personne aura péché par erreur contre quelqu’un des commandements de l’Éternel, en commettant des choses qu’il ne faut point faire, et lorsqu’il en aura fait quelqu’une ;

3 si le sacrificateur, qui a reçu l’onction, a commis un péché, en faisant pécher le peuple, il offrira, pour le péché qu’il aura fait, un veau, pris du troupeau, sans défaut, à l’Éternel, en offrande pour le péché ;

4 et il amènera le veau à l’entrée du tabernacle d’assignation devant l’Éternel, et il mettra sa main sur la tête du veau, et l’égorgera devant l’Éternel.

5 Et le sacrificateur, qui a reçu l’onction, prendra du sang du veau, et l’apportera dans le tabernacle d’assignation ;

6 et le sacrificateur trempera son doigt dans le sang, et fera aspersion du sang sept fois devant l’Éternel, devant le voile du sanctuaire.

7 Le sacrificateur mettra aussi devant l’Éternel du sang sur les cornes de l’autel du parfum des choses aromatiques, qui est au tabernacle d’assignation ; mais il répandra tout le reste du sang du veau au pied de l’autel de l’holocauste, qui est à l’entrée du tabernacle d’assignation.

8 Et il lèvera toute la graisse du veau de l’offrande pour le péché, savoir, la graisse qui couvre les entrailles, et toute la graisse qui est sur les entrailles,

9 et les deux rognons, avec la graisse qui est dessus, jusque sur les flancs ; et il ôtera la taie qui est sur le foie et sur les rognons,

10 comme on les ôte du taureau du sacrifice de prospérités ; et le sacrificateur fera fumer toutes ces choses-là sur l’autel de l’holocauste.

11 Mais quant à la peau du veau, et toute sa chair, avec sa tête, ses jambes, ses entrailles et sa fiente,

12 et même tout le veau, il le tirera hors du camp, dans un lieu net, où l’on répand les cendres, et il le brûlera sur du bois au feu ; il sera brûlé au lieu où on répand les cendres.

13 Et si toute l’assemblée d’Israël a péché par erreur, et que la chose ait été ignorée de l’assemblée, et qu’ils aient violé quelque commandement de l’Éternel, en commettant des choses qui ne se doivent point faire, et qu’ils se soient rendus coupables ;

14 et que le péché qu’ils ont fait soit connu, l’assemblée offrira un veau pris du troupeau, en offrande pour le péché, et on l’amènera devant le tabernacle d’assignation ;

15 et les anciens de l’assemblée mettront leurs mains sur la tête du veau devant l’Éternel, et on égorgera le veau devant l’Éternel ;

16 et le sacrificateur, qui a reçu l’onction, portera du sang du veau dans le tabernacle d’assignation.

17 Ensuite le sacrificateur trempera son doigt dans le sang, et en fera aspersion devant l’Éternel, devant le voile, par sept fois ;

18 et il mettra du sang sur les cornes de l’autel qui est devant l’Éternel, au tabernacle d’assignation ; après quoi, il répandra tout le reste du sang au pied de l’autel de l’holocauste, qui est à l’entrée du tabernacle d’assignation ;

19 et il lèvera toute sa graisse, et la fera fumer sur l’autel ;

20 et il fera de ce veau comme il a fait du veau pour l’offrande pour son péché. Le sacrificateur fera ainsi, et fera propitiation pour eux, et il leur sera pardonné.

21 Puis il tirera hors du camp le veau, et le brûlera, comme il a brûlé le premier veau ; car c’est l’offrande pour le péché de l’assemblée.

22 Que si quelqu’un des principaux du peuple a péché, ayant violé par erreur quelqu’un de tous les commandements de l’Éternel son Dieu, en commettant des choses qu’on ne doit point faire, et qu’il se soit rendu coupable,

23 et qu’on l’avertisse du péché qu’il a commis, il amènera pour sacrifice un jeune bouc mâle, sans défaut ;

24 Et il mettra sa main sur la tête du bouc, et il l’égorgera au lieu où on égorge l’holocauste devant l’Éternel ; car c’est une offrande pour le péché.

25 Le sacrificateur prendra aussi avec son doigt du sang de l’offrande pour le péché, et il le mettra sur les cornes de l’autel de l’holocauste ; et il répandra le reste de son sang au pied de l’autel de l’holocauste ;

26 et il fera fumer toute sa graisse sur l’autel, comme la graisse du sacrifice de prospérités ; ainsi le sacrificateur fera propitiation pour lui de son péché, et il lui sera pardonné.

27 Que si quelque personne du commun peuple a péché par erreur, en violant quelqu’un des commandements de l’Éternel, et en commettant des choses qu’on ne doit pas faire, et qu’il se soit rendu coupable,

28 et qu’on l’avertisse du péché qu’il a commis, il amènera son offrande d’une jeune chèvre sans défaut, pour le péché qu’il a commis ;

29 et il mettra sa main sur la tête de l’offrande pour le péché, et on égorgera l’offrande pour le péché, au lieu de l’holocauste.

30 Ensuite le sacrificateur prendra du sang de la chèvre avec son doigt, et il le mettra sur les cornes de l’autel de l’holocauste ; et il répandra tout le reste de son sang au pied de l’autel ;

31 et il ôtera toute sa graisse, comme on ôte la graisse de dessus le sacrifice de prospérités ; et le sacrificateur la fera fumer sur l’autel, en bonne odeur à l’Éternel, et il fera propitiation pour lui, et il lui sera pardonné.

32 Que s’il amène un agneau pour l’oblation de son péché, ce sera une femelle sans défaut qu’il amènera ;

33 et il mettra sa main sur la tête de l’offrande pour le péché, et on l’égorgera pour le péché, au lieu où l’on égorge l’holocauste.

34 Puis, le sacrificateur prendra avec son doigt du sang de l’offrande pour le péché, et il le mettra sur les cornes de l’autel de l’holocauste, et il répandra tout le reste de son sang au pied de l’autel ;

35 et il ôtera toute sa graisse, comme on ôte la graisse de l’agneau du sacrifice de prospérités, et le sacrificateur les fera fumer sur l’autel, sur les sacrifices de l’Éternel faits par le feu ; et il fera propitiation pour lui, du péché qu’il aura commis, et il lui sera pardonné.

REFLEXIONS

Pour tirer du profit de cette lecture, il faut y faire ces quatre considérations :

I. La première, que puisque Dieu avait établi des sacrifices pour l’expiation des péchés commis par erreur, ces péchés-là, quoique ils soient moindres que ceux que l’on commet volontairement et par malice, doivent être évités avec soin, que pour cet effet nous devons nous bien instruire de notre devoir et prendre garde à notre conduite et que lorsqu’il nous est arrivé de pécher par erreur et que nous venons de nous en apercevoir, il faut en avoir de la douleur et réparer ces péchés-là autant que nous le pouvons.

II. La seconde réflexion est que les péchés des personnes publiques, telles qu’étaient les sacrificateurs et les principaux du peuple d’Israël, doivent être expiés tant parce qu’ils étaient plus griefs que parce qu’ils pouvaient attirer la colère de Dieu, non seulement sur ceux qui les avaient commis, mais aussi sur tout le peuple.

III. La troisième considération regarde les cérémonies qui s’observaient dans ces sacrifices. Ceux qui les offraient mettaient leurs mains sur la tête des victimes pour marquer qu’elles étaient immolées à leur place, après quoi le sacrificateur prenait du sang des victimes, il en faisait aspersion devant le voile du sanctuaire et il en mettait sur les cornes de l’autel des parfums, si le sacrifice était offert pour les sacrificateurs ou pour tout le peuple, le reste du sang était répandu hors de là au pied de l’autel des holocaustes, la graisse et les reins étaient brûlés sur cet autel et on brûlait le reste du corps des bêtes hors du camp.

IV. Enfin, nous devons considérer que ces cérémonies n’avaient point par elles-mêmes la vertu d’expier les péchés, cependant Dieu les avaient établies pour apprendre au peuple d’Israël que quand ils avaient péché, ils devaient le confesser devant Dieu et recourir à sa miséricorde et que lorsqu’on pratiquait ces cérémonies par un principe d’obéissance, Dieu s’apaisait et pardonnait les péchés qu’on avait commis contre lui.

CHAPITRE V.

Dieu ordonne la punition de ceux qui étant engagés par serment à dire la vérité ne l’auraient pas fait.

Il prescrit ensuite la manière dont il fallait faire l’expiation pour ceux qui auraient touché une chose souillée, pour ceux qui ayant fait des serments inconsidérés ne les auraient pas accomplis, et enfin pour ceux qui par erreur auraient retenu des choses consacrées à Dieu ou violé quelqu’un de ses commandements.

1 Lorsque quelqu’un aura péché, pour n’avoir pas déclaré celui qu’il a entendu qui faisait un serment, et une chose dont il aura été témoin (soit pour l’avoir vue, soit pour l’avoir sue), il portera son iniquité ;

2 ou, quand quelque personne aura touché une chose souillée, soit le cadavre des animaux immondes, soit le cadavre des bêtes immondes, soit le cadavre des reptiles immondes, bien qu’il ne s’en soit pas aperçu, il sera toutefois souillé et coupable ;

3 ou, quand il aura touché la souillure de l’homme, de quelque manière qu’il se soit souillé, soit qu’il ne s’en soit pas aperçu, soit qu’il l’ait connu, il sera coupable ;

4 ou, quand quelque personne aura juré en prononçant de ses lèvres un serment de faire du mal ou du bien, selon tout ce que l’homme prononce en jurant, soit qu’il ne s’en soit point aperçu, soit qu’il y ait pris garde, il sera coupable dans l’un de ces points.

5 Quand donc quelqu’un sera coupable dans l’un de ces points-là, il confessera en quoi il aura péché ;

6 et il amènera l’offrande de son délit à l’Éternel, pour le péché qu’il aura commis, savoir, une femelle du troupeau, soit une brebis ou une jeune chèvre pour le péché ; et le sacrificateur fera propitiation pour lui de son péché.

7 Et s’il n’a pas le moyen de trouver une brebis ou une chèvre, il apportera à l’Éternel, pour offrande du délit qu’il aura commis, deux tourterelles ou deux pigeonneaux ; l’un pour l’offrande pour le péché, et l’autre pour l’holocauste.

8 Et il les apportera au sacrificateur, qui offrira premièrement celui qui est pour le péché ; et il leur entamera la tête avec l’ongle vers le cou, sans la séparer ;

9 ensuite il fera aspersion, sur un côté de l’autel, du sang de l’offrande pour le péché ; et on exprimera ce qui restera du sang au pied de l’autel, car c’est une offrande pour le péché.

10 Et de l’autre il en fera un holocauste, selon l’ordonnance ; et le sacrificateur fera pour lui la propitiation pour le péché qu’il aura commis, et il lui sera pardonné.

11 Que si celui qui aura péché, n’a pas le moyen de trouver deux tourterelles ou deux pigeonneaux, il apportera pour son offrande la dixième partie d’un épha de fine farine, et ne mettra sur elle ni huile, ni encens ; car c’est une offrande pour le péché ;

12 il l’apportera au sacrificateur qui en prendra une poignée pour mémorial de cette offrande, et la fera fumer sur l’autel, sur les sacrifices qui sont faits par le feu à l’Éternel ; car c’est une offrande pour le péché.

13 Ainsi le sacrificateur fera propitiation pour lui, pour le péché qu’il aura commis en l’une de ces choses-là, et il lui sera pardonné ; et le reste sera pour le sacrificateur, comme étant une offrande de gâteau.

14 L’Éternel parla aussi à Moïse, disant :

15 Quand quelque personne aura commis un crime et un péché par erreur, en retenant des choses consacrées à l’Éternel, il amènera une offrande pour son délit à l’Éternel, savoir un bélier sans défaut pris du troupeau, selon l’estimation que tu feras de la chose consacrée, la faisant en sicles d’argent, selon le sicle du sanctuaire, à cause de son délit.

16 Il restituera donc ce en quoi il aura péché, en retenant de la chose consacrée, et il ajoutera un cinquième par-dessus, et il la donnera au sacrificateur ; et le sacrificateur fera propitiation pour lui, par le bélier de l’offrande pour le délit, et il lui sera pardonné.

17 Et quand quelque personne aura péché, et aura violé quelqu’un des commandements de l’Éternel, en commettant des choses qu’on ne doit point faire, quoique sans le savoir, il sera coupable, et portera la peine de son iniquité.

18 Il amènera donc au sacrificateur un bélier sans défaut, pris du troupeau, selon l’estimation que tu feras du délit ; et le sacrificateur fera propitiation pour lui, de la faute qu’il aura commise par erreur, et dont il ne se sera point aperçu ; et ainsi il lui sera pardonné.

19 Il y a du délit ; certainement, il s’est rendu coupable contre l’Éternel.

REFLEXIONS

I. Ce qui vient d’être lu nous enseigne en premier lieu que c’est un crime digne des plus sévères peines de ne pas déclarer la vérité lorsqu’on est sommé par serment de la dire, qu’il faut accomplir les serments qu’on a faits autant qu’on le peut légitimement et s’abstenir de faire aucun serment téméraire et inconsidéré.

II. Les lois qui regardent divers péchés qui étaient commis par erreur et par inadvertance et l’obligation qui était imposée à ceux qui y étaient tombés de les confesser et d’en faire l’expiation nous montrent que l’intention de Dieu est que l’on évite autant que cela se peu non seulement les péchés où l’on pourrait tomber de propos délibéré, mais aussi ceux que l’on pourrait commettre inconsidérément et par ignorance, ces péchés ne laissant pas de nous rendre coupable devant Dieu parce que nous sommes obligés de faire attention à notre devoir et à notre conduite.

III. Sur ce que Dieu ordonne ici que ceux qui auraient péché par erreur confesseraient leurs péchés, qu’ils offriraient des sacrifices et que s’ils ne pouvaient pas offrir des brebis, ils présenteraient des pigeons ou s’il étaient tout à fait pauvres un peu de farine, nous devons considérer que toutes sortes de péchés doivent être expiés et réparés par la confession et par une vraie repentance, que nul n’est exempt de cette obligation et que chacun doit réparer de tout son pouvoir le mal qu’il a fait.

IV. Il est à remarquer enfin que ceux qui avaient pris ou retenu par erreur des choses consacrées à Dieu ne devaient pas seulement offrir un sacrifice, mais qu’ils étaient obligés de restituer ces choses-là et d’y ajouter même par-dessus un cinquième. Cela nous apprend que l’on est dans une obligation indispensable de restituer tout ce qu’on ne possède pas légitimement et que, si ceux qui avaient retenu des choses saintes par erreur étaient tenus d’en faire une restitution si exacte jusque-là qu’ils devaient même donner plus que ces choses ne valaient, le devoir de la restitution est encore plus indispensable lorsqu’on a pris ou qu’on retient sciemment et volontairement des choses qui ne nous appartiennent pas.

CHAPITRE VI.

Dieu ordonne :

I. Que ceux qui nieraient d’avoir entre les mains un dépôt qui leur aurait été confié ou des choses qu’un autre aurait perdues et qu’ils auraient trouvées en fassent la restitution et qu’ils offrent un sacrifice pour expier leur péché.

II. Dieu ajoute des lois touchant les holocaustes et le feu qui devait être continuellement allumé sur l’autel pour les consumer, touchant les gâteaux dont une partie devait être offerte à Dieu et le reste devait être mangé par les sacrificateurs, touchant l’offrande que les sacrificateurs devaient présenter lorsqu’ils étaient consacrés et établis dans leurs charges et enfin touchant les sacrifices pour le péché et le droit que les sacrificateurs avaient d’en manger.

 1 L’Éternel parla aussi à Moïse, disant :

2 Quand quelque personne aura péché et aura commis un forfait contre l’Éternel, en mentant à son prochain pour un dépôt, ou pour une chose qu’on aura mise entre ses mains, soit qu’il l’ait ravie, soit qu’il ait trompé son prochain ;

3 ou s’il a trouvé une chose qui était perdue, et qu’il mente à ce sujet, ou s’il jure faussement sur quelqu’une de ces choses qu’il arrive à l’homme de faire, et de pécher en les faisant ;

4 s’il arrive donc qu’il ait péché et qu’il soit trouvé coupable, il rendra la chose qu’il aura ravie, ou ce qu’il aura usurpé par tromperie, ou le dépôt qui lui aura été confié, ou la chose perdue qu’il aura trouvée ;

5 ou tout ce dont il aura juré faussement ; il restituera le principal, et il ajoutera une cinquième partie par-dessus, à celui à qui il appartenait. Il le donnera au jour qu’il aura été déclaré coupable.

6 Il apportera aussi au sacrificateur, pour l’Éternel, l’offrande pour son péché ; savoir, un bélier sans défaut, pris du troupeau, selon l’estimation que tu feras du délit.

7 Et le sacrificateur fera propitiation pour lui devant l’Éternel, et il lui sera pardonné, quelque chose qu’il ait faite de toutes celles qu’il ne pouvait faire sans se rendre coupable.

8 L’Éternel parla aussi à Moïse, disant :

9 Donne ce commandement à Aaron et à ses fils, et dis-leur : C’est ici la loi de l’holocauste : L’holocauste sera consumé par le feu qui est sur l’autel toute la nuit jusqu’au matin, parce que le feu de l’autel y doit être tenu allumé.

10 Le sacrificateur donc étant vêtu de sa robe de lin, mettra ses caleçons de lin sur sa chair, et il lèvera les cendres, après que le feu aura consumé l’holocauste sur l’autel ; ensuite il les mettra près de l’autel.

11 Alors il dépouillera ses vêtements, et s’étant vêtu d’autres habits, il transportera les cendres hors du camp, dans un lieu net.

12 Et quant au feu qui est sur l’autel, on l’y tiendra allumé ; on ne le laissera point éteindre ; et le sacrificateur allumera du bois au feu tous les matins, et arrangera l’holocauste dessus, et y fera fumer les graisses des offrandes de prospérités.

13 On tiendra le feu continuellement allumé sur l’autel, et on ne le laissera point éteindre.

14 Et c’est ici la loi de l’offrande du gâteau : Les fils d’Aaron l’offriront devant l’Éternel sur l’autel ;

15 Et on lèvera une poignée de fleur de farine du gâteau, et de son huile, avec tout l’encens qui est sur le gâteau, et on le fera fumer comme une oblation de bonne odeur sur l’autel, pour mémorial à l’Éternel.

16 Et Aaron et ses fils mangeront ce qui en restera. On le mangera sans levain au lieu saint ; on le mangera au parvis du tabernacle d’assignation.

17 On n’en cuira point avec du levain. Je leur ai donné cela pour leur portion d’entre mes offrandes qui sont faites par le feu. C’est une chose très sainte, comme le sacrifice qu’on offre pour le péché et pour le délit.

18 Tout mâle d’entre les enfants d’Aaron en mangera ; c’est une ordonnance perpétuelle dans vos âges, touchant les offrandes qui sont faites par le feu à l’Éternel ; quiconque les touchera sera sanctifié.

19 L’Éternel parla aussi à Moïse, disant :

20 C’est ici l’offrande d’Aaron et de ses fils, qu’ils offriront à l’Éternel, au jour qu’il sera oint : Leur offrande ordinaire sera un dixième d’épha de fine farine de gâteau, la moitié le matin, l’autre moitié le soir.

21 Elle sera apprêtée sur une plaque avec de l’huile ; tu l’apporteras ainsi rissolée, et tu offriras les pièces cuites du gâteau, en bonne odeur à l’Éternel.

22 Et celui d’entre ses fils qui sera oint pour sacrificateur en sa place, fera cette offrande, par une ordonnance perpétuelle ; on la fera fumer tout entière à l’Éternel.

23 Tout le gâteau du sacrificateur sera consumé, sans en manger.

24 L’Éternel parla aussi à Moïse, disant :

25 Parle à Aaron et à ses fils, et leur dis : C’est ici la loi du sacrifice pour le péché : La victime du sacrifice pour le péché sera égorgée devant l’Éternel, dans le même lieu où la victime de l’holocauste sera immolée, car c’est une chose très sainte.

26 Le sacrificateur qui offrira l’offrande pour le péché, la mangera ; elle se mangera au lieu saint, au parvis du tabernacle d’assignation.

27 Quiconque touchera sa chair, sera saint ; et s’il en rejaillit quelque sang sur le vêtement, le vêtement sur lequel sera tombé le sang, sera lavé dans le lieu saint ;

28 et le vaisseau de terre dans lequel on l’aura fait bouillir, sera cassé ; mais si on l’a fait bouillir dans un vaisseau d’airain, il sera écuré et lavé dans l’eau.

29 Tout mâle d’entre les sacrificateurs en mangera ; c’est une chose très sainte.

30 On ne mangera point de victime pour le péché, dont on portera le sang dans le tabernacle d’assignation, pour faire propitiation au sanctuaire ; mais elle sera brûlée au feu.

REFLEXIONS

Ce qui mérite le plus notre attention dans ce chapitre, c’est la loi qui regarde ceux qui auraient entre les mains un dépôt et qui le nieraient ou qui retiendraient des choses prises par force ou par tromperie et des choses perdues. Ces personnes-là étaient obligées par la loi de Dieu, non seulement de restituer ce qu’elles retenaient injustement, mais de donner par-dessus la cinquième partie de la valeur de la chose. Cette loi fait voir que le dépôt est une chose sacrée, que c’est un grand crime de nier la vérité, de vouloir retenir ce qui a été confié à notre bonne foi et de conserver ce dont on s’est emparé par violence ou par fraude, qu’il faut rendre les choses trouvées à celui à qui elles appartiennent, que le devoir de restitution est tout à fait indispensable et qu’il n’y peut avoir de pardon pour ceux qui refusent de restituer.

Pour ce qui est des autres lois qui concernent les holocaustes, les sacrifices pour le péché et les gâteaux et où Dieu règle quelle était la portion des sacrifices qui appartenait aux sacrificateurs, nous devons y faire cette considération particulière après St. Paul, outre celles qui ont été touchées ci-dessus, c’est que puisque par la loi divine les sacrificateurs mangeaient des choses saintes, la volonté de Dieu est que les ministres de la religion soient entretenus par l’église.

 CHAPITRE VII.

Ce chapitre traite de la manière d’offrir les sacrifices pour des fautes commises, les sacrifices d’actions de grâces et ceux qui se faisaient volontairement ou ensuite d’un vœu.

Dieu défend à ceux qui étaient souillés de manger de la chair des sacrifices.

Il défend de plus de manger la graisse des bêtes qui lui étaient sacrifiées.

Il interdit absolument l’usage du sang et il règle le droit que les sacrificateurs avaient sur les sacrifices de prospérité.

1 C’est ici la loi de l’oblation pour le délit ; c’est une chose très sainte.

2 Au même lieu où l’on égorgera l’holocauste, on égorgera la victime pour le délit ; et on répandra le sang sur l’autel à l’entour.

3 Ensuite on en offrira toute la graisse, avec sa queue, et toute la graisse qui couvre les entrailles ;

4 Et on en ôtera les deux rognons et la graisse qui est sur eux, jusque sur les flancs, et la taie qui est sur le foie et sur les deux rognons ;

5 Et le sacrificateur fera fumer toutes ces choses-là sur l’autel, en offrande faite par le feu à l’Éternel ; c’est un sacrifice pour le délit.

6 Tout mâle d’entre les sacrificateurs en mangera ; il sera mangé au lieu saint ; car c’est une chose très sainte.

7 L’offrande pour le délit sera semblable à l’offrande pour le péché ; il y aura une même loi pour les deux sacrifices ; la victime appartiendra au sacrificateur qui aura fait propitiation par elle ;

8 et le sacrificateur qui offre l’holocauste pour quelqu’un aura la peau de la victime de l’holocauste qu’il aura offert ;

9 et tout gâteau cuit au four, ou qui sera apprêté dans la poêle ou sur la plaque, appartiendra au sacrificateur qui l’offre ;

10 et tout gâteau pétri à l’huile ou sec, sera pour tous les fils d’Aaron, autant à l’un qu’à l’autre.

11 Et c’est ici la loi du sacrifice de prospérités, qu’on offrira à l’Éternel :

12 Si quelqu’un l’offre pour rendre grâces, il offrira, avec le sacrifice d’actions de grâces, des tourteaux sans levain, pétris à l’huile, et des beignets sans levain, oints d’huile, et de la fleur de farine rissolée, en tourteaux pétris à l’huile ;

13 Il offrira avec ces tourteaux, du pain levé pour son offrande, avec le sacrifice d’actions de grâces pour ses prospérités ;

14 et il en offrira une pièce de toutes les sortes, qu’il offrira pour une oblation élevée à l’Éternel ; et cela appartiendra au sacrificateur, qui répandra le sang du sacrifice de prospérités ;

15 mais la chair du sacrifice d’actions de grâces de ses prospérités sera mangée au jour qu’elle sera offerte ; on n’en laissera rien jusqu’au matin.

16 Que si le sacrifice de son offrande est un vœu ou une offrande volontaire, il sera mangé au jour qu’on aura offert son sacrifice, et s’il y en a quelque reste, on le mangera le lendemain.

17 Mais ce qui sera demeuré de reste de la chair du sacrifice, sera brûlé au feu le troisième jour.

18 Que si on mange de la chair du sacrifice de ses prospérités au troisième jour, celui qui l’aura offert ne sera point agréé, et il ne lui sera point alloué ; ce sera une abomination, et la personne qui en aura mangé en portera la peine.

19 Et la chair de ce sacrifice, qui aura touché quelque chose de souillé, ne se mangera point, mais elle sera brûlée au feu ; cependant, quiconque sera net, mangera de cette chair-là ;

20 car l’homme qui mangera de la chair du sacrifice de prospérités, qui appartient à l’Éternel, et qui sera souillé, cet homme, dis-je, sera retranché d’entre ses peuples.

21 Si une personne touche quelque chose de souillé, ou quelque reptile souillé, et qu’il mange de la chair du sacrifice de prospérités, qui appartient à l’Éternel, cette personne-là sera retranchée d’entre ses peuples.

22 L’Éternel parla aussi à Moïse, disant :

23 Parle aux enfants d’Israël, et dis-leur : Vous ne mangerez aucune graisse de taureau, ni d’agneau, ni de chèvre ;

24 On pourra se servir pour tout autre usage de la graisse d’une bête morte, ou de la graisse d’une bête déchirée ; mais vous n’en mangerez point ;

25 Car si quelqu’un mange de la graisse d’une bête qui doit être offerte par le feu à l’Éternel, que cette personne qui en aura mangé soit retranchée d’entre ses peuples.

26 Vous ne mangerez point, dans aucune de vos demeures, de sang, soit d’oiseaux, soit d’autres bêtes.

27 Toute personne qui aura mangé du sang sera retranchée d’entre ses peuples.

28 L’Éternel parla aussi à Moïse, disant :

29 Parle aux enfants d’Israël, et dis-leur : Celui qui offrira à l’Éternel le sacrifice de ses prospérités, apportera à l’Éternel son offrande prise du sacrifice de prospérités.

30 Il apportera dans ses mains ce qui doit être offert par le feu à l’Éternel ; il apportera la graisse avec la poitrine, offrant la poitrine pour la tournoyer, en offrande tournoyée devant l’Éternel ;

31 et le sacrificateur fera fumer la graisse sur l’autel ; mais la poitrine sera pour Aaron et pour ses fils.

32 Vous donnerez aussi au sacrificateur, pour offrande élevée, l’épaule droite de vos sacrifices de prospérités.

33 Celui d’entre les fils d’Aaron qui offrira le sang et la graisse des sacrifices de prospérités, aura l’épaule droite pour sa part ;

34 car j’ai pris des enfants d’Israël la poitrine qui doit être tournée, et l’épaule qui doit être élevée, de tous les sacrifices de leurs prospérités, et je les ai données à Aaron sacrificateur et à ses fils, par ordonnance perpétuelle, les ayant prises des enfants d’Israël.

35 C’est là le droit que l’onction donne à Aaron et à ses fils, sur ces offrandes de l’Éternel faites par le feu, depuis le jour qu’on les aura présentés pour exercer la sacrificature à l’Éternel ;

36 et c’est ce que l’Éternel a commandé qui leur fût donné par les enfants d’Israël, depuis le jour qu’on les a oints, en ordonnance perpétuelle dans leurs âges.

37 Telle est donc la loi de l’holocauste, du gâteau, du sacrifice pour le péché, du sacrifice pour le délit, et des consécrations, et du sacrifice de prospérités,

38 que l’Éternel recommanda à Moïse sur la montagne de Sinaï, lorsqu’il ordonna aux enfants d’Israël d’offrir leurs offrandes à l’Éternel dans le désert de Sinaï.

REFLEXIONS

Les ordonnances touchant les sacrifices pour des fautes et touchant les sacrifices d’actions de grâces tendaient à apprendre aux Israélites qu’ils devaient apaiser Dieu par leur repentance quand ils avaient péché et lui témoigner leur gratitude pour les faveurs qu’ils recevaient de lui.

La loi qui concerne les vœux nous enseigne que quand on a fait un vœu à Dieu, on doit l’accomplir religieusement.

La défense qui était faite à ceux qui avait contracté quelque souillure légale de manger de la chair des sacrifices, doit nous fait penser qu’il était encore moins permis de paraître devant Dieu quand on est souillé par le péché.

Il était défendu aux Israélites de manger de la graisse des taureaux, des agneaux et des chèvres parce qu’on faisait fumer la graisse de ces animaux-là à l’honneur de Dieu dans les sacrifices.

La loi qui interdisait absolument de manger aucun sang était le renouvellement d’une loi plus ancienne que Dieu avait donnée après le déluge.

On voit enfin dans ce chapitre de quelle manière Dieu avait pourvu à la nourriture des sacrificateurs en leur assignant une portion dans les offrandes et dans les sacrifices du peuple d’Israël.

CHAPITRE VIII.

Moïse ayant assemblé tout le peuple revêt Aaron et ses fils des vêtements sacrés. Il oint avec l’huile sainte le tabernacle et tout ce qui y était, aussi bien qu’Aaron et il consacre les sacrificateurs par un sacrifice solennel en observant les cérémonies que Dieu avait prescrites et qui sont rapportées au chapitre XXIX de l’Exode.

1 L’Éternel parla aussi à Moïse, disant :

2 Prends Aaron et ses fils avec lui, les vêtements, l’huile d’onction et un veau pour le sacrifice pour le péché, deux béliers, et une corbeille de pains sans levain ;

3 et convoque toute l’assemblée à l’entrée du tabernacle d’assignation.

4 Moïse donc fit comme l’Éternel lui avait commandé ; et l’assemblée fut convoquée à l’entrée du tabernacle d’assignation.

5 Et Moïse dit à l’assemblée : C’est ici ce que l’Éternel a commandé de faire.

6 Et Moïse fit approcher Aaron et ses fils, et les lava d’eau.

7 Ensuite il mit sur Aaron la chemise, et le ceignit de la ceinture, et le revêtit du rochet, et il mit sur lui l’éphod, et le ceignit avec la ceinture ouvragée de l’éphod, dont il le ceignit par-dessus.

8 Ensuite il mit sur lui le pectoral, après avoir mis au pectoral Urim et Thummim.

9 Il lui mit aussi la tiare sur la tête, et il mit sur le devant de la tiare la lame d’or, qui est la couronne de sainteté, comme l’Éternel l’avait commandé à Moïse.

10 Ensuite Moïse prit l’huile de l’onction, et il oignit le tabernacle, et toutes les choses qui y étaient, et les consacra.

11 Et il en fit aspersion sur l’autel sept fois, oignant ledit autel, tous ses ustensiles, la cuve et son soubassement, pour les consacrer.

12 Il versa aussi de l’huile de l’onction sur la tête d’Aaron, et il l’oignit pour le consacrer.

13 Et Moïse ayant fait approcher les fils d’Aaron, les revêtit de leurs chemises, les ceignit de ceintures, et leur attacha des mitres, comme l’Éternel le lui avait commandé.

14 Après cela, il fit approcher le veau de l’offrande pour le péché, et Aaron et ses fils mirent leurs mains sur la tête du veau de l’offrande pour le péché ;

15 et Moïse, l’ayant égorgé, prit du sang, et en mit avec son doigt sur les cornes de l’autel tout autour ; et ayant fait propitiation pour l’autel, il répandit le reste du sang au pied de l’autel ; ainsi il le consacra pour y faire la propitiation.

16 Et il prit toute la graisse qui était sur les entrailles et la taie du foie, les deux rognons avec leur graisse ; et Moïse les fit fumer sur l’autel ;

17 Mais il fit brûler au feu, hors du camp, le veau avec sa peau, sa chair et sa fiente, comme l’Éternel lui avait commandé.

18 Il fit aussi approcher le bélier de l’holocauste ; et Aaron et ses fils mirent leurs mains sur la tête du bélier ;

19 et Moïse, l’ayant égorgé, répandit le sang sur l’autel tout autour.

20 Puis il le mit en pièces, et en fit fumer la tête, les pièces et la fressure ;

21 et il lava d’eau les entrailles et les jambes, et fit fumer tout le bélier sur l’autel ; car c’était un holocauste d’agréable odeur ; c’était une offrande faite par le feu à l’Éternel, comme l’Éternel l’avait commandé à Moïse.

22 Il fit aussi approcher l’autre bélier, savoir, le bélier des consécrations ; et Aaron et ses fils mirent les mains sur la tête du bélier.

23 Et Moïse, l’ayant égorgé, prit de son sang et le mit sur le mol de l’oreille droite d’Aaron, et sur le pouce de sa main droite, et sur le gros orteil de son pied droit.

24 Il fit aussi approcher les fils d’Aaron, et mit du même sang sur le mol de leur oreille droite, sur le pouce de leur main droite, et sur le gros orteil de leur pied droit ; et il répandit le reste du sang sur l’autel tout à l’entour.

25 Après, il prit la graisse, la queue et toute la graisse qui est sur les entrailles, et la taie du foie, et les deux rognons avec leur graisse, et l’épaule droite ;

26 Il prit aussi de la corbeille des pains sans levain qui étaient devant l’Éternel, un gâteau sans levain, et un gâteau de pain fait à l’huile, et un beignet, et les mit sur les graisses, et sur l’épaule droite.

27 Ensuite il mit tout cela sur les paumes des mains d’Aaron, et sur les paumes des mains de ses fils, et il les tourna et les éleva en offrande élevée devant l’Éternel.

28 Puis Moïse les reçut d’entre leurs mains, et les fit fumer sur l’autel, sur l’holocauste ; car ce sont les consécrations d’agréable odeur, c’est le sacrifice fait par le feu à l’Éternel.

29 Moïse prit aussi la poitrine du bélier des consécrations, et il l’éleva devant l’Éternel ; et ce fut la portion de Moïse, comme l’Éternel lui avait commandé.

30 Et Moïse prit de l’huile de l’onction et du sang qui était sur l’autel, et il en fit aspersion sur Aaron et sur ses vêtements, sur ses fils et sur les vêtements de ses fils avec lui ; ainsi il consacra Aaron et ses vêtements, ses fils, et les vêtements de ses fils avec lui.

31 Ensuite Moïse dit à Aaron et à ses fils : Faites bouillir la chair à l’entrée du tabernacle d’assignation, et vous la mangerez là, avec le pain qui est dans la corbeille des consécrations, comme le Seigneur me l’a commandé en disant : Aaron et ses fils mangeront ces choses ;

32 mais vous brûlerez au feu ce qui sera demeuré de reste de la chair et du pain.

33 Et vous ne sortirez de sept jours de l’entrée du tabernacle d’assignation, jusqu’au temps que les jours de vos consécrations soient accomplis ; car on vous consacrera pendant sept jours.

34 L’Éternel a commandé de faire tout ce qu’on a fait dans ce jour, pour faire propitiation pour vous.

35 Vous demeurerez donc à l’entrée du tabernacle d’assignation sept jours, jour et nuit, et vous observerez ce que l’Éternel vous a ordonné d’observer, afin que vous ne mouriez pas ; car il m’a été ainsi commandé.

36 Donc Aaron et ses fils firent toutes les choses que l’Éternel avait commandées à Moïse.

REFLEXIONS

On voit ici que Moïse exécuta exactement tout ce que Dieu lui avait ordonné pour l’établissement du culte religieux.

Dieu voulut que toutes ces cérémonies sacrées fussent pratiquées dans cette occasion solennelle afin que tout le peuple eût en révérence le service qui serait désormais rendu à Dieu dans le tabernacle et ceux qui le célébraient de sa part.

Les sacrificateurs eux-mêmes devaient aussi reconnaître par là qu’étant consacrés à Dieu, ils devaient se distinguer par une grande sainteté.

CHAPITRE IX.

Aaron ayant été consacré offre des sacrifices tant pour soi-même que pour le peuple. Ce qui étant fait, Dieu donna des marques de son approbation en apparaissant dans sa gloire et en envoyant un feu qui consuma le sacrifice.

1 Et au huitième jour, Moïse appela Aaron et ses fils, et les anciens d’Israël ;

2 Et il dit à Aaron : Prends un veau du troupeau pour l’offrande pour le péché, et un bélier pour l’holocauste, tous deux sans défaut, et amène-les devant l’Éternel.

3 Et tu parleras aux enfants d’Israël, disant : Prenez un jeune bouc pour l’offrande pour le péché, un veau et un agneau, tous deux de l’année, qui soient sans défaut, pour l’holocauste,

4 et un taureau et un bélier pour le sacrifice de prospérités, pour sacrifier devant l’Éternel, et un gâteau pétri à l’huile ; car aujourd’hui l’Éternel vous apparaîtra.

5 Ils prirent donc les choses que Moïse avait commandées, et les amenèrent devant le tabernacle d’assignation ; et toute l’assemblée s’approcha et se tint devant l’Éternel.

6 Et Moïse dit : Faites ce que l’Éternel vous commande, et la gloire de l’Éternel vous apparaîtra.

7 Et Moïse dit à Aaron : Approche-toi de l’autel, et fais ton offrande pour le péché, et ton holocauste, et fais propitiation pour toi et pour le peuple, et présente l’offrande pour le peuple, et fais propitiation pour eux, comme l’Éternel l’a commandé.

8 Alors Aaron s’approcha de l’autel et égorgea le veau de son offrande pour le péché.

9 Et les fils d’Aaron lui présentèrent le sang, et il trempa son doigt dans le sang, et le mit sur les cornes de l’autel ; ensuite il répandit le reste du sang au pied de l’autel ;

10 mais il fit fumer sur l’autel la graisse, et les, rognons, et la taie du foie de l’offrande pour le péché, comme l’Éternel l’avait commandé à Moïse.

11 Et il brûla au feu la chair et la peau hors du camp.

12 Il égorgea aussi l’holocauste ; et les fils d’Aaron lui présentèrent le sang, lequel il répandit sur l’autel tout autour.

13 Après, ils lui présentèrent la victime de l’holocauste, qu’il avait coupée par pièces, et la tête, et il fit fumer ces choses-là sur l’autel.

14 Et il lava les entrailles et les jambes, qu’il fit fumer sur l’holocauste sur l’autel.

15 Et il offrit l’offrande du peuple, et il prit le bouc de l’offrande pour le péché pour le peuple ; il l’égorgea et l’offrit pour le péché, comme la première offrande ;

16 il l’offrit en holocauste, et il en fit selon l’ordonnance.

17 Ensuite il offrit l’oblation du gâteau, et il en remplit la paume de sa main, et il la fit fumer sur l’autel, outre l’holocauste du matin.

18 Il égorgea aussi le taureau et le bélier pour le sacrifice de prospérités, qui était pour le peuple, et les fils d’Aaron lui présentèrent le sang, lequel il répandit sur l’autel tout à l’entour ;

19 Et ils présentèrent les graisses du taureau et du bélier, la queue, et ce qui couvre les entrailles, et les rognons et la taie du foie ;

20 Et ils mirent les graisses sur les poitrines, et on fit fumer les graisses sur l’autel ;

21 Et Aaron fit tourner en offrande élevée devant l’Éternel les poitrines et l’épaule droite, comme l’Éternel l’avait commandé à Moïse.

22 Et Aaron éleva aussi ses mains vers le peuple, et le bénit ; et il descendit, après avoir fait l’offrande pour le péché, l’holocauste et le sacrifice de prospérités.

23 Moïse donc et Aaron vinrent au tabernacle d’assignation ; et, étant sortis, ils bénirent le peuple, et la gloire de l’Éternel apparut à tout le peuple.

24 Car le feu sortit de devant l’Éternel, et consuma sur l’autel l’holocauste et les graisses ; ce que tout le peuple ayant vu, ils s’écrièrent de joie et tombèrent sur leurs faces.

 REFLEXIONS

Ce qu’il y a à considérer sur ce chapitre, c’est qu’Aaron entra dans les fonctions de sa charge en offrant un sacrifice tant pour soi-même que pour tout le peuple d’Israël. Les sacrificateurs étant pécheurs avaient besoin d’expier leurs propres péchés avant que de faire la propitiation pour les péchés des autres.

C’est aussi la différence que St. Paul remarque entre les anciens sacrificateurs et Jésus-Christ lorsqu’il dit que nous avons un souverain sacrificateur qui est saint, innocent, séparé des pécheurs et élevé par-dessus les cieux et qui n’a pas besoin, comme les souverains sacrificateurs, d’offrir des sacrifices premièrement pour leurs péchés et après cela pour les péchés du peuple.

Les témoignages que Dieu donna alors de sa présence devant toute l’assemblée en apparaissant dans sa gloire et en faisant descendre le feu sur les sacrifices devaient assurer pleinement les Israélites que le ministère des sacrificateurs et la forme du service que Moïse venait d’établir étaient parfaitement conforme à l’intention de Dieu et que s’ils le servaient avec fidélité ils jouiraient de sa présence et des effets de sa faveur.

CHAPITRE X.

Nadab et Abihu fils d’Aaron, ayant mis du feu étranger dans leurs encensoirs pour faire fumer le parfum au lieu de prendre du feu de l’autel, Dieu les fait mourir subitement par le feu. Moïse défend à Aaron leur père et à leurs frères de les pleurer et de sortir du tabernacle, il leur défend aussi de boire du vin ni aucune liqueur qui peut enivrer, dans le temps qu’ils étaient en fonction, dans les lieux saints, il répète à cette occasion la loi qui regarde la portion que les sacrificateurs auraient sur les oblations et les sacrifices ; il reprend Aaron et ses fils de ce qu’ils avaient négligé d’observer cette dernière loi.

1 Or, les fils d’Aaron, Nadab et Abihu, prirent chacun leur encensoir, et y mirent du feu, et du parfum dessus, et ils offrirent devant l’Éternel un feu étranger ; ce qu’il ne leur avait point commandé.

2 Et le feu sortit de devant l’Éternel, et il les dévora et ils moururent devant l’Éternel.

3 Alors Moïse dit à Aaron : C’est ce dont l’Éternel avait parlé, disant : Je serai sanctifié dans ceux qui s’approchent de moi, et je serai glorifié en la présence de tout le peuple. Et Aaron se tut.

4 Et Moïse appela Misçaël et Eltsaphan, fils de Huziel, oncle d’Aaron, auxquels il dit : Approchez-vous, emportez vos frères de devant le sanctuaire, hors du camp.

5 Alors ils s’approchèrent et ils les emportèrent avec leurs chemises, hors du camp, comme Moïse en avait parlé.

6 Puis Moïse dit à Aaron et à Eléazar et Ithamar, ses fils : Ne découvrez point vos têtes et ne déchirez point vos vêtements, de peur que vous ne mouriez et que l’Éternel ne s’irrite contre toute l’assemblée ; mais que vos frères, savoir, toute la maison d’Israël, pleurent l’embrasement que l’Éternel a fait.

7 Et ne sortez pas de l’entrée du tabernacle d’assignation, de peur que vous ne mouriez ; car l’huile de l’onction de l’Éternel est sur vous. Et ils firent comme Moïse le leur avait dit.

8 Et l’Éternel parla à Moïse, disant :

9 Vous ne boirez point de vin ni de cervoise, toi, ni tes fils avec toi, quand vous entrerez au tabernacle d’assignation, de peur que vous ne mouriez : c’est une ordonnance perpétuelle dans vos âges.

10 Et cela afin que vous puissiez discerner entre ce qui est saint ou profane, entre ce qui est souillé ou net ;

11 et afin que vous enseigniez aux enfants d’Israël toutes les ordonnances que l’Éternel leur a prononcées par Moïse.

12 Et Moïse dit à Aaron et à Eléazar et Ithamar ses fils, qui étaient demeurés de reste : Prenez l’offrande du gâteau, qui est demeuré de reste des offrandes de l’Éternel faites par le feu, et mangez-la en pain sans levain, auprès de l’autel ; c’est une chose très sainte.

13 Vous la mangerez au lieu saint, parce que c’est la portion qui t’est assignée et à tes fils, des offrandes faites par le feu à l’Éternel ; car cela m’a été ainsi commandé.

14 Vous mangerez aussi la poitrine qui est tournée, et l’épaule qu’on élève, dans un lieu pur, toi, tes fils et tes filles avec toi ; car ces choses-là t’ont été données des sacrifices de prospérités des enfants d’Israël, pour ta portion et pour celle de tes enfants.

15 Ils apporteront l’épaule qu’on élève, et la poitrine qu’on tourne avec les offrandes des graisses faites par le feu, pour les faire tourner en offrande élevée devant l’Éternel ; et cela t’appartiendra, et à tes fils avec toi, par une ordonnance perpétuelle, comme l’Éternel l’a commandé.

16 Or, Moïse cherchait soigneusement le bouc de l’offrande pour le péché ; mais, voici, il avait été brûlé ; et Moïse se mit en colère contre Eléazar et Ithamar, les fils d’Aaron, qui étaient demeurés de reste, disant :

17 Pourquoi n’avez-vous pas mangé dans le lieu saint l’offrande pour le péché ? car c’est une chose très sainte, puisqu’elle vous a été donnée pour ôter l’iniquité de l’assemblée, afin de faire propitiation pour eux devant l’Éternel.

18 Voici, son sang n’a point été porté dans le sanctuaire ; ne manquez donc plus à la manger dans le lieu saint, comme je l’avais commandé.

19 Alors Aaron répondit à Moïse : Voici, ils ont aujourd’hui offert leur offrande pour le péché, et leur holocauste devant l’Éternel, et ces choses me sont arrivées. Si j’eusse mangé aujourd’hui l’offrande pour le péché, cela eût-il plu à l’Éternel ?

20 Et Moïse l’ayant entendu, approuva ce qu’il avait fait.

REFLEXIONS

Dieu fit mourir Nadab et Abihu, fils d’Aaron pour les punir de ce qu’ils avaient violé le commandement de Dieu en mettant dans leurs encensoirs d’autre feu que celui qu’ils devaient prendre sur l’autel et surtout pour les faire servir d’exemple et pour donner de la crainte aux autres sacrificateurs et à tout le peuple, afin que dans la suite personne ne présumât de rien changer dans la forme du service divin telle qu’elle avait été réglée par le Seigneur lui-même.

D’où nous devons apprendre qu’il n’est en aucune façon permis aux hommes de servir Dieu autrement qu’il ne l’a commandé et que Dieu ne laisse point impunie la violation de ses lois.

Le Seigneur défendit à Aaron et à ses fils, sous peine de mort, de donner dans cette occasion aucune marque de deuil et même de sortir du tabernacle, parce qu’ils n’auraient pu le faire sans déshonorer la sainteté de leur caractère et sans profaner les vêtements sacrés et afin qu’ils témoignassent par là qu’ils étaient plus sensibles à ce qui touchait la gloire de Dieu qu’à leur propre intérêt et qu’ils acquiesçaient au juste jugement de Dieu sur Nadab et Abihu.

Dieu défendit alors aux sacrificateurs de boire du vin dans le temps qu’ils étaient en fonction dans le tabernacle. L’occasion à laquelle cette défense fut faite donne lieu de croire que Nadab et Abihu étaient dans le désordre par le vin lorsqu’ils offrirent un feu étranger et que ce fut pour empêcher qu’il n’arrivât plus rien de semblable à l’avenir que Dieu donna cette loi.

On peut considérer sur cela qu’il est tout-à-fait indigne des chrétiens et surtout des ministres de la religion de se laisser aller aux excès du vin et que leur vocation étant très sainte et les appelant à servir Dieu en tout temps, ils doivent vivre dans une grande tempérance.

CHAPITRE XI. 

Ce chapitre contient :

I. La loi touchant les animaux nets et les animaux souillés.

II. La manière dont ceux qui seraient souillés par l’attouchement de ces animaux devaient se purifier.

1 Et l’Éternel parla à Moïse et à Aaron, leur disant :

2 Parlez aux enfants d’Israël et dites-leur : Ce sont ici les animaux dont vous mangerez, d’entre toutes les bêtes qui sont sur la terre :

3 Vous mangerez, d’entre les bêtes à quatre pieds, de toutes celles qui ont l’ongle divisé, et qui ont le pied fourché, et qui ruminent ;

4 Mais vous ne mangerez point de celles qui ruminent seulement, ou qui ont l’ongle divisé seulement, comme le chameau ; car il rumine bien ; mais il n’a point l’ongle divisé ; il vous est souillé ;

5 et le lapin ; car il rumine bien ; mais il n’a point l’ongle divisé ; il vous est souillé ;

6 et le lièvre ; car il rumine bien ; mais il n’a point l’ongle divisé ; il vous est souillé ;

7 et le pourceau ; car il a bien l’ongle divisé et le pied fourché ; mais il ne rumine pas ; il vous est souillé ;

8 vous ne mangerez point de leur chair, même vous ne toucherez point de leur chair morte ; ils vous sont souillés.

9 Vous mangerez de ceci d’entre tout ce qui est dans les eaux ; vous mangerez de tout ce qui a des nageoires et des écailles dans les eaux, soit dans la mer, soit dans les fleuves ;

10 mais vous ne mangerez pas de ce qui n’a point de nageoires ni d’écailles, soit dans la mer, soit dans les fleuves ; tant de tout reptile des eaux, que de toute chose vivante qui est dans les eaux ; cela vous sera en abomination ;

11 elles vous seront donc en abomination ; vous ne mangerez point de leur chair, et vous tiendrez pour une chose abominable leur chair morte.

12 Tout ce donc qui vit dans les eaux, et n’a point de nageoires et d’écailles, vous sera en abomination.

13 Et d’entre les oiseaux, vous tiendrez ceux-ci pour abominables, on n’en mangera point, ils sont en abomination ; savoir, l’aigle, l’orfraie, le faucon,

14 le vautour et le milan, selon leur espèce,

15 tout corbeau selon son espèce,

16 le chat-huant, la hulotte, le coucou et l’épervier, selon leur espèce,

17 la chouette, le plongeon, le hibou,

18 le cygne, le cormoran, le pélican,

19 la cigogne et le héron, selon leur espèce, la huppe et la chauve-souris ;

20 et tout reptile volant qui marche sur quatre pieds, vous sera en abomination.

21 Mais voici ce que vous mangerez de toute bête qui vole, qui marche à quatre pieds, et qui a des jambes sur ses pieds, pour sauter avec elles sur la terre ;

22 ce sont ici ceux dont vous mangerez, savoir, l’arbre selon son espèce, le solham selon son espèce, le hargol selon son espèce, et le habag selon son espèce.

23 Mais toute autre bête qui vole et qui a quatre pieds, vous sera en abomination.

24 Vous vous souillerez donc, si vous mangez de ces bêtes ; quiconque touchera leur chair morte, sera souillé jusqu’au soir.

25 Quiconque aussi portera de leur chair morte, lavera ses vêtements, et sera souillé jusqu’au soir.

26 Toute bête qui a l’ongle divisé et qui n’a point le pied fourché et ne rumine point, vous sera souillée ; quiconque les touchera sera souillé.

27 Et tout ce qui marche sur des pattes, entre tous les animaux qui marchent à quatre pieds, vous sera souillé ; quiconque touchera leur chair morte sera souillé jusqu’au soir.

28 Et qui portera de leur chair morte, lavera ses vêtements et sera souillé jusqu’au soir ; elles vous sont souillées.

29 Ceci aussi vous sera souillé entre les reptiles qui rampent sur la terre ; savoir, la belette, la souris et la tortue, selon leur espèce,

30 le hérisson, le crocodile, le lézard, la limace et la taupe.

31 Ces choses vous sont souillées entre les reptiles. Quiconque les touchera mortes sera souillé jusqu’au soir.

32 Aussi, s’il en tombe quelque chose, quand elles seront mortes, sur quoi que ce soit, il sera souillé, soit vaisseau de bois, soit vêtement, soit peau ou sac ; quelque vaisseau que ce soit, dont on se sert à faire quelque chose, sera mis dans l’eau et sera souillé jusqu’au soir, et après cela il sera net.

33 Mais s’il en tombe quelque chose dans quelque vaisseau de terre que ce soit, tout ce qui sera dans ce vaisseau sera souillé, et vous casserez le vaisseau.

34 Et toute viande qu’on mange, sur laquelle il y aura eu de l’eau, sera souillée ; tout breuvage qu’on boit, dans quelque vaisseau que ce soit, en sera souillé.

35 Et s’il tombe quelque chose de leur chair morte sur quoi que ce soit, cela sera souillé ; le four et le foyer seront abattus ; ils sont souillés, et ils vous seront souillés.

36 Toutefois la fontaine ou le puits, ou quelque autre amas d’eaux seront nets. Qui touchera donc leur chair morte sera souillé.

37 Et s’il est tombé de leur chair morte sur quelque semence qui se sème, elle sera nette ;

38 mais si on avait mis de l’eau sur la semence, et que quelque chose de leur chair morte tombe sur elle, elle vous sera souillée.

39 Et quand quelque bête, de celles qui vous sont pour viande, sera morte d’elle-même, celui qui en touchera la chair morte sera souillé jusqu’au soir.

40 Et celui qui aura mangé de sa chair morte lavera ses vêtements, et sera souillé jusqu’au soir ; celui aussi qui portera la chair morte de cette bête-là lavera ses vêtements, et sera souillé jusqu’au soir.

41 Tout reptile donc qui rampe sur la terre vous sera en abomination, et on n’en mangera point.

42 Vous ne mangerez point, entre tous les reptiles qui se traînent sur la terre, de tout ce qui marche sur la poitrine, ni de tout ce qui marche sur les quatre pieds; car ils sont en abomination.

43 Ne rendez point vos personnes abominables par aucun reptile qui se traîne, et ne vous souillez point par eux ; car vous seriez souillés par eux.

44 Parce que je suis l’Eternel votre Dieu. Vous vous sanctifierez donc, et vous serez saints ; car je suis saint ; ainsi vous ne souillerez point vos personnes par aucun reptile qui se traîne sur la terre ;

45 car je suis l’Eternel, qui vous ai fait monter du pays d’Egypte, afin que je vous sois Dieu, et que vous soyez saints ; car je suis saint.

46 Telle est la loi touchant les bêtes et les oiseaux, et tout animal qui a vie, qui se traîne dans les eaux, et toute chose qui a vie, qui se traîne sur la terre ;

47 afin de discerner entre la chose souillée et la chose nette, et entre les animaux qu’on peut manger et ceux dont on ne doit point manger.

REFLEXIONS

Il faut considérer sur ce chapitre que la distinction entre les animaux purs et les souillés était fort ancienne et qu’elle était déjà connue avant le déluge et observée dans les sacrifices, comme on le voit dans le livre de la Genèse. Dieu trouva à propos de donner des lois plus particulières sur ce sujet au peuple d’Israël. Il le fit pour distinguer ce peuple des nations voisines qui mettaient aussi de la distinction entre les animaux, soit pour la religion, soit pour les usages de la vie, mais il établit une distinction différente de celle que les idolâtres observaient et cela afin de faire souvenir les Israélites, ainsi qu’il est dit dans ce chapitre, qu’ils étaient un peuple saint, consacré à Dieu et distingué des autres peuples. Outre cela, ces lois furent données pour empêcher les Israélites de tomber dans une licence brutale à l’égard du manger, pour les former à la tempérance et à la pureté, pour les tenir dans la dépendance de Dieu, même dans les choses qui regardaient la nourriture, aussi bien que pour des raisons de santé à l’égard de quelques-uns de ces animaux. Et pour rendre cette loi plus inviolable, Dieu déclare souillé ceux qui auraient simplement touché la chair morte de ces bêtes.

Les raisons de ces lois ayant cessé, elles ne nous regardent pas. L’Évangile nous enseigne qu’il n’y a aucune créature de toutes celles qui peuvent servir à notre nourriture dont nous ne puissions manger, pourvu que nous en usions avec sobriété et avec reconnaissance envers Dieu et que nous observions les règles de la prudence et celles de la tempérance chrétienne.

CHAPITRE XII.

C’est ici une loi qui regarde les femmes qui ont accouchées et leur purification.

1 L’Eternel parla aussi à Moïse, disant :

2 Parle aux enfants d’Israël et leur dis : Si la femme, après avoir conçu, enfante un mâle, elle sera souillée sept jours ; elle sera souillée comme au temps de ses mois.

3 Et au huitième jour on circoncira la chair du prépuce de l’enfant.

4 Et elle demeurera pendant trente-trois jours, pour être purifiée de son sang ; elle ne touchera aucune chose sacrée, et elle ne viendra point au sanctuaire, jusqu’à ce que les jours de sa purification soient accomplis.

5 Que si elle enfante une fille, elle sera souillée deux semaines, comme au temps de ses mois, et elle demeurera soixante-six jours pour être purifiée de son sang.

6 Après que le temps de sa purification sera accompli, soit pour fils ou pour fille, elle présentera au sacrificateur un agneau de l’année, en holocauste, et un pigeonneau ou une tourterelle, en offrande pour le péché, à l’entrée du tabernacle d’assignation ;

7 et le sacrificateur offrira cela devant l’Éternel, et fera propitiation pour elle, et elle sera nettoyée du flux de son sang. Telle est la loi de celle qui enfante un mâle ou une fille.

8 Que si elle n’a pas le moyen de trouver un agneau, alors elle prendra deux tourterelles ou deux pigeonneaux, l’un pour l’holocauste et l’autre en offrande pour le péché ; et le sacrificateur fera propitiation pour elle, et elle sera ainsi purifiée.

REFLEXIONS

Cette loi qui ne permettait pas aux femmes qui relevaient de leurs couches de venir au sanctuaire avant un certain nombre de jours et qui les obligeaient à offrir le sacrifice prescrit n’était pas seulement fondée sur des raisons d’honnêteté et de bienséance, mais elle avait pour but de leur inspirer un grand respect pour les lieux saints et de faire voir qu’il fallait être dans un état de pureté lorsqu’on   se présente devant Dieu. Par là aussi les femmes avaient occasion de témoigner à Dieu leur reconnaissance et de lui rendre grâce. La Sainte vierge Marie se conforma à cette loi après qu’elle eut mis Jésus au monde et lorsqu’elle le présenta au temple, elle offrit l’oblation qui est ici ordonnée, ainsi que nous le lisons dans l’Évangile.

CHAPITRE XIII.

Il est parlé dans ce chapitre de la lèpre, de ses différentes espèces et de la manière dont les sacrificateurs devaient juger de cette maladie.

1 L’Éternel parla aussi à Moïse et à Aaron, disant :

2 Lorsqu’il y aura, dans la peau de la chair d’un homme, une tumeur, ou de la gale, ou un bouton, et que cela paraîtra dans la peau de sa chair comme une plaie de lèpre, on l’amènera à Aaron, sacrificateur, ou à l’un de ses fils, sacrificateurs.

3 Alors le sacrificateur regardera la plaie dans la peau de la chair de cet homme ; et, si le poil de la plaie est devenu blanc, et si la plaie, à la voir, est plus enfoncée que la peau de sa chair, il déclarera que c’est une plaie de lèpre ; ainsi le sacrificateur le regardera et le jugera souillé ;

4 mais si le bouton est blanc dans la peau de sa chair, et qu’à le voir, il ne soit pas plus enfoncé que la peau, et si son poil n’est pas devenu blanc, le sacrificateur fera renfermer, pendant sept jours, celui qui a la plaie ;

5 et le sacrificateur la regardera au septième jour ; et s’il voit que la plaie se soit arrêtée, et qu’elle n’ait point crû dans la peau, le sacrificateur le fera renfermer pendant sept autres jours.

6 Et le sacrificateur la regardera encore au septième jour d’après ; et s’il voit que la plaie s’est retirée, et qu’elle ne s’est pas plus répandue sur la peau, le sacrificateur le jugera pur ; c’est de la gale. Il lavera ses vêtements et sera pur ;

7 mais si la gale a crû, en quelque sorte que ce soit, sur la peau, après qu’il aura été regardé par le sacrificateur, pour être jugé pur, et qu’il aura été regardé pour la seconde fois, par le sacrificateur,

8 le sacrificateur le regardera encore ; et s’il voit que la gale ait crû sur la peau, le sacrificateur le jugera souillé ; c’est de la lèpre.

9 Quand il y aura une plaie de lèpre en un homme, on l’amènera au sacrificateur,

10 qui le regardera ; et s’il voit qu’il y ait une tumeur blanche dans la peau, et que le poil soit devenu blanc, et qu’il paraisse de la chair vive dans la tumeur,

11 c’est une lèpre invétérée dans la peau de sa chair; et le sacrificateur le jugera souillé et ne le fera point renfermer ; car il est jugé souillé.

12 Si la lèpre boutonne fort dans la peau et qu’elle couvre toute la peau de la plaie, depuis la tête de cet homme-là jusqu’à ses pieds, autant qu’en pourra voir le sacrificateur,

13 le sacrificateur le regardera ; et, s’il voit que la lèpre ait couvert toute la chair de cet homme, alors il jugera pur celui qui a la plaie ; la plaie est devenue toute blanche, il est pur.

14 Mais le jour auquel on aura vu de la chair vive, il sera tenu pour souillé.

15 Alors le sacrificateur regardera la chair vive et le jugera souillé ; la chair vive est souillée ; c’est de la lèpre.

16 Que si la chair vive se change et devient blanche, alors il viendra vers le sacrificateur ;

17 et le sacrificateur le regardera ; et s’il voit que la plaie soit devenue blanche, le sacrificateur jugera net celui qui a la plaie ; il est net.

18 Si la chair a eu dans sa peau un ulcère qui soit guéri,

19 et qu’au lieu où était l’ulcère, il y ait une tumeur blanche, ou une pustule blanche roussâtre, il sera regardé par le sacrificateur.

20 Le sacrificateur donc la regardera ; et, s’il remarque qu’à la voir, elle soit plus enfoncée que la peau, et que son poil soit devenu blanc, alors le sacrificateur le jugera souillé ; c’est une plaie de lèpre. La lèpre a boutonné dans l’ulcère.

21 Que si le sacrificateur, la regardant, voit que le poil ne soit point devenu blanc et qu’elle ne soit pas plus enfoncée que la peau, mais qu’elle se soit retirée, le sacrificateur le fera renfermer pendant sept jours.

22 Que si elle s’est étendue, en quelque sorte que ce soit, sur la peau, le sacrificateur le jugera souillé ; c’est une plaie.

23 Mais si le bouton s’arrête en son lieu, ne croissant point, c’est un feu d’ulcère ; ainsi le sacrificateur le jugera net.

24 Que si la chair a dans sa peau une inflammation de feu, et que la chair vive de la partie enflammée soit un bouton blanc roussâtre ou blanc seulement,

25 Le sacrificateur le regardera ; et, s’il voit que le poil soit devenu blanc dans le bouton, et qu’à le voir, il soit plus enfoncé que la peau, c’est de la lèpre ; elle a boutonné dans l’inflammation. Le sacrificateur donc le jugera souillé ; c’est une plaie de lèpre.

26 Mais si le sacrificateur le regarde et voit qu’il n’y a point de poil blanc au bouton et qu’il n’est point plus bas que la peau et qu’il s’est retiré, le sacrificateur le fera enfermer pendant sept jours.

27 Et le sacrificateur le regardera au septième jour ; et s’il a crû, en quelque sorte que ce soit, dans la peau, le sacrificateur le jugera souillé ; c’est une plaie de lèpre.

28 Que si le bouton s’arrête en sa place sans croître sur la peau, et s’il s’est retiré, c’est une tumeur d’inflammation, et le sacrificateur le jugera net ; c’est un feu d’inflammation.

29 Et si l’homme ou la femme a une plaie en la tête, ou l’homme en la barbe,

30 le sacrificateur regardera la plaie, et si, à la voir, elle est plus enfoncée que la peau, ayant en soi du poil jaunâtre délié, le sacrificateur le jugera souillé ; c’est de la teigne ; c’est de la lèpre de la tête ou de la barbe.

31 Et si le sacrificateur, regardant la plaie de la teigne, voit qu’à la voir elle n’est pas plus enfoncée que la peau, et n’a aucun poil noir, le sacrificateur fera enfermer pendant sept jours celui qui a la plaie de la teigne.

32 Et au septième jour le sacrificateur regardera la plaie ; et s’il voit que la teigne ne s’est point étendue, et qu’elle n’a aucun poil jaunâtre, et qu’à voir la teigne, elle ne soit pas plus enfoncée que la peau,

33 celui qui a la plaie de la teigne, se rasera, mais il ne rasera point l’endroit de la teigne ; et le sacrificateur fera renfermer sept autres jours celui qui a la teigne.

34 Puis le sacrificateur regardera la teigne au septième jour ; et s’il voit que la teigne ne s’est point étendue sur la peau, et qu’à la voir, elle n’est point plus enfoncée que la peau, le sacrificateur le jugera net ; et cet homme-là lavera ses vêtements et sera net.

35 Mais si la teigne croît, en quelque sorte que ce soit, dans la peau, après sa purification,

36 le sacrificateur la regardera, et s’il voit que la teigne ait crû dans la peau, le sacrificateur ne cherchera point de poil jaunâtre ; il est souillé.

37 Mais s’il voit que la teigne se soit arrêtée, et qu’il y soit venu du poil noir, la teigne est guérie ; il est net, et le sacrificateur le jugera net.

38 Et si l’homme ou la femme ont dans la peau de leur chair des boutons, des boutons blancs,

39 le sacrificateur les regardera, et s’il voit que dans la peau de leur chair il y ait des boutons qui se soient retirés et blancs, c’est une tache blanche qui a boutonné dans la peau ; il est donc net.

40 Et si l’homme a la tête pelée, il est chauve, et néanmoins il est net.

41 Et si sa tête est pelée du côté de son visage, il est chauve, et néanmoins il est net.

42 Mais si, dans la partie pelée ou chauve, il y a une plaie blanche roussâtre, c’est une lèpre qui a bourgeonné dans sa partie pelée ou chauve.

43 Et le sacrificateur le regardera, et s’il voit que la tumeur de la plaie soit blanche roussâtre, dans sa partie pelée ou chauve, semblable à la lèpre de la peau de la chair,

44 l’homme est lépreux, il est souillé ; le sacrificateur ne manquera pas de le juger souillé ; sa plaie est en sa tête.

45 Or, le lépreux qui aura la plaie, aura ses vêtements déchirés, et sa tête nue, et il se couvrira jusque sur la lèvre de dessus, et criera : Le souillé, le souillé.

46 Pendant tout le temps qu’il aura cette plaie, il sera jugé souillé ; il est souillé, il demeurera seul, et sa demeure sera hors du camp.

47 Et si le vêtement est infecté de la plaie de la lèpre, soit vêtement de laine, soit vêtement de lin,

48 ou dans la chaîne ou dans la trame, de lin ou de laine, ou aussi dans de la peau, ou dans quelque ouvrage de pelleterie que ce soit,

49 et si cette tâche est fort verte, ou fort roussâtre dans le vêtement, ou dans la peau, ou dans la chaîne ou dans la trame, ou dans quelque chose que ce soit qui soit faite de peau, ce sera une tache de lèpre, et elle sera montrée au sacrificateur.

50 Et le sacrificateur regardera la tache, et fera enfermer sept jours ce qui a la tache.

51 Et au septième jour il regardera la tache. Si la tache est crue dans le vêtement, ou dans la chaîne ou dans la trame, ou dans la peau, ou dans quelque ouvrage que ce soit de pelleterie, la tache est une lèpre rongeante ; elle est souillée.

52 Il brûlera donc le vêtement, la chaîne ou la trame, de laine ou de lin, et toutes les choses qui sont faites de peau, qui auront cette tache ; car c’est une lèpre rongeante ; cela sera brûlé au feu.

53 Mais si le sacrificateur regarde, et voit que la tache n’est point crue dans le vêtement, ou dans la chaîne ou dans la trame, ou dans quelque autre chose qui soit faite de peau,

54 le sacrificateur commandera qu’on lave l’endroit où est la tache, et le fera enfermer pendant sept autres jours.

55 Que si le sacrificateur, après qu’on aura fait laver la tache, la regarde, et voit que la tache n’a point changé sa couleur, et qu’elle n’est point crue, c’est, une chose souillée ; tu la brûleras au feu ; c’est une enfonçure en son envers ou en son endroit pelé.

56 Que si le sacrificateur regarde, et voit que la tache s’est retirée, après qu’on l’a fait laver, il la déchirera du vêtement, ou de la peau, ou de la chaîne ou de la trame.

57 Que si elle paraît encore au vêtement, ou dans la chaîne ou dans la trame, ou dans quelque autre chose qui soit faite de peau, c’est une lèpre qui a boutonné ; vous brûlerez au feu la chose où est la tache.

58 Mais si tu as lavé le vêtement, ou la chaîne ou la trame, ou quelque autre chose qui soit faite de peau, et que la tache s’en soit allée, il sera encore lavé et sera net.

59 Telle est la loi de la tache de la lèpre du vêtement de laine ou de lin, ou de la chaîne ou de la trame, ou de quelque chose que ce soit qui soit faite de peau, pour la juger nette ou souillée.

CHAPITRE XIV.

Dieu prescrit ce qui devait être observé pour la purification des lépreux, aussi bien que pour celle des maisons qui étaient infectées de la lèpre.

1 L’Éternel parla aussi à Moïse, disant :

2 C’est ici la loi du lépreux, pour le jour de sa purification : il sera amené au sacrificateur ;

3 et le sacrificateur sortira hors du camp, et le regardera ; et, s’il voit que la plaie de la lèpre soit guérie au lépreux,

4 le sacrificateur commandera qu’on prenne, pour celui qui doit être nettoyé, deux passereaux vivants et nets, avec du bois de cèdre, et du cramoisi, et de l’hysope ;

5 et le sacrificateur commandera qu’on coupe la gorge à l’un des passereaux, sur un vaisseau de terre, sur de l’eau vive.

6 Après, il prendra le passereau vivant, le bois de cèdre, le cramoisi et l’hysope, et il trempera toutes ces choses, avec le passereau vivant, dans le sang de l’autre passereau, qui aura été égorgé sur l’eau vive ;

7 et il en fera aspersion sept fois sur celui qui doit être déclaré pur de la lèpre, et il le déclarera pur ; et il laissera aller le passereau vivant par les champs.

8 Et celui qui doit être déclaré pur lavera ses vêtements, il rasera tout son poil, il se lavera d’eau et il sera pur, et ensuite il entrera au camp ; mais il demeurera hors de sa tente pendant sept jours.

9 Et au septième jour, il rasera tout son poil, celui de sa tête, de sa barbe, des sourcils de ses yeux, et enfin tout son poil ; puis il lavera ses vêtements et sa chair ; ainsi il sera déclaré pur.

10 Et au huitième jour, il prendra deux agneaux sans défaut, et une brebis de l’année sans défaut, et trois dixièmes de fine farine à faire le gâteau, pétri en l’huile, et un log d’huile ;

11 et le sacrificateur qui fait la purification présentera celui qui doit être déclaré pur, et ces choses-là, devant l’Éternel, à l’entrée du tabernacle d’assignation.

12 Ensuite le sacrificateur prendra l’un des agneaux, et l’offrira en offrande pour le délit, avec un log d’huile, et fera tourner ces choses devant l’Éternel, en oblation élevée.

13 Puis il égorgera l’agneau, au lieu où l’on égorge l’offrande pour le péché, et l’holocauste, dans le lieu saint ; car l’offrande pour le délit appartient au sacrificateur, comme l’offrande pour le péché ; c’est une chose très sainte.

14 Et le sacrificateur prendra du sang de l’offrande pour le délit, et le mettra sur le mol de l’oreille droite de celui qui doit être déclaré pur, et sur le pouce de sa main droite, et sur le gros doigt de son pied droit.

15 Ensuite le sacrificateur prendra de l’huile du log, et en versera dans la paume de sa main gauche.

16 Et le sacrificateur trempera le doigt de sa main droite dans l’huile qui est dans sa main gauche, et fera aspersion de l’huile avec son doigt sept fois devant l’Éternel.

17 Et du reste de l’huile qui sera dans sa main, le sacrificateur en mettra sur le mol de l’oreille droite de celui qui doit être déclaré pur, et sur le pouce de sa main droite, et sur le gros doigt de son pied droit, sur le sang de l’offrande pour le délit.

18 Mais le sacrificateur mettra, sur la tête de celui qui doit être déclaré pur, ce qui sera resté de l’huile sur sa main ; et ainsi le sacrificateur fera propitiation pour lui devant l’Éternel.

19 Ensuite le sacrificateur offrira l’offrande pour le péché, et fera propitiation pour celui qui doit être nettoyé de sa souillure ; et ensuite il égorgera l’holocauste.

20 Et le sacrificateur offrira l’holocauste et le gâteau sur l’autel, et fera propitiation pour celui qui doit être déclaré pur, et il sera pur.

21 Mais s’il est pauvre, et s’il n’a pas le moyen de fournir cela, il prendra un agneau en offrande tournée pour le délit, afin de faire propitiation pour soi, et un dixième de fine farine pétrie à l’huile, pour le gâteau, avec un log d’huile,

22 et deux tourterelles ou deux pigeonneaux, selon qu’il pourra fournir, dont l’un sera pour le péché et l’autre pour l’holocauste ;

23 et, au huitième jour de sa purification, il les apportera au sacrificateur, à l’entrée du tabernacle d’assignation, devant l’Eternel.

24 Alors le sacrificateur recevra l’agneau de l’offrande pour le délit, et un log d’huile, et les fera tourner devant l’Eternel en offrande tournée.

25 Et il égorgera l’agneau de l’offrande pour le délit. Puis, le sacrificateur prendra du sang de l’offrande pour le délit, et le mettra sur le mol de l’oreille droite de celui qui doit être déclaré pur, et sur le pouce de sa main droite, et sur le gros orteil de son pied droit.

26 Ensuite le sacrificateur versera de l’huile dans la paume de sa main gauche ;

27 et il fera aspersion avec le doigt de sa main droite, de l’huile qui est dans sa main gauche, sept fois devant l’Eternel.

28 Et il mettra de cette huile, qui est dans sa main, sur le mol de l’oreille droite de celui qui doit être déclaré pur, et sur le pouce de sa main droite, et sur le gros orteil de son pied droit, sur le lieu qui avait été arrosé du sang de l’offrande pour le délit.

29 Ensuite il mettra le reste de l’huile qui est dans sa main sur la tête de celui qui doit être déclaré pur, afin de faire propitiation pour lui devant l’Eternel.

30 Puis il sacrifiera l’une des tourterelles ou l’un des pigeonneaux de ce qu’il aura pu fournir.

31 De ce donc qu’il aura pu fournir, l’un sera pour le péché et l’autre pour l’holocauste, avec le gâteau ; ainsi le sacrificateur fera propitiation devant l’Eternel, pour celui qui doit être déclaré pur.

32 Telle est la loi de celui qui a une plaie de lèpre, et qui n’a pas le moyen de fournir à sa purification.

33 L’Eternel parla encore à Moïse et à Aaron, disant :

34 Quand vous serez entrés au pays de Canaan, que je vous donne en possession, si j’envoie une plaie de lèpre en quelque maison du pays que vous posséderez,

35 celui à qui la maison appartient viendra et le fera savoir au sacrificateur, disant : Il me semble que j’aperçois comme une plaie en ma maison.

36 Alors le sacrificateur commandera qu’on vide la maison, avant qu’il y entre pour regarder la plaie, de peur que tout ce qui est en la maison ne soit souillé ; après cela, le sacrificateur entrera pour voir la maison.

37 Et il regardera la plaie, et s’il voit que la plaie qui est aux parois de la maison ait quelques fossettes tirant sur le vert ou roussâtres, qui soient, à les voir, plus enfoncées que la paroi,

38 le sacrificateur sortira de la maison et se tiendra à l’entrée, et fera fermer la maison pendant sept jours.

39 Et au septième jour, le sacrificateur retournera et la regardera ; et, s’il voit que la plaie se soit étendue aux parois de la maison,

40 alors il commandera d’arracher les pierres infectées de la plaie, et de les jeter hors de la ville, dans un lieu souillé.

41 Il fera aussi racler l’enduit de la maison, par dedans tout à l’entour, et on jettera l’enduit qu’on aura raclé, hors de la ville, en un lieu souillé.

42 Et on prendra d’autres pierres, et on les apportera au lieu des premières pierres, et on prendra d’autre mortier pour crépir de nouveau la maison.

43 Mais si la plaie revient et repousse dans la maison, après qu’on aura arraché les pierres, et après qu’on l’aura raclée et renduite,

44 le sacrificateur y entrera, et la regardera ; et s’il voit que la plaie soit crue dans la maison, c’est une lèpre rongeante dans la maison ; elle est souillée.

45 On démolira donc la maison, ses pierres, son bois, avec tout son mortier, et on les transportera hors de la ville, dans un lieu souillé.

46 Et si quelqu’un est entré dans la maison, pendant tout le temps que le sacrificateur l’avait fait fermer, il sera souillé jusqu’au soir.

47 Et celui qui dormira dans cette maison-là lavera ses vêtements. Celui aussi qui mangera dans cette maison-là lavera ses vêtements.

48 Mais quand le sacrificateur y sera entré, et qu’il aura vu que la plaie n’a point crû dans cette maison-là, après l’avoir fait crépir de nouveau, il jugera la maison nette ; car sa plaie est guérie.

49 Alors il prendra, pour purifier la maison, deux passereaux, du bois de cèdre, du cramoisi et de l’hysope ;

50 et il égorgera l’un des passereaux sur un vaisseau de terre, sur de l’eau vive ;

51 et il prendra le bois de cèdre, l’hysope, le cramoisi et le passereau vivant, et trempera le tout dans le sang du passereau qu’on aura égorgé, et dans l’eau vive ; puis, il fera aspersion dans la maison, sept fois.

52 Il purifiera donc la maison avec le sang du passereau, et avec l’eau vive, et avec le passereau vivant, le bois de cèdre, l’hysope et le cramoisi.

53 Après cela, il laissera aller le passereau vivant hors de la ville, par les champs, et il fera propitiation pour la maison, et elle sera nette.

54 Telle est la loi de toute plaie de lèpre et de teigne,

55 de lèpre de vêtement et de maison,

56 de tumeur, de gale et de bouton,

57 Pour enseigner en quel temps une chose est souillée, et en quel temps elle est nette. Telle est la loi de la lèpre.

REFLEXIONS SUR LES CHAPITRES XIII ET XIV

La lèpre dont il est parlé dans ces deux chapitres était une maladie commune dans l’Égypte d’où les enfants d’Israël venaient et dans les pays voisins et il y en avait d’une espèce qui s’attachait aux habits et aux maisons. Les lois que Dieu donna sur ce sujet étaient en partie politiques et elles étaient établies pour empêcher que ce mal contagieux ne se répandit parmi le peuple et ne l’infectât.

Mais elles étaient aussi religieuses. C’était aux sacrificateurs à juger de la lèpre et les lépreux ne pouvaient être réputés purs que par le jugement des sacrificateurs et après avoir présenté les oblations et les sacrifices que la loi prescrivait, ce que notre Seigneur observa aussi après qu’il eût guéri un lépreux.

Ainsi ces lois avaient pour but d’attacher les Israélites à Dieu et à la religion et d’empêcher qu’ils n’eussent recours à des moyens illicites pour se délivrer de ce fâcheux mal.

Enfin, elles avaient un sens et un usage moral, de même que les autres lois qui concernaient les souillures et les purifications légales, c’était d’apprendre aux Israélites que ceux qui sont souillés ne peuvent plaire à Dieu.

C’est aussi l’instruction que nous devons retirer de ce chapitre en considérant que si la lèpre, qui était un mal involontaire et qui ne souillait point l’âme, séparait et éloignait du commerce des hommes ceux qui en étaient atteints, les personnes qui vivent dans le péché ne peuvent être réputées membre de l’Église, ni avoir aucune communion avec Dieu pendant qu’elles demeurent dans cet état.

CHAPITRE XV.

Lois touchant les souillures des hommes et des femmes et la manière de les en purifier.

1 L’Éternel parla aussi à Moïse et à Aaron, disant :

2 Parlez aux enfants d’Israël, et dites-leur : Tout homme qui perd sera souillé à cause de sa perte.

3 Et c’est ici la perte qui le rendra souillé ; quand il perdra ou quand sa perte sera retenue, il sera souillé.

4 Tout lit sur lequel aura couché celui qui perd sera souillé, et toute chose sur laquelle il se sera assis sera souillée.

5 Quiconque aussi touchera son lit lavera ses vêtements et se lavera d’eau et sera souillé jusqu’au soir.

6 Et qui s’asseyera sur une chose sur laquelle celui qui perd se sera assis, lavera ses vêtements et se lavera d’eau et sera souillé jusqu’au soir.

7 Et celui qui touchera la chair de celui qui perd lavera ses vêtements et se lavera d’eau et sera souillé jusqu’au soir.

8 Et si celui qui perd crache sur celui qui est net, celui qui était net lavera ses vêtements et se lavera d’eau et sera souillé jusqu’au soir.

9 Toute monture aussi que celui qui perd aura montée, sera souillée.

10 Et quiconque touchera quelque chose qui aura été sous lui sera souillé jusqu’au soir. Et quiconque portera ces choses lavera ses vêtements et se lavera d’eau et sera souillé jusqu’au soir.

11 Et quiconque aura été touché par celui qui perd, sans qu’il ait lavé ses mains dans l’eau, lavera ses vêtements et se lavera d’eau et sera souillé jusqu’au soir.

12 Et le vaisseau de terre que celui qui perd aura touché sera cassé ; mais tout vaisseau de bois sera lavé d’eau.

13 Or, quand celui qui perd sera purifié de sa perte, il comptera sept jours pour sa purification, et lavera ses vêtements et lavera sa chair d’eau vive, et ainsi il sera net.

14 Et au huitième jour il prendra pour lui deux tourterelles ou deux pigeonneaux, et il viendra devant l’Éternel à l’entrée du tabernacle d’assignation, et il les donnera au sacrificateur.

15 Alors le sacrificateur les sacrifiera, l’un en offrande pour le péché, et l’autre en holocauste ; ainsi le sacrificateur fera propitiation pour lui devant l’Éternel, à cause de sa perte.

16 L’homme aussi duquel la perte sera sortie lavera d’eau toute sa chair et sera souillé jusqu’au soir.

17 Et tout habit ou toute peau, sur laquelle il y aura de cette perte, sera lavée d’eau, et sera souillée jusqu’au soir.

18 Même la femme dont un tel homme aura la compagnie se lavera d’eau avec son mari, et sera souillée jusqu’au soir.

19 Et quand une femme aura ses règles, elle sera séparée sept jours. Et quiconque la touchera sera souillé jusqu’au soir.

20 Et toute chose sur laquelle elle aura couché, durant sa séparation, sera souillée ; et toute chose sur laquelle elle aura été assise sera souillée.

21 Quiconque aussi touchera le lit de cette femme lavera ses vêtements et se lavera d’eau et sera souillé jusqu’au soir.

22 Et quiconque touchera une chose sur laquelle elle se sera assise lavera ses vêtements et se lavera d’eau et il sera souillé jusqu’au soir.

23 Même, si quelqu’un touche le lit ou quelque autre chose sur laquelle elle aura été assise, il sera souillé jusqu’au soir.

24 Et si quelqu’un a habité avec elle, pendant le temps de ses règles, il sera souillé sept jours ; et tout lit sur lequel il dormira sera souillé.

25 De même, quand une femme aura une perte de sang plusieurs jours, sans que ce soit le temps de ses mois, ou quand elle perdra plus longtemps que le temps de ses mois, elle sera souillée comme au temps de sa séparation, tout le temps de sa perte.

26 Tout lit sur lequel elle couchera, pendant tout le temps de sa perte, lui sera comme le lit de sa séparation ; et toute chose sur laquelle elle s’assied sera souillée, comme pour la souillure de sa séparation.

27 Et quiconque aura touché ces choses-là lavera ses vêtements et se lavera dans l’eau et il sera souillé jusqu’au soir.

28 Mais si elle est guérie de sa perte, elle comptera sept jours, et après elle sera nette.

29 Et au huitième jour, elle prendra deux tourterelles ou deux pigeonneaux et les apportera au sacrificateur, à l’entrée du tabernacle d’assignation ;

30 et le sacrificateur en sacrifiera l’un en offrande pour le péché et l’autre en holocauste ; ainsi le sacrificateur fera propitiation pour elle devant l’Éternel, à cause de sa perte et de sa souillure.

31 Ainsi, vous séparerez les enfants d’Israël de leurs souillures, et ils ne mourront point à cause de leurs souillures, en souillant mon pavillon, qui est au milieu d’eux.

32 Telle est la loi de celui qui perd et de celui duquel sort ce qui le souille.

33 Telle est aussi la loi de celle qui est malade de ses mois, et de toute personne qui perd, soit mâle, soit femelle, et de celui qui couche avec celle qui est souillée.

REFLEXIONS

Ce qu’il y a à observer sur ces lois c’est qu’il était nécessaire que Dieu les prescrivît aux Israélites afin de les former, non seulement à la pureté extérieure et corporelle, mais aussi à l’intérieure, laquelle consiste à être chaste et continent et à fuir tout ce qui souille le corps et l’âme devant Dieu.

CHAPITRE XVI.

Ce chapitre contient l’institution du sacrifice qui se faisait le jour des expiations et qui était le sacrifice le plus solennel de toute l’année.

Cette fête se célébrait le dixième jour du septième mois qui était un jour de jeûne et de repos pour tout le peuple. Ce jour-là, le souverain sacrificateur offrait un sacrifice pour ses péchés et pour ceux du peuple. Il entrait dans le lieu très saint et y faisait aspersion avec le sang des victimes et après qu’il en était sorti, on amenait un bouc choisi par le sort sur lequel le sacrificateur faisait la confession des péchés du peuple et l’on envoyait ensuite ce bouc dans un lieu désert, c’était ce qu’on appelait le bouc Hazazel.

Le but de cette cérémonie était de marquer que les péchés des Israélites étaient expiés et ôtés, comme si ce bouc les eut emportés avec lui.

1 L’Éternel parla encore à Moïse, après la mort des deux enfants d’Aaron, lorsque, s’étant approchés de l’Éternel, ils moururent ;

2 et l’Éternel dit à Moïse : Parle à Aaron ton frère, afin qu’il n’entre point en tout temps dans le sanctuaire, au dedans du voile, devant le propitiatoire qui est sur l’arche, de peur qu’il ne meure ; car je me montrerai dans la nuée sur le propitiatoire.

3 Aaron entrera en cette manière dans le sanctuaire, savoir, après qu’il aura offert un veau du troupeau pour le péché, et un bélier pour l’holocauste.

4 Il se revêtira de la chemise sacrée de lin, ayant mis les caleçons de lin sur sa chair, et il se ceindra de la ceinture de lin, et il portera la tiare de lin, qui sont les vêtements sacrés ; et, après avoir lavé sa chair d’eau, il s'en revêtira.

5 Et il prendra, de l’assemblée des enfants d’Israël, deux jeunes boucs, en offrande pour le péché, et un bélier pour l’holocauste.

6 Et Aaron offrira son veau pour le péché et fera propitiation, tant pour soi que pour sa maison.

7 Et il prendra les deux boucs, et les présentera devant l’Éternel, à l’entrée du tabernacle d’assignation ;

8 et Aaron jettera sur les deux boucs le sort ; un sort pour l’Eternel et un sort pour Hazazel.

9 Et Aaron offrira le bouc sur lequel le sort sera tombé pour l’Eternel, et le sacrifiera en offrande pour le péché.

10 Mais le bouc sur lequel le sort sera tombé pour Hazazel sera présenté vivant devant l’Eternel, pour faire propitiation sur lui, et on l’enverra au désert pour Hazazel.

11 Aaron donc offrira son veau pour le péché et fera propitiation pour soi et pour sa maison, et il égorgera son veau, qui est l’offrande pour le péché.

12 Puis il prendra plein un encensoir de la braise du feu de dessus l’autel qui est devant l’Eternel, et plein ses paumes de parfum de choses aromatiques pulvérisées, et il l’apportera au dedans du voile,

13 et il mettra le parfum sur le feu devant l’Eternel, afin que la fumée du parfum couvre le propitiatoire qui est sur le témoignage ; ainsi il ne mourra point.

14 Il prendra aussi du sang du veau et il en fera aspersion avec son doigt au-devant du propitiatoire vers l’Orient ; même, il fera aspersion de ce sang-là sept fois avec son doigt, devant le propitiatoire.

15 Il égorgera aussi le bouc du peuple, qui est l’offrande pour le péché, et il apportera son sang au dedans du voile, et fera de son sang comme il a fait du sang du veau, en faisant aspersion vers le propitiatoire, sur le devant du propitiatoire.

16 Et il fera expiation pour le sanctuaire, en le nettoyant des souillures des enfants d’Israël, et de leurs forfaits et de tous leurs péchés ; et il fera la même chose au tabernacle d’assignation qui est avec eux au milieu de leurs souillures.

17 Et personne ne sera au tabernacle d’assignation quand le sacrificateur y entrera pour faire propitiation dans le sanctuaire, jusqu’à ce qu’il en sorte, lorsqu’il fera propitiation pour soi et pour sa maison et pour toute l’assemblée d’Israël.

18 Et il sortira vers l’autel qui est devant l’Eternel, et il fera l’expiation pour lui ; et prenant du sang du veau et du sang du bouc, il le mettra sur les cornes de l’autel tout autour.

19 Et il fera aspersion du sang avec son doigt sept fois sur l’autel, et le nettoiera et le purifiera des souillures des enfants d’Israël.

20 Et quand il aura achevé de faire expiation pour le sanctuaire et pour le tabernacle d’assignation et pour l’autel, alors il offrira le bouc vivant.

21 Et Aaron, mettant ses deux mains sur la tête du bouc vivant, confessera sur lui toutes les iniquités des enfants d’Israël et tous leurs forfaits, selon tous leurs péchés, et les mettra sur la tête du bouc et l’enverra au désert par un homme exprès.

22 Le bouc donc portera sur soi toutes leurs iniquités dans une terre inhabitée, et l’homme laissera aller le bouc par le désert.

23 Et Aaron reviendra au tabernacle d’assignation, et quittera les vêtements de lin dont il s’était vêtu, quand il était entré dans le sanctuaire, et il les mettra là.

24 Il lavera aussi son corps avec de l’eau au lieu saint, et il se revêtira de ses vêtements ; et, étant sorti, il offrira son holocauste et l’holocauste du peuple.

25 Il fera aussi fumer sur l’autel la graisse de l’offrande pour le péché.

26 Et celui qui aura conduit le bouc pour Hazazel lavera ses vêtements et son corps avec de l’eau ; puis il rentrera au camp.

27 Mais on tirera hors du camp le veau et le bouc qui auront été offerts en offrande pour le péché et desquels le sang aura été porté au sanctuaire, pour y faire propitiation, et on brûlera au feu leur peau, leur chair et leurs excréments.

28 Et celui qui les aura brûlés lavera ses vêtements et son corps avec de l’eau ; après cela, il rentrera au camp.

29 Et ceci vous sera pour une ordonnance perpétuelle : Le dixième jour du septième mois vous affligerez vos âmes et vous ne ferez aucune œuvre, ni celui qui est du pays, ni l’étranger qui fait son séjour parmi vous ;

30 car en ce jour-là le sacrificateur fera propitiation pour vous, afin de vous purifier ; ainsi vous serez purifiés de tous vos péchés, en la présence de l’Éternel.

31 Ce vous sera donc un sabbat de repos et vous affligerez vos âmes ; c’est une ordonnance perpétuelle.

32 Et le sacrificateur qu’on aura oint, et qu’on aura consacré pour exercer la sacrificature à la place de son père, fera propitiation, s’étant revêtu des vêtements de lin, savoir, des vêtements sacrés.

33 Et il fera expiation pour le saint sanctuaire, pour le tabernacle d’assignation, pour l’autel, pour les sacrificateurs et pour tout le peuple de l’assemblée.

34 Ceci donc vous sera pour une ordonnance perpétuelle, pour faire propitiation pour les enfants d’Israël de tous leurs péchés, une fois l’année. Et on fit comme l’Éternel l’avait commandé à Moïse.

REFLEXIONS

Dieu avait établi la grande fête des expiations qui se célébrait une fois toutes les années afin qu’en ce jour-là les Israélites s’humiliassent devant lui par le jeûne et par la confession de leurs péchés et qu’ils en obtinssent le pardon. C’est à quoi tendait le sacrifice solennel qu’on offrait à Dieu et l’entrée du souverain sacrificateur dans le lieu très saint . L’usage que les chrétiens doivent faire de cette lecture est marqué par St. Paul dans son Épître aux Hébreux, particulièrement au chapitre IX et voici les réflexions qu’il y fait :

I. Que comme les péchés des Israélites étaient expiés par le sacrifice du jour des propitiations et par l’entrée du sacrificateur dans le lieu très saint, aussi Jésus-Christ a pleinement fait la propitiation de nos péchés et nous a ouvert l’entrée à la gloire céleste par son sacrifice et par son ascension au Ciel.

II. L’apôtre remarque ces différences entre les anciens sacrifices et celui de Jésus-Christ :

I. Que les sacrificateurs offraient des sacrifices pour leurs propres péchés parce qu’ils étaient pécheurs au lieu que Jésus-Christ, étant parfaitement saint et séparé des pécheurs, n’a pas besoin d’offrir aucun sacrifice pour ses péchés.

II. Que les sacrificateurs n’entraient dans le lieu saint qu’une fois l’an, ce qui marquait que l’entrée au Ciel n’était pas encore ouverte au lieu que Jésus-Christ nous a ouvert le chemin du Ciel par son sacrifice.

III. Que ces anciens sacrifices étaient réitérés chaque année, ce qui en prouvait l’insuffisance, mais que le sacrifice de notre Seigneur n’a point dû être réitéré.

III. St. Paul remarque de plus que le souverain sacrificateur entrait dans le sanctuaire avec le sang des victimes, mais que Jésus est entré dans le Ciel par son propre sang.

IV. Enfin, cet apôtre dit que le sang des bêtes ne pouvait pas par lui-même réconcilier les hommes avec Dieu, ni les sanctifier au lieu que le sang de Jésus-Christ a la vertu d’expier nos péchés et de purifier nos consciences.

Toutes ces considérations doivent nous faire sentir les avantages dont nous jouissons et la nécessité d’en profiter par la foi et par la repentance, sans quoi ce grand sacrifice de notre Sauveur nous serait inutile.

Il parait, au reste, par cette loi qui ordonnait aux Israélites de jeûner le jour des expiations, que c’est un devoir très agréable à Dieu de s’humilier devant lui, par des jeûnes solennels et d’avoir même des temps destinés à cela.

CHAPITRE XVII.

Dieu défend d’offrir des sacrifices ailleurs qu’à l’entrée du tabernacle et à d’autres qu’à lui. Il défend ensuite de manger du sang et de manger des bêtes qui étaient mortes d’elles-mêmes ou qui avaient été déchirées par les bêtes sauvages.

1 L’Éternel parla aussi à Moïse, disant :

2 Parle à Aaron et à ses fils et à tous les enfants d’Israël et leur dis : C’est ici ce que l’Éternel a commandé, disant :

3 Si quelqu’un de la maison d’Israël, ayant égorgé un taureau ou un agneau ou une chèvre, dans le camp, ou l’ayant immolé hors du camp,

4 ne l’a point amené à l’entrée du tabernacle d’assignation, pour en faire l’offrande à l’Éternel, devant le pavillon de l’Éternel, ce sang sera imputé à cet homme-là ; il a répandu ce sang ; aussi cet homme sera retranché du milieu de son peuple ;

5 afin que les enfants d’Israël amènent leurs sacrifices qu’ils offrent à la campagne, qu’ils les amènent à l’Éternel à l’entrée du tabernacle d’assignation, vers le sacrificateur, et qu’ils les sacrifient en sacrifices de prospérités à l’Éternel ;

6 et que le sacrificateur répande le sang sur l’autel de l’Éternel, à l’entrée du tabernacle d’assignation, et fasse fumer la graisse en bonne odeur à l’Éternel ;

7 et qu’ils n’offrent plus leurs sacrifices aux démons auxquels ils se sont prostitués. Que ce leur soit une ordonnance perpétuelle dans leurs âges.

8 Tu leur diras donc : Quiconque des enfants d’Israël ou des étrangers qui font leur séjour parmi eux aura offert un holocauste ou un sacrifice,

9 et qui ne l’aura point amené pour le sacrifier à l’Éternel, à l’entrée du tabernacle d’assignation, cet homme-là sera retranché d’entre ses peuples.

10 Si quelqu’un de la famille d’Israël, ou des étrangers qui font leur séjour parmi eux, mange de quelque sang que ce soit, je mettrai ma face contre cette personne qui aura mangé le sang, et je la retrancherai du milieu de son peuple.

11 Car l’âme de la chair est dans le sang ; aussi vous ai-je ordonné qu’il soit mis sur l’autel pour faire propitiation pour vos âmes ; car c’est le sang qui fera propitiation pour l’âme.

12 C’est pourquoi j’ai dit aux enfants d’Israël : Que personne d’entre vous ne mange du sang ; que l’étranger même qui fait son séjour parmi vous ne mange point de sang.

13 Si quelqu’un des enfants d’Israël ou des étrangers qui font leur séjour parmi eux, a pris à la chasse une bête ou un oiseau qu’on mange, il répandra leur sang et il le couvrira de poussière ;

14 car l’âme de toute chair est dans son sang ; il lui tient lieu d’âme ; c’est pourquoi j’ai dit aux enfants d’Israël : Vous ne mangerez point le sang d’aucune chair ; car l’âme de toute chair est son sang ; quiconque en mangera sera retranché.

15 Si quelqu’un, tant celui qui est né au pays que l’étranger, mange de la chair de quelque bête morte d’elle-même ou déchirée par les bêtes sauvages, il lavera ses vêtements et se lavera d’eau, et il sera souillé jusqu’au soir, et après cela il sera net.

16 Que s’il ne lave pas ses vêtements et son corps, il portera son iniquité.

REFLEXIONS

La défense que Dieu faisait aux Israélites d’offrir des sacrifices ailleurs que dans le lieu qu’il avait choisi et qu’en présence des sacrificateurs tendait à conserver parmi les Israélites la pureté et l’uniformité du culte divin et à empêcher qu’ils n’introduisent un faux culte et qu’ils ne se laissassent aller à l’idolâtrie. Et ces précautions que Dieu avait prises dans cette vue nous montrent que la religion doit être conservée dans sa pureté et qu’il ne faut jamais se détourner de ce que Dieu nous a prescrit dans sa parole.

La défense de manger du sang et des bêtes mortes fut faite pour éloigner les Israélites du meurtre, de la cruauté et des mœurs barbares des nations idolâtres aussi bien que de la coutume qu’elles avaient de manger du sang dans le culte qu’elles rendaient aux fausses divinités. Il parait outre cela de ce chapitre que Dieu avait interdit l’usage du sang parce que le sang étant répandu pour faire la propitiation des péchés des hommes, on devait le regarder comme une chose qui était offerte à Dieu et destinée à un usage religieux. Ainsi cette loi avait été établie avec une grande sagesse.

Ce que nous avons à considérer là-dessus, c’est que la loi de Jésus-Christ étant la loi de la charité, elle nous détourne de l’inhumanité et de l’effusion du sang encore plus fortement que la loi de Moïse n’en détournait les Israélites et qu’ainsi nous devons avoir en horreur ces crimes et tout ce qui en approche.

CHAPITRE XVIII.

Dieu défend aux Israélites d’imiter les Égyptiens et les Cananéens dans leurs crimes et en particulier dans leurs mariages incestueux et dans leurs impuretés.

Il déclare que c’était à cause de ces crimes que les Cananéens allaient être détruits et que si les Israélites les imitaient, ils le seraient aussi.

1 L’Éternel parla aussi à Moïse, et lui dit :

2 Parle aux enfants d’Israël et dis-leur : Je suis l’Éternel votre Dieu.

3 Vous ne ferez point ce qui se fait dans le pays d’Égypte, où vous avez habité, ni ce qui se fait au pays de Canaan, dans lequel je vous fais entrer, et vous ne marcherez point selon leurs lois.

4 Mais vous exécuterez mes ordonnances et vous garderez mes statuts, afin de les suivre : Je suis l’Éternel votre Dieu.

5 Vous garderez donc mes statuts et mes ordonnances, et l’homme qui les accomplit vivra par elles : Je suis l’Éternel.

6 Nul ne s’approchera de celle qui est sa proche parente pour découvrir sa nudité : Je suis l’Éternel.

7 Tu ne découvriras point la nudité de ton père, ni la nudité de ta mère ; c’est ta mère, tu ne découvriras point sa nudité.

8 Tu ne découvriras point la nudité de la femme de ton père ; c’est la nudité de ton père.

9 Tu ne découvriras point la nudité de ta sœur, fille de ton père ou fille de ta mère, née dans la maison ou hors de la maison : tu ne découvriras point leur nudité.

10 Pour ce qui est de la nudité de la fille de ton fils ou de la fille de ta fille, tu ne découvriras point leur nudité ; car elles sont ta nudité.

11 Tu ne découvriras point la nudité de la fille de la femme de ton père, née de ton père ; c’est ta sœur.

12 Tu ne découvriras point la nudité de la sœur de ton père ; elle est proche parente de ton père.

13 Tu ne découvriras point la nudité de la sœur de ta mère ; car elle est proche parente de ta mère.

14 Tu ne découvriras point la nudité du frère de ton père, et tu ne t’approcheras point de sa femme ; elle est ta tante.

15 Tu ne découvriras point la nudité de ta belle-fille ; c’est la femme de ton fils ; tu ne découvriras point sa nudité.

16 Tu ne découvriras point la nudité de la femme de ton frère.

17 Tu ne découvriras point la nudité d’une femme et de sa fille, et tu ne prendras point la fille de son fils, ni la fille de sa fille, pour découvrir leur nudité ; elles sont tes proches parentes ; c’est un crime énorme.

18 Tu ne prendras point aussi une femme avec sa sœur, pour l’affliger, en découvrant sa nudité sur elle, pendant sa vie.

19 Tu n’approcheras point de ta femme pendant sa séparation de la souillure, pour découvrir sa nudité.

20 Tu n’auras point aussi la compagnie de la femme de ton prochain, te souillant avec elle.

21 Tu ne donneras point de tes enfants pour les faire passer par le feu à l’honneur de Moloc, et tu ne profaneras point le nom de ton Dieu : Je suis l’Éternel.

22 Tu n’auras point aussi la compagnie d’un mâle ; c’est une abomination.

23 Tu ne t’approcheras point aussi d’aucune bête, pour te souiller avec elle, et la femme ne se prostituera point à une bête ; c’est une confusion.

24 Ne vous souillez donc point par aucune de ces choses-là ; car c’est dans toutes ces choses-là que se sont souillées les nations que je vais chasser de devant vous ;

25 de quoi la terre a été souillée, et je punis sur elle son iniquité, et la terre vomit ses habitants.

26 Mais pour vous, vous garderez mes statuts et mes ordonnances, et vous ne ferez aucune de ces abominations-là, ni celui qui est né au pays, ni l’étranger qui fait son séjour parmi vous.

27 Car les gens de ce pays-là, qui y ont été avant vous, ont fait toutes ces abominations, et la terre en a été souillée.

28 Prenez donc garde que la terre ne vous vomisse, si vous la souillez, comme elle aura vomi les nations qui y ont été avant vous.

29 Car si quelqu’un ne fait aucune de toutes ces abominations-là, ces personnes qui les auront faites seront retranchées du milieu de leur peuple.

30 Vous garderez donc ce que j’ai ordonné de garder et vous ne ferez rien de semblable à ces coutumes abominables, qui ont été pratiquées avant vous, et vous ne vous souillerez point par elles : Je suis l’Éternel votre Dieu.

REFLEXIONS

La principale observation qu’il faut faire sur ce chapitre est d’y remarquer dans quelles abominations l’impureté avait entrainé autrefois les Cananéens, puisque Dieu fut obligé de donner ces lois qui regardent les mariages incestueux et des crimes qui font horreur afin d’empêcher les Israélites d’imiter ces peuples abominables dans leurs débordements.

Ainsi la lecture de ce chapitre doit nous donner une grande horreur pour l’impureté, en sorte que nous nous éloignions non seulement de ce qui est défendu par ces lois de Moïse, ce qui serait très peu de chose pour des chrétiens, mais aussi de tout ce qui est contraire aux lois de l’Évangile qui nous prescrivent si expressément la pureté et la chasteté.

Il faut outre cela faire une grande attention à ce que Dieu dit sur la fin de ce chapitre que la terre que les Cananéens habitaient ne pouvait plus les porter à cause de ces crimes affreux, qu’il allait les exterminer et que s’il arrivait aux Israélites de tomber dans de semblables débordements, ils éprouveraient aussi sa vengeance.

Cela ne nous permet pas de douter que Dieu n’ait en horreur l’impureté et que les crimes qui se commettent par les habitants d’un pays ne le souillent et n’y attirent la malédiction de Dieu lorsque ces crimes y deviennent communs, lorsqu’ils demeurent impunis et qu’on ne travaille pas à en arrêter le cours.

CHAPITRE XIX VERSETS 1-18

Les lois que ce chapitre contient regardent l’observation du sabbat et des fêtes, l’idolâtrie et les sacrifices.

Dieu défend aux Israélites de glaner leur champ et de grappiller leurs vignes, de dérober, de jurer faussement, de retenir le salaire des ouvriers, de faire du mal aux sourds et aux aveugles, de commettre des injustices dans les jugements, de médire du prochain et de le haïr.

1 L’Éternel parla aussi à Moïse, disant :

2 Parle à toute l’assemblée des enfants d’Israël et dis-leur : Soyez saints ; car je suis saint, moi qui suis l’Éternel votre Dieu.

3 Que chacun révère sa mère et son père ; et vous garderez mes sabbats : Je suis l’Éternel votre Dieu.

4 Vous ne vous tournerez point vers les idoles et vous ne vous ferez aucuns dieux de fonte : Je suis l’Éternel votre Dieu.

5 Si vous offrez un sacrifice de prospérités à l’Éternel, vous le sacrifierez de votre bon gré.

6 On le mangera au jour du sacrifice et le lendemain ; mais ce qui restera jusqu’au troisième jour sera brûlé au feu.

7 Que si on en mange au troisième jour, ce sera une abomination, et il ne sera point agréé.

8 Quiconque aussi en mangera portera la peine de son iniquité ; car il aura profané la chose sainte de l’Éternel ; et cette personne-là sera retranchée d’entre ses peuples.

9 Et quand vous ferez la moisson de vos terres, tu n’achèveras point de moissonner le bout de ton champ, et tu ne glaneras point ce qui restera à cueillir de ta moisson ;

10 et tu ne grappilleras point ta vigne, ni ne recueilleras point les grains de ta vigne ; mais tu les laisseras au pauvre et à l’étranger : Je suis l’Éternel votre Dieu.

11 Vous ne déroberez point, et vous ne dénierez point la chose à qui elle appartient ; et aucun de vous ne mentira à son prochain.

12 Vous ne jurerez point par mon nom en mentant ; car tu profanerais le nom de ton Dieu : Je suis l’Éternel.

13 Tu n’opprimeras point ton prochain et tu ne le pilleras point. Le salaire de ton mercenaire ne demeurera point chez toi jusqu’au lendemain.

14 Tu ne maudiras point le sourd et tu ne mettras rien devant l’aveugle qui le puisse faire tomber ; mais tu craindras ton Dieu : Je suis l’Éternel.

15 Vous ne ferez point d’iniquité en jugement ; tu n’auras point d’égard à l’apparence du pauvre et tu n’honoreras point la personne du grand ; mais tu jugeras justement ton prochain.

16 Tu n’iras point médisant parmi ton peuple ; tu ne t’élèveras point contre le sang de ton prochain : Je suis l’Éternel.

17 Tu ne haïras point ton frère dans ton cœur. Tu reprendras avec soin ton prochain et tu ne souffriras point de péché en lui.

18 Tu ne te vengeras point et tu ne garderas point de ressentiment contre les enfants de ton peuple ; mais tu aimeras ton prochain comme toi-même : Je suis l’Éternel.

REFLEXIONS

Toutes ces lois sont très importantes et elles regardent pour la plupart les chrétiens aussi bien que l’ancien peuple.

Voici les devoirs auxquels elles nous engagent. C’est d’honorer père et mère, de respecter la religion, de rendre à Dieu un service volontaire et conforme à ce qu’il a prescrit dans sa parole, d’être charitable envers les pauvres et de nous éloigner de l’avarice, particulièrement dans le temps de la moisson, des vendanges et de la récolte des fruits.

Ce chapitre nous enseigne encore que c’est un grand péché devant Dieu que de faire tort au prochain, de retenir le salaire des ouvriers, de jurer faussement, de se moquer de ceux qui ont quelque défaut corporel, tels que sont les sourds et les aveugles ou de leur faire du mal et d’avoir égard à l’apparence des personnes dans les jugements, soit pour favoriser les pauvres et les nécessiteux, soit en ayant des égards pour les grands et pour les riches.

Enfin, nous voyons ici qu’il faut s’abstenir de la médisance, de la haine et de la vengeance, reprendre avec soin son prochain lorsqu’il pèche et l’aimer comme nous-mêmes.

Tous ces devoirs nous sont bien plus fortement prescrits par la loi de Jésus-Christ qu’ils ne l’étaient par celle de Moïse, ainsi ils doivent être encore plus sacrés et plus inviolables parmi les chrétiens.

CHAPITRE XIX VERSETS 19-37

Dieu défend le mélange des espèces, il ordonne qu’on punisse les impurs, il défend de manger les premiers fruits des arbres, d’avoir recours aux devins, de se tondre la barbe et de se faire des incisions dans le deuil à la manière des idolâtres et de les imiter dans leurs impuretés. Dieu ordonne d’honorer les personnes âgées, d’aimer les étrangers et d’avoir des poids et des mesures justes.

19 Vous garderez mes ordonnances. Tu n’accoupleras point tes bêtes avec d’autres de diverse espèce. Tu ne sèmeras point ton champ de diverses sortes de graines, et tu ne mettras point sur toi des vêtements tissus de diverses sortes de fil, comme de laine et de lin.

20 Si quelqu’un a eu la compagnie d’une femme, et que cet homme l’ait déshonorée, lorsqu’elle était servante ; si on ne l’a point rachetée et si la liberté ne lui a point été donnée, ils auront le fouet tous deux ; mais on ne les fera point mourir ; car elle n’avait pas été affranchie.

21 Et l’homme amènera son offrande pour le délit à l’Éternel, à l’entrée du tabernacle d’assignation, savoir, un bélier pour le délit.

22 Et le sacrificateur fera propitiation pour lui, à cause du péché qu’il aura commis, par le bélier de l’offrande pour le délit, devant l’Éternel, et il obtiendra le pardon du péché qu’il aura commis.

23 Et quand vous serez entrés au pays et que vous y aurez planté quelque arbre fruitier, vous ôterez son prépuce, qui est son premier fruit ; il vous sera incirconcis pendant trois ans, et on n’en mangera point ;

24 mais dans la quatrième année, tout son fruit sera une chose consacrée à la louange de l’Éternel.

25 Et la cinquième année, vous mangerez son fruit, afin qu’il vous augmente son rapport : Je suis l’Éternel votre Dieu.

26 Vous ne mangerez rien avec le sang. Vous ne vous mêlerez point de deviner ni de prédire l’avenir.

27 Vous ne tondrez point en rond les coins de votre tête et vous ne gâterez point les coins de votre barbe.

28 Vous ne ferez point d’incisions dans votre chair pour un mort, et vous n’imprimerez point de caractère en vous : Je suis l’Éternel.

29 Tu ne souilleras point ta fille, la prostituant pour la faire commettre impureté ; afin que la terre ne soit pas souillée par la fornication et qu’elle ne soit pas remplie d’impiété.

30 Vous garderez mes sabbats, et vous aurez du respect pour mon sanctuaire : Je suis l’Éternel.

31 Ne vous détournez point après ceux qui ont l’esprit de Python, ni après les devins ; ne cherchez point de vous souiller par eux : Je suis l’Éternel votre Dieu.

32 Lève-toi devant les cheveux blancs et honore le vieillard, et crains ton Dieu : Je suis l’Éternel.

33 Si quelque étranger habite en votre pays, vous ne lui ferez point de tort.

34 L’étranger qui demeure avec vous vous sera comme celui qui est né parmi vous, et vous l’aimerez comme vous-même ; car vous avez été étrangers au pays d’Égypte : Je suis l’Éternel votre Dieu.

35 Vous ne ferez point d’iniquité dans les jugements, ni dans ce qui sert de règle, ni dans les poids, ni dans les mesures.

36 Vous aurez les balances justes, les pierres à peser justes, l’épha juste et le hin juste : Je suis l’Éternel votre Dieu, qui vous ai retirés du pays d’Égypte.

37 Gardez donc tous mes statuts et mes ordonnances, et faites-les : Je suis l’Éternel.

REFLEXIONS

Il faut savoir que la plupart de ces lois avaient été données afin que les Israélites ne suivissent pas les coutumes superstitieuses et les mœurs des idolâtres.

Dieu défendait le mélange des espèces pour éloigner les Israélites de tout commerce criminel, aussi bien que de la superstition et de l’idolâtrie.

Il ne voulait pas qu’ils mangeassent les fruits que les arbres portaient les trois premières années parce que l’on ne pouvait manger les fruits d’un arbre qu’on n’en eût premièrement offert les prémices à Dieu et qu’avant la quatrième année, les fruits étant d’ordinaire de peu de valeur, on ne pouvait les lui offrir, Dieu ayant commandé qu’on lui présentât ce qu’il y aurait de meilleur en chaque espèce.

Cette loi était aussi opposée aux coutumes des idolâtres et tendait à apprendre aux Israélites que tout ce que la terre produisait venait de la libéralité de Dieu.

Les autres lois nous apprennent que c’est une extrême impiété de consulter les devins, que l’on ne doit pas s’affliger excessivement pour les morts, que l’impureté est un péché et qu’elle doit être punie, qu’il faut respecter les vieillards, faire justice aux étrangers et avoir des poids et des mesures justes.

Ce sont là des devoirs de piété, de pureté et de justice qui regardent tous les hommes du monde, mais que les chrétiens sont encore plus engagés à observer que les Israélites ne l’étaient.

CHAPITRE XX.

Dieu commande qu’on fasse mourir ceux qui feraient passer leurs enfants par le feu en l’honneur de moloch, qui était l’idole des Hammonites, ceux qui s’adressent aux devins et les devins eux-mêmes, ceux qui maudissent père et mère, les adultères, les incestueux et ceux qui tombent dans les autres crimes énormes de l’impureté.

Enfin, Moïse exhorte les Israélites à être saints, à garder les lois de Dieu et à fuir les coutumes et les mœurs des Cananéens.

1 L’Éternel parla à Moïse, disant :

2 Tu diras aux enfants d’Israël : Quiconque des enfants d’Israël, ou des étrangers qui demeurent en Israël, donnera de ses enfants à Moloc, sera puni de mort ; le peuple du pays l’assommera de pierres ;

3 et je mettrai ma face contre un tel homme, et je le retrancherai du milieu de son peuple, parce qu’il aura donné de sa race à Moloc, pour souiller mon sanctuaire et profaner le nom de ma sainteté.

4 Que si le peuple du pays ferme les yeux, de quelque manière que ce soit, pour ne point voir quand cet homme-là aura donné de ses enfants à Moloc et pour ne le point faire mourir,

5 je mettrai ma face contre cet homme-là et contre sa famille, et je le retrancherai du milieu de leur peuple, avec tous ceux qui se prostituent à son exemple, en se prostituant à Moloc.

6 Pour ce qui est de la personne qui se détournera après ceux qui ont l’esprit de Python et après les devins, se prostituant après eux, je mettrai ma face contre cette personne-là, et je la retrancherai du milieu de son peuple.

7 Sanctifiez-vous donc, et soyez saints ; car je suis l’Éternel votre Dieu.

8 Gardez aussi mes ordonnances et exécutez-les : Je suis l’Éternel, qui vous sanctifie.

9 Quand quelqu’un aura maudit son père ou sa mère, on le fera mourir ; il a maudit son père ou sa mère ; son sang est sur lui.

10 Et pour l’homme qui aura commis adultère avec la femme d’un autre, puisqu’il a commis adultère avec la femme de son prochain, on fera mourir l’homme et la femme adultères.

11 L’homme qui aura couché avec la femme de son père a découvert la nudité de son père ; on les fera mourir tous deux ; leur sang est sur eux.

12 Et quand un homme aura couché avec sa belle-fille, on les fera mourir tous deux ; ils ont fait un horrible mélange ; leur sang est sur eux.

13 Quand un homme aura eu la compagnie d’un mâle, ils ont tous deux fait une chose abominable ; on les fera mourir ; leur sang est sur eux.

14 Et quand un homme aura pris une femme et sa mère, c’est un crime énorme ; il sera brûlé au feu avec elles, afin qu’un crime si énorme ne se commette point au milieu de vous.

15 L’homme qui se sera souillé avec une bête sera puni de mort ; vous tuerez aussi la bête.

16 Et quand quelque femme se sera prostituée à quelque bête que ce soit, tu tueras cette femme avec cette bête ; on les fera mourir ; leur sang est sur eux.

17 Quand un homme aura pris sa sœur, fille de son père ou fille de sa mère, et aura vu sa nudité, et qu’elle aura vu la nudité de son frère, c’est une chose infâme ; aussi seront-ils retranchés en la présence des enfants de leur peuple. Il a découvert la nudité de sa sœur ; il portera la peine de son crime.

18 Quand un homme aura couché avec une femme qui a ses mois, et qu’il aura découvert la nudité de cette femme, en découvrant son flux, et lorsqu’elle aura aussi découvert le flux de son sang, ils seront tous deux retranchés du milieu de leur peuple.

19 Tu ne découvriras point la nudité de la sœur de ta mère, ni de la sœur de ton père ; car si quelqu’un découvre la honte de sa chair, ils porteront tous deux la peine de leur crime.

20 Et quand un homme aura couché avec sa tante, il a découvert la nudité de son oncle ; ils porteront la peine de leur péché, et ils mourront sans enfants.

21 Et quand un homme aura pris la femme de son frère, c’est une ordure ; il a découvert la honte de son frère ; ils n’auront point d’enfants.

22 Ainsi, gardez tous mes statuts et toutes mes ordonnances, et exécutez-les ; et le pays auquel je vous fais entrer pour y habiter ne vous vomira point.

23 Vous ne suivrez point aussi les ordonnances des nations que je vais chasser de devant vous ; car elles ont fait toutes ces choses-là, et je les ai eues en abomination.

24 Et je vous ai dit : Vous posséderez leur pays, et je vous le donnerai pour le posséder ; c’est un pays où coulent le lait et le miel : Je suis l’Éternel votre Dieu, qui vous ai séparés d’avec les autres peuples.

25 C’est pourquoi, séparez la bête nette d’avec la souillée, l’oiseau net d’avec le souillé, et ne rendez point abominables vos personnes, en mangeant des bêtes et des oiseaux souillés, ou aucune chose qui rampe sur la terre, savoir, ce que je vous ai séparé et défendu comme une chose impure.

26 Vous me serez donc saints ; car je suis saint, moi l’Éternel, et je vous ai séparés d’avec les autres peuples, afin que vous soyez à moi.

27 Quand un homme ou une femme aura un esprit de Python, ou sera devin, on les fera mourir ; on les assommera de pierres ; leur sang est sur eux.

REFLEXIONS

Voici les réflexions qu’il faut faire sur ces lois :

La défense de brûler les enfants et de les offrir à l’idole de moloch nous fait voir à quels excès d’inhumanité les peuples idolâtres s’abandonnaient dans les services de leurs faux dieux et de quoi les hommes qui ne connaissent pas le vrai Dieu sont capables.

Il est à remarquer ensuite que la loi de Dieu condamne très expressément la divination et la magie comme des choses, non seulement vaines, mais très criminelles et qu’il y avait peine de mort contre ceux qui consulteraient les devins et contre les devins eux-mêmes. Comme il n’y a que Dieu qui connaisse l’avenir et les choses cachées, c’est une très grande impiété de s’adresser aux devins et d’y ajouter foi.

Dieu voulait aussi qu’on fit mourir ceux qui maudiraient père ou mère, de même que les adultères et ceux qui se souilleraient par des impuretés détestables, tant hommes que femmes. Par là on peut juger combien ces crimes sont abominables et avec quelle sévérité Dieu punira en l’autre vie des chrétiens qui seraient capables de s’y abandonner.

Enfin, les exhortations réitérées que Dieu adresse aux Israélites à ne pas imiter les Cananéens dans leurs débordements et à lui être un peuple saint doivent nous faire penser, nous qui sommes chrétiens, que Dieu nous ayant séparés du monde, nous ne devons pas nous conformer au siècle présent ni aux mœurs des mondains ; mais que comme celui qui nous a appelé est saint, nous devons aussi être saints dans toute notre conduite, puisqu’il est écrit : Soyez saints, car je suis saint.

C’est ainsi que l’apôtre St. Pierre applique aux chrétiens cette exhortation qui est contenue dans ce chapitre.

CHAPITRE XXI.

Les lois qui sont contenues dans ce chapitre regardent la pureté des sacrificateurs. Dieu prescrit ce qu’ils devaient observer dans le deuil et dans leurs mariages. Il ordonne qu’on fasse mourir les filles des sacrificateurs si elles tombent dans l’impureté, et il défend de recevoir au service du tabernacle ceux qui avaient quelque défaut corporel.

1 L’Eternel dit aussi à Moïse : Parle aux sacrificateurs, fils d’Aaron, et leur dis qu’aucun d’eux ne se souille parmi son peuple pour un mort,

2 sinon pour son proche parent, qui le touche de près, savoir, pour sa mère, pour son père, pour son fils, pour sa fille et pour son frère.

3 Et quant à sa sœur vierge, qui le touche de près et qui n’aura point eu de mari, il se souillera pour elle.

4 Et il ne se souillera point parmi son peuple, pour la femme dont il sera mari.

5 Ils ne raseront point leur tête, ni les coins de leur barbe, et ils ne se feront point d’incision en leur chair.

6 Ils seront saints à leur Dieu, et ne profaneront point le nom de leur Dieu ; car ils offrent les sacrifices de l’Eternel faits par le feu, qui sont la viande de leur Dieu ; c’est pourquoi ils seront très saints.

7 Ils n’épouseront point une femme débauchée ou déshonorée, et ils n’épouseront point une femme répudiée par son mari ; car ils sont consacrés à leur Dieu.

8 Tu feras donc que chacun d’eux soit saint, parce qu’ils offrent la viande de ton Dieu ; ils te seront donc saints ; car je suis saint, moi l’Eternel, qui vous sanctifie.

9 Si la fille du sacrificateur se souille en commettant fornication, elle souille son père ; qu’elle soit brûlée au feu.

10 Et le souverain sacrificateur d’entre ses frères, sur la tête duquel l’huile de l’onction aura été répandue, et qui se sera consacré pour se revêtir des vêtements sacrés, ne découvrira point sa tête et ne déchirera point ses vêtements.

11 Il n’ira point vers aucune personne morte ; il ne se souillera point pour son père, ni pour sa mère ;

12 et il ne sortira point du sanctuaire, et il ne souillera point le sanctuaire de son Dieu, parce que la couronne, l’huile de l’onction de son Dieu, est sur lui : Je suis l’Eternel.

13 Il prendra pour femme une vierge.

14 Il n’épousera point une veuve, ni une répudiée, ni une femme déshonorée, ni une prostituée ; mais il prendra pour femme une vierge d’entre ses peuples.

15 Il ne souillera point sa race entre ses peuples ; car je suis l’Eternel qui le sanctifie.

16 L’Eternel parla aussi à Moïse, disant :

17 Parle à Aaron, et dis-lui : Si quelqu’un de ta postérité, dans ses âges, a quelque défaut corporel, il ne s’approchera point pour offrir la viande de son Dieu ;

18 car aucun homme qui aura un défaut n’en approchera point, savoir, un homme aveugle, ou boiteux, ou camus, ou qui aura quelque superfluité dans ses membres ;

19 ou un homme qui aura quelque fracture aux pieds ou aux mains ;

20 ou qui sera bossu ou grêlé, ou qui aura quelque suffusion dans l’œil, ou qui aura de la rogne ou de la gale, ou qui sera rompu.

21 Nul homme donc, de la postérité d’Aaron, sacrificateur, qui aura quelque défaut, ne s’approchera pour offrir les offrandes faites par le feu à l’Eternel ; il y a un défaut en lui ; il ne s’approchera donc point pour offrir la viande de son Dieu.

22 Il pourra bien manger de la viande de son Dieu, savoir, des choses très saintes et des choses consacrées ;

23 mais il ne s’avancera point vers le voile, il ne s’approchera point de l’autel, parce qu’il y a un défaut en lui, afin de ne pas souiller mes sanctuaires ; car je suis l’Eternel qui les sanctifie.

24 Moïse donc parla ainsi à Aaron et à ses fils, et à tous les enfants d’Israël.

REFLEXIONS

Dieu ne voulait pas que les sacrificateurs se souillassent pour les morts, c’est-à-dire qu’ils assistassent aux funérailles des personnes mortes, ni qu’ils donnassent des marques de deuil, à moins que ce ne fût pour la mort des personnes qui leur attouchaient de plus près. La raison de cette défense est que cela les aurait rendus souillés selon la loi et incapables d’assister au tabernacle et de célébrer le service. Cette loi, de même que les autres que ce chapitre contient avait donc été donnée dans deux vues principales :

I. Pour éloigner d’autant plus le peuple et les sacrificateurs eux-mêmes de l’idolâtrie et des coutumes des idolâtres et pour les empêcher que l’on ne vît dans la personne, ou dans la famille des sacrificateurs, les mêmes dérèglements qu’on remarquaient parmi les prêtres des fausses religions.

II. Afin que la sainteté des sacrificateurs rendît la religion plus vénérable et que les Israélites apprissent par là à être saints eux-mêmes.

La loi qui excluait du service du tabernacle ceux qui avaient quelque défaut en leur corps tendait aussi à l’honneur de la religion et elle était d’ailleurs fondée sur ce que ces personnes-là n’étaient pas propres pour les fonctions que les sacrificateurs faisaient alors, ces fonctions demandant un corps robuste et bien disposé.

La réflexion que l’on doit faire sur cela par rapport à l’église chrétienne c’est que les pasteurs et les ministres de la religion doivent se distinguer par une vie sainte et exemplaire et surtout par une grande pureté et qu’en particulier leurs familles doivent être bien réglées, en un mot, qu’il n’y doit rien avoir en eux qui expose la religion au mépris.

CHAPITRE XXII.

Les lois que Dieu prescrit ici regardent :

I. La pureté qui était requise dans les sacrificateurs afin qu’ils pussent manger des choses saintes.

II. Les personnes de la famille des sacrificateurs à qui il était permis ou défendu de manger de ces choses-là.

III. Moïse y marque quelles bêtes on devait offrir à Dieu, leurs qualités, leur âge et d’autres circonstances.

1 L’Eternel parla encore à Moïse, disant :

2 Dis à Aaron et à ses fils quand ils devront s’abstenir des choses saintes des enfants d’Israël, afin qu’ils ne profanent point le nom de ma sainteté dans les choses qu’eux-mêmes me consacrent : Je suis l’Éternel.

3 Dis-leur : Si quelque homme de toute votre postérité dans vos âges, étant souillé, s’approche des choses saintes que les enfants d’Israël auront consacrées à l’Éternel, que cette personne-là soit retranchée de ma présence : Je suis l’Éternel.

4 Tout homme de la postérité d’Aaron, qui sera lépreux ou découlant, ne mangera point des choses saintes, jusqu’à ce qu’il soit purifié. Il en sera de même de celui qui aura touché quelque homme que ce soit qui sera devenu souillé pour avoir touché un mort, ou celui qui perdra ;

5 et de celui qui aura touché quelque reptile qui le rende souillé, quelle que soit cette souillure.

6 La personne qui aura touché ces choses sera souillée jusqu’au soir, et ne mangera point des choses saintes, si elle n’a pas lavé son corps avec de l’eau.

7 Ensuite elle sera pure après le soleil couché, et elle pourra manger des choses saintes ; car c’est sa nourriture.

8 Il ne mangera point de chair d’aucune bête morte d’elle-même, ou déchirée par les bêtes sauvages, pour se souiller par elle : Je suis l’Éternel.

9 Qu’ils gardent donc ce que j’ai ordonné de garder, et qu’ils ne commettent point de péché à cet égard, de peur qu’ils ne meurent pour avoir souillé le sanctuaire : Je suis l’Éternel qui les sanctifie.

10 Nul étranger aussi ne mangera des choses saintes ; celui qui demeure chez le sacrificateur, et le mercenaire, ne mangeront point des choses saintes.

11 Mais la personne que le sacrificateur aura achetée de son argent, en mangera ; il en sera de même de celui qui sera né dans sa maison ; ceux-là mangeront de sa viande.

12 Que si la fille du sacrificateur est mariée à un étranger, elle ne mangera point des choses saintes présentées en offrande élevée.

13 Mais si la fille du sacrificateur, étant veuve ou répudiée, et sans enfants, retourne en la maison de son père, comme elle y demeurait en sa jeunesse, elle mangera de la nourriture de son père ; mais nul étranger n’en mangera.

14 Que si quelqu’un, par ignorance, mange d’une chose sainte, il ajoutera un cinquième par-dessus, et il le donnera au sacrificateur avec la chose sainte.

15 Et ils ne profaneront point les choses consacrées que les enfants d’Israël auront offertes à l’Éternel.

16 Mais on leur fera porter la peine du délit, parce qu’ils auront mangé de leurs choses saintes ; car je suis l’Éternel qui les a consacrés.

17 L’Éternel parla aussi à Moïse, disant :

18 Parle à Aaron et à ses fils, et à tous les enfants d’Israël, et dis-leur : Si quelqu’un de la maison d’Israël, ou des étrangers qui sont en Israël, offre son offrande, quelque offrande que ce soit, ou de vœux, ou volontaire, qu’on offre en holocauste à l’Éternel ;

19 il offrira de son bon gré un mâle sans défaut d’entre les taureaux, d’entre les brebis ou d’entre les chèvres.

20 Vous n’offrirez aucune chose qui ait quelque défaut ; car elle ne serait point agréée pour vous.

21 Que si un homme offre un sacrifice de prospérités à l’Éternel, en s’acquittant de quelque vœu, ou en faisant quelque offrande volontaire, soit de taureaux ou de brebis, ce qui sera sans défaut sera agréé ; qu’il n’y ait aucun défaut.

22 Vous n’offrirez point à l’Éternel ce qui sera aveugle, ou rompu, ou mutilé, ou qui aura un poireau, ou de la rogne, ou de la gale ; et vous n’en donnerez point pour le sacrifice qui se fait à l’Éternel par le feu sur l’autel.

23 Tu pourras bien faire une offrande volontaire d’un taureau, ou d’une brebis qui a quelque superfluité ou défaut dans ses membres ; mais ils ne seront point agréés pour un vœu.

24 Vous n’offrirez point à l’Éternel et vous ne sacrifierez point en votre pays une bête qui ait quelque membre froissé, ou cassé, ou arraché, ou taillé.

25 Vous ne recevrez point non plus de la main d’un étranger aucune de toutes ces choses-là, pour les offrir en viande à votre Dieu ; car les vices qu’elles ont seraient un défaut en elles ; elles ne seraient pas agréées pour vous.

26 L’Éternel parla aussi à Moïse, disant :

27 Quand un veau ou un agneau, ou une chèvre seront nés et qu’ils auront été sept jours sous leur mère, depuis le huitième jour et les autres suivants après, ils seront agréables pour l’offrande du sacrifice qui se fait par le feu à l’Éternel.

28 Vous n’égorgerez point aussi en un même jour la vache, ou la brebis, ou la chèvre, avec son petit.

29 Quand vous offrirez un sacrifice d’action de grâces à l’Éternel, vous le sacrifierez selon votre volonté.

30 Il sera mangé le jour même et vous n’en réserverez rien jusqu’au matin : Je suis l’Éternel.

31 Gardez donc mes commandements et faites-les : Je suis l’Éternel.

32 Et ne profanez point le nom de ma sainteté et je serai sanctifié parmi les enfants d’Israël : Je suis l’Éternel qui vous sanctifie,

33 qui vous ai retirés du pays d’Égypte, pour vous être Dieu : Je suis l’Éternel.

REFLEXIONS

On voit par ce chapitre que Dieu exigeait une grande pureté des sacrificateurs puisque ceux qui avaient contracté quelque souillure légale, non seulement ne pouvaient pas faire leurs fonctions, mais qu’il ne leur était même pas permis de manger des choses sacrées qui étaient assignées pour leur subsistance, comme la chair des sacrifices et les oblations du peuple. Par-là, Dieu voulait leur apprendre, et à tous les Israélites, à avoir en révérence tout ce qui appartenait à son service. C’était pour les mêmes raisons qu’il était défendu à ceux qui n’étaient pas de la maison des sacrificateurs de manger de ce qui était destiné pour nourrir les ministres du Seigneur et leurs familles.

Enfin, Dieu voulait que les Israélites lui offrissent ce qu’ils avaient de meilleur et les bêtes qui avaient des défauts étaient rejetées parce que ceux qui les présentaient le faisaient par un principe d’avarice et manquaient de respect pour la divinité.

Tout ce qu’on fait pour Dieu doit être fait volontairement, avec plaisir et de la manière la plus parfaite qu’il est possible.

CHAPITRE XXIII.

Dieu prescrit l’observation du sabbat, de la fête de pâque, de la fête de l’oblation des premiers fruits et de celle de la Pentecôte.

Il ordonne ensuite qu’on célèbre la fête des trompettes, celle des propitiations et celle des tabernacles.

1 L’Éternel parla aussi à Moïse, disant :

2 Parle aux enfants d’Israël, et dis-leur : Ce sont ici les fêtes solennelles de l’Éternel, que vous publierez, et les saintes convocations ; ce sont ici mes fêtes solennelles :

3 On travaillera six jours ; mais au septième jour, qui est le sabbat du repos, il y aura une sainte convocation ; vous ne ferez aucune œuvre ; car c’est le sabbat à l’Éternel dans toutes vos demeures.

4 Ce sont ici les fêtes solennelles de l’Éternel, les saintes convocations que vous publierez en leur saison :

5 Au premier mois, le quatorzième jour du mois, entre les deux vêpres, sera la Pâque à l’Éternel ;

6 Et le quinzième jour de ce même mois-là, sera la fête solennelle des pains sans levain à l’Éternel ; vous mangerez des pains sans levain sept jours.

7 Le premier jour vous aurez une sainte convocation ; vous ne ferez aucune œuvre servile ;

8 mais vous offrirez à l’Éternel, pendant sept jours, des offrandes faites par le feu ; et au septième jour il y aura une sainte convocation ; vous ne ferez aucune œuvre servile.

9 L’Éternel parla aussi à Moïse, disant :

10 Parle aux enfants d’Israël, et dis-leur : Quand vous serez entrés au pays que je vous donne et que vous en aurez fait la moisson, alors vous apporterez au sacrificateur une poignée des premiers fruits de votre moisson ;

11 et il tournera cette poignée-là devant l’Éternel, afin qu’elle soit agréée pour vous ; le sacrificateur la tournera le lendemain du sabbat.

12 Vous sacrifierez aussi, au jour que vous ferez tourner cette poignée, un agneau sans défaut et de l’année, en holocauste à l’Éternel ;

13 et son gâteau sera de deux dixièmes de fine farine pétrie à l’huile, pour offrande faite par le feu à l’Éternel, en bonne odeur ; et son aspersion de vin sera la quatrième partie d’un hin ;

14 Et vous ne mangerez ni pain, ni grain rôti, ni grain en épi, jusqu’à ce même jour-là, jusqu’à ce que vous ayez apporté l’offrande à votre Dieu ; c’est une ordonnance perpétuelle en vos âges, dans toutes vos demeures.

15 Vous compterez aussi dès le lendemain du sabbat, savoir, dès le jour que vous aurez apporté la poignée qu’on doit faire tourner, sept semaines entières ;

16 Vous compterez cinquante jours jusqu’au lendemain de la septième semaine ; alors vous offrirez un gâteau nouveau à l’Éternel ;

17 vous apporterez de vos demeures deux pains, pour en faire une offrande tournée, qui seront de deux dixièmes de fine farine, cuits avec du levain ; ce sont les prémices à l’Éternel.

18 Vous offrirez aussi, avec ce pain-là, sept agneaux sans défaut et de l’année, et un veau pris du troupeau, et deux béliers, qui seront un holocauste à l’Éternel, avec leurs gâteaux et leurs aspersions, des sacrifices faits par le feu, en bonne odeur à l’Éternel.

19 Vous sacrifierez aussi un jeune bouc en offrande pour le péché, et deux agneaux de l’année pour le sacrifice de prospérités.

20 Alors le sacrificateur les fera tourner avec le pain des prémices, et avec les deux agneaux, en offrande tournée devant l’Éternel ; ils seront consacrés à l’Éternel pour le sacrificateur.

21 Vous publierez donc, en ce même jour-là, une sainte convocation ; vous n’y ferez aucune œuvre servile ; c’est une ordonnance perpétuelle dans toutes vos demeures, d’âge en âge.

22 Et quand vous moissonnerez votre terre, tu n’achèveras point de moissonner le bout de ton champ, et tu ne glaneras point les épis qui resteront de ta moisson ; tu les laisseras pour le pauvre et pour l’étranger : Je suis l’Éternel votre Dieu.

23 L’Éternel parla encore à Moïse, disant :

24 Parle aux enfants d’Israël, et dis-leur : Au septième mois, au premier jour du mois, ce sera un jour de repos pour vous, un mémorial par le son des trompettes, et une sainte convocation ;

25 Vous ne ferez aucune œuvre servile ; mais vous offrirez des offrandes faites par le feu à l’Éternel.

26 L’Éternel parla aussi à Moïse, disant :

27 Dans ce même mois, qui est le septième, le dixième jour sera le jour des propitiations ; vous aurez une sainte convocation, et vous jeûnerez et vous offrirez à l’Éternel des sacrifices faits par le feu.

28 En ce jour-là vous ne ferez aucune œuvre ; car c’est le jour des propitiations, afin de faire propitiation pour vous devant l’Éternel votre Dieu ;

29 Car toute personne qui n’aura pas jeûné en ce même jour-là, sera retranchée d’entre ses peuples ;

30 Et je ferai périr du milieu de son peuple toute personne qui aura fait quelque œuvre en ce jour-là.

31 Vous ne ferez donc aucune œuvre ; c’est une ordonnance perpétuelle en vos âges, dans toutes vos demeures.

32 Ce vous sera un repos de sabbat, et vous jeûnerez. Au neuvième jour du mois, au soir, depuis un soir jusqu’à l’autre soir, vous célébrerez votre jour de repos.

33 L’Éternel parla aussi à Moïse, disant :

34 Parle aux enfants d’Israël, et dis-leur : Au quinzième jour de ce septième mois, La fête solennelle des tabernacles se célébrera pendant sept jours à l’honneur de l’Éternel.

35 Au premier jour il y aura une sainte convocation ; vous ne ferez aucune œuvre servile.

36 Pendant sept jours vous offrirez à l’Éternel des offrandes faites par le feu ; et au huitième jour vous aurez une sainte convocation, et vous offrirez à l’Éternel des offrandes faites par le feu ; c’est une assemblée solennelle ; vous ne ferez aucune œuvre servile.

37 Ce sont là les fêtes solennelles de l’Éternel, que vous publierez pour être des convocations saintes, pour offrir à l’Éternel des offrandes faites par le feu ; savoir, un holocauste, un gâteau, un sacrifice et une aspersion ; chacune de ces choses à son jour ;

38 outre les sabbats de l’Éternel, et outre vos dons, et outre tous vos vœux, et outre toutes les offrandes volontaires que vous présenterez à l’Éternel.

39 Et même au quinzième jour du septième mois, quand vous aurez recueilli le rapport de la terre, vous célébrerez la fête solennelle de l’Eternel pendant sept jours. Le premier jour sera un jour de repos ; le huitième aussi sera un jour de repos.

40 Et au premier jour vous prendrez du fruit d’un bel arbre, des branches de palme et des rameaux d’arbres branchus, et des saules de rivière, et vous vous réjouirez pendant sept jours devant l’Eternel.

41 Et vous célébrerez à l’Eternel cette fête solennelle, pendant sept jours de l’année. C’est une ordonnance perpétuelle qui sera observée d’âge en âge ; vous la célébrerez le septième mois.

42 Vous demeurerez sept jours dans des tentes ; tous ceux qui seront nés d’entre les Israélites demeureront dans des tentes ;

43 afin que votre postérité sache que j’ai fait demeurer les enfants d’Israël dans des tentes, lorsque je les retirai du pays d’Egypte : Je suis l’Eternel votre Dieu.

44 C’est ainsi que Moïse déclara aux enfants d’Israël les fêtes solennelles de l’Eternel.

REFLEXIONS

Il a été dit plusieurs fois que Dieu avait ordonné l’observation du sabbat parmi les Israélites en mémoire de la création du monde.

Le but de la pâque était de conserver le souvenir de la délivrance d’Égypte et l’oblation des premiers fruits qui se faisait en ce temps-là était un hommage solennel que les Israélites rendaient à Dieu pour les fruits que le pays de Canaan produisait. La Pentecôte était une fête d’actions de grâces que les Israélites célébraient après la moisson pour témoigner à Dieu leur reconnaissance et elle devait aussi les faire souvenir de la publication de la loi qui se fit cinquante jours après la sortie d’Égypte.

Les trois autres fêtes, savoir la fête des trompettes, celle des propitiations et celles des tabernacles étaient célébrées dans un même mois.

Celle des trompettes échoyait le premier jour du mois et on la nommait ainsi parce qu’on annonçait ce jour-là, qui était le premier jour de l’année civile, par le son des trompettes.

Celle des propitiations se célébrait le dixième jour de ce même mois. Les Israélites jeûnaient alors et l’on offrait à Dieu un sacrifice solennel comme cela a été dit au chapitre XVI de ce livre.

La fête des tabernacles commençait le quinzième jour du même mois et elle durait huit jours. Les Israélites demeuraient alors sous des tentes faites avec des branches d’arbres en mémoire de ce que leurs pères avaient habité sous des tentes dans le désert après qu’ils furent sortis d’Égypte.

Nous ne célébrons plus ces fêtes comme les Israélites, ni pour les mêmes raisons qu’eux, mais l’église chrétienne observe le jour du dimanche, qui fut celui de la résurrection de notre Seigneur et le premier de la création du monde. Elle célèbre outre cela les fêtes de Noël, de Pâques et de Pentecôte en mémoire des grands événements qui sont arrivés dans ces temps-là.

Les chrétiens peuvent encore consacrer certains jours ou au jeûne et à l’humiliation ou à remercier Dieu de ses bienfaits.

Mais l’esprit de toutes ces lois est en général que nous ne perdions jamais le souvenir des grâces du Seigneur et principalement de celles qui sont les plus signalées telle qu’est surtout celle de notre rédemption.

CHAPITRE XXIV.

On voit dans ce chapitre : 

I. La loi qui regarde l’huile qu’on devait faire brûler dans le sanctuaire.

II. Celles des pains de proposition.

III. L’histoire d’un blasphémateur qui fut lapidé.

IV. La punition qui devait être infligée aux meurtriers et à ceux qui tuent les bêtes d’autrui ou qui maltraitent leur prochain.

1 Et l'Eternel parla à Moïse, disant :

2 Ordonne aux enfants d’Israël qu’ils t’apportent de l’huile vierge pour le luminaire, pour faire brûler les lampes continuellement.

3 Aaron les arrangera devant l’Eternel continuellement, depuis le soir jusqu’au matin, hors du voile du témoignage, dans le tabernacle d’assignation ; c’est une ordonnance perpétuelle qui sera observée d’âge en âge.

4 Il arrangera continuellement les lampes sur le chandelier pur, devant l’Eternel.

5 Tu prendras aussi de la fine farine, et tu en feras cuire douze gâteaux ; chaque gâteau sera de deux dixièmes ;

6 et tu les exposeras devant l’Eternel par deux rangées, sur la table pure, six à chaque rangée ;

7 et tu mettras de l’encens pur sur chaque rangée, qui sera un mémorial sur le pain, et une offrande faite par le feu à l'Eternel.

8 On les arrangera continuellement chaque jour de sabbat devant l’Eternel, de la part des enfants d’Israël ; c’est une alliance perpétuelle.

9 Et ils appartiendront à Aaron et à ses fils, qui les mangeront dans le lieu saint ; car ils lui seront une chose très sainte, d’entre les offrandes de l’Eternel faites par le feu ; c’est une ordonnance perpétuelle.

10 Or, il arriva que le fils d’une femme israélite, qui était aussi fils d’un homme égyptien, sortit parmi les enfants d’Israël ; et ce fils de la femme israélite et un homme israélite se querellèrent dans le camp ;

11 et le fils de la femme israélite blasphéma le nom de l’Eternel et le maudit ; et ils l’amenèrent à Moïse (or, sa mère s’appelait Sçélomith, fille de Dibri, de la tribu de Dan) ;

12 et ils le mirent en prison, jusqu’à ce qu’on leur eût déclaré ce qu’ils en devaient faire, selon la parole de l’Eternel.

13 Et l’Eternel parla à Moïse, disant :

14 Tire hors du camp celui qui a maudit, et que tous ceux qui l’ont entendu mettent les mains sur sa tête, et que toute l’assemblée le lapide.

15 Et parle aux enfants d’Israël, et dis-leur : Quiconque aura maudit son Dieu portera la peine de son péché ;

16 et celui qui aura blasphémé le nom de l’Eternel sera puni de mort ; toute l’assemblée ne manquera pas de le lapider ; on fera mourir et l’étranger et celui qui est né au pays, qui aura blasphémé le nom de l’Eternel.

17 On punira aussi de mort celui qui aura frappé à mort quelque personne que ce soit.

18 Celui qui aura frappé une bête à mort, la rendra ; vie pour vie.

19 Et quand quelque homme aura fait un outrage à son prochain, on lui fera comme il a fait ;

20 Fracture pour fracture, œil pour œil, dent pour dent ; on lui fera le même mal qu’il aura fait à un autre homme.

21 Celui donc qui frappera une bête à mort en rendra une autre ; mais on fera mourir celui qui aura frappé un homme à mort.

22 Vous rendrez la même justice à l’étranger comme à celui qui est né au pays ; car je suis l’Eternel votre Dieu.

23 Moïse ayant ainsi parlé aux enfants d’Israël, ils tirèrent hors du camp celui qui avait maudit, et l’assommèrent de pierres. Ainsi les enfants d’Israël firent comme l’Eternel l’avait commandé à Moïse.

REFLEXIONS

La loi qui concerne l’huile des lampes qui devaient être allumées dans le sanctuaire avait été établie afin que ce lieu fût toujours éclairé.

Les pains de proposition que l’on mettait sur la table dans le sanctuaire étaient une reconnaissance solennelle par laquelle les Israélites témoignaient que c’était de Dieu qu’ils tenaient les biens que la terre de Canaan produisait. Ces pains étaient au nombre de douze à cause des douze tributs d’Israël et lorsqu’on les ôtait, ils servaient pour la nourriture des sacrificateurs. Cette loi apprend aux chrétiens à être reconnaissant des biens que Dieu leur accorde.

L’histoire du blasphémateur qui fut lapidé et l’ordre que Dieu donna de faire mourir ceux qui tomberaient dans ce crime est très remarquable et doit inspirer une extrême horreur pour le blasphème et pour l’impiété.

Enfin, la loi par laquelle Dieu avait ordonné qu’on fit mourir les meurtriers et qu’on punit ceux qui maltraiteraient quelqu’un ou qui lui causeraient quelque dommage montre que ceux qui commettent ces péchés-là doivent être punis par le magistrat, que la violence, l’injustice, la colère et la vengeance sont défendus et que chacun doit s’en abstenir, non seulement par la crainte de la punition que les juges peuvent infliger, mais par le respect que l’on doit aux lois divines et parce que ces péchés sont entièrement contraires à la justice et à la charité.

CHAPITRE XXV.

Dieu ordonne :

I. De laisser reposer la terre de sept ans en sept ans,

II. De célébrer le jubilé tous les cinquante ans et il règle à cette occasion la manière d’acheter les terres, les maisons et les esclaves.

1 L’Eternel parla aussi à Moïse sur la montagne de Sinaï, disant :

2 Parle aux enfants d’Israël, et dis-leur : Quand vous serez entrés au pays que je vous donne, la terre se reposera ; ce sera un sabbat à l’Eternel.

3 Pendant six ans tu sèmeras ton champ, et durant six ans tu tailleras ta vigne et tu recueilleras son rapport ;

4 mais en la septième année il y aura un sabbat de repos pour la terre ; ce sera un sabbat à l’Eternel ; tu ne sèmeras point ton champ et tu ne tailleras point ta vigne ;

5 tu ne moissonneras point ce qui viendra de soi-même de ce qui sera tombé en moissonnant ; et tu ne vendangeras point les raisins de ta vigne, qui ne sera point taillée ; ce sera l’année du repos de la terre.

6 Mais ce qui proviendra de la terre, l’année du sabbat, vous servira de nourriture, à toi, à ton serviteur, à ta servante, à ton mercenaire et à l’étranger, lesquels habitent avec toi,

7 et à tes bêtes et aux animaux qui sont en ton pays ; tout son rapport sera pour manger.

8 Tu compteras aussi sept semaines d’années, savoir, sept fois sept ans, et les jours de ces sept semaines d’années te reviendront à quarante-neuf ans ;

9 Et tu feras sonner la trompette d’un son éclatant, le dixième jour du septième mois ; au jour, dis-je, des propitiations, vous ferez sonner la trompette par tout votre pays ;

10 et vous sanctifierez l’an cinquantième et vous publierez la liberté par le pays à tous ses habitants. Ce sera pour vous l’année du jubilé, et vous retournerez chacun en sa possession et chacun en sa famille.

11 Cette année cinquantième vous sera l’année du jubilé ; vous ne sèmerez point et ne moissonnerez point ce que la terre rapportera d’elle-même, et vous ne vendangerez point les fruits de la vigne qui ne sera point taillée ;

12 car c’est l’année du jubilé ; elle vous sera sacrée ; vous mangerez ce que les champs rapporteront cette année-là.

13 En cette année du jubilé, vous retournerez chacun en sa possession.

14 Or, si tu fais quelque vente à ton prochain ou si tu achètes quelque chose de ton prochain, que nul de vous ne foule son frère ;

15 Mais tu achèteras de ton prochain à proportion des années qui se sont écoulées depuis le jubilé ; on te fera de même la vente selon le nombre des années de rapport.

16 Selon qu’il y aura plus d’années, tu augmenteras le prix de ce que tu achètes, et selon qu’il y aura moins d’années tu le diminueras ; car on te vend le nombre des récoltes.

17 Que nul de vous donc ne foule son prochain, mais craignez votre Dieu ; car je suis l’Eternel votre Dieu.

18 Observez mes statuts, gardez mes ordonnances et observez-les, et vous habiterez sûrement dans le pays ;

19 et la terre vous donnera ses fruits, dont vous mangerez ; et vous serez rassasiés et vous y habiterez sûrement.

20 Que si vous dites : Que mangerons-nous la septième année, si nous ne semons point et si nous ne recueillons pas notre récolte ?

21 J’ordonnerai à ma bénédiction de se répandre sur vous en la sixième année, et la terre rapportera pour trois ans.

22 Et vous sèmerez la huitième année, et vous mangerez du rapport du passé, jusqu’à la neuvième année ; jusqu’à ce que son rapport soit venu, vous mangerez celui du passé.

23 La terre ne sera point vendue absolument ; car la terre est à moi, et vous êtes étrangers et habitants chez moi.

24 Vous permettrez aussi, dans toute la terre de votre possession, le droit de rachat pour la terre.

25 Si ton frère est devenu pauvre et vend quelque chose de ce qu’il possède, celui qui a le droit de rachat, savoir, celui qui lui sera proche parent, viendra et rachètera la chose qui aura été vendue par son frère.

26 Que si cet homme n’a personne qui ait le droit de rachat, mais qu’il ait pu trouver lui-même ce qu’il faut pour le rachat de ce qu’il a vendu,

27 il comptera les années depuis la vente faite, et restituera le surplus à l’homme auquel il l’avait faite ; et ainsi il rentrera dans sa possession.

28 Mais s’il n’a point trouvé ce qu’il faut pour le lui rendre, la chose qu’il aura vendue sera entre les mains de celui qui l’aura achetée, jusqu’à l’année du jubilé ; alors l’acheteur en sortira au jubilé, et le vendeur retournera dans sa possession.

29 Et si quelqu’un a vendu une maison à habiter, dans quelque ville fermée de murailles, qu’il ait le droit de la racheter jusqu’à la fin de l’année de sa vente ; que le terme du droit de son rachat soit d’une année.

30 Mais si elle n’est point rachetée dans l’année accomplie, la maison qui est dans la ville fermée de murailles demeurera absolument à celui qui l’a achetée et à ses descendants, et il n’en sortira point au jubilé.

31 Toutefois, les maisons des villages qui ne sont point entourés de murailles seront réputées comme un fonds de terre ; le vendeur pourra les racheter, et l’acheteur sortira au jubilé.

32 Et pour ce qui est des villes des Lévites, les Lévites auront un droit de rachat perpétuel des maisons des villes de leur possession ;

33 et celui qui aura acheté quelque maison des Lévites sortira au jubilé, de la maison vendue qui est dans la ville de sa possession ; car les maisons des villes des Lévites sont leur possession, parmi les enfants d’Israël.

34 Mais le champ des faubourgs de leurs villes ne sera point vendu ; car c’est leur possession perpétuelle.

35 Quand ton frère sera devenu pauvre, et qu’il te tendra ses mains tremblantes, tu le soutiendras, même l’étranger et l’habitant, afin qu’il vive avec toi.

36 Tu ne prendras point de profit de lui ni d’intérêt ; mais tu craindras ton Dieu, et ton frère vivra avec toi.

37 Tu ne lui donneras point ton argent à intérêt, et tu ne lui donneras point de tes vivres pour en tirer du profit.

38 Je suis l’Eternel votre Dieu, qui vous ai tirés du pays d’Egypte, pour vous donner le pays de Canaan, afin d’être votre Dieu.

39 Et quand ton frère sera devenu pauvre auprès de toi, et qu’il se sera vendu à toi, tu ne te serviras point de lui comme on se sert des esclaves ;

40 mais il sera chez toi comme seraient le mercenaire et l’étranger ; et il te servira jusqu’à l’année du jubilé ;

41 alors il sortira d’avec toi, avec ses enfants, et il s’en retournera dans sa famille, et il rentrera dans la possession de ses pères ;

42 car ils sont mes serviteurs, parce que je les ai tirés du pays d’Egypte ; c’est pourquoi, ils ne seront point vendus comme on vend les esclaves.

43 Tu ne lui seras point un maître rigoureux ; mais tu craindras ton Dieu.

44 Et pour ce qui est de ton esclave et de ta servante qui seront à toi, achète-les des nations qui sont autour de vous ; vous achèterez d’elles l’esclave et la servante.

45 Vous pourrez aussi en acheter d’entre les enfants des étrangers qui demeurent avec vous, même de leurs familles qui seront parmi vous, qui leur seront nées dans votre pays ; et vous les posséderez ;

46 et vous les laisserez comme un héritage à vos enfants, après vous, afin qu’ils en héritent la possession, et vous vous servirez d’eux pour toujours ; mais pour ce qui est de vos frères, les enfants d’Israël, nul ne dominera rigoureusement sur son frère.

47 Et lorsque l’étranger ou l’habitant, qui est avec toi, se sera enrichi, et que ton frère, qui est avec lui, sera devenu si pauvre qu’il se sera vendu à l’étranger, ou à un habitant qui est avec toi, ou à une branche de la famille de l’étranger,

48 après s’être vendu, il y aura droit de rachat pour lui, et un de ses parents pourra le racheter ;

49 ou son oncle, ou le fils de son oncle, ou quelque autre proche parent de son sang, d’entre ceux de sa famille, le rachètera ; ou, s’il peut lui-même en trouver le moyen, lui-même se rachètera.

50 Et il comptera avec celui qui l’aura acheté, depuis l’année qu’il s’est vendu à lui jusqu’à l’année du jubilé, de sorte que l’argent du prix pour lequel il s’est vendu se comptera à raison du nombre des années ; le temps qu’il aura servi lui sera alloué comme les journées d’un mercenaire.

51 S’il y a encore plusieurs années, il rendra le prix de son achat, à raison de ces années-là, selon le prix pour lequel il a été acheté.

52 Et s’il reste peu d’années jusqu’à l’an du jubilé, il comptera avec lui, et il rendra le prix de son achat à raison des années qu’il a servi.

53 Il aura été avec lui comme un mercenaire qui se loue d’année en année ; il ne dominera point sur lui rigoureusement, en ta présence.

54 Que s’il n’est pas racheté par quelqu’un de ces moyens, il sortira l’année du jubilé, lui et ses fils avec lui ;

55 car les enfants d’Israël me sont serviteurs ; ce sont mes serviteurs que j’ai tirés du pays d’Egypte : Je suis l’Éternel votre Dieu.

REFLEXIONS

La réflexion qu’il faut faire sur l’année sabbatique est que, comme les Israélites se reposaient le septième jour de chaque semaine en mémoire de ce que Dieu avait créé le monde en six jours et s’était reposé le septième jour, il leur était ordonné pour la même raison de laisser reposer la terre tous les sept ans. Par-là les Israélites reconnaissaient que la fertilité de ce pays venait de Dieu, de quoi ils avaient une preuve miraculeuse en ce que la terre rapportait pour trois ans la sixième année.

Pour ce qui est de l’an du jubilé qui revenait au bout de quarante-neuf ans, il faut savoir qu’en cette année-là, les fonds qu’ils avaient vendus retournaient à leurs anciens possesseurs, tellement qu’on ne pouvait vendre, ni aliéner aucun fond pour toujours à l’exception des maisons qui étaient dans les villes et qui n’appartenaient pas aux Lévites. Les esclaves hébreux étaient aussi alors renvoyés libres. Et afin que cette loi pût être observée, Dieu avait prescrit que lorsqu’on achetait des fonds ou des esclaves, on en payerait plus ou moins selon que l’an du jubilé serait plus ou moins éloigné.

Le but de cette loi était, comme cela est dit dans ce chapitre, d’apprendre aux Israélites et à leur postérité que le pays de Canaan appartenait à Dieu qui l’avait donné à leurs pères, elle tendait à conserver la distinction des tributs et des héritages, elle pourvoyait au soulagement des nécessiteux et elle empêchait que les riches, en acquérant des terres et des esclaves pour toujours, ne privassent les petits de leurs biens et de leur liberté. Nous devons reconnaitre en tout cela la grande sagesse de Dieu et la manière admirable dont ce peuple était gouverné.

Au reste, les lois que ce chapitre contient nous avertissent que tous les biens que nous possédons viennent de Dieu, que c’est un grand péché que d’opprimer les petits et que de prêter aux personnes nécessiteuses à des conditions injustes ou dures, qu’il faut traiter les pauvres et les étrangers avec équité et humanité et être charitables et désintéressés dans toute notre conduite.

Il parait encore de ce chapitre que dans les ventes, l’on doit avoir égard à la valeur des choses et observer une juste proportion.

Enfin, il faut considérer que si Dieu ne voulait pas que les Israélites assujettissent ceux de leur nation à l’esclavage parce qu’ils étaient tous également les serviteurs et affranchis du Seigneur, les maîtres chrétiens doivent beaucoup plus être doux et équitables envers leurs serviteurs qui sont les rachetés de Jésus-Christ aussi bien qu’eux, se souvenant que le Seigneur de leurs serviteurs et d’eux-mêmes est dans le Ciel et que devant lui il n’y a point d’acception de personne.

CHAPITRE XXVI.

Moïse recommande aux Israélites de fuir l’idolâtrie et d’observer le sabbat.

Il leur propose les bénédictions que Dieu leur accorderait s’ils obéissaient à ses commandements. Et il leur dénonce les malédictions qui tomberaient sur eux s’ils les violaient.

1 Vous ne vous ferez point d’idoles, et ne vous dresserez point d’image taillée ni de statue, et vous ne mettrez point de pierre figurée dans votre pays, pour vous prosterner devant elle ; car je suis l’Éternel votre Dieu.

2 Vous garderez mes sabbats, et vous révérerez mon sanctuaire : Je suis l’Éternel.

3 Si vous marchez dans mes ordonnances, et si vous gardez mes commandements, et si vous les faites,

4 je vous donnerai les pluies qu’il vous faut en leur temps ; la terre donnera son rapport, et les arbres des champs donneront leur fruit.

5 La saison de battre les grains durera parmi vous jusqu’à la vendange, et la vendange durera jusqu’aux semailles ; vous mangerez votre pain, et vous serez rassasiés, et vous habiterez sûrement dans votre pays ;

6 et je donnerai la paix au pays, et vous dormirez sans qu’aucun vous épouvante ; je ferai qu’il n’y aura plus de mauvaises bêtes dans le pays, et l’épée ne passera point par votre pays.

7 Mais vous poursuivrez vos ennemis, et ils tomberont par l’épée devant vous.

8 Cinq d’entre vous en poursuivront cent, et cent en poursuivront dix mille, et vos ennemis tomberont par l’épée devant vous.

9 Et je me tournerai vers vous, et je vous ferai croître et multiplier, et j’établirai mon alliance avec vous.

10 Vous mangerez aussi de vieilles provisions, et vous tirerez les vieilles pour loger les nouvelles.

11 Même, je mettrai mon pavillon au milieu de vous, et mon âme ne vous aura point en aversion ;

12 mais je marcherai au milieu de vous, et je serai votre Dieu, et vous serez mon peuple.

13 Je suis l’Éternel votre Dieu, qui vous ai tirés du pays d’Égypte, afin que vous ne fussiez pas leurs esclaves ; et j’ai rompu les bois de votre joug, et je vous ai fait marcher la tête levée.

14 Mais si vous ne m’écoutez pas, et que vous ne fassiez pas tous ces commandements-là ;

15 et si vous rejetez mes ordonnances, et que votre âme ait mes jugements en aversion, pour ne pas faire tous mes commandements, et pour enfreindre mon alliance,

16 voici aussi ce que je vous ferai : Je ferai venir sur vous la frayeur, la langueur et l’ardeur, qui consumeront vos yeux, et qui tourmenteront vos âmes ; vous sèmerez en vain votre semence ; car vos ennemis la mangeront.

17 Et je mettrai ma face contre vous ; vous serez battus devant vos ennemis, et ceux qui vous haïssent domineront sur vous, et vous fuirez sans qu’aucun vous poursuive.

18 Que si encore, après ces choses, vous ne m’écoutez pas, j’en ajouterai sept fois autant pour vous châtier, à cause de vos péchés ;

19 et je briserai l’orgueil de votre force, et je ferai que votre ciel sera de fer, et votre terre d’airain ;

20 votre force se consumera en vain ; car votre terre ne donnera plus son rapport, et les arbres de la terre ne donneront plus leur fruit.

21 Que si vous marchez contre moi, et qu’il ne vous plaise pas de m’écouter, j’ajouterai sur vous sept fois autant de plaies, selon vos péchés ;

22 j’enverrai contre vous les bêtes des champs, qui vous priveront de vos enfants et détruiront vos bêtes, et qui vous réduiront à un petit nombre, et vos chemins seront déserts.

23 Que si vous ne vous corrigez pas après ces choses, pour vous convertir à moi, mais que vous marchiez contre moi,

24 je marcherai aussi contre vous, et je vous frapperai encore sept fois autant, selon vos péchés ;

25 et je ferai venir sur vous l’épée, qui fera la vengeance de mon alliance qui aura été violée ; et quand vous vous retirerez dans vos villes, j’enverrai la mortalité parmi vous, et vous serez livrés entré les mains de l’ennemi.

26 Quand je vous aurai rompu le bâton du pain, dix femmes cuiront votre pain dans un four, et vous rendront votre pain au poids ; vous en mangerez, et vous n’en serez point rassasiés.

27 Que si pour cela vous ne m’écoutez point, mais que vous marchiez contre moi,

28 je marcherai contre vous en ma fureur, et je vous châtierai aussi sept fois autant, selon vos péchés ;

29 vous mangerez la chair de vos fils, et la chair de vos filles ;

30 Et je détruirai vos hauts lieux, et je ruinerai vos tabernacles, et je mettrai vos cadavres sur les cadavres de vos dieux infâmes, et mon âme vous aura en aversion.

31 Je réduirai aussi vos villes en désert, je désolerai vos sanctuaires, et vos sacrifices ne me seront plus en bonne odeur ;

32 Et je désolerai ce pays tellement que vos ennemis, qui s’y établiront, s’en étonneront ;

33 et je vous disperserai parmi les nations ; je dégainerai l’épée après vous, et votre pays sera en désolation, et vos villes en désert.

34 Alors cette terre se plaira dans ses sabbats, tout le temps qu’elle sera désolée ; et lorsque vous serez au pays de vos ennemis, la terre se reposera et se plaira dans ses sabbats.

35 Tout le temps qu’elle demeurera désolée, elle se reposera de ce qu’elle ne se sera point reposée en vos sabbats, quand vous y habitiez.

36 Et pour ce qui est de ceux qui demeureront de reste d’entre vous, je rendrai leur cœur lâche, quand ils seront au pays de leurs ennemis, de sorte que le bruit d’une feuille émue les poursuivra ; ils fuiront comme s’ils fuyaient de devant l’épée, et ils tomberont sans que personne les poursuive ;

37 et ils s’entre-heurteront l’un l’autre, comme fuyant de devant l’épée, sans que personne les poursuive ; et vous ne pourrez point subsister devant vos ennemis.

38 Vous périrez parmi les nations, et la terre de vos ennemis vous consumera.

39 Et ceux qui demeureront de reste d’entre vous, se fondront dans les pays de vos ennemis, à cause de leurs iniquités ; et ils se fondront aussi à cause des iniquités de leurs pères et des leurs.

40 Alors ils confesseront leur iniquité et l’iniquité de leurs pères, selon les prévarications qu’ils auront commises contre moi, et selon qu’ils auront marché contre moi.

41 Et moi aussi, j’aurai marché contre eux, et je les aurai amenés aux pays de leurs ennemis ; et alors leur cœur incirconcis s’humiliera, et ils prendront à gré la peine de leur iniquité ;

42 et je me souviendrai de mon alliance avec Jacob, et de mon alliance avec Isaac, et aussi de mon alliance avec Abraham, et je me souviendrai de cette terre.

43 Et cette terre sera abandonnée par eux, et elle se plaira dans ses sabbats, quand elle aura été désolée à cause d’eux ; et ils prendront à gré la peine de leur iniquité, parce qu’ils auront rejeté mes jugements, et qu’ils auront eu en aversion mes statuts.

44 Mais, cependant, lorsqu’ils seront dans le pays de leurs ennemis, je me souviendrai d'eux, je ne les rejetterai point, et je ne les aurai point en aversion jusqu'à les consumer entièrement et à rompre l’alliance que j’ai faite avec eux ; car je suis l’Eternel, leur Dieu.

45 Et je me souviendrai en leur faveur de l’alliance que j’ai faite avec leurs ancêtres, lesquels j'ai tirés du pays d’Egypte, à la vue des nations, pour être leur Dieu : Je suis l’Eternel.

46 Ce sont là les statuts, les ordonnances et les lois que l’Eternel donna et qu’il établit entre lui et les enfants d’Israël, sur la montagne de Sinaï, par Moïse.

REFLEXIONS

La première observation qu’il faut faire est que, quoique les bénédictions temporelles que Dieu promettait aux enfants d’Israël s’ils gardaient sa loi ne regardent pas les chrétiens, il paraît toujours d’ici que le bonheur des hommes dépend de l’observation des commandements de Dieu, que sa faveur se répand sur ceux qui le craignent et que la piété a les promesses de la vie présente, comme elle a celles de la vie à venir.

L’on doit ensuite faire une grande attention aux malédictions qui sont contenues dans ce chapitre. On y voit clairement tout ce qui arriva dans la suite au peuple d’Israël à cause de ses péchés, comment Dieu le châtia en diverses occasions par la famine, par la mortalité, par la guerre et par d’autres fléaux et comment il les livra enfin à leurs ennemis et les chassa du pays de Canaan, ce qui arriva surtout lorsqu’ils furent transportés en Assyrie et à Babylone et ensuite détruits par les Romains.

Dieu promet cependant de rétablir les Israélites après les avoir affligés. Ce rétablissement arriva en partie lorsqu’ils retournèrent de la captivité, mais il se fera plus parfaitement aux derniers jours lorsque cette nation se convertira.

Ce sont ici de belles et fortes preuves de la divinité de l’Écriture, l’histoire du peuple juif confirmant exactement la vérité de toutes ces prédictions qui ont été faites il y a plus de trois mille ans. Ceci doit servir d’instruction aux chrétiens et leur faire craindre les malédictions que l’Évangile dénonce aux pécheurs impénitents et qui sont infiniment plus redoutables que celles qui sont contenues dans ce chapitre.

CHAPITRE XXVII.

Ce chapitre traite du rachat des personnes et des autres choses qui avaient été consacrées à Dieu par un vœu, et le Seigneur y ordonne de payer exactement et de bonne foi les dîmes, tant des fruits de la terre que des bêtes.

1 L’Eternel parla aussi à Moïse, disant :

2 Parle aux enfants d’Israël, et dis-leur : Quand quelqu’un aura fait quelque vœu important, les personnes seront à l’Eternel, selon l’estimation que tu en feras.

3 Or, l’estimation que tu feras d’un mâle, depuis l’âge de vingt ans jusqu’à l’âge de soixante ans, sera du prix de cinquante sicles d’argent, selon le sicle du sanctuaire.

4 Mais si c’est une femme, alors ton estimation sera de trente sicles.

5 Que si c’est de quelqu’un de l’âge de cinq ans jusqu’à l’âge de vingt ans, alors l’estimation que tu feras du mâle sera de vingt sicles ; et pour ce qui est de la femme, l’estimation sera de dix sicles.

6 Et si c’est de quelqu’un de l’âge d’un mois jusqu’à l’âge de cinq ans, l’estimation que tu feras d’un mâle sera de cinq sicles d’argent, et ton estimation d’une fille sera de trois sicles d’argent.

7 Et si c’est de quelqu’un qui soit âgé de soixante ans et au-dessus, si c’est un mâle, ton estimation sera de quinze sicles ; et pour ce qui est de la femme, l’estimation sera de dix sicles.

8 Et s’il est plus pauvre que ne monte ton estimation, il présentera la personne devant le sacrificateur, qui en fera l’estimation ; et le sacrificateur en fera l’estimation, selon ce que pourra fournir celui qui a fait le vœu.

9 Et si c’est d’une bête dont on fasse offrande à l’Eternel, tout ce qui aura été donné à l’Eternel de cette sorte sera sacré.

10 Il ne la changera point et n’en mettra point une autre en sa place, savoir, une bonne pour une mauvaise, ou une mauvaise pour une bonne. Que s’il met, en quelque sorte que ce soit, une bête pour une autre bête, tant celle-là que l’autre, qui aura été mise en sa place, sera sacrée.

11 Et si c’est d’une bête souillée, dont on ne fait point offrande à l’Éternel, il présentera la bête devant le sacrificateur,

12 Qui en fera l’estimation selon qu’elle sera bonne ou mauvaise ; et il en sera comme toi, ô sacrificateur, en auras fait l’estimation.

13 Mais s’il la veut racheter absolument, il ajoutera un cinquième par-dessus ton estimation.

14 Et quand quelqu’un aura consacré sa maison pour être sacrée à l’Éternel, le sacrificateur l’estimera, selon qu’elle sera bonne ou mauvaise ; et on se tiendra à l’estimation que le sacrificateur en aura faite.

15 Mais si celui qui l’a consacrée veut racheter sa maison, il ajoutera, par-dessus, le cinquième de l’argent de ton estimation, ô sacrificateur ; et elle lui demeurera.

16 Et si un homme consacre à l’Éternel quelque partie du champ de sa possession, ton estimation sera selon ce qu’on y sème. Le homer de semence d’orge sera estimé cinquante sicles d’argent.

17 Que s’il a consacré son champ dès l’année du jubilé, on se tiendra à ton estimation ;

18 mais s’il consacre son champ après le jubilé, le sacrificateur lui mettra en compte l’argent, selon le nombre des années qui restent jusqu’à l’année du jubilé ; et cela sera rabattu de ton estimation.

19 Et si celui qui a consacré son champ le veut racheter absolument, il ajoutera, par-dessus, le cinquième de l’argent de ton estimation, et il lui demeurera ;

20 mais s’il ne rachète point le champ, et que le champ se vende à un autre homme, il ne se rachètera plus.

21 Et ce champ-là, ayant passé le jubilé, sera sacré à l’Éternel comme un champ d’interdit. La possession en sera au sacrificateur.

22 Et s’il consacre à l’Éternel un champ qu’il ait acheté, n’étant point des champs de sa possession,

23 le sacrificateur lui comptera la somme de ton estimation jusqu’à l’année du jubilé, et il donnera, en ce jour-là, ce que tu l’auras estimé, afin que ce soit une chose sacrée à l’Éternel ;

24 mais, dans l’année du jubilé, le champ retournera à celui duquel il l’avait acheté, et auquel était la possession du fonds.

25 Et toute estimation que tu feras sera selon le sicle du sanctuaire ; le sicle est de vingt oboles.

26 Toutefois, nul ne pourra consacrer le premier-né d’entre les bêtes, lequel appartient déjà à l’Éternel, par droit de primogéniture, soit taureau, soit agneau ou chevreau : il est à l’Éternel.

27 Mais s’il est de bêtes souillées, il le rachètera, selon ton estimation, et il ajoutera son cinquième par-dessus ; et s’il n’est pas racheté, il sera vendu selon ton estimation.

28 Or, nul interdit que quelqu’un aura dévoué à l’Éternel, par interdit de tout ce qui lui appartient, soit un homme ou une bête, ou un champ de sa possession, ne se vendra, ni ne se rachètera ; tout interdit sera entièrement consacré à l’Éternel.

29 Nul interdit, dévoué par interdit, d’entre les hommes, ne se rachètera, mais on le fera mourir.

30 Or, toute dîme de la terre, tant du grain de la terre que du fruit des arbres, appartient à l’Éternel ; c’est une chose consacrée à l’Éternel.

31 Mais si quelqu’un veut absolument racheter quelque chose de sa dîme, il y ajoutera le cinquième par-dessus.

32 Mais toute dîme de taureaux, de brebis et de chèvres, savoir, tout ce qui passe sous la verge, qui est le dixième, sera consacré à l’Éternel.

33 On ne choisira point le bon ou le mauvais, et on n’en mettra point d’autre en sa place ; que si on le fait, en quelque manière que ce soit, la bête changée et l’autre, qui aura été mise en sa place, seront consacrées, et ne seront point rachetées.

34 Ce sont là les commandements que l’Éternel prescrivit à Moïse, sur la montagne de Sinaï, pour les enfants d’Israël.

REFLEXIONS

Ce chapitre nous apprend que les vœux doivent être religieusement accomplis et que, quand une chose a été consacrée à Dieu et à des usages saints, on ne peut la destiner à d’autres usages sans sacrilège.

L’exactitude avec laquelle Dieu voulait que les Israélites payassent les dîmes, tant des fruits de la terre que des bêtes et la défense qu’il faisait de choisir ce qu’on avait de moindre pour payer les dîmes montre que c’est aussi un sacrilège d’user de fraude et de tromperie dans ce que l’on doit donner pour le service divin ou pour d’autres usages pieux, mais qu’il faut donner avec plaisir ce que l’on a de meilleur et de plus précieux.

NOMBRES OU 4EME LIVRE DE MOÏSE

Détails
Catégorie parente: Bible
Catégorie : Vieux testament
  • NOMBRES OU 4EME LIVRE DE MOÏSE

ARGUMENT

Le livre des Nombres est appelé de ce nom à cause des dénombrements qui sont contenus dans les premiers chapitres. Il commence au second mois de la seconde année après la sortie l’Égypte et il finit le onzième mois de la quarantième année, tellement qu’il comprend l’espace de trente-neuf ans. Ce livre contient aussi plusieurs lois que Dieu donna aux Israélites et le récit de diverses choses mémorables qui arrivèrent pendant qu’ils furent dans le désert.

Chapitres  CHAPITRE I. CHAPITRE II.  CHAPITRE III.  CHAPITRE IV.   CHAPITRE V.  CHAPITRE VI.  CHAPITRE VII.  CHAPITRE VIII.   CHAPITRE IX.  CHAPITRE X.   CHAPITRE XI.   CHAPITRE XII. CHAPITRE XIII.  CHAPITRE XIV.   CHAPITRE XV.   CHAPITRE XVI. CHAPITRE XVII.  CHAPITRE XVIII.  CHAPITRE XIX.   CHAPITRE XX.  CHAPITRE XXI.  CHAPITRE XXII.  CHAPITRE XXIII.  CHAPITRE XXIV.   CHAPITRE XXV.   CHAPITRE XXVI.  LIVRES DU VIEUX TESTAMENT.

CHAPITRE I.

On voit dans le premier chapitre de ce livre le dénombrement que Moïse et Aaron firent après la sortie d’Égypte de tout le peuple d’Israël et qui fut de six cent mille hommes.

1 L’Éternel parla à Moïse, au désert de Sinaï, dans le tabernacle d’assignation, au premier jour du second mois, la seconde année après qu’ils furent sortis du pays d’Egypte, disant :

2 Faites le compte de toute l’assemblée des enfants d’Israël, selon leurs familles, selon les maisons de leurs pères, en les comptant nom par nom, savoir, tous les mâles, chacun par tête ;

3 depuis l’âge de vingt ans et au-dessus, tous ceux d’Israël qui peuvent aller à la guerre. Vous les compterez par leurs bandes, toi et Aaron ;

4 et il y aura avec vous un homme de chaque tribu, savoir, le chef de la maison de ses pères.

5 Ce sont ici les noms de ces hommes qui vous assisteront : Pour la tribu de Ruben, Elitsur, fils de Scédéur ;

6 pour celle de Siméon, Scelumiel, fils de Tsurisçaddaï ;

7 pour celle de Juda, Nahasson, fils de Hamminadab ;

8 pour celle d’Issacar, Nathanaël, fils de Tsuhar ;

9 pour celle de Zabulon, Eliab, fils de Hélon ;

10 pour les enfants de Joseph, pour la tribu d’Ephraïm, Elisçamah, fils de Hammiud ; pour celle de Manassé, Gamaliel, fils de Pédatsur ;

11 pour la tribu de Benjamin, Abidan, fils de Guidhoni ;

12 pour celle de Dan, Ahihézer, fils de Hammisçaddaï ;

13 pour celle d’Ascer, Paghiel, fils de Hocran ;

14 Pour celle de Gad, Eliasaph, fils de Dehuël ;

15 pour celle de Nephthali, Ahirah, fils de Hénan.

16 C’étaient là ceux qu’on appelait pour tenir l’assemblée, les principaux des tribus de leurs pères, qui étaient les chefs des milliers d’Israël.

17 Alors Moïse et Aaron prirent ces hommes, qui avaient été nommés par leurs noms ;

18 et ils convoquèrent toute l’assemblée, le premier jour du second mois, et on les enregistra chacun selon leurs familles, selon la maison de leurs pères, les comptant nom par nom, depuis l’âge de vingt ans et au-dessus, chacun par tête ;

19 Selon que l’Éternel avait commandé à Moïse ; et il les compta au désert de Sinaï.

20 Les descendants donc de Ruben, premier-né d’Israël, selon leurs générations, leurs familles et les maisons de leurs pères, dont on fit le dénombrement, par leur nom et par tête, c’est-à-dire, tous les mâles de l’âge de vingt ans et au-dessus, tous ceux qui pouvaient aller à la guerre,

21 ceux, dis-je, de la tribu de Ruben, qui furent comptés, furent quarante-six mille cinq cents.

22 Des descendants de Siméon, selon leurs générations, leurs familles et les maisons de leurs pères, ceux qui furent comptés, par leur nom et par tête, savoir, tous les mâles de l’âge de vingt ans et au-dessus, tous ceux qui pouvaient aller à la guerre,

23 Ceux, dis-je, de la tribu de Siméon, qui furent comptés, furent cinquante-neuf mille trois cents.

24 Des descendants de Gad, selon leurs générations, leurs familles et les maisons de leurs pères, ceux dont on fit le dénombrement, par leur nom, depuis l’âge de vingt ans et au-dessus, tous ceux qui pouvaient aller à la guerre,

25 ceux, dis-je, de la tribu de Gad, qui furent comptés, furent quarante-cinq mille six cent cinquante.

26 Des descendants de Juda, selon leurs générations, leurs familles et les maisons de leurs pères, ceux dont on fit le dénombrement par leur nom, depuis l’âge de vingt ans et au-dessus, tous ceux qui pouvaient aller à la guerre,

27 ceux, dis-je, de la tribu de Juda, qui furent comptés, furent soixante et quatorze mille six cents.

28 Des descendants d’Issacar, selon leurs générations, leurs familles et les maisons de leurs pères, ceux dont on fit le dénombrement, par leur nom, depuis l’âge de vingt ans et au-dessus, tous ceux qui pouvaient aller à la guerre,

29 ceux, dis-je, de la tribu d’Issacar, qui furent comptés, furent cinquante-quatre mille quatre cents.

30 Des descendants de Zabulon, selon leurs générations, leurs familles et les maisons de leurs pères, ceux dont on fit le dénombrement, par leur nom, depuis l’âge de vingt ans et au-dessus, tous ceux qui pouvaient aller à la guerre ;

31 ceux, dis-je, de la tribu de Zabulon, qui furent comptés, furent cinquante-sept mille quatre cents.

32 Quant aux descendants de Joseph : Des descendants d’Ephraïm, selon leurs générations, leurs familles et les maisons de leurs pères, ceux dont on fit le dénombrement, par leur nom, depuis l’âge de vingt ans et au-dessus, tous ceux qui pouvaient aller à la guerre,

33 ceux, dis-je, de la tribu d’Ephraïm, qui furent comptés, furent quarante mille cinq cents.

34 Des descendants de Manassé, selon leurs générations, leurs familles et les maisons de leurs pères, ceux dont on fit le dénombrement, par leur nom, depuis l’âge de vingt ans et au-dessus, tous ceux qui pouvaient aller à la guerre,

35 ceux, dis-je, de la tribu de Manassé, qui furent comptés, furent trente-deux mille deux cents.

36 Des descendants de Benjamin, selon leurs générations, leurs familles et les maisons de leurs pères, ceux dont on fit le dénombrement, par leur nom, depuis l’âge de vingt ans et au-dessus, tous ceux qui pouvaient aller à la guerre,

37 ceux, dis-je, de la tribu de Benjamin, qui furent comptés, furent trente-cinq mille quatre cents.

38 Des descendants de Dan, selon leurs générations, leurs familles et les maisons de leurs pères, ceux dont on fit le dénombrement, par leur nom, depuis l’âge de vingt ans et au-dessus, tous ceux qui pouvaient aller à la guerre,

39 ceux, dis-je, de la tribu de Dan, qui furent comptés, furent soixante-deux mille sept cents.

40 Des descendants d’Ascer, selon leurs générations, leurs familles et les maisons de leurs pères, ceux dont on fit le dénombrement, par leur nom, depuis l’âge de vingt ans et au-dessus, tous ceux qui pouvaient aller à la guerre,

41 ceux, dis-je, de la tribu d’Ascer, qui furent comptés, furent quarante et un mille cinq cents.

42 Des descendants de Nephthali, selon leurs générations, leurs familles et les maisons de leurs pères, ceux dont on fit le dénombrement, par leur nom, depuis l’âge de vingt ans et au-dessus, tous ceux qui pouvaient aller à la guerre,

43 ceux, dis-je, de la tribu de Nephthali, qui furent comptés, furent cinquante-trois mille quatre cents.

44 Ce sont là ceux dont Moïse et Aaron firent le dénombrement, les douze principaux d’entre les enfants d’Israël y étant ; un pour chaque maison de leurs pères.

45 Ainsi tous ceux des enfants d’Israël dont on fît le dénombrement, selon les maisons de leurs pères, depuis l’âge de vingt ans et au-dessus, tous ceux d’entre les Israélites qui pouvaient aller à la guerre,

46 tous ceux, dis-je, dont on fit le dénombrement, furent six cent trois mille cinq cent cinquante.

47 Mais les Lévites ne furent point comptés avec eux, selon la tribu de leurs pères ;

48 car l’Eternel avait parlé à Moïse, et lui avait dit :

49 Tu ne feras aucun dénombrement de la tribu de Lévi, et tu n’en feras point le compte avec les autres enfants d’Israël ;

50 Mais tu donneras aux Lévites la charge du pavillon du témoignage, et de tous ses ustensiles, et de tout ce qui lui appartient. Ils porteront le pavillon et tous ses ustensiles, et ils serviront et camperont autour du pavillon.

51 Et quand le pavillon partira, les Lévites le désassembleront ; et quand le pavillon campera, ils le dresseront ; que si quelque autre en approche, on le fera mourir.

52 Or, les enfants d’Israël camperont chacun en son quartier, et chacun sous son enseigne, selon leurs bandes ;

53 mais les Lévites camperont autour du pavillon du témoignage, afin qu’il n’y ait point d’indignation sur l’assemblée des enfants d’Israël ; et ils prendront en leur charge le pavillon du témoignage.

54 Et les enfants d’Israël firent toutes les choses que l’Eternel avait commandées à Moïse ; ils le firent ainsi.

REFLEXIONS

La principale réflexion qu’il y a à faire sur les dénombrements des enfants d’Israël est celle que Moïse leur proposait peu avant sa mort. Elle regarde la multiplication prodigieuse des descendants de Jacob. Ils n’étaient que soixante et dix personnes lorsqu’ils allèrent en Égypte et lorsqu’ils en sortirent, environ deux cents et dix ans après, ils se trouvèrent au nombre de six cent mille sans compter ceux qui étaient en dessous de l’âge de vingt ans, ni les femmes, ni ceux qui ne pouvaient pas aller à la guerre, non plus que les Lévites.

Ce fut ainsi que Dieu accomplit les promesses qu’il avait faites à Abraham de lui donner une postérité aussi nombreuse que les étoiles du ciel et que le sable qui est sur le bord de la mer. Cela relève aussi et confirme la merveille de la manière dont un si grand peuple subsista dans le désert pendant quarante ans, ce qui aurait été absolument impossible si Dieu n’y eût pourvu miraculeusement en envoyant la manne qui leur servit de nourriture pendant tout ce temps-là.

Les Lévites ne furent pas compris dans ce dénombrement parce qu’ils n’étaient pas obligés de marcher en guerre et qu’ils devaient être attachés à la garde et au service du tabernacle.

CHAPITRE II.

On voit dans ce chapitre la disposition du camp des Israélites et l’ordre de leur marche.

1 L’Eternel parla encore à Moïse et à Aaron, disant :

2 Les enfants d’Israël camperont chacun sous sa bannière, avec les enseignes des maisons de leurs pères, tout autour du tabernacle d’assignation, et vis-à-vis de lui.

3 Ceux qui seront de la bannière de la compagnie de Juda, camperont droit vers le Levant, distingués par leurs troupes ; et Nahasson, fils de Hamminadab, sera le chef des descendants de Juda ;

4 et sa troupe, et ceux qui sont de son dénombrement, sont soixante-quatorze mille six cents.

5 Et la tribu d’Issacar campera auprès de Juda ; et Nathanaël, fils de Tsuhar, sera le chef des descendants d’Issacar ;

6 Et sa troupe, et ceux qui sont de son dénombrement, sont cinquante-quatre mille quatre cents.

7 Puis la tribu de Zabulon ; et Eliab, fils de Hélon, sera le chef des descendants de Zabulon ;

8 et sa troupe, et ceux qui sont de son dénombrement, sont cinquante-sept mille quatre cents.

9 Tous ceux dont on a fait le dénombrement, de la compagnie de Juda, sont cent quatre-vingt-six mille quatre cents, distingués par leurs troupes. Ils partiront les premiers.

10 La bannière de la compagnie de Ruben, par ses troupes, sera vers le Midi ; et Elitsur, fils de Scédéur, sera le chef des descendants de Ruben.

11 Et sa troupe, et ceux qui sont de son dénombrement, sont quarante-six mille cinq cents.

12 Et la tribu de Siméon campera auprès de Ruben ; et Scélumiel, fils de Tsurisçaddaï, sera le chef des descendants de Siméon ;

13 Et sa troupe, et ceux qui sont de son dénombrement, sont cinquante-neuf mille trois cents.

14 Puis la tribu de Gad ; et Eliasaph, fils de Réhuel, sera le chef des descendants de Gad ;

15 et sa troupe, et ceux qui sont de son dénombrement, sont quarante-cinq mille six cent cinquante.

16 Tous ceux dont on a fait le dénombrement, de la compagnie de Ruben, sont cent cinquante et un mille quatre cent cinquante, distingués par leurs troupes. Ils partiront les seconds.

17 Ensuite le tabernacle d’assignation partira, avec la compagnie des Lévites, au milieu des compagnies qui partiront, comme elles seront campées, chacune en sa place, selon leurs bannières.

18 La bannière de la compagnie d’Ephraïm, par ses troupes, sera vers l’Occident ; et Elisçamah, fils de Hammiud, sera le chef des descendants d’Ephraïm ;

19 et sa troupe, et ceux qui sont de son dénombrement, sont quarante mille cinq cents.

20 Et la tribu de Manassé sera auprès d’Ephraïm ; et Gamaliel, fils de Pédatsur, sera le chef des descendants de Manassé ;

21 et sa troupe, et ceux qui sont de son dénombrement, sont trente-deux mille deux cents.

22 Puis la tribu de Benjamin ; et Abidan, fils de Guidhoni, sera le chef des descendants de Benjamin ;

23 et sa troupe, et ceux qui sont de son dénombrement, sont trente-cinq mille quatre cents.

24 Tous ceux dont on a fait le dénombrement, de la compagnie d’Ephraïm, sont cent huit mille et cent, distingués par leurs troupes. Ils partiront les troisièmes.

25 Ceux qui seront de la bannière de la compagnie de Dan, distingués par ses troupes, seront vers le septentrion ; et Ahihézer, fils de Hammisçaddaï, sera le chef des descendants de Dan ;

26 et sa troupe, et ceux qui sont de son dénombrement, sont soixante-deux mille sept cents.

27 Et la tribu d’Asçer campera auprès de Dan ; et Paghiel, fils de Hocran, sera le chef des descendants d’Asçer ;

28 et sa troupe, et ceux qui sont de son dénombrement, sont quarante et un mille cinq cents.

29 Puis la tribu de Nephthali; et Ahirah, fils de Hénan, sera le chef des enfants de Nephthali ;

30 et sa troupe, et ceux qui sont de son dénombrement, sont cinquante-trois mille quatre cents.

31 Tous ceux dont on fit le dénombrement, de la compagnie de Dan, sont cent cinquante-sept mille six cents. Ils partiront les derniers des bannières.

32 Ce sont là ceux des enfants d’Israël dont on fit le dénombrement, par les maisons de leurs pères. Tous ceux qui furent comptés des compagnies, selon leurs troupes, furent six cent trois mille cinq cent cinquante.

33 Mais les Lévites ne furent point comptés avec les autres enfants d’Israël, comme l’Eternel l’avait commandé à Moïse.

34 Et les enfants d’Israël firent toutes les choses que l’Eternel avait commandées à Moïse ; ils campèrent ainsi, chacun selon leurs bannières, et ils partirent ainsi, chacun selon leurs familles et selon la maison de leurs pères.

REFLEXIONS

Ce qu’il y a à observer sur ce chapitre, c’est le bel ordre dans lequel les tribus d’Israël étaient disposées lorsqu’elles campaient et lorsqu’elles marchaient, chacune ayant son poste et son rang assigné. Cet ordre était nécessaire pour prévenir la confusion qui, sans cela, aurait été inévitable dans une si grande multitude. Dieu ordonna que les douze tribus campassent et fussent rangées à une certaine distance autour du tabernacle. Par ce moyen, ce lieu sacré était au milieu du camp et en sureté. Les Israélites pouvaient aussi reconnaitre par-là que l’avantage d’avoir Dieu et son service au milieu d’eux faisait tout leur bonheur. Ainsi ce que Dieu prescrivit à cet égard était très digne de sa sagesse et tendait également et à maintenir l’ordre parmi ce peuple et à l’attacher à Dieu et à la religion.

CHAPITRE III.

Moïse rapporte dans ce chapitre et dans le suivant la généalogie des sacrificateurs, le choix que Dieu fit des Lévites qui leur furent adjoints et l’office et les diverses fonctions des Lévites par rapport au tabernacle lorsqu’il fallait le transporter d’un lieu à un autre.

1 Ce sont ici les générations d’Aaron et de Moïse, au temps que l’Eternel parla à Moïse sur la montagne de Sinaï ;

2 et ce sont ici les noms des enfants d’Aaron : Nadab, qui était l’aîné, Abihu, Eléazar et Ithamar.

3 Ce sont là les noms des enfants d’Aaron, sacrificateurs, qui furent oints, et qui furent consacrés pour exercer le sacerdoce.

4 Or, Nadab et Abihu moururent en la présence de l’Eternel, lorsqu’ils offrirent un feu étranger devant l’Eternel, au désert de Sinaï, et ils n’eurent point d’enfants ; mais Eléazar et Ithamar exercèrent la sacrificature, en la présence d’Aaron leur père.

5 Alors l’Eternel parla à Moïse, disant :

6 Fais approcher la tribu de Lévi, et fais qu’elle se tienne devant Aaron sacrificateur, afin qu’ils le servent ;

7 et qu’ils aient la charge de ce qu’il leur ordonnera de garder, et de ce que toute l’assemblée leur ordonnera de garder, devant le tabernacle d’assignation, en faisant le service du pavillon ;

8 Et qu’ils gardent tous les ustensiles du tabernacle d’assignation, et ce qui leur sera donné en charge par les enfants d’Israël, pour faire le service du pavillon.

9 Ainsi tu donneras les Lévites à Aaron et à ses fils ; ils lui sont donnés, d’entre les enfants d’Israël.

10 Tu donneras donc la surintendance à Aaron et à ses fils, et ils exerceront leur sacerdoce. Que si quelque étranger en approche, on le fera mourir.

11 Et l’Éternel parla à Moïse, disant :

12 Voici, j’ai pris les Lévites d’entre les enfants d’Israël, pour tous les premiers-nés qui naissent parmi les enfants d’Israël ; c’est pourquoi, les Lévites seront à moi ;

13 car tout premier-né m’appartient ; depuis que je frappai tout premier-né du pays d’Egypte, je me suis consacré tout premier-né en Israël, depuis les hommes jusqu’aux bêtes ; ils seront à moi : Je suis l’Éternel.

14 L’Éternel parla aussi à Moïse, au désert de Sinaï, disant :

15 Compte les descendants de Lévi par les maisons de leurs pères, et par leurs familles, en comptant tous les mâles depuis l’âge d’un mois et au-dessus.

16 Moïse donc les compta, selon le commandement de l’Éternel, ainsi qu’il lui avait été ordonné.

17 Ce sont ici les fils de Lévi, selon leurs noms, savoir, Guersçon, Kéhath et Mérari.

18 Ce sont ici les noms des fils de Guersçon, par leurs familles, Libni et Scimhi.

19 Et les fils de Kéhath, par leurs familles, étaient Hamram, Jitshar, Hébron et Huziel.

20 Et les fils de Mérari, par leurs familles, étaient Mahli et Musci. Ce sont là les familles de Lévi, selon les maisons de leurs pères.

21 De Guersçon est sortie la famille des Libnites, et la famille des Scimhites. Ce sont là les familles des Guersçonites ;

22 desquels ceux dont on fit le dénombrement, après le compte qui fut fait de tous les mâles, depuis l’âge d’un mois et au-dessus, furent au nombre de sept mille cinq cents.

23 Les familles des Guersçonites camperont derrière le pavillon, vers l’Occident ;

24 Et Eliasaph, fils de Laël, sera le chef de la maison des Guersçonites.

25 Et les descendants de Guersçon auront en charge, au tabernacle d’assignation, le pavillon, le tabernacle, sa couverture, la tapisserie de l’entrée du tabernacle d’assignation,

26 et les courtines du parvis, et la tapisserie de l’entrée du parvis, qui servent pour le pavillon et pour l’autel tout autour, avec les cordes du pavillon pour tout son service.

27 Et de Kéhath est sortie la famille des Hamramites, la famille des Jitsharites, la famille des Hébronites et la famille des Huziélites. Ce furent là les familles des Kéhathites,

28 dont tous les mâles, depuis l’âge d’un mois et au-dessus, furent au nombre de huit mille six cents, ayant la charge du sanctuaire.

29 Les familles des descendants de Kéhath camperont du côté du pavillon, vers le midi ;

30 Et Elitsaphan, fils de Guziel, sera le chef de la maison des pères des familles des Kéhathites.

31 Et ils auront en charge l’arche, la table, le chandelier, les autels et les ustensiles du sanctuaire avec lesquels on fait le service, avec la tapisserie, et tout ce qui y sert.

32 Et le chef des chefs des Lévites sera Eléazar, fils d’Aaron sacrificateur, qui aura la surintendance sur ceux qui auront la charge du sanctuaire.

33 Et de Mérari est sortie la famille des Mahlites, et la famille des Muscites. Ce furent là les familles de Mérari ;

34 desquelles, ceux dont on fit le dénombrement, après le compte qui fut fait de tous les mâles, depuis l’âge d’un mois et au-dessus, furent six mille deux cents.

35 Et Tsuriel, fils d’Abihaïl, sera le chef de la maison des pères des familles des Mérarites ; ils camperont du côté du pavillon, vers l’aquilon.

36 Et on donnera aux descendants de Mérari la charge des ais du pavillon, de ses barres, de ses colonnes, de ses soubassements et de tous ses ustensiles, avec tout ce qui y sert,

37 et des colonnes du parvis tout autour, avec leurs soubassements, leurs pieux et leurs cordes.

38 Et ceux qui camperont devant le tabernacle, vers l’orient du tabernacle d’assignation, seront Moïse, et Aaron et ses fils, qui auront la garde du sanctuaire, pour la garde des enfants d’Israël. Que si quelque étranger en approche, on le fera mourir.

39 Tous ceux des Lévites dont on fit le dénombrement, que Moïse et Aaron comptèrent par leurs familles, suivant le commandement de l’Éternel, tous les mâles de l’âge d’un mois et au-dessus, furent vingt-deux mille.

40 Et l’Éternel dit à Moïse : Fais le dénombrement de tous les premiers-nés mâles des enfants d’Israël, depuis l’âge d’un mois et au-dessus, et lève le compte de leurs noms.

41 Et tu prendras pour moi (je suis l’Éternel) les Lévites, au lieu de tous les premiers-nés qui sont entre les enfants d’Israël ; tu prendras aussi les bêtes des Lévites, au lieu de tous les premiers-nés des bêtes des enfants d’Israël.

42 Moïse donc fit le dénombrement, comme l’Éternel lui avait commandé. Tous les premiers-nés qui étaient entre les enfants d’Israël,

43 et tous les premiers-nés des mâles, le compte des noms étant fait, depuis l’âge d’un mois et au-dessus, selon qu’on en fit le dénombrement, furent vingt-deux mille deux cent soixante et treize.

44 Et l’Éternel parla à Moïse, disant :

45 Prends les Lévites, au lieu de tous les premiers-nés d’entre les enfants d’Israël, et les bêtes des Lévites, au lieu de leurs bêtes ; et les Lévites seront à moi : Je suis l’Éternel.

46 Et pour ce qui est de ceux qu’il faudra racheter, des premiers-nés des enfants d’Israël, savoir, deux cent soixante et treize qui sont de plus que les Lévites,

47 tu prendras cinq sicles par tête ; tu les prendras selon le sicle du sanctuaire ; le sicle est de vingt oboles ;

48 Et tu donneras à Aaron et à ses fils l’argent de ceux qui auront été rachetés, et qui passaient le nombre des Lévites.

49 Moïse donc prit l’argent du rachat de ceux qui étaient de plus, outre ceux qui avaient été rachetés par l’échange des Lévites ;

50 Et il reçut des premiers-nés des enfants d’Israël l’argent, savoir, mille trois cent soixante-cinq sicles, selon le sicle du sanctuaire.

51 Et Moïse donna l’argent des rachetés à Aaron et à ses fils, selon que l’Éternel le lui avait commandé.

CHAPITRE IV.

1 L’Éternel parla encore à Moïse et à Aaron, disant :

2 Faites le compte des fils de Kéhath, d’entre les descendants de Lévi, par leurs familles, et par les maisons de leurs pères ;

3 depuis l’âge de trente ans et au-dessus, jusqu’à l’âge de cinquante ans, tous ceux qui entrent en rang, pour s’employer au tabernacle d’assignation.

4 C’est ici le service des fils de Kéhath au tabernacle d’assignation, d’avoir soin du lieu très saint.

5 Quand le camp partira, Aaron et ses fils viendront, et ils détendront le voile de tapisserie, et ils en couvriront l’arche du témoignage.

6 Ensuite ils mettront au-dessus une couverture de peaux de couleur d’hyacinthe, ils étendront par-dessus un drap de couleur d’hyacinthe, et ils y mettront les barres.

7 Et ils étendront un drap de couleur d’hyacinthe sur la table des pains de proposition, et ils mettront sur elle les plats, les tasses, les bassins, et les gobelets d’aspersion ; et le pain continuel sera sur elle ;

8 Et ils étendront au-dessus un drap teint en cramoisi, et ils le couvriront d’une couverture de peaux de couleur d’hyacinthe ; et ils y mettront ses barres.

9 Et ils prendront un drap de couleur d’hyacinthe, et ils en couvriront le chandelier du luminaire, avec ses lampes, ses mouchettes, ses petits plats, et tous les vaisseaux d’huile, desquels on se sert pour le chandelier ;

10 et ils le mettront, avec tous ses vaisseaux, dans une couverture de peaux de couleur d’hyacinthe, et le mettront sur des leviers.

11 Et ils étendront sur l’autel d’or un drap de couleur d’hyacinthe, et ils le couvriront d’une couverture de peaux de couleur d’hyacinthe, et ils y mettront ses barres.

12 Ils prendront aussi tous les ustensiles du service, dont on se sert au sanctuaire, et ils les mettront dans un drap de couleur d’hyacinthe, et ils les couvriront d’une couverture de peaux de couleur d’hyacinthe, et les mettront sur des leviers.

13 Et ils ôteront les cendres de l’autel, et ils étendront dessus un drap d’écarlate ;

14 et dessus ils mettront les ustensiles desquels on se sert pour l’autel, les encensoirs, les crochets, les racloirs, les bassins, et tous les vaisseaux de l’autel, et ils étendront dessus une couverture de peaux de couleur d’hyacinthe, et ils y mettront ses barres.

15 Lorsque Aaron et ses fils auront achevé de couvrir le sanctuaire et tous ses vaisseaux, quand le camp partira, les descendants de Kéhath viendront pour le porter ; mais ils ne toucheront point les choses saintes, de peur qu’ils ne meurent. C’est là ce que porteront les descendants de Kéhath au tabernacle d’assignation.

16 Or, Eléazar, fils d’Aaron sacrificateur, aura la commission de l’huile du luminaire, du parfum de drogues, du gâteau continuel et de l’huile d’onction, la commission, dis-je, de tout le pavillon, et de toutes les choses qui sont dans le sanctuaire, et de ses ustensiles.

17 L’Éternel parla encore à Moïse et à Aaron, disant :

18 Ne donnez point occasion que la race des familles de Kéhath soit retranchée d’entre les Lévites ;

19 Mais faites-leur ceci, afin qu’ils vivent, et ne meurent point : Lorsqu’ils approcheront des choses très saintes, Aaron et ses fils viendront, qui prescriront à chacun son service et ce qu’il doit porter ;

20 et ils n’entreront point pour regarder, quand on enveloppera les choses saintes, de peur qu’ils ne meurent.

21 L’Éternel parla aussi à Moïse, et il lui dit :

22 Fais aussi le compte des descendants de Guersçon, par les maisons de leurs pères et par leurs familles,

23 Depuis l’âge de trente ans et au-dessus, jusqu’à l’âge de cinquante ans, comptant tous ceux qui entrent pour tenir leur rang, afin de s’employer à servir au tabernacle d’assignation.

24 C’est ici le service des familles des Guersçonites, en quoi ils doivent servir et ce qu’ils doivent porter ;

25 ils porteront donc les pièces du pavillon, et le tabernacle d’assignation, sa couverture, la couverture de couleur d’hyacinthe qui est par-dessus, et la tapisserie de l’entrée du tabernacle d’assignation,

26 les courtines du parvis, et la tapisserie de l’entrée de la porte du parvis, qui servent pour le pavillon et pour l’autel tout autour, leurs cordages, et tous les ustensiles de leur service, et tout ce qui est fait pour eux ; c’est en quoi ils serviront.

27 Tout le service des descendants de Guersçon, en tout ce qu’ils doivent porter, et en tout ce à quoi ils doivent servir, sera réglé par les ordres d’Aaron et de ses fils, et vous les chargerez de garder tout ce qu’ils doivent porter.

28 C’est là le service des familles des descendants des Guersçonites au tabernacle d’assignation ; et leur charge sera sous la conduite d’Ithamar, fils d’Aaron sacrificateur.

29 Tu compteras aussi les descendants de Mérari, et par leurs familles, et par les maisons de leurs pères ;

30 tu les compteras depuis l’âge de trente ans et au-dessus, jusqu’à l’âge de cinquante ans, tous ceux qui entrent en rang pour s’employer au service du tabernacle d’assignation.

31 Or, c’est ici la charge de ce qu’ils auront à porter, pour tout le service qu’ils auront à faire au tabernacle d’assignation ; ils porteront les ais du pavillon, et ses barres, et ses colonnes, avec ses soubassements,

32 et les colonnes du parvis tout autour, et leurs soubassements, leurs clous, leurs cordages, tous leurs ustensiles, et tout ce dont on se sert en ces choses-là, et vous leur compterez tous les ustensiles qu’ils auront charge de porter, pièce par pièce.

33 C’est là le service des familles des descendants de Mérari, pour tout ce à quoi ils doivent servir au tabernacle d’assignation, sous la conduite d’Ithamar, fils d’Aaron sacrificateur.

34 Moïse donc, et Aaron, et les principaux de l’assemblée, comptèrent les descendants des Kéhathites, par leurs familles et par les maisons de leurs pères,

35 depuis l’âge de trente ans et au-dessus, jusqu’à l’âge de cinquante ans, tous ceux qui entraient en rang, pour servir au tabernacle d’assignation ;

36 et ceux dont on fit le dénombrement par leurs familles, étaient deux mille sept cent cinquante.

37 Ce sont là ceux des familles des Kéhathites dont on fit le dénombrement, tous servant au tabernacle d’assignation, que Moïse et Aaron comptèrent, selon le commandement que l’Éternel en avait donné par Moïse.

38 Pour ce qui est de ceux des descendants de Guersçon dont on fit le dénombrement, par leurs familles et par les maisons de leurs pères,

39 depuis l’âge de trente ans et au-dessus, jusqu’à l’âge de cinquante ans, tous ceux qui entraient en rang pour servir au tabernacle d’assignation,

40 ceux qui furent comptés par leurs familles et par les maisons de leurs pères, étaient deux mille six cent trente.

41 Ce sont là ceux des familles des descendants de Guersçon dont on fit le dénombrement, tous servant au tabernacle d’assignation, que Moïse et Aaron comptèrent, selon le commandement de l’Éternel.

42 Et pour ce qui est des familles des descendants de Mérari, dont on fit le dénombrement par leurs familles et par les maisons de leurs pères,

43 depuis l’âge de trente ans et au-dessus, jusqu’à l’âge de cinquante ans, tous ceux qui entraient en service, pour servir au tabernacle d’assignation,

44 ceux qui furent comptés par leurs familles, étaient trois mille deux cents.

45 Ce sont-là ceux des familles des descendants de Mérari dont on fit le dénombrement, que Moïse et Aaron comptèrent, selon le commandement que l’Éternel en avait donné par Moïse.

46 Ainsi tous ceux dont on fit le dénombrement, que Moïse et Aaron et les principaux d’Israël comptèrent d’entre les Lévites, par leurs familles et par les maisons de leurs pères,

47 depuis l’âge de trente ans et au-dessus, jusqu’à l’âge de cinquante ans, tous ceux qui entraient en service pour s’employer à ce qu’il fallait faire dans le service, et à ce qu’il fallait porter du tabernacle d’assignation,

48 Tous ceux qui furent comptés, étaient huit mille cinq cent quatre-vingts.

49 On en fit le dénombrement, selon le commandement que l’Éternel en avait donné par Moïse, chacun selon ce qu’il devait faire au service, et ce qu’il avait à porter ; et la charge de chacun fut telle que l’Éternel l’avait commandé à Moïse.

REFLEXIONS SUR LES CHAPITRES III ET IV

Dieu avait établi parmi les Lévites un ordre convenable ainsi qu’il l’avait fait parmi les autres tributs. Chacune des trois principales familles de la tribu de Lévi avait ses fonctions et il n’appartenait qu’à eux de les faire. Dieu le voulut ainsi pour conserver la pureté et l’uniformité dans le culte religieux et pour empêcher qu’il ne s’y fît aucun changement et qu’il n’y arrivât aucune confusion. Les Lévites furent choisis pour tenir la place des premiers-nés de tout le peuple, lesquels appartenaient à Dieu et comme le nombre des premiers-nés se trouva plus grand que celui des Lévites, il fallut qu’on rachetât ceux qu’il y eut de plus en payant pour chacun d’eux cinq sicles. Cela devait servir, selon l’intention de Dieu, à conserver la mémoire de la distinction que Dieu avait mise entre son peuple et les Égyptiens. Lorsqu’il fit mourir tous les premiers-nés d’Egypte et qu’il épargna ceux des Israélites. Par-là les enfants d’Israël devaient aussi reconnaitre qu’ils appartenaient à Dieu et qu’ils étaient dans une obligation indispensable de se consacrer à son service.

CHAPITRE V.

Dans ce chapitre, Dieu commande :

I. Qu’on mette hors du camp les personnes souillées ;

II. Que ceux qui ont fait tort à quelqu’un fassent restitution ;

III. Que les femmes soupçonnées d’adultère soient éprouvées par le moyen des eaux de jalousie.

1 L’Éternel parla encore à Moïse, disant :

2 Ordonne aux enfants d’Israël de mettre hors du camp tout lépreux, tout homme qui découle, tout homme souillé pour un mort.

3 Vous les mettrez dehors, tant l’homme que la femme ; vous les mettrez hors du camp, afin qu’ils ne souillent pas le camp de ceux au milieu desquels j’habite.

4 Et les enfants d’Israël firent ainsi, et les mirent hors du camp ; les enfants d’Israël firent ainsi que l’Éternel l’avait dit à Moïse.

5 Et l’Éternel parla à Moïse, disant :

6 Parle aux enfants d’Israël : Quand quelque homme ou quelque femme aura commis quelqu’un des péchés que les hommes peuvent commettre contre l’Éternel, et que cette personne en sera trouvée coupable,

7 alors ils confesseront le péché qu’ils auront commis, et le coupable restituera la somme totale de ce en quoi il aura été trouvé coupable, et il y ajoutera pardessus un cinquième, et il le donnera à celui contre lequel il aura commis le péché.

8 Que si cet homme-là n’a personne qui ait le droit de retirer ce en quoi le péché aura été commis, cette chose-là sera restituée à l’Éternel, et elle appartiendra au sacrificateur, outre le bélier des propitiations, avec lequel on fera propitiation pour lui.

9 Et toute offrande élevée, de toutes les choses que les enfants d’Israël consacreront, et qu’ils présenteront au sacrificateur, lui appartiendra.

10 Les choses donc qui auront été consacrées par quelqu’un, appartiendront au sacrificateur ; ce que chacun lui aura donné lui appartiendra.

11 L’Éternel parla aussi à Moïse, disant :

12 Parle aux enfants d’Israël, et dis-leur : Lorsque la femme de quelqu’un se sera débauchée, et qu’elle aura commis une perfidie contre son mari,

13 et que quelqu’un aura eu sa compagnie, en sorte que son mari n’en ait rien su, mais qu’elle se soit cachée et qu’elle se soit souillée, et qu’il n’y ait point de témoin contre elle, et qu’elle n’ait point été surprise,

14 et que l’esprit de jalousie saisisse son mari, en sorte qu’il soit jaloux de sa femme, parce qu’elle s’est souillée, ou que l’esprit de jalousie le saisisse tellement qu’il soit jaloux de sa femme, encore qu’elle ne se soit point souillée,

15 cet homme-là fera venir sa femme devant le sacrificateur, et apportera son offrande avec elle, savoir la dixième partie d’un épha de farine d’orge ; mais il ne répandra point d’huile dessus, et il n’y mettra point d’encens ; car c’est un gâteau de jalousie, un gâteau de mémorial, pour découvrir l’iniquité.

16 Et le sacrificateur la fera approcher, et la fera tenir debout en la présence de l’Éternel.

17 Ensuite le sacrificateur prendra de l’eau sacrée, dans un vaisseau de terre, et de la poudre qui sera sur le pavé du pavillon, et il la mettra dans l’eau.

18 Puis le sacrificateur fera tenir debout la femme en la présence de l’Éternel, et il découvrira la tête de cette femme, et il mettra sur les paumes des mains de cette femme le gâteau de mémorial, qui est le gâteau de jalousie ; et le sacrificateur aura dans sa main les eaux amères qui portent la malédiction ;

19 et le sacrificateur fera jurer la femme, et lui dira : Si personne n’a couché avec toi, et si, étant sous la puissance de ton mari, tu ne t’es point débauchée et souillée, tu ne recevras aucun mal de ces eaux amères, qui portent la malédiction.

20 Que si, étant sous la puissance de ton mari, tu t’es débauchée, et si tu t’es souillée, et que quelque autre que ton mari ait couché avec toi

21 (alors le sacrificateur fera jurer la femme par un serment d’imprécation, et il lui dira) : Que l’Éternel te livre au milieu de ton peuple, à la malédiction à laquelle tu t’es assujettie, et qu’il fasse pourrir ta cuisse et enfler ton ventre,

22 et que ces eaux-là, qui portent la malédiction, entrent dans tes entrailles, pour te faire enfler le ventre, et faire pourrir ta cuisse. Alors la femme répondra : Amen, amen.

23 Ensuite le sacrificateur écrira dans un livre ces imprécations-là, et il les effacera avec les eaux amères.

24 Et il fera boire à la femme les eaux amères de malédiction ; et les eaux de malédiction entreront en elle, et elles deviendront des eaux amères.

25 Le sacrificateur donc prendra, de la main de la femme, le gâteau de jalousie, et il le fera tourner devant l’Éternel, et il l’offrira sur l’autel.

26 Le sacrificateur prendra aussi une poignée du gâteau, pour un mémorial, et il le fera fumer sur l’autel ; ensuite il fera boire les eaux à la femme.

27 Et après qu’il lui aura fait boire les eaux, s’il est vrai qu’elle se soit souillée et qu’elle ait commis une perfidie contre son mari, les eaux qui portent la malédiction entreront en elle, et elles deviendront des eaux amères ; et son ventre enflera, et sa cuisse pourrira. Ainsi cette femme-là sera soumise à la malédiction du serment, au milieu de son peuple.

28 Que si la femme ne s’est point souillée, mais qu’elle soit pure, elle ne recevra aucun mal, et elle aura des enfants.

29 Telle est la loi des jalousies, lorsque la femme, qui est en la puissance de son mari, s’est débauchée et s’est souillée ;

30 ou, lorsque l’esprit de jalousie aura saisi le mari, et qu’étant jaloux de sa femme, il l’aura fait venir devant l’Éternel, et que le sacrificateur lui aura fait tout ce qui est ordonné par cette loi.

31 Et le mari sera exempt de faute ; mais cette femme-là portera son iniquité.

REFLEXIONS

Il y a ici trois choses à remarquer :

I. Que Dieu avait ordonné qu’on mît hors du camp les personnes souillées afin d’apprendre par-là aux Israélites qu’il exigeait d’eux une grande pureté, d’où nous devons recueillir, nous qui sommes chrétiens, que l’église de Jésus-Christ doit être pure, que les pécheurs scandaleux n’y doivent pas être soufferts et qu’on doit s’éloigner de leur commerce.

II. Ce chapitre nous enseigne que ceux qui ont fait tort à autrui en quelque manière que ce soit sont obligés d’en faire une exacte et entière restitution et que s’il n’y a personne à qui la restitution puisse être faite, ce que l’on devrait restituer doit être donné et consacré à Dieu. La répétition fréquente de cette loi de la restitution prouve que ce devoir est indispensable.

III. La loi des eaux de jalousie doit nous faire reconnaitre l’horreur du crime de l’adultère et nous devons penser sur cela que si Dieu ne manifeste et ne punit pas les crimes de l’impureté de la manière dont il le faisait parmi les Israélites, pour des raisons particulières, prises de l’état de ce peuple, ces crimes ne lui sont pas cachés et qu’il les manifestera et en fera une sévère vengeance au jour du jugement dernier et dans la vie à venir.

CHAPITRE VI.

Ce chapitre contient deux choses :

I. La loi qui regarde les naziréens. On appela ainsi certaines personnes qui se consacraient à Dieu d’une façon particulière et par des vœux solennels, soit pour un temps, soit pour toute leur vie. Dieu marque ici à quoi ces vœux les obligeaient et ce qu’ils devaient observer. II. Moïse rapporte sur la fin de ce chapitre la bénédiction que les sacrificateurs devaient donner au peuple.

1 L’Éternel parla aussi à Moïse, disant :

2 Parle aux enfants d’Israël, et dis-leur : Lorsqu’un homme ou une femme aura fait expressément le vœu de Nazaréen, pour se faire Nazaréen à l’Éternel,

3 il s’abstiendra de vin et de cervoise, et il ne boira point de vinaigre, qui soit fait de vin ou de cervoise, ni d’aucune liqueur de raisins ; et il ne mangera point de grappes fraîches ni sèches.

4 Pendant tout le temps de son Nazaréat, il ne mangera rien de tout ce que la vigne rapporte, depuis les pépins jusqu’à l’écorce.

5 Pendant tout le temps du vœu de son Nazaréat, le rasoir ne passera point sur sa tête, jusqu’à ce que les jours, pour lesquels il s’est fait Nazaréen à l’Éternel, soient accomplis. Il sera consacré, et il laissera croître les cheveux de sa tête.

6 Pendant tout le temps pour lequel il s’est fait Nazaréen à l’Éternel, il ne s’approchera point d’un mort.

7 Il ne se souillera point pour son père, ni pour sa mère, ni pour son frère, ni pour sa sœur, quand ils seront morts, car le Nazaréat de son Dieu est sur sa tête.

8 Pendant tout le temps de son Nazaréat, il sera consacré à l’Éternel.

9 Que si quelqu’un vient à mourir auprès de lui subitement, la tête de son Nazaréat sera souillée, et il rasera sa tête au jour de sa purification ; il la rasera au septième jour ;

10 et au huitième jour il apportera deux tourterelles ou deux pigeonneaux au sacrificateur, à l’entrée du tabernacle d’assignation.

11 Alors le sacrificateur en sacrifiera l’un pour le péché, et l’autre en holocauste, et il fera propitiation pour lui, du défaut où il sera tombé à l’occasion du mort. Il consacrera donc ainsi sa tête en ce jour-là.

12 Et il consacrera à l’Éternel les jours de son Nazaréat, offrant un agneau de l’année pour le délit, et les jours précédents ne seront point comptés, parce que son Nazaréat a été souillé.

13 Or, c’est ici la loi du Nazaréen : Lorsque les jours de son Nazaréat seront accomplis, on le fera venir à la porte du tabernacle d’assignation ;

14 et il fera son offrande à l’Éternel, d’un agneau de l’année, sans défaut, en holocauste, et d’une brebis de l’année, sans défaut, pour le péché, et d’un bélier sans défaut, pour le sacrifice de prospérités,

15 et d’une corbeille de pains sans levain, de gâteaux de fine farine pétrie à l’huile, et de beignets sans levain, oints d’huile, avec leurs gâteaux et leurs aspersions.

16 Le sacrificateur les offrira devant l’Éternel, et il fera le sacrifice pour le péché, et il offrira son holocauste ;

17 et il offrira le bélier en sacrifice de prospérités à l’Éternel, avec la corbeille des pains sans levain. Le sacrificateur offrira aussi son gâteau et son aspersion.

18 Et le Nazaréen rasera la tête de son Nazaréat à l’entrée du tabernacle d’assignation, et il prendra les cheveux de la tête de son Nazaréat, et il les mettra sur le feu qui est sous le sacrifice de prospérités.

19 Alors le sacrificateur prendra l’épaule bouillie du bélier, et un gâteau sans levain de la corbeille, et un beignet sans levain, et il les mettra sur les paumes des mains du Nazaréen, après qu’il se sera fait raser son Nazaréat ;

20 et le sacrificateur fera tourner ces choses en offrande tournée devant l’Éternel ; c’est une chose sainte qui appartient au sacrificateur, avec la poitrine tournée, et l’épaule élevée. Ensuite le Nazaréen pourra boire du vin.

21 Telle est la loi du Nazaréen, qui aura voué à l’Éternel son offrande pour son Nazaréat, outre ce qu’il pourra encore offrir. Il l’exécutera ainsi selon le vœu qu’il aura fait, suivant la loi de son Nazaréat.

22 L’Éternel parla aussi à Moïse, disant :

23 Parle à Aaron et à ses fils, et dis-leur : Vous bénirez ainsi les enfants d’Israël, en leur disant :

24 L’Éternel te bénisse et te garde.

25 L’Éternel fasse luire sa face sur toi et te fasse grâce.

26 L’Éternel tourne sa face vers toi et te donne la paix.

27 Ils invoqueront donc mon nom sur les enfants d’Israël, et je les bénirai.

REFLEXIONS

Le vœu du naziréat et une partie des cérémonies que les naziréens observaient ont été d’un usage fort ancien, même parmi les autres nations.

Dieu ordonne que ceux qui feraient ce vœu le fissent en son honneur et il prescrit ce qu’ils devaient pratiquer, soit pour l’accomplir, soit pour en être affranchis. Cette loi ne s’observe plus aujourd’hui. Cependant les chrétiens doivent se souvenir à cette occasion qu’ils sont séparés du monde et consacrés à Dieu d’une manière encore plus expresse et plus sainte et par des vœux bien plus solennels et irrévocables que les naziréens ne l’étaient autrefois et que ces vœux les engagent particulièrement à vivre dans la tempérance et dans une grande sobriété et à se distinguer des autres hommes par des mœurs pures et par une conduite exemplaire.

Pour ce qui est de la bénédiction que les sacrificateurs prononçaient en faveur du peuple d’Israël, elle est à l’usage de l’église chrétienne. C’est un excellent modèle de prière qui nous apprend que la faveur et la bénédiction de Dieu est la source de tout notre bonheur, que nous devons implorer sans cesse cette bénédiction, tant pour nous que pour les autres et que les ministres du Seigneur en particulier doivent prier continuellement pour les troupeaux sur lesquels ils sont établis.

CHAPITRE VII.

Ce chapitre contient la spécification des offrandes que les chefs des tributs d’Israël présentèrent lorsque le tabernacle fut dressé et que l’on fit la dédicace de l’autel.

1 Il arriva, au jour que Moïse eut achevé de dresser le pavillon, et qu’il l’eut oint et consacré avec tous ses ustensiles, de même que l’autel avec tous ses ustensiles, après, dis-je, qu’il les eut oints et consacrés,

2 les principaux d’Israël, et les chefs des familles de leurs pères, qui sont les principaux des tribus, et qui avaient assisté à faire les dénombrements, firent leur offrande.

3 Et ils amenèrent leur offrande devant l’Éternel, savoir, six chariots couverts, et douze taureaux ; chaque chariot pour deux des principaux, et chaque taureau pour chacun d'eux, et ils les offrirent devant le pavillon.

4 Alors l’Éternel parla à Moïse, disant :

5 Prends ces choses d’eux, et elles seront employées au service du tabernacle d’assignation ; et tu les donneras aux Lévites, à chacun selon son emploi.

6 Moïse donc prit les chariots et les taureaux, et il les donna aux Lévites.

7 Il donna aux descendants de Guersçon deux chariots et quatre taureaux, selon leur emploi ;

8 mais il donna aux descendants de Mérari quatre chariots et huit taureaux, selon leur emploi, sous la conduite d’Ithamar, fils d’Aaron sacrificateur.

9 Or, il n’en donna point aux descendants de Kéhath, parce que le service du sanctuaire était de leur charge ; ils le portaient sur les épaules.

10 Et les principaux offrirent pour la dédicace de l’autel, au jour qu’il fut oint, les principaux, dis-je, apportèrent leur offrande devant l’autel.

11 Et l’Éternel dit à Moïse : Qu’un des principaux apporte son offrande un jour, et un autre l’autre jour, pour la dédicace de l’autel.

12 Au premier jour donc, Nahasson, fils de Hamminadab, offrit son oblation pour la tribu de Juda.

13 Et son offrande fut un plat d’argent du poids de cent trente sicles, un bassin d’argent de soixante et dix sicles, selon le sicle du sanctuaire, tous deux pleins de fine farine pétrie à l’huile, pour le gâteau,

14 une tasse d’or de dix sicles, pleine de parfum,

15 un veau pris du troupeau, un bélier, un agneau de l’année, pour l’holocauste,

16 un jeune bouc pour l’offrande pour le péché ;

17 Et pour le sacrifice de prospérités, deux taureaux, cinq béliers, cinq boucs et cinq agneaux de l’année. Telle fut l’offrande de Nahasson, fils de Hamminadab.

18 Le second jour, Nathanaël, fils de Tsuhar, chef de la tribu d’Issacar, offrit.

19 Et il offrit, pour son offrande, un plat d’argent du poids de cent trente sicles, un bassin d’argent de soixante et dix sicles, selon le sicle du sanctuaire, tous deux pleins de fine farine pétrie à l’huile, pour le gâteau,

20 une tasse d’or de dix sicles, pleine de parfum,

21 un veau pris du troupeau, un bélier, un agneau de l’année, pour l’holocauste,

22 un jeune bouc pour l’offrande pour le péché ;

23 Et pour le sacrifice de prospérités, deux taureaux, cinq béliers, cinq boucs, et cinq agneaux de l’année. Telle fut l’offrande de Nathanaël, fils de Tsuhar.

24 Le troisième jour, Eliab, fils de Hélon, chef des descendants de Zabulon, offrit.

25 Son offrande fut un plat d’argent, du poids de cent trente sicles, un bassin d’argent de soixante et dix sicles, selon le sicle du sanctuaire, tous deux pleins de fine farine pétrie à l’huile, pour le gâteau,

26 une tasse d’or de dix sicles, pleine de parfum,

27 Un veau pris du troupeau, un bélier, un agneau de l’année, pour l’holocauste,

28 Un jeune bouc pour l’offrande pour le péché ;

29 Et pour le sacrifice de prospérités, deux taureaux, cinq béliers, cinq boucs et cinq agneaux de l’année. Telle fut l’offrande d’Eliab, fils de Hélon.

30 Le quatrième jour, Elitsur, fils de Scédéur, chef des descendants de Ruben, offrit.

31 Son offrande fut un plat d’argent, du poids de cent trente sicles, un bassin d’argent de soixante et dix sicles, selon le sicle du sanctuaire, tous deux pleins de fine farine pétrie à l’huile, pour le gâteau,

32 une tasse d’or de dix sicles, pleine de parfum,

33 un veau pris du troupeau, un bélier, un agneau de l’année, pour l’holocauste,

34 un jeune bouc pour l’offrande pour le péché ;

35 et pour le sacrifice de prospérités, deux taureaux, cinq béliers, cinq boucs et cinq agneaux de l’année. Telle fut l’offrande d’Elitsur, fils de Sçédéur.

36 Le cinquième jour, Scelumiel, fils de Tsurisçaddaï, chef des descendants de Siméon, offrit.

37 Son offrande fut un plat d’argent, du poids de cent trente sicles, un bassin d’argent de soixante et dix sicles, selon le sicle du sanctuaire, tous deux pleins de fine farine, pétrie à l’huile, pour le gâteau,

38 une tasse d’or de dix sicles, pleine de parfum,

39 un veau pris du troupeau, un bélier, un agneau de, l’année, pour l’holocauste,

40 un jeune bouc pour l’offrande pour le péché ;

41 et, pour le sacrifice de prospérités, deux taureaux, cinq béliers, cinq boucs et cinq agneaux de l’année. Telle fut l’offrande de Scélumiel, fils de Tsurisçaddaï.

42 Le sixième jour, Eliasaph, fils de Déhuel, chef des descendants de Gad, offrit.

43 Son offrande fut un plat d’argent, du poids de cent trente sicles, un bassin d’argent de soixante et dix sicles, selon le sicle du sanctuaire, tous deux pleins de fine farine pétrie à l’huile, pour le gâteau,

44 une tasse d’or de dix sicles, pleine de parfum,

45 un veau pris du troupeau, un bélier, un agneau de l’année, pour l’holocauste,

46 un jeune bouc pour l’offrande pour le péché ;

47 Et, pour le sacrifice de prospérités, deux taureaux, cinq béliers, cinq boucs et cinq agneaux de l’année. Telle fut l’offrande d’Eliasaph, fils de Déhuel.

48 Le septième jour, Elisçamah, fils de Hammiud, chef des descendants d’Ephraïm, offrit.

49 Son offrande fut un plat d’argent, du poids de cent trente sicles, un bassin d’argent de soixante et dix sicles, selon le sicle du sanctuaire, tous deux pleins de fine farine pétrie à l’huile, pour le gâteau,

50 une tasse d’or de dix sicles, pleine de parfum,

51 un veau pris du troupeau, un bélier, un agneau de l’année, pour l’holocauste,

52 un jeune bouc pour l’offrande pour le péché ;

53 et, pour le sacrifice de prospérités, deux taureaux, cinq béliers, cinq boucs et cinq agneaux de l’année. Telle fut l’offrande d’Elisçamah, fils de Hammiud.

54 Le huitième jour, Gamaliel, fils de Pédatsur, chef des descendants de Manassé, offrit.

55 Son offrande fut un plat d’argent, du poids de cent trente sicles, un bassin d’argent de soixante et dix sicles, selon le sicle du sanctuaire, tous deux pleins de fine farine pétrie a l’huile, pour le gâteau,

56 une tasse d’or de dix sicles, pleine de parfum,

57 un veau pris du troupeau, un bélier, un agneau de l’année, pour l’holocauste,

58 Un jeune bouc pour l’offrande pour le péché ;

59 Et, pour le sacrifice de prospérités, deux taureaux, cinq béliers, cinq boucs et cinq agneaux de l’année. Telle fut l’offrande de Gamaliel, fils de Pédatsur.

60 Le neuvième jour, Abidan, fils de Guidhoni, chef des descendants de Benjamin, offrit.

61 Son offrande fut un plat d’argent, du poids de cent trente sicles, un bassin d’argent de soixante et dix sicles, selon le sicle du sanctuaire, tous deux pleins de fine farine pétrie à l’huile, pour le gâteau,

62 une tasse d’or de dix sicles, pleine de parfum,

63 un veau pris du troupeau, un bélier, un agneau de l’année, pour l’holocauste,

64 un jeune bouc pour l’offrande pour le péché ;

65 et, pour le sacrifice de prospérités, deux taureaux, cinq béliers, cinq boucs et cinq agneaux de l’année. Telle fut l’offrande d’Abidan, fils de Guidhoni.

66 Le dixième jour, Ahihézer, fils de Hammisçaddaï, chef des descendants de Dan, offrit.

67 Son offrande fut un plat d’argent, du poids de cent trente sicles, un bassin d’argent de soixante et dix sicles, selon le sicle du sanctuaire, tous deux pleins de fine farine pétrie à l’huile, pour le gâteau,

68 une tasse d’or de dix sicles, pleine de parfum,

69 un veau pris du troupeau, un bélier, un agneau de l’année, pour l’holocauste,

70 un jeune bouc pour l’offrande pour le péché ;

71 et, pour le sacrifice de prospérités, deux taureaux, cinq béliers, cinq boucs et cinq agneaux de l’année. Telle fut l’offrande d’Ahihézer, fils de Hammisçaddaï.

72 Le onzième jour, Paghiel, fils de Hocran, chef des descendants d’Ascer, offrit.

73 Son offrande fut un plat d’argent, du poids de cent trente sicles, un bassin d’argent de soixante et dix sicles, selon le sicle du sanctuaire, tous deux pleins de fine farine pétrie à l’huile, pour le gâteau,

74 une tasse d’or de dix sicles, pleine de parfum,

75 un veau pris du troupeau, un bélier, un agneau de l’année pour l’holocauste,

76 un jeune bouc pour l’offrande pour le péché ;

77 Et pour le sacrifice de prospérités, deux taureaux, cinq béliers, cinq boucs et cinq agneaux de l’année. Telle fut l’offrande de Paghiel, fils de Hocran.

78 Le douzième jour, Ahirah, fils de Hénan, chef des descendants de Nephthali, offrit.

79 Son offrande fut un plat d’argent, du poids de cent trente sicles, un bassin d’argent de soixante et dix sicles, selon le sicle du sanctuaire, tous deux pleins de fine farine pétrie à l’huile, pour le gâteau,

80 une tasse d’or de dix sicles, pleine de parfum,

81 un veau pris du troupeau, un bélier, un agneau de l’année pour l’holocauste,

82 un jeune bouc pour l’offrande pour le péché ;

83 et, pour le sacrifice de prospérités, deux taureaux, cinq béliers, cinq boucs et cinq agneaux de l’année. Telle fut l’offrande d’Ahirah, fils de Hénan.

84 Telle fut la dédicace de l’autel, qui fut faite par les principaux d’Israël, lorsqu’il fut oint : Douze plats d’argent, douze bassins d’argent, douze tasses d’or.

85 Chaque plat d’argent était de cent trente sicles, et chaque bassin de soixante et dix. Tout l’argent des vaisseaux montait à deux mille quatre cents sicles, selon le sicle du sanctuaire.

86 Douze tasses d’or, pleines de parfum, chacune de dix sicles, selon le sicle du sanctuaire. Tout l’or donc des tasses montait à cent vingt sicles.

87 Tous les taureaux pour l’holocauste étaient douze veaux, avec douze béliers et douze agneaux de l’année, avec leurs gâteaux, et douze jeunes boucs, pour l’offrande pour le péché ;

88 Et tous les taureaux du sacrifice de prospérités étaient vingt-quatre veaux, avec soixante béliers, soixante boucs et soixante agneaux de l’année. Telle fut donc la dédicace de l’autel, après qu’il fut oint.

89 Dès lors, quand Moïse entrait au tabernacle d’assignation, pour parler avec Dieu, il entendait une voix qui lui parlait de dessus le propitiatoire, qui était sur l’arche du témoignage, savoir, d’entre les deux chérubins ; et Dieu lui parlait.

REFLEXIONS

On voit dans ce chapitre, qu’outre les offrandes que le peuple d’Israël avait faites avec beaucoup de promptitude et de libéralité pour la construction du tabernacle, les chefs des tribus signalèrent leur zèle en offrant une grande quantité de vaisseaux d’or et d’argent, de même que les victimes pour le sacrifice lorsque le tabernacle fut achevé et qu’on fit la dédicace de l’autel.

Le culte évangélique ne demande pas des oblations de cette nature, ni des dépenses si considérables, mais les chrétiens doivent consacrer leurs biens avec un grand zèle à faire fleurir la religion et la piété et à soulager ceux qui sont dans le besoin ou dans la souffrance.

CHAPITRE VIII.

Ce chapitre contient :

I. La loi touchant la manière d’allumer les lampes du tabernacle. II. Les cérémonies qui furent observées pour la consécration des Lévites que Dieu avait choisis à la place des premiers-nés du peuple d’Israël et qui devaient servir dans le tabernacle sous les sacrificateurs. Dieu prescrit l’âge auquel les Lévites entreraient dans leurs fonctions et en sortiraient.

1 L’Éternel parla aussi à Moïse, disant :

2 Parle à Aaron, et dis-lui : Quand tu allumeras les lampes, les sept lampes éclaireront vis-à-vis du chandelier.

3 Et Aaron le fit ainsi, et il alluma ses lampes pour éclairer vis-à-vis du chandelier, comme l’Éternel l’avait commandé à Moïse.

4 Or, le chandelier était fait ainsi : il était d’or battu au marteau, d’ouvrage fait au marteau, même sa tige et ses fleurs. On fit ainsi le chandelier selon le modèle que l’Éternel avait fait voir à Moïse.

5 Puis l’Éternel parla à Moïse, disant :

6 Prends les Lévites d’entre les enfants d’Israël, et purifie-les.

7 Tu leur feras ainsi pour les purifier : tu feras aspersion de l’eau de purification sur eux, et ils feront passer le rasoir sur toute leur chair, et ils laveront leurs vêtements, et ils se purifieront.

8 Puis ils prendront un veau, pris du troupeau, avec son gâteau de fine farine pétrie à l’huile ; et tu prendras un second veau, pris du troupeau, pour l’offrande pour le péché.

9 Alors tu feras approcher les Lévites devant le tabernacle d’assignation, et tu convoqueras toute l’assemblée des enfants d’Israël.

10 Tu feras, dis-je, approcher les Lévites devant l’Éternel, et les enfants d’Israël mettront leurs mains sur les Lévites,

11 et Aaron présentera les Lévites en offrande devant l’Éternel, de la part des enfants d’Israël, et ils seront employés au service de l’Éternel.

12 Les Lévites aussi mettront leurs mains sur la tête des veaux ; puis tu sacrifieras l’un en offrande pour le péché, et l’autre en holocauste à l’Éternel, pour faire propitiation pour les Lévites.

13 Après cela, tu feras tenir les Lévites devant Aaron et devant ses fils, et tu les présenteras en offrande à l’Éternel.

14 Ainsi tu sépareras les Lévites d’entre les enfants d’Israël, et les Lévites seront à moi.

15 Après cela, les Lévites viendront pour servir au tabernacle d’assignation, quand tu les auras purifiés, et que tu les auras présentés en offrande ;

16 car ils me sont donnés, d’entre les enfants d’Israël ; je les ai pris pour moi, à la place de tous ceux qui naissent les premiers, savoir, à la place de tous les premiers-nés d’entre les enfants d’Israël ;

17 car tout premier-né d’entre les enfants d’Israël est à moi, tant des hommes que des bêtes ; je me les suis consacrés au jour que je frappai tous les premiers-nés au pays d’Égypte.

18 Or, j’ai pris les Lévites à la place de tous les premiers-nés d’entre les enfants d’Israël.

19 Et j’ai donné les Lévites à Aaron et à ses fils, d’entre les enfants d’Israël, pour faire le service des enfants d’Israël au tabernacle d’assignation, et pour faire expiation pour les enfants d’Israël, afin que les enfants d’Israël ne soient frappés d’aucune plaie, s’ils s’approchaient du sanctuaire.

20 Moïse et Aaron, et toute l’assemblée des enfants d’Israël, firent à l’égard des Lévites tout ce que l’Éternel avait commandé à Moïse touchant les Lévites ; les enfants d’Israël le firent ainsi.

21 Les Lévites donc se purifièrent et lavèrent leurs vêtements ; et Aaron les présenta en offrande devant l’Éternel, et il fit propitiation pour eux, afin de les purifier.

22 Cela étant fait, les Lévites vinrent pour faire leur service au tabernacle d’assignation, en la présence d’Aaron et de ses fils ; on leur fit comme l’Éternel l’avait commandé à Moïse touchant les Lévites.

23 Puis l’Éternel parla à Moïse, disant :

24 C’est ici ce qui concerne les Lévites : Le Lévite, depuis l’âge de vingt-cinq ans et au-dessus, entrera au service, pour être employé au tabernacle d’assignation ;

25 mais, depuis l’âge de cinquante ans, il sortira de service et ne servira plus ;

26 néanmoins, il servira ses frères au tabernacle d’assignation, pour faire la garde ; mais il ne fera aucun service. Tu en useras donc ainsi à l’égard des Lévites, pour ce qui regarde leurs charges.

REFLEXIONS

Le but de ces lois était de régler tellement tout ce qui se faisait dans le tabernacle et qui avait rapport au service divin, que tout s’y passât dans l’ordre et conformément aux intentions de Dieu.

Dans la consécration des Lévites, il y a principalement ces trois cérémonies à remarquer :

I. Qu’ils furent consacrés par des ablutions et des purifications afin qu’il parût que leur charge était toute sainte,

II. Qu’ils furent présentés à Dieu par les chefs du peuple d’Israël, lesquels mirent leurs mains sur la tête des Lévites, ce qui marquait qu’ils tenaient la place des premiers-nés de tout le peuple, lesquels Dieu conserva en vie lorsqu’il fit mourir les premiers-nés des Égyptiens, et enfin que les Lévites présentèrent des victimes qui furent sacrifiées après qu’ils eurent mis leurs mains sur les têtes des victimes, par où ils reconnaissaient qu’ils étaient aussi pécheurs et qu’il fallait que leurs péchés fussent expiés afin qu’ils pussent vaquer au service divin.

L’âge auquel les Lévites entraient dans leur ministère et en sortaient était fixé de vingt-cinq à cinquante ans parce que les fonctions qu’ils faisaient demandaient de la force et de la vigueur.

Ce que l’on peut insérer de ce chapitre par rapport à l’église chrétienne c’est que la charge des ministres de Jésus-Christ et des pasteurs étant toute spirituelle et beaucoup plus sainte que celle des Lévites, elle demande une grande pureté et des dons particuliers et qu’on ne doit y admettre que des personnes qui soient en état de s’en acquitter dignement.

CHAPITRE IX.

Les Israélites célèbrent la pâque dans le désert un an après être sortis d’Égypte et comme il y en avaient d’entre eux qui étant souillés ne purent la célébrer alors, Dieu ordonne que ceux qui ne pourraient pas faire la pâque dans le temps ordinaire la feraient le mois suivant. On voit ici comment Dieu conduisait le peuple dans le désert par le moyen de la nuée qui était un signe de sa présence.

1 L’Éternel avait aussi parlé à Moïse au désert de Sinaï, au premier mois de la seconde année, après qu’ils furent sortis du pays d’Égypte, disant :

2 Que les enfants d’Israël fassent la Pâque en sa saison.

3 Vous la ferez en sa saison, le quatorzième jour de ce mois, entre les deux vêpres, selon toutes ses ordonnances, et selon tout ce qu’il y faut faire.

4 Moïse donc parla aux enfants d’Israël, afin qu’ils fissent la Pâque.

5 Et ils firent la Pâque au premier mois, au quatorzième jour du mois, entre les deux vêpres, au désert de Sinaï ; les enfants d’Israël firent tout ce que l’Éternel avait commandé à Moïse.

6 Or, il y en eut quelques-uns qui, étant souillés pour un mort, ne purent pas faire la Pâque ce jour-là ; et ils se présentèrent ce même jour devant Moïse et devant Aaron ;

7 et ces hommes-là leur dirent : Nous sommes souillés pour un mort ; pourquoi serions-nous privés d’offrir l’offrande à l’Éternel, en sa saison, parmi les enfants d’Israël ?

8 Et Moïse leur dit : Arrêtez-vous, et j’écouterai ce que l’Éternel ordonnera de vous.

9 Alors l’Éternel parla à Moïse, disant :

10 Parle aux enfants d’Israël, et dis-leur : Quand quelqu’un d’entre vous, ou de votre postérité, sera souillé pour un mort, ou sera en voyage, loin de votre pays, il ne laissera pas de célébrer la Pâque à l’Éternel.

11 Ils la feront le quatorzième jour du second mois, entre les deux vêpres, et ils la mangeront avec du pain sans levain et des herbes amères.

12 Ils n’en laisseront rien jusqu’au matin, et ils n’en rompront point les os ; ils la feront selon toute l’ordonnance de la Pâque ;

13 Mais si quelqu’un étant net ou n’étant pas en voyage, s’abstient de faire la Pâque, cette personne-là sera retranchée d’entre ses peuples ; cet homme-là portera la peine de son péché, parce qu’il n’aura point offert l’offrande de l’Éternel, en sa saison.

14 Et lorsque quelque étranger, qui habitera parmi vous, fera la Pâque à l’Éternel, il la fera selon l’ordonnance de la Pâque, et selon qu’il la faut faire. Il y aura une même ordonnance parmi vous, pour l’étranger et pour celui qui est né au pays.

15 Or, au jour que le pavillon fut dressé, la nuée couvrit le pavillon à l’endroit du tabernacle du témoignage ; et, depuis le soir jusqu’au matin, on la vit sur le pavillon paraître comme un feu.

16 Cela continua toujours ainsi ; la nuée le couvrit ; mais elle paraissait la nuit comme du feu.

17 Or, selon que la nuée se levait de dessus le tabernacle, les enfants d’Israël partaient, et les enfants d’Israël campaient au lieu où la nuée s’arrêtait.

18 Les enfants d’Israël marchaient au commandement de l’Éternel, et au commandement de l’Éternel ils campaient. Pendant tous les jours que la nuée se tenait sur le pavillon, ils demeuraient campés.

19 Et lorsque la nuée continuait à s’arrêter plusieurs jours sur le pavillon, les enfants d’Israël prenaient garde à l’Éternel, et ils ne partaient point.

20 Et lorsque la nuée était peu de jours sur le pavillon, ils campaient au commandement de l’Éternel, et au commandement de l’Éternel ils partaient.

21 Et lorsque la nuée était depuis le soir jusqu’au matin, et qu’elle se levait le matin, ils partaient ; fût-ce de jour ou de nuit, quand la nuée se levait, ils partaient.

22 Que si la nuée continuait de s’arrêter sur le pavillon, et si elle demeurait sur lui pendant deux jours, ou un mois, ou plus longtemps, les enfants d’Israël demeuraient campés, et ne partaient point ; mais, quand elle se levait, ils partaient.

23 Ils campaient donc au commandement de l’Éternel, et ils partaient au commandement de l’Eternel, et ils observaient ce que Dieu avait ordonné, suivant le commandement de l’Éternel, qui leur avait été donné par Moïse.

REFLEXIONS

Il y a quatre réflexions à faire sur ce chapitre :

La première, que comme les Israélites célébraient la pâque selon que Dieu l’avait ordonné, nous devons aussi observer religieusement toutes les ordonnances divines et en particulier celles qui regardent le service de Dieu.

La seconde, que si ceux qui étaient souillés extérieurement ne pouvaient pas faire la pâque, ceux qui sont souillés par le péché sont beaucoup moins en état de se présenter devant Dieu et surtout de participer à la Sainte Cène.

Il est à remarquer, en troisième lieu, que Dieu voulait que les Israélites qui n’avaient pu faire la pâque dans le temps prescrit à cause de quelque souillure légale la fissent le mois suivant après s’être purifiés.

Cela montre que tout ce que Dieu a institué doit être exactement gardé, que l’on ne peut en aucune manière se dispenser des devoirs de la religion, non pas même des devoirs extérieurs, lorsque DIEU les a expressément prescrits et que si l’on n’est pas en état de s’en acquitter comme il faut, on doit se mettre incessamment dans les dispositions nécessaires en se purifiant par la repentance.

La dernière réflexion est que si c’était un glorieux avantage pour les Israélites d’être conduits dans le désert par la nuée qui leur était un symbole de la présence de Dieu, nous avons un gage bien plus exprès de son amour et de sa présence en Jésus-Christ notre Seigneur et que nous sommes beaucoup plus heureux d’être conduits par la lumière de l’Évangile qui nous marque la route que nous devons suivre pendant que nous sommes en ce monde pour parvenir à la gloire céleste.

CHAPITRE X.

Ce chapitre a trois parties. On y voit :

I. L’ordre que Dieu donna de faire des trompettes d’argent qui devaient servir à assembler le peuple lorsqu’il marchait en guerre et dans les jours de fête. II. Comment et dans quel ordre le peuple d’Israël partit du désert du Sinaï pour aller à Paran ayant l’arche de l’alliance devant eux. III. Que Hobab, beau-frère de Moïse, qui les avait accompagnés jusque dans ce lieu-là voulut les quitter, mais que Moïse le pria de demeurer avec eux. Moïse rapporte aussi les paroles qui étaient prononcées lorsque l’arche partait et lorsqu’elle s’arrêtait dans les divers campements du peuple.

1 Puis l’Éternel parla à Moïse, disant :

2 Fais-toi deux trompettes d’argent, qui soient battues au marteau ; et qu’elles te servent pour convoquer l’assemblée, et pour faire partir le camp.

3 Quand on en sonnera, toute l’assemblée se rendra vers toi, à l’entrée du tabernacle d’assignation.

4 Et quand on sonnera d’une seule trompette, les principaux, qui sont les chefs des milliers d’Israël, s’assembleront vers toi.

5 Quand vous sonnerez d’un son éclatant, les compagnies qui sont campées vers l’Orient partiront.

6 Et quand vous sonnerez la seconde fois d’un son éclatant, les compagnies qui sont campées vers le Midi partiront ; on sonnera d’un son éclatant lorsqu’elles devront partir.

7 Et quand vous convoquerez l’assemblée, vous sonnerez, mais non pas d’un son éclatant.

8 Or, les fils d’Aaron, sacrificateurs, sonneront des trompettes ; ce qui vous sera une ordonnance perpétuelle d’âge en âge.

9 Et quand vous marcherez en bataille dans votre pays, contre votre ennemi qui vous viendra attaquer, vous sonnerez des trompettes avec un son éclatant, et vous ferez que l’Éternel votre Dieu se souviendra de vous, et vous serez délivrés de vos ennemis.

10 Et dans vos jours de joie, dans vos fêtes solennelles, et au commencement de vos mois, vous sonnerez des trompettes sur vos holocaustes et sur vos sacrifices de prospérités, et elles vous serviront de mémorial devant votre Dieu. Je suis l’Éternel votre Dieu.

11 Or, il arriva, le vingtième jour du second mois de la seconde année, que la nuée se leva de dessus le pavillon du témoignage.

12 Et les enfants d’Israël partirent, selon l’ordre de leurs traites, du désert de Sinaï ; et la nuée se posa au désert de Paran.

13 Ils partirent donc pour la première fois, par le commandement de l’Éternel, qu’ils reçurent par Moïse.

14 Et la bannière des compagnies des descendants de Juda partit la première, selon leurs troupes ; et Nahasson, fils de Hamminadab, conduisait la bande de Juda.

15 Et Nathanaël, fils de Tsuhar, conduisait la bande de la tribu des descendants d’Issacar.

16 Et Eliab, fils de Hélon, conduisait la bande de la tribu des descendants de Zabulon.

17 Et le pavillon fut désassemblé ; puis, les descendants de Guersçon et les descendants de Mérari, qui portaient le pavillon, partirent.

18 Puis la bannière des compagnies de Ruben partit, selon leurs troupes ; et Elitsur, fils de Sçedéur, conduisait la bande de Ruben.

19 Et Scélumiel, fils de Tsurisçaddaï, conduisait la bande de la tribu des descendants de Siméon.

20 Et Eliasaph, fils de Dehuel, conduisait la bande de la tribu des descendants de Gad.

21 Alors les Kéhathites, qui portaient le sanctuaire, partirent ; cependant, on dressait le tabernacle, pendant que ceux-ci venaient.

22 Puis, la bannière des compagnies des descendants d’Ephraïm partit, selon leurs troupes ; et Elisçamah, fils de Hammiud, conduisait la bande d’Ephraïm.

23 Gamaliel, fils de Pedatsur, conduisait la bande de la tribu des descendants de Manassé.

24 Et Abidan, fils de Guidhoni, conduisait la bande de la tribu des descendants de Benjamin.

25 Enfin, la bannière des compagnies des descendants de Dan, qui faisait l’arrière-garde, selon leurs troupes ; et Ahihézer, fils de Hammisçaddaï, conduisait la bande de Dan.

26 Et Paghiel, fils de Hocran, conduisait la bande de la tribu des descendants d’Asçer.

27 Et Ahirah, fils de Hénan, conduisait la bande de la tribu des descendants de Nephthali.

28 Tels étaient les décampements des enfants d’Israël selon leurs troupes, quand ils partaient.

29 Or, Moïse dit à Hobab, fils de Réhuel, Madianite, son beau-père : Nous allons au lieu dont l’Éternel a dit : Je vous le donnerai ; viens avec nous, et nous te ferons du bien ; car l’Éternel a promis de faire du bien à Israël.

30 Et Hobab lui répondit : Je n’y irai point ; mais je m’en irai en mon pays, et vers mon parentage.

31 Et Moïse lui dit : Je te prie, ne nous laisse point ; car tu nous serviras de guide, parce que tu sais quels sont les lieux où nous camperons dans le désert.

32 Et il arrivera, si tu viens avec nous, et que le bien que l’Eternel nous doit faire arrive, que nous te ferons aussi du bien.

33 Ainsi ils partirent de la montagne de l’Eternel, et ils marchèrent pendant trois jours ; et l’arche de l’alliance de l’Eternel alla devant eux l’espace de trois jours, pour chercher un lieu où ils se reposassent.

34 Et la nuée de l’Eternel était sur eux pendant le jour, quand ils partaient du lieu où ils avaient campé ;

35 Et quand l’arche partait, Moïse disait : Lève-toi, ô Eternel, et tes ennemis seront dispersés, et ceux qui te haïssent s’enfuiront de devant toi.

36 Et quand on la posait, il disait : Retourne, ô Eternel, aux dix mille milliers d’Israël.

REFLEXIONS

Les lois qui regardaient les convocations du peuple d’Israël étaient données afin de faire régner l’ordre dans leurs assemblées, dans leurs marches et dans leurs fêtes et surtout afin qu’ils reconnussent qu’ils dépendaient absolument de Dieu et que c’était lui qui les conduisait et qui les protégeaient. C’est pour cela que l’arche de l’alliance était toujours portée devant eux et c’est ce que marquent les paroles que Moïse prononçait lorsque l’arche partait et lorsqu’elle s’arrêtait.

Nous devons aussi reconnaitre que d’avoir Dieu présent parmi nous et de vivre sous sa conduite   et sous sa protection, c’est ce qui fait notre sûreté et notre gloire, qu’ainsi nous ne pouvons attendre notre bonheur que de lui seul en suivant la route qu’il nous marque par sa parole et en vivant comme étant continuellement sous ses yeux.

Moïse pria Hobab son beau-frère, fils de Réhuel, nommé autrement Jéthro, et qui l’avait accompagné pendant quelque temps de ne pas le quitter, lui promettant de lui faire du bien lorsqu’ils seraient arrivés au pays de Canaan.

La compagnie des personnes sages et pieuses est un bien qu’on ne saurait rechercher et conserver avec trop de soin, ainsi nous devons tâcher de demeurer unis avec ces personnes-là et être disposés à leur faire part avec plaisir de tous les avantages que Dieu nous accorde.

CHAPITRE XI.

Moïse raconte l’histoire de deux murmures des enfants d’Israël :

I. Ils se plaignirent de la fatigue du voyage, de quoi Dieu les punit en consumant quelques-uns d’entre eux par le feu. II. Ils demandèrent de la chair et Moïse en étant affligé pria Dieu de le décharger de la conduite de ce peuple, mais Dieu lui dit de s’adjoindre soixante et dix personnes auxquelles il ferait part de son esprit. Dieu envoya après cela des cailles au peuple, mais pour les punir de leurs murmures et de leur convoitise, il en fit périr un grand nombre.

1 Après ces choses, il arriva que le peuple se plaignit du travail, et l'Eternel l’entendit ; et l’Eternel l’ayant entendu, sa colère s’embrasa, et le feu de l’Eternel s’alluma parmi eux, et en consuma quelques-uns à l’extrémité du camp.

2 Alors le peuple cria à Moïse, et Moïse pria l’Eternel, et le feu s’arrêta.

3 Et on nomma ce lieu-là Tabérah, parce que le feu de l’Eternel s’était allumé parmi eux.

4 Et le peuple ramassé qui était parmi eux, convoita avec beaucoup de passion de la chair ; et même les enfants d’Israël se mirent à pleurer, disant : Qui nous fera manger de la chair ?

5 Il nous souvient des poissons que nous mangions en Egypte, sans qu’il ne nous en coûtât rien, des concombres, des melons, des poireaux, des oignons et des aulx.

6 Et maintenant nos âmes sont asséchées ; nos yeux ne voient que de la manne.

7 Or, la manne était comme le grain de coriandre, et sa couleur était comme celle des perles.

8 Le peuple se dispersait et la ramassait, puis il la moulait aux meules, ou il la pilait dans un mortier, et il la faisait cuire dans un chaudron, et en faisait des gâteaux, dont le goût était semblable à celui d’une liqueur d’huile fraîche.

9 Et quand la rosée tombait la nuit sur le camp, la manne descendait dessus.

10 Moïse donc entendit le peuple qui pleurait dans leurs familles, chacun à l’entrée de sa tente ; et alors l’Eternel entra en une fort grande colère, et cela déplut aussi à Moïse.

11 Et Moïse dit à l’Eternel : Pourquoi as-tu affligé ton serviteur ; et pourquoi n’ai-je pas trouvé grâce devant toi, que tu aies mis sur moi la charge de tout ce peuple ?

12 Est-ce moi qui ai conçu tout ce peuple ; ou l’ai-je engendré, pour me dire : Porte-le dans ton sein, comme un nourricier porte un enfant qui tette, et mène-le jusqu’au pays pour lequel tu as juré à ses pères ?

13 D’où aurais-je de la chair pour en donner à tout ce peuple ? car il pleure après moi, disant : Donne-nous de la chair, afin que nous en mangions.

14 Je ne puis, moi seul, porter tout ce peuple ; car il est trop pesant pour moi.

15 Que si tu me fais ainsi, je te prie, si j’ai trouvé grâce devant toi, de me faire mourir, de peur que je ne voie mon malheur.

16 Alors l’Eternel dit à Moïse : Assemble-moi soixante et dix hommes, d’entre les anciens d’Israël, que tu connais être les anciens du peuple, et ses officiers, et les amène au tabernacle d’assignation, et qu’ils se présentent là avec toi.

17 Puis je descendrai, et je parlerai là avec toi ; alors je mettrai à part de l’Esprit qui est sur toi, et je le mettrai sur eux, afin qu’ils portent avec toi la charge du peuple, et que tu ne la portes pas toi seul.

18 Et tu diras au peuple : Purifiez-vous pour demain, et vous mangerez de la chair, parce que vous avez pleuré devant l’Éternel, disant : Qui nous fera manger de la chair ? car nous étions bien en Égypte. Ainsi l’Éternel vous donnera de la chair, et vous en mangerez.

19 Vous n’en mangerez pas un jour, ni deux jours, ni cinq jours, ni dix jours, ni vingt jours ;

20 mais jusqu’à un mois entier, jusqu’à ce qu’elle vous sorte par les narines, et que vous en soyez dégoûtés, parce que vous avez rejeté l’Éternel, qui est au milieu de vous, et que vous avez pleuré devant lui, disant : Pourquoi sommes-nous sortis d’Égypte ?

21 Et Moïse avait dit : Il y a six cent mille hommes de pied dans ce peuple, au milieu duquel je suis, et tu as dit : Je leur donnerai de la chair, afin qu’ils en mangent un mois entier.

22 Leur tuera-t-on des brebis ou des taureaux, en sorte qu’il y en ait assez pour eux ? ou leur assemblera-t-on tous les poissons de la mer, tant qu’il y en ait assez pour eux ?

23 Et l’Éternel répondit à Moïse : La main de l’Éternel est-elle resserrée ? Tu verras maintenant, si ce que je t’ai dit arrivera ou non.

24 Moïse donc s’en alla et rapporta au peuple les paroles de l’Éternel ; et il assembla soixante et dix hommes d’entre les anciens du peuple, et il les fit tenir autour du tabernacle.

25 Alors l’Éternel descendit dans la nuée, et parla à Moïse, et ayant mis à part de l’Esprit qui était sur lui, il le mit sur ces soixante et dix hommes anciens, et, aussitôt que l’Esprit reposa sur eux, ils prophétisèrent ; mais ils ne continuèrent pas.

26 Or, il en était demeuré deux au camp, dont l’un s’appelait Eldad et l’autre Médad, sur lesquels l’Esprit reposa ; et ils étaient de ceux dont les noms avaient été écrits ; mais ils n’étaient point allés au tabernacle, et ils prophétisaient au camp.

27 Alors un garçon courut pour le rapporter à Moïse, disant : Eldad et Médad prophétisent au camp,

28 et Josué, fils de Nun, l’un de ses serviteurs de Moïse, répondit, disant : Moïse, mon Seigneur, empêche-les.

29 Et Moïse lui répondit : Es-tu jaloux pour moi ? Plût à Dieu que tout le peuple de l’Éternel fût prophète, et que l’Éternel mît son Esprit sur eux !

30 Puis, Moïse se retira au camp, lui et les anciens d’Israël.

31 Alors l’Éternel fit lever un vent, qui enleva des cailles de delà de la mer, et qui les répandit, environ le chemin d’une journée, deçà et delà, sur le camp ; et il y en avait presque la hauteur de deux coudées sur la terre.

32 Alors le peuple, se levant pendant tout ce jour-là, et toute la nuit et tout le jour suivant, amassa des cailles ; celui qui en avait amassé le moins, en avait dix homers, et ils les étendirent avec soin pour eux tout autour du camp ;

33 Mais, lorsque la chair était encore entre leurs dents, avant qu’elle fût mâchée, la colère de l’Éternel s’embrasa contre le peuple, et il frappa le peuple d’une très grande plaie.

34 Et on nomma ce lieu-là Kibroth-taava, car on ensevelit là le peuple qui avait convoité.

35 Et de Kibroth-taava le peuple s’en alla à Hatséroth, et ils s’arrêtèrent à Hatséroth.

REFLEXIONS

Saint Paul marque l’usage que nous devons faire de cette histoire lorsqu’il dit : « que ces choses ont été des figures pour nous afin que nous ne convoitions point des choses mauvaises, comme les Israélites les convoitèrent. »

À cette réflexion générale, il faut ajouter ces quatre réflexions particulières.

I. Le regret que les enfants d’Israël eurent aux viandes de l’Égypte et le dégoût qu’ils témoignèrent pour la manne nous avertit de ne pas mépriser les grâces que Dieu nous fait et de ne pas préférer les choses de la terre à celles du Ciel.

II. Moïse entendant les murmures des Israélites en fut si affligé qu’il pria Dieu de le décharger de son emploi, mais Dieu pour le rassurer inspira de son Esprit soixante et dix personnes, lesquelles il lui adjoignit pour le soulager dans ses fonctions et il lui promit outre cela de manifester sa puissance en donnant de la chair aux enfants d’Israël.

Les serviteurs de Dieu peuvent tomber dans le découragement lorsqu’ils trouvent de la contradiction et que les hommes se rebellent contre Dieu, mais c’est une tentation qu’ils doivent surmonter et Dieu par sa bonté et pour sa propre gloire proportionne toujours son secours à leurs besoins.

III. Ce que Moïse répondit lorsqu’on vint lui dire qu’Eldad et Médad prophétisaient et le souhait qu’il fit en disant qu’il voudrait que tout le peuple fût prophète nous apprend à n’être jamais jaloux des grâces que Dieu accorde aux autres, mais plutôt à nous réjouir toutes les fois que nous voyons que la gloire de Dieu s’avance soit par nous-mêmes, soit par le moyen d’autrui.

IV. Enfin, il faut remarquer que Dieu, pour arrêter les murmures du peuple d’Israël qui demandait de la chair leur envoya des cailles en grande abondance, mais qu’après qu’ils en eurent mangé, Dieu fit mourir un très grand nombre de ceux qui avaient murmuré. Dieu accorde quelque fois aux hommes en sa colère ce qu’ils ont demandé et ils trouvent souvent leur punition dans l’accomplissement de leurs désirs.

CHAPITRE XII.

Aaron et Marie ayant murmuré contre Moïse leur frère parce qu’il avait épousé une femme Madianite, Dieu les en reprit et frappa Marie de lèpre, mais il l’en délivra à la prière de Moïse.

1 Alors Marie et Aaron parlèrent contre Moïse, à l’occasion de la femme qu’il avait prise, parce qu’il avait prise une femme Ethiopienne ;

2 et ils dirent : Est-ce que l’Éternel n’a parlé que par Moïse ? N’a-t-il point aussi parlé par nous ? Et l’Éternel l’entendit.

3 Or, Moïse était un homme fort doux, plus qu’aucun homme qu’il y eût sur la terre.

4 L’Éternel donc dit incontinent à Moïse, à Aaron et à Marie : Venez-vous trois au tabernacle d’assignation. Et ils y allèrent eux trois.

5 Alors l’Éternel descendit dans la colonne de nuée, et se tint à l’entrée du tabernacle ; puis il appela Aaron et Marie ; ils vinrent eux deux.

6 Et il dit : Ecoutez maintenant mes paroles : S’il y a quelque prophète parmi vous, moi qui suis l’Éternel, je me ferai connaître à lui en vision, et je lui parlerai en songe.

7 Il n’en est pas ainsi de mon serviteur Moïse, qui est fidèle dans toute ma maison ;

8 je parle avec lui bouche à bouche, et il me voit en effet, non point obscurément, ni par aucune représentation de l’Éternel. Pourquoi donc n’avez-vous pas craint de parler contre mon serviteur, contre Moïse ?

9 Ainsi la colère de l’Éternel s’alluma contre eux ; et il s’en alla ;

10 car la nuée se retira de dessus le tabernacle. Et voici, Marie était lépreuse, blanche comme de la neige ; et Aaron, regardant Marie, la vit lépreuse.

11 Alors Aaron dit à Moïse : Hélas ! mon Seigneur, je te prie, ne mets point sur nous ce péché ; car nous avons fait follement, et nous avons péché.

12 Je te prie, qu’elle ne soit point comme un enfant mort, dont la moitié de la chair est déjà consumée, quand il sort du ventre de sa mère.

13 Alors Moïse cria à l’Éternel, disant : Ô Dieu fort, je te prie, guéris-la, je te prie.

14 Et l’Éternel répondit à Moïse : Si son père en colère lui avait craché au visage, ne serait-elle pas couverte de honte pendant sept jours ? Qu’elle demeure donc enfermée sept jours, hors du camp, et après cela elle y sera reçue.

15 Ainsi Marie fut enfermée hors du camp sept jours ; et le peuple ne partit point de là, jusqu’à ce que Marie fût reçue dans le camp.

REFLEXIONS

Nous devons considérer sur ce chapitre :

I. Que Moïse qui avait été si souvent exposé aux murmures du peuple le fut à ceux de son frère et de sa sœur, en quoi nous voyons que les gens de bien sont sujets à beaucoup de traverses et d’épreuves, même de la part de ceux qui devraient les aider et les consoler.

II. Dieu voulut dans cette occasion soutenir le ministère de Moïse par le témoignage glorieux qu’il lui rendit et qui le distinguait de tous les autres prophètes et par le châtiment qu’il envoya à Marie en la rendant lépreuse. Ce qui fait voir que Dieu ne veut pas qu’on s’oppose à ceux qui sont établis de sa part.

III. Moïse, quoiqu’offensé par Marie, pria pour elle et ce fut ensuite de ses prières qu’elle fut guérie. Cela marque la grande douceur de Moïse et c’est ainsi que nous devons faire du bien à ceux qui nous ont fait du mal et prier Dieu pour eux, bien loin d’avoir du ressentiment et de nous venger. Cela prouve aussi que l’intercession des personnes charitables et pieuses apaise le Seigneur et obtient le retour de sa faveur et de sa grâce.

 CHAPITRE XIII.

Le peuple d’Israël étant sur la frontière du pays de Canaan, Moïse y envoie douze espions, lesquels rapportent que le pays était très fertile, mais il y avait en eut dix d’entre eux qui découragèrent le peuple d’y aller.

 1 Après cela, le peuple partit de Hatséroth, et ils campèrent au désert de Paran.

2 Et l’Éternel parla à Moïse, disant :

3 Envoie des hommes pour épier le pays de Canaan, que je donne aux enfants d’Israël. Vous enverrez un homme de chaque tribu de leurs pères, tous des principaux d’entre eux.

4 Moïse donc les envoya du désert de Paran, selon le commandement de l’Éternel ; et tous ces hommes étaient chefs des enfants d’Israël.

5 Et ce sont ici leurs noms : De la tribu de Ruben, Sçamuah, fils de Zaccur ;

6 de la tribu de Siméon, Sçaphat, fils de Hori ;

7 de la tribu de Juda, Caleb, fils de Jephunné ;

8 de la tribu d’Issacar, Jigal, fils de Joseph ;

9 de la tribu d’Ephraïm, Osée, fils de Nun ;

10 de la tribu de Benjamin, Palti, fils de Rephu ;

11 de la tribu de Zabulon, Gaddiel, fils de Sodi ;

12 de l’autre tribu de Joseph, savoir, de la tribu de Manassé, Gaddi, fils de Susi ;

13 de la tribu de Dan, Hammiel, fils de Guemalli ;

14 de la tribu d’Asçer, Sethur, fils de Micaël ;

15 de la tribu de Nephthali, Nabhi, fils de Vophsi ;

16 de la tribu de Gad, Gueûel, fils de Maki.

17 Ce sont là les noms des hommes que Moïse envoya pour reconnaître le pays. Or, Moïse avait nommé Osée, fils de Nun, Josué.

18 Moïse donc les envoya pour épier le pays de Canaan, et il leur dit : Montez d’ici vers le Midi ; puis vous monterez sur la montagne,

19 et vous verrez ce que c’est de ce pays-là, et quel est le peuple qui l’habite ; s’il est fort ou faible, s’il est en petit ou en grand nombre ;

20 et quel est le pays où il habite ; s’il est bon ou mauvais ; et quelles sont les villes dans lesquelles il habite ; si c’est en des tentes ou en des villes fortes ;

21 Et quel est le pays ; s’il est gras ou maigre, s’il y a des arbres ou s’il n’y en a point. Et ayez bon courage, et prenez du fruit du pays. Or, c’était alors le temps des premiers raisins.

22 Ces hommes étant partis, ils épièrent le pays, depuis le désert de Tsin jusqu’à Réhob, à l’entrée de Hamath.

23 Ils montèrent donc vers le Midi, et vinrent jusqu’à Hébron, où étaient Ahiman, Scesçaï et Talmaï, issus de Hanak. Or, Hébron avait été bâti sept ans avant Tsohan d’Egypte.

24 Et ils vinrent jusqu’au torrent d’Escol, et coupèrent de là une branche d’un cep avec une grappe de raisins, et ils étaient deux à la porter avec un levier. Ils apportèrent aussi des grenades et des figues.

25 C’est pourquoi, on appela ce lieu-là Nahal-Escol, à l’occasion de la grappe que les enfants d’Israël y coupèrent.

26 Et après avoir épié le pays, ils revinrent au bout de quarante jours.

27 Et étant arrivés, ils vinrent vers Moïse et Aaron, et vers toute l’assemblée des enfants d’Israël, au désert de Paran à Kadès, et leur ayant fait leur rapport, et à toute l’assemblée, ils leur montrèrent du fruit du pays.

28 Ils firent donc leur rapport à Moïse, et lui dirent : Nous avons été au pays où tu nous avais envoyés ; et, véritablement, c’est un pays où coulent le lait et le miel, et voici de son fruit.

29 Il y a une chose seulement ; c’est que le peuple qui habite dans ce pays est robuste, et les villes sont fermées de murailles, et fort grandes ; nous y avons vu aussi des descendants de Hanak.

30 Les Hamalékites habitent au pays du Midi, et les Héthiens, les Jébusiens et les Amorrhéens habitent dans la montagne, et les Cananéens habitent le long de la mer, et vers les rivages du Jourdain.

31 Alors Caleb apaisa le peuple devant Moïse, et dit : Montons hardiment et possédons ce pays-là ; car certainement nous y serons les plus forts.

32 Mais les hommes qui étaient montés avec lui, dirent : Nous ne saurions monter contre ce peuple ; car il est plus fort que nous.

33 Et ils décrièrent devant les enfants d’Israël le pays qu’ils avaient épié, disant : Le pays par lequel nous sommes passés pour l’épier est un pays qui consume ses habitants, et tous ceux que nous y avons vus, sont des gens d’une hauteur extraordinaire.

34 Nous y avons vu aussi des géants, des descendants de Hanak, de la race des géants ; et nous ne paraissions auprès d’eux que comme des sauterelles.

REFLEXIONS

Dieu voulut que Moïse envoyât des espions au pays de Canaan pour encourager les enfants d’Israël à aller habiter ce pays qui était si fertile. C’était là un effet de la bonté de Dieu envers eux. Mais le peuple intimidé par les discours de dix espions perdit courage sans avoir égard à ce que Josué et Caleb disaient pour les engager à aller dans le pays de Canaan, ni aux promesses que Dieu leur avaient faites de leur donner ce pays-là.

Voilà quelle est souvent l’ingratitude et l’incrédulité des hommes. Dans le temps que Dieu veut les combler de ses grâces, ils ne veulent pas en profiter. On voit surtout dans la conduite des Israélites et de ces espions qui intimidèrent le peuple, les sentiments de ceux qui au lieu de surmonter les difficultés qui se trouvent dans le chemin du Ciel et de s’animer à leur devoir en obéissant aux commandements de Dieu et en se confiant en ses promesses, perdent courage et veulent même décourager les autres, s’imaginant que ces difficultés sont insurmontables et que les devoirs de la piété sont au-dessus de nos forces.

Mais Josué et Caleb sont l’image des personnes zélées qui ne se laissent pas entrainer par la multitude, mais qui demeurent toujours attachés à Dieu et à leur devoir sans se rebuter à la vue des oppositions qu’ils rencontrent et des combats qu’ils ont à soutenir.

CHAPITRE XIV.

Les Israélites découragés par les dix espions murmurent contre Moïse, ils parlent de retourner en Égypte et ils veulent lapider Josué et Caleb. De quoi Dieu étant irrité voulut détruire ce peuple, mais il fut fléchi par les prières de Moïse et leur pardonna, en déclarant cependant qu’aucun de ceux qui étaient sortis d’Égypte, depuis l’âge de vingt ans et au-dessus n’entreraient au pays de Canaan, mais qu’ils mourraient dans le désert et que Josué et Caleb seuls entreraient dans ce pays-là. Dieu frappa ensuite de mort les dix espions qui avaient soulevés le peuple et les enfants d’Israël voyant que Dieu était irrité contre eux voulurent marcher contre les Cananéens quoique Moïse le leur défendit, mais ils furent battus. 

1 Alors toute l’assemblée s’éleva, et se mit à jeter des cris, et le peuple pleura cette nuit-là.

2 Et tous les enfants d’Israël murmurèrent contre Moïse et contre Aaron, et toute l’assemblée leur dit : Plût à Dieu que nous fussions morts au pays d’Egypte ou dans ce désert ! Plût à Dieu que nous fussions morts !

3 Et pourquoi l’Eternel nous conduit-il vers ce pays-là, afin d’y tomber par l’épée ? Nos femmes et nos petits enfants seront en proie. Ne vaudrait-il pas mieux retourner en Egypte ?

4 Et ils se dirent l’un à l’autre : Etablissons-nous un chef, et retournons en Egypte.

5 Alors Moïse et Aaron tombèrent sur leurs visages, devant toute l’assemblée des enfants d’Israël.

6 Et Josué, fils de Nun, et Caleb, fils de Jephunné, qui étaient de ceux qui avaient épié le pays, déchirèrent leurs vêtements.

7 Et ils parlèrent à toute l’assemblée des enfants d’Israël, disant : Le pays par lequel nous avons passé pour l’épier, est un fort bon pays.

8 Si nous sommes agréables à l’Eternel, il nous fera entrer en ce pays-là, et il nous le donnera ; c’est un pays où coulent le lait et le miel.

9 Mais ne soyez point rebelles contre l’Éternel, et ne craignez point le peuple de ce pays-là ; car ils seront notre pain ; leur protection s’est retirée de dessus eux, et l’Éternel est avec nous ; ne les craignez donc point.

10 Alors toute l’assemblée parla de les lapider ; mais la gloire de l’Éternel apparut à tous les enfants d’Israël, au tabernacle d’assignation.

11 Et l’Éternel dit à Moïse : Jusqu’à quand ce peuple m’irritera-t-il, en me traitant avec mépris, et jusqu’à quand ne croira-t-il point en moi, après tous les signes que j’ai faits au milieu d’eux ?

12 Je le frapperai de mortalité, et je le détruirai ; mais je te ferai devenir un peuple plus grand et plus fort qu’il n’est.

13 Et Moïse dit à l’Éternel : Mais les Égyptiens l’entendront ; car tu as fait monter ce peuple par ta force du milieu d’eux.

14 Et ils diront avec les habitants de ce pays, qui auront entendu que tu étais, ô Éternel, au milieu de ce peuple, et que tu apparaissais, ô Éternel, visiblement, que ta nuée s’arrêtait sur eux, et que tu marchais devant eux, le jour dans la colonne de nuée, et pendant la nuit dans la colonne de feu ;

15 quand tu auras fait mourir ce peuple, comme un seul homme, les nations, dis-je, qui auront entendu parler de ton nom, diront :

16 Parce que l’Éternel ne pouvait pas faire entrer ce peuple au pays qu’il avait juré de leur donner, il les a tués dans le désert.

17 Or, maintenant je te prie, que la grandeur de la puissance du Seigneur soit reconnue, comme tu en as parlé, en disant :

18 L’Éternel est lent à la colère et abondant en miséricorde ; il pardonne l’iniquité et le forfait, et il ne tient nullement le coupable pour innocent ; il punit l’iniquité des pères sur les enfants jusqu’à la troisième et à la quatrième génération.

19 Pardonne, je te prie, l’iniquité de ce peuple, selon la grandeur de ta miséricorde, et comme tu as pardonné à ce peuple depuis l’Egypte jusqu’ici.

20 Et l’Éternel dit : Je leur ai pardonné selon ta parole.

21 Mais, certainement, je suis vivant, et la gloire de l’Éternel remplira toute la terre.

22 Que quant à tous ces hommes qui ont vu ma gloire et les signes que j’ai faits en Egypte et au désert, et qui m’ont déjà tenté dix fois, et qui n’ont point obéi à ma voix,

23 jamais ils ne verront le pays que j’avais juré à leurs pères de leur donner. Tous ceux qui m’ont irrité, ne le verront point.

24 Mais parce que mon serviteur Caleb a été conduit d’un autre esprit, et m’a suivi constamment, je le ferai aussi entrer au pays où il a été, et sa postérité le possédera en héritage.

25 Or, les Hamalékites et les Cananéens habitent en la vallée ; retournez demain en arrière, et allez-vous-en au désert, par le chemin de la mer Rouge.

26 L’Éternel parla aussi à Moïse et à Aaron, disant :

27 Jusqu’à quand supporterai-je cette assemblée méchante, qui murmure contre moi ? J’ai entendu les murmures des enfants d’Israël, par lesquels ils murmurent contre moi.

28 Dis-leur : Je suis vivant, dit l’Éternel, si je ne vous fais ce que j’ai entendu que vous avez dit ;

29 vos cadavres tomberont dans ce désert ; et pour ce qui est de tous ceux d’entre vous, dont on a fait le dénombrement, selon tout le compte que vous en avez fait, depuis l’âge de vingt ans et au-dessus, qui avez murmuré contre moi,

30 si jamais vous entrez au pays pour lequel j’avais levé ma main, jurant que je vous y ferais habiter ; excepté Caleb, fils de Jephunné, et Josué, fils de Nun.

31 Mais j’y ferai entrer vos petits-enfants, desquels vous avez dit qu’ils seraient en proie ; et ils sauront ce qu’est le pays que vous avez méprisé ;

32 mais, pour vous, vos cadavres tomberont dans ce désert ;

33 Et vos enfants iront paissant dans ce désert quarante ans, et ils porteront la peine de vos prostitutions, jusqu’à ce que vos corps morts soient consumés dans le désert,

34 selon le nombre des jours pendant lesquels vous avez épié le pays, savoir, quarante jours, chaque jour pour chaque année ; vous porterez la peine de vos iniquités pendant quarante ans, et vous connaîtrez que j’ai interrompu le cours de mes bénédictions sur vous.

35 Je suis l’Éternel qui l’ai dit, si je ne fais ceci à toute cette méchante assemblée, à tous ceux qui se sont assemblés contre moi ; ils seront consumés en ce désert, et ils y mourront.

36 Et, en effet, les hommes que Moïse avait envoyés pour épier le pays, et qui, étant de retour, avaient fait murmurer contre lui toute l’assemblée, en décriant fort ce pays ;

37 Ces hommes-là, qui avaient si fort décrié le pays, moururent, étant frappés devant l’Éternel.

38 Il n’y eut que Josué, fils de Nun, et Caleb, fils de Jephunné, qui survécurent, d’entre ceux qui étaient allés épier le pays.

39 Or, Moïse dit ces choses-là à tous les enfants d’Israël ; et il y eut un grand deuil parmi le peuple.

40 Puis, s’étant levés de bon matin, ils montèrent sur le haut de la montagne, disant : Nous voici, et nous monterons au lieu dont l’Éternel a parlé ; car nous avons péché.

41 Mais Moïse leur dit : Pourquoi transgressez-vous le commandement de l’Éternel ? Cela ne réussira point.

42 N’y montez point, de peur que vous ne soyez battus devant vos ennemis ; car l’Éternel n’est point au milieu de vous ;

43 Les Hamalékites et les Cananéens sont là devant vous ; et vous tomberez par l’épée ; parce que vous vous êtes détournés de suivre l’Éternel, l’Éternel aussi ne sera point avec vous.

44 Toutefois, ils s’obstinèrent de monter sur le haut de la montagne ; mais l’arche de l’alliance de l’Éternel, et Moïse, ne sortirent pas du milieu du camp.

45 Alors les Hamalékites et les Cananéens, qui habitaient sur cette montagne-là, descendirent et les taillèrent en pièces jusqu’en Horma.

REFLEXIONS

Il faut considérer ici le péché des Israélites qui se soulevèrent contre Moïse, comme ils l’avaient fait tant de fois, l’amour que Moïse avait pour eux et qui le porta à intercéder encore dans cette occasion en leur faveur et la punition que Dieu fit de leur péché. Tous les Israélites qui étaient sortis d’Égypte au-dessus de l’âge de vingt ans périrent en effet dans le désert pendant les quarante ans qu’ils y passèrent et il n’y eut que Josué et Caleb qui entrassent dans le pays de Canaan. Mais comme Éléazar fils d’Aaron y entra aussi, ainsi qu’on le voit dans Josué 14.1 et 24.33, on pourrait douter si les sacrificateurs et les Lévites qui n’avaient pas été comptés dans le dénombrement du peuple furent compris dans cette punition. La principale réflexion que cette histoire nous fournit est que comme l’incrédulité des Israélites fut cause qu’ils n’entrèrent pas au pays de Canaan et qu’ils moururent dans le désert, nous devons craindre que l’incrédulité ne nous prive de l’entrée du Ciel.

St. Paul nous propose cette réflexion en ces termes : « Aujourd’hui, si vous entendez sa voix, n’endurcissez point vos cœurs comme le firent ceux qui péchèrent et dont les corps tombèrent dans le désert et à qui il jura en sa colère qu’ils n’entreraient point dans son repos ». Nous voyons qu’ils n’y purent entrer à cause de leur incrédulité. Craignons donc que quelqu’un d’entre nous ayant abandonné la promesse d’entrer dans son repos ne s’en trouve privé. Étudions-nous à entrer dans ce repos-là de peur que quelqu’un ne tombe dans une semblable rébellion.

La punition divine qui tomba sur ces dix espions qui avaient découragé le peuple et la promesse que Dieu fit à Josué et à Caleb de les faire entrer eux seuls dans le pays de Canaan montrent que ceux qui sont les auteurs de scandales et qui entraînent les autres dans le péché en porteront la peine, mais que Dieu bénit et favorise ceux qui lui sont fidèles.

Enfin, le mauvais succès qu’eurent les enfants d’Israël lorsqu’ils voulurent combattre les Cananéens fait voir que ce que l’on entreprend contre la volonté de Dieu ne réussit jamais.

CHAPITRE XV.

Ce chapitre a quatre parties :

I. Dieu règle ce qui regarde les gâteaux et les aspersions qui doivent être offerts, avec tous les sacrifices, tant par les Israélites que par les étrangers, et il commande d’offrir les prémices de la pâte. II. Il prescrit de quelle manière les péchés commis par erreurs devaient être expiés. III. Il ordonne qu’on fasse mourir ceux qui pècheraient par fierté, ce qui fut même exécuté alors en la personne d’un homme qui avait amassé du bois un jour de sabbat. IV. Dieu commande aux Israélites de mettre des bandes ou des franges à leurs habits afin qu’ils se souvinssent toujours de sa loi.

1 Puis, l’Éternel parla à Moïse, disant :

2 Parle aux enfants d’Israël, et dis-leur : Quand vous serez entrés au pays où vous devez demeurer, et que je vous donne,

3 et que vous voudrez faire un sacrifice par le feu à l’Éternel, un holocauste, ou un autre sacrifice, soit pour vous acquitter de quelque vœu, ou volontairement, ou dans vos fêtes solennelles, pour faire une offrande de bonne odeur à l’Éternel, de taureaux ou de menu bétail ;

4 tous ceux qui offriront, présenteront, pour leur oblation à l’Éternel, un gâteau de fleur de farine, d’un dixième, pétrie avec la quatrième partie d’un hin d’huile ;

5 et la quatrième d’un hin de vin pour l’aspersion ; c’est ce que tu feras sur l’holocauste, ou sur quelque autre sacrifice, pour chaque agneau.

6 Que si c’est pour un bélier, tu feras un gâteau de deux dixièmes de fleur de farine pétrie avec la troisième partie d’un hin d’huile ;

7 et la troisième partie d’un hin de vin pour l’aspersion, que tu offriras en bonne odeur à l’Éternel.

8 Que si tu sacrifies un veau en holocauste, ou en quelque autre sacrifice, soit pour s’acquitter de quelque vœu important, soit pour quelque sacrifice de prospérités, que tu offres à l’Éternel,

9 on offrira, avec le veau, un gâteau de trois dixièmes de fleur de farine, pétrie avec la moitié d’un hin d’huile ;

10 Et tu offriras la moitié d’un hin de vin pour l’aspersion, en offrande faite par le feu de bonne odeur à l’Éternel.

11 On en fera de même pour chaque taureau, chaque bélier et chaque petit d’entre les brebis et d’entre les chèvres ;

12 selon le nombre que vous en sacrifierez, vous ferez ainsi pour chacun, savoir, selon leur nombre.

13 Tous ceux qui sont nés au pays feront ces choses de cette manière, lorsqu’ils offriront un sacrifice fait par le feu en bonne odeur à l’Eternel.

14 Que si quelque étranger, ou quelque autre parmi vous, qui faisant son séjour avec vous, dans vos âges, fait un sacrifice par le feu en bonne odeur à l’Eternel, il fera comme vous ferez.

15 O assemblée, il y aura une même ordonnance pour vous et pour l’étranger qui fait son séjour parmi vous ; il y aura une même ordonnance perpétuelle d’âge en âge ; il en sera de l'étranger comme de vous, en la présence de l’Eternel.

16 Il y aura une même loi et une même règle pour vous et pour l’étranger qui fait son séjour parmi vous.

17 L’Eternel parla aussi à Moïse, disant :

18 Parle aux enfants d’Israël, et dis-leur : Quand vous serez entrés au pays où je vous ferai entrer,

19 Et que vous mangerez du pain du pays, vous en offrirez une offrande élevée à l’Eternel.

20 Vous offrirez, en offrande élevée, un gâteau pour les prémices de votre pâte ; vous l’offrirez de la même manière que l’offrande élevée de l’aire.

21 Vous donnerez donc, d’âge en âge, à l’Eternel, une offrande élevée des prémices de votre pâte.

22 Et lorsque vous aurez manqué par erreur, et que vous n’aurez pas fait tous ces commandements que l’Eternel a donnés à Moïse,

23 tout ce que l’Eternel vous a commandé par Moïse, depuis le jour qu’il vous a donné ses commandements, et dans la suite, pour vos descendants,

24 s’il arrive que la chose ait été faite par erreur, sans que l’assemblée l’ait su, toute l’assemblée sacrifiera en holocauste, en bonne odeur à l’Eternel, un veau pris du troupeau, avec son gâteau et son aspersion, selon l’ordonnance, et un jeune bouc en offrande pour le péché.

25 Ainsi le sacrificateur fera propitiation pour toute l’assemblée des enfants d’Israël, et il leur sera pardonné, parce que c’est une chose arrivée par erreur ; et ils amèneront devant l’Eternel leur offrande, qui doit être un sacrifice fait par le feu à l’Eternel, et l’offrande pour le péché, à cause de leur erreur ;

26 et il sera pardonné à toute l’assemblée des enfants d’Israël, et à l’étranger qui fait son séjour parmi eux, parce que cela est arrivé à tout le peuple par erreur.

27 Que si une seule personne pèche par erreur, elle offrira une chèvre de l’année en offrande pour le péché.

28 Et le sacrificateur fera propitiation pour la personne qui aura péché par erreur, de ce qu’elle aura péché par erreur devant l’Eternel, afin de faire propitiation pour elle ; il lui sera pardonné.

29 Il y aura une même loi pour celui qui aura fait quelque chose par erreur, tant pour celui qui est né au pays des enfants d’Israël, que pour l’étranger qui fait son séjour parmi eux.

30 Mais pour celui qui aura péché par fierté, soit qu’il soit né au pays, soit qu’il soit étranger, et qui aura outragé l’Eternel, cette personne-là sera retranchée du milieu de son peuple ;

31 Car il a méprisé la parole de l’Eternel, et il a enfreint son commandement ; cette personne donc sera certainement retranchée ; son iniquité sera sur elle.

32 Or, les enfants d’Israël, étant au désert, trouvèrent un homme qui ramassait du bois le jour du sabbat.

33 Et ceux qui le trouvèrent ramassant du bois, l’amenèrent à Moïse et à Aaron et à toute l’assemblée ;

34 Et ils le mirent en prison ; car on n’avait pas encore déclaré ce qu’on lui devait faire.

35 Alors l’Eternel dit à Moïse : On punira de mort cet homme-là, et toute l'assemblée le lapidera hors du camp.

36 Toute l’assemblée donc le mena hors du camp, et ils le lapidèrent, et il mourut, comme l’Éternel l’avait commandé à Moïse.

37 L’Éternel parla aussi à Moïse, disant :

38 Parle aux enfants d’Israël, et dis-leur, qu’ils se fassent, d’âge en âge, des bandes aux pans de leurs vêtements, et qu’ils mettent, sur les bandes des pans de leurs vêtements, un cordon de couleur d’hyacinthe.

39 Ce cordon sera sur la bande, et en le voyant, vous vous souviendrez de tous les commandements de l’Éternel, afin que vous les fassiez et que vous ne suiviez point les pensées de votre cœur, et les égarements de vos yeux, qui vous font tomber dans l’infidélité ;

40 afin que vous vous souveniez de tous mes commandements, et que vous les fassiez, et que vous soyez saints à votre Dieu.

41 Je suis l’Éternel votre Dieu, qui vous ai tirés du pays d’Egypte pour être votre Dieu. Je suis l’Éternel votre Dieu.

REFLEXIONS

Il y a deux réflexions à faire sur la première partie de ce chapitre qui traite des gâteaux, des aspersions, des sacrifices et des offrandes que les Israélites présentaient à Dieu.

L’une est celle que St. Paul fait dans l’épitre aux Hébreux, où il dit que l’on offrait alors des dons et des sacrifices qui consistaient en des viandes, en des breuvages et en des cérémonies charnelles qui ne pouvaient sanctifier la conscience et qui ne devaient subsister que jusqu’à la venue de Jésus-Christ.

En cela nous devons reconnaître d’un côté la sagesse de Dieu qui avait prescrit ces cérémonies pour s’accommoder à l’état des Israélites et pour leur enseigner les devoirs de la piété et de la reconnaissance envers Dieu et de l’autre l’excellence du culte évangélique et la perfection du sacrifice de Jésus-Christ.

L’autre réflexion est que les étrangers étaient aussi admis à offrir leurs sacrifices, ce qui marquait qu’ils n’étaient pas entièrement exclus de la grâce de Dieu et que le temps viendrait qu’ils seraient reçus dans l’alliance divine.

La seconde partie de ce chapitre nous apprends que quoi que les péchés commis par erreur ne soient pas si grands que ceux que l’on commet volontairement, Dieu les regarde pourtant comme de véritables péchés dont on doit lui demander pardon et se relever par la repentance.

Pour ce qui est des péchés commis par fierté, il paraît qu’ils rendent les hommes beaucoup plus coupables, puisqu’il n’y a point de sacrifices pour ces péchés-là et qu’ils étaient punis de mort, comme on en a un exemple dans cet homme qui fut lapidé pour avoir ramassé du bois un jour de sabbat.

Voilà qui fait voir que les péchés où l’on tombe de propos délibéré et contre les lois expresses de Dieu sont très grands. C’est la réflexion que St. Paul fait sur ce sujet lorsqu’il dit que : Si nous péchons volontairement après avoir reçu la connaissance de la vérité, il n’y a plus de sacrifice pour le péché et que si ceux qui avaient violé la loi de Moïse mourraient sans miséricorde, ceux qui auront méprisé le fils de Dieu souffriront de beaucoup plus terribles peines.

La loi qui concerne les bandes que les Israélites portaient à leurs habits tendait à les faire souvenir de ne s’écarter jamais de ce que Dieu leur avait prescrit et elle nous avertit d’avoir aussi toujours la loi du Seigneur devant les yeux pour y conformer toute notre conduite.

CHAPITRE XVI.

Coré, Dathan et Abiram excitent une sédition contre Moïse et Aaron dans le dessein de les dépouiller de leur autorité et de s’élever au sacerdoce, mais Dieu fit périr ces séditieux d’une manière effroyable. Ensuite Dieu ordonna qu’on prît les encensoirs de ceux qui s’étaient rebellés contre Moïse et qui avaient été consumé par le feu, au nombre de deux cent cinquante, et qu’on en fit des plaques pour couvrir l’autel des holocaustes, afin que cela servi de mémorial de cet événement. Le peuple étant retombé dans le murmure, Dieu en fit périr quatorze mille et sept cents personnes.

1 Or, Coré, fils de Jitshar, fils de Kéhath, fils de Lévi, fit une entreprise avec Dathan et Abiram, enfants d’Eliab, et On, fils de Péleth, enfants de Ruben,

2 et ils s’élevèrent contre Moïse, avec deux cent cinquante hommes des enfants d’Israël, qui étaient des principaux de l’assemblée, et qu’on appelait pour tenir le conseil, et qui étaient des gens de réputation.

3 Ils s’assemblèrent donc contre Moïse et contre Aaron, et ils leur dirent : Qu’il vous suffise que tous ceux de l’assemblée sont consacrés, et que l’Éternel est au milieu d’eux ; pourquoi vous élevez-vous par-dessus l’assemblée de l’Éternel ?

4 Ce que Moïse ayant entendu, il se prosterna le visage contre terre ;

5 Et il parla à Coré et à tous ceux qui étaient assemblés avec lui, et leur dit : Demain matin l’Éternel donnera à connaître celui qui lui appartient, et celui qui est consacré, et il fera approcher de lui, il fera, dis-je, approcher de lui celui qu’il aura choisi.

6 Faites ceci : Prenez des encensoirs, Coré, et tous ceux qui sont assemblés avec lui ;

7 et demain mettez-y du feu, et mettez-y du parfum devant l’Éternel ; et l’homme que l’Éternel aura choisi, sera celui qu’il a consacré. Enfants de Lévi, qu’il vous suffise.

8 Moïse dit encore à Coré : Ecoutez maintenant, enfants de Lévi :

9 Est-ce trop peu de chose pour vous, que le Dieu d’Israël vous ait séparés de l’assemblée d’Israël, vous faisant approcher de lui pour être employés au service du pavillon de l’Éternel, et pour assister devant l’assemblée, afin de faire le service pour eux ?

10 Et qu’il t’ait fait approcher, et tous tes frères, les enfants de Lévi, avec toi ; que vous recherchiez encore le sacerdoce ?

11 C’est pourquoi, et toi et tous ceux qui sont assemblés avec toi, vous vous êtes assemblés contre l’Éternel ; car qui est Aaron, que vous murmuriez contre lui ?

12 Et Moïse envoya appeler Dathan et Abiram, enfants d’Eliab, qui répondirent : Nous n’y monterons point ;

13 est-ce peu de chose que tu nous aies fait monter hors d’un pays où coulaient le lait et le miel, pour nous faire mourir dans ce désert, que tu veuilles même dominer sur nous ?

14 Et nous as-tu fait venir dans un pays où coulent le lait et le miel ? et nous as-tu donné quelque héritage de champs ou de vignes ? Crèveras-tu les yeux de ces gens ? Nous n’y monterons point.

15 Alors Moïse fut fort indigné, et il dit à l’Éternel : Ne regarde point à leur offrande ; je n’ai pas pris d’eux un seul âne, et je n’ai point fait de mal à aucun d’eux.

16 Puis Moïse dit à Coré : Toi et tous ceux qui sont assemblés avec toi, trouvez-vous demain devant l’Éternel, toi, dis-je, et ceux-ci ; qu’Aaron aussi s’y trouve.

17 Et prenez chacun vos encensoirs, et mettez-y du parfum ; et que chacun présente devant l’Éternel son encensoir, qui seront deux cent cinquante encensoirs ; et toi et Aaron, ayez aussi chacun votre encensoir.

18 Ils prirent donc chacun son encensoir, et ils y mirent du feu, et ensuite du parfum, et ils se tinrent à l’entrée du tabernacle d’assignation ; Moïse et Aaron s’y tinrent aussi.

19 Et Coré fit assembler contre eux toute l’assemblée, à l’entrée du tabernacle d’assignation, et la gloire de l’Éternel se fit voir à toute l’assemblée.

20 Puis, l’Éternel parla à Moïse et à Aaron, disant :

21 Séparez-vous du milieu de cette assemblée, et je les consumerai en un moment.

22 Et ils se prosternèrent le visage contre terre, et dirent : Ô Dieu fort, Dieu des esprits de toute chair, un seul homme a péché, et te mettras-tu dans une si grande colère contre toute l’assemblée ?

23 Et l’Éternel parla à Moïse, disant :

24 Parle à l’assemblée, et dis-lui : Retirez-vous d’autour des tentes de Coré, Dathan et Abiram.

25 Moïse donc se leva et s’en alla vers Dathan et Abiram ; et les anciens d’Israël le suivirent.

26 Et il parla à l’assemblée, disant : Retirez-vous, je vous prie, des tentes de ces méchants hommes, et ne touchez à rien qui leur appartienne, de peur que vous ne soyez consumés pour tous leurs péchés.

27 Ils se retirèrent donc d’auprès des tentes de Coré, de Dathan et d’Abiram. Et Dathan et Abiram sortirent, et se tinrent debout à l’entrée de leurs tentes, avec leurs femmes, leurs enfants et leurs familles.

28 Et Moïse dit : Vous connaîtrez à ceci que l’Éternel m’a envoyé pour faire toutes ces choses, et que je n’ai rien fait de moi-même ;

29 si ces gens-là meurent comme tous les hommes meurent, et s’ils sont punis comme tous les hommes le sont, l’Éternel ne m’a point envoyé ;

30 mais si l’Éternel crée une chose toute nouvelle, et que la terre ouvre sa bouche, et les engloutisse, avec tout ce qui leur appartient et qu’ils descendent vivants dans le gouffre ; alors vous saurez que ces hommes-là ont irrité l’Éternel.

31 Et, dès qu’il eut achevé de prononcer toutes ces paroles, la terre qui était sous eux se fendit ;

32 et la terre s’entrouvrant, les engloutit avec leurs familles, et tous les hommes qui étaient à Coré, et tout leur bien.

33 Ils descendirent donc, eux et tous ceux qui leur appartenaient, vivants dans le gouffre ; et la terre les couvrit, et ainsi ils périrent du milieu de l’assemblée.

34 Et tout Israël, qui était autour d’eux, s’enfuit à leur cri ; car ils disaient : Prenons garde que la terre ne nous engloutisse.

35 Et le feu sortit, de la part de l’Éternel, et consuma les deux cent cinquante hommes qui offraient le parfum.

36 Après cela, l’Éternel parla à Moïse, disant :

37 Dis à Eléazar, fils d’Aaron, sacrificateur, qu’il ramasse les encensoirs du milieu de l’embrasement, et qu’on en jette le feu loin ; car ils sont consacrés ;

38 savoir, les encensoirs de ceux qui ont péché sur leurs âmes, et qu’on en fasse des plaques larges, pour couvrir l’autel ; puisqu’ils les ont offerts devant l’Éternel, ils seront consacrés, et ils seront pour signe aux enfants d’Israël.

39 Ainsi Eléazar sacrificateur, prit les encensoirs d’airain, que ceux qui furent brûlés avaient présentés, et on en fit des plaques pour couvrir l’autel.

40 C’est un mémorial aux enfants d’Israël, afin que nul étranger qui n’est point de la race d’Aaron, ne s’approche pour faire le parfum en la présence de l’Éternel, et qu’il ne soit comme Coré, et comme ceux qui s’assemblèrent avec lui, ainsi que l’Éternel en avait parlé par Moïse.

41 Or, dès le lendemain, toute l’assemblée des enfants d’Israël murmura contre Moïse et contre Aaron, disant : Vous avez fait mourir le peuple de l’Eternel.

42 Et il arriva, comme l’assemblée se formait contre Moïse et contre Aaron, qu’ils regardèrent vers le tabernacle d’assignation ; et voici, la nuée le couvrit, et la gloire de l’Eternel apparut.

43 Moïse donc et Aaron vinrent devant le tabernacle d’assignation ;

44 et l’Eternel parla à Moïse, disant :

45 Otez-vous du milieu de cette assemblée, et je les consumerai en un moment. Alors ils se prosternèrent le visage contre terre.

46 Puis Moïse dit à Aaron : Prends l’encensoir, et mets-y du feu de dessus l’autel ; mets-y aussi du parfum, et va promptement à l’assemblée, et fais propitiation pour eux ; car une grande colère est partie de devant l’Eternel. La plaie a commencé.

47 Et Aaron prit l’encensoir, comme Moïse lui avait dit, et il courut au milieu de l’assemblée ; et voici, la plaie avait déjà commencé sur le peuple. Alors il mit du parfum, et il fit propitiation pour le peuple.

48 Et comme il se tenait entre les morts et les vivants, la plaie fut arrêtée.

49 Et il y en eut quatorze mille sept cents qui moururent de cette plaie, outre ceux qui étaient morts pour le fait de Coré.

50 Et Aaron retourna vers Moïse, à l’entrée du tabernacle d’assignation, après que la plaie fut arrêtée.

REFLEXIONS

C’est une histoire remarquable que celle de la sédition que Coré, Dathan et Abiram excitèrent contre Moïse et Aaron et la punition que Dieu fit de ces gens-là et de ceux qui s’étaient joints à eux, les uns ayant été engloutis dans la terre et les autres dévorés par le feu du ciel. Cette terrible vengeance qui tendait à soutenir l’autorité de Moïse et d’Aaron fait voir que chacun doit demeurer dans sa vocation et se soumettre à l’ordre que Dieu a établi, que personne ne doit s’attribuer l’honneur et les fonctions du ministère sacré, à moins d’y être appelé de Dieu et que ceux qui troublent la société civile ou l’ordre de l’église en s’élevant contre les personnes que Dieu a établies en autorité s’élèvent contre Dieu lui-même et s’exposent à sa vengeance.

On voit après cela dans cette histoire que Moïse tâcha d’adoucir et d’apaiser les séditieux et qu’il détourna par ses prières la colère de Dieu qui était allumée contre toute l’assemblée, en quoi ce grand prophète donna des marques de sa douceur et de sa charité envers ceux qui s’étaient soulevés contre lui.

C’est ainsi qu’au lieu de nous aigrir et de souhaiter du mal à ceux qui nous en font, nous devons travailler à les ramener et prier Dieu pour eux.

Le peuple, au lieu de profiter de ce qui venait d’arriver à ces séditieux murmura dès le lendemain contre Moïse et Aaron et tomba dans une nouvelle révolte, par où il s’attira une punition plus terrible et plus générale que la précédente. C’est là l’exemple d’une stupidité inconcevable dans ce peuple et ce qui lui arriva fait voir que quand on ne profite pas des premiers châtiments de Dieu, il en envoie de plus grands et il punit non seulement ceux qui sont les auteurs des désordres et des scandales, mais aussi ceux qui se laissent entraîner au mal par les sollicitations ou par les mauvais exemples des autres.

Au reste, il faut considérer que ces jugements si sévères étaient nécessaires pour contenir dans la crainte et dans le devoir un peuple tels que les Israélites.

CHAPITRE XVII.

Dieu confirme par un miracle le choix qu’il avait fait d’Aaron et de sa famille pour exercer le sacerdoce, et le peuple saisi de crainte reconnait la faute qu’il avait commise en s’élevant contre Aaron.

1 Après cela, l’Eternel parla à Moïse, disant :

2 parle aux enfants d’Israël, et prends une verge de chacun d’eux, selon la maison de leur père, savoir douze verges de tous ceux qui sont les principaux d’entre eux, selon la maison de leurs pères, et tu écriras le nom de chacun sur sa verge.

3 De plus, tu écriras le nom d’Aaron sur la verge de Lévi ; car il y aura une verge pour chaque chef de maison de leurs pères.

4 Et tu les poseras au tabernacle d’assignation, devant le témoignage, où j’ai accoutumé de me trouver avec vous.

5 Et il arrivera que la verge de l’homme que j’aurai choisi, fleurira ; et je ferai cesser les murmures des enfants d’Israël, par lesquels ils murmurent contre vous.

6 Quand Moïse eut parlé aux enfants d’Israël, tous les principaux d’entre eux lui donnèrent, selon la maison de leurs pères, chacun une verge ; ainsi il y eut douze verges. Or, la verge d’Aaron fut mise parmi leurs verges.

7 Et Moïse mit les verges devant l’Eternel, dans le tabernacle du témoignage.

8 Et il arriva, dès le lendemain, que Moïse étant entré au tabernacle du témoignage, voici, la verge d’Aaron avait fleuri, pour la maison de Lévi, et elle avait jeté des fleurs, produit des boutons, et mûri des amandes.

9 Alors Moïse tira de dehors, de devant l’Eternel, toutes les verges, et les porta à tous les enfants d’Israël : et les ayant vues, ils reprirent chacun leurs verges.

10 Après cela, l’Eternel dit à Moïse : Reporte la verge d’Aaron devant le témoignage, pour être gardée comme un signe aux enfants rebelles, et tu feras cesser leurs murmures contre moi ; et ainsi ils ne mourront point.

11 C’est ce que fit Moïse ; il fit comme l’Eternel le lui avait commandé.

12 Et les enfants d’Israël parlèrent à Moïse, disant : Voici, nous défaillons ; nous sommes perdus, nous sommes tous perdus ;

13 quiconque s’approche du pavillon de l’Eternel mourra. Serons-nous tous entièrement consumés ?

REFLEXIONS

Dieu, après avoir soutenu le ministère d’Aaron par la punition de ceux qui s’étaient élevés contre lui, comme cela est rapporté dans le chapitre précédent, voulut confirmer encore la vocation d’Aaron par un nouveau miracle qui dut faire beaucoup d’impression sur le peuple d’Israël. Il voulut outre cela que la verge d’Aaron qui avait fleuri fut conservée dans le tabernacle et dans le lieu très saint, afin que la mémoire de cet événement fût perpétuée.

Apprenons d’ici que l’on ne peut sans péché résister à l’ordonnance divine, qu’il faut se soumettre à ceux que Dieu a établis dans son église pour la conduire et qu’il n’est permis à personne de s’opposer à eux et d’usurper les fonctions de leurs charges, ni en général de troubler l’ordre que Dieu a voulu qui régnât dans la société religieuse et dans la civile.

CHAPITRE XVIII.

Dieu ordonne que les Lévites seraient joints aux sacrificateurs pour le service du tabernacle, et il règle leur subsistance en cette manière, c’est qu’ils ne possèderaient aucun fond, mais que les sacrificateurs auraient pour eux et pour leurs familles les offrandes, les prémices et les autres choses qui étaient offertes dans le tabernacle, et que les Lévites auraient les dîmes à condition qu’ils donneraient la dîme de ces dîmes aux sacrificateurs.

 1 Alors l’Eternel dit à Aaron : Toi, et tes fils, et la maison de ton père avec toi, vous porterez l’iniquité du sanctuaire ; et toi, et tes fils avec toi, vous porterez l’iniquité de votre sacerdoce.

2 Fais aussi approcher de toi tes frères, savoir, la tribu de Lévi, qui est la tribu de ton père, afin qu’ils te soient joints et qu’ils te servent ; mais pour toi et tes fils avec toi, vous servirez devant le tabernacle du témoignage.

3 Ils garderont tout ce que tu leur ordonneras de garder, et ce qu’il faut garder de tout le tabernacle ; mais ils n’approcheront point des vaisseaux du sanctuaire, ni de l’autel, de peur qu’ils ne meurent et que vous ne mouriez avec eux.

4 Ils te seront donc joints, et ils garderont tout ce qu’il faut garder au tabernacle d’assignation, pour tout le service du tabernacle, et nul étranger n’approchera de vous.

5 Mais vous prendrez garde à ce qu’il faut faire au sanctuaire, et à ce qu’il faut faire à l’autel, afin qu’il n’y ait plus d’indignation sur les enfants d’Israël ;

6 car pour moi, voici. J’ai pris vos frères les Lévites, du milieu des enfants d’Israël ; ils vous sont donnés en pur don pour l’Eternel, afin qu’ils soient employés au service du tabernacle d’assignation.

7 Mais pour toi et tes fils avec toi, vous ferez la charge de votre sacerdoce, en tout ce qui concerne l’autel, et ce qui est au dedans du voile ; et vous y ferez le service. J’établis votre sacerdoce en office de pur don ; c’est pourquoi, si quelque étranger en approche, on le fera mourir.

8 L’Eternel dit encore à Aaron : Voici, je t’ai donné en garde mes offrandes élevées, savoir, de toutes les choses consacrées par les enfants d’Israël ; je te les ai données, et à tes enfants, par une ordonnance perpétuelle, à cause de l’onction.

9 Ceci t’appartiendra d’entre les choses tout à fait sacrées qui ne sont point brûlées, savoir, toutes leurs offrandes, soit de tous leurs gâteaux, soit de tous leurs sacrifices pour le péché, soit de tous leurs sacrifices pour le délit, qu’ils m’apporteront ; ce sont des choses tout à fait sacrées pour toi et pour tes enfants.

10 Tu les mangeras dans le lieu Saint ; tout mâle en mangera ; ce te sera une chose sacrée.

11 Ceci aussi t’appartiendra, savoir, les offrandes élevées qu’ils donneront de toutes les offrandes tournées des enfants d’Israël ; je te les ai données, et à tes fils et à tes filles avec toi, par une ordonnance perpétuelle. Quiconque sera net en ta maison en mangera.

12 Je t’ai donné aussi leurs prémices qu’ils offriront à l’Eternel, savoir, tout le meilleur de l’huile, et tout le meilleur du moût et du froment.

13 Les premiers fruits de toutes les choses que leur terre produira, et qu’ils apporteront à l’Eternel, t’appartiendront ; quiconque sera net dans ta maison en mangera.

14 Tout interdit en Israël t’appartiendra.

15 Tout ce qui naît le premier, de toute chair qu’ils offriront à l'Eternel, tant des hommes que des bêtes, t’appartiendra ; mais on ne manquera pas de racheter le premier-né de l’homme ; on rachètera aussi le premier-né de la bête souillée.

16 Et on rachètera les premiers-nés des hommes qui doivent être rachetés, depuis l’âge d’un mois, selon l’estimation que tu feras, qui sera de cinq sicles d’argent, selon le sicle du sanctuaire, qui est de vingt oboles.

17 Mais on ne rachètera point le premier-né de la vache, ni le premier-né de la brebis, ni le premier-né de la chèvre ; car ce sont des choses sacrées. Tu répandras leur sang sur l’autel, et tu feras fumer leur graisse ; c’est un sacrifice fait par le feu, en bonne odeur à l’Eternel.

18 Et leur chair t’appartiendra, comme la poitrine qu’on tourne et qu’on élève, et comme l’épaule droite.

19 Je t’ai donné toutes les offrandes élevées des choses sacrées que les enfants d’Israël offriront à l’Eternel, à toi, à tes fils et à tes filles avec toi, par une ordonnance perpétuelle : c’est une alliance très ferme pour toujours devant l’Éternel, pour toi et pour ta postérité avec toi.

20 Puis l’Éternel dit à Aaron : Tu n’auras point d’héritage en leur pays, tu n’auras point de portion parmi eux ; je suis ta portion et ton héritage, au milieu des enfants d’Israël.

21 Et pour ce qui est des enfants de Lévi, voici, je leur ai donné pour héritage toutes les dîmes d’Israël, pour le service auquel ils sont employés, qui est le service du tabernacle d’assignation.

22 Et les enfants d’Israël n’approcheront point du tabernacle d’assignation, de peur qu’ils ne soient coupables de péché, et qu’ils ne meurent.

23 Mais les Lévites s’emploieront au service du tabernacle d’assignation, et ils porteront les péchés du peuple ; cette ordonnance sera perpétuelle d’âge en âge ; et ils ne posséderont point d’héritage parmi les enfants d’Israël ;

24 Car j’ai donné pour héritage aux Lévites les dîmes des enfants d’Israël, qu’ils offriront à l’Éternel, en offrande élevée ; c’est pourquoi, j’ai dit d’eux, qu’ils n’auront point d’héritage parmi les enfants d’Israël.

25 Puis l’Éternel parla à Moïse, disant :

26 Tu parleras aussi aux Lévites, et tu leur diras : Quand vous aurez reçu des enfants d’Israël les dîmes que je vous ai donné à prendre d’eux pour votre héritage, vous offrirez de ces dîmes l’offrande élevée de l’Éternel, savoir, la dîme de la dîme.

27 Et votre offrande élevée vous sera allouée, comme le froment qui est pris de l’aire, et comme l’abondance de la cuve.

28 Ainsi, vous offrirez aussi l’offrande élevée de l’Éternel, de toutes vos dîmes que vous aurez reçues des enfants d’Israël, et vous en donnerez, de chacune, l’offrande élevée de l’Éternel, à Aaron sacrificateur.

29 Vous offrirez toute l’offrande élevée de l’Éternel, de toutes les choses qui vous sont données, de tout ce qu’il y a de meilleur, pour consacrer la dîme prise de la dîme même.

30 Et tu leur diras : Quand vous aurez offert, en offrande élevée, le meilleur de la dîme, il sera alloué aux Lévites comme le revenu de l’aire, et comme le revenu de la cuve.

31 Et vous la mangerez en tout lieu, vous et vos familles ; car c’est votre salaire, pour le service que vous faites au tabernacle d’assignation.

32 Et vous ne serez point coupable de péché, quand vous aurez offert ce qu’il y aura de meilleur en offrande élevée, et vous ne profanerez point les choses sacrées des enfants d’Israël, et vous ne mourrez point.

REFLEXIONS

On voit dans ce chapitre de quelle manière Dieu avait réglé les fonctions des sacrificateurs et celles des Lévites et pourvu à leur subsistance. La tribu de Lévi n’avait point de portion dans le pays de Canaan comme les autres tribus, mais elles avaient pour son partage les dîmes de tout le pays et outre cela, les sacrificateurs avaient leur part dans les sacrifices et dans les offrandes avec la dîme des dîmes. Par ce moyen les ministres de la religion subsistaient commodément et honorablement, sans être distrait dans leurs fonctions.

Cela prouve que l’église chrétienne doit entretenir ceux qui y exercent le ministère sacré, comme St. Paul l’enseigne lorsqu’il dit : Ceux qui s’occupent aux choses sacrées vivent de ce qui est sacré et ceux qui participent à l’autel participent à l’autel, de même aussi Dieu a ordonné que ceux qui servent à l’Évangile vivent de l’Évangile.

CHAPITRE XIX.

Ce chapitre contient les cérémonies qui se pratiquaient dans le sacrifice d’une vache rousse que l’on brûlait pour faire avec ses cendres une eau dont on faisait aspersion sur ceux qui étaient souillés afin de les purifier.

 1 L’Éternel parla aussi à Moïse et à Aaron, disant :

2 C’est ici une ordonnance de la loi que l’Éternel a commandé d’observer, disant : Parle aux enfants d’Israël, et qu’ils t’amènent une jeune vache rousse, entière, qui n’ait point de défaut, et qui n’ait point porté le joug.

3 Et vous la donnerez à Eléazar sacrificateur, qui l’amènera hors du camp, et on l’égorgera en sa présence.

4 Ensuite Eléazar sacrificateur prendra de son sang avec son doigt, et il fera sept fois aspersion du sang, vers le devant du tabernacle d’assignation.

5 Et on brûlera la jeune vache en sa présence : on brûlera sa peau, sa chair et son sang, avec ses excréments.

6 Et le sacrificateur prendra du bois de cèdre, de l’hysope et du cramoisi, et il les jettera dans le feu où l’on brûlera la jeune vache.

7 Puis le sacrificateur lavera ses vêtements et sa chair avec de l’eau ; et, après cela, il rentrera au camp ; et le sacrificateur sera souillé jusqu’au soir.

8 Et celui qui l’aura brûlé lavera ses vêtements et son corps aussi avec de l’eau et il sera souillé jusqu’au soir.

9 Et un homme qui sera pur ramassera les cendres de la jeune vache, et il les mettra hors du camp en un lieu net ; et elles seront gardées pour l’assemblée des enfants d’Israël, afin d’en faire l’eau d’aspersion ; c’est une purification pour le péché.

10 Et celui qui aura ramassé les cendres de la jeune vache lavera ses vêtements, et il sera souillé jusqu’au soir ; et ce sera une ordonnance perpétuelle aux enfants d’Israël et à l’étranger qui fait son séjour parmi eux.

11 Celui qui touchera un corps mort, de quelque personne que ce soit, sera souillé sept jours.

12 Il se purifiera donc avec cette eau-là le troisième jour, et au septième jour il sera pur ; que s’il ne se purifie pas au troisième ni au septième jour, il ne sera point pur.

13 Tout homme qui aura touché le corps mort de quelque personne qui sera morte, et qui ne se sera point purifié, a souillé le pavillon de l’Éternel ; aussi une telle personne sera retranchée d’Israël ; car il sera souillé, parce que l’eau d’aspersion n’aura pas été répandue sur lui ; sa souillure demeure encore sur lui.

14 C’est ici la loi : Quand un homme sera mort en quelque tente, quiconque entrera dans la tente, et tout ce qui sera dans la tente, sera souillé sept jours.

15 Et tout vaisseau découvert, sur lequel il n’y a point de couvercle attaché, sera souillé.

16 Et quiconque touchera, dans les champs, un homme qui aura été tué par l’épée, ou quelque mort, ou quelque os d’homme, ou un sépulcre, sera souillé sept jours.

17 Et on prendra, pour celui qui sera souillé, de la poudre de la jeune vache brûlée pour le péché, et on la mettra dans un vaisseau, et de l’eau vive par-dessus ;

18 et un homme qui sera pur prendra de l’hysope, et l’ayant trempée dans l’eau, il en fera aspersion sur la tente, sur tous les vaisseaux, sur toutes les personnes qui auront été là, et sur celui qui aura touché l’os ou l’homme tué ou le mort ou le sépulcre.

19 Cet homme donc, qui sera pur, en fera aspersion sur celui qui sera souillé, au troisième jour et au septième, et il le purifiera le septième ; puis il lavera ses vêtements, et il se lavera d’eau ; et le soir il sera pur.

20 Mais l’homme qui sera souillé et qui ne se purifiera point, cette personne sera retranchée du milieu de l’assemblée, parce qu’il aura souillé le sanctuaire de l’Éternel ; l’eau d’aspersion n’ayant pas été répandue sur lui, il est souillé.

21 Et ceci leur sera une ordonnance perpétuelle ; et celui qui aura fait aspersion de l’eau lavera ses vêtements ; et quiconque aura touché l’eau d’aspersion sera souillé jusqu’au soir.

22 Et tout ce que l’homme souillé touchera, sera souillé ; et la personne qui le touchera, sera souillée jusqu’au soir.

REFLEXIONS

Voici la réflexion que St. Paul fait dans l’épitre aux Hébreux sur ce qui est dit dans ce chapitre : Que si le sang des taureaux et des boucs et la cendre de la génisse dont on faisait aspersion purifiait ceux qui étaient souillés à l’égard de la pureté de la chair, le sang de Christ purifiera beaucoup plus nos consciences des œuvres mortes pour servir le Dieu vivant.

À quoi il faut ajouter que si Dieu avait prescrit aux Israélites sous peine de mort de se purifier par les cérémonies qui sont ici prescrites, ceux qui négligent de nettoyer leurs âmes des véritables souillures, qui sont celles du péché, peuvent encore moins avoir aucune communion avec lui.

CHAPITRE XX.

I. Il faut savoir que ce qui est récité dans ce chapitre et dans les suivants arriva sur la fin des 40 ans que le peuple d’Israël passa dans le désert. Moïse rapporte ici la mort de Marie sa sœur.  II. Le miracle de l’eau que Dieu fit sortir d’un rocher pour apaiser les murmures du peuple et ce qui arriva alors à Moïse et à Aaron. III. Le refus que les Iduméens firent de donner passage aux Israélites, et enfin la mort d’Aaron à qui Eléazar son fils succéda.

1 Les enfants d’Israël, et toute l’assemblée, arrivèrent au désert de Tsin, au premier mois ; et le peuple s’arrêta à Kadès, et Marie mourut là, et elle y fut ensevelie.

2 Et n’y ayant point d’eau pour le peuple, ils s’assemblèrent contre Moïse et contre Aaron.

3 Et le peuple contesta avec Moïse, et ils lui dirent : Plût à Dieu que nous fussions morts, quand nos frères moururent devant l’Éternel !

4 Et pourquoi avez-vous fait venir l’assemblée de l’Éternel dans ce désert, pour y mourir avec nos bêtes ?

5 Et pourquoi nous avez-vous fait monter hors d’Égypte, pour nous amener en ce méchant lieu, qui n’est point un lieu pour semer, ni un lieu pour des figuiers, ni pour des vignes, ni pour des grenadiers, et où même il n’y a point d’eau pour boire ?

6 Alors Moïse et Aaron se retirèrent de devant l’assemblée, à l’entrée du tabernacle d’assignation, et ils tombèrent sur leur visage, et la gloire de l’Éternel leur apparut.

7 Puis l’Éternel parla à Moïse, disant :

8 Prends la verge, et fais convoquer l’assemblée, toi et Aaron ton frère, et parlez au rocher en leur présence, et il donnera ses eaux ; ainsi tu leur feras sortir de l’eau du rocher, et tu donneras à boire à l’assemblée et à leurs bêtes.

9 Moïse donc prit la verge de devant l’Éternel, comme il lui avait commandé.

10 Et Moïse et Aaron firent convoquer l’assemblée devant le rocher, et il leur dit : Vous, rebelles, écoutez maintenant : Vous ferons-nous sortir de l’eau de ce rocher ?

11 Puis Moïse leva la main, et frappa de sa verge le rocher, deux fois ; alors des eaux sortirent en abondance, et l’assemblée but, et leurs bêtes aussi.

12 Après, l’Éternel dit à Moïse et à Aaron : Parce que vous n’avez point cru en moi, pour me sanctifier devant les enfants d’Israël, aussi vous n’introduirez point cette assemblée dans le pays que je leur ai donné.

13 Ce sont là les eaux de contestation, pour lesquelles les enfants d’Israël débattirent contre l’Éternel ; et il se sanctifia en eux.

14 Puis Moïse envoya des ambassadeurs, de Kadès au roi d’Edom, pour lui dire : Ainsi a dit ton frère Israël : Tu sais tout le travail que nous avons eu ;

15 comment nos pères descendirent en Égypte, où nous avons demeuré longtemps, et comment les Égyptiens nous ont maltraités, nous et nos pères ;

16 et nous avons crié à l’Éternel, qui, ayant entendu nos cris, a envoyé son ange, et nous a tirés de l’Égypte. Or, voici, nous sommes à Kadès, ville qui est au bout de tes frontières ;

17 je te prie que nous passions par ton pays ; nous ne passerons point par les champs, ni par les vignes, et nous ne boirons de l’eau d’aucun puits ; nous marcherons par le chemin royal ; nous ne nous détournerons ni à droite ni à gauche, jusqu’à ce que nous ayons passé tes frontières.

18 Mais le roi d’Edom lui dit : Ne passe point par mon pays, de peur que je ne sorte en armes contre toi.

19 Les enfants d’Israël lui répondirent : Nous monterons par le grand chemin, et si nous buvons de tes eaux, moi et mes bêtes, je te les paierai. Permets-moi seulement d’y prendre mon passage.

20 Mais le roi d’Edom lui dit : Tu n’y passeras point ; et, sur cela, il sortit avec une grande multitude et à main armée, pour aller à sa rencontre.

21 Ainsi Edom ne voulut point permettre à Israël de passer par ses frontières ; c’est pourquoi Israël se détourna de son pays.

22 Et les enfants d’Israël, et toute l’assemblée, étant partis de Kadès, vinrent en la montagne de Hor.

23 Alors l’Éternel parla à Moïse et à Aaron, en la montagne de Hor, près des frontières du pays d’Edom, disant :

24 Aaron sera recueilli vers ses peuples ; car il n’entrera point au pays que j’ai donné aux enfants d’Israël, parce que vous avez été rebelles à mon commandement, aux eaux de contestation.

25 Prends donc Aaron et Eléazar, son fils, et fais-les monter sur la montagne de Hor ;

26 Puis fais dépouiller Aaron de ses vêtements, et fais-en revêtir Eléazar, son fils ; et Aaron sera recueilli vers ses pères ; et il mourra là.

27 Moïse donc fit comme l’Eternel lui avait commandé ; et ils montèrent sur la montagne de Hor, à la vue de toute l’assemblée.

28 Et Moïse fit dépouiller Aaron de ses vêtements, et en fit revêtir Eléazar, son fils ; puis Aaron mourut là, sur le haut de la montagne ; et Moïse et Eléazar descendirent de la montagne.

29 Et toute l’assemblée, savoir, toute la maison d’Israël, voyant qu’Aaron était mort, le pleurèrent pendant trente jours.

REFLEXIONS

Moïse nous apprend dans ce chapitre que les Israélites, après tant de grâces qu’ils avaient reçues de Dieu et tant de châtiments que Dieu leur avait infligés, murmurèrent au désert de Tsin et que cependant, le Seigneur par un effet de sa bonté, leur donna de l’eau d’une manière miraculeuse. C’est ainsi que les hommes s’endurcissent et qu’ils ne profitent ni des grâces de Dieu ni de ses châtiments et que Dieu, par un effet de sa miséricorde, ne laisse pas de les supporter et de leur faire du bien.

Nous avons vu ensuite que Moïse et Aaron furent exclus du pays de Canaan pour n’avoir pas fait paraître assez de foi dans cette rencontre, quoi qu’ils eussent déjà fait un miracle semblable à Réphidim. Dieu punit le défaut de foi même dans les fidèles et quoi qu’il leur pardonne leurs infirmités, il ne les exempte pas toujours des peines temporelles, ce qu’il fait pour leur propre salut et pour servir d’exemple aux autres.

Le refus que les Iduméens occidentaux firent de laisser passer le peuple d’Israël par leur pays, quoi qu’ils descendissent des patriarches par Ésaü frère de Jacob, marque que les Iduméens regardaient dès lors les Israélites avec jalousie. Dans la suite, les Iduméens furent presque toujours les ennemis du peuple de Dieu. Cependant, les Israélites ne leur firent pas la guerre dans cette occasion parce qu’ils les regardaient comme leurs frères et parce que Dieu avait donné aux Iduméens le pays qu’ils possédaient.

CHAPITRE XXI.

On voit ici le commencement des guerres des Israélites contre les Cananéens. La première fut celle qu’ils firent au roi Harad, lequel ils vainquirent. Ensuite, Moïse rapporte les murmures du peuple d’Israël et la punition que Dieu en fit par le moyen des serpents brûlants. Après cela, le peuple ayant passé par divers lieux vainquit Sihon roi des Amorrhéens et Hog roi de Basçan.

1 Quand le roi de Harad, Cananéen, qui habitait vers le Midi, apprit qu’Israël venait par le chemin des espions, il combattit contre Israël, et il en emmena des prisonniers.

2 Alors Israël fit un vœu à l’Éternel, disant : Si tu livres ce peuple entre mes mains, je mettrai ses villes à l’interdit.

3 Et l’Éternel exauça la voix d’Israël, et il livra entre ses mains les Cananéens, qu’il détruisit à la façon de l’interdit, avec leurs villes ; et il nomma le lieu Horma.

4 Puis ils partirent de la montagne de Hor, tirant vers la mer Rouge, pour faire le tour du pays d’Edom, et le peuple perdit courage par le chemin.

5 Le peuple donc parla contre Dieu et contre Moïse, et dit : Pourquoi nous as-tu fait monter hors de l’Egypte, pour mourir dans ce désert ? car il n’y a point de pain, ni d’eau, et notre âme est ennuyée de ce pain si léger.

6 Et l’Éternel envoya sur le peuple des serpents brûlants, qui mordaient tellement le peuple, qu’il en mourut un grand nombre de ceux d’Israël.

7 Alors le peuple vint vers Moïse, et dit : Nous avons péché ; car nous avons parlé contre l’Éternel, et contre toi. Prie l’Éternel, et qu’il ôte de dessus nous les serpents. Et Moïse pria pour le peuple.

8 Et l’Éternel dit à Moïse : Fais-toi un serpent brûlant, et mets-le sur une perche ; et il arrivera que quiconque sera mordu, et le regardera, sera guéri.

9 Moïse donc fit un serpent d’airain, et il le mit sur une perche ; et, quand quelque serpent avait mordu un homme, cet homme regardait le serpent d’airain, et il était guéri.

10 Ensuite, les enfants d’Israël partirent et campèrent à Oboth.

11 Et étant partis d’Oboth, ils campèrent à Hijé-Habarim, au désert qui est vis-à-vis de Moab, vers le soleil levant.

12 Puis étant partis de là, ils campèrent vers le torrent de Zéred.

13 Et étant partis de là, ils campèrent au deçà d’Arnon, qui est au désert, et qui sort des confins de l’Amorrhéen ; (car Arnon est la frontière de Moab, entre les Moabites et les Amorrhéens.

14 C’est pourquoi il est dit, au livre des batailles de l’Éternel : Vaheb en Suphah, et les torrents en Arnon ;

15 et le cours des torrents qui tend vers le lieu où Har est située, et qui se rend aux frontières de Moab).

16 Et de là ils vinrent à Béer. C’est le puits dont l’Éternel dit à Moïse : Assemble le peuple, et je leur donnerai de l’eau.

17 Alors Israël chanta ce cantique : Que le puits monte ; chantez-lui, en vous répondant les uns aux autres.

18 C’est le puits que les seigneurs ont creusé, que les principaux du peuple, avec le législateur, ont creusé avec leurs bâtons. Et du désert ils vinrent à Mattana ;

19 et de Mattana à Nahaliel ; et de Nahaliel à Bamoth ;

20 et de Bamoth à la vallée qui est au territoire de Moab, au sommet de Pisga ; et qui regarde vers Jescimon.

21 Puis Israël envoya des ambassadeurs à Sihon, roi des Amorrhéens, pour lui dire :

22 Permets que je passe par ton pays ; nous ne nous détournerons point dans les champs, ni dans les vignes, et nous ne boirons point des eaux de tes puits ; mais nous marcherons par le chemin royal, jusqu’à ce que nous ayons passé tes frontières.

23 Mais Sihon ne permit point qu’Israël passât ses frontières ; et, ayant assemblé tout son peuple, il sortit contre Israël au désert, et il vint jusqu’en Jahats, et combattit contre Israël.

24 Mais Israël le fit passer au fil de l’épée, et conquit son pays, depuis Arnon jusqu’à Jabbok, et jusqu'aux enfants de Hammon ; car la frontière des enfants de Hammon était forte.

25 Et Israël prit toutes les villes qui étaient là, et habita dans toutes les villes des Amorrhéens, à Hesçbon, et dans toutes les villes de son ressort.

26 Or, Hesçbon était la ville de Sihon, roi des Amorrhéens, qui avait le premier fait la guerre au roi de Moab, et avait pris sur lui tout son pays jusqu’à Arnon.

27 C’est pourquoi, on dit en proverbe : Venez à Hesçbon ; que la ville de Sihon soit bâtie et rétablie ;

28 Car le feu est sorti de Hesçbon, et la flamme de la ville de Sihon ; elle a consumé Har des Moabites, et les seigneurs de Bamoth à Arnon.

29 Malheur à toi, Moab, peuple de Kemos, tu es perdu ; il a livré captifs ses fils qui se sauvaient, et ses filles, à Sihon, roi des Amorrhéens.

30 Nous les avons défaits à coups de flèches ; Hesçbon est périe jusqu’à Dibon ; nous les avons désolés jusqu’à Nophah, qui s’étend jusqu’à Médéba.

31 Israël donc habita dans les terres des Amorrhéens.

32 Après cela, Moïse, ayant envoyé des gens pour épier Jahzer, ils prirent les villes de son ressort, et ils en dépossédèrent les Amorrhéens qui y étaient.

33 Puis ils tournèrent et montèrent par le chemin de Basçan ; et Hog, roi de Basçan, sortit en bataille pour les rencontrer à Edréhi, lui et tout son peuple.

34 Alors l’Eternel dit à Moïse : Ne le crains point ; car je l’ai livré entre tes mains, et tout son peuple, et son pays, et tu lui feras comme tu as fait à Sihon, roi des Amorrhéens, qui habitait à Hesçbon.

35 Ils le battirent donc, lui et ses enfants, et tout son peuple, tellement qu’il ne lui en resta pas un seul ; et ils possédèrent son pays.

REFLEXIONS

Il y a deux choses à remarquer dans ce chapitre :

I. On voit dans les victoires que les Israélites remportèrent sur le roi de Harad, sur Sihon roi des Amorrhéens et sur Hog roi de Basçan que les promesses de Dieu avait faites aux enfants d’Israël de leur donner le pays de Canaan commençait à s’accomplir du vivant de Moïse.

II. L’histoire des serpents brûlants nous fait voir d’un côté que les Israélites retombants toujours dans le murmure attiraient par ce moyen sur eux de nouvelles punitions et que par toutes ces plaies Dieu faisait périr peu à peu toute la génération qui était sortie d’Égypte et qui ne devait pas entrer dans le pays de Canaan,

D’un autre côté, la manière merveilleuse dont Dieu guérit les enfants d’Israël de la morsure des serpents par le moyen du serpent d’airain devait convaincre ce peuple que c’était Dieu qui avait envoyé ces serpents brûlants et que c’était lui qui les délivrait de cette plaie.

Au reste, cette histoire doit nous rappeler dans l’esprit ces paroles de notre Seigneur : Comme Moïse éleva le serpent dans le désert, il faut que le fils de l’homme soit élevé, afin que quiconque croit en Lui ne périsse point mais qu’il ait la vie éternelle. Et ce que St. Paul dit : que nous ne devons pas tenter Dieu comme les Israélites le tentèrent, lesquels périrent par les serpents.

CHAPITRE XXII.

Balak roi des Moabites, alarmé des victoires des enfants d’Israël, envoie chercher Balaam pour les maudire, ce que Balaam refusa d’abord de faire parce que Dieu le lui défendit. Mais ce roi l’ayant envoyé quérir une seconde fois, Balaam, tenté par les promesses de Balak, demanda à Dieu ce qu’il devait faire, Dieu ne l’empêcha pas d’aller vers le roi des Moabites, mais pour lui faire comprendre que ce voyage lui déplaisait, il fit parler l’ânesse que Balaam montait et il envoya un ange qui s’opposa à son passage. Balaam étant arrivé au pays des Moabites, Balak le reçut fort honorablement. 

1 Puis les enfants d’Israël partirent, et campèrent dans les campagnes de Moab, au deçà du Jourdain, vers Jérico.

2 Or, Balak, fils de Tsippor, vit toutes les choses qu’Israël avait faites à l’Amorrhéen.

3 Et Moab eut une grande peur de ce peuple, parce qu’il était en grand nombre, et il fut en angoisse à cause des enfants d’Israël.

4 Et Moab dit aux anciens de Madian : Maintenant cette multitude mangera tout ce qui est autour de nous, comme le bœuf lèche et broute l’herbe de la campagne. Or, en ce temps-là Balak, fils de Tsippor, était roi de Moab.

5 Et il envoya des députés à Balaam, fils de Béhor, à Péthor, située sur le fleuve, au pays des enfants de son peuple, afin de l’appeler, et de lui dire : Voici un peuple qui est sorti d’Egypte ; il couvre le dessus de la terre, et il est campé vis-à-vis de moi.

6 Viens donc maintenant, je te prie, maudis-moi ce peuple ; car il est plus puissant que moi ; peut-être que je serai le plus fort, et que nous le battrons, et que je le chasserai du pays ; car je sais que celui que tu béniras sera béni, et que celui que tu maudiras sera maudit.

7 Les anciens de Moab s’en allèrent donc, avec les anciens de Madian, ayant en leurs mains de quoi payer le devin ; et ils vinrent à Balaam, et lui rapportèrent les paroles de Balak.

8 Et il leur répondit : Demeurez ici cette nuit, et je vous rendrai réponse, selon que l’Eternel m’aura parlé. Et les seigneurs des Moabites demeurèrent avec Balaam.

9 Et Dieu vint à Balaam, et lui dit : Qui sont ces hommes que tu as chez toi ?

10 Et Balaam répondit à Dieu : Balak, fils de Tsippor, roi de Moab, a envoyé vers moi, pour me dire :

11 Voici un peuple qui est sorti d’Egypte, et qui a couvert le dessus de la terre ; viens donc maintenant, maudis-le ; peut-être que je le pourrai combattre, et que je le chasserai.

12 Et Dieu dit à Balaam : Tu n’iras point avec eux, et tu ne maudiras point ce peuple ; car il est béni.

13 Et Balaam s’étant levé le matin, dit aux seigneurs qui avaient été envoyés par Balak : Retournez en votre pays ; car l’Éternel a refusé de me laisser aller avec vous.

14 Ainsi les seigneurs des Moabites se levèrent, et revinrent à Balak, et dirent : Balaam a refusé de venir avec nous.

15 Et Balak lui envoya encore des seigneurs en plus grand nombre, et plus honorables que les premiers ;

16 qui, étant venus à Balaam, lui dirent : Ainsi a dit Balak, fils de Tsippor : Je te prie, que rien ne t’empêche de venir vers moi ;

17 car, certainement, je te ferai beaucoup d’honneurs, et je ferai tout ce que tu me diras. Je te prie donc, viens, maudis ce peuple.

18 Et Balaam répondit aux serviteurs de Balak : Quand Balak me donnerait sa maison pleine d’or et d’argent, je ne pourrais pas transgresser le commandement de l’Éternel mon Dieu, pour faire aucune chose, ni petite ni grande.

19 Toutefois, je vous prie, demeurez maintenant ici encore cette nuit, et je saurai ce que l’Éternel continuera de me dire.

20 Et Dieu vint à Balaam la nuit, et lui dit : Puisque ces hommes sont venus t’appeler, lève-toi, et va-t’en avec eux ; mais, quoi qu’il en soit, tu feras ce que je te dirai.

21 Ainsi Balaam se leva le matin, et embâta son ânesse, et s’en alla avec les seigneurs de Moab.

22 Mais la colère de Dieu s’alluma, parce qu’il s’en allait ; et un ange de l’Éternel s’arrêta dans le chemin, pour s’opposer à Balaam. Or, il était monté sur son ânesse, et il avait deux de ses serviteurs avec lui.

23 Et l’ânesse vit l’ange de l’Éternel qui se tenait dans le chemin, et qui avait son épée nue en sa main, et elle se détourna du chemin et s’en allait dans un champ ; et Balaam frappa l’ânesse pour la ramener dans le chemin.

24 Mais l’ange de l’Éternel s’arrêta dans un sentier de vignes, qui avait une cloison deçà, et une autre delà.

25 Et l’ânesse, ayant vu l’ange de l’Éternel, se serra contre la muraille, et elle serrait contre la muraille le pied de Balaam, qui continua à la battre.

26 Et l’ange passa plus avant, et s’arrêta dans un lieu étroit, où il n’y avait pas moyen de se détourner, ni à droite ni à gauche.

27 Et l’ânesse voyant l’ange de l’Éternel, se coucha sous Balaam. Alors Balaam s’emporta si fort de colère, qu’il frappa l’ânesse d’un bâton.

28 Alors l’Éternel fit parler l’ânesse, qui dit à Balaam : Que t'ai-je fait, que tu m’as déjà battue trois fois ?

29 Et Balaam répondit à l’ânesse : C’est parce que tu m’as foulé. Que n’ai-je une épée en ma main ! je te tuerais maintenant.

30 Et l’ânesse dit à Balaam : Ne suis-je pas ton ânesse, que tu as toujours montée depuis que je suis à toi jusqu’à ce jour ? Ai-je accoutumé de te faire ainsi ? Et il répondit : Non.

31 Alors l’Éternel ouvrit les yeux de Balaam, et il vit l’ange de l’Éternel qui se tenait dans le chemin et qui avait son épée nue en sa main ; et il s’inclina et se prosterna sur son visage.

32 Et l’ange de l’Éternel lui dit : Pourquoi as-tu frappé ton ânesse déjà trois fois ? Voici, je suis sorti pour m’opposer à toi ; car tu tiens un mauvais chemin devant moi.

33 Mais l’ânesse m’a vu et s’est détournée de devant moi déjà trois fois ; autrement, si elle ne se fût détournée de devant moi, je t’aurais même déjà tué, et je l’aurais laissée en vie.

34 Alors Balaam dit à l’ange de l’Éternel : J’ai péché ; car je ne savais point que tu te tinsses dans le chemin contre moi ; et maintenant, s’il ne te plaît pas que j’aille là, je m’en retournerai.

35 Et l’ange de l’Éternel dit à Balaam : Va avec ces hommes ; mais tu ne diras que ce que je t’aurai dit. Balaam donc s’en alla avec les seigneurs qui avaient été envoyés par Balak.

36 Quand Balak apprit que Balaam venait, il sortit pour aller au-devant de lui, vers la ville de Moab, qui est sur la frontière d’Arnon, au bout de la frontière.

37 Alors Balak dit à Balaam : N’ai-je pas envoyé vers toi, pour t’appeler ? Pourquoi n’est-tu pas venu vers moi ? Est-ce que je ne puis pas te faire assez d’honneurs ?

38 Et Balaam répondit à Balak : Voici, je suis venu vers toi ; mais pourrais-je maintenant prononcer quelque chose ? Je dirai ce que Dieu me mettra dans la bouche.

39 Et Balaam s’en alla avec Balak, et ils vinrent à la ville de Hutsoth.

40 Et Balak sacrifia des bœufs et des brebis, et il en envoya à Balaam et aux seigneurs qui étaient venus avec lui.

41 Et quand le matin fut venu, il prit Balaam, et le fit monter aux hauts lieux de Bahal, et de là il vit l’extrémité de l’armée.

REFLEXIONS

Cette histoire présente plusieurs réflexions :

I. La première que Balaam connaissait le vrai Dieu et que Dieu se révélait à lui, quoiqu’il demeurât parmi les idolâtres et qu’il fût lui-même un homme avare et corrompu. Dieu qui met quelquefois ses dons dans des impies pour exécuter ses desseins voulait se servir de Balaam pour conserver sa connaissance dans le pays où il habitait.

II. Il faut faire attention à l’hypocrisie et à l’avarice de Balaam. Dieu lui ayant défendu d’aller avec les députés du roi des Moabites et lui-même ayant protesté qu’il ne saurait transgresser le commandement de Dieu, il ne devait pas le consulter davantage, mais étant tenté par les promesses qu’on lui faisait, il s’adressa à Dieu une seconde fois. C’est ainsi que les hommes résistent à la volonté de Dieu et cherchent à satisfaire leurs passions et qu’en particulier les avares sont capables de tout faire pour contenter leur avarice.

III. Il est à remarquer que Dieu voyant que Balaam souhaitait d’aller vers le roi des Moabites, le laissa faire, quoiqu’il n’approuvât point le sujet de ce voyage.

Quand Dieu a suffisamment instruit les hommes de sa volonté, s’ils résistent après cela et s’ils veulent s’aveugler, il ne les empêche pas d’exécuter ce qu’ils ont résolu, mais cependant ils ne peuvent faire que ce qu’il leur permet.

IV. Le prodige que Dieu fit en envoyant un ange et en formant de la bouche de l’ânesse de Balaam des sons semblables à une voix humaine tendait à l’étonner et à lui faire sentir son péché et sa rébellion, comme St. Pierre le remarque au chapitre II de sa seconde épitre où il cite cette histoire.

V. Enfin, l’on voit que Balaam effrayé voulut retourner sur ses pas, mais Dieu lui dit de continuer son voyage. Dieu en usa ainsi tant parce que ce prophète n’obéissait, que par force que parce qu’il voulait se servir de lui pour bénir son peuple. Dieu ne veut point d’obéissance forcée. Quand les pécheurs se sont engagés dans des entreprises contraires à sa volonté, il ne les en retire pas malgré eux, mais il les fait pourtant servir contre leur intention à l’exécution de ses desseins.

CHAPITRE XXIII.

Balaam après avoir offert des sacrifices par deux fois bénit le peuple d’Israël à chaque fois au lieu de le maudire comme le roi Balak le souhaitait. De quoi ce prince étant fâché, il conduisit Balaam dans un autre endroit pour essayer de lui faire prononcer des malédictions contre les Israélites.

1 Et Balaam dit à Balak : Fais-moi ici dresser sept autels, et prépare-moi ici sept veaux et sept béliers.

2 Et Balak fit ce que Balaam avait dit ; et Balak offrit avec Balaam un veau et un bélier sur chaque autel.

3 Puis Balaam dit à Balak : Tiens-toi auprès de ton holocauste, et je m’en irai ; peut-être que l’Éternel se présentera à moi, et je te rapporterai tout ce qu’il m’aura fait voir. Ainsi il se retira à l’écart.

4 Et Dieu se présenta à Balaam, et Balaam lui dit : J’ai dressé sept autels, et j’ai sacrifié un veau et un bélier sur chaque autel.

5 Et l’Éternel mit la parole dans la bouche de Balaam, et dit : Retourne à Balak, et parle-lui ainsi.

6 Il s’en retourna donc vers lui ; et voici, il se tenait auprès de son holocauste, tant lui que tous les seigneurs de Moab.

7 Alors Balaam commença ses discours sentencieux, et dit : Balak, roi de Moab, m’a fait venir d’Aram, des montagnes d’Orient, disant : Viens maudire Jacob ; viens, dis-je, détester Israël.

8 Comment le maudirai-je ? Le Dieu fort ne l’a point maudit. Et comment le détesterai-je ? L’Éternel ne l’a point détesté.

9 Car je le regarderai du haut des rochers, et je le contemplerai du haut des coteaux. Voici un peuple qui habitera séparément, et il ne sera point mis au nombre des nations.

10 Qui comptera la poudre de Jacob, et le nombre de la quatrième partie d’Israël ? Que je meure de la mort des hommes droits, et que ma fin soit semblable à la leur !

11 Alors Balak dit à Balaam : Que m’as-tu fait ? Je t’avais pris pour maudire mes ennemis ; et voici, tu les a expressément bénis.

12 Et il répondit, et dit : Ne dois-je pas prendre garde de dire ce que l’Éternel aura mis en ma bouche ?

13 Alors Balak lui dit : Viens, je te prie, avec moi en un autre lieu d’où tu le puisses voir (car tu en voyais seulement un bout, et tu ne le voyais pas tout entier), et maudis-le de là.

14 Puis, l’ayant conduit au territoire de Tsophim, vers le sommet de Pisga, il dressa sept autels, et offrit un veau et un bélier sur chaque autel.

15 Alors Balaam dit à Balak : Tiens-toi ici auprès de ton holocauste, et je m’en irai à la rencontre du Seigneur, comme j’ai déjà fait.

16 L’Éternel donc se présenta à Balaam, et mit la parole en sa bouche, et dit : Retourne à Balak, et parle ainsi.

17 Et il vint à Balak ; et, voici, il se tenait auprès de son holocauste, et les seigneurs de Moab avec lui. Et Balak lui dit : Qu’est-ce que l’Éternel a prononcé ?

18 Alors il commença ses discours sentencieux, et dit : Lève-toi, Balak, et écoute ; fils de Tsippor, prête-moi l’oreille.

19 Le Dieu fort n’est point homme pour mentir, ni fils de l’homme pour se repentir. Il a dit, et ne le fera-t-il point ? Il a parlé et ne ratifiera-t-il point sa parole ?

20 Voici, j’ai reçu la parole pour bénir ; puisqu’il a béni, je ne le révoquerai point.

21 Il n’a point aperçu d’iniquité en Jacob, et il n’a point vu de perversité en Israël ; l’Éternel son Dieu est avec lui, et on y entend un chant royal de triomphe.

22 Le Dieu fort, qui les a tirés d’Egypte, lui est comme les forces du chevreuil ;

23 car il n’y a point d’enchantement contre Jacob, et les devins ne peuvent rien contre Israël. On dira, en son temps, de Jacob et d’Israël : Qu’est-ce que le Dieu fort a fait ?

24 Voici, ce peuple se lèvera comme un vieux lion, et il s’élèvera comme un lion qui est dans sa force ; il ne se couchera point qu’il n’ait mangé la proie, et bu le sang des blessés à mort.

25 Alors Balak dit à Balaam : Ne le maudis point ; mais ne le bénis point aussi.

26 Et Balaam répondit à Balak : Ne t’ai-je pas dit : Je ferai tout ce que l’Éternel dira ?

27 Balak dit encore à Balaam : Viens maintenant ; je te conduirai en un autre lieu. Peut-être que Dieu trouvera bon que tu me le maudisses de là.

28 Balak donc conduisit Balaam sur le sommet de Péhor, qui regarde vis-à-vis de Jescimon.

29 Et Balaam lui dit : Dresse-moi ici sept autels, et apprête-moi ici sept veaux et sept béliers.

30 Balak donc fit comme Balaam lui avait dit ; puis il offrit un veau et un bélier sur chaque autel.

REFLEXIONS

Il faut remarquer sur ce chapitre que quoique le roi Balak fit tous ses efforts pour faire maudire les enfants d’Israël par Balaam et quoique Balaam lui-même, tenté par les promesses de ce prince, souhaitât de les maudire en effet, Dieu ne le permit pas et qu’au contraire il l’obligea à les bénir. Cet exemple montre que Dieu est toujours le maître des méchants, qu’il ne leur permet pas de faire à ses enfants le mal qu’ils souhaiteraient et que même il se sert d’eux pour leur faire du bien. Les bénédictions que Balaam prononça à réitérées fois et ce qu’il dit à l’avantage du peuple d’Israël devaient apprendre aux Moabites que ce peuple était protégé de Dieu et cela nous apprend qu’il n’y a rien qui puisse nuire à ceux que Dieu aime et qu’il favorise.

CHAPITRE XXIV.

Balaam bénit le peuple d’Israël une troisième fois et lui promet toutes sortes de prospérités. Il donne au roi Balak un conseil et il prédit ce qui devait arriver dans les siècles suivants aux Moabites et à d’autres nations.

1 Or, Balaam voyant que l’Éternel voulait bénir Israël, n’alla point, comme les autres fois, pour chercher des enchantements ; mais il tourna son visage vers le désert.

2 Et, élevant ses yeux, il vit Israël qui était campé selon ses tribus ; et l’esprit de Dieu fut sur lui.

3 Et il commença à haute voix ses discours sentencieux, et dit : Balaam, fils de Béhor, dit, et l’homme qui a l’œil ouvert, dit :

4 Celui qui entend les paroles du Dieu fort, qui voit la vision du Tout-Puissant, qui tombe et qui a les yeux ouverts, dit :

5 Que tes tentes sont belles, ô Jacob, et tes pavillons, ô Israël !

6 Ils s’étendent comme des torrents, comme des jardins auprès d’un fleuve, comme les arbres d’aloès que l’Éternel a plantés, comme des cèdres auprès de l’eau.

7 L’eau coulera de ses seaux, sa postérité sera comme de grandes eaux, son roi sera élevé par-dessus Agag, et son royaume sera exalté.

8 Le Dieu fort, qui l’a tiré de l’Égypte, lui est comme les forces du chevreuil ; il consumera les nations qui sont ses ennemies, il brisera leurs os, et les percera de ses flèches.

9 Il s’est courbé, il s’est couché comme un lion qui est en sa force, et comme un vieux lion ; qui l’éveillera ? Quiconque te bénit sera béni, et quiconque te maudit sera maudit.

10 Alors Balak se mit en colère contre Balaam, et il frappa des mains ; puis Balak dit à Balaam : Je t’avais appelé pour maudire mes ennemis, et voici, tu les as expressément bénis déjà par trois fois.

11 Or, maintenant, fuis dans ton pays. J’avais dit que je te ferais beaucoup d’honneurs ; mais voici, l’Éternel t’a empêché d’être honoré.

12 Et Balaam répondit à Balak : N’avais-je pas aussi dit à tes députés, que tu avais envoyés vers moi :

13 Si Balak me donnait sa maison pleine d’argent et d’or, je ne pourrais pas transgresser le commandement de l’Éternel, pour faire du bien ou du mal de moi-même ; mais je dirai ce que l’Éternel dira ?

14 Maintenant donc, voici, je m’en vais vers mon peuple ; viens, je te donnerai un conseil, et je te dirai ce que ce peuple fera à ton peuple au dernier temps.

15 Alors il commença à haute voix ses discours sentencieux, et dit : Balaam, fils de Béhor, dit, et l’homme qui a l’œil ouvert, dit :

16 Celui qui entend les paroles du Dieu fort, qui a la science du Très-Haut, qui voit la vision du Tout-Puissant, qui tombe et qui a les yeux ouverts, dit :

17 Je le vois, mais non pas maintenant ; je le regarde, mais non pas de près ; une étoile est procédée de Jacob, et un sceptre s’est élevé d’Israël ; il transpercera les chefs de Moab, et il détruira tous les enfants de Seth.

18 Edom sera possédé, Séhir sera possédé par ses ennemis, et Israël agira vaillamment.

19 Et celui qui dominera viendra de Jacob, et il fera périr ce qui sera resté dans la ville.

20 Il vit aussi Hamalek, et commença à haute voix ses discours sentencieux, et dit : Hamalek est un commencement de nations ; mais à la fin il périra.

21 Il vit aussi le Kénien, et il commença à haute voix ses discours sentencieux, et dit : Ta demeure est dans un lieu rude, et tu as mis ton nid dans un rocher.

22 Toutefois, Kaïn sera ravagé, jusqu’à ce qu’Assur te mène en captivité.

23 Il continua encore à dire à haute voix ses discours sentencieux, et dit : Malheur à celui qui vivra, quand le Dieu fort fera ces choses.

24 Et des vaisseaux viendront du quartier de Kittim, et ils affligeront Assur et Héber, et ils seront aussi détruits.

25 Puis Balaam se leva et s’en alla pour retourner en son pays. Balak aussi suivit son chemin.

REFLEXIONS

Il faut considérer ici en premier lieu que I. Dieu voulut que Balaam continuât à bénir le peuple d’Israël et qu’il prédit les avantages et la gloire de ce peuple afin d’intimider par-là les Moabites et les peuples voisins et de faciliter par ce moyen aux Israélites la conquête du pays de Canaan. II. Nous continuons à voir dans cette histoire que tout ce que les méchants entreprennent contre ceux que Dieu veut protéger est non seulement inutile, mais que leurs entreprises tournent à leur propre ruine et au bonheur de ceux que Dieu aime. C’est de quoi on a un exemple remarquable en Balaam, puisqu’au lieu de maudire les enfants d’Israël, comme le roi des Moabites le souhaitait, il bénit ce peuple et prédit la ruine des Moabites eux-mêmes.

Au reste, les prédictions de Balaam par rapport aux peuples qui sont ici nommés signifient qu’un grand roi venu des Israélites, savoir David, détruirait les Moabites et les Iduméens, que les Hamalékites seraient aussi détruits, que les Kéniens seraient emmenés en captivité par les Assyriens, qu’ensuite les Assyriens seraient subjugués par ceux de Kittim, c’est-à-dire les Macédoniens et qu’enfin ceux-ci seraient subjugués, ce qui arriva par les Romains. Toutes ces prédictions sont remarquables parce que l’on y voit ce qui devait arriver plusieurs siècles après à tous ces peuples et ce qui leur arriva en effet.

CHAPITRE XXV.

Les filles des Moabites ayant entraîné par le conseil de Balaam les enfants d’Israël dans l’impureté et dans l’idolâtrie, Dieu les punit de ce péché en en faisant mourir un grand nombre, et Phinées ayant marqué son zèle dans cette occasion, Dieu lui promit le sacerdoce et à sa prospérité.

1 Alors Israël demeurait à Sittim, et le peuple commença à commettre fornication avec les filles de Moab ;

2 car elles convièrent le peuple aux sacrifices de leurs dieux ; et le peuple y mangea, et se prosterna devant leurs dieux.

3 Et Israël s’accoupla à Bahal-Péhor ; c’est pourquoi, la colère de l’Éternel s’alluma contre Israël.

4 Et l’Éternel dit à Moïse : Prends tous les chefs du peuple, et fais-les pendre devant l’Éternel, au soleil ; et l’ardeur de la colère de l’Éternel se détournera d’Israël.

5 Moïse donc dit aux juges d’Israël : Que chacun de vous fasse mourir les hommes qui sont à sa charge qui se sont accouplés à Bahal-Péhor.

6 Et, voici, un homme des enfants d’Israël, vint et amena à ses frères une Madianite, devant Moïse et toute l’assemblée des enfants d’Israël, comme ils pleuraient à la porte du tabernacle d’assignation.

7 Ce que Phinées, fils d’Eléazar, fils d’Aaron le sacrificateur, ayant vu, il se leva du milieu de l’assemblée, et prit une javeline en sa main ;

8 et il entra après l’homme Israélite dans la tente, et il les transperça tous deux par le ventre, l’homme Israélite et la femme ; et la plaie fut arrêtée de dessus les enfants d’Israël.

9 Or, il y en eut vingt-quatre mille qui moururent de cette plaie.

10 Et l’Éternel parla à Moïse, disant :

11 Phinées, fils d’Eléazar, fils d’Aaron le sacrificateur, a détourné ma colère de dessus les enfants d’Israël, parce qu’il a été animé de mon zèle au milieu d’eux ; et je n’ai point consumé les enfants d’Israël dans mon indignation.

12 C’est pourquoi, déclare-lui, que je lui donne mon alliance de paix ;

13 Et l’alliance du sacerdoce perpétuel sera tant pour lui que pour sa postérité après lui, parce qu’il a été zélé pour son Dieu, et qu’il a fait propitiation pour les enfants d’Israël.

14 Et l’homme israélite tué, qui fut tué avec la Madianite, s’appelait Zimri, fils de Salu, chef d’une maison de père des Siméonites.

15 Et le nom de la femme madianite qui fut tuée, était Cozbi, fille de Tsur, qui était chef du peuple, et de maison de père en Madian.

16 L’Eternel parla aussi à Moïse, disant :

17 Traitez en ennemis les Madianites, et tuez-les ;

18 Car ils vous ont traités en ennemis les premiers, par leurs ruses, par lesquelles ils vous ont surpris dans l’affaire de Péhor, et dans l’affaire de Cozbi, fille d’un des principaux d’entre les Madianites, leur sœur, qui a été tuée au jour de la plaie arrivée dans l’affaire de Péhor.

REFLEXIONS

Ce qui vient d’être lu nous engage à considérer que les enfants d’Israël, à qui les Moabites n’avaient pu faire aucun mal et que Balaam n’avait pu maudire, furent entraînés dans l’idolâtrie par les filles Moabites et par la sensualité et exposés par ce moyen à la colère de Dieu. Cela nous apprend que nous devons encore plus craindre nos passions que la malice de nos ennemis et qu’il est très dangereux de se laisser séduire par la volupté et par les désirs de la chair. C’est l’application que St. Paul fait aux chrétiens de cette histoire lorsqu’il dit dans la première épitre aux Corinthiens : Ces choses sont écrites pour nous, afin que nous ne commettions point d’impureté, comme quelques-uns d’eux firent en sorte qu’il en tomba dans un jour vingt-trois mille.

Le zèle que Moïse et Phinées témoignèrent dans cette occasion, en faisant mourir par le commandement de Dieu ceux qui s’étaient souillés par l’impureté et par l’idolâtrie et la récompense que Dieu donna à Phinées font voir qu’il faut s’opposer avec zèle et par tous les moyens justes et permis à ceux qui offensent le Seigneur ouvertement que c’est surtout là le devoir des magistrats et des ministres de la religion et que Dieu récompense la fidélité de ceux qui marquent ainsi du zèle pour sa gloire.

CHAPITRE XXVI.

Ce chapitre contient le dénombrement, qui fut fait peu avant la mort de Moïse, du peuple d’Israël par tribus et par familles. Le nombre de tous ceux qui furent comptés depuis l’âge de vingt ans et au-dessus fut de six-cent un mille sept-cent et trente hommes et celui des Lévites de vingt-trois mille.

1 Or, il arriva, après cette plaie-là, que l’Eternel parla à Moïse et à Eléazar, fils d’Aaron le sacrificateur, disant :

2 Faites le compte de toute l’assemblée des enfants d’Israël, depuis l’âge de vingt ans et au-dessus, selon les maisons de leurs pères, savoir, de tous ceux d’Israël qui peuvent aller à la guerre.

3 Moïse donc et Eléazar le sacrificateur, leur parlèrent aux campagnes de Moab, auprès du Jourdain de Jérico, et dirent :

4 Qu’on fasse le dénombrement, depuis l’âge de vingt ans et au-dessus, comme l’Eternel l’a commandé à Moïse et aux enfants d’Israël, quand ils furent sortis hors du pays d’Egypte.

5 Ruben, premier-né d’Israël. Les descendants de Ruben furent Hénoc, et de lui sort la famille des Hénokites ; de Pallu, la famille des Palluites ;

6 de Hetsron, la famille des Hetsronites ; de Carmi, la famille des Carmites.

7 Ce sont là les familles des Rubénites ; et ceux dont on fit le dénombrement, étaient quarante-trois mille sept cents et trente.

8 Et les descendants de Pallu : Eliab.

9 Et les descendants d’Eliab : Némuel, Dathan et Abiram. C’est ce Dathan et cet Abiram qui étaient de ceux qu’on appelait pour tenir l’assemblée, qui se soulevèrent contre Moïse et contre Aaron, dans la sédition de Coré, quand ils se soulevèrent contre l’Eternel,

10 et que la terre ouvrit sa bouche et les engloutit ; mais Coré fut enveloppé dans la mort de ceux qui étaient assemblés avec lui, quand le feu consuma les deux cent cinquante hommes ; et ils furent pour signe.

11 Mais les enfants de Coré ne moururent point.

12 Les descendants de Siméon, selon leurs familles : de Némuel, la famille des Némuélites ; de Jamin, la famille des Jaminites ; de Jakin, la famille des Jakinites ;

13 de Zérah, la famille des Zarhites; de Sçaûl, la famille des Sçaülites.

14 Ce sont là les familles des Siméonites, qui furent vingt-deux mille deux cents.

15 Les descendants de Gad, selon leurs familles : de Tséphon, la famille des Tséphonites ; de Haggi, la famille des Haggites ; de Sçuni, la famille des Sçunites ;

16 d’Ozni, la famille des Oznites ; de Héri, la famille des Hérites ;

17 d’Arod, la famille des Arodites ; d’Aréel, la famille des Aréélites.

18 Ce sont là les familles des descendants de Gad, selon leur dénombrement, qui fut de quarante mille cinq cents.

19 Les enfants de Juda : Her et Onan ; mais Her et Onan moururent au pays de Canaan.

20 Ainsi les descendants de Juda, distingués par leurs familles, furent : de Sçéla, la famille de Sçélanites ; de Pharez, la famille des Phartsites ; de Zara, la famille des Zarites.

21 Et les enfants de Pharez furent : de Hetsron, la famille des Hetsronites ; et de Hamul, la famille des Hamulites.

22 Ce sont là les familles de Juda, selon leur dénombrement, qui fut de soixante et seize mille cinq cents.

23 Les descendants d’Issacar, selon leurs familles : de Tolah, la famille des Tolahites ; de Puva, la famille des Puvites ;

24 De Jasçub, la famille des Jasçubites ; de Scimron, la famille des Scimronites.

25 Ce sont là les familles d’Issacar, selon leur dénombrement, qui fut de soixante-quatre mille trois cents.

26 Les descendants de Zabulon, selon leurs familles : de Séred, la famille des Séredites ; d’Elon, la famille des Elonites ; de Jahléel, la famille des Jahléélites.

27 Ce sont là les familles des Zabulonites, selon leur dénombrement, qui fut de soixante mille cinq cents.

28 Les descendants de Joseph, selon leurs familles, furent Manassé et Ephraïm.

29 Les descendants de Manassé : de Makir, la famille des Makirites ; et Makir engendra Galaad ; de Galaad, la famille des Galaadites.

30 Ce sont ici les descendants de Galaad : de Ihézer, la famille des Ihézérites ; de Hélek, la famille des Hélékites ;

31 d’Asriel, la famille des Asriélites ; de Scékem, la famille des Scékémites ;

32 de Scemidah, la famille des Scemidahites ; de Hépher, la famille des Héphrites.

33 Or, Tselophcad, fils de Hépher, n’eut point de fils, il n’eut que des filles. Et les noms des filles de Tselophcad sont Mahla, Noha, Hogla, Milca et Tirtsa.

34 Ce sont là les familles de Manassé, et dans le dénombrement il y en eut cinquante-deux mille sept cents.

35 Ce sont ici les descendants d’Éphraïm, selon leurs familles : de Sçuthélah, la famille des Sçuthélahites ; de Béker, la famille des Bakrites ; de Tahan, la famille des Tahanites.

36 Et ce sont ici les descendants de Sçuthélah : de Héran, la famille des Héranites.

37 Ce sont là les familles des descendants d’Éphraïm, selon leur dénombrement, qui fut de trente-deux mille cinq cents. Ce sont là les descendants de Joseph, selon leurs familles.

38 Les descendants de Benjamin, selon leurs familles : de Bélah, la famille des Balhites ; d’Asçbel, la famille des Asçbélites ; d’Ahiram, la famille des Ahiramites ;

39 De Scéphupham, la famille des Scuphamites ; de Hupham, la famille des Huphamites.

40 Et les enfants de Bélah furent Ard et Nahaman ; d’Ard, la famille des Ardites ; et de Nahaman, la famille des Nahamites.

41 Ce sont là les descendants de Benjamin, selon leurs familles ; et ceux dont on fit le dénombrement, furent quarante-cinq mille six cents.

42 Ce sont ici les descendants de Dan, selon leurs familles : de Sçuham, la famille des Sçuhamites. Ce sont là les familles de Dan, selon leurs familles ;

43 toutes les familles des Sçuhamites, selon leur dénombrement, qui fut de soixante-quatre mille quatre cents.

44 Les descendants d’Ascer, selon leurs familles : de Jimna, la famille des Jimnaïtes ; de Jisçui, la famille des Jisçuites ; de Beriah, la famille des Berihites.

45 Des descendants de Bériah : de Hébra, la famille des Hébrites ; de Malkiel, la famille des Malkiélites.

46 Et le nom de la fille d’Ascer fut Sérah.

47 Ce sont là les familles des descendants d’Ascer, selon leur dénombrement, qui fut de cinquante-trois mille quatre cents.

48 Les descendants de Nephtali, selon leurs familles : de Jathséel, la famille des Jathséélites ; de Guni, la famille des Gunites ;

49 De Jétser, la famille des Jitsrites ; de Scillem, la famille des Scillémites.

50 Ce sont là les familles de Nephtali, selon leurs familles ; et il y eut dans le dénombrement quarante-cinq mille quatre cents.

51 Ce sont là ceux des enfants d’Israël dont on fit le dénombrement, qui furent six cent et un mille sept cent et trente.

52 Et l’Éternel parla à Moïse, disant :

53 Le pays sera partagé à ceux-ci par héritage, selon le nombre des noms ;

54 à ceux qui sont en plus grand nombre, tu donneras plus d’héritage, et à ceux qui sont en plus petit nombre, tu donneras moins d’héritage ; on donnera à chacun son héritage selon le dénombrement qui a été fait.

55 Toutefois, que le pays soit partagé par sort, et qu’ils prennent leur héritage selon les noms des tribus de leurs pères.

56 L’héritage de chacun sera selon que montrera le sort, ayant égard au plus grand et au plus petit nombre.

57 Et ce sont ici ceux de Lévi, dont on fit le dénombrement selon leurs familles : de Guersçon, la famille des Guersçonites ; de Kehath, la famille des Kehathites ; de Mérari, la famille des Mérarites.

58 Ce sont donc ici les familles de Lévi : la famille des Libnites, la famille des Hébronites, la famille des Mahlites, la famille des Musçites, la famille des Corhites. Or, Kéhath engendra Hamram.

59 Et le nom de la femme de Hamram fut Jokébeth, fille de Lévi, qui naquit à Lévi en Égypte ; et elle enfanta à Hamram, Aaron, Moïse et Marie leur sœur.

60 Et à Aaron naquirent Nadab, Abihu, Eléazar et Ithamar.

61 Et Nadab et Abihu moururent en offrant du feu étranger devant l’Éternel.

62 Et tous ceux qui furent comptés, des Lévites, furent vingt-trois mille, tous mâles, depuis l’âge d’un mois et au-dessus, dont on ne fit point le dénombrement avec les autres enfants d’Israël ; car on ne leur donna point d’héritage entre les enfants d’Israël.

63 C’est là le nombre de ceux qui furent comptés par Moïse et Eléazar le sacrificateur, qui firent le dénombrement des enfants d’Israël aux campagnes de Moab, près du Jourdain, vers Jérico ;

64 entre lesquels il ne s’en trouva aucun de ceux qui avaient été comptés par Moïse et Aaron sacrificateur, quand ils firent le dénombrement des enfants d’Israël au désert de Sinaï ;

65 Car l’Éternel avait dit d’eux, que certainement ils mourraient au désert ; et ainsi il n’en resta pas un, excepté Caleb, fils de Jephunné, et Josué, fils de Nun.

REFLEXIONS

I. Dieu voulut que Moïse fît avant sa mort le dénombrement du peuple d’Israël afin que dans le partage qui serait fait du pays de Canaan où ce peuple était sur le point d’entrer, on assignât des terres à chaque tribu à proportion du nombre des personnes qui la composaient.

II. Le nombre des Israélites se trouva à peu près le même qu’il avait été environ quarante ans auparavant lorsqu’ils sortirent d’Égypte. Ainsi ce peuple ne multiplia point pendant les quarante ans qu’il passa dans le désert. Ce qui doit être attribué à ce que Dieu fit périr durant ce temps-là tous ceux qui étaient sortis d’Égypte au-dessus de l’âge de vingt ans, de sorte que les plus vigoureux étant morts dans le désert et n’ayant pas vieilli, le nombre des Israélites ne pouvait pas augmenter. C’est ce que Moïse reconnait dans le Psaume XC.

 CHAPITRE XXVII.

Un homme nommé Tselophcad étant mort sans laisser aucun fils, ses filles craignant qu’on ne leur donnât point de part dans les terres du pays de Canaan lorsqu’on en ferait le partage prièrent Moïse et Éléazar qu’elles pussent succéder au droit que leur père aurait eu. Sur quoi Dieu ordonna qu’au défaut de fils les héritages des pères passeraient aux filles. Moïse établit Josué pour tenir sa place après sa mort.

1 Or, les filles de Tselophcad, fils de Hépher, fils de Galaad, fils de Makir, fils de Manassé, des familles de Manassé, fils de Joseph, s’approchèrent (et ce sont ici les noms de ces filles, Mahla, Noha, Hogla, Milca et Tirtsa).

2 Et elles se présentèrent devant Moïse, et devant Eléazar sacrificateur, et devant les principaux, et devant toute l’assemblée, à l’entrée du tabernacle d’assignation, et elles dirent :

3 Notre père est mort dans le désert ; toutefois, il n’était point dans la troupe de ceux qui s’assemblèrent contre l’Éternel, savoir, dans l’assemblée de Coré ; mais il est mort dans son péché ; et il n’a point eu de fils.

4 Pourquoi le nom de notre père serait-il retranché du milieu de sa famille, parce qu’il n’a point eu de fils ? Donne-nous une possession parmi les frères de notre père.

5 Alors Moïse rapporta leur cause devant l’Éternel.

6 Et l’Éternel parla à Moïse, disant :

7 Les filles de Tselophcad ont raison. Tu ne manqueras pas de leur donner un héritage à posséder parmi les frères de leur père, et tu feras passer l’héritage de leur père à elles.

8 Tu parleras aussi aux enfants d’Israël, et tu leur diras : Lorsque quelqu’un mourra sans avoir de fils, vous ferez passer son héritage à sa fille.

9 Que s’il n’a point de fille, vous donnerez son héritage à ses frères.

10 Et s’il n’a point de frères, vous donnerez son héritage aux frères de son père.

11 Que si son père n’a point de frères, vous donnerez son héritage à son parent, le plus proche de sa famille, et il le possédera ; et que ce soit aux enfants d’Israël une ordonnance de droit, selon que l’Éternel l’a commandé à Moïse.

12 L’Éternel dit aussi à Moïse : Monte sur cette montagne de Habarim, et regarde le pays que j’ai donné aux enfants d’Israël.

13 Tu le regarderas donc, et puis tu seras aussi recueilli vers tes peuples, comme Aaron ton frère a été recueilli ;

14 parce que vous avez été rebelles à mon commandement au désert de Tsin, dans la contestation de l’assemblée, et que vous ne m’avez point sanctifié au sujet de ces eaux devant eux. Ce sont les eaux de la contestation de Kadès, au désert de Tsin.

15 Et Moïse parla à l’Éternel, disant :

16 Que l’Éternel, le Dieu des esprits de toute chair, établisse quelque homme sur l’assemblée,

17 qui sorte et entre devant eux, et qui les fasse sortir et entrer ; et que l’assemblée de l’Éternel ne soit pas comme des brebis qui n’ont point de berger.

18 Alors l’Éternel dit à Moïse : Prends Josué, fils de Nun, qui est un homme en qui l’Esprit réside ; et tu mettras ta main sur lui ;

19 et tu le présenteras devant Eléazar le sacrificateur, et devant toute l’assemblée ; et tu l’instruiras en leur présence ;

20 Et tu lui feras part de ton autorité, afin que toute l’assemblée des enfants d’Israël l’écoute.

21 Et il se présentera devant Eléazar le sacrificateur, et il le consultera par le jugement d’Urim devant l’Éternel ; et lui, et tous les enfants d’Israël avec lui, avec toute l’assemblée, iront et viendront au commandement d’Eléazar.

22 Moïse donc fit comme l’Éternel le lui avait commandé ; il prit Josué, et le présenta devant Eléazar le sacrificateur, et devant toute l’assemblée.

23 Puis il lui imposa les mains, et il l’instruisit, comme l’Éternel l’avait commandé par Moïse.

REFLEXIONS

La réflexion qu’il faut faire sur la loi que Dieu donna à l’occasion des filles de Tsélophcad est que Dieu voulait conserver la distinction des familles et des héritages parmi les Israélites et faire parvenir aux filles ce qui leur appartenait légitimement.

D’où nous devons apprendre que dans les héritages et les successions il ne faut jamais priver personne de son droit et que la volonté de Dieu est qu’on laisse parvenir à chacun ce qui lui appartient. On voit dans le zèle et la piété de Moïse aussi bien que l’amour qu’il portait aux Israélites dans la prière qu’il fit à Dieu de donner à ce peuple un conducteur qui tint sa place après sa mort. Et l’ordre que Dieu donna à Moïse d’établir Josué, de le présenter devant le sacrificateur et devant toute l’assemblée et de lui imposer les mains, marque le soin que Dieu avait du peuple d’Israël.

C’est ainsi qu’il faut prier Dieu de susciter toujours de bons conducteurs tant dans la société civile que dans l’église et de revêtir de ses dons ceux qu’il appelle à ces importants emplois.

CHAPITRE XXVIII.

Les chapitres XXVIII et XXIX traitent des sacrifices, des gâteaux et des aspersions qui devaient être offerts par les Israélites dans l’holocauste continuel que l’on présentait à Dieu tous les jours, le matin et le soir et dans les sacrifices du jour du sabbat, dans ceux du premier jour du mois, de la pâque, de la pentecôte, de la fête des trompettes et de celles des propitiations et des tabernacles.

1 L’Éternel parla encore à Moïse, disant :

2 Commande aux enfants d’Israël, et dis-leur : Vous aurez soin de m’offrir, en leur temps, mes oblations, qui sont ma viande, savoir, mes sacrifices faits par le feu, et qui me sont en bonne odeur.

3 Tu leur diras donc : C’est ici le sacrifice fait par le feu, que vous offrirez à l’Éternel ; deux agneaux de l’année, sans défaut, tous les jours, en holocauste continuel.

4 Tu sacrifieras l’un des agneaux le matin, et l’autre agneau entre les deux vêpres ;

5 avec la dixième partie d’un épha de fine farine pour le gâteau, pétrie avec la quatrième partie d’un hin d’huile vierge.

6 C’est l’holocauste continuel qui a été établi sur la montagne de Sinaï, en bonne odeur ; c’est l’offrande faite par le feu à l’Éternel.

7 Et son aspersion sera d’une quatrième partie d’un hin pour chaque agneau, et tu feras, dans le lieu saint, l’aspersion de cervoise à l’Éternel.

8 Et tu sacrifieras l’autre agneau entre les deux vêpres ; tu feras la même offrande qu’au matin, et la même aspersion, en sacrifice fait par le feu, en bonne odeur à l’Éternel.

9 Mais au jour du sabbat vous offrirez deux agneaux de l’année, sans défaut, et deux dixièmes de fine farine pétrie à l’huile, pour le gâteau, avec son aspersion.

10 C’est l’holocauste du sabbat, pour chaque sabbat, outre l’holocauste continuel, avec son aspersion.

11 Et au commencement de vos mois, vous offrirez en holocauste à l’Éternel deux veaux pris du troupeau, un bélier, et sept agneaux de l’année, sans défaut ;

12 et trois dixièmes de fine farine pétrie à l’huile, pour le gâteau, pour chaque veau ; et deux dixièmes de fine farine pétrie à l’huile, pour le gâteau, pour le bélier ;

13 et un dixième de fine farine pétrie à l’huile, pour le gâteau, pour chaque agneau. C’est un holocauste de bonne odeur, et un sacrifice fait par le feu à l’Éternel.

14 Et leurs aspersions seront de la moitié d’un hin de vin pour chaque veau, et la troisième partie d’un hin pour le bélier, et la quatrième partie d’un hin pour chaque agneau. C’est l’holocauste du commencement de chaque mois, pour tous les mois de l’année.

15 On sacrifiera aussi à l’Éternel un jeune bouc en offrande pour le péché, outre l’holocauste continuel, et son aspersion.

16 Et au quatorzième jour du premier mois on célébrera la Pâque à l’Éternel.

17 Et au quinzième jour du même mois sera la fête solennelle ; pendant sept jours on mangera des pains sans levain.

18 Au premier jour il y aura une sainte convocation ; vous ne ferez aucune œuvre servile ;

19 et vous offrirez un sacrifice fait par le feu, en holocauste à l’Éternel, savoir, deux veaux pris du troupeau, un bélier, et sept agneaux de l’année, qui seront sans défaut ;

20 leur gâteau sera de fine farine pétrie à l’huile ; vous en offrirez trois dixièmes pour chaque veau, et deux dixièmes pour le bélier.

21 Tu en offriras aussi un dixième pour chacun des sept agneaux ;

22 et un bouc en offrande pour le péché, afin de faire propitiation pour vous.

23 Vous offrirez ces choses-là, outre l’holocauste du matin, qui est l’holocauste continuel.

24 Vous offrirez ainsi, chacun de ces sept jours, la viande du sacrifice fait par le feu, en bonne odeur à l’Éternel. On offrira cela, outre l’holocauste continuel et son aspersion.

25 Et au septième jour vous aurez une sainte convocation ; vous ne ferez aucune œuvre servile.

26 Et au jour des premiers fruits, quand vous offrirez le gâteau nouveau à l’Éternel, au bout de vos sept semaines, vous aurez une sainte convocation ; vous ne ferez aucune œuvre servile.

27 Et vous offrirez en holocauste, de bonne odeur à l’Éternel, deux veaux pris du troupeau, un bélier et sept agneaux de l’année ;

28 et leur gâteau sera de fine farine pétrie à l’huile, de trois dixièmes pour chaque veau, et de deux dixièmes pour le bélier,

29 et d’un dixième pour chacun des sept agneaux ;

30 et un jeune bouc, afin de faire propitiation pour vous.

31 Vous les offrirez, outre l’holocauste continuel et son gâteau ; ils seront sans défaut, avec leurs aspersions.

 CHAPITRE XXIX.

 1 Et le premier jour du septième mois, vous aurez une sainte convocation ; vous ne ferez aucune œuvre servile ; ce vous sera le jour du son éclatant des trompettes.

2 Et vous offrirez en holocauste, de bonne odeur à l’Éternel, un veau pris du troupeau, un bélier, et sept agneaux de l’année, sans défaut.

3 Et leur gâteau sera de fine farine pétrie à l’huile, de trois dixièmes pour le veau, de deux dixièmes pour le bélier,

4 et d’un dixième pour chacun des sept agneaux ;

5 et un jeune bouc en offrande pour le péché, afin de faire propitiation pour vous ;

6 outre l’holocauste du commencement du mois, et son gâteau, et l’holocauste continuel et son gâteau, et leurs aspersions, que tu offriras selon l’ordonnance. C’est un sacrifice fait par le feu à l’Éternel, en bonne odeur.

7 Et au dixième jour de ce septième mois, vous aurez une sainte convocation, et vous jeûnerez ; vous ne ferez aucune œuvre.

8 et vous offrirez en holocauste, de bonne odeur à l’Éternel, un veau pris du troupeau, un bélier et sept agneaux de l’année, qui seront sans défaut ;

9 et leur gâteau sera de fine farine pétrie à l’huile, de trois dixièmes pour le veau, et de deux dixièmes pour le bélier,

10 et d’un dixième pour chacun des sept agneaux ;

11 un jeune bouc aussi en offrande pour le péché ; outre l’offrande pour le péché, laquelle on fait le jour des propitiations, et l’holocauste continuel, et son gâteau, avec leurs aspersions.

12 Et au quinzième jour du septième mois, vous aurez une sainte convocation ; vous ne ferez aucune œuvre servile ; mais vous célébrerez la fête solennelle à l’Éternel pendant sept jours.

13 Et vous offrirez en holocauste, qui sera un sacrifice fait par le feu, en bonne odeur à l’Éternel, treize veaux pris du troupeau, deux béliers et quatorze agneaux de l’année, qui seront sans défaut ;

14 et leur gâteau sera de fine farine pétrie à l’huile, de trois dixièmes pour chacun des treize veaux, de deux dixièmes pour chacun des deux béliers,

15 et d’un dixième pour chacun des quatorze agneaux ;

16 et un jeune bouc en offrande pour le péché ; outre l’holocauste continuel, son gâteau et son aspersion.

17 Et au second jour, vous offrirez douze veaux pris du troupeau, deux béliers, et quatorze agneaux de l’année, sans défaut,

18 avec les gâteaux et les aspersions pour les veaux, pour les béliers et pour les agneaux, selon leur nombre, et comme il les faut faire ;

19 et un jeune bouc en offrande pour le péché ; outre l’holocauste continuel, et son gâteau, avec leurs aspersions.

20 Et au troisième jour, vous offrirez onze veaux, deux béliers, et quatorze agneaux de l’année, sans défaut,

21 Avec les gâteaux et les aspersions pour les veaux, pour les béliers et pour les agneaux, selon leur nombre, et comme il les faut faire ;

22 et un bouc en offrande pour le péché ; outre l’holocauste continuel, son gâteau et son aspersion.

23 Et au quatrième jour, vous offrirez dix veaux, deux béliers, et quatorze agneaux de l’année, sans défaut,

24 avec les gâteaux et les aspersions pour les veaux, pour les béliers et pour les agneaux, selon leur nombre, et comme il les faut faire ;

25 et un jeune bouc en offrande pour le péché ; outre l’holocauste continuel, son gâteau et son aspersion.

26 Et au cinquième jour, vous offrirez neuf veaux, deux béliers, et quatorze agneaux de l’année, sans défaut,

27 avec les gâteaux et les aspersions pour les veaux, pour les béliers et pour les agneaux, selon leur nombre, et comme il les faut faire ;

28 Et un bouc en offrande pour le péché ; outre l’holocauste continuel, son gâteau et son aspersion.

29 Et au sixième jour, vous offrirez huit veaux, deux béliers, et quatorze agneaux de l’année, sans défaut,

30 avec les gâteaux et les aspersions pour les veaux, pour les béliers et pour les agneaux, selon leur nombre, et comme il les faut faire ;

31 et un bouc en offrande pour le péché ; outre l’holocauste continuel, son gâteau et son aspersion.

32 Et au septième jour, vous offrirez sept veaux, deux béliers, et quatorze agneaux, sans défaut,

33 avec les gâteaux et les aspersions pour les veaux, pour les béliers et pour les agneaux, selon leur nombre, et comme il les faut faire ;

34 et un bouc en offrande pour le péché ; outre l’holocauste continuel, son gâteau et son aspersion.

35 Et au huitième jour, vous aurez une assemblée solennelle ; vous ne ferez aucune œuvre servile ;

36 et vous offrirez en holocauste, qui sera un sacrifice fait par le feu, en bonne odeur à l’Éternel, un veau, un bélier, et sept agneaux de l’année, sans défaut,

37 avec les gâteaux et les aspersions pour le veau, pour le bélier et pour les agneaux, selon leur nombre, et comme il les faut faire ;

38 et un bouc en offrande pour le péché ; outre l’holocauste continuel et son aspersion.

39 Vous offrirez ces choses-là à l’Éternel, dans vos fêtes solennelles, outre vos vœux et vos offrandes volontaires, selon vos holocaustes, vos gâteaux, vos aspersions, et vos sacrifices de prospérités.

REFLEXIONS

Sur les chapitres XXVIII et XXIX.

Les lois qui sont contenues dans ces deux chapitres n’étant à quelques circonstances près qu’une répétition de celles qui se lisent dans les chapitres XXIX de l’Exode et au chapitre XXIII du Lévitique, on peut voir les réflexions qu’on doit faire sur ces lois dans ces endroits-là. Elles avaient été données quarante ans auparavant, mais Dieu voulut qu’elles fussent répétées avant la mort de Moïse à cause de leur importance.

Ce qu’il y a de particulier à observer sur le chapitre XXVIII c’est que les premiers jours de chaque mois devaient être consacrés à des actes de religion.

St. Paul remarque que cette loi, de même que les autres fêtes de l’ancien peuple avaient été abolies sous l’Évangile. Mais si les chrétiens ne sont plus obligés de les observer, ils doivent en retenir l’esprit et le but, qui est de consacrer à Dieu tous les temps de leur vie et de conserver précieusement la mémoire de ses bienfaits.

CHAPITRE XXX.

Ce chapitre traite des vœux qui seraient faits tant par des hommes que par des femmes. Dieu y règle comment ces vœux devaient être accomplis et en quel cas les vœux qui étaient faits par des filles, par des femmes mariées, par des veuves et par des femmes répudiées seraient valables ou pourraient être révoqués.

1 Et Moïse dit aux enfants d’Israël toutes les choses que l’Éternel lui avait commandées.

2 Moïse parla aussi aux chefs des tribus des enfants d’Israël, et leur dit : C’est ici ce que l’Éternel a commandé ;

3 quand un homme aura fait un vœu à l’Éternel ou qu’il se sera engagé par serment, s’obligeant expressément sur son âme, il ne violera point sa parole ; mais il fera tout ce qui sera sorti de sa bouche.

4 Mais quand une femme aura fait un vœu à l’Éternel, et qu’elle se sera obligée expressément dans sa jeunesse, étant encore dans la maison de son père ;

5 Si son père, ayant entendu son vœu, et la manière dont elle se sera obligée sur son âme, ne lui en dit rien, tous ses vœux seront valables, et toute obligation par laquelle elle se sera obligée sur son âme, sera valable ;

6 mais si son père la désavoue le jour même qu’il l’aura entendue, tous ses vœux et toutes les obligations par lesquels elle se sera obligée sur son âme, seront nuls, et l’Éternel lui pardonnera ; car son père l’a désavouée.

7 Que si, ayant un mari, elle s’est engagée par quelque vœu, ou par quelque chose qu’elle ait prononcée légèrement de sa bouche, par laquelle elle se soit obligée sur son âme ;

8 si son mari l’a entendue, et que le jour même qu’il l’aura entendue, il ne lui en ait rien dit, ses vœux seront valables, et les obligations par lesquelles elle se sera obligée sur son âme, seront valables ;

9 mais si, au jour que son mari l’aura entendue, il l’a désavouée, il aura cassé le vœu par lequel elle s’était engagée, et ce qu’elle avait légèrement prononcé de sa bouche, et par où elle s’était obligée sur son âme, et l’Éternel lui pardonnera.

10 Mais le vœu d’une veuve ou d’une répudiée, et tout ce à quoi elle se sera obligée sur son âme sera valable contre elle.

11 Que si, étant encore dans la maison de son mari, elle a fait un vœu, ou si elle s’est obligée expressément sur son âme par serment ;

12 et que son mari, l’ayant entendue, ne lui en ait dit mot, et ne l’ait point désavouée, tous ses vœux seront valables, et tout ce à quoi elle se sera obligée sur son âme, sera valable ;

13 mais si son mari les a expressément cassés au jour qu’il les a entendus, tout ce qui sera sorti de sa bouche, soit vœu, soit obligation faite sur son âme, sera nul ; car son mari les a cassés ; et l’Éternel lui pardonnera.

14 Son mari pourra même ratifier ou casser tout vœu et tout serment par lequel elle se sera obligée à jeûner.

15 Que si son mari ne lui en a rien dit absolument, ou qu’il ait différé d’un jour à l’autre, il aura ratifié tous ses vœux et toutes ses obligations, il les aura, dis-je, ratifiés, parce qu’il ne lui en aura rien dit, au jour qu’il l’a entendue.

16 Mais s’il les a expressément cassés après qu’il les aura entendus, il portera la peine du péché de sa femme.

17 Telles sont les ordonnances que l’Éternel commanda à Moïse de publier entre l’homme et sa femme, entre le père et la fille qui est encore dans la maison de son père, en sa jeunesse.

REFLEXIONS

I. Ce chapitre où il est parlé des vœux nous enseigne que Dieu voulait que les Israélites fussent religieux à observer leurs vœux et leurs serments et qu’ainsi l’on est obligé devant Dieu d’accomplir très exactement tous les vœux légitimes et que rien ne peut nous en dispenser.

II. Que les vœux téméraires et ceux que l’on n’est pas en droit de faire peuvent être révoqués en de certains cas, pourvu que cela se fasse par des personnes qui aient le droit et l’autorité de les annuler. Il paraît aussi de ce chapitre que Dieu veut que l’autorité des pères et des maris soit conservée en entier.

CHAPITRE XXXI.

Ce chapitre contient l’histoire de la guerre que les enfants d’Israël firent aux Madianites et de la victoire qu’ils remportèrent sur eux. Cette victoire fut très considérable, de même que le butin, qui fut fait sur les ennemis, duquel on voit ici une spécification. Ce butin fut partagé entre les soldats et tout le peuple après qu’on eût levé une portion pour la consacrer à Dieu.

1 L’Éternel parla aussi à Moïse, disant :

2 Venge les enfants d’Israël des Madianites, et ensuite tu seras recueilli vers tes peuples.

3 Moïse donc parla au peuple, disant : Que quelques-uns d’entre vous s’équipent pour aller à la guerre, et qu’ils aillent contre Madian, pour exécuter la vengeance que l’Éternel veut prendre de Madian.

4 Vous enverrez à la guerre mille hommes de chaque tribu, de toutes les tribus d’Israël.

5 Ils donnèrent donc, des milliers d’Israël, mille hommes de chaque tribu, douze mille hommes équipés pour aller à la guerre.

6 Et Moïse les envoya à la guerre, mille de chaque tribu, avec Phinées, fils d’Eléazar le sacrificateur, qui avait les vaisseaux du sanctuaire, et les trompettes de retentissement en sa main.

7 Ils firent donc la guerre à ceux de Madian, comme l’Éternel l’avait commandé à Moïse, et ils en tuèrent tous les mâles.

8 Ils tuèrent aussi les rois de Madian, outre les autres qui y furent tués ; savoir, Evi, Rékem, Tsur, Hur et Rébah, cinq rois de Madian ; ils firent aussi passer au fil de l’épée Balaam, fils de Béhor.

9 Et les enfants d’Israël emmenèrent prisonnières les femmes de Madian, avec leurs petits-enfants ; et ils pillèrent tout leur gros et menu bétail, et tout ce qui était en leur puissance ;

10 et ils brûlèrent toutes leurs villes, avec leurs demeures, et tous leurs châteaux ;

11 et ils prirent toutes les dépouilles, et tout le butin, tant des hommes que du bétail ;

12 Puis ils amenèrent les prisonniers, les dépouilles et le butin, à Moïse, à Eléazar le sacrificateur, et à l’assemblée des enfants d’Israël, au camp, aux campagnes de Moab, qui sont près du Jourdain, vers Jérico.

13 Alors Moïse et Eléazar le sacrificateur, et tous les principaux de l’assemblée, sortirent au-devant d’eux hors du camp.

14 Et Moïse se mit fort en colère contre les capitaines de l’armée, les chefs des milliers, et les chefs des centaines, qui retournaient de cet exploit de guerre.

15 Et Moïse leur dit : N’avez-vous pas laissé vivre toutes les femmes ?

16 Voici, ce sont elles qui, selon ce qu’avait dit Balaam, ont donné occasion aux enfants d’Israël de pécher contre l’Éternel dans l’affaire de Péhor, ce qui attira la plaie sur l’assemblée de l’Éternel.

17 Tuez donc maintenant les mâles d’entre les petits enfants, et tuez toute femme qui aura eu compagnie d’homme ;

18 mais vous laisserez vivre toutes les jeunes filles qui n’ont point eu compagnie d’homme.

19 Au reste, demeurez sept jours hors du camp. Quiconque d’entre vous ou d’entre vos prisonniers aura tué quelqu’un, et quiconque touchera quelqu’un qui aura été tué, se purifiera le troisième et le septième jour.

20 Vous purifierez aussi tous vos vêtements, et tout ce qui sera fait de peau, et tous les ouvrages de poil de chèvre, et tous les meubles de bois.

21 Et Eléazar le sacrificateur dit aux hommes de guerre qui étaient allés au combat : Voici l’ordonnance de la loi que l’Éternel a commandé à Moïse de vous faire savoir :

22 Faites passer par le feu l’or, l’argent, l’airain, le fer, l’étain, le plomb,

23 et tout ce qui peut passer par le feu, et il sera purifié ; et on purifiera seulement avec l’eau d’aspersion toutes les choses qui ne passent point par le feu.

24 Vous laverez aussi vos vêtements le septième jour, et vous serez purifiés ; et, après cela, vous entrerez au camp.

25 Et l’Eternel parla à Moïse, disant :

26 Fais un dénombrement du butin qu’on a fait, et de ceux qu’on a amenés, tant des personnes que des bêtes, toi et Eléazar le sacrificateur, et les chefs des pères de l’assemblée ;

27 et partage le butin entre les combattants qui sont allés à la guerre, et toute l’assemblée.

28 Tu lèveras aussi un tribut pour l’Eternel, des gens de guerre qui sont allés à la bataille, savoir de cinq cents l’un, tant des personnes que des bœufs, des ânes et des brebis.

29 On le prendra de leur moitié, et tu le donneras à Eléazar le sacrificateur, en offrande élevée à l’Eternel.

30 Et de l’autre moitié qui appartient aux enfants d’Israël, tu en prendras à part de cinquante l’un, tant des personnes que des bœufs, des ânes, des brebis et de tout le bétail, et tu le donneras aux Lévites qui ont la charge de garder le pavillon de l’Eternel.

31 Et Moïse et Eléazar le sacrificateur firent comme l’Eternel l’avait commandé à Moïse.

32 Et ce qui avait été pillé, c’est-à-dire ce qui était resté du butin que le peuple, qui était allé à la guerre, avait fait, était de six cent soixante et quinze mille brebis,

33 de soixante et douze mille bœufs,

34 de soixante et un mille ânes.

35 Et quant aux femmes qui n’avaient point connu d’hommes, elles faisaient en tout trente-deux mille âmes.

36 Et la moitié du butin, savoir la part de ceux qui étaient allés à la guerre, montait à trois cent trente-sept mille cinq cents brebis,

37 dont le tribut pour l’Eternel fut de six cent soixante et quinze ;

38 et à trente-six mille bœufs, dont le tribut pour l’Eternel fut de soixante et douze ;

39 et à trente mille cinq cents ânes, dont le tribut pour l’Eternel fut de soixante et un ;

40 et à seize mille personnes, dont le tribut pour l’Eternel fut de trente-deux personnes.

41 Et Moïse donna à Eléazar le sacrificateur le tribut de l’offrande élevée de l’Eternel, comme l’Eternel le lui avait commandé.

42 Et de l’autre moitié qui appartenait aux enfants d’Israël, que Moïse avait tirée des hommes qui étaient allés à la guerre,

43 (or, cette moitié qui fut pour l’assemblée, montait à trois cent trente-sept mille cinq cents brebis,

44 à trente-six mille bœufs,

45 à trente mille cinq cents ânes,

46 et à seize mille personnes.)

47 de cette moitié, dis-je, qui appartenait aux enfants d’Israël, Moïse en mit à part un sur cinquante, tant des personnes que des bêtes ; et il les donna aux Lévites qui avaient la charge de garder le pavillon de l’Eternel, comme l’Eternel le lui avait commandé.

48 Et les capitaines qui avaient charge des milliers de l’armée, tant les chefs des milliers que les chefs des centaines, s’approchèrent de Moïse,

49 et ils lui dirent : Tes serviteurs ont fait le compte des gens de guerre qui sont sous notre charge, et il ne s’en manque pas un seul.

50 C’est pourquoi nous offrons l’offrande de l’Eternel, chacun ce qu’il a trouvé, des joyaux d’or, des jarretières, des bracelets, des anneaux, des pendants d’oreilles et des colliers, afin de faire propitiation pour nos personnes devant l’Eternel.

51 Et Moïse et Eléazar le sacrificateur reçurent d’eux l’or, et tous les joyaux travaillés.

52 Et tout l’or de l’offrande élevée, qui fut présenté à l’Eternel, de la part des chefs des milliers et des centaines, montait à seize mille sept cent cinquante sicles.

53 Or, les gens de guerre avaient pillé chacun pour soi.

54 Moïse donc et Eléazar le sacrificateur prirent l’or des chefs de milliers et des chefs de centaines, et l’apportèrent au tabernacle d’assignation, en mémorial pour les enfants d’Israël, devant l’Éternel.

REFLEXIONS

Il y a principalement trois choses à remarquer sur cette histoire :

I. Que les Madianites qui étaient ennemis des Israélites furent vaincus et qu’en particulier Balaam fut tué dans cette guerre, aussi bien que les femmes qui avaient séduits le peuple d’Israël. Ce fut là un juste jugement de Dieu sur les Madianites et sur Balaam et la mort de ce prophète par le conseil de qui les filles Madianites avaient entraînés les Israélites dans l’impureté et dans l’idolâtrie montre que Dieu punit ceux qui sont les auteurs des péchés des autres.

II. Le riche butin que les Israélites avaient fait sur les Madianites fut partagé par ordre de Dieu entre ceux qui avaient été à la guerre et ceux qui étaient demeurés au camp, ce qui était une loi très juste.

III. Comme Dieu ordonna que les officiers de l’armée lui offrirent ce qu’ils avaient pris de plus précieux sur les Madianites, nous devons aussi donner à Dieu la gloire de tous nos bons succès et destiner à son service et à son honneur les biens et tous les autres avantages qu’il nous accorde.

Il y a une particularité remarquable dans cette histoire, c’est que les Israélites ne perdirent pas un seul homme dans le combat, ce qui marquait une assistance et une protection toute particulière de Dieu.

Au reste, cette victoire contribua à rendre les enfants d’Israël fort puissants puisqu’ils furent délivrés par là d’un ennemi redoutable et qu’ils s’enrichirent beaucoup par le butin et par les dépouilles, ce qui servit dans la suite à leur rendre plus facile la conquête du pays de Canaan.

CHAPITRE XXXII.

Les Israélites de la tribu de Ruben et de celle de Gad demandent à Moïse le pays qui avait été conquis au-delà du Jourdain, ce que Moïse leur accorde à condition qu’ils aideraient aux autres tribus à conquérir le pays de Canaan.

1 Or, les descendants de Ruben et les descendants de Gad avaient beaucoup de bétail, même en fort grande quantité ; et ayant vu le pays de Jahzer et le pays de Galaad, ils remarquèrent que ce lieu-là était un lieu propre à tenir du bétail.

2 Et les descendants de Gad et les descendants de Ruben vinrent, et parlèrent à Moïse, à Eléazar le sacrificateur, et aux principaux de l’assemblée, et leur dirent :

3 Hataroth, Dibon, Jahzer, Nimrah, Hesçbon, Elhaleh, Sçebam, Nebo et Behon ;

4 Ce pays-là, que l’Éternel a frappé devant l’assemblée d’Israël, est un pays propre à tenir du bétail, et tes serviteurs ont du bétail.

5 Ils dirent donc : Si nous avons trouvé grâce devant toi, que ce pays soit donné à tes serviteurs en possession ; et ne nous fais point passer le Jourdain.

6 Mais Moïse répondit aux enfants de Gad et aux enfants de Ruben : Vos frères iront-ils à la guerre tandis que vous demeurerez ici ?

7 Pourquoi faites-vous perdre courage aux enfants d’Israël pour les empêcher de passer au pays que l’Éternel leur a donné ?

8 C’est ainsi que firent vos pères, quand je les envoyai de Kadès-Barné pour voir le pays ;

9 Car ils montèrent jusqu’à la vallée d’Escol, et virent le pays ; et ils firent perdre courage aux enfants d’Israël, afin qu’ils n’entrassent point dans le pays que l’Éternel leur avait donné.

10 Et la colère de l’Éternel s’enflamma en ce jour-là, et il jura, disant :

11 Si les hommes qui sont montés hors d’Egypte, depuis l’âge de vingt ans et au-dessus, voient jamais le pays pour lequel j’ai juré à Abraham, à Isaac et à Jacob ; car ils n’ont point persévéré à me suivre ;

12 Excepté Caleb, fils de Jephunné, Kenien, et Josué, fils de Nun ; car ils ont persévéré à suivre l’Éternel.

13 Ainsi la colère de l’Éternel s’enflamma contre Israël ; et il les a fait errer par le désert, quarante ans, jusqu’à ce que toute la génération qui avait fait ce qui déplaisait à l’Éternel ait été consumée.

14 Et voici, vous avez succédé à vos pères, comme une race d’hommes pécheurs, pour augmenter encore l’ardeur de la colère de l’Éternel contre Israël.

15 Que si vous vous détournez de lui, il continuera encore de laisser ce peuple dans le désert, et vous le ferez entièrement périr.

16 Mais ils s’approchèrent de Moïse, et ils lui dirent : Nous bâtirons ici des parcs pour nos troupeaux, et des villes pour nos petits-enfants ;

17 Et nous nous équiperons pour marcher promptement devant les enfants d’Israël, jusqu’à ce que nous les ayons fait entrer dans leur lieu ; mais nos petits-enfants demeureront dans les villes fortes, à cause des habitants du pays.

18 Nous ne retournerons point dans nos maisons, que chacun des enfants d’Israël n’ait pris possession de son héritage ;

19 Et nous ne posséderons rien en héritage avec eux au-delà du Jourdain, ni plus outre, parce que notre héritage nous sera échu en deçà du Jourdain, vers l’Orient.

20 Et Moïse leur dit : Si vous faites ceci, et que vous vous équipiez pour aller au combat devant la face de l’Éternel,

21 et que chacun de vous, étant équipé, passe le Jourdain devant l’Éternel, jusqu’à ce qu’il ait chassé ses ennemis de devant soi,

22 et que le pays soit soumis devant l’Éternel ; et qu’ensuite vous vous en retourniez ; alors vous serez innocents envers l’Éternel et envers Israël, et ce pays vous appartiendra pour le posséder devant l’Éternel.

23 Mais si vous ne faites pas cela, voici, vous aurez péché contre l’Éternel, et sachez que votre péché vous trouvera.

24 Bâtissez donc des villes pour vos petits-enfants, et des parcs pour vos troupeaux, et faites ce que vous avez dit.

25 Alors les descendants de Gad et les descendants de Ruben parlèrent à Moïse, disant : Tes serviteurs feront ce que mon seigneur commande.

26 Nos petits-enfants, nos femmes, nos troupeaux et toutes nos bêtes demeureront ici aux villes de Galaad ;

27 et tes serviteurs passeront chacun armé pour la guerre devant l’Éternel, prêts à combattre, comme mon seigneur l’a dit.

28 Alors Moïse donna cet ordre touchant eux à Eléazar le sacrificateur, à Josué, fils de Nun, et aux chefs des pères des tribus des enfants d’Israël,

29 et il leur dit : Si les descendants de Gad et les descendants de Ruben passent avec vous le Jourdain, tous armés, prêts à combattre devant l’Éternel, et que le pays vous soit assujetti, vous leur donnerez le pays de Galaad en possession ;

30 Mais s’ils ne passent point en armes avec vous, ils auront une possession parmi vous au pays de Canaan.

31 Et les descendants de Gad et les descendants de Ruben répondirent, disant : Nous ferons ainsi que l’Éternel a parlé à tes serviteurs ;

32 nous passerons en armes devant l’Éternel au pays de Canaan, afin que nous possédions pour notre héritage ce qui est en deçà du Jourdain.

33 Ainsi Moïse donna aux descendants de Gad et aux descendants de Ruben, et à la moitié de la tribu de Manassé, fils de Joseph, le royaume de Sihon, roi des Amorrhéens, et le royaume de Hog, roi de Basçan, le pays avec ses villes, avec leurs confins, les villes du pays tout autour.

34 Alors les descendants de Gad rebâtirent Dibon, Hataroth, Haroher,

35 Hatrot-Sçophan, Jahzer, Jogbeha,

36 Beth-Nimrah, et Beth-Haran, villes fortes. Ils firent aussi des parcs pour les troupeaux.

37 Et les descendants de Ruben rebâtirent Hesçbon, Elhalé, Kirjathajim,

38 Nebo, et Bahal-Mehon, en en changeant les noms, et Scibma ; et ils donnèrent des noms aux villes qu’ils rebâtirent.

39 Or, les enfants de Makir, fils de Manassé, allèrent en Galaad, et le prirent, et dépossédèrent les Amorrhéens qui y étaient.

40 Moïse donc donna Galaad à Makir, fils de Manassé, qui y habita.

41 Jaïr aussi, fils de Manassé, s’en alla, et prit leurs bourgs, et les appela bourgs de Jaïr.

42 Et Nobah s’en alla, et prit Kenath avec les villes de son ressort, et l’appela Nobah, de son nom.

REFLEXIONS

Il y a deux réflexions à faire sur ce chapitre :

I. La première regarde le partage qui fut fait à deux tribus et demi du pays au-delà du Jourdain. Moïse put voir par là avant sa mort que les promesses que Dieu avait faites au peuple d’Israël de le mettre en possession de la terre de Canaan s’accomplissait et que les autres tribus possèderaient infailliblement tout ce qui était de l’autre côté du Jourdain.

II. La deuxième réflexion est que Dieu voulut que ces deux tribus et demi s’aidassent à conquérir le pays de Canaan pour les neuf autres tribus qui les avaient aidés dans la conquête du pays qui leur était échu en partage.

D’où l’on doit tirer cette instruction qu’il faut observer en toutes choses une exacte justice, se secourir mutuellement et qu’en général les chrétiens étant tous frères, ils doivent s’assister les uns les autres de tout leur pouvoir.

CHAPITRE XXXIII.

On voit dans ce chapitre quelles furent les traites et les campements des enfants d’Israël pendant les quarante ans qu’ils demeurèrent dans le désert. Dieu leur ordonne de détruire les Cananéens et leurs idoles et de partager le pays de Canaan par sort.

1 Ce sont ici les traites des enfants d’Israël, qui sortirent du pays d’Égypte, selon leurs bandes, sous la conduite de Moïse et d’Aaron ;

2 car Moïse écrivit leurs campements par leurs traites, suivant le commandement de l’Éternel. Ce sont donc ici leurs traites, selon leurs campements.

3 Les enfants d’Israël partirent de Rahmésès, au quinzième jour du premier mois, dès le lendemain de la Pâque, et sortirent à main levée, à la vue de tous les Égyptiens.

4 Et les Égyptiens ensevelissaient ceux d’entre eux que l’Éternel avait frappés, savoir, tous les premiers-nés ; l’Éternel ayant même exercé ses jugements sur leurs dieux.

5 Et les enfants d’Israël étant partis de Rahmésès, campèrent à Succoth.

6 Et étant partis de Succoth, ils campèrent à Etham, qui est au bout du désert.

7 Et étant partis d’Etham, ils se détournèrent vers Pi-hahiroth, qui est vis-à-vis de Bahal-tsephon, et ils campèrent devant Migdol.

8 Et étant partis de devant Pi-hahiroth, ils passèrent au travers de la mer, vers le désert, et allèrent trois jours de chemin par le désert d’Etham, et campèrent à Mara.

9 Et étant partis de Mara, ils vinrent à Elim, où il y avait douze fontaines d’eaux, et soixante et dix palmes ; et ils y campèrent.

10 Et étant partis d’Elim, ils campèrent près de la mer Rouge.

11 Et étant partis de la mer Rouge, ils campèrent au désert de Sin.

12 Et étant partis du désert de Sin, ils campèrent à Dophka.

13 Et étant partis de Dophka, ils campèrent à Alusç.

14 Et étant partis d’Alusç, ils campèrent à Rephidim, où il n’y avait point d’eau à boire pour le peuple.

15 Et étant partis de Rephidim, ils campèrent au désert de Sinaï.

16 Et étant partis du désert de Sinaï, ils campèrent à Kibroth-taava.

17 Et étant partis de Kibroth-taava, ils campèrent à Hatséroth.

18 Et étant partis de Hatséroth, ils campèrent à Rithma.

19 Et étant partis de Rithma, ils campèrent à Rimmon-pérets.

20 Et étant partis de Rimmon-pérets, ils campèrent à Libna.

21 Et étant partis de Libna, ils campèrent à Rissa.

22 Et étant partis de Rissa, ils campèrent vers Kehélath.

23 Et étant partis de vers Kehélath, ils campèrent en la montagne de Scépher.

24 Et étant partis de la montagne de Scépher, ils campèrent à Harada.

25 Et étant partis de Harada, ils campèrent à Makhéloth.

26 Et étant partis de Makhéloth, ils campèrent à Tahath.

27 Et étant partis de Tahath, ils campèrent à Térah.

28 Et étant partis de Térah, ils campèrent à Mithka.

29 Et étant partis de Mithka, ils campèrent à Hasçmona.

30 Et étant partis de Hasçmona, ils campèrent à Moséroth.

31 Et étant partis de Moséroth, ils campèrent à Bené-jahakan.

32 Et étant partis de Bené-jahakan, ils campèrent à Hor-guidgad.

33 Et étant partis de Hor-guidgad, ils campèrent vers Jotbath.

34 Et étant partis de devant Jotbath, ils campèrent à Habrona.

35 Et étant partis de Habrona, ils campèrent à Hetsjon-guéber.

36 Et étant partis de Hetsjon-guéber, ils campèrent au désert de Tsin, qui est Kadès.

37 Et étant partis de Kadès, ils campèrent en la montagne de Hor, qui est au bout du pays d’Edom.

38 Et Aaron le sacrificateur monta sur la montagne de Hor, suivant le commandement de l’Eternel, et mourut là dans la quarantième année après que les enfants d’Israël furent sortis du pays d’Egypte, au premier jour du cinquième mois.

39 Et Aaron était âgé de cent vingt-trois ans, quand il mourut sur la montagne de Hor.

40 Alors le Cananéen, roi de Harad, qui habitait vers le Midi au pays de Canaan, apprit que les enfants d’Israël venaient.

41 Et étant partis de la montagne de Hor, ils campèrent à Tsalmona.

42 Et étant partis de Tsalmona, ils campèrent à Punon.

43 Et étant partis de Punon, ils campèrent à Oboth.

44 Et étant partis d’Oboth, ils campèrent à Hije-habarim, sur les frontières de Moab.

45 Et étant partis de Hijim, ils campèrent à Dibon-gad.

46 Et étant partis de Dibon-gad, ils campèrent à Halmon, vers Diblatajim.

47 Et étant partis de Halmon, vers Diblatajim, ils campèrent aux montagnes de Habarim, contre Nebo.

48 Et étant partis des montagnes de Habarim, ils campèrent aux campagnes de Moab, près du Jourdain, vers Jérico.

49 Et ils campèrent près du Jourdain, depuis Beth-jescimoth jusqu’à Abel-scittim, aux campagnes de Moab.

50 Et l’Éternel parla à Moïse aux campagnes de Moab, près du Jourdain de Jérico, disant :

51 Parle aux enfants d’Israël, et dis-leur : Puisque vous allez passer le Jourdain pour entrer au pays de Canaan,

52 chassez de devant vous tous les habitants du pays, et brisez toutes leurs figures, rompez toutes leurs images de fonte, et détruisez tous leurs hauts lieux ;

53 et rendez-vous maîtres du pays, et habitez-y ; car je vous ai donné le pays pour le posséder.

54 Et vous hériterez le pays par sort, selon vos familles. A ceux qui sont en plus grand nombre, vous donnerez plus d’héritage, et à ceux qui sont en plus petit nombre, vous donnerez moins d’héritage. Chacun aura selon qu’il lui sera échu par sort ; et vous hériterez selon les tribus de vos pères.

55 Mais si vous ne chassez pas de devant vous les habitants du pays, il arrivera que ceux que vous aurez laissés de reste d’entre eux seront comme des épines à vos yeux, et comme des pointes à vos côtés ; et ils vous serreront de près dans le pays dont vous serez les habitants ;

56 et il arriverait que je vous ferais comme j’ai dessein de leur faire.

REFLEXIONS

I.Ce fut par la volonté de Dieu que les enfants d’Israël firent tous les divers campements qui sont rapportés dans ce chapitre, puisque la nuée qui les suivait leur marquait la route qu’ils devaient tenir et les lieux où ils devaient s’arrêter.

II. Pendant les quarante ans qu’ils passèrent dans le désert, ils changèrent souvent de demeures ayant fait quarante-deux stations parce qu’étant en si grand nombre, ils n’auraient pu subsister longtemps dans un même endroit avec leurs troupeaux.

III. L’histoire sainte ne parle que de ce qui arriva au commencement et à la fin de ces quarante ans, parce que les événements les plus considérables de cette partie de l’histoire de ce peuple se passèrent d’abord après qu’il fut sorti d’Égypte et peu avant leur entrée dans le pays de Canaan et la mort de Moïse.

CHAPITRE XXXIV.

 

I. Moïse marque par le commandement de Dieu les frontières du pays de Canaan qui restait à conquérir de l’autre côté du Jourdain. II. Il ordonne que ce pays soit partagé à neuf tribus et demie et il nomme les personnes qui devaient faire ce partage.

1 L’Éternel parla encore à Moïse, disant :

2 Ordonne ceci aux enfants d’Israël, et dis-leur : Comme vous allez entrer au pays de Canaan, c’est ici le pays qui vous écherra en héritage, savoir, le pays de Canaan, selon ses bornes.

3 Votre frontière, du côté du Midi, sera depuis le désert de Tsin, le long d’Edom ; et votre frontière, du côté du Midi, commencera au bout de la mer Salée, vers l’Orient.

4 Et cette frontière tournera du côté du Midi vers la montée de Hakrabbim, et passera jusqu’à Tsin ; et elle aboutira, du côté du Midi, à Kadès-Barné, et sortira aussi en Hatsaraddar, et passera jusqu’à Hatsmon.

5 Et cette frontière tournera depuis Hatsmon jusqu’au torrent d’Egypte, et elle aboutira à la mer.

6 Et pour la frontière d’Occident, vous aurez la grande mer, et ses limites ; ce vous sera la frontière occidentale.

7 Et ce sera ici votre frontière du Septentrion ; depuis la grande mer vous marquerez pour vos limites la montagne de Hor ;

8 et de la montagne de Hor, vous marquerez pour vos frontières l’entrée de Hamath, et les issues de cette frontière aboutiront à Tsédad.

9 Et cette frontière passera jusqu’à Ziphron, et elle aboutira à Hatsar-hénan ; telle sera votre frontière du Septentrion.

10 Puis vous marquerez pour vos frontières vers l’Orient, depuis Hatsar-hénan vers Scépham.

11 Et cette frontière descendra de Scépham à Riblath, du côté de l’Orient de Hajin ; et la frontière, descendant, s’étendra jusqu’à la côte de la mer de Kinnéreth, vers l’Orient.

12 Et cette frontière descendra jusqu’au Jourdain, et elle aboutira à la mer salée. Tel sera le pays que vous aurez, selon ses confins, tout autour.

13 Et Moïse fit ce commandement aux enfants d’Israël, disant : C’est là le pays que vous hériterez par sort, que l’Éternel a commandé de donner à neuf tribus, et à la moitié d’une tribu ;

14 car la tribu des descendants de Ruben, selon les familles de leurs pères, et la tribu des descendants de Gad, selon les familles de leurs pères, ont pris leur héritage ; la moitié de la tribu de Manassé a pris aussi son héritage.

15 Deux tribus et la moitié d’une tribu ont pris leur héritage au deçà du Jourdain de Jérico, droit vers le Levant.

16 L’Éternel parla encore à Moïse, disant :

17 Ce sont ici les noms des hommes qui vous partageront le pays, savoir, Eléazar le sacrificateur, et Josué, fils de Nun.

18 Vous prendrez aussi un des principaux de chaque tribu, pour faire le partage du pays.

19 Et ce sont ici les noms de ces hommes : Pour la tribu de Juda, Caleb, fils de Jephunné ;

20 pour la tribu des descendants de Siméon, Samuël, fils de Hammiud ;

21 pour la tribu de Benjamin, Elidad, fils de Kislon ;

22 pour la tribu des descendants de Dan, celui qui en est le chef, Bukki, fils de Jogli ;

23 pour les descendants de Joseph ; pour la tribu des descendants de Manassé, celui qui en est le chef, Hanniel, fils d’Ephod ;

24 pour la tribu des descendants d’Ephraïm, celui qui en est le chef, Kémuel, fils de Sciphtan ;

25 pour la tribu des descendants de Zabulon, celui qui en est le chef, Elitsaphan, fils de Parnac ;

26 Pour la tribu des descendants d’Issacar, celui qui en est le chef, Paltiel, fils de Hazan ;

27 Pour la tribu des descendants d’Ascer, celui qui en est le chef, Ahihud, fils de Scélomi ;

28 Et pour la tribu des descendants de Nephthali, celui qui en est le chef, Pedahel, fils de Hammiud.

29 Ce sont là ceux auxquels l’Éternel commanda de partager l’héritage aux enfants d’Israël, au pays de Canaan.

REFLEXIONS

I. C’est une chose remarquable qu’avant que le peuple d’Israël eût commencé à conquérir le pays de Canaan qui était de l’autre côté du Jourdain, Moïse, par l’inspiration de Dieu, marqua avec précision les bornes de ce pays-là. Cela montre bien sensiblement la souveraine puissance de Dieu qui disposait ainsi d’un pays que les Israélites ne possédaient pas encore, mais dont il les rendrait maîtres peu après.

II. L’obéissance que Moïse rendit aux ordres de Dieu en faisant connaître sa volonté aux Israélites est une preuve de sa foi et de la ferme persuasion où il était que Dieu leur donnerait le pays qu’il avait promis à leurs pères.

III. Dieu désigna du vivant de Moïse les personnes qui en feraient le partage afin de prévenir la confusion et les contestations qui auraient pu naître si cela n’avait pas été réglé. Il ordonna que cela se ferait sous l’autorité d’Éléazar grand sacrificateur et de Josué successeur de Moïse par les députés et les chefs de toutes les tribus. En tout cela Dieu agissait comme maître souverain des Israélites, ce qui les engageaient à respecter tout ce qui se fit à cet égard, comme venant de Dieu lui-même.

CHAPITRE XXXV.

 

I. Dieu commande qu’on établisse quarante-huit villes pour l’habitation des Lévites. II. Il ordonne qu’on en marque six où ceux qui auraient tué quelqu’un par accident pussent se retirer. III. Il défend très expressément de laisser vivre sous quel prétexte que ce soit les meurtriers volontaires et il prescrit comment il fallait juger les meurtres qui auraient été commis volontairement ou involontairement.

1 L’Éternel parla encore à Moïse, aux campagnes de Moab, près du Jourdain de Jérico, disant :

2 Commande aux enfants d’Israël qu’ils donnent aux Lévites, du partage de leur possession, des villes pour y habiter ; vous leur donnerez aussi les faubourgs qui sont autour de ces villes.

3 Ils auront donc les villes pour y habiter ; et les faubourgs de ces villes seront pour leurs bêtes, pour leurs biens et pour tous leurs animaux.

4 Les faubourgs des villes que vous donnerez aux Lévites seront de mille coudées tout autour, depuis la muraille de la ville en dehors.

5 Et vous mesurerez depuis le dehors de la ville, du côté d’Orient deux mille coudées, du côté du Midi deux mille coudées, du côté d’Occident deux mille coudées, et du côté du Septentrion deux mille coudées, et que la ville soit au milieu. Tels seront les faubourgs de leurs villes.

6 Et des villes que vous donnerez aux Lévites, il y en aura six de refuge, que vous établirez afin que le meurtrier s’y retire ; et outre celles-là, vous leur donnerez quarante-deux villes.

7 Toutes les villes que vous donnerez aux Lévites, seront quarante-huit villes ; vous les donnerez avec leurs faubourgs.

8 Et quant aux villes que vous donnerez, de la possession des enfants d’Israël, vous en donnerez plus de la portion de ceux qui en auront plus, et vous en donnerez moins de la portion de ceux qui en auront moins ; chacun donnera de ses villes aux Lévites, à proportion de l’héritage qu’il possédera.

9 Puis l’Éternel parla à Moïse, disant :

10 Parle aux enfants d’Israël, et dis-leur : Quand vous aurez passé le Jourdain pour entrer au pays de Canaan,

11 établissez-vous des villes qui vous soient des villes de refuge, afin que le meurtrier, qui aura frappé à mort quelque personne par mégarde, s’y retire.

12 Et ces villes vous seront pour refuge devant le garant du sang ; et le meurtrier ne mourra point, qu’il n’ait comparu devant l’assemblée, en jugement.

13 De ces villes-là donc que vous aurez données, il y en aura six de refuge pour vous.

14 Vous en établirez trois en deçà du Jourdain, et vous établirez les trois autres au pays de Canaan, qui seront des villes de refuge.

15 Ces six villes serviront de refuge aux enfants d’Israël, et à l’étranger, et à celui qui habite parmi eux, afin que quiconque aura frappé à mort quelque personne par mégarde s’y retire.

16 Et si un homme en frappe un autre avec un instrument de fer, et qu’il meure, il est meurtrier ; et on punira de mort ce meurtrier.

17 Et s’il le frappe d’une pierre qu’il ait en sa main, et qu’il puisse mourir de ce coup, et qu’il en meure, il est meurtrier ; et on punira de mort ce meurtrier.

18 De même, s’il le frappe d’un instrument de bois qu’il ait en sa main, et qu’il puisse mourir de ce coup, et qu’il en meure, il est meurtrier ; et on punira de mort ce meurtrier.

19 Et celui qui est garant du sang fera mourir le meurtrier ; quand il le rencontrera, il pourra le faire mourir.

20 Que si, par haine, il le pousse, ou s’il jette quelque chose sur lui de guet-apens, et qu’il en meure ;

21 Ou que, par inimitié, il le frappe de sa main, et qu’il en meure ; on punira de mort celui qui l’a frappé ; car il est meurtrier ; le garant du sang pourra le faire mourir, quand il le rencontrera.

22 Que si, par cas fortuit, sans inimitié, il le pousse, ou s’il jette sur lui quelque chose, mais sans dessein,

23 ou si, n’étant point son ennemi, et ne cherchant point son mal, il fait tomber sur lui quelque pierre, sans l’avoir vu, et qu’il puisse mourir de ce coup, et même qu’il en meure ;

24 alors l’assemblée jugera entre celui qui a frappé et le garant du sang, selon ces lois ;

25 et l’assemblée délivrera le meurtrier de la main du garant du sang, et le fera retourner à la ville de refuge, où il s’était enfui, et où il demeurera jusqu’à la mort du souverain sacrificateur, qu’on aura oint de la sainte huile.

26 Mais si le meurtrier sort, en quelque manière que ce soit, hors des bornes de la ville de refuge où il s’était retiré,

27 et que le garant du sang le trouve hors des bornes de la ville de refuge, et que le garant du sang tue le meurtrier, il ne sera point coupable de meurtre ;

28 car il doit demeurer dans la ville de son refuge, jusqu’à la mort du souverain sacrificateur ; mais, après la mort du souverain sacrificateur, le meurtrier retournera dans la terre de sa possession.

29 Et ce seront ici vos ordonnances de droit, dans vos âges, en toutes vos demeures.

30 Celui qui a droit de faire mourir, ne punira de mort le meurtrier que sur la déposition de plusieurs témoins ; mais la déposition d’un seul témoin ne suffira pas pour faire mourir quelqu’un.

31 Vous ne prendrez point de rançon pour la vie du meurtrier qui est méchant et digne de mort ; mais on le punira de mort.

32 Et vous ne prendrez point de rançon pour le laisser retirer dans la ville de son refuge, ni pour le laisser retourner habiter au pays, jusqu’à la mort du sacrificateur.

33 Et vous ne souillerez point le pays où vous êtes ; car le sang souille le pays, et il ne se fera point d’expiation, pour le pays, du sang qui y aura été répandu, que par le sang de celui qui l’aura répandu.

34 Vous ne souillerez donc point le pays où vous allez demeurer, et au milieu duquel j’habiterai ; car je suis l’Éternel qui habite au milieu des enfants d’Israël.

REFLEXIONS

L’établissement des villes que Dieu fit assigner pour l’habitation des Lévites marque le soin que Dieu prenait des ministres de la religion, d’où l’on doit conclure que Dieu veut que l’on pourvoie à la subsistance de ceux qui servent l’église.

Les lois que Dieu avait prescrites touchant les meurtriers apprennent à tout le monde et particulièrement aux juges et aux magistrats que le meurtre commis volontairement est un crime dont la vengeance doit être faite. Dieu défend ici formellement, et même à réitérées fois de laisser vivre les meurtriers et de prendre aucune rançon pour le rachat de leur vie. Il déclare que l’impunité de ce crime attire sa malédiction sur les pays où il se commet et qu’il n’y aura point d’expiation pour un pays où le sang aura été répandu impunément. Cela doit inspirer une extrême horreur pour le meurtre et pour tout ce qui y conduit et fait voir que les princes et les magistrats ne peuvent du tout point exempter de la punition les meurtriers volontaires.

À l’égard des meurtres involontaires pour lesquels Dieu avait établi des villes de refuge, les lois que Dieu donne à ce sujet montrent que ces sortes de meurtres ne doivent pas être punis, qu’en général tout ce qui arrive involontairement et sans qu’il y ait de notre faute ne nous rend point coupable, ni devant Dieu, ni devant les hommes. 

CHAPITRE XXXVI.

Ce chapitre contient une loi par laquelle il est ordonné que quand il y aurait des filles qui seraient héritières des terres de leur famille, elles seraient obligées de se marier dans leur tribu.

1 Alors les chefs des pères de la famille des descendants de Galaad, fils de Makir, fils de Manassé, d’entre les familles des enfants de Joseph, s’approchèrent et parlèrent devant Moïse, et devant les principaux, qui étaient les chefs des pères des enfants d’Israël,

2 et ils dirent : L’Éternel a commandé à mon seigneur de donner aux enfants d’Israël le pays en héritage par sort ; et mon seigneur a reçu le commandement de l’Eternel, de donner l’héritage de Tselophcad, notre frère, à ses filles.

3 Si elles sont mariées à quelqu’un des enfants des autres tribus d’Israël, leur héritage sera ôté de l’héritage de nos pères, et sera ajouté à l’héritage de la tribu de laquelle elles seront ; ainsi il sera ôté de l’héritage qui nous est échu par le sort.

4 Même, quand le temps du jubilé viendra pour les enfants d’Israël, on ajoutera leur héritage à l’héritage de la tribu dans laquelle elles se seront mariées ; ainsi leur héritage sera retranché de l’héritage de nos pères.

5 Et Moïse fit aux enfants d’Israël le commandement qu’il avait reçu de la bouche de l’Eternel, et leur dit : Ce que la tribu des descendants de Joseph dit, est fort juste.

6 C’est ici ce que l’Eternel a commandé aux filles de Tselophcad, disant : Elles se marieront à qui elles voudront ; toutefois, elles seront mariées dans quelqu’une des familles de la tribu de leurs pères ;

7 ainsi l’héritage ne sera point transporté, parmi les enfants d’Israël, de tribu en tribu ; car chacun des enfants d’Israël demeurera dans l’héritage de la tribu de ses pères.

8 Et toute fille qui sera héritière de quelque possession, d’entre les tribus des enfants d’Israël, sera mariée à quelqu’un de la famille de la tribu de son père, afin que chacun des enfants d’Israël hérite l’héritage de ses pères.

9 L’héritage donc ne sera point transporté d’une tribu à une autre ; mais chacun, d’entre les tribus des enfants d’Israël, se tiendra à son héritage.

10 Les filles de Tselophcad firent comme l’Eternel avait commandé à Moïse.

11 Car Mahla, Tirtsa, Hogla, Milca et Noha, filles de Tselophcad, se marièrent aux enfants de leurs oncles.

12 Ainsi elles furent mariées à ceux qui étaient des familles des descendants de Manassé, fils de Joseph, et leur héritage demeura dans la tribu de la famille de leur père.

13 Ce sont là les commandements et les ordonnances que l’Eternel donna par Moïse aux enfants d’Israël, aux campagnes de Moab, près du Jourdain, vers Jérico.

REFLEXIONS

La loi contenue dans ce chapitre fut donnée en explication de celle qui a été rapportée au chapitre XXVII de ce livre touchant les filles de Tselophcad que Dieu avait admises à avoir leur portion dans les terres de leur tribu. On demanda à Moïse si ces filles venant à se marier dans une autre tribu ces fonds passeraient dans cette tribu-là. Sur quoi Dieu ordonna que les filles qui seraient dans ce cas se marieraient dans leur propre tribu. Mais cela ne regardait que les filles qui étaient héritières des fonds de terre, car pour les autres, elles pouvaient se marier hors de leur tribu, de quoi l’on a des exemples dans l’histoire sainte. Le but de cette loi était d’empêcher que les tribus et les héritages ne se confondissent, la distinction des familles et des tribus devant subsister jusqu’à la venue du Messie.

  1. DEUTERONOME OU 5EME LIVRE DE MOÏSE
  2. LIVRE DE JOSUE
  3. LIVRE DES JUGES
  4. LE LIVRE DE RUTH

Page 1 sur 8

  • 1
  • 2
  • 3
  • 4
  • 5
  • 6
  • 7
  • 8

Nous suivre sur les réseaux sociaux

  • INSTITUT BIBLIQUE
  • A Propos de nous
  • Chaîne TV
  • AUTRES PRESTATIONS
  • Nous contacter

2025 MENORAH YESHUA ! | ALL RIGHTS RESERVED

JESUS-CHRIST EST SEIGNEUR : QUE DIEU VOUS BENISSE!